La nudité à travers les âges - le début -
Les origines de l'espèce humaine sont obscures.
L'homme a-t-il été créé adulte?
Est-il le fruit d'une longue évolution animale?
Nos plus lointains ancêtres vivaient nus.
Légendes et religions en témoignent aussi bien que les découvertes scientifiques.
Le texte de la Bible est dans toutes les mémoires :
"Adam et sa femme étaient nus tous deux, et ils n'en rougissaient point.
Une majestueuse nudité les couvre, on les prendrait pour les souverains de ce nouvel univers, et ils semblent dignes de l'être...
Mystérieux ouvrages de la nature, vous n'étiez point cachés alors ; alors toute honte criminelle était inconnue.
Fille du péché, pudeur impudique, combien n'avez-vous point troublé les jours de l'homme par une vaine apparence de pureté!
Ah! vous avez banni de notre vie ce qui seul est la véritable vie : la simplicité et l'innocence.
Ainsi marchent nus ces deux grands époux dans Eden solidaire.
Ils n'évitent ni l'œil de Dieu ni les regards des anges, car ils n'ont point la pensée du mal. Ainsi passe, en se tenant par la main, le plus superbe couple qui s'unit jamais dans les embrasements de l'amour :
Adam, le meilleur de tous les hommes qui furent sa postérité ;
Eve, la plus belle de toutes les femmes entre celles qui naquirent ses filles."
De ce lointain âge d'or, les poètes, historiens des temps sans histoire, se sont souvenus. Hésiode et Ovide ont chanté ces jours d'innocence où "tous les humains vivaient comme des Dieux dans une sécurité profonde, sans chagrins, sans souffrances..., où l'on jouissait purement et doucement des biens les plus désirables."
Nudité originelle, nudité sacrée, dont les peuples gardent un tel souvenir qu'elle leur paraît essentielle à tous les paradis.
On demandait à Mahomet comment seraient les bienheureux :
"Nus et glabres", répondit le Prophète.
Nos sculpteurs catholiques ne se représentent pas différemment les élus.
On peut voir aux portails des cathédrales surgir la foule des ressuscités : ils sont nus. Parfois même, à Reims par exemple, les réprouvés sont vêtus, tandis que la nudité est réservée aux élus bienheureux que les anges portent dans le sein d'Abraham.
Saint Augustin n'évoquait-il pas une semblable vision quand il disait :
" Un temps viendra où nous jouirons de la beauté seule, de notre beauté mutuelle, sans désir impur. "
Avec quelle éloquence ne célèbre-t-il pas l'harmonie de ces membres qui
"concourent tous à la gloire de Dieu!"
C'est une des traditions les mieux établies de l'église catholique d'associer la nudité à l'idée de la béatitude céleste.
Michel-Ange s'y conformait lorsqu'il peignit sou Jugement dernier au plafond de la Sixtine.
Il est vrai que le pape Paul IV, dont l'intransigeance fut tant de fois funeste à l'Eglise, voulut détruire ce chef-d'œuvre et qu'il chargea Daniel di Volterra de voiler les sublimes nudités, ce qui valut à l'artiste le surnom de « braghettone ».
Mais S.S.le pape Pie XI, justement indigné d'une telle "profanation" a fait enlever les caleçons, jugeant sans doute qu'il ne nous appartenait pas de réviser l'œuvre de deux grands artistes : Dieu et Michel-Ange.
Nudité bienheureuse, symbole d'innocence et d'allégresse, souvenir enchanté des jours lointains où l'homme n'était qu'une fleur, la plus belle, entre toutes les fleurs du jardin ; nudité divine, tu peuples nos rêves les plus purs.
Et qui donc oserait concevoir un paradis en faux-col?
Quel qu'ait été son berceau, c'est donc nu que l'homme est apparu sur la terre,
"nudus in nuda humo" disait Pline.
Sur ce point les philosophes sont d'accord avec les poètes et les théologiens.
Ecoutez Montaigne:
"Je tiens que, comme les plantes, arbres, animaulx, et tout ce qui vit, se trouve naturellement équippé de suffisante couverture pour se deffendre de l'injure du temps, aussi estions nous ; mais comme ceulx qui esteignent par artificielle lumière celle du jour, nous avons esteinct nos propres moyens par les moyens empruntés.
Et est aysé à veoir que c'est la coustume qui nous faict impossible ce qui ne l'est pas : car de ces nations qui n'ont aulcune cognoissauce de vestements, il s'en trouve d'assises environ soubs mesme ciel que le nostre, et soubs bien plus rude ciel que le nostre ; et puis, la plus délicate partie de nous est celle qui se tient toujours descouverte, les yeulx, la bouche, le nez, les aureilles; à nos contadins (paysans), comme à nos ayeulx, la partie pectorale et le ventre.
Si nous feussions nayz avecques condition de cotillons et de greguesques, il ne faut faire doubte que nature n'eust armé d'une peau plus espesse ce qu'elle eust abandonné à la batterie des saisons...
Je ne sçais qui demandoit à un de nos gueux, qu'il veoyoit en chemise en plein hyver, aussi scarbillat (gai) que tel qui se tient emmitonné dans les martes jusques aux aureilles, comme il pouvoit avoir patience."
" Et vous, monsieur, respondict-il, vous avez bien la face descouverte ; or moi, je suis tout face."
Son contemporain, Pierre Charron, lui fait écho :
" II y a grande apparence que la façon d'aller tout nuds, tenue encore par une grande partie du monde, soit l'originelle des hommes."
Les découvertes archéologiques ont confirmé ces dires des philosophes.
Nous savons aujourd'hui que les hommes primitifs, réduits comme les animaux, faute d'armes, à la quête et à la cueillette, ne pouvaient se vêtir, car ils ne disposaient que de feuillages et d'infinies dépouilles.
Le coup de poing chelléen, la première arme qui nous soit connue, bloc grossier de silex éclaté, se prêtait encore mal à la préparation des peaux.
D'ailleurs, le climat tiède rendait alors le vêtement superflu.
11 semblerait, par contre, qu'à l'époque moustérienne le froid ait dû inciter les hommes à se vêtir.
Rien ne prouve cependant qu'il en fut ainsi.
Sans doute la présence de racloirs dans l'outillage moustérien laisse supposer que les habitants des cavernes avaient appris à préparer les peaux et que, par conséquent, ils pouvaient s'en couvrir, au moins dans les plus grands froids, mais tous les dessins de l'âge du renne, sans exception, nous montrent des hommes entièrement nus.
D'autre part, dans les sépultures, on trouve des flacons d'ocre qui indiquent que leurs possesseurs se peignaient le corps, coutume encore suivie de nos jours par de nombreux peuples et qui implique que le rôle des vêtements, s'ils existent, est très limité.
A qui s'étonnera de cette nudité, au moins relative, sous un climat beaucoup plus rude que le nôtre, nous ferons remarquer que les Fuégiens s'en accommodent fort bien.
Il est vraisemblable, d'ailleurs, que les Troglodytes de l'âge du renne étaient recouverts d'un pelage assez abondant.
Quoiqu'il en soit, ce n'est qu'à partir des temps néolithiques que les traces de vêtements apparaissent.
Le rôle du vêtement est triple : il protège, il pare, il voile.
La parure, qui semble vaine à nos moralistes, est tenue, au contraire, comme essentielle par le primitif.
Les Troglodytes portaient des colliers, des bracelets, des ceintures, des résilles faites de coquillages et de dents d'animaux.
Des bijoux, tel fut sans doute le premier vêtement des hommes.
L'invention des aiguilles en os, à l'époque solutréenne, permit aux Troglodytes de coudre les peaux de bêtes et de mieux se protéger ainsi du froid qui allait devenir de plus en plus rigoureux à l'époque magdalénienne.
Remarquons toutefois que nous sommes, là encore, réduits aux hypothèses.
Les aiguilles en os pouvaient tout aussi bien servir à la confection de simples lanières chargées de coquillages ou à celle de récipients en cuir que rendait nécessaire l'absence de poteries.
Il faut parvenir à la période néolithique pour découvrir les premiers vestiges de tissus. Encore
n'a-t-on trouvé, dans les palafittes de la Suisse, que de menus fragments dont on ne peut savoir l'usage.
"Il nous faudra descendre jusqu'à, la première partie de l'âge du bronze, dit Déchelette, pour rencontrer dans l'Europe préhistorique quelques specimens de vêtements".
On a trouvé, en effet, à Treenhoi (Danemark), le cercueil d'un guerrier dont le costume, parfaitement conservé, se composait d'un bonnet, d'un manteau de coupe circulaire, d'une tunique et de deux petites pièces de laine qui servaient probablement à couvrir les jambes.
Un cercueil de femme de la même époque a permis de se rendre compte que le costume féminin comportait alors une longue robe, un corsage court à manches, une coiffe en filet.
On sait d'autre part qu'en Crète, à la même période, les femmes portaient un corsage ajusté, une jupe en cloche.
Après des siècles et des millénaires de nudité absolue, puis relative, le couple humain nous apparaît donc tout à coup vêtu de vêtements qui diffèrent, en somme, assez peu des nôtres, du moins quant au costume féminin.
La silhouette des Cretoises de l'âge du bronze ressemblait assez à celle des élégantes du premier Empire.
(N'a-t-on pas donné le nom de « parisienne » à l'une des figures de Cnosse? ).
Quant aux Scandinaves, beaucoup de paysannes portent aujourd'hui des vêtements analogues aux leurs.
Les Cretois, par contre, vivaient nus, ou presque.
Ils portaient tantôt une sorte de poche attachée à la ceinture et servant de suspension, tantôt un pagne.
Tous les peuples de la Méditerranée ont connu l'usage du pagne.
Sans doute avaient-ils besoin de protéger une partie du corps facilement vulnérable,mais cette explication ne suffit pas.
Il ne s'agit plus seulement de protection ni de parure, mais de voile.
Un facteur est intervenu qui jouera un rôle prépondérant dans l'histoire de la nudité humaine : le facteur religieux.
Pour bien le comprendre, il faut avoir présente à l'esprit la notion du tabou.
Voici la définition que donne Durkheim de ce mot:
"On appelle de ce nom un ensemble d'interdictions rituelles qui ont pour objet de prévenir les dangereux effets d'une contagion magique en empêchant tout contact entre une chose ou une catégorie de choses, où est censé résider un principe surnaturel, et d'autres qui n'ont pas ce même caractère ou qui ne l'ont pas au même degré."
"Le mot, ajoute Durkheim, est emprunté à la langue polynésienne, mais la chose est universelle."
Tous les peuples primitifs ont des tabous, objets dangereux dont on ne peut s'approcher qu'avec la plus grande circonspection, actes qu'il n'est permis de commettre qu'avec d'infinies précautions.
Une force magique réside en eux. Les braver, c'est s'exposer à la maladie, à la folie, à la mort.
Remarquons, en outre, que dans la notion de tabou sont encore associées deux idées que séparent les peuples civilisés : celle d'impur et celle de sacré.
Parmi les tabous les plus fréquents, citons : les cadavres, la femme enceinte, la femme à l'époque des menstrues, etc.
Il n'est pas douteux que les organes sexuels n'aient aussi figuré au nombre des tabous chez les peuples égéens.
Voilà pourquoi les Crétois apportent tant d'attention à les cacher.
C'est pour une raison semblable que les Crétoises sont vêtues.
A vrai dire, leur corsage ne voile presque rien; largement décolleté, il laisse généralement les seins nus, mais toujours les hanches sont cachées, la jupe n'étant d'ailleurs qu'un pagne allongé.
La femme n'apparaît complètement nue que dans les cérémonies religieuses : ainsi dans le drame rituel de l'arrachage de l'arbuste sacré.
Dans la vie ordinaire, il ne lui est pas permis de laisser voir ce par quoi elle symbolise la fécondité.
C'est qu'en effet la plus grande divinité de l'Egéide fut d'abord une femme dont l'idole trouvée à Phaistos accuse nettement les caractères sexuels : seins proéminents, flancs énormes, triangle sacré.
Pourquoi les dames de Cnosse découvrent-elles leurs seins et cachent-elles leurs hanches?
G. Glotz, membre de l'Institut, professseur à l'Université de Paris, l'explique fort bien:
"Les effluves magiques du corps divin produisent plus aisément des effets de fécondation quand rien ne s'interpose entre eux et l'être qui vient s'en imprégner; mais, d'autre part, ils gardent mieux leur puissance virtuelle quand ils sont protégés contre une continuelle déperdition.
La seconde de ces conceptions explique le costume des femmes; elle s'applique tout aussi bien à la déesse.
Il suffit, pour que toutes les sources de fécondité ne soient pas interceptées, que tous les indices du sexe ne soient pas invisibles : voilà pourquoi l'idole de l'Adalia laisse voir son nombril sous ses voiles.
La mode Cretoise du corsage laissant voir les seins nus n'a pas pu s'établir et durer sans correspondre à une idée religieuse, elle a été créée pour la déesse, et ce costume de cérémonie fut d'abord un costume rituel. "
Or, cette déesse-mère, on ne rencontre pas seulement en Crète ses idoles stéatopyges.
La déesse chaldéenne Xana présente les mêmes caractéristiques.
Et en Egypte avant les Pharaons, en Cilicie et jusque dans le bassin du Danube, on adorait de semblables divinités.
Il y a plus : dans la grotte de Brassempouy (Landes), un archéologue, Piette, a découvert des statuettes d'ivoire de l'époque aurignacienne ressemblant étrangement à celle de Phaistos.
D'autres ont été trouvées à Willendorf (Basse-Autriche),
Grimaldi, près de, Menton,
à Savignans, province de Modène (Italie).
Toutes présentent le même développement des hanches, des seins et des parties génitales. Peu importe ici que ces statuettes aient reproduit les caractères généraux de la plastique des modèles apparentés aux Boschimans.
Le fait que les sculpteurs aurignaciens n'ont traité avec soin que les parties de caractères sexuel est suffisamment significatif.
Il prouve que ces artistes avaient les mêmes préoccupations religieuses que les Egéens, les Babyloniens ou les Egyptiens primitifs.
Nous insistons sur ce fait parce qu'il est gros de conséquences.
Les hommes peuvent oublier leurs dieux.
Ceux-ci, de l'exil, n'en continuent pas moins de les commander.
Combien de nos contemporaines se doutent-elles qu'elles obéissent encore à la grossière idole des cavernes ?
C'est elle cependant, ou l'une de ses sœurs, qui plus puissante que les couturiers, veille sur la mode féminine.
Les plus fantaisistes, les plus audacieuses doivent se soumettre aux lois que déjà subissaient les élégantes minoennes.
Les modes de l'Egéide, en effet, ne rappellent en rien celles des Grecques et des Romaines, mais tout au contraire celles de notre Occident, à tel point que Glotz a pu dire qu' "elles semblent parfoit copiées sur les derniers modèles de Paris."
"Du costume néolithique et peut-être paléolithique, ajoute le même auteur, sortirent, par un développement plus ou moins prompt, le costume minoen (ou égéen) et le costume moderne.
Comment expliquer cette ressemblance, sinon par une origine commune?
C'est qu'en effet bien avant l'âge du métal, les races destinées à vivre dans l'Egéide et celles qui devaient peupler l'Europe occidentale s'habillaient pareillement."
La similitude des croyances imposait la similitude des vêtements.
Et par suite de la loi, bien connue des historiens, dite de perpétuité du rite, l'horreur sacrée de la nudité sexuelle s'est transmise héreditairement.
L'idole aurignacienne a perdu ses adorateurs (on ne la rencontre plus dès la période magdalénienne), mais la signification d'un rite peut s'oublier, il ne s'en perpétue pas moins, quitte à prendre une nouvelle signification.
C'est ainsi que nous nous astreignons à porter des vêtements rituels en croyant obéir aux lois d'une pudeur naturelle ou à celles du christianisme.
Lorsque les hommes, de chasseurs, devinrent agriculteurs, un autre culte se développa, voisin du précédent par son objet, mais différent par son origine et ses résultats.
Nous voulons parler du culte phallique, lequel se rattache non plus aux tabous, mais à l'animisme, autre facteur essentiel des religions primitives.
A l'origine, en effet, le phallus n'était que le symbole du soleil fécondant.
Les écrivains chrétiens n'ont vu dans son culte, d'ailleurs dégénéré, qu'une manifestation du libertinage.
En réalité, comme le remarque justement Dulaure,
" jamais institutions religieuses n'ont eu dans leur commencement la dépravation des mœurs pour motif ".
Où ce culte a-t-il pris naissance? On ne sait.
D'àprès A. de Paniagua, sa conception ne serait pas aryenne, mais hindoue.
De nos jours encore, il survit dans l'Inde.
On adore Civa, dieu de la fécondité, sous les apparences du lingam, petite borne cylindrique que l'on rencontre à tous bouts de champs, et Mme de Wilman-Grahowska constate "qu'il n'a pas perdu son caractère ésotérique de symbole."
Quoi qu'il en soit de son origine, on a pu dire que "le phallus-dieu" emplit l'antiquité.
On a relevé des traces de son culte en Syrie, en Assyrie, en Perse, en Grèce, à Rome, en Armorique, aussi bien qu'à l'autre bout du monde, en Amérique et au Japon.
De même qu'il a planté les lâts devant les pagodes le l'Inde, c'est lui qui dresse, les obélisques en Egypte et la plupart de nos menhirs.
Devant le temple de Jérusalem même, deux colonnes phalliques ne furent-elles pas érigées?
Les conséquences de ce culte furent considérables.
Que constate-t-on, en effet?
C'est que dans les pays où le phallus fut le plus honoré, pays de la plus haute civilisation, l'homme ne craignit pas de se montrer nu, tandis que partout ailleurs il avait honte de soi.
De sorte que, mises à part les raisons de protection matérielle, l'histoire de la nudité humaine est dans ses grandes lignes, celle du conflit existant entre deux tendances d'origine religieuse : l'une, la plus ancienne, celle du tabou, prohibitive ; l'autre, celle du phallus, libératrice.
Qu'il y ait un rapport de cause à effet entre le culte phallique et la libération du corps, cela résulte clairement de l'exemple, non seulement des peuples méditerranéens, mais d'autres peuples tels que le Japonais.
Au pays du soleil levant, le culte phallique, extrêmement ancien, s'est, en effet, perpétué jusqu'à nos jours, malgré l'européanisation qui tend à le supprimer.
Le gouvernement de 1868 l'a interdit, les autorités ont donné l'ordre de transporter les emblèmes sacrés dans des endroits peu fréquentés, pour ne pas choquer les regards des occidentaux, mais le peuple reste fidèle à son dieu.
Avant la Restauration de 1868, des jeunes filles portaient des phallus en procession.
De nos jours encore, au temple de Saidaiji, plus de 100.000 paysans, d'après Ludovic Naudeau célèbrent, la nuit, complètement nus, des cérémonies étranges.
Le résultat, c'est que les Japonais ne regardent pas le corps humain comme une chose honteuse.
Il n'est pas de voyageur qui n'ait rencontré dans les villages quelque paysan vacant à ses affaires complètement nu, n'ayant même pas une cordelette autour des reins.
Par les beaux jours, les marchandes sont nues jusqu'à la ceinture et les paysannes prennent leur bain dans un baquet devant leur maison.
Honni soit qui mal y pense !
Tous les voyageurs sont également d'accord pour constater que si la pudeur est peut-être inconnue au Japon, la modestie, qui vaut mieux, y est très respectée.
Dans l'Inde, pour une raison identique, la nudité n'est pas honteuse.
Elle a même souvent un caractère sacré.
On la voit, dans l'Inde antique, associée à des pratiques magiques.
C'est ainsi que pour conjurer l'orage on courait vers lui tout nu.
De nos jours encore, certains brahmanes vont nus durant un stage de leur vie religieuse, d'où le surnom de "digambaras" (vêtus d'air), et le mahatma Gandhi, au sortir d'un jeûne purificateur, a tenu à se faire photographier nu.
Nous constatons donc que là où s'est maintenu dans sa pureté primitive le culte, symbolique du phallus, le corps humain n'a pas été marqué l'infamie.
L'histoire va nous fournir d'autres exemples.
De l'Inde, le culte phallique aurait gagné l'Egypte, probablement par la Perse, où
"les organes de la génération étaient sacrés, dit le géographe Ptolémée, parce qu'ils sont les symboles du soeil, de Saturne et de Vénus, planètes qui président à la fécondité."
Quoi qu'il en soit de son origine, on le trouve en Egypte dès une très haute antiquité.
On le célébrait à Memphis, à Meiidès, à Elephantis.
Sur les monuments, le phallus était représenté avec son complémentaire féminin, et dans les pompes religieuses Osiris s'ornait d'un membre saillant.
Au témoignage d'Hérodote, les femmes portaient en procession de gigantesques phallus qu'elles faisaient mouvoir au moyen d'une corde.
Aussi les Egyptiens vivaient-ils presque complètement nus.
Les Pharaons eux-mêmes sont souvent représentés vêtus simplement d'une ceinture ou shenti.
Les princes de la XVIIIème et de la XIXème dynastie portent un costume très compliqué qui habille la figure entière, mais en laissant toujours voir par transparence les formes du nu, car les Egyptiens ont toujours aimé les étoffes diaphanes.
Nous verrons l'influence que cette habitude de la nudité a exercé sur les beaux-arts, et partant sur la civilisation.
C'est d'Egypte, si l'on en croit Hérodote et Diodore de Sicile que le culte phallique fut importé en Grèce, sans doute vers la moitié du second millénaire avant Jésus-Christ.
On le trouve associé aux cultes de Pan, d'Héraclès, d'Hermès, de Dionysos.
Il est intimement mêlé aux mystères sacrés de Samothrace et d'Eleusis, où le symbole glorieux est représenté tantôt par des gâteaux, tantôt par des bijoux dont se paraient les femmes dans les cérémonies.
Aux Dionysies, les vierges canéphores portaient dans une corbeille uu phallus couronné de fleurs.
Cet exemple suffirait à prouver que le culte phallique n'avait alors rien d'obscène.
Si l'on en rapproche le fait qu'aux Thesmophoria d'Eleusis seules étaient admises les femmes mariées d'une honorabilité reconnue, on peut conclure avec Paul Foucart, membre de l'Institut, que
" ni la hiérogamie, ni l'emploi comme emblèmes de simulacres des organes sexuels n'éveillaient chez les initiés les idées licencieuses qu'elles provoqueraient chez les modernes."
On sait d'ailleurs avec quelle indignation le peuple cria au sacrilège lorsqu'Alcibiade et quelques débauchés brisèrent de nuit le sexe des Hermès.
Nulle part, sans doute, le phallus ne fut aussi honoré qu'en Grèce.
Il n'était pas de canton, au témoignage d'Arnobe, où l'on ne trouvât des simulacres du dieu.
Or, il n'est point de peuple qui ait eu autant que les Grecs le goût de la nudité.
"Le propre de la Grèce, a dit Pline, est de ne rien voiler."
Ils n'hésitaient pas à représenter nus certains de leurs dieux.
Tels Apollon, Dionysos, Hermès, Neptune, Aphrodite, etc.
Cependant, les Grecs n'admirent pas d'emblée la nudité totale.
Celle-ci s'est répandue à mesure que grandissait la civilisation hellénique, et il n'y a pas là simple coïncidence.
Que la plus haute civilisation ait vu la nudité la plus complète, n'est-ce pas une application de la loi, bien connue des ethnographes, qui veut que plus un peuple est civilisé, moins la pudeur le tyrannise, parce qu'il s'évade plus facilement de l'influence du tabou?
D'autre part, il serait évidemment ridicule de prétendre que de la nudité est née la civilisation grecque, mais il faut bien reconnaître que, sans la nudité, cette civilisation eût été toute différente, que la sculpture notamment n'aurait pas atteint une telle perfection et que la science de l'homme n'eût pas été si loin.
La pudeur, dont on a voulu faire une vertu, n'est en réalité qu'un trouble nerveux dont l'action inhibitrice paralyse l'intelligence.
Les Grecs n'auraient pas été si grands s'ils ne s'en étaient affranchis.
Les anciens Grecs étaient soumis à l'influence du tabou sexuel.
Ils ne s'en libérèrent que lentement.
"Il n'y a pas longtemps, dit Platon, que les Grecs croyaient encore, comme le croient aujourd'hui la plupart des peuples barbares, que la vue l'un homme nu est un spectacle honteux et ridicule."
Dans l'Odyssée, le nu n'est admis qu'au bain.
On offrait toujours un bain à l'hôte que l'on recevait et les femmes le préparaient.
C'est ainsi qu'Hélène baigne Ulysse déguisé en mendiant ;
que Polycaste, la plus jeune des filles de Nestor, verse sur Télémaque une eau pure et des parfums précieux avant de le revêtir d'une fine tunique.
Dès l'époque homérique, chaque maison aisée possédait une salle de bain et les Grecs se baignaient, en outre, dans la mer et les fleuves, comme en témoigne la jolie scène de Nausicaa.
Mais les Grecs se baignaient-ils alors complètement nus?
Ne portaient-ils pas une ceinture ou zôma analogue à celle des anciens athlètes?
Au témoignage de Thucydide,
"De sont les Lacédémoniens qui, les premiers, se dévêtirent pour le sport et tout nus s'oignirent d'huile en publie.
Autrefois, dit-il, même aux Jeux Olympiques, les athlètes combattaient avec un pagne et il n'y a pas longtemps que cet usage a cessé.
Même encore aujourd'hui chez les Barbares, principalement chez les peuples d'Asie, il existe des concours de lutte et de boxe, avec récompenses, et ceux qui livrent à ces sports portent un pagne."
Platon confirme ce renseignement :
"Lorsque les Cretois d'abord, et ensuite les Lacédémoniens, donnèrent l'exemple des exercices à nu, les plaisants de ce temps-là pouvaient bien faire des railleries sur tout ce qu'ils voyaient.
Mais lorsque l'expérience eut fait voir qu'il était mieux d'avoir le corps nu qu'habillé dans les exercices gymniques, la raison, en découvrant ce qui était le plus convenable, a dissipé le ridicule que les yeux attachaient à la nudité."
Denys d'Halicarnasse précise que le premier qui se dévêtit pour courir à Olympie fut Acanthe de Lacédémone, lors de la quinzième Olympiade (720 avant Jésus-Christ, c'est-à-dire à l'aube de la civilisation grecque, puisque, à l'exception de l'Iliade et de l'Odyssée, tous les chefs-d'œuvre grecs, en art et en lettres, sont postérieurs).
On sait quelles magnifiques fêtes nationales étaient ces jeux olympiques, pythiques et néméens, "étalage et triomphe du corps nu", a dit Taîne dans une page célèbre.
Elles ont enthousiasmé le sceptique Lucien,
"Il ne m'est pas possible par des paroles, dit Solon à Anacharsis, de te donner une idée du plaisir que tu éprouverais à contempler le courage des athlètes, la splendeur de leurs corps, leurs admirables attitudes, l'adresse singulière, la force inépuisable, la hardiesse, l'ardeur, le cœur invincible et les efforts terribles qu'ils déploient pour remporter la victoire."
Des jeux, la nudité gagna les gymnases, dont le nom vient précisément du mot gymnos qui veut dire nu.
Le nom de gymnastique, qui a la même origine, ne désigne d'ailleurs les exercices corporels qu'après la XVème Olympiade.
Les Grecs s'exerçaient toute leur vie. Ils consacraient à la gymnastique autant de temps qu'à toutes les autres études réunies.
"Les jeunes gens passaient, dit Taine, la plus grande partie du jour dans les gymnases, à lutter, sauter, boxer, courir, lancer le disque, fortifiant et assouplissant leurs muscles nus. Il s'agissait de se faire le corps le plus robuste, le plus dispos, le plus beau qu'il était possible, et nulle éducation n'y a mieux réussi que celle-là."
II ne s'agissait d'ailleurs pas que de fortifier le corps.
Les Grecs avaient bien compris l'influence du physique sur l'esprit.
Après avoir dit à l'un de ses disciples que jamais il ne se repentirait d'avoir exercé son corps, Socrate ajoutait:
" Il y a plus : dans les fonctions mêmes où tu croiras que le corps a le moins de part, je veux dire celles de l'intelligence, qui ne sait que la pensée commet souvent de grandes fautes, parce que le corps est mal disposé ."
N'est-ce pas, de la bouche même du père de la philosophie, l'aveu que, sans les exercices gymniques, la civilisation grecque n'aurait pas atteint sa perfection?
Les gymnases étaient considérés comme des sanctuaires d'Apollon.
Auprès des athlètes nus, qui servaient de modèles à Phidias et à Praxitèle, les philosophes enseignaient l'art de bien penser, les rhéteurs celui de bien dire.
Les esclaves n'y étaient pas admis.
Dix sophronistes, sous l'autorité du gymnasiarque, veillaient à la pureté des mœurs, car les athlètes devaient être chastes et tempérants.
Dès l'âge de treize ans, les enfants entraient au gymnase.
"Nous leur faisons quitter leurs vêtements, dit Lucien, dès qu'au sortir de l'enfance délicate ils commencent à être plus robustes.
Notre but est de les accoutumer à toutes les influences de l'air et des saisons, afin qu'ils ne supportent mal ni la chaleur ni le froid."
Ainsi entraînés, ils subissaient les intempéries avec une endurance qui faisait l'étonnement des barbares.
"Comment peux-tu souffrir ainsi à ton âge les rayons du soleil en plein midi sur ta tête, pendant les ardeurs de la canicule, sans en être incommodé ni trempé de sueur comme moi?",
demande à Solon le Seythe Anacharsis. Et Solon lui répond que tel est le résultat des exercices au grand air. Il ajoute, en bon psychologue, qu'
"à se montrer nu aux yeux des autres, on a plus soin d'entretenir sa force et sa vigueur".
Pour confirmer la justesse de cette remarque, il fait admirer au barbare la beauté des soldats grecs :
"Nos soldats doivent au soleil un corps bruni tirant vers le bronze, un air mâle, annonçant la vie, le feu, le courage; ils jouissent d'une belle santé : aucun n'est ridé, desséché ni pléthorique.
Ils ont des lignes harmonieuses.
La sueur a évaporé le superflu de leurs chairs: ce qui leur en reste leur procure force et vigueur et se conserve exempt de toute humeur vicieuse."
Aeésilas, roi de Sparte (397-360 avant Jésus-Christ), obéissait à un sentiment analogue quand il présentait à ses guerriers les prisonniers perses tout nus.
Lorsque les soldats grecs, brunis au soleil, virent la peau blanche des vaincus, ils s'en moquèrent, comprenant le secret de leur propre victoire.
La plupart des sports se pratiquaient nu : la course à pied, le saut, le lancement du disque et du javelot, la lutte, le pugilat, le travail des haltères ainsi qu'à l'hippodrome la course à cheval.
La nudité n'était pas d'ailleurs réservée aux gymnases. Les peintures des vases grecs nous montrent fréquemment des ouvriers nus, qu'il s'agisse de pêcheurs, de forgerons, de fondeurs, ou simplement d'esclaves puisant du vin pendant un repas.
Même nudité absolue aux bains, dont les Grecs usaient souvent.
Au témoignage de Xénophon, les Lacédémoniens se baignaient tous les jours dans l'Eurotas, et Aristophane regarde comme sale et pauvre la personne privée de bain.
Athènes possédait des bains publics dès le VIème siècle avant Jésus-Christ, même pour les femmes, comme on le voit sur des vases des musées de Berlin et du Louvre.
Les riches avaient leurs bains particuliers.
Les Grecs connaissaient les bains d'air et soleil.
Hérodote et Dion Cassius parlent de bains d'air chaud et Oribase, le célèbre médecin de l'empereur Julien, cite un passage relatif à l'héliotérapie:
"L'exposition au soleil est éminemment nécessaire aux gens qui ont besoin de se restaurer et de prendre de la chair ; cependant, il faut éviter les rayons qui s'échappent à travers les nuages et, dans les pays à l'abri du vent, ceux qui sont souvent interceptés.
Autant que possible, on s'arrange pour que, en hiver, au printemps et en automne, le soleil vienne frapper directement les malades, mais en été il faut rejeter cette méthode pour les gens faibles, à cause de l'excès de chaleur.
C'est surtout le dos qu'il faut exposer au soleil...; toutefois, il faut garantir la tête."
Hippocrate et Galien sont d'accord pour recommander l'héliothérapie (Esculape n'était-il pas fils d'Apollon, le dieu solaire?).
Les Grecs, au reste, n'attendaient point d'être malades pour suivre de tels conseils.
Ils pratiquaient l'arénation, c'est à-dire qu'ils s'exposaient au soleil sur le sable ou s'exerçaient à marcher sans vêtements sur la plage brûlante.
Ils vivaient, d'ailleurs, surtout en plein air : théâtres, assemblées, tribunaux.
Socrate enseignait aux bords d'une source, à l'ombre d'un platane.
Quant à leurs vêtements, plus amples et plus légers que les nôtres, ils ne les portaient que pour se protéger ou se parer.
La pudeur intervient si peu que souvent nous voyons la chlamyde rejetée sur l'épaule et ne cachant que le dos ou l'un des côtés.
On se dévêtait par dévotion.
An témoignage de Pausanias les jeunes spartiates exécutaient nus et sans armes des danses guerrières eu l'honneur d'Apollon Pythien.
"Après la bataille de Salamine, dit Taine, le poète tragique Sophocle, alors âgé de quinze ans et célèbre par sa beauté, se dépouilla de ses habits pour danser et chanter le paean devant le trophée.
Cent cinquante ans plus tard, Alexandre, passant en Asie Mineure pour combattre Darius, se mit nu avec ses compagnons afin d'honorer par des courses le tombeau d'Achille.
On allait plus loin encore : ou considérait la perfection du corps comme le caractère de la divinité.
Dans une ville de Sicile, un jeune homme extrêmement beau fut adoré à cause de sa beauté et, après sa mort, on lui éleva des autels."
Grâce à cette habitude de la nudité qui les forçait à prendre soin de leur corps, les Grecs réalisèrent un type humain idéal.
Dion Chrysostome dit de l'athlète Mélancomas:
"Dès'qu'il s'était dévêtu, on ne pouvait plus regarder que lui, malgré la présence de nombreux jeunes gens et de nombreux hommes qui eux aussi s'entraînaient tout nus."
Ce sont de tels hommes qui inspirèrent les chefs-d'œuvre de la statuaire grecque, car les modèles professionnels étaient inconnus.
Tout au plus trouve-t-on dans Xénophon et Cicéron, des allusions à des hétaïres posant comme modèles.
Peut-être les artistes recouraient-ils à elles parce qu'ils avaient moins d'occasions d'étudier le nu féminin.
Les femmes, en effet, n'étaient pas admises au gymnase, du moins à Athènes et dans les villes ioniennes.
A Sparte, au contraire, célèbre pour l'austérité de ses mœurs, les jeunes filles couraient, luttaient, lançaient le disque comme les hommes.
Elles exerçaient leur corps pour que l'enfant pût mieux se développer au sein d'une mère robuste.
D'après Pausanias, leur tenue de course aux jeux héréens était la suivante:
"cheveux pendants, tunique retroussée un peu au-dessus du genou, épaule droite nue jusqu'au sein."
Aristophane, dans un chœur de Lysistrata, les chante ainsi:
"Telles que de jeunes cavales, les vierges courent près de l'Eurotas."
II admire, non sans une pointe d'ironie, leur fraîche carnation, leur saine vigueur.
On les surnommait Phénomérides, parce que leurs tuniques, ouvertes sur le côté, laissaient voir les hanches.
Aux fêtes d'Artémis, les Caryatides, jeunes filles appartenant aux meilleures familles, dansaient le buste nu, ou vêtues d'un léger chiton.
Si l'on en croit Plutarque, Lycurgue aurait accoutumé jeunes filles et jeunes gens à aller nus par la ville, à danser nus en quelques fêtes et sacrifices solennels.
Que l'on nous permette de le citer dans la traduction de Jacques Amyot, évêque d'Auxerre, grand aumônier de France:
"Quant à ce que les filles se monstrayent ainsi toutes nues en public, il n'y avait pour cela villanie aucune, ains estoit l'esbatement accompagné de toute honnesteté, sans lubricité ny dissolution quelconque: et plus tost, au contraire, portoit avec soy un accoustumance à la simplicité, et un envy entre elles, à qui aurait le corps le plus robuste, et mieulx dispos : et qui plus est, cela élevait encore aucunement le cueur, et les rendoit plus magnanimes, en donnant à cognoistre, qu'il ne leur estoit pas moins bien séant de s'exerciter à la prouësse, et estriver entre elles à qui en emporteroit le prix, qu'il est aux hommes."
Properce a célébré cette coutume dans une de ses élégies:
"O Sparte, nous admirons les usages de ta palestre, mais surtout les si nombreux, avantages de ton gymnase où les jeunes filles s'exercent sans déshonneur bien qu'elles soient nues au milieu des lutteurs."
Platon voulait de même que les femmes s'exerçassent au gymnase avec les hommes, et non seulement les jeunes, mais encore les vieilles, et prévoyant les plaisanteries que la vue de ces dernières surtout provoquerait, il dit:
"Quant à celui qui plaisante à la vue de femmes nues, lorsque leurs exercices ont un but excellent, il cueille hors de saison, en raillant de la sorte, les fruits de sa sagesse."
Le costume ionien n'empêchait pas, d'ailleurs, le nu de se manifester.
"L'ensemble du corps apparaît dans ses lignes principales, dit Richer.
Les étoffes sont pour ainsi dire collées sur le nu à la manière de linges mouillés.
Les chutes de plis ne s'en détachent que partiellement et, par un artifice singulier, le gros pli soulevé par la main gauche est fort étroit, de manière que le reste de la robe moule étroitement les deux jambes aussi bien en avant ou'en arrière."
Ce texte ainsi que les clichés sont tirés de la revue "Vivre Integralement", édition trimestrielle de 1929, intitulée : "La nudité à travers les âges"
Auteur : H. Nadel