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Le blog de Robert
tranches de vie, mode de vie, travail et passion, vie...

Durandalem livre 5. Les voyages des gens de Durandalem

robertditsch

Chapitre I     La Chapelle d’Oche

 

 

- L’invitation

- La liste

- Les maçons de Manderen

- Massons les maçons

- Préparatifs pour Oche

- Le voyage vers Oche

- Les tailleurs de Lugdon

- L’arrivée à Oche

- Le personnel du palais

- L’arrivée de Charlemagne

- La soirée avec l’Empereur 

- Les festivités d’Oche

- Ultimes préparatifs

- Le discours de Charlemagne

- La nudité à Oche

- Le banquet

- Le bal

- La consécration de la  Chapelle d’Oche

- Les massages du Clergé

- Les soldates de l’empereur

- Le retour à Durandalem

- En route pour Durandalem

- Les compagnons d’Alésia

- La guérison des Alésiens

- Le retour en chantant

- L’arrivée du convoi

- L’arrivée de Jacou et des compagnons

- Du renfort pour la soirée

- La saga du voyage

- La nuit aux Thermes

- Les départs

- Les gardes de Naborum

- La formation des gardes de Naborum

 

 

L’invitation de l'Empereur

 

   Durandalem, dix heures. Trois cavaliers en armes se présentent au portail Est.  Albert Fart et Guenièvre Spohr sont dans la salle de garde.

     Guenièvre ouvre la fenêtre, se penche, et lance la phrase rituelle :

     « Qui va là ? »

     Les cavaliers sont éblouis par cette grande rousse nue à forte poitrine.

     « Ouvrez, au nom de l’Empereur Charlemagne ! »

     Guenièvre actionne le levier, tandis qu'Albert Fart descend accueillir les émissaires.

      « Mais vous aussi, vous êtes nu ! s'étonne Pierre Balmont, un des cavaliers.

 -  Eh oui...  Ici, par décret de l’Empereur lui-même, tout le village est nudiste ! Qu'est-ce qui nous vaut l’honneur de votre visite ?

- Nous apportons une invitation à Maître Artz... De la part de l’Empereur lui-même ! »
 

Albert prévient mentalement Jacou.

     « Vous trouverez Maître Artz à l’ancienne école, le dernier bâtiment sur votre droite, au bout du village. Il vous attend ! »

     Les soldats se demandent bien comment il peut déjà les attendre, alors qu'il ignorait leur venue ! Mais ils y vont, et effectivement, Jacou est bien devant le portail. Anatole l’ouvre en grand, et les cavaliers pénètrent dans l’enceinte.

     « Bienvenue, soldats ! Je suis Jacou Artz ! »

     Les soldats mettent pied à terre.

    « Je me présente : Pierre Balmont, émissaire de Sa Majesté l’Empereur Charlemagne. Et voici Jean Trille et Simon Grand, mes assistants.  Charlemagne nous envoie pour vous inviter à la bénédiction de la Chapelle d’Oche, qui aura lieu le dimanche de Pâques, le quatorze avril prochain. L'Empereur a établi lui-même la liste des personnes qui devront vous accompagner.

     - Venez, entrons dans l’école. Vous y trouverez un peu de repos, et de quoi vous désaltérer après votre longue chevauchée...

     - Bien volontiers, nous sommes assoiffés ! »

     Et ils montent à l’étage. Les soldats saluent au passage les rousses étudiantes, plongées dans leurs études sous la direction d’Apollinaire. Ces beautés, nues bien évidemment, ravissent leurs regards.

     Jacou les emmène au coin des boissons, et leur sert des cervoises bien fraîches.

      « Mais comment faites-vous donc pour avoir de la cervoise aussi fraîche ? s'étonne Pierre.

  - Nous disposons d'une machine réfrigérante, mise au point par notre Maître Forgeron de l’Empire, Robert Schmit, et par la savante botaniste Chantal Iser. »

   - Oh, il me semble bien que ces deux noms figurent sur la liste que voici... »

Et Pierre tend le parchemin à Jacou, qui peut lire :

 

 

LISTE DES INVITÉS

     - Maître Jacou Artz et sa famille.

     - Le Maître forgeron de l’Empire Robert Schmit et sa famille.

     - La botaniste Chantal Iser et sa famille.

     - Le Maître d’arme Dillon d’Ortega et sa famille.

     - Les dix soldats vétérans de la garde de l’Empereur et leurs familles.

     - Le barde Apollinaire de Valz, et les musiciens de Durandalem et leurs familles.

     - L’abbé Charles Higgins, curé de Durandalem.

     - Quelques notables de Durandalem et leurs familles. 

     - L’abbé Simon de Beauvoir, archiprêtre de l’abbaye des Glandières.

     - L’abbé Jean Christian, adjoint à l’abbaye.

     - Pierre Gross, chef de la garde de l’abbaye.

      « Eh bien, c’est une liste conséquente !  Nous allons devoir nous organiser pour nous rendre tous à Oche en temps voulu...

     - Les soldats de retour il y a deux jours nous ont narré les prouesses de vos gardes, comment ils ont vaincu Khan le terrible ! L’empereur tient absolument à leur présence, pour les féliciter.   Il organisera une fête en leur honneur le samedi 13 avril, et tous les invités de Sa Majesté y sont conviés !

     - Ce sera un honneur pour nous...Maintenant, venez tous trois prendre du bon temps dans nos Thermes.  Ils valent bien ceux d’Oche, croyez-moi !

    - Hum, dit Simon curieux... J'ai des doutes, je demande à voir ! »

     Et les quatre hommes quittent l’école pour se rendre aux Thermes.

     À peine ont-ils franchi le pas de porte qu’une douce chaleur les envahit.

     « Vous prenez d'abord une douche, leur indique Jacou. Puis vous vous séchez, et vous restez nus tout le temps de votre séjour ici. Les agents de service vont venir s’occuper de vous, laissez-vous guider ! »

     Les soldats se retrouvent nus à la sortie des douches. Comme ils fréquentent les Thermes d’Oche, la nudité en commun, ils connaissent déjà.

        Pierre Balmont, trente cinq ans, est grand, très musclé. Jean Trille, trente deux ans, est bien musclé aussi. Simon Grand, trente ans, est très large d’épaules. Le personnel des Thermes est aux petits soins pour eux.

     Les masseuses Pauline Lang, Rose Spohr et Zoé Lombard leur proposent de passer un agréable moment sous leurs mains. Ce qu'ils acceptent volontiers, comme on s'en doute.

     Quand ils ressortent des massages, ils sont transformés. Toute la fatigue de leur longue chevauchée est effacée. Et ils aspirent maintenant à un moment de repos, pour récupérer pleinement.

 

     Il est midi. Une table est dressée pour les trois émissaires de l’Empereur.  Jacou et Dillon mangent avec eux.

     Les enfants des trois classes sont également attablés, avec leurs éducatrices.

     Après le repas, Jeanne s'adresse aux élèves.

    « Cet après-midi, au programme : des séances d’apprentissage de natation !  Vous allez apprendre à nager. Il y aura des séances pour chaque classe, avec nos maîtres-nageurs, Quentin et Georges Lang.

      Avec deux séances par semaine, vous saurez bientôt nager aussi bien qu'un poisson !  Alors, nous pourrons aller passer la journée à l’étang d’Oderfang... Mais d’abord, il faut connaître quelques règles.

     Ainsi, vous devez savoir, que juste après manger, comme nous venons de le faire, il est dangereux de se baigner. On risque de faire un malaise et de se noyer. Il faut d'abord digérer. C’est pour cela qu'avant les séances, nous allons tous ensemble, faire une promenade sur les remparts de Durandalem ! 

     Au retour, les grands iront avec moi à la piscine. La semaine prochaine, ce sera le tour des moyens, et ensuite celui des petits. »

     Et les voilà donc partis à l’assaut des escaliers menant à la salle de garde du portail Ouest. Il est quatorze heures. Joseph Spohr et Roland Martinet sont en poste. Comme tous les autres gardes sur les remparts, ils ont été prévenus du passage des enfants. À chaque tour de guet, des points de boissons ont été installés à leur intention.

    Les enfants remarquent qu’il fait très chaud dans la salle de garde ! Vite, ils ressortent, et gravissent le rempart Ouest en direction du Nord. Arrivés en haut, il admirent la grande étendue d’eau qui fait toute la longueur de la muraille Nord.

     « On pourra aussi se baigner ici ?  demandent quelques élèves.

     - Ah non ! Ici, est la réserve d’eau de Durandalem, pour toutes les maisons, pour les douches, et aussi pour boire. Elle doit rester propre ! »

     En une heure, les enfants ont fait le tour. Sur le rempart Sud, ils s'amusent à crier dans le puits de la mine, pour entendre l’écho ! En fait d'écho, ce sont juste les mineurs qui, d'en bas, s’amusent à répondre, et à répéter leurs cris.

     Ils descendent à l’angle Sud-Ouest, et reviennent aux Thermes par le chemin qui longe la ferme. Tous les fermiers sont dans les champs à préparer la saison.  Le printemps s'annonce magnifique, ce qui augure d’une bonne récolte de légumes !

     Arrivés aux Thermes, les petits et les moyens retournent en classe, et les grands reprennent une douche et se retrouvent à la piscine.

 

     Pendant ce temps, à Naborum, Alice Spohr arrive au-dessus des cantonniers, toujours épatés de voir une belle créature nue arriver par les airs, telle une elfe !

     Elle se pose à côté de Georges Bour, et lui annonce que cinq chariots de pierres arrivent de l’Est.

     Les voilà bientôt, conduits par Sylvain et Léo Cohen, par Fleur la fille de Léo, et par Annie et Annette, deux des filles de Théo Cohen.

     Les gardes qui les escortent, Christian Hahn et Jeanne Martinet, se posent à leur tour.

     Sur place, les cantonniers ont fini leurs travaux de tranchées. Ils attendent encore les pierres de Tenquin, Après quoi auront fini leur journée.

     Et justement, Armand survient en volant, annonçant que les trois chariots de Tenquin arrivent.

     Rapidement, les cinq premiers chariots sont vides, et ils retournent alors à Durandalem. Ils sont déposés chez Émile avec les vingt chevaux. Les palefreniers vont s’en occuper. Tous les voyageurs passent chez Joël prendre une douche, contents de pouvoir enfin se débarrasser de leurs frusques, qu’ils étaient obligés de porter pour traverser la contrée.

     Et contents aussi d’aller se rafraîchir à l’auberge... Ariston leur montre une table libre, et les huit voyageurs commandent des pintes de cervoise.

    À Naborum, Gabin, Armand et les frères d’Ortega ont vite fait de décharger les pierres des trois nouveaux chariots. Lundi, les maçons pourront commencer les murailles.

     Puis les quatre garçons retournent à Durandalem, et laissent eux aussi leurs attelages chez Émile. Nestor se retrouve maintenant avec cinquante-deux chevaux pour la fin de semaine ! Heureusement, comme à leur habitude, les gardes de nuit, qui habitent les Garderies juste à côté, viennent prêter main forte pour étriller les bêtes.

     Gabin, Armand et les frères d’Ortega se retrouvent à l’auberge, et se joignent aux voyageurs du Blauersland.

     Il est dix-huit heures. Les gardes du portail Ouest, Bernard Spohr et André Martinet, et ceux du rempart Nord, Paul Frisch, Benoît et Paul Spohr se sont fait relever. Ils viennent eux aussi boire un canon à l’auberge.

La liste

 

       Dans l’auberge, Jacou vient d'afficher une liste de personnes convoquées par l’Empereur :

     « C’est la liste de ceux qui se rendront à Oche pour les festivités de Pâques, L’empereur nous invite ! Cette liste a été établie par l’Empereur lui-même, nous nous y tiendrons. »

     Sur la liste figure en tête Jacou Artz. Puis Chantal, puis ma famille Schmit au grand complet, puis les musiciens et les bardes, les gardes vétérans et leurs familles, les rescapées de Khan le terrible... Quelques notables de Durandalem : le banquier, le bûcheron, le fondeur, l'apothicaire, les responsables des Thermes et leurs familles, le personnel de l'intendance, cuisinières, palefreniers, et les représentants du culte de Durandalem et de l'abbaye des Glandières. Cela représente quand même cent treize adultes et vingt enfants !

   Jacou a fait venir Gabriel et Roger.

    « Vous voyez cette liste ? Toi, Roger, tu vas prévenir toutes les personnes de cette liste qui ne sont pas du village, afin qu’elles soient présentes à Durandalem dès le mercredi 10 avril au soir.  Et toi, Gabriel, tu as la charge de prévenir ceux de Durandalem ! Nous ferons le voyage en deux jours. Nous partirons jeudi 11 avril le matin, et nous devrions arriver à Oche le lendemain vendredi dans la journée. Pendant notre absence, le village sera bien vide !  Néanmoins, il devra rester sous bonne garde... »

 

 

Les maçons de Manderen

 

     À Naborum, on s’organise pour construire les murs de la ville.

     Les dix maçons de Manderen devraient arriver aujourd’hui, en fin de matinée. Charles Kauf leur a fait préparer des hébergements dans les locaux des thermes d’Oderfang.

     Il est onze heures quand deux chariots se présentent à l’entrée de la ville, qui est gardée par deux gens d’armes. L'un d'eux interpelle les arrivants :

     « Qui êtes-vous ?

     - Je suis Adrien Wirth, et voici mes compagnons maçons. Comme convenu, nous venons construire les murs des remparts !

     « Entrez, je vais vous mener à Oderfang.  Notre bourgmestre vous y attend ! »

Et effectivement...

     « Soyez les bienvenus ! Je suis Charles Kauf, le bourgmestre, et voici Hugues Schaff, le chef des gens d’arme. Je vais tout de suite vous montrer votre logement pour la durée de votre séjour dans nos murs ! Nous vous avons aménagé un grand dortoir.

      - Merci, Charles ! Moi, je suis Adrien Wirth, le maître compagnon. Voici Joseph, mon fils. Bertrand, mon frère, et son fils Paulin. Maurice Storm et ses fils Georges et Claude.  Et enfin Constant Bour, ses fils jumeaux Pierre et Paul, et sa fille Isabelle. C'est elle notre architecte.

     - Nous n’avions pas prévu qu’une fille soit parmi vous ! Nous allons monter une séparation dans le dortoir...

     - Ne vous donnez pas cette peine... Aucun problème. Isabelle est la compagne de mon fils Joseph !

    - Dans ce cas, c’est parfait ! »

     Aussitôt, Charles sort un grand plan pour le soumettre aux maçons.

     « Alors, qu’en pensez-vous ? 

     - À première vue, c’est bien ! dit Isabelle, vingt quatre pieds de haut sur six de large, c’est le bon rapport !   En revanche, les remparts ne sont pas assez larges au niveau des tours pour monter à trente cinq pieds... Il faudra rajouter trois pieds dès les fondations pour les tours ! »

     Charles est épaté.

     « Tu as l’air de vraiment bien connaître ton affaire, Isabelle. Nous ferons comme tu le demandes !

    - Oui... Allons sur le terrain pour nous rendre compte ! »

     Et la troupe arrive au niveau du futur portail Ouest. Pierrot et Claude Stein sont là à donner des directives. Ils sont tout contents de revoir les anciens compagnons qu’ils ont connus tout jeunots, lors de la construction des Thermes de Durandalem. Des jeunots à qui ils ont appris bien des choses, voici plus de trente ans. Et aujourd'hui, ils font connaissance avec les enfants des anciens jeunots...

     « Pierrot et Claude, leur dit Adrien, je vous présente mon fils Joseph, sa compagne Isabelle notre architecte, Paulin, le fils de Bertrand, et Georges et Claude, les fils de Maurice, et Pierre et Paul, les fils de Constant !

  - Il est midi, allons manger, propose Charles. Nous ferons le tour d'inspection cet après-midi. Nous prévoyons deux lieues de murailles...

  - Ça va faire beaucoup de pierres, tout ça !

 - Certes, mais la carrière de Tenquin nous livrera trois charrettes par jour, auxquelles s'ajouteront, par semaine, dix grands chariots venus du Blauersland, non loin de Strateburgo.

- Ah oui, je m’en souviens.... Les compagnons du Blauersland ! Et le village est toujours nudiste ?  J’y suis passé il y a quelques années, tout le monde était tout nu !

- Oui, à Durandalem, tout le monde vit nu.  Mais ici, à Naborum, nous n’avons pas encore opté pour la nudité...  Cela dit, si vous le désirez, vous pourrez travailler nus sans problème.

   -  S’il fait chaud, nous le ferons ! Pas vrai, les gars ?

     - Et la fille le fera aussi !  précise Isabelle avec un grand sourire. Mais qui sont tous ces gens qui nous dévisagent en parlant une langue étrangère ? 

 - Ce sont des prisonniers, dit Hugues. Des pillards Germains nous ont attaqués en nombre la semaine dernière. Presque tous ont péri, sauf ceux-là, qui nous ont juré fidélité ! »

     Après le repas, tous se retrouvent au niveau des remparts. Puis ils parcourent en charrette les deux lieues du périmètre, s’arrêtant quand Isabelle remarque une anomalie à corriger.

     Le circuit terminé, ils se mettent à l’ouvrage.

     Pierrot leur distribue la potion de Jacou. C’est un plaisir de construire les murs comme cela, en faisant voltiger des pierres aussi légères que des feuilles !

     Hugues réunit les prisonniers germains.

    « Messieurs, voici votre moment de vérité !  Je vais vous distribuer la potion qui vous permettra, à vous aussi, de faire voler les pierres. Votre travail sera bien plus facile et bien plus efficace !

    Certes, vous pourriez utiliser ce pouvoir pour tenter de vous enfuir ou essayer de nous nuire, mais nous voulons espérer que vous l’utiliserez pour nous montrer que vous voulez vraiment faire partie de la cité !

 - Merci de votre confiance, Maître Hugues ! Nous en serons dignes... »

    Une fois la potion bue, les prisonniers s’organisent pour amener les pierres aux maçons.  Et les remparts se montent à une vitesse spectaculaire.

     Bientôt, le coin Sud-Ouest est fini, avec sa béquille de renfort, et le portail Ouest se retrouve flanqué de deux tours de guet, accessibles par deux escaliers qui mènent aux remparts.

     Charles convoque les menuisiers et les forgerons de la cité.

     « Vous pouvez installer le premier portail ! »

     Et s’adressant à Pierrot :

     « Tu pourras dire à Jérémoy que le premier portail va être installé, et qu’il peut venir pour l’automatiser !  

- L’automatiser ?  interroge Isabelle.

- Oui, les forgerons de Durandalem ont inventé des systèmes qui fonctionnent à la vapeur, et qui, à l’aide de vérins, ouvrent et ferment le portail automatiquement !  À 18 heures, je vous emmène à Durandalem pour y rencontrer les anciens. Vous pourrez voir les technologies dont disposent les habitants. »

     À Durandalem, la vie suit son cours.

     Il est bientôt dix heures. Les gardes en pause, Alexa Dumas, Gretel Wilkinson, Georgette Fart, et Pierre et Bernard Spohr s’apprêtent à reprendre leurs postes, et s’envolent vers le portail Est et le mur Nord.

     De leur côté, les gardes relevés, Albert Fart, Christina Hahn, Stéphane Joseph et Guenièvre Spohr arrivent à l’auberge boire un canon.

     Au portail est, Bernard et Alexa voient arriver une grande charrette. Certes, ils reconnaissent Charles et Hugues, ainsi que les frères Stein à cheval. Mais les autres sont des inconnus.

Alexa se penche, nue, et c'est le protocole habituel :

     « Qui êtes-vous ?

     - Charles Kauf, bourgmestre de Naborum, et les maçons de Manderen. Je demande à voir Jacou. »

     Alexa manœuvre le portail. Il s’ouvre tout seul, à l’admiration des maçons et d’Isabelle. La charrette pénètre dans l’enceinte du village, et le portail se referme comme par magie.

    « Vous trouverez Jacou à l’auberge, il vous attend ! »

     Et la charrette s’arrête devant l’auberge. Jacou est devant la porte, nu comme il se doit.

    « Bienvenue, compagnons maçons ! Et bienvenue, Charles !

     - Salut à toi, Maître Jacou !  Voici l’équipe de compagnons maçons que tu as fait mander. Je les laisse se présenter...

     - Je suis Adrien Wirth, le maître compagnon. Voici Joseph, mon fils. Voici Bertrand, mon frère, et son fils Paulin. Et Maurice Storm. Et Constant Bour, ses fils jumeaux Pierre et Paul, et sa fille Isabelle, notre architecte, compagne de mon fils. 

    - Voudriez-vous prendre une douche ? La journée a été chaude ! »

     - Volontiers, cela nous fera du bien ! 

     - Joël va vous y emmener. En sortant, vous pourrez rester nus si vous le désirez. Je vous attend ici, à l’auberge !

     « Si vous voulez bien me suivre, leur dit Joël, c’est juste à côté ! »

     Charles et les onze maçons pénètrent alors dans les douches.

     « Il n’y a que six douches, mais assez vastes pour y aller à deux ! »

     Isabelle et Joseph pénètrent alors dans une douche. Joël leur explique le fonctionnement, et la porte se ferme. Il fait de même avec les autres, et donne à chacun une grande serviette pour se sécher.

   Quand ils ressortent, les anciens restent nus. Les jeunes se sont couverts de leur serviettes.

     « Voici des serviettes sèches pour vous asseoir, si vous voulez rester nus, et des tuniques propres, si vous voulez vous habiller un peu… »

     Finalement, comme Isabelle a tombé la serviette, tous les autres décident d'en faire autant, et toute la troupe entre nue dans l’auberge.

     Ariston leur montre une grande table.

     « Asseyez-vous ! Que puis-je vous servir à boire ?

    - Des cervoises pour tout le monde ! »

     Jacou au comptoir s'informe :

     « Alors, comment ça se passe, avec ces remparts ?

    - On avance très vite, on a déjà fait en une demi-journée tout le rempart Ouest et le portail, ainsi que les cinq tours de garde Ouest !

    - Et grâce à votre potion !  précise Isabelle.

     « Isabelle est notre architecte, rappelle Adrien, et aussi la compagne de mon fils Joseph ! » 

Joseph se lève et salue l’assemblée.

  -  Et nous disposons d'une main d’œuvre très motivée, des prisonniers désormais tout acquis à la cité !

     - Ah oui ! les pillards qui ont voulu notre or ! Mal leur en a pris ! » 

    «  Ils étaient cinq cents, dit fièrement Christina Hahn, mais on les a quasiment tous exterminés !

     - Cinq cents ! s'étonne Joseph, mais alors, comment avez-vous pu ? 

 - Nous disposions de soldats volants. À dix, il les ont abattus de leurs flèches par les airs, puis par la terre, en les prenant à revers. Seuls les premiers, ceux qui se sont rendus, ont eu la vie sauve !

 - Incroyable !  s’exclame Isabelle, épatée. Et qu'avez-vous fait des corps des autres ?

 - Ils sont enterrés dans une grande fosse, dit Charles. Vous avez dû voir un grand tumulus de terre au coin est de la ville. Ils sont tous là, quatre cent quatre-vingt-douze pour être précis, y compris Khan le terrible.

    - Vous aussi, vous y étiez ? 

    - Je suis un des dix soldats volants !

    - Alors, respect !  disent en chœur les maçons.

    - Au rythme où nous avançons, dit alors Pierre, nous pourrions finir dans la semaine, si nous avons assez de pierres ! Trois chariots sont arrivés cet après-midi, nous avons de quoi faire tout le côté Sud.

    - Demain, précise Jacou, arriveront encore cinq grands chariots de pierres, plus trois comme ceux d’aujourd’hui.  Charles, tes maçons, tu les héberges à Naborum ?

    - Oui Jacou, c'était prévu.  Mais si tu pouvais... Je pense qu'ils seraient mieux dans tes Thermes que dans le dortoir d’Oderfang !

    - Nous avons déjà laissé quelques effets dans le dortoir, mais rien d’important, nous les récupérerions demain...

    - Soit !  C’est dit ! Vous êtes ici chez vous. Quand vous voudrez, les jeunes, je vous emmène aux Thermes que vos parents ont construits. »

Et Jacou aussitôt contacte le gérant de l’hôtel des Thermes pour qu’il prépare dix chambres.  Et il prévient le restaurant qu’il y aura onze personnes de plus tous les soirs et tous les matins.

      « Charles, veux-tu un cheval pour être rentré à Naborum avant la nuit ?

       - Non, pas la peine, Jacou, j'y file à tire-d’aile ! Merci pour ton hospitalité, merci pour eux ! »

      Et sortant de l’auberge, à peine le seuil franchi, Charles s’envole et s'éloigne sous les regards ahuris des maçons.

     - Un soldat volant ! s'exclame Isabelle. Ce n'étaient donc pas des bobards...

    - Mais, demande Claude, d’où lui vient donc ce pouvoir ? 

     - Charles est l'un des dix soldats que nous avons formés ici à Durandalem pour le compte du roi Charles, maintenant nommé Charlemagne, Empereur de l’Empire Romain d’Occident.  Hugues, le chef des gens d’arme de Naborum, que vous avez rencontré, est lui aussi l'un de ces soldats !

     Chantal et moi, nous avons réussi à créer des potions à base de plantes qui permettent - après initiation - diverses choses pouvant vous paraître incroyables : communiquer par la pensée, déplacer des pierres par la pensée, et aussi voler.  Chantal est une savante herboriste et une chercheuse experte ! Si vous voulez, nous pouvons monter aux Thermes. Vous y mangerez, et je vous la présenterai.

     - Bien volontiers, allons-y ! Mais que fait-on de la charrette ?

     - Emmenez-la aux Thermes, des palefreniers s’en chargeront. Et vous aurez un véhicule pour rentrer demain à Naborum. »

     Les maçons remontent à bord de la charrette avec Jacou, et arrivent devant les Thermes. Les vigiles ouvrent la porte.

    « Nous avons quelques règles. Dans le bâtiment, la nudité est obligatoire pour tous.  Ici, tout le monde doit prendre une douche en entrant. Même vous qui en avez pris une il y a une heure. C’est la règle, personne n’y déroge. Même l’Empereur le mois dernier a dû s'y plier.

   - L’Empereur est venu ici ? 

    - Oui, pour se reposer quelques jours.  Et pendant tout son séjour, il est resté nu, ainsi que tous ses soldats. »

     À la sortie des douches, ils reçoivent une serviette sèche, et montent à l’étage, dans la salle de restaurant.

     Michel Bern les accueille :

     « Bienvenue, les maçons !  Les filles, Marlène et Hélène Basin, vont vous conduire à vos chambres, au-dessus. Et vous pourrez ensuite descendre ici pour le repas du soir. 

     Arrivés au niveau des chambres, ils remercient les filles. Et les filles redescendent, sous les yeux intéressés des jeunes maçons.

    - Bienvenue ! Je suis Guillaume Bardot le gérant. Voici donc vos chambres, elles disposent de tout le confort que vous pouvez espérer ! Si vous avez besoin de quoi que ce soit, voici Léa Fart, qui se fera un plaisir de vous le procurer ! »

     Une fois pris possession de leurs chambres respectives, les maçons redescendent au restaurant.

Massons les maçons

 

     Le plan de Jacou est simple :  il compte offrir un agréable moment de sexe aux maçons, avec l’aide volontaire des filles, et de quelques-uns de ses onguents et potions.  Les serveuses Marlène et Hélène Basin participeront aussi, et s’occuperont plus spécialement du couple Isabelle et Joseph. Mais n'anticipons pas. Pour l’instant, l’heure n’est pas à la gaudriole, Jacou fait les présentations...

     « Voici Chantal, notre savante herboriste, qui vous étonnera avec ses potions, onguents et pommades !  Valérie, son assistante. Marie, notre médecin. Josiane et Josette, nos couturières. Elles vous fourniront des habits propres et fonctionnels pour travailler… si vous ne travaillez pas nus, bien sûr !

- Charles nous a dit qu’on pouvait si on voulait !  l'informe Isabelle.

- Rose et Zoé sont les masseuses des Thermes, reprend Jacou. Et Marianne et Mariette sont celles de l’école d'à côté. Josie Bern est serveuse ici, au coin des boissons. Marlène et Hélène sont nos serveuses à table. Et voici enfin Dillon, notre chef de la garde, qui a si magistralement mené la riposte lors de l’attaque des pillards. 

   Après le repas, toutes les filles ici présentes viendront vous faire des massages dans vos chambres, afin de vous relaxer de cette dure journée de trajet et de travail.  C’est là que vous apprécierez les onguents, pommades, et potions de Chantal ! Pour votre confort, les filles de service viendront changer les draps tachés par les huiles et autres pommades, et nettoieront les chambres. Mais pour l'instant, mangeons !  Bon appétit à tout le monde... »

     Après le repas, Jacou propose à ses invités de regagner leurs chambres, ce qu'ils font bien volontiers. Et les masseuses se préparent.

 

      Isabelle et Joseph attendent. On frappe à la porte, Joseph ouvre. Ce sont les deux jeunes serveuses, Marlène et Hélène, qui viennent s'occuper de leur bien-être...

      Adrien est étendu sur le lit, il attend une masseuse.

     C'est Josette qui se présente devant lui. Il se lève pour la saluer…

 

 

     Bertrand attend tranquillement, allongé sur le ventre. Il a laissé la porte ouverte. Josiane entre.

  « C'est moi qui vais te masser... Tu es bien installé, on y va ! »

     Elle verse sur Bertrand une huile tiède, puis l’étale de ses deux mains sur la nuque, le dos, les fesses, les cuisses, les jambes, ce qui chauffe tout le corps du maçon…

 

      Maurice attend, assis sur son lit, qu’une masseuse arrive.

        Elle ne tarde pas.

     « Bonsoir, je suis Marianne. Je vais te faire un massage particulier, tu vas voir ! Couche toi sur le dos, place tes bras derrière la tête... »

     Maurice fait comme elle dit, se demandant à quel genre de massage il va avoir droit !

     Marianne prend de l’huile tiède, qu'elle répand sur le torse, le ventre et les cuisses de Maurice, et qu'elle frotte avec ses mains enduites de pommade pour bien l’étaler, graissant toute la surface...

     Puis elle enduit son propre corps, du cou jusqu’aux cuisses, monte sur Maurice, et se couche à plat ventre sur lui.

     Elle commence alors à faire glisser son corps contre le sien. Ses seins frottent ceux de Maurice, descendent jusqu’aux cuisses. Puis elle remonte jusqu’à frotter son entre-jambe contre celui du garçon…

 

     Mariette est occupée par Constant.

    « Allonge-toi sur le dos, lui dit Mariette qui vient d'arriver. Je vais te faire un massage partiel ! »

     Constant obéit, et Mariette, après s’être enduit les mains de pommade, commence à masser le ventre de Constant...

     Paulin attend patiemment une masseuse.

     La voici qui arrive.

     « Bonsoir Paulin.  Je suis Marie Brett, le médecin du village. Je vais te faire un massage qui va te faire du bien... Allonge-toi sur le dos. »

     Paulin est allongé.  Marie, debout à côté de lui, enduit son corps d’huile odorante, l'étale sur le cou, le poitrail, le ventre, le bas-ventre, l’entre-jambe, les cuisses, les jambes, et termine par les pieds.

      Marie alors s’installe à califourchon sur le ventre de Paulin, et les mains enduites de pommade, commence à masser le cou et les épaules.

    Paulin ressent une douce chaleur envahir le haut de son corps.

     Elle passe ensuite à la poitrine, décrivant des cercles autour des tétons qui se gonflent et se dressent, tout durs.

     Ensuite, c'est au tour du ventre, puis elle glisse une main sous elle pour masser le pubis, et elle arrive à l’entre-jambe...

 

      Georges est assis sur le lit, il attend.

      Valérie entre et s’assoit à califourchon sur ses cuisses, tout en s’enduisant les mains de pommade.

     « Je vais te faire un massage des cervicales ! »

      Georges est un peu gêné...  Il n’a pas l’habitude d’avoir une fille nue sur ses genoux, pour un massage !

      Valérie commence à masser les épaules, puis les mains se rapprochent, et le cou est massé en long, en large, et de haut en bas, faisant ressentir à Georges des frissons dans tout le corps.

      Lui poussant doucement la tête en arrière, elle masse ensuite la base du cou. Elle arrive aux tétons, qu’elle titille doucement, en décrivant des cercles tout autour.  Georges sent monter en lui le désir d’aller plus loin.  Mais, bien que son entre-jambe réagisse, il n’ose pas bouger...

      Valérie alors se lève et se met à genoux devant lui, qui est toujours assis sur le lit. S’enduisant à nouveau les mains, elle lui masse doucement le poitrail, le ventre, et le pubis…

 

      Claude Storm attend. La masseuse se présente :

     « Je m’appelle Rose, et je viens pour ton plaisir ! Si tu le désires, je peux te masser une partie de ton corps ou tout ton corps !...

    

     Les jumeaux Pierre et Paul Bour ont l’habitude de dormir ensemble. Alors ils se retrouvent dans la chambre 10, qui a un grand lit.

     Zoé et Josie arrivent, et invitent les deux garçons à se faire masser…

 

    Une fois toutes les portes fermées, les filles étant prêtes à intervenir pour nettoyer, Chantal propose à Dillon d’essayer une nouvelle pommade, qu’elle n’a pas encore expérimentée...

     Dillon est très intéressé, et Jacou aussi !

     « Elle fait quel effet ? demandent-ils.

     - Venez, dit Chantal, on va dans la chambre 20 à l’autre bout, et on teste ça ! »

     Jacou, encore émoustillé par les prouesses de son aîné Maître Clément Sandre, accepte volontiers…

Préparatifs pour Oche

 

     Pierre et Johan Martinet, Alexa Dumas et Guenièvre Spohr sont chargés d’escorter les convois de pierres du Blauersland pour encore quelques voyages. Ils doivent arriver cet après-midi, et repartiront demain pour le deuxième voyage de la semaine. Il est prévu deux livraisons de cinq chariots par semaine. Pour les pierres de Tenquin, trois chariots par jour, dont deux sont convoyés par les frères Holz, qui en temps ordinaire sont les vigiles des Thermes.

     Le temps de l’absence des élus, qui vont se rendre à Oche à l'invitation de l'Empereur, ce sont Gaël et Joël Wasch qui occuperont par intérim les fonctions de bourgmestre et de bourgmestre adjoint.

     Les invités arrivent les uns après les autres, de Hombourg, de Tenquin, de Laudrefang... Une charrette arrive de l’abbaye des Glandières. Pierre est aux rênes, avec l’archiprêtre Simon de Beauvoir et son second, l’abbé Jean Christian.

     Bientôt, l'effectif des invités à Oche est au complet.

     Les gardes, leurs familles, et les abbés de l’abbaye des Glandières seront logés pour la nuit à l’hôtel des Thermes.

     On s'active pour préparer le voyage. Il faudra quinze attelages pour transporter cent treize adultes, vingt enfants, ainsi que toute la nourriture et toute la boisson pour le voyage aller-retour.

     Les quinze chariots seront agencés comme suit :

  - Deux chariots pour nous les Schmit et pour quelques autres, soit dix-huit adultes, dont Jacou, Chantal, Anatole, Marie et Apollinaire, et six enfants. Chariots conduits par les membres de la famille Schmit.

  - Quatre chariots pour les gardes vétérans et leurs familles, soit quarante adultes. Deux conduits par les gardes vétérans, et deux par leurs enfants.

 - Un chariot conduit par un palefrenier, pour la famille Deir et pour les filles rescapées de Khan, soit six adultes et neuf enfants.

 - Trois chariots pour les notables - vingt-cinq adultes et six enfants - conduits par les familles des notables.

 - Deux chariots pour le clergé et pour l’intendance, soit seize adultes, conduits par les gardes.

     - Un chariot pour la famille des palefreniers - quatre adultes - et pour les outils, les armes, les deux muids d’eau et la chaudière. Conduit par la famille.

     - Deux chariots conduits par les palefreniers pour les bagages, la nourriture, la boisson.

 Dans les écuries d’Émile, on prépare donc trente chevaux, qui demain à l'aube seront attelés aux chariots.

     Chacun prépare ses bagages, toutes les affaires nécessaires pour le voyage et pour le séjour à Oche.  Les gardes emportent leurs costumes d’apparat, ceux-là mêmes de leur première parade lors des portes ouvertes de l’école, il y a trente-deux ans. Mais ils ont eu droit à une bonne séance de retouches par Josiane et Josette, à la buanderie de l’école.  Dame, depuis cette première parade, ils ont quelque peu grandi et forci !

     Les enfants des vétérans ont négocié deux chariots pour eux, et deux pour leurs parents. Les frères d’Ortega sont préposés aux chariots des enfants. Ils sont heureux de se revoir si vite , ils n’avaient prévu de se revoir que cet été... Pendant le voyage, ils auront sûrement l'occasion de s’amuser encore !

    Vers dix sept heures, cinq chariots vides arrivent à la porte est. Albert Fart et Paul Spohr sont de garde.

      Ils reconnaissent, malgré leurs habits, les gardes Pierre Martinet, Alexa Dumas, Johan Martinet et Guenièvre Spohr.

     Les charretiers sont les compagnons du Blauersland, les enfants de Georges Stand, Valentine, Roger, Isabelle, Piot et Mousse. C’est leur première visite à Durandalem. Ils sont épatés par ces murailles, par ces portails qui s’ouvrent tout seuls, et aussi par ces quinze chariots dans le pré, avec une multitude de gens tout nus qui y chargent des affaires... On leur avait dit que le Blauersland n’était pas la seule communauté à vivre nue, ils en ont aujourd’hui la confirmation !

     Les gardes les aident à déposer leurs chariots vides. Les palefreniers étant occupés à préparer le voyage vers Oche, ce sont les gardes de nuit de la Garderie qui prennent en charge leurs chevaux.

     Puis ils les emmènent aux douches communales chez Joël, et ensuite à l’auberge pour se désaltérer. Il fait déjà chaud en ce printemps. Leurs habits leur collaient à la peau... Ils sont bien contents de rester nus après cette bonne douche !

     Quand, à dix huit heures, les gardes en pause s’envolent nus prendre leurs postes, les compagnons sont étonnés, bien qu'ils aient été témoins de quelques envols de leur escorte, qui allait parfois en reconnaissance sur le trajet. Et quand les quatre gardes relevés arrivent eux aussi nus, en volant, les compagnons sont de plus en plus intrigués par tous ces pouvoirs  !

     « - Et vous volez tous comme cela, au village ?  dit Roger Stand.

     - Oui, nous avons tous ce pouvoir, répond Christina, mais seuls les gardes l’utilisent tous les jours...

     - Mais comment est-ce possible de voler ainsi ? demande Isabelle.

    - C'est grâce à une potion spéciale que sait préparer notre savante herboriste Chantal !

     - Oh, dites, on pourrait en avoir ?  demande Mousse, le plus jeune.

     - Je ne sais pas... Mais vous verrez Chantal ce soir, vous pourrez lui poser la question. »

    L’escorte des compagnons leur propose alors de monter aux Thermes, où ils rencontreront Jacou, qui effectuera le paiement des pierres.

      « Vous pourrez vous reposer, dit Alexa, vous aurez chacun une chambre à l’hôtel.  Et ce soir vous mangerez au restaurant, avec les gardes vétérans qui partent demain pour Oche. »

      Le soir au restaurant, les enfants des vétérans se sont retrouvés. Ils ont formé les couples pressentis lors de leur rencontre le mois dernier : Alex Holz avec Juliette Kauf, Théo Gouvy avec Marie Schaff, Georges Gouvy avec Anne Schaff, Roméo Kauf avec Sylvie Stamm, Benoît Kauf avec Mia Gouvy, Pierre Schaff avec Sophie Stamm, Paul Schaff avec Marie Gouvy.

      Quant à Charlotte et Claudette Brett, elles attendront demain pour retrouver leurs amants, Jean d’Ortega et Aimé d’Ortega.

     Les enfants des deux vétérans Bauer, Joséphine Bauer et Francis Bauer, les rejoindront demain avec leurs conjointe et conjoint, Paul Dor et Pauline Basin.

     Cette nuit, ils dormiront en couple dans les chambres. Mais demain, pendant le voyage, ils prévoient déjà de se mélanger !

     Le soir, une fois que toutes et tous ont regagné leurs chambres à l’étage de l’hôtel, on discerne comme un brouhaha feutré. Mais il n’y a pas que les jeunes : les vétérans profitent eux aussi de ces instants tranquilles pour se livrer à d'agréables ébats !

     Au bout d’un moment, les vétérans sont redevenus calmes. Quelques jeunes batifolent encore, puis c’est le silence. Les concierges font le tour pour éteindre les luminaires. Les Thermes s’endorment...

Le voyage d’Oche

 

  • Le départ vers Oche

     Jeudi 11 avril

     Christina Hahn est en réserve aujourd’hui.

     Tout le monde est debout de bonne heure. Les gardes de nuit, une fois relevés par les gardes de jour, donnent un coup de main pour atteler les trente chevaux du convoi.

     Aux Thermes, le petit déjeuner est pris, et toutes les villageoises et tous les villageois se retrouvent dans le pré, à côté des écuries d’Émile, pour dire au revoir aux voyageurs en partance réunis autour de Jacou.

     Jacou prend la parole.

     « Chères Durandalemoises, chers Durandalemois, chers soldats vétérans, vous et vos familles, soyez les bienvenus pour ce voyage ! Nous arriverons à Oche demain vendredi, dans l’après-midi. L’Empereur Charlemagne, qu'il n'est pas besoin de vous présenter, nous y attend.

     Je vois que pour le moment, nous sommes tous vêtus. C'est vrai qu'il fait encore frais, le matin ! Durant le voyage, je vous demanderai de ne pas vous montrer nus. Ainsi les conducteurs, toujours visibles, devront être habillés. Nous traversons l’Austrasie, et ce territoire est loin d’admettre et d'autoriser la simple nudité !

     Il vous reste un court moment pour vérifier que vous n’oubliez rien, et nous pourrons embarquer.  Chantal va distribuer la potion qui permet de communiquer mentalement, afin que nous puissions communiquer entre les chariots sans arrêter la marche du convoi. »

     Chacun s’installe dans le chariot qui lui est attribué, et bientôt, le départ est donné !

     Dans le chariot de tête, où ont pris place les musiciens, la musique accompagne le départ. Le deuxième chariot est occupé par ma famille et moi, et par Jacou, entre autres.  Les trois suivants sont ceux des notables et de leurs familles. Puis deux chariots de vétérans. Deux chariots pour l’intendance.  Un chariot pour les rescapées de Khan. Un chariot pour les outils et les armes, pour une chaudière et deux muids d’eau. Deux chariots pour les bagages et la nourriture. Et enfin les deux chariots des jeunes ferment la marche.

      Benoît Spohr et Paul Frisch, de garde au portail est, nous ouvrent le passage. Tous les villageois qui restent nous saluent.

     Dans le premier chariot des jeunes, les couples ont pris place : Alex Holz avec Juliette Kauf, Théo Gouvy avec Marie Schaff, Roméo Kauf avec Sylvie Stamm, Paul Dor avec Joséphine Basin, Francis Bauer avec Pauline Basin, et Aimé d’Ortega avec Claudette Brett.

     C'est Aimé d’Ortega qui tient les rênes.

     Dans le deuxième chariot des jeunes : Georges Gouvy avec Anne Schaff, Benoît Kauf avec Mia Gouvy, Pierre Schaff avec Sophie Stamm, Paul Schaff avec Marie Gouvy, et Jean d’Ortega avec Charlotte Brett.

     C’est Jean d’Ortega qui tient les rênes.

      Les frères d’Ortega sont aux rênes, mais très vite, ils se font remplacer par d’autres jeunes, afin de pouvoir eux aussi fêter les retrouvailles avec leurs amantes respectives.

     Francis Bauer prend les rênes, et Aimé se rend à l’arrière du chariot. Il est aussitôt déshabillé par Claudette, déjà nue. Elle attendait vraiment ce moment avec impatience !

       Même scène dans le deuxième chariot. Benoît Kauf prend les rênes, et Jean d’Ortega, tiré à l’intérieur du chariot, est aussitôt accaparé par Charlotte Brett.

     Dans les deux chariots, seuls les frères d'Ortega sont en forme. Les autres ont déjà beaucoup donné de leur personne la nuit dernière... Mais cela ne les empêche pas de participer aux ébats...

 

    Mentalement, Jacou demande à Armand Capes et Gabin Fleich de se vêtir et d'aller faire une reconnaissance par les airs, afin de trouver un endroit assez vaste pour y contenir les quinze chariots disposés en cercle.

     Les deux vétérans décollent alors de leurs chariots, et montent très haut pour ne pas se faire trop remarquer. D’en bas, avec leurs habits flottant au vent, on pourra les prendre pour de gros oiseaux !

     Ils repèrent un bel endroit, à la sortie de la grande forêt, et reviennent prévenir Jacou.

     « Les chariots pourront y être d’ici une heure ! estime Armand.

     -  Parfait... Nous y ferons halte pour le déjeuner. Tu guideras le chariot de tête, c’est Benami Schmit qui tient les rênes. »

     Une heure plus tard, nous y sommes. On place les chariots en cercle, on dételle les chevaux pour qu'ils se reposent.  Plusieurs feux sont allumés, les cuisinières se mettent à l’œuvre. Les tréteaux et les planches sont sortis, et bientôt, toute la communauté peut s'attabler.

     Il fait bien chaud. Beaucoup se sont mis à l’aise, nus, protégés de la vue d'éventuels passants par les chariots. Mais il ne passe pas grand monde…

Pendant le repas, quelques jeunes ont sympathisé avec les orphelines rousses.

     Afin de faire plus ample connaissance, et avec l’approbation de Jacou et de Marie Brett, les cinq plus grandes, Gertrude et Berthe Hoff, Anne Bonté, Claudine Schmit, et Edeltraud Bour vont se réunir avec Jean et Jacky Muller, Simon Schmit, Léon Wilkinson, Charles Muller, Norbert Burg et  José Pferd, tous célibataires.

     Sur les conseils de Marie Brett, et en sa compagnie, les garçons vont leur faire découvrir les plaisir sensuels, bien loin des viols qu'elles ont subis avec Khan et ses lieutenants. Tout en participant aux initiations, Norbert Burg et José Pferd se relaieront pour conduire le chariot.

De leur côté, les plus jeunes, Paulette et Annie Hoff, Joëlle, Josette et Josiane Bonté, Claudette et Claudia Schmit auront droit à une initiation musicale, dans le chariot des musiciens.

     Quant à Jeannette Deir, elle rejoint l'un des chariots des notables, en compagnie d'Emanuel Frisch, qui est célibataire, par un heureux hasard...

 

     L’ordonnancement des chariots est changé :

      Agathe Stein, éducatrice des enfants, propose de prendre tous les petits de huit à douze ans, soit dix enfants, à l'avant d'un chariot.  Agnès et Angèle Hune se proposent pour faire faire la sieste aux quatre tout-petits d’un et deux ans, à l’arrière du même chariot. Du coup, pour accueillir tout ce petit monde, on décide de vider un des chariots de victuailles pour l’aménager avec des coussins et des petites couches.

     Le convoi se remet en marche. Des notes de musique et des chants s'élèvent du premier chariot. En revanche, en fin de convoi, dans les trois derniers chariots, c’est une mélodie d'un tout autre genre qui se fait entendre... Dans le chariot des orphelines rousses, Marie a pris la direction des opérations !...

 

     Après, le calme revient dans le chariot, on n’entend plus que les respirations haletantes des partenaires qui reprennent leur souffle, sans un mot.

     Marie rompt le silence :

     « Alors les filles ! ne vous ai-je pas dit que vous auriez du plaisir ! 

     - Oh oui ! » disent les cinq rousses.

 

     Après ces découvertes ô combien jouissives, tout le monde se repose. Les garçons s’endorment, vidés. Les filles commentent ce qu’elles viennent de vivre...

Les tailleurs de Lugdon

    

     Pendant le trajet, en fin d’après-midi, un sérieux incident perturbe le rythme paisible du convoi.

     Voilà qu'une bande de pillards à cheval, sortis des bois, surgit devant le premier chariot conduit par Benami !

      Aussitôt, tout en prévenant mentalement Dillon et les soldats, il leur demande :

     « Qui êtes-vous, et que voulez-vous ?

      - Donnez-nous votre or et vos marchandises ! »

    Les bandits sont dix, et quatre d’entre eux commencent à galoper le long du convoi, de chaque côté.

     Une volée de flèches les terrassent, d’un coup !

     « Rendez-vous tout de suite ! », crie Dillon, qui a surgi nu au-dessus du convoi, avec quatre vétérans nus.

     Les bandits, voyant cela, tentent de fuir. Mais Dillon et ses hommes sont vite devant eux, leur coupant la retraite.

     Les autres soldats sont là, tous nus, onze arcs sont prêts à tirer.

     « Rendez-vous, sinon vous mourrez ! »

     Alors, les bandits veulent riposter, empoignent leurs propres arcs…

      Erreur fatale ! Ils n’ont pas le temps de charger une flèche qu’ils sont immédiatement transpercés des traits des soldats.

     Le convoi fait une pause, le temps de creuser un trou pour ensevelir ces pillards, après les avoir dépouillés. Leurs vêtements sont brûlés.

     Dillon envoie ensuite ses soldats en repérage aux alentours. Il y en a peut-être d’autres. Ceux-là n’avaient guère de butin avec eux...

     Alix revient. De l’autre côté de la forêt, il a repéré deux grands chariots, sans chevaux, avec quatre hommes à proximité.

     Dillon décide alors d’aller au-devant d’eux, toujours nu, avec six de ses soldats.

     « Les quatre autres, faites le tour de la forêt pour les prendre à revers ! »

     En chevauchant sur sept des chevaux des pillards, Dillon et sa troupe aperçoivent les quatre hommes qui tentent de se cacher derrière les chariots.

     « Sortez de votre cachette ! »

Les quatre hommes se montrent, tout tremblants devant ces soldats nus et menaçants. Ce sont quatre hommes jeunes, la trentaine ou un peu moins.

     « Pitié ! nous ne sommes que des marchands ! »

     Dillon descend alors de cheval. Ses soldats gardent les quatre hommes en joue. D’en haut, les quatre soldats sont prêts eux aussi à intervenir.

     « Qui êtes-vous, demande Dillon, et où sont les chevaux de ces chariots ? .

 - Nous sommes des marchands de Lugdon, dit l'un d'eux. Nous allions vendre nos étoffes à Oche, à l'occasion des grandes festivités qui sont prévues. Et nos chevaux, eh bien, ce sont ceux que vous montez ! Les pillards nous sont tombés dessus, et nous les ont volés...

    - Combien étaient-ils ?

     - Ils étaient dix, nous ne pouvions rien faire contre eux ! Ils voulaient de l’or, mais nous n’en avons pas ! Toute notre fortune se trouve dans ces deux chariots. Notre échoppe a brûlé à Lugdon... Nous n’avons plus rien, hormis ce que nous avons pu sauver des flammes. Nous espérions pouvoir ouvrir un commerce à Oche.

 - Vous ne craignez plus rien, les pillards sont morts et déjà enterrés, vous voilà à nouveau libres... Nous allons vous rendre vos chevaux ! Comment vous appelez-vous, et d’où venez-vous ?

- Je suis Jean d’Istres, voici mon frère Paul, et nos cousins, les jumeaux Albert et Alfred Einstein. Comme je vous l'ai dit, nous venons de Lugdon, la grande ville au Sud. Nous avions un commerce de tissus et d'étoffes, à l’entrée de la ville. Hélas, quelqu’un y a mis le feu.  Un concurrent probablement... »

     Dillon envoie alors Le Borgne et Alix pour récupérer les chevaux restés avec le convoi.

     « Le Borgne, tu expliqueras ce qui se passe, vous reviendrez avec les chevaux et nous les attellerons !  Que le convoi reprenne sa route sans nous, nous le rattraperons ! »

Les marchands ont un moment de stupeur en voyant les soldats s’envoler. Dillon se tourne vers Jean d’Istres :

     « Vous n'avez besoin que de huit chevaux...Les deux autres étaient aux pillards ?

   - Non ! Les pillards étaient à pied ! Les chevaux nous appartiennent tous. Nous avons deux chevaux de secours.

     « Bien ! dit Dillon, dès qu’ils seront là, nous rejoindrons le convoi, Nous sommes des villageois invités par Charlemagne, et je vous invite à vous joindre à nous pour le voyage, nous allons aussi à Oche !

     - Ce sera avec la plus grande joie... Nus tels des dieux ! Vous nous sauvez la vie ! »

     Le Borgne et Alix ramènent les trois chevaux, puis les soldats retournent rejoindre le convoi. Seuls Le Borgne et Dillon restent avec les marchands.

     Une fois les huit chevaux attelés, et les deux autres attachés derrière les chariots, ils repartent vers le convoi au pas forcé, et ne tardent pas à le rejoindre.

     Le soir venu, le convoi - dix-sept chariots maintenant - s’installe pour passer la nuit.

    « La région semble peu sûre, dit Jacou. Dillon, tu organiseras des tours de garde toute la nuit !  Maintenant, faisons des feux et préparons le repas du soir. Vous les forgerons, installez la chaudière pour les douches. Que chacun aille ramasser du bois pour les feux... Mais prenez vos armes, on ne sait jamais ! »

     Puis, s’adressant aux nouveaux venus :

     « Venez, joignez-vous à nous. Notre nudité ne doit pas vous effrayer ! Nous sommes des nudistes, dotés certes de quelques pouvoirs, mais nous ne sommes ni des dieux, ni des êtres surnaturels ! Asseyons-nous ensemble, et racontez-nous votre histoire... »

     Jean d’Istres, son frère Paul et les cousins Albert et Alfred Einstein se présentent à nouveau.

     « Nous venons de Lugdon, la grande ville au Sud. Nous allons vendre nos tissus à Oche, à l’occasion de la grande fête prévue ce dimanche. Nous faisions route depuis quatre jours, quand les bandits nous sont tombés dessus ! »

    J'interviens sur ces entrefaites.

     « Il y a de l’eau chaude, dis-je à Jacou en souriant, je pense que nos nouveaux amis apprécieront une bonne douche... Et nos nez seront soulagés, si tu vois ce que je veux dire !

   - Tu as raison Robert, emmène-les !

   - Suivez-moi, vous allez vous laver, et nous vous donnerons des vêtements propres. Sans vouloir vous vexer... vous puez !

- C’est vrai ! Cela fait quatre jours que nous sommes sur la route, et nous avons bien transpiré... Les journées sont déjà chaudes !

 - Déshabillez-vous, mouillez-vous. Nos buandières vont vous frotter, puis vous rincer. Il faut économiser l’eau...

    Et je laisse les marchands entre les mains d'Agnès et d'Angèle Hune. Je retourne avec Jacou attendre le repas du soir.

  Les quatre marchands, abasourdis, se laissent faire. Agnès et Angèle Hune les frottent énergiquement au savon, puis les rincent plusieurs fois, avec l’eau récupérée dans un grand baquet. À la vue de ces jouvencelles nues, les marchands ont bien sûr des réactions ostentatoires ! Agnès et Angèle pouffent de rire. Une fois qu'ils sont séchés, elles demandent à visiter leur chariot en leur compagnie.  Elles meurent d'envie de voir et de caresser leurs belles étoffes...

 

      Après un petit moment de récupération, les marchands offrent aux jumelles quelques magnifiques étoffes de Lugdon. Elles acceptent volontiers, se drapent dans des soies chatoyantes, et ils vont tous ensemble rejoindre le groupe.

Les tréteaux sont en place, tout le monde est attablé.

     Les cuisinières, Manon, Pénélope, Angèle, Paulette, Josiane ont concocté un superbe repas, et toutes et tous se restaurent à leur faim. Les jeunes des trois derniers chariots sont particulièrement affamés ! Il faut dire qu’ils ont beaucoup donné de leur personne tout au long de cet après-midi...

      Ce soir, comme le temps est clair, tout le monde dormira à la belle étoile. Dillon a réuni les gardes, afin d'organiser le plan de garde du campement pour la nuit.  Bien sûr, les dix vétérans sont de la partie. Il y a aussi Amandine Bardot, la vigile, Jeannot Muller, Jacky Muller, Jacques Martin, Jean Martin et Aline Spohr, ce qui permet de constituer quatre équipes de quatre gardes.

     Il y aura donc quatre tours de garde, de trois heures chacun, de ce soir vingt heures à demain matin huit heures.  En l’absence du clocher du village pour donner l’heure, c'est une clepsydre qui est de service.

  Les gardes de faction sont aussi chargés d’entretenir les feux autour du campement, pour mieux éclairer l’ensemble. Quand on se tient debout sur les muids d’eau, la visibilité est parfaite, et l'on peut surveiller toute la zone.

L’arrivée à Oche   

 

       Le jour se lève sur le campement. Dillon transmet à Jacou le rapport des gardes. Cette nuit, aucun événement à signaler, hormis une horde de loups qui, effrayés par les feux, ont fait un grand détour.

     Après un petit déjeuner consistant, le convoi se remet en route.

     Jean d’Istres, son frère Paul et les cousins Einstein se sont mis d’accord pour récompenser ceux qui les ont sauvés d’une mort certaine : leurs étoffes appartiennent maintenant à Jacou et à ses hommes !

     Mais Jacou ne l’entend pas de cette oreille.

     « Non, non...Vos étoffes vous appartiennent... Mais puisque vous tenez tant à nous remercier, aidez-nous donc à parer nos filles, pour l'arrivée à Oche cet après-midi. De belles tuniques en soie pour toutes les filles ! Josette et Josiane feront les retouches...

     - Excellente idée, nous nous y attelons sur l’heure ! »

     Et les chariots d’étoffes roulent à côté des autres chariots, conduits par les frères d’Ortega. On embarque les filles au fur et à mesure. Josiane et Josette, chacune dans un chariot avec les marchands, parachèvent les tenues.

     Quand arrive la pause de la mi-journée, il ne reste plus que le chariot de tête à pourvoir. L'on décide de parer musiciennes, musiciens et vétérans d’un costume décoré du blason de Durandalem.

     Le convoi repart vers quatorze heures, les chariots d’étoffe roulant devant et derrière le chariot des musiciens.

     Un moment de pause. Jacou demande à Dillon de s'envoler en repérage avec deux vétérans pour voir si la ville d’Oche est encore loin.

    Dillon, Le Borgne et François partent nus dans les airs, en longeant les forêts. Ils sont rapidement de retour, et Dillon informe Jacou.

    « Nous sommes à peine à une lieue de l’entrée de la ville !

     - Alors, habillez-vous de vos beaux costumes d’apparat, et repartez là-bas annoncer notre arrivée. Mais pas en volant, bien sûr... à cheval !

       Une fois vêtus, les trois soldats galopent vers la ville.

      « Que tout le monde s’habille, dit Jacou. Pas de nudité publique ici ! »

      Et le convoi se remet en marche.

      Entre-temps, Dillon et ses soldats arrivent aux portes de la ville.

      Les gardes en faction les arrêtent.

       « Qui êtes-vous ?  demande l’un d’eux.

      - Je suis Dillon d’Ortega, et voici mon escorte.  Nous sommes l’avant-garde du grand convoi qui vient de Durandalem, suite à l'invitation de Sa Majesté l’Empereur Charlemagne ! »

     Celui qui paraît être le chef envoie alors l'un de ses gardes dans la cité. Il revient peu de temps après, accompagné de deux gardes richement vêtus. L'un d'eux est Jean d’Atton, l'un des gardes personnels de l’empereur.

     « Sois le bienvenu, Dillon d’Ortega ! Où sont tous les autres invités ?

    - Ils arrivent d'un moment à l'autre, Jean !... Nous sommes nombreux !

    - Oui, je m'en doute, vu que l’Empereur nous a dit de réserver pour vous toute une aile du palais.  Venez, je vais vous montrer ! »

     Et une fois mis pied à terre, les quatre gardes se dirigent vers le palais impérial.

     « Voilà ! tout ce grand bâtiment sur trois niveaux vous est réservé, ainsi que toute cette cour, qui sera clôturée une fois que vous y serez. L’Empereur, soucieux votre confort, vous permet de vivre ici suivant vos préceptes de nudité. Et au bout du bâtiment, des thermes privés sont à votre disposition... Mais j’entends le signal d'un cor, c'est sûrement votre convoi qui arrive. Allons à sa rencontre ! »

      Le convoi arrive, effectivement. Devant le chariot de tête, Jacou, en tenue d’apparat, se tient majestueusement sur son cheval.

     « Bienvenue, Maître Jacou !  dit Jean.

     - Merci, Maître d’Atton !

     - Vous allez suivre Dillon, il va vous montrer vos quartiers. »

      Dillon remonte sur son cheval et dit au convoi de le suivre.

      Le convoi s’ébranle, et le voilà bientôt dans la grande cour devant le bâtiment. On range les chariots le long du bâtiment, on dételle les chevaux.

      Sitôt les chariots rangés, une brigade d’ouvriers glissent d’immenses panneaux qui occultent la cour à la vue de la cité.

    « Que signifie ceci, Dillon ? s'inquiète Jacou. On nous enferme ? 

     - Non, rassure-toi, il n’y a rien à craindre. Sur ordre de l’Empereur, nous sommes ici chez nous, tout le bâtiment est pour nous, et nous pouvons vivre nus ici dans cette cour et dans tout le bâtiment ! »

     -  Superbe ! Allons visiter notre domaine... »

     Et il pénètre dans le bâtiment. Au rez-de-chaussée, un grand office équipé pour nourrir plus de cent personnes. Une brigade de personnel attend. Et à côté, de grandes écuries, largement suffisantes pour loger tous les chevaux ! Là aussi, du personnel attend.

     Au premier niveau, des grandes salles meublées, et trente appartements confortables. Au deuxième niveau, rien que des appartements. Il y en a soixante, assez pour loger tout le monde. Et toute une équipe de filles de salle...

       Alors, Jacou redescend et se déshabille devant les villageois.

      « Eh oui, ici, nous allons pouvoir vivre nus ! Vous allez décharger tous les chariots. Les offices sont ici à droite. Vous prendrez chacun un appartement, un par couple, les petits enfants avec leurs parents. Guillaume et Alphonse vont vous donner vos appartements. Les enfants des vétérans, deux par chambre. Les orphelines aussi. Une fois tout le monde installé, rendez-vous dans la cour !

       Jean d’Atton arrive, nu lui aussi. Il annonce aux invités que d'ici une heure, l'Empereur va venir les saluer.

      « Ici au fond, précise Jean, vous avez un sas d’habillage-déshabillage qui communique avec le reste du palais. La porte est gardée jour et nuit par nos gardes, et nul ne peut entrer habillé sans votre consentement.  Ce serait bien que vous ayez aussi des gardes de votre côté. Nous allons en désigner quatre, qui seront à vos ordres !

       - Vous nous avez vraiment bien installés, le remercie Jacou. Nous préparons le repas de ce soir. Crois-tu que l’Empereur et ses gardes pourraient y participer ?

     - Je vais lui en parler... Ce sera sûrement avec joie qu’il acceptera !  Je vous signale qu'à l’office vous trouverez une réserve de vins d’Oche, des coteaux de Mosel, ainsi que quelques alcools des abbayes environnantes. Bon, je vais voir l’Empereur, et je reviens avec lui ! »

Le personnel du palais de l’Empereur

 

     Dans les écuries, les chevaux seront bien traités. Pour s’occuper d’eux, l’empereur a mis des palefrenières et des palefreniers à disposition de ceux du village, qui sont enchantés d’avoir de l’aide !

     Les palefrenières et palefreniers d’Oche se présentent.

  « Joséphine de Beauharnais... Paulette d’Emplette... Émilie de Prusse...  Gaëlle de Monfils... Georges de Latour... Didier d'Airdeux...

 - Enchantés ! Je suis Hantz Burg, et voici Nestor Pferd, Vivien Stock, José Pferd et Norbert Burg. Comme vous le voyez, nous sommes nus, et vous aussi, vous pouvez être nus. Cela ne pose pas de problème, mesdemoiselles, vous verrez qu’ici tout le monde est nu! »

Alors, les Ochoises et les Ochois laissent tomber leurs vêtements, et se regardent les uns les autres, un peu troublés. Jamais les garçons n’avaient vu les filles nues ! Ils se sentent déjà tout excités...

     « Rassurez-vous, les garçons, dit Hantz, voici une boisson qui efface toute érection  sexuelle pour un temps. Une gorgée chacun, et vous pourrez travailler sereins. Nous aussi, nous sommes des hommes, et nous devons nous tenir correctement devant les dames ! »

    Dans l’office, là aussi, c'est la rencontre avec le personnel mis à disposition...

     « Mais vous êtes toutes nues ! s'étonne celui qui semble le plus âgé.

     - Eh oui, répond Manon, nous sommes toujours nues !

     - Bon, heu, je... Je me présente : Roger Bacchus, chef cuisinier. Et voici mon équipe. Deux cuisinières : Angéla Merkel et Maria Hilfe. Trois commis : Bernadette Soubirou, Jeannot Lapin et Jean Transenne. Et les deux jumelles filles de salle, Marie et Jeanne Masse.

      - Enchantée ! Moi, je suis Manon Germain. Et voici les personnes de mon village qui vont participer à l’élaboration des repas :  Esther Schmit, Josiane Lutz, Pénélope Field, Agnès Fergusson, Ariston Mayer et Paulette Holz. Oui, comme vous le constatez, nous sommes toutes nues. Tout le monde vit nu dans notre village, et sans aucun problème. Et vous aussi, vous pouvez vous mettre nus... N’hésitez pas, vous verrez, c’est très agréable de travailler ainsi ! 

     - Ah, si vous le dites... dit Roger Bacchus. Eh bien, on va essayer ça !

     Et joignant le geste à la parole, il montre aussitôt l’exemple en se mettant tout nu.

     Les trois commis n’osent pas... Depuis qu’ils ont vu les filles de Durandalem arriver nues, ils sont perturbés par des érections incontrôlées. Manon leur donne alors à chacun une rasade de sa potion qui éteint les envies. Aussitôt, les jeunes garçons sentent leur pénis redevenir bien sage.  Ils se risquent alors à tomber les habits. Les voilà nus devant les filles pour la première fois !

     Elles aussi franchissent le pas, et tout le monde sourit de se voir ainsi, en toute simplicité...

     De leur côté, Alphonse Holz et Guillaume Bardot ont pris en charge la distribution des appartements. Ils rencontrent le personnel de service des deux étages.  Les filles de chambre sont huit. Elles aussi, bien sûr, sont très étonnées de voir arriver tout ce monde tout nu !

    « Bonjour mesdames ! Je suis Alphonse Holz, et voici Guillaume Bardot...

     - Enchantées, messieurs !  dit l'une des filles. Mais nous sommes un peu gênées d’être habillées, alors que vous...

    - Ne soyez plus gênées, dit Alphonse, enlevez-les, vos habits. N'hésitez pas, c'est votre Empereur lui-même qui vous y encourage ! » .

     Elles se déshabillent et se présentent :

     « Innés de la Frésange. chef d'équipe... Madeleine de Commercy... Marguerite du Raz... Line de Renauld... Josette de Fine... Nathalie d’Hospital... Georgette le Maire... Fine de Champe... »

    Le technicien en charge des appartements, qui n’a encore rien dit, ne peut s'empêcher de rougir devant ses collègues qu’il voit pour la première fois nues, toutes plus belles les unes que les autres ! Et comme il se doit, ses braies se tendent quelque peu à l'entre-jambe.

     Alphonse sourit, se dirige vers lui, et lui tend la fiole de potion.

     « Bois, tu vas voir... Rien de tel pour soigner les bosses sous les braies ! »

     Le garçon boit, et effectivement, son membre reprend tranquillement sa position de repos.

     « Comment t’appelles-tu ? demande Guillaume.

   - Jacques de Compostelle... Je suis le technicien du bâtiment.

    - Enchanté, Jacques. Maintenant, tu peux te déshabiller...

    Timidement, il enlève ses braies, dévoilant ainsi son anatomie avantageuse aux filles qui lui sourient.

    « Eh bien, c’est parfait. Certes, nous sommes nombreux, près de cent vingt invités.  Mais nous autres Durandalémois, nous sommes très propres, nous avons une hygiène irréprochable ! Vous n’aurez donc pas beaucoup de travail avec nous... »

    Jacou sonne le rappel, conviant tout le monde à descendre dans la cour. L'arrivée de l’Empereur est imminente !

L’arrivée de Charlemagne

 

     Charlemagne fait son entrée par le sas...

   Et au grand étonnement du personnel du bâtiment, il n'est vêtu que de sa couronne ! Jean d’Atton, Pierre de la Lande, Louis de Piennes et Georges de Caunes, les quatre gardes personnels qui l'accompagnent, sont aussi nus que lui, juste parés d'un ceinturon soutenant leur épée.

Quand l’Empereur arrive sur le perron du bâtiment, Jacou s’incline devant lui, imité par tous les habitants du village.

    « Relève-toi, Maître Jacou ! Toi aussi, Robert Schmit, Maître Forgeron de l’Empire !  Et vous toutes, et vous tous, nobles et fiers villageois de Durandalem ! Relevez-vous, relevez-vous ! »

     Sur un signe convenu de Jacou, les musiciens entonnent alors un hymne cher à l’Empereur. Un hymne qu’il avait fort apprécié et applaudi lors de sa visite à Durandalem.

     « Oh, c’est formidable... Tes musiciens sont là ! »

     Dillon à son tour fait un signe... Et les dix soldats vétérans et leur chef s’envolent, se posent, et viennent se placer devant Charlemagne, un genou à terre.

     « Ah, mes braves soldats... Vous qui avez remporté tant de batailles...Soyez honorés !  Demain, en la salle de garde du palais, nous vous rendrons les honneurs qui vous sont dus !  Relevez-vous, braves soldats ! Mais j'aimerais voir si mes invités sont installés correctement ! »

     Et il se dirige vers le bâtiment, suivi de ses gardes, de Jacou et de Dillon.

     Les voici à l’office.  Charlemagne est content de voir que tout son personnel est nu.

     « Merci à vous d’avoir, comme moi, adopté les préceptes de nos invités !

     - C’est un honneur que de vous servir, Majesté, dit le chef cuisinier, et c'est un honneur d’accueillir ces braves de Durandalem ! 

     - Bravo, bravo ! 

      Puis il se dirige vers les écuries, où les palefreniers nus étrillent les chevaux. Étonnés de le voir nu parmi eux, ils s’arrêtent et s’inclinent devant leur Empereur.

     - Très bien, jeunes gens. Bravo pour votre respect des préceptes de nudité de nos hôtes !

    - C’est un honneur que de vous servir nus, Votre Majesté !

    - Très bien ! Continuez...

     Puis il monte aux étages, et rencontre les filles de salle. De ravissantes créatures, auxquelles l’Empereur n’avait jamais accordé jusque-là la moindre attention...

      Bravo, mesdemoiselles ! Cela me fait grand plaisir de vous voir ainsi... Je vous félicite pour votre dévouement !

   - Votre plaisir est le nôtre, Majesté, répond Innés de la Frésange en s’inclinant.

   -  J'ignorais que d’aussi belles jeunes filles travaillaient ici... Je reviendrai tantôt vous voir !

   -  Mais ce sera un honneur que de vous accueillir, Majesté !

     Et Innés s'incline à nouveau.

     Il repart alors, toujours flanqué de ses quatre gardes.

     - Jean d’Atton m'a dit que vous m’invitiez pour le repas du soir...

    - C'est exact, répond Jacou. Ce sera un honneur que de vous avoir à notre table, Votre Majesté !

  - Soit ! j’accepte volontiers...  Mes gardes et moi, nous serons là dans une heure !

 - Eh bien, c’est parfait ! Nous vous attendrons... »

     L’Empereur ressort par le sas, enfile la tunique qu’il avait retirée. Ses gardes se rhabillent aussi, et le sas se referme.

     Dans la grande salle, Jacou donne ses consignes :

     « Vous allez dresser les tables pour cent vingt convives. 

    La table d’honneur sera bien sûr présidée par l’Empereur, deux de ses gardes à sa gauche, les deux autres à sa droite. Moi, je serai en face de lui, avec Robert à ma droite et Dillon à ma gauche. De chaque côté, nos vétérans, avec chacun son épouse ou son compagnon en face de lui.

    Nous procéderons de la même manière avec les notables.

     Une grande table parallèle accueillera les vingt enfants des vétérans et les dix enfants des notables.

      Une table de douze pour les musiciens et leurs familles.

     Une table pour les célibataires : les tailleurs, Jeannette Deir, les orphelines rousses.

     Une table pour les quinze jeunes enfants d’un an à onze ans.

     Une table pour l’intendance : Chantal Iser et Anatole Brett, Marie Brett, Manon Germain et Isabeau, Charles, Jeannot et Jacky Muller, Pénélope Field, Jacques et Jean Martin, Aline Spohr. Les filles de salle et le technicien. Et les cuisiniers et les commis.

     Une table de quatre pour les membres du clergé.

     Une table de douze, enfin, pour le personnel des écuries.

      Voilà, on gardera cet agencement durant tout notre séjour ! »

 

La soirée avec l’Empereur

 

     Le soir venu, l’Empereur arrive, toujours accompagné de ses fidèles gardes.

     Tout le monde est debout devant sa place, et attend que Charlemagne et ses soldats soient installés pour s’asseoir.

  Concocté par les cuisiniers du palais, le repas est un banquet digne de ce nom. De nombreux plats appétissants se succèdent : des hors-d’œuvre, des plats de viandes de gibier et de volaille, des entremets divers, des tourtes et autres quiches farcies. Le tout accompagné de vins de Mosel et de pétillant des régions de Neustrie.

     Charlemagne est enchanté ! Nu à table, loin du lourd protocole qu’un Empereur se devrait d’appliquer, il plaisante, il rit, il boit, il trinque avec les petites gens, ce qu’il ne fait pas d’habitude. Il fait le tour des autres tables pour discuter avec les notables, avec les jeunes...

La table des rousses rescapées de Khan le ravit tout particulièrement. Quelles magnifiques créatures ! Il invite les cinq plus grandes, Gertrude, Berthe, Anne, Claudine et Edeltraud, dans ses appartements ce soir, après le repas.  Si elles le veulent, bien sûr ! Mais elles ne disent pas non...

     « Ce sera un grand honneur que d’être reçues dans vos appartements, Votre Majesté ! »

     Puis il continue son tour des tables, et arrive à celle des huit filles de salle qui lui ont tant plu tout à l'heure.

     « - Je serais ravi de votre visite demain soir !

     - Quel honneur pour nous, qui sommes de petites gens...  dit en s'inclinant Innés de la Frésange.  Soyez assuré que nous n’y manquerons pas !  Mais pour l'heure, nous n’avons pas de vêtements qui soient dignes de votre palais... »

     Jean d’Istres, attablé à côté avec son frère et ses cousins, intervient alors.

     « Si votre Majesté me permet de leur parler…

      - Dites !

     - Demain matin, les filles, vous viendrez à notre chariot, et nous vous confectionnerons des tenues dignes d'une visite à Sa Majesté ! »

   - Je ne crois pas vous connaître, messieurs, l'interrompt Charlemagne. Vous êtes de Durandalem ? »

     - Non, votre Majesté. Nous sommes des marchands d’étoffes de Lugdon.  Nous venions faire commerce à Oche quand des pillards nous ont attaqués.  Ils ont voulu aussi attaquer le convoi de Durandalem ! 

     - Ils ont dû le regretter, ça ! rigole Charlemagne.

     - Certes, mais ils n'ont pas eu le temps le regretter longtemps, ils ont tous péri ! Puis Maître Jacou et toute la communauté nous ont recueillis, ils nous ont sauvé la vie ! Nous sommes éternellement redevables, et ce sera un honneur que d’habiller ces jeunes filles afin qu'elles visitent Votre Majesté !  Si Votre Majesté nous le permet, nous voudrions aussi vous offrir une tenue digne d'un Empereur. Nous pourrions venir vous suggérer quelques étoffes de Lugdon...

   - Pourquoi pas ? Venez donc me voir demain, quand vous en aurez fini avec les habits de ces demoiselles.

     - Votre Majesté sera pleinement satisfaite, nous vous l'assurons. »

     Le repas se poursuit, l’Empereur retourne à sa place et les musiciens s’installent en face de lui.

     Apollinaire a écrit quelques vers en son honneur, et toute la troupe les a mis en musique. Le moment est venu de les lui chanter !

     « Vous nous avez tous invités
     Dans votre si belle cité
     Tous vos invités sont venus
     Fiers d'être ici, fiers d'être nus !

 

     O grand Empereur sans pareil
     Dans votre plus simple appareil
     Vous avez su nous accueillir
     Cela mérite un air de lyre !

     Nous apprécions ce grand honneur
     Nous savourons notre bonheur
     Sujets comblés de la fierté
     De charmer Votre Majesté !

     Vous savez si bien recevoir
     Nous aimerions tant vous revoir
     Alors chez nous en Austrasie
     Quand vous voulez, revenez-y
     Vous serez chez vous, comme ici ! »

 

       L’Empereur applaudit chaleureusement.

     « Bravo Apollinaire ! Bravo mesdames et messieurs les artistes ! Me ferez-vous l'honneur d’animer le bal que nous donnons demain soir, après les cérémonies officielles d’honneur de vos vétérans ?

     - Votre Majesté, l’honneur, ce sera pour nous... L'honneur de vous divertir et de vous faire danser ! chante alors Benami, accompagné de sa lyre à huit cordes.

     - Splendide ! Ah, Jacou, quel beau peuple nous as-tu amené là ! »

     Le repas se termine. Charlemagne prend congé, suivi de ses gardes, et se tourne vers la table des jolies rousses :

     « Mesdemoiselles, n'oubliez pas, je vous attends dans mes appartements, après ma visite aux gens du palais !

     - Je les y conduirai moi-même, Votre Majesté ! promet Dillon. Dans une heure, elles seront chez vous ! »

  - Merci, Maître d’Ortega ! »

     Et l'Empereur descend et ressort par le sas.

     « Mesdemoiselles, dit alors Dillon, il est temps pour vous de revêtir vos beaux habits confectionnés par nos tailleurs... Rendez-vous en bas devant le sas ! »

     Et il va lui-même revêtir son habit d’apparat de chef de la garde de Charles, embelli par les frères d’Istres et les frères Einstein.

 

 

    Les cinq rousses arrivent en bas, somptueusement vêtues, arborant des ornements d’or dans leur chevelure. Elles ont été subtilement parfumées par Chantal, qui sait bien quel effet ce parfum va faire sur l’Empereur...

     Dillon arrive à son tour. Il a fière allure dans son habit magnifique !

     Ils franchissent le sas. Jean d’Atton les attend pour les guider dans cet immense palais. Sans lui, on se perdrait facilement.

     Les voici devant la grande porte donnant accès aux appartements privés de l’Empereur.

     Jean frappe trois coups du pommeau de son épée. La porte s’ouvre, manœuvrée par deux gardes.

    Charlemagne est là, debout, simplement vêtu d'une ample tunique d’hermine. Quand il voit les filles, il est aussitôt subjugué par leur beauté !

     « Quels somptueux habits ! Comme ils vous subliment ! Vous êtes des créatures de rêve...

     - Ce sont les tailleurs que nous avons recueillis en route qui les ont habillées, précise Dillon.

    - Elles sont merveilleuses ! Et dans ces vêtements elles sont superbes, elles sont, elles sont...

    - Bon, eh bien, je vais prendre congé !  dit Dillon. Jean, viens par-là, j’ai quelques petites choses à te donner...

     Et l’emmenant à l’écart :

   « Je te laisse quelques pommades… Mais rejoignons le groupe... Pourras-tu raccompagner ces demoiselles dans leurs quartiers ?

      - Avec plaisir, Maître d’Ortega ! Et toi, tu vas retrouver seul ton chemin pour le retour ?

     - Oui-da ! Merci ! Eh bien, je vous souhaite une agréable soirée... »

     Et il sort des appartements, et les gardes referment la lourde porte.

     « Maintenant, venez, mes belles, venez avec moi sur ce divan, venez, vous asseoir avec votre Empereur ! »

     Elle s’exécutent. Charlemagne, encore ébloui par leur beauté, hume voluptueusement leur parfum envoûtant. La réaction de son membre est immédiate !...

 

 

     Charles appelle, et tout un bataillon de servantes accourt aussitôt. Équipées de serpillières, de serviettes, de seaux, elles commencent par essuyer les dix participants, quelque peu souillés par leurs ébats, avec des lingettes nettoyantes et parfumées.  Puis elles nettoient les alentours, toutes les taches qui parsèment la pièce. Et elles repartent comme elles sont venues.

     Nouvel appel de Charlemagne. D’autres servantes apportent alors des boissons et des en-cas pour réconforter tout le monde.

     « Et maintenant, dit l’Empereur, je vous invite au bain ! »

     Et ils se rendent dans une grande pièce où un bassin d’eau chaude les attend.

     Ils apprécient cette douce chaleur, immergés jusqu’au cou. Au sortir du bain, il se font sécher par des femmes équipées de serviettes. Pour enfin revêtir, les hommes comme les filles, une épaisse tunique chaude.

     « Mesdemoiselles, vous nous avez donné, à mes gardes et à moi, du bon temps comme rarement nous en avons connu... Soyez-en grandement remerciées !

      - Ce fut un réel plaisir pour nous aussi, dit Edeltraud. Nous avons follement joui... Qu'ils nous paraissent loin, maintenant, tous ces viols infâmes que nous avons dû subir ! Néanmoins, nos intimités ont été quelque peu bousculées... Et nous irons consulter nos médecins afin de calmer les élancements que toutes nous ressentons !

     - Croyez bien que j’en suis sincèrement désolé...

     - Oh, vous ne devez pas, dit Berthe. C’était vraiment trop bon ! Et si c’était à refaire, nous serions bien évidemment prêtes à recommencer ! »

     Et les autres filles d'acquiescer.

     « Vous êtes des chouettes brins de filles, les rousses ! dit alors Jean d’Atton. Si vous le voulez bien, je vais maintenant vous raccompagner dans vos quartiers.

     - Volontiers ! Le temps de nous rhabiller... »

     Charlemagne alors embrasse chacune d'elles sur le front.

     « Allez, mes belles, vous êtes soldates de l’Empire, maintenant, et nul ne pourra désormais vous faire du mal... Ainsi ai-je décrété ! »

     Une fois rhabillées, elles suivent Jean d’Atton, qui les guide jusqu’au sas. Les voilà de retour dans le bâtiment des Durandalémois.

     Sitôt dans leurs appartements, elles font venir Marie et Chantal qui savent déjà quoi faire avant même de les ausculter. Les pommades de Chantal les soulagent immédiatement.

     Marie dit alors :

     « Vous devriez maintenant faire abstinence pour un ou deux jours.

     Chantal leur donne une potion à boire.

     « Cela va vous aider à dormir.  Demain, vous vous sentirez en pleine forme...  Bonne nuit, les filles ! »

     Et chacune s’en retourne dans son appartement.  Tout le bâtiment est calme, on n’entend que le bruit des pas de Marie et de Chantal sur le gravier de la cour. Les gardes de Charlemagne veillent au repos des invités...

Les festivités d’Oche

 

  • Les tailleurs à l'honneur

 

     C'est ce soir que les filles de salle doivent rendre visite à l'Empereur !

     Ce matin, elles vont essayer leurs nouvelles tenues.

    Les huit filles, Innés de la Frésange en tête, se présentent donc chez les tailleurs. Elles se sont enveloppées dans des tuniques. Il fait un peu frisquet ce matin.

     Les deux frères d’Istres les accueillent. Leurs cousins Einstein sont dans l’autre chariot, occupés à faire du rangement et à préparer l’atelier de couture.

     « Bienvenue, mesdemoiselles ! Nous allons vous draper comme il se doit ! Vous allez entrer, l’une après l’autre, et nous ferons des essais sur chacune, par rapport à votre peau, à vos cheveux, à vos yeux… »

     Innés entre la première.

     Jean d’Istres la déshabille.  Il résiste à grand-peine à l'envie de palper ces seins qui lui font gonfler les braies ! Il se reprend vite, trouve l’étoffe assortie à Innés, place quelques aiguilles pour faire une couture…

       Même rituel pour chaque fille.  Et quelque temps plus tard, les huit costumes sont terminés.

     Il ne reste qu’à coudre, les cousins Einstein vont s'en charger tantôt.

     Les filles attendent dehors dans la cour. Il y fait bon, maintenant. Certaines en profitent et se sont mises nues.

     Une fois cousus tous les vêtements, les deux Einstein sortent de leur chariot.

     « Si ces demoiselles veulent bien s’approcher… »

     Et à l’appel de leur prénom, qui est épinglé sur chaque habit, les filles prennent tour à tour possession de leurs tenues.

     Toutes sont ravies ! Jamais elles n’avaient porté d’aussi beaux tissus, d'aussi beaux vêtements ! Elles sont enchantées, et remercient les quatre tailleurs.

     Les frères d’Istres et les frères Einstein sont contents du résultat.

     « Pour sûr, l’Empereur va les trouver magnifiques, ce soir !  dit Jean. Mais n'oublions pas qu'il nous a accordé une entrevue. Allons le voir ! »

     Ils passent le sas et s'annoncent.

     « Nous sommes les tailleurs. L'Empereur nous attend !

     Un des gardes en faction va se renseigner. Il confirme.

     - C'est exact, l’Empereur va vous recevoir dans la grande salle. Pour l'heure, il reçoit ses conseillers, et vous demande d’être discrets. »

     Ils y vont donc tous les quatre, les bras chargés d’étoffes de soies rutilantes, attendant un signe de Charlemagne.

     « Maintenant, mes chers conseillers, dit soudain Charles, veuillez patienter. J’ai une petite séance d’essayage avec mes tailleurs !  Mais nous avons déjà discuté de l’essentiel... »

    Faisant signe aux tailleurs de s’approcher, il donne sa couronne à un valet, laisse tomber sa tunique d’hermine, et la tend à un autre valet.

     L’Empereur nu devant eux ! Ses conseillers sont choqués...

    L'un d'eux ose un timide « Votre Majesté n’est pas culottée... »  tout en baissant son regard vers le sol. Mais d'un geste de la main, Charles balaie cette remarque.

     « Allons, approchez, mes tailleurs, habillez-moi comme il sied à un Empereur ! »

     Et tandis que les conseillers détournent leurs regards, les cousins ont tôt fait de trouver les couleurs et les motifs qui vont le sublimer. Après quelques coups d’aiguille rapides et quelques coups de ciseaux, l’Empereur se retrouve magnifiquement habillé de soie.

     « Alors, mes conseillers... Regardez, maintenant. Ne tournez plus la tête ! Comment me trouvez-vous ? »

    Risquant un œil, ils sont aussitôt éblouis par un Empereur à barbe blanche plus rayonnant que jamais. 

    « Votre Majesté, vous êtes, vous êtes…balbutie un conseiller admiratif.

    - Sire, s'extasie un autre, vous êtes… resplendissant de grâce et de beauté !... Vous êtes le soleil d’Oche ! Le soleil de l’Empire ! »

     - Merci, mes chers conseillers, merci ! Je vous rappelle que nous revoyons demain pour la cérémonie de la chapelle... »

     Puis se tournant vers les tailleurs :

  « C’est de la belle ouvrage, messieurs ...Vous êtes vraiment des magiciens des étoffes !

   - Votre Majesté est trop bonne !  C’est notre métier que de mettre en valeur nos clients, et nous sommes honorés d’avoir pu le faire avec l’Empereur en personne !

   - J’ai pu aussi apprécier votre travail sur les costumes des filles que j’ai reçues hier au soir... Je vous nomme Maîtres Tailleurs de l’Empire, et de l’Empereur ! Si vous voulez, vous pouvez vous établir ici, au palais, et ouvrir une échoppe impériale. Je vous donnerai tous les blancs-seings pour le faire. »

     Les quatre cousins n’en espéraient pas tant...  Les voilà Tailleurs de l’Empereur !

     « Ah ! dit Jean, heureux destin que d’avoir rencontré ceux de Durandalem !  Nous acceptons volontiers, nous comptions justement nous installer à Oche…

  - Vous voilà  maintenant installés au palais ! Suivez mes gardes, il vont vous montrer une échoppe vide que vous aménagerez à votre guise.  En outre, vous dînerez tous les jours à la grande table du palais ! 

     - Vraiment, nous ne savons pas comment vous remercier, Votre Majesté...

     - C’est déjà fait, messieurs ! Vous avez merveilleusement paré les jeunes rousses d'hier soir, et aussi Dillon... Et je pense que vous avez habillé aussi les vétérans, et les gens de Durandalem ! Ainsi que les filles de salle du palais qui viendront me visiter cette nuit...

    Oui, vous êtes de véritables magiciens ! Et c’est moi qui vous remercie d’accepter de rester... En tant que Tailleurs de l’Empire vous allez toucher une rente,  de douze deniers, soit un sou par jour et par personne.  Cela compensera toutes les faveurs vestimentaires que je vous ai demandées, et que je vous demanderai encore ! »

     « Une fortune ! se disent les tailleurs.  Vous vous rendez compte... Douze deniers par jour pour chacun d’entre nous... Dire qu'à Lugdon, à nous quatre, nous gagnions péniblement vingt deniers par mois ! »

      La cloche du beffroi de la tour du palais sonne midi.

     « Messieurs mes tailleurs, vous êtes invités à ma table !

     - Mais ceux du village vont nous attendre, dit Paul, il nous faut aller les prévenir...

     - Que nenni, Jean d’Atton va s'en charger ! »

     Et Jean aussitôt prend la direction du sas pour annoncer la nouvelle aux Durandalémois.  Jacou et Dillon sont évidemment ravis pour les tailleurs... Un honneur amplement mérité !

Ultimes préparatifs

 

    Après le repas de midi, les musiciens répètent dans la cour.

     Dillon prépare la soirée et donne ses instructions aux vétérans.

     « Il va falloir être brillants, nous serons à l’honneur !  Que chacun se repose, mais se repose vraiment. Pas de gaudriole ou d’abus d’aucune sorte ! Face à l’Empire tout entier, que dis-je, face au Monde, vous devrez donner le meilleur de vous-mêmes... Nous sommes attendus pour dix huit heures. Soyez prêts, habillés en tenue. Vos armes doivent êtres brillantes !

À ce soir, donc ! »

    Dillon rend ensuite visite aux rousses qu’il avait laissées hier soir chez l’Empereur.

     « Nous allons bien... C’était une sacré soirée ! lui dit Edeltraud. C'est très gentil de te soucier de nous ! 

     - Mais c’est normal, vous êtes nos anges, nous nous devons de vous protéger ! »

     Puis il monte voir les filles de salle à l’étage.

     « Mesdemoiselles, ce soir, vous êtes les invitées de l’Empereur, pendant le bal. Il s’agira de donner le meilleur de vous-mêmes, et de votre corps ! Avant de vous rendre chez l’Empereur, vous passerez voir Marie, notre médecin, et Chantal, notre herboriste. Elles vous donneront des potions et onguents pour passer une excellente soirée. Vous en garderez sans nul doute un excellent souvenir ! »

      Innés le remercie, un peu troublée par la longueur de son membre au repos...

     Dans la grande salle du palais, les choses vont bon train. On a prévu pas moins de mille convives, ce soir !

     De grandes tables sont dressées. Pour ceux de Durandalem, village privilégié, mais aussi pour les délégations de grandes cités de Neustrie et d’Austrasie, Mettis, Strateburgo, et pour d’autres encore…

     Une grande table accueillera tous les membres du clergé, y compris ceux de la délégation de Durandalem. Elle sera présidée par l’archevêque d’Oche, Monseigneur Michel Mabel.

    Devant les tables, un grand espace est réservé. Pour les hommages, d'abord, et ensuite pour le bal.

    Dans l’office du bâtiment des Durandalémois, Manon s'adresse aux cuisinières et cuisiniers Ochois :

     « Ce soir, nous autres Durandalémois sommes invités à la grande fête au cours de laquelle nos soldats seront honorés par l’Empereur. Vous pouvez bien sûr y assister vous aussi, mais vous êtes libres ce soir de vaquer selon vos envies ! Nous nous revoyons demain matin pour le petit déjeuner. Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne soirée. Dernière chose, conclut-elle en rigolant, pensez quand même à vous habiller si vous quittez le bâtiment ! »

     Et toute l’équipe éclate de rire... Il est vrai que toutes et tous se sont si bien habitués à vivre nus qu'ils pourraient bien oublier de se vêtir !

     Le chef cuisinier décide d'assister aux festivités. Quant à ses aides, ils projettent d'aller boire un coup dans les écuries avec les palefreniers...

       Dans les écuries, Hantz tient le même discours.

   Plutôt que de se rendre à la fête, les cinq palefrenières et palefreniers préfèrent rester dans les écuries.

     « Nous grignoterons des choses que nous prendrons à l’office, dit Joséphine, puis nous passerons un gentil petit moment avec les commis de cuisine, bien tranquillement, parmi nos amis les chevaux... ».

     Le clin d’œil qu'elle lui adresse laisse comprendre à Hantz que ce soir, ils joueront sans doute à autre chose qu'aux dés !  Il s'en va donc voir Chantal, lui explique la chose, et revient aux écuries avec tout un assortiment de fioles et d'onguents.

     Il est bientôt dix huit heures. Parées comme des princesses, toutes les Durandalemoises arrivent au palais en montant les grands escaliers d’honneur, au son éclatant des buccins, cors et trompettes.

      Elles sont guidées vers les tables où elles s’installent. Suivent leurs époux et leurs enfants, qui eux aussi sont installés à table.

     Les enfants seront pris en charge par le personnel du palais, permettant ainsi aux mamans de participer pleinement à la fête.

     Puis viennent les délégations des villes de l’Empire, toujours annoncées une à une à grand renfort de trompettes.

     Toutes les tables sont occupées, mis à part la dernière, celle de la délégation du clergé, encore incomplète.

     En coulisse, les vétérans en costumes d’apparat, Jacou, Chantal et moi-même, dans nos costumes confectionnés par les tailleurs pour la circonstance, nous attendons d’être appelés.

     Les rousses qui ont fait tant de bien hier au soir à l’Empereur sont là aussi, dans de somptueuses tenues, ainsi que nos nouveaux Tailleurs de l'Empire, tout aussi somptueux... Bref, la soirée s'annonce somptueuse !

 

Le discours de Charlemagne

 

    Soudain, une sonnerie de trompette plus forte que les autres interrompt le brouhaha ambiant.

    Puis Apollinaire et ses musiciens prennent le relais. Une musique lyrique s'élève, assortie de chœurs chantés. Charlemagne, Empereur de l’Empire Romain d’Occident, fait son apparition. Il s'avance, majestueux, encadré par ses gardes magnifiquement vêtus. Béate d’admiration, toute l’assistance s’est levée.

     S'installant sur son trône, il fait signe à tout le monde de se rasseoir.

     Il se penche vers son majordome qui lui murmure le programme, se lève, et dit :

     « Sujets de l’Empire, je vous présente... l'avenir ! »

     Sur un signe, les cinq rousses avancent et mettent un genou à terre devant lui.  Il remarque la magnificence de leurs vêtements.

    « Mesdemoiselles, debout ! »

     Elles se lèvent.

    « Tournez-vous vers l’assistance ! »

    Elles se tournent alors. Impressionnées, elles regardent l’assistance, près de mille personnes !

   « Sujets de l’Empire, voici cinq des douze filles qui ont été délivrées du joug d’un guerrier farouche, sanguinaire et redouté, Khan le terrible !  Elles étaient ses esclaves ! Leurs petites sœurs sont parmi l’assistance... »

     Et les sept jouvencelles rousses de Durandalem se lèvent.

   « Elles ont été libérées par des héros !  Des héros qui jadis étaient ma garde personnelle ! Des héros qui, à eux seuls, ont décimé toute l’armée de Khan... Leur chef, Dillon d’Ortega, était aussi le chef de ma garde personnelle lors de nos conquêtes. Sujets de l’Empire, ces héros... Les voici ! »

    Dillon entre dans la salle, sous les applaudissements de l’assistance.

      « Et voici Alix Holz, Xavier Stamm, Charles Kauf, Achille Gouvy, Armand Capes, Le Borgne et François Bauer, Gabin Fleich, Hugues Schaff et Joseph Brett... Ses dix vaillants soldats, tous issus de milieux paysans d’Austrasie ! »

     Quand ils apparaissent dans leurs magnifiques costumes, arc et carquois de dix flèches en bandoulière, avec une couleur pour chacun, les applaudissements redoublent.

  « À eux seuls, ils ont éliminé une grande menace pour l’Empire, décimant près de cinq cents ennemis !  Sujets de l’Empire, vous vous demandez comment ils ont réussi cet exploit ?  Eh bien, ils vont vous montrer ! »

     Dix cibles passent à grande vitesse au-dessus des tables.

     Les onze vétérans, comme un seul homme, s’élèvent alors dans les airs, suscitant un « Hoooooo ! » général. Ils décochent chacun leurs dix flèches, à très grande vitesse, dans chacune des dix cibles qui passent.

     Puis, leurs carquois vides, ils redescendent sur le sol, ensemble, sans bruit. Les dix cibles sont amenées au centre de la pièce. Dans chacune sont fichées onze flèches, toutes de couleurs différentes. Après un moment de silence, l’assistance applaudit à tout rompre ces merveilleux soldats volants !

    « Sujets de l’Empire ! Par ma volonté, ces dix soldats sont nommés Capitaines d’Honneur de l’Empire Romain d’Occident ! Et leur chef Dillon d’Ortega est nommé Général Honoraire de l’Empire Romain d’Occident ! »

    « Sujets de l’Empire ! L'homme qui a permis à ces soldats de voler, non, ce n’est pas un sorcier comme vous pourriez le penser. Non, rien de surnaturel dans tout cela... Cet homme est un savant, un médecin, un chercheur, qui a su tirer de la nature tout ce qu’elle pouvait offrir ! Et avec l’aide de sa fidèle herboriste, la savante Chantal Iser, il a trouvé le moyen de vaincre les forces qui nous retiennent au sol ! Sujets de l’Empire ! Je vous présente le grand médecin Maître Jacou Artz et l’herboriste Chantal Iser ! »

     Jacou s’avance dans son costume somptueux, suivi par Chantal tout émue d’être sous les regards de tant de personnes.

     Les applaudissements n’en finissent plus !

    « Sujets de l’Empire, Par ma volonté, Maître Jacou Artz est nommé Grand Maître Médecin de l’Empire Romain d’Occident.  Chantal Iser est promue au titre de Maîtresse Erudite des Sciences de l’Empire Romain d’Occident.  Elle est la première femme à accéder à un si haut niveau de reconnaissance de l’Empire ! »

    « Sujets de l’Empire ! Ce village, Durandalem, dont le Grand Maître Médecin Jacou Artz est le bourgmestre depuis quarante ans, est aussi le berceau d’une arme que j’ai chérie pendant de nombreuses années... Et cette arme, c'est la Durandal !  L'épée magique qui m’a permis de remporter tant de victoires... Durandal forgée dans un matériau céleste tombé à Durandalem... Durandal a été conçue et réalisée par un génie ! Sujets de l’Empire, je vous présente Robert Schmit, le Grand Maître Forgeron de l’Empire Romain d’Occident ! »

     Je m’avance en saluant la foule qui m’applaudit sans faiblir.

   « Sujets de l’Empire, cet homme a conçu et construit, dans son village de Durandalem, d’innombrables machines et dispositifs qui ont grandement amélioré la vie des habitants... De l’eau courante et des douches d’eau chaude dans chaque foyer... Des thermes à rendre jalouse notre ville d’Oche, pourtant réputée pour ses thermes... Des machines automatiques qui ouvrent et ferment les portails des remparts du village, ou qui pompent l’eau, ou qui moulent le grain du meunier !

     Une chariote autonome à vapeur, qui m’a transporté sans effort en plein hiver au chaud sur des lieues, et qui peut transporter quinze personnes à l’abri des intempéries, même nues ! Un clocher qui sonne les heures sans assistance d’un sonneur...  Des machines qui lavent le linge, la vaisselle... Des chambres froides qui, même en été, font de la glace ! Des systèmes de pompage et de chauffage, garantissant de l’eau toute l’année, et du chauffage dans toutes les demeures, même quand il gèle à pierre fendre !  Oui, sujets de l’Empire, je le répète... Cet homme est un génie ! Je vous demande de faire un ban pour Durandalem et pour ses habitants ! »

     Les villageois se lèvent.

     Les applaudissements ne s’arrêtent pas, et quand l’Empereur lui-même se lève pour applaudir, tout le monde l'imite !

La nudité à Oche

 

     Charlemagne poursuit...

« Sujets de l’Empire, des rumeurs courent, m'a-t-on rapporté, selon lesquelles des gens seraient nus dans le palais impérial ! Eh bien oui, je confirme. C'est la stricte vérité !  

     Sachez que le peuple de Durandalem vit nu chez lui toute l’année, et qu'ils font de même ici, dans les quartiers que je leur ai réservés ! C'est moi qui ai déclaré officiellement ce village nudiste, voici déjà trente-deux ans, alors que je n’étais encore que roi des Francs de Neustrie et d’Austrasie...

     En revenant de Rome cet hiver, je suis repassé à Durandalem. J’ai été reçu mieux qu’un Empereur. Et j’y ai séjourné, nu, ainsi que toute mon armée ! Nous avons appris l’hygiène corporelle, nous l'avons pratiquée. Une hygiène indispensable pour vivre nu, et pas seulement dans les thermes... Nous avons aussi appris à maîtriser nos pulsions, nous sommes devenus plus humains ! Oui, la nudité en commun est saine ! 

     En conséquence, sujets de l’Empire, je déclare aujourd’hui que la nudité publique, associée à une hygiène correcte, n’est plus interdite dans la cité d'Oche, et dépassera dorénavant les limites des thermes. Sa pratique sera réglementée par décret, et nul ne pourra blâmer ou brimer quelqu’un sous prétexte de nudité ! 

     Par contre, les exhibitions sexuelles les actes ou signes ostentatoire sexuels seront sévèrement réprimés... Les agressions sexuelles, les viols, seront punis d’émasculation ! 

     Ce soir, vous avez pu constater que les habitants de Durandalem se sont vêtus, pour ne point vous offusquer... Et vous avez sans doute admiré leurs costumes rutilants, tous plus beaux les uns que les autres, ainsi que mon impérial vêtement ! 

     Eh bien, apprenez que tous ces merveilleux habits sont les œuvres de quatre hommes, de quatre tailleurs sauvés des pillards voici deux jours sur la route d'Oche. Quatre tailleurs sauvés par le Général et les Capitaines d’Honneur de l’Empire Romain d’Occident... Sujets de l’Empire, je vous présente Pierre et Paul d’Istres et Albert et Alfred Einstein, que j'ai nommés Maîtres Tailleurs de l’Empire Romain d’Occident, et qui sont désormais établis dans le palais impérial... »

     Les quatre hommes s'avancent alors, sous des bravos sans fin.

 

Le banquet

  

      Une fois calmés les applaudissements, Charlemagne conclut :

     « Chers sujets de l’Empire, assez parlé. J’ai soif, j'ai faim, et vous aussi, sans nul doute ! Alors, maintenant... buvons et mangeons ! »

     C’est le signal pour Apollinaire et ses musiciens. Ils viennent s’installer devant Charlemagne et commencent à jouer des airs légers, agréables à l’oreille, plus doux que les trompettes et autres buccins !

     « Sujets de l’Empire, pour notre plaisir... voici les musiciens de Durandalem ! »

     Et une nouvelle ovation s'élève de l’assistance épatée.  Décidément, que de ressources humaines dans ce village...

     Le banquet est grandiose ! Des centaines de plats arrivent et repartent, le vin coule à flot. Tout le monde est vite rassasié !

     Certes, quelques-uns sont trop vite soûls... Mais Jacou a fait distribuer par les soldats des potions qui dessoûlent. Ils ont rétabli ceux qui partaient en vrille !

 

     Pendant ce temps, dans les écuries, on s’organise au mieux.

      Tandis que les palefrenières dressent la table, les garçons préparent de grandes litières de paille, et les commis de cuisine apportent la nourriture qu’ils trouvent dans l’office.

      Les neuf filles et les cinq garçons s’installent autour de la table. Bientôt rassasiés, ils aspirent à d’autres nourritures, plus intimes !...

 

Le bal

 

     Au Palais, le bal a débuté.

     Apollinaire et sa troupe entraînent les sujets de l’Empire dans de folles rondes et farandoles endiablées qui amusent tout le monde.

     L’Empereur est heureux, sa soirée d'hommage est une réussite !

     Il attend maintenant des nouvelles des filles de salle. Elles devaient être là dès le début du bal. Les voici justement qui arrivent, drapées dans leurs somptueux costumes de soie. Charlemagne est ébloui par tant de grâce et de beauté ! Comment a-t-il pu ignorer si longtemps ces trésors dans son propre palais ?

       Innés et ses sept compagnes se prosternent devant Charlemagne.

     « Bonsoir, Votre Majesté !

     - Relevez-vous, mes anges... Vous êtes ravissantes... Ah, les Maîtres Tailleurs de l’Empire ont bien fait les choses ! Vous allez suivre mes gardes. Ils vont vous conduire dans mes appartement privés, où une collation vous sera servie. Je vous rejoindrai tantôt ! »

      Et, emboîtant le pas des quatre gardes, les filles arrivent dans les appartements impériaux.

    « Mesdemoiselles, leur dit Georges de Caunes, installez-vous à cette table, mettez-vous à l’aise, ... Vous pouvez enlever vos vêtements ! 

     - Si cela ne gêne pas Sa Majesté, répond la jeune rousse Fine de Champe, nous aimerions que ce soit lui qui les enlève !

    - Je vois que vous savez à quoi vous attendre, dit Louis de Piennes.  Soit ! mais nous l’aiderons à vous déshabiller ! »

    - Oh, vous savez, lui répond Madeleine, il suffit d’un bouton ! » 

Joignant le geste à la parole, d’une main, elle défait le bouton dans son cou... Et la belle tunique de soie tombe à ses pieds, dévoilant un corps magnifique. De beaux seins gros et ronds, et une toison dorée qui cache à peine les grandes lèvres de sa vulve.  Puis elle ramasse la tunique, et la reboutonne sur son cou.

     « Ah ! Il va sûrement aimer cela ! » dit Pierre de la Londe.

     Après avoir donné des directives à ses conseillers et à son majordome au sujet du bal, Charlemagne s’en retourne dans ses appartements. Les filles sont en train de déguster un nectar de vin qu’elles n’auraient jamais espérer goûter ! Jean d’Atton emplit un verre et le tend à l'Empereur.

     Alors Innés lève son verre et s'écrie :

     « Longue vie à l’Empereur ! »

     Et toutes et tous répètent en chœur : « Longue vie à l’Empereur ! »

     « Merci mesdemoiselles, merci messieurs !  Mais cessons là les formules protocolaires...  Je suis un homme, vous êtes des femmes.  Et bien évidemment, la nature veut que nous les hommes soyons attirés par les femmes ! N’est-ce pas, messieurs mes gardes ?

      - C’est vrai, acquiescent-ils tous les quatre, il en est ainsi !

     - Venez, mesdemoiselles. Videz votre verre et approchez... »

     Les filles alors vident leurs verres, les posent sur la table, et s’approchent, entourant l’Empereur.

     « Messieurs, ordonne Charlemagne, déshabillez-les ! ».

     Et les gardes passent derrière les filles, et leur main sur un bouton, ouvrent ensemble les tuniques qui chutent au sol, dévoilant d’un coup les huit corps.

   L’Empereur est ébloui et pousse un « Wouahou ! » admiratif.

   Innés la rousse, a des gros seins pointus, des tétons tout pointus aussi, et une minuscule toison rouge coupée ras.

     Madeleine, qui s’est déjà montrée tout à l'heure aux gardes, montre à Charlemagne ses beaux seins ronds et sa toison dorée.

     Marguerite, rousse aussi, a des petits seins bien fermes, et le pubis bien épilé.

     Line, de longs cheveux bruns couvrant ses seins ronds, a une belle toison brune très dense, très fournie, qui descend entre les jambes et dissimule toute son intimité.

     Nathalie est une grande blonde avec de gros seins, des tétons larges et rouges, et une toison dorée sculptée en V.

     Georgette est une rousse bien potelée, avec de gros seins, une toison rousse abondante, un fessier généreusement rebondi et de bonnes cuisses dodues mais fermes.

     Josette, elle, est très fine, ce qui la fait paraître encore plus grande que ses six pieds deux pouces. Cheveux bruns coupés courts, toison brune tondue très rase.

…Et les corps se rapprochent…

 

     Une fois les derniers soubresauts terminés, les gardes, toujours debout, disent au filles de les emmener au bain, à côté. Elles les aident alors à marcher, ils n’y arrivent plus tout seuls ! Dans l’eau bien chaude, elles les nettoient, et se nettoient aussi, sortant moult matière gluante qui coagule dans l’eau chaude.

      Enfin, une fois bien savonnées, elles sortent du bain, et après avoir aussi bien savonné les gardes, elles les sèchent et les frottent énergiquement, les revigorant quelque peu.

     Puis elles changent l’eau du bassin, le nettoient, le remplissent à nouveau d’eau bien chaude, et vont chercher l’Empereur, toujours endormi. Et à huit, elles le portent jusque dans le bassin pour le laver lui aussi. Il gémit un « Mmmh !» de plaisir dans l’eau chaude, et se réveille doucement, entouré des huit filles qui le frottent délicatement.

     Puis elles le mettent debout, l’aident à sortir du bassin, et chacune, munie d’une serviette chaude, le frotte pour le sécher. Une fois l'Empereur sec, elles le rhabillent, et l’emmènent s’asseoir à table, pour qu'il se sustente quelque peu et reprenne des forces.

     Les gardes toujours nus sont déjà attablés, et dévorent... Jamais ils n’ont été aussi agréablement affamés ! Charlemagne lui aussi mange et boit de fort bon appétit. Les filles toujours nues trinquent avec lui.

 

     Au palais, le bal touche à sa fin, les musiciens ont annoncé leur dernier morceau.

     Un majordome vient frapper à la porte des appartements de l’Empereur. Il annonce à Sa Majesté que le bal va s'achever, puis repart.

     Les filles et les gardes alors se rhabillent, et tous ensemble, Charlemagne en tête, ils descendent dans la grande salle.

L’Empereur s'adresse une dernière fois à l'assistance.

     « Chers sujets de l’Empire, dormez bien...  Je vous rappelle que demain nous inaugurons la nouvelle chapelle. Soyez présents pour ce grand hommage à Dieu ! »

     Les uns après les autres, les convives quittent la salle. Les Durandalémois repassent par le sas pour regagner leurs appartements.

     Leurs costumes sont certes magnifiques, mais toutes et tous sont bien contents de retrouver leur tenue de peau !

     Hantz descend aux écuries, mais ne voit que des garçons et des filles endormis. Il les laisse ainsi, les protège avec des couvertures pour la nuit, et souffle les bougies. 

     Les filles ont pris congé de l’Empereur, qui a tenu à les accompagner jusqu’au sas. Elles demandent à Marie et Chantal des potions calmantes, et s’en retournent dans leurs chambres, tout au bout des appartements.

     Chantal passe les voir et leur donne à boire une tisane qui les endormira et les remettra d’aplomb.

La consécration de la Chapelle

 

     Un peu avant quatorze heures, l’Empereur arrive. Du regard, il interroge Jacou. Avec un sourire, Jacou opine du chef. Charlemagne est ravi ! Il entre dans la chapelle. La musique commence, les chœurs entonnent des chants célestes.

     Charlemagne s’installe sur son trône sur le côté de la nef, et le clergé fait son entrée.

     L’Archevêque de la cité d’Oche, Monseigneur Michel Mabel, préside la consécration, qui est ordonnée par le Cardinal Dété, en tête du cortège.  Il est secondé par les abbés Paul Nédictine et Georges Résina.

   Suivent Monseigneur Denis Dyver l'évêque de Mettis, les abbés Marc de Frisko, et Sylvain Cédère, ainsi que l’évêque de Strateburgo, Monseigneur Michel Ekha, avec les abbés Stéphane Yrod et Noel Tisumène... Ils s'installent de chaque côté du chœur de la chapelle.

   Ferment la marche l’archiprêtre Léon Lélène, dirigeant de l’Abbaye d’Oche, l’abbé Benoît Cassine, l’archiprêtre Simon de Beauvoir et l’abbé Jean Christian, de l’Abbaye des Glandières, et Charles Higgins de Durandalem. Ils se placent en éventail devant l’autel.

     Les musiciens entament un morceau de musique en fond sonore. Le cardinal déclame des textes en latin ponctués par les "amen" des évêques.

     L’archevêque, muni d’un seau et d’un goupillon, fait alors le tour des murs de la chapelle, aspergeant de-ci de-là, récitant à voix basse des incantations auxquelles répondent les abbés Nédictine et Résina, qui le suivent pas à pas.

     Puis il retourne au fond du chœur, et les chants recommencent, tandis que le cardinal prend le goupillon, et fait mine d’asperger les fidèles réunis dans la chapelle, qui psalmodient un ’’amen’’.

     Puis tout le monde s’assoit. L’Empereur désigne un lecteur, chargé de raconter l’histoire de cette chapelle, première étape d’une plus grande église qui fera partie intégrante du palais.

     Après ce discours - un peu long et lassant il faut bien le dire - l’Empereur fait signe à la chorale de chanter l’hymne de fin de cérémonie. Les membres du clergé, cardinal en tête, sortent de la chapelle et se dirigent vers le palais, accompagnés par les chants et la musique d’Apollinaire et de ses musiciens.

     Charlemagne ferme la marche, suivi de ses gardes, des vétérans, et des notables.

     Les sujets de l’Empire qui les attendaient à la sortie les acclament :

     « Vive le pape ! Vive le cardinal ! vive les évêques ! vive l’Empereur ! »

  

Les massages du clergé

 

  L'envoyé du pape, le cardinal Monseigneur Dété, est fort satisfait de la cérémonie. Suivi des autres ecclésiastiques, il gravit les marches du palais, le sourire aux lèvres.  Il ne sait pas encore que l’Empereur leur réserve une belle surprise !

     Jacou fait signe à Innès de passer par le sas, et d’attendre devant la salle.

     Charlemagne, devant la salle, s’adresse alors au clergé.

     « Vos corps ont été sûrement fort éprouvés par tous les longs trajets que vous avez dû faire pour venir jusqu'ici... Réparons cela. Voici des masseuses qui vont en prendre soin. Entrez, elles sont prêtes à s’occuper de vous ! »

    L'Empereur, le cardinal, les évêques et les abbés, la mine toute réjouie, pénètrent dans la grande pièce où sont disposées seize tables de massages.

  « Votre Majesté, dit Madeleine, déshabillez-vous, allongez-vous ! Je vais vous masser…»

     « Allongez-vous, messieurs, dit Innés, retirez vos vêtements sacerdotaux, nous allons vous masser ! »

   Pour faire le compte, elles sont rejointes par Agnès et Angèle Hune, Valérie Burg, Gertrude, Berthe, Anne, Claudine et Edeltraud.

    À l’aide d’une pommade préparée par Chantal, elles s’enduisent les mains, et commencent toutes ensemble à masser les cous, les poitrails et les ventres.

 

     « Messieurs, propose l’Empereur. je vous convie maintenant au bain, cela nous fera le plus grand bien ! »

     Les filles aident les hommes à se lever, et les emmènent dans le grand bain, où elles entreprennent de les nettoyer avec beaucoup d'application !

     Une fois tout le monde propre et séché, Charlemagne convie ces messieurs à une collation reconstituante dans la pièce juste à côté. On y a dressé une grande table garnie de victuailles et de vins fins.  Ils se remettent, ils mangent et boivent de bon appétit. Les filles bien sûr se régalent aussi, tout en faisant le service. Elles sont restées nues, pour le plus grand plaisir des yeux de ces hommes, qui n’ont certes pas beaucoup d’occasions de ce genre dans l'exercice de leurs sacerdoces !

     Puis le clergé, l’Empereur et les filles se rhabillent. Charlemagne salue les hommes du clergé, qui un à un prennent congé en remerciant grandement l’Empereur pour ces massages on ne peut plus impériaux.

Au moment où les filles s'apprêtent à sortir à leur tour pour regagner le bâtiment, Charlemagne les rappelle.

     « Restez, mesdemoiselles, j'ai encore des choses importantes à vous dire... Mesdemoiselles, vous venez de rendre un grand service à l’Empire ! Grâce à vous toutes, le cardinal ne va pas manquer de m’encenser auprès du pape, qui à coup sûr m'accordera ses saintes grâces pour toutes les années à venir.

     Vous avez eu l’honneur de servir l’Empire. En conséquence, j'ai décidé de vous octroyer dès maintenant tous les droits et privilèges accordés aux soldats de l’Empereur.  Où que vous alliez dans l’Empire, vous aurez toujours droit au respect dû à des Soldates de L’Empire ! 

     Je sais votre situation financière de résidentes de Durandalem, et n’ai donc point de rente à vous verser. Sachez toutefois que si la situation tournait en votre défaveur, l’Empire sera toujours votre obligé.

- C’est un beau cadeau que vous nous faites là, Votre Majesté, dit alors Valérie, et nous vous en serons toujours reconnaissantes ! Vous serez toujours le bienvenu à Durandalem, toujours accueilli avec les honneurs dus à votre rang ! »

     Puis Charles s’adresse aux filles de salle :

     « Mesdemoiselles d’Oche, je vous nomme gouvernantes du palais, des annexes et des dépendances. Vous êtes dorénavant maîtresses de ces lieux, et j'y suis désormais le seul à vous dépasser en grade ! 

     J'octroie à chacune une rente de douze deniers par jour, pour vous permettre de faire vivre décemment vos proches et vos familles. Je vous adjoins aussi une brigade de dix filles que vous formerez aux tâches que vous accomplissiez jusqu’à présent ! Quand nos amis seront repartis, vous prendrez les logements du premier niveau du bâtiment... Mesdemoiselles, encore merci !

     - Votre majesté, répond Innés en s'inclinant, c’est vraiment beaucoup d’honneur ! Sachez que nous resterons à votre service et à votre disposition comme il vous plaira ! »

Les autres filles acquiescent en hochant la tête.

     « Maintenant, Mesdemoiselles, je dois m’occuper des affaires de l’Empire, que j’ai un peu laissées en suspens... Mes conseillers m’attendent !  Allez, et que Dieu vous bénisse ! »

Les Soldates de l’Empire

 

     Et les filles sortent de la salle, passent par le sas, et se retrouvent dans le bâtiment, où elles se dévêtent.

     Dans la cour, elles vont voir Jacou et lui racontent ce que l’Empereur leur a octroyé.

     « C’est magnifique, sourit Jacou.  Nouvelles gouvernantes...Voilà qui va changer vos vies !

     - Oh oui ! répondent les filles. »

     Les rousses aussi sont fières ...

     « Nous sommes des Soldates de l’Empire !  dit Edeltraud.

     - Bravo, braves Soldates... Vous l’avez mérité !

     - Grâce à vous tous de Durandalem !  dit Berthe.

     - Oui, dit Edeltraud, mais maintenant que nous sommes Soldates, il va falloir apprendre à tirer à l’arc ! »

     Dillon, qui a eu vent de leur promotion, accourt et crie soudain, de sa plus grosse voix : « Gaaarrrde à vous, Soldates ! »

     Elles obéissent et se raidissent, quelque peu surprises !

     « Allons, allons, détendez-vous, rigole-t-il.  Et rassurez-vous, ce n’est pas ça que je vais vous apprendre, non  ! Mais je vais vous apprendre...à tirer à l’arc, oui ! Et à vous défendre en cas d’agression, oui, oui  ! 

     Jacou, lui, va vous apprendre à être des ambassadrices du village ! vous accompagnerez les visites officielles de nos représentants dans les autres cités...

    « Oui, dit Jacou, avec votre jeunesse, votre beauté et votre grade de Soldates de l’Empire , vous êtes toutes désignés pour ces missions !

      Quant à vous, Agnès Angèle et Valérie, grand merci pour votre dévouement sans faille. Vous voilà donc vous aussi Soldates de l’Empire. Nous verrons comment officialiser cela aux Thermes... Nous vous trouverons des responsabilités en accord avec votre nouveau titre ! 

     Vous serez vous aussi élèves de Dillon, avec les autres filles. Vous aussi serez ambassadrices, et c'est vous qui accueillerez les grands de ce monde au village et aux Thermes ! Mais pour l’heure, allez toutes vous reposer, et passez voir Chantal et Marie, pour vous faire examiner…» Il conclut en s’esclaffant : « On ne sait jamais, avec les curés ! »

     Et les filles et Dillon rient de bon cœur.

 

Le retour à Durandalem

 

  • Les préparatifs du retour

 

     Lundi 15 avril . La cité d’Oche se réveille dans la joie. La nouvelle chapelle est dotée d’un clocher qui sonne les heures. Ce sont deux préposés aux cloches désignés par l’archevêque qui s'en chargent.

     Après un moment de recueillement dans la chapelle, les membres du clergé invités se préparent à retourner dans leurs diocèses respectifs. Sur le parvis du palais, l’Empereur s'adresse aux protagonistes de la cérémonie.

     « Monseigneur Dété, vous saluerez Sa Sainteté Léon III de ma part !

     - Je n’y manquerai pas, et je lui dirai comment vous avez su nous recevoir.  Cette consécration était une belle cérémonie ! Merci à toi, Charlemagne, et à tes fidèles sujets de l’Empire... Je les bénis ! »

Et il fait le signe de croix en direction du palais.

    Puis les hommes d’église repartent alors vers leurs villes, Mettis, Strateburgo, Rome...

    

Dans la cour du bâtiment, Jacou donne ses directives pour le retour :

     « Nous partirons demain dès l’aube ! Préparez vos affaires, et ce soir vous chargerez tous les chariots. Nous les attellerons au dernier moment. Les chariots des Maîtres Tailleurs sont à nous, ils nous les ont offerts, ainsi que les dix chevaux qu’ils possédaient. Les tailleurs sont maintenant installés au palais, et n’en ont plus besoin... L’Empereur, lui,  nous offre un muid de vin de Mosel, qui prendra place dans un de ces chariots. Aujourd’hui, vous avez quartier libre, pour visiter la cité, les thermes, ou pour vous reposer. Le repas sera servi à midi. Soyez à l’heure. La cloche de la chapelle sonne les heures,  dorénavant ! »

 

     Après le repas, Dillon et ses Capitaines font venir les Soldates fraîchement promues.

     « Mesdemoiselles, nous allons commencer à faire de vous de vraies Soldates ! »

     Agnès, Angèle, Valérie, Gertrude, Berthe, Anne, Claudine et Edeltraud sont tout excitées à l'idée de tirer à l’arc !

     Agnès, Angèle, et Valérie savent déjà bien manier l’arc, elles ont appris lors des séances de tir du dimanche à Durandalem. Mais un exercice de plus ne leur fera pas de mal !

     Les Capitaines ont apporté des arcs et des cibles.

     « Pour commencer, annonce Dillon, nous allons vous apprendre les bonnes postures pour tirer ! »

     Il s’aperçoit vite que les gros seins des rousses les gênent quelque peu pour tirer à l’arc.

      Placé derrière Gertrude, Dillon lui explique comment engager une flèche, et comment bander son arc. Alix fait de même avec Anne, Joseph avec Berthe, François avec Claudine et le Borgne avec Edeltraud.

     Xavier, Charles, Armand, Gabin, Hugues et Achille admirent ces filles qui dressent leurs fortes poitrines pour bander leurs arcs, et essayent de penser à autre chose... Mais leurs verges se gonflent ostensiblement !  Alors, ils s’assoient sur des bancs et tiennent des cibles devant eux pour cacher leur excitation, le temps de revenir à la normale.

     D’essai en essai, les rousses parviennent peu à peu à bander leurs arcs sans forcément toucher leurs seins. Finalement, elles peuvent tirer quelques flèches, dont certaines atteignent les cibles. Mais, de temps en temps, les seins sont quand même fouettés par la corde de l’arc...

     Valérie, Angèle et Agnès s’exercent elles aussi à tirer. Déjà entraînées,  elles arrivent à ficher leurs flèches à chaque fois dans les cibles, et souvent même au centre !  Néanmoins, bien qu'elles n’aient pas des poitrines aussi généreuses que celles des rousses, elles s’effleurent parfois les seins.

     Dillon s'adresse aux rousses.

     « Vous aussi, mesdemoiselles, vous arriverez vite à tirer aussi bien qu'elles !

- Hé bé,  répond  Claudine, on n’est pas prêtes à égaler votre exploit de samedi dans le palais ! 

     - Oh, ce n’est qu’une question d’entraînement...  Mais pour atteindre ce niveau, il vous faudrait des années.  Dites-vous que lorsque les Capitaines ont commencé à s'entraîner, ils avaient votre âge ! Et après tout, ce n’est pas votre but. Vous êtes des Soldates ambassadrices, pas des guerrières !  Une fois de retour à Durandalem, nous essaierons avec des arbalètes. Il y en a dans l’échoppe de Gaël. Cela vous conviendra mieux et vous évitera des coups de fouet sur vos rondeurs ! »

     Valérie va voir Chantal, et revient avec une pommade pour calmer les rougeurs laissées par les cordes.

     « Bien ! dit Dillon. Nous allons maintenant essayer les glaives !

     - Les glaives ?  demande Edeltraud.

    - Ce sont des épées courtes, des armes de la légion romaine. Les Capitaines, vous pouvez ranger les arcs, les flèches et les cibles dans le chariot d’armement, et rapporter seize glaives. Nous allons vous entraîner au maniement ! »

     Une fois les filles munies de glaives, Dillon explique :

     « Vous devez sentir le pommeau dans votre main, et ne pas le lâcher. Je vais vous montrer. Viens ici, Achille, et tiens ton glaive droit ! »

      Dillon frappe alors le glaive d’Achille, qui le lâche sous la force du coup.

     « Maintenant, Achille, tiens-le correctement ! »

     Et Dillon refrappe, avec la même force. Mais ce coup-ci, Achille ne lâche pas le glaive. Il l’incline et fait glisser la lame de Dillon vers l’extérieur.

     « Vous voyez, vous devez pouvoir résister à une frappe forte sur le glaive.  Essayez entre vous !  Mais pour bien y parvenir, vous aurez aussi besoin de muscles... Nous ferons des séances de musculation ! »

     Les filles échangent alors des coups de glaive.

     Les Capitaines, stimulés, s’entraînent alors aussi entre eux, mais les échanges sont bien plus violents !

     « Ouch ! gémit Anne, ça fait mal aux poignets !

     - Ne forcez pas... Si cela vous fait mal, arrêtez. Ne risquez pas l’accident. Ce n’est qu’une prise de contact ! Je pense que cela sera suffisant pour aujourd’hui. Je propose à tout le monde d'aller prendre une douche.  On se sentira mieux, pour le repas du soir ! »

     Et la troupe quitte la cour, dépose les glaives dans le chariot d’armement, et se rend au bout du bâtiment, à côté des bains des thermes, là où les forgerons ont installé des douches.

     Après la douche, ils se retrouvent dans le grand bain, dans une eau bien chaude, qui détend les muscles sollicités cet après-midi. Les garçons se proposent de masser les épaules des filles dans le bain, ce qu’elles acceptent volontiers.

   Les Capitaines préposés aux massages des rousses, corps contre corps, sont visiblement émoustillés, et leurs membres se manifestent durement !

     Edeltraud réagit la première :

      « Merci, nobles Capitaines, de vous occuper de nous, mais nous ne pouvons pas vous remercier comme vous le souhaiteriez. Nos intimités ont été trop sollicitées ces derniers temps, elles ont besoin de repos ! 

  - Nous serons bien plus disponibles prochainement, ajoute Gertrude, plus ouvertes à vos désirs... que nous comblerons avec joie ! »

     Les Capitaines sourient à cette perspective !

     « Ce sera avec le plus grand plaisir ! se réjouit le Borgne, en pleine érection. »

     Dillon lui conseille, ainsi qu’à plusieurs autres, de prendre une douche bien froide, pour calmer leurs bandaisons intempestives.

     Ce qu’ils font sur-le-champ, en balbutiant des excuses à mi-voix.

     Puis ils sortent du bain, et, quand tout le monde est sec, le groupe retourne dans le bâtiment. Il est l’heure du repas du soir.

     Après le repas, toutes et tous s’affairent à charger les chariots pour le retour. Dans les écuries, on donne les derniers soins aux chevaux. Ceux des tailleurs sont bien fatigués. Dans l’office, on range aussi, et on prépare des plats pour les deux jours à venir, pour tout le monde ! Et ça en fait, du monde...

 

     À l’étage, les nouvelles gouvernantes établissent leur plan de gouvernance.

     Innès et Madeleine prendront en charge les appartements privés de l’Empereur et leurs dépendances.  Marguerite se chargera de l’intendance des cuisines du palais.  Line gérera les filles des appartements du bâtiment. Josette s’occupera de l’intendance de l’office. Nathalie gérera les quartiers des soldats. Georgette sera responsable des cérémonies. Fine, enfin, s’occupera des thermes du palais.

     Jacques de Compostelle, le technicien, vient féliciter les gouvernantes pour leur promotion.

« Mais tu n’es même pas nu !  lui fait remarquer Fine.

 -  Je ne voudrais pas vous choquer...

 - Nous choquer ! ?  Ne sais-tu pas que l’Empereur a décrété que la nudité est désormais possible partout à Oche, même dans le palais ?

   - Allez hop ! dit Georgette, à poil ! »

     Une fois qu'il est nu, elles apprécient la vue de sa longue verge qui pend. Elles l'avaient déjà remarquée le vendredi, quand il s’était déshabillé devant elles et devant Guillaume.

    Saisie d'une soudaine envie, Josette s'exclame :

    « Nous voudrions bien voir comment elle se comporte en action ! 

     - Oh oui ! dit Marguerite, viens donc un peu par ici ...»

En route pour Durandalem

 

     Le jour n’est pas encore levé. Mais, déjà, que d'agitation dans la cour du bâtiment !

   Avec l’aide de quelques villageois,  les palefrenières et les palefreniers, attellent les dix-sept chariots, dont les deux offerts par les tailleurs.

     À l’aube, tout le monde est réveillé. Les gouvernantes ont fait le tour des chambres, afin que personne ne soit oublié. Les derniers chargements s’opèrent, et les Durandalémois embarquent dans les chariots. Les petits enfants dorment encore, on les transporte doucement.

     L’Empereur a tenu à assister au départ. Tout le monde est vêtu, il fait encore un peu frais de si bon matin. Les Maîtres Tailleurs sont là aussi, pour saluer leurs sauveurs ! Toute l’équipe de cuisine est présente, ainsi que les gouvernantes et le technicien, et les filles et garçons des écuries.

     « Durandalemoises,  Durandalemois, dit Charlemagne, nous vous souhaitons un excellent voyage ! »

     Face à lui, Jacou, flanqué de Dillon et de Joseph, tous les trois à cheval.

     « Au nom de tous, grand merci , Votre Majesté ! »

     Le convoi est prêt à partir.  Mais les ouvriers qui devaient ouvrir les cloisons occultant la cour ont un peu de retard.

     « Qu'à cela ne tienne, dit alors Jacou... Dillon, Joseph, ouvrez-nous donc ! »

     Et sous les yeux ébahis de l’Empereur et des résidents du palais, les deux hommes, d’un simple geste de la main, sans descendre de leur monture, font glisser à distance les lourds panneaux sur le côté.

     Et le convoi se met en marche, sous les vivats, les applaudissements, et les adieux de l’Empereur et de ses sujets.

     Dans le chariot de tête, sous la direction d’Apollinaire, les musiciens entonnent une mélodie d’adieu.

     Au loin, Jacou, Dillon et Joseph aperçoivent les ouvriers en retard qui accourent, tout essoufflés. Ils rient de bon cœur à la bonne blague qu’ils viennent de leur faire !

    Le convoi avance vers l’Ouest. Le soleil est maintenant bien levé. il éclaire les chariots par l’arrière, faisant profiter les occupants de sa douce chaleur. Ils se sont remis nus pour en profiter...

 

Les compagnons d’Alesia

 

     Peu avant midi, le soleil est haut dans le ciel, une troupe de dix cavaliers arrive devant le convoi.

     Les Capitaines, instantanément prévenus, sont aux aguets, prêt à tirer.

     « Nous sommes à la recherche de Jacou Artz !  dit un des cavaliers, se rangeant du côté et marchant le long du convoi, étonné de voir des soldats en armes, tout nus.

     - Que lui voulez-vous ?  demande alors Dillon, une main tenant l’arc et la flèche prête à être tirée.

     - Nous avons besoin de lui pour guérir une épidémie ! 

     - Qui vous envoie ? 

     - Des marchands de vin de Lugdon nous ont parlé de l’épidémie qui a fait des ravages dans la région et que Jacou Artz a éradiqué ! 

     - D’où venez-vous ?  demande alors Jacou qui arrive nu à cheval.

     - Nous venons de la région d’Alésia, ou l’épidémie fait rage ! Nous-mêmes sommes touchés ! 

     Nous nous sommes rendu à Durandalem, sur les indications des marchands, les gardes sur les remparts nous ont dit que Jacou Artz est à Oche, et qu’il ne devrait pas tarder à rentrer. 

     Nous sommes alors venu à sa rencontre. 

     Jacou alors fait venir Chantal qui arrive nue elle aussi.

     - As-tu, par hasard, encore de ce sérum que nous avons fabriqué ? Peut-être est-ce la même bestiole ! 

      Chantal confirme, dans sa réserve de potions, celle -là y figure encore, bien que cela fasse des années qu’elle n’a plus servi !

     Puis il dit à Dillon :

      Continuez, je vous rejoindrai ! 

     Chantal, tu vas chercher cette potion et tu nous retrouve ici ! 

     Dillon, désigne trois Capitaines pour nous garder. »

     Dillon ordonne alors à Gabin, Joseph et Armand, nus, de rester avec Jacou.

     Le convoi continue, les dix cavaliers restent à l’écart Jacou leur demande de mettre pied-à-terre, et dit :

      Je suis Jacou Artz. Quels sont vos symptômes ? 

     - Nous avons des démangeaisons dans les mains, et des rougeurs qui s’étendent sur les avant-bras. 

     Nous avons vu des pauvres bougres paralysés et mourir sous nos yeux. Aucune médecine n’a servi à quoi que ce soit ! 

     Ce sont les vieux frères Horn, Armand et Achille, qui nous ont parlé de cette maladie.

    Apparemment ils sont immunisés contre ce fléau ! 

     - Effectivement, ils ont eu droit à un remède, il y a plus de trente ans !  dit Jacou et ajoute :

      Très intéressant ! au bout de plus de trente ans, ils sont encore immunisés ! » 

     Chantal arrive, avec une fiole, et un parchemin.

     «  Voici le remède, Jacou. Est-ce le même fléau qu’il y a trente ans ? 

    - Oui Chantal ! regarde leurs mains et leur bras ! ils sont infectés ! Il ont rencontré les frères Horn, tu te souviens, les marchands de vin, ils sont encore immunisés maintenant ! 

     - Alors, messieurs, buvez une lichette de ce produit ! Il a macéré trente ans, il pue, mais vous guérira sûrement ! dit Chantal.

     Les cavaliers boivent, et petit à petit, comme par miracle, les rougeurs sur les bras disparaissent, puis les démangaïsons sur les mains aussi.

     - C’est formidable ! Sommes-nous guéris ?  demande le cavalier à Chantal.

     - Probablement ! 

     - Jacou, voici la formule pour en confectionner ! on trouve cela dans les apothèques des villes, et aussi dans la nature en cherchant un peu.

     - Nous pouvons trouver ces ingrédients sûrement à Lugdon ! C’est à trois jours de Cheval !

     - Beaucoup d’infectés seront morts d’ici-là !  Il faut agir vite ! 

     - Mais comment ?  dit le cavalier, toujours étonné de voir ces gens nus qui les ont guéris.

     - il n’y a qu’un moyen ! dit Jacou. Chantal, as-tu emporté la potion de la trémulonde ? 

     - Bien sûr ! dit Chantal qui croit comprendre le plan de Jacou.

     - Gabin, vole arrêter le convoi, qu’il fasse la pause de midi, et faire chauffer l’eau des douches, nous arrivons ! 

     Joseph et Armand, vous retournez à Oche trouver une bonne quantité de ces ingrédients.

     L’empereur se fera une joie de vous les procurer, et revenez vite ! » 

     Alors les trois Capitaines s’envolent, nus sous les yeux des dix cavaliers, qui se demandent s’ils sont en train d’halluciner ! Peut-être cette potion !

      « Messieurs, à cheval, nous rejoignons le convoi ! 

     Et les dix cavaliers, Jacou et Chantal galopent vers le convoi qui s’est arrêté pour la pause de midi.

     Arrivés sur place, Jacou donne des ordres :

     Préparez les douches pour ces gens ! Les anciens, prenez leurs habits et brûlez-les !

     Les jeunes et les enfants, restez à l’écart !

     Une fois nus, les cavaliers posent des questions :

     - Que se passe-t-il ? 

     - Je vais tout vous expliquer !  dit Jacou. Comment vous appelez-vous ? 

     - Je suis Fernand de Lesseps, j’ai trente ans.  dit le cavalier qui parlait.

     - Bernard de Lesseps, frère de Fernand. Vingt huit ans. 

     - José Flint, vingt huit ans. 

     - Pierre, Paul et Jacques Réguai, nous sommes des triplés. Vingt neuf ans. 

     - Jo Kari, trente ans 

     - Jack Addie, trente deux ans, 

     - Alain et Alex Terrieure, jumeaux de vingt sept ans. 

 

     - Les douches sont prêtes ! annonce Jérémoy.

     - Merci Jérémoy ! Messieurs, venez, vous laver ! 

     Les dix hommes sont surpris de trouver des douches d’eau chaude en rase campagne !

     - Ah ! Ça fait du bien cette douche !  dit Jack.

     - Voilà du savon, pour tuer tout germe qui pourrait courir dans vos cheveux et sur votre peau ! Savonnez-vous bien !  dit Chantal

     Les hommes se savonnent, se rincent, puis on leur donne des serviettes pour se sécher.

     - La table est prête ! vient dire Manon.

     - Aaaah ! Alors tout le monde à table ! vous restez nus, ou voulez-vous une tunique ? demande Jacou.

     - Tout le monde est nu, nous restons nus !  dit Fernand.

     Asseyez-vous en face de moi, et écoutez bien ! Mais vous pouvez boire et manger en écoutant ! dit Jacou en rigolant.

     Nos Capitaines seront bientôt de retour avec les ingrédients pour fabriquer l’antidote. Nous allons les attendre ici ! 

     - J’ai une bonne nouvelle !  dit Valérie à Jacou. J’avais un peu de tous les ingrédients de la formule, je l’ai confectionnée, bue, et distribuée aux jeunes et aux enfants. Tout le monde ici est maintenant immunisé ! »

     - Bravo Soldate de l’Empire ! Je suis fier de toi ! Voilà déjà un soucis de moins ! 

      Donc, nous allons fabriquer un bonne quantité d’antidote, et l’apporter au cœur de l’épidémie, à Alesia ! 

    - Mais Alésia est à trois jours de cheval !  dit Jack.

     - Trois jours à cheval ! mais nous allons vous faire bénéficier de notre technologie ! 

     - Comment cela ?  demande alors Pierre.

     - Nous allons vous doter du pouvoir de voler, et en une demi-journée, c’est-à-dire ce soir, nous serons avec vous à Alésia ! 

     - C’est possible, ça ? demande Jacques.

     - Oui ! Mangez, Chantal vous initiera ensuite, et vous vous entraînerez à voler le temps de préparer la potion. 

     Peu de temps après, Joseph et Gabin sont de retour, avec une bonne quantité d’ingrédients, qu’ils remettent aussitôt à Valérie, elle commence alors à fabriquer l’antidote.

     - Vous allez boire ce philtre, qui va vous endormir pour une demi-heure. A votre réveil vous saurez voler !  leur dit Chantal, en emmenant les dix hommes dans le champ. »

     Puis elle rejoint Valérie pour l’aider à fabriquer une bonne quantité d’antidote.

     Tout le monde est rassasié, les tables sont débarrassées, les douches sont rangées, le convoi est prêt à repartir.

     Les dix Alésiens émergent, sans trop croire ce qu’on leur a dit.

     - Vous avez maintenant le pouvoir de télékinésie ! essayez de soulever votre compagnon !  Et Fernand fait un geste vers Jack, lève le bras, et Jack décolle du sol en criant « Wouuuuahhhh !  Arrête tes conneries, pose-moi ! »  et tout le monde rigole.

     Après quelques essais, ils arrivent tous à s’élever dans les airs, et s’entraînent à rejoindre la forêt, et revenir, à une vitesse inouïe !

La guérison des Alésiens

 

     Jacou prend la parole.

     « Braves Durandalémois, reprenez la route, et arrivez à bon port ! Moi, je pars pour Alésia porter l'antidote, avec Gabin, Armand et nos dix amis. Emmenez leurs chevaux avec vous, ils viendront les récupérer à Durandalem ! »

     Décollage de la troupe aérienne. Les Alésiens hurlent de joie, à voler ainsi comme des oiseaux !

     Le convoi, quant à lui, repart tranquillement.  Dans la soirée, il fait halte pour la nuit, Dillon organise les tours de garde. 

     « Non, mesdemoiselles les Soldates de l’Empire, vous n’êtes pas de garde cette nuit ! » dit-il en rigolant aux rousses qui lui posaient la question. 

 

     La troupe aérienne arrive en vue d’Alésia.  Ils se posent pour enfiler des tuniques.  Il ne faudrait pas effaroucher les gens par leur nudité... Ils repartent et arrivent sur la place de la ville. Beaucoup de personnes sont bien infectées ! Les treize hommes distribuent à toutes et à tous des petites fioles.  Fernand fait apporter tout plein de bouteilles pour qu'on les distribue dans les familles. Bientôt la place est saine.

     La nouvelle de l'arrivée d'un remède se répand vite.  De plus en plus de personnes affluent, reçoivent le remède, puis repartent souriantes et guéries, en remerciant grandement Fernand et ses compagnons !

     Jacou demande à Jack d’aller quérir tous les hommes de science, les médecins, les apothicaires, afin de leur laisser la formule du remède.

     Le père de Jo, Adam Kari, qui est médecin, prend bien note de la formule, et charge immédiatement son assistante Yvette Horner de  fabriquer cet antidote en quantité.

     Des centaines de personnes affluent sur la place en criant joyeusement : 

     « Je suis guéri ! On est guéri ! »

     Sans le remède, ces personnes seraient probablement mortes dans quelques jours, comme des dizaines d'autres hélas depuis le début de ce fléau.

     Le bourgmestre d’Alésia, Jean Terrieure,  père d’Alex et Alain, arrive sur la place.

     « Bravo à vous, compagnons volontaires ! Vous avez retrouvé Maître Jacou Artz...Soyez-en  remerciés !  Mes fils, je suis fiers de vous !

     Bienvenue maître Artz ! Merci d’être venu si rapidement ! 

     Deux petits hommes s’avancent alors derrière Jacou.

     - Salut à toi, Jacou ! 

     Jacou se retourne, et bien qu’ils aient trente ans de plus, il reconnaît les frères Horn.

     - Achille et Armand ! Quel bonheur de vous retrouver ici ! Grâce à vous, la ville est sauvée !  Mais dites-moi, avez-vous toujours de ce délicieux vin que vous nous avez livré jadis ? 

    - Oui-da ! Nous étions venus pour faire du négoce à Alésia.  Nous savions bien que vous viendriez, et nous avons attendu jusqu'à votre arrivée ! »

      Ils font un signe. Aussitôt, deux ravissantes rousses arrivent sur la place, apportant des pintes et des verres.

     - Ah, je reconnais bien là votre sens du commerce ! Toujours au fait !  

     - Eh oui ! répond Achille. Je vous présente les sœurs Jeannette et Paulette d’Or, vingt cinq ans, que nous avons recueillies voici dix ans, et qui sont maintenant nos compagnes et fidèles assistantes à tout faire... Elles sont devenues des vraies œnologues ! »

     Les deux rousses servent alors Jacou, les Capitaines et les compagnons.

     « Ce soir, décide  Jean Terrieure, nous faisons la fête, nous fêtons la fin du fléau et nous glorifions nos sauveurs ! Jacou, où étiez-vous donc quand nos émissaires vous ont trouvé ?

     - Nous étions partis d’Oche, que nous avons quitté ce matin de bonne heure.

     - Oche ? Mais c’est à trois jours de cheval d’Alésia ! Comment avez-vous pu venir aussi vite ? 

     - En volant, père ! dit Alex.

      - Oui, c’est vrai, père ! confirme Alain.

     - Oui, les gens de Durandalem savent voler ! confirment Achille et Armand.

     - Mais enfin, c’est impossible...

     Fernand demande alors à Jacou :

     - On peut leur montrer ? 

     - Oui, allez-y, sinon ils ne vous croiront jamais ! »

     Fernand réunit ses compagnons. Se tenant par la main, les dix hommes montent dans les airs, et font le tour de la place, l’un derrière l’autre, pour revenir se poser devant le bourgmestre qui n’en croit pas ses yeux ! Toute la population est ébahie par ces sauveurs venus du ciel !

     « Nous allons six fois plus vite qu’à cheval, précise Alex à son père. Il ne nous a fallu que quelques heures pour le trajet...

     - C’est un grand jour pour Alésia ... Musique ! »

     Et la fête dure toute la nuit.

     De son côté, Yvette Horner travaille sans relâche, et fabrique le remède en grande quantité.

     Les gens continuent d'affluer sans arrêt pour avoir cet antidote, et repartent le distribuer dans la campagne environnante.

 

Le retour en chantant

 

     Au matin, sur la place d’Alésia, beaucoup sont comme morts. Non pas à cause de la bestiole, mais bien pour  avoir abusé du vin des frères Horn ! Tout le monde est trop heureux d’être débarrassé du fléau...

   «  Nous allons repartir vers Durandalem avant midi, annonce Jacou à Jean Terrieure. Les compagnons vont venir  avec moi, pour récupérer leurs chevaux qui seront tantôt au village. Et vous, les frères Horn, repassez donc chez nous un de ces jours,  pour nous rapporter encore de votre vin !  Nous organisons une grosse fête pour le solstice d’été. Un muid de votre nectar ne sera pas superflu...

     - Promis, Jacou. En juin, nous revenons vous voir ! »

Il est temps de décoller. Les treize sauveurs de la ville repartent en volant, sous les yeux émerveillés des Alésiens.  « Vers seize heures, estime Jacou, nous serons à Durandalem. le convoi devrait arriver en même temps ! »

    

      Pendant ce temps, sur la route du retour, le convoi des villageois s’est mis en route, après une nuit sans histoire. L'arrivée est prévue dans l’après-midi.

    Les jeunes filles rousses apprennent à conduire les chariots. Le jeune Simon Schmit, le barde, est leur moniteur.  Elles ont eu droit à un chariot pour elles, les grandes et leurs petites sœurs.  Elles prennent les rênes l’une après l’autre, sous les directives de Simon.

    Il entreprend aussi de les initier au chant. Toutes ont un timbre intéressant. Il se dit qu'il pourra former une belle chorale avec elles...

     Mais les rousses, du moins les plus jeunes, voudraient apprendre en plus une autre mélodie...  La mélodie de l’amour ! Elles suggèrent aux grandes de les initier, avec Simon dans le rôle du garçon !  Edeltraud transmet leur demande à Simon. Il trouve cela incongru, mais accepte.

     « Comment procédons-nous ?  demande Simon.

     - D’abord,  dit Edeltraud, on leur montre comment faire ! »

    Sur la route du retour vers Durandalem, la pause de midi arrive. Tout le monde est content de se dégourdir les jambes.

     « Les filles du dernier chariot sont bien silencieuses ! » s'étonne Dillon, qui va voir de quoi il retourne. Sur le banc de conduite, Simon dort…

     « Eh bien, Soldates de l’Empire, vous ne voulez pas profiter de ce beau soleil ?

      - Oh, dit Berthe, nous avons chanté toute la matinée, avec Simon. Nous sommes bien fatiguées ! »

     Avisant les yeux encore brillants des plus jeunes, Dillon comprend vite en quoi ces chants ont été épuisants, surtout pour Simon ! Et il rigole de bon cœur.

     « Réveillez-le, il faut qu’il mange pour se retaper ! »

     Le repas est vite servi. De nombreux plats froids avaient été préparés à Oche à l’office en prévision du retour.

     Tout le monde mange de bon appétit. En supplément, Simon a droit à une potion de Chantal qui achève de le remettre en forme.

     Puis, une fois la table débarrassée et les tréteaux pliés et rechargés, le convoi reprend la route. Plus que deux heures avant d’arriver à Durandalem !

 

L'arrivée du convoi

 

    À Durandalem, les villageois attendent le retour des voyageurs. La garde est en place, et tout le monde vaque à ses occupations.  Les gardes, Pierre Martinet, Alexa Dumas, Johan Martinet et Guenièvre Spohr sont en réserve;  Jacques Martin est à Oche.

 

   Émile a embauché les gardes de réserve, Pierre Martinet, Alexa Dumas, Johan Martinet et Guenièvre Spohr afin de préparer les écuries pour les chevaux du convoi. Ils sont aidés par quelques gardes de nuit. Gabriel Holz aussi est de la partie.

 

     Dans l’auberge,  on se prépare à accueillir les voyageurs ! Marion Wasch, qui a assuré toute seule le service pendant le voyage à Oche, est aidée par Aline Hair, Gaël et Joël Wasch. Même le doyen Child Germain participe pour préparer toutes les denrées et boissons. C'est qu’il va en falloir pour la nombreuse assistance, quand les voyageurs vont venir ici raconter leurs aventures !

     Aux Thermes, le personnel resté sur place assure le fonctionnement. Mais plusieurs décisions  touchant aux stocks ne seront prises qu'au  retour des gérants.

 

     Les maçons, eux profitent bien de l’établissement, le soir, après leur journée de construction des remparts !

     À Naborum, les pierres affluent. Avec encore deux livraisons, dont une de cinq grands chariots qui vient  du Blauersland, et une de trois chariots de Tenquin, Pierrot estime que les remparts devraient sûrement être finis, en fin de semaine. Aidés par les cantonniers de Durandalem et par les prisonniers pillards repentis, les maçons de Manderen  travaillent à vive allure !

     Quant aux forgerons de Naborum, ils attendent le retour de ceux de Durandalem, qui doivent les initier aux automatismes à vapeur.

 

     Il est seize heures passées. Benoît Spohr aperçoit de loin  le grand nuage de poussière qui s’élève derrière le convoi de chariots, et s'écrie : « Les voilà ! » Il ouvre alors en grand le portail.

 

Juste à ce moment, Dillon apparaît nu dans le ciel et lui demande :

 

     « Jacou est arrivé ? 

     - Ah non...  Il n’est pas avec vous ?

     - Il est parti pour Alésia, répond Dillon en se posant sur le rempart. On vous expliquera...  Mais il ne devrait plus tarder ! »

 

     Les chariots entrent dans le village, et vont dans le grand champ à côté des écuries, sur les indications des gardes de réserve.

 

     Émile remarque les deux grands chariots à quatre chevaux, et les deux chevaux accrochés derrière. Il voit tout de suite  que ce ne sont pas des chevaux d’ici !  Nestor arrive, et lui explique la rencontre avec les tailleurs et leurs cadeaux : deux grands chariots, et dix chevaux.

     « Les dix autres chevaux sanglés ensemble sont aussi à des hommes qui vont probablement  venir aujourd’hui avec Jacou pour les récupérer. »

     Tout le monde descend des chariots, et les palefreniers, aidés par les gardes, amènent les cinquante chevaux aux écuries.

     « Restez tous ici dans le pré ! dit Chantal. Je vais d’abord distribuer la potion !

     - Mais quelle potion ? demande Émile.

     - Celle qui guérit du fléau, de cette épidémie de bestioles qui circulent sous la peau... rappelle-toi... il y a trente ans !

     - Ah oui , je me souviens...  Jacou était même allé guérir le maître des Compagnons du Blaumachin, là !

    - Oui ! Et là, il est parti à Alésia pour la même chose... Les bestioles circulent à nouveau.  Mais toi tu es immunisé, comme tous ceux de plus de trente ans. Je vais distribuer, avec l’aide des Capitaines, le contre-poison qu’il me reste en réserve à l’école. Tous  les moins de trente ans devront en boire.

    - Les Capitaines ? Quels Capitaines ?

     « Oui, Émile, intervient Dillon. Figure-toi que l’Empereur a nommé mes soldats vétérans Capitaines honoraires de l’Empire Romain d’Occident.. Et moi, se rengorge-t-il, j'ai été nommé  Général honoraire de l’Empereur, et de l’Empire ! »

     Chantal, son assistante Valérie et les Capitaines s'envolent vers l’école en volant. Là-bas, dans le laboratoire, Chantal et Valérie récupèrent quelques flacons qui dormaient là depuis des dizaines d’années.

    Puis elles remplissent le plus de fioles possible. Elles en confient aux garçons, qui partent faire le tour du village. Elles descendent à l’école, où les enfants étudient, et administrent le remède à tout ce petit monde..

     Bientôt, villageois et villageoises sont tous immunisés !

     Charles et Hugues font une bonne provision de fioles, et partent sur le champ à Naborum pour faire distribuer le remède à tout le monde, et donner la formule aux médecins et aux apothicaires pour le fabriquer en grande quantité.  Le fléau doit être endigué ! 

 

Arrivée de Jacou et des Compagnons

 

     Soudain, Benoît Spohr s'écrie : « Du monde dans le ciel ! Au moins une douzaine... Ils sont nus ! »

     Il n'a pas tout de suite reconnu Jacou, Gabin et Armand, et il ne connaît pas les autres... Alors, il applique les consignes. Il bande un arc menaçant en direction des inconnus, et hurle : « Alerte aux intrus  ! » Roland Martinet fait de même, et quelques gardes de nuit sortent de la Garderie, en armes, prêts eux aussi à en découdre !

« Ce sont des amis d' Alésia, rangez vos armes ! » dit alors Jacou à haute voix et en pensées. Et les arrivants peuvent se poser tranquillement sur le pré. Tous sont maintenant rassurés. Mais sur ce coup, les frères Terrieure ont bien cru que leur dernière heure était venue... Alex rigole de la frousse  qu'il a eue. « Hé ben ! on ne rentre pas chez vous comme dans un moulin ! »

   Jacou salue tout le monde. Il confirme qu'Alésia est sauvée du fléau, et que tous les habitants sont guéris.

     Chantal vient informer Jacou : « Les Capitaines de Naborum sont partis là-bas faire une distribution du remède... Ici, au village c’est déjà fait ! Tous l'ont eu. Vous pouvez maintenant rentrer dans vos demeures, il n’y a plus de risques ! »

    Puis Jacou annonce :

     « Ce soir, tout le village est convié aux Thermes dans la grande salle du restaurant, pour entendre le récit de notre saga. Allez donc prendre une bonne douche, et à ce soir !  Nous rangerons les chariots demain.  Maintenant, Compagnons d’Alésia, allons boire un coup ! »

     Et ils se dirigent vers l’auberge.

     Des gardes sont en pause : Christiane Hahn, Paul Frisch, Bernard Spohr, Georgette Fart, et André Martinet.

     Jacou va vers Christiane avec une fiole à la main.

     « Bois ceci ! c’est un remède contre un fléau qui traîne !

     - Un fléau ? s'inquiète  Bernard Spohr.

    - Eh oui, le même qui a tué tes pauvres parents il y a trente-deux ans ! Heureusement ,vous les anciens, vous êtes toujours immunisés. Et toi aussi maintenant, Christiane. Tiens, Marion, toi aussi, protège-toi, bois ceci !  Tu donneras une rasade de cette fiole à tous les jeunes gardes quand ils viendront...

 - Alors, il est de retour ici, le fléau ?

       - Non, Bernard. Le nouveau foyer était à Alésia ! Mais nous l’avons combattu et éradiqué hier soir, sans plus attendre. Cela n'a pas traîné ! Je vous présente les dix Compagnons d’Alésia, qui sont venus ici avec moi en volant pour récupérer leurs chevaux dans le convoi... Et à propos, Child, tu as le bonjour des frères Horn, tu te souviens...les marchands de vin. Ce sont eux qui ont envoyé les Compagnons vers moi. Ils nous ont trouvés sur la route du retour !

     - Oui, dit Christiane, ces jeunes gens sont passés ici il y a quelques jours. Ils te cherchaient, mais ils étaient habillés ! rigole-t-elle.

       - Et moi, s'amuse Fernand,  j’ai cru que je rêvais, en voyant une garde, une jolie femme, poitrine à l’air comme ça !

      - Eh non, tu ne rêvais pas !

     Et ce disant, Christiane secoue ses seins, comme pour aguicher le jeune homme.

     - Attention Christiane ! tu es à la limite de l’exhibition ! dit alors Jacou en rigolant.

      Ce soir, nous vous raconterons tout cela en détail, et bien d’autres choses encore! Venez pour vingt heures. »

     Puis, s’adressant à Gabriel :

    «  Tu iras annoncer la soirée aux habitants du village, qui ne sont pas encore tous  au courant !  Quant à vous, messieurs les Compagnons, vous passerez la nuit chez nous. Vous verrez, nous avons un hôtel très confortable ! »

     Et Jacou emmène les Compagnons aux Thermes.

     Ils sont sidérés par la taille du bâtiment. Une fois entrés, ils passent par la douche obligatoire, qu’ils apprécient grandement ! Puis Jacou les accompagne à l’hôtel, où Guillaume Bardot a repris ses fonctions de gérant.

     « Vous dormirez dans ce dortoir équipé de vingt lits. Vous avez des douches et des coins d’aisance. Des chambres sont occupées par les maçons de Manderen, et par les livreurs de pierre de Strateburgo. Vous descendrez pour manger à dix neuf heures ! »

Du renfort pour la soirée...

 

    Pendant ce temps, à Naborum, le bourgmestre et le chef des gens d’arme procèdent à la distribution du remède et expliquent aux médecins de quoi il retourne : «  Toute la population ! N’oubliez personne...  Les anciens prisonniers aussi ! »

     Les pierres du Blauersland sont arrivées. Cinq grands chariots tirés chacun par quatre chevaux, et deux compagnons par chariot. Ou plutôt deux compagnes : ce sont  toutes des filles ! Pierrette, Annette, Annie , Anne-Marie, et Fleur Cohen, Pauline et Paulette Jost, Valentine et Isabelle Stand, et enfin Anne Blum.

     Elles ont eu bien chaud, sur la route, et se mettent à l’aise sans plus attendre. Les voilà nues. Charles, nu lui aussi, va au-devant d’elles et leur tend la potion :

     « Je suis le bourgmestre de la ville... Buvez ceci, je vous prie !

   - Qu’est-ce que c’est ? demande Pierrette.

  -  Le remède qui a guéri votre Grand Maître Sandre, il y a plus de trente ans. Le fléau a réapparu...  Alors, nous prenons les devants !   Mais comment se fait-il que vous ne soyez que des femmes ? C'est curieux...

   - Notre Grand Maître trouve que les garçons sont trop portés sur le sexe ces derniers temps, répond Anne en rigolant. Alors, il nous envoie toutes loin d’eux, pour qu’ils fassent un peu abstinence et travaillent à nouveau !

- Mais n’avez-vous pas peur d’être attaquées ?

 - Nous sommes toutes des archères confirmées, et nos arcs sont prêts !  dit Anne-Marie, la cadette du groupe. Qu’ils y viennent un peu, qu'ils y viennent, pour voir ! »

Et toutes éclatent de rire. 

     « Je vous propose de rentrer à Durandalem pour y passer la nuit. Nous y allons, Hugues et moi. Nous vous accompagnerons ! »

     Charles donne encore quelques consignes.

     « Nous serons de retour demain matin. Nous ferons le point sur l’avancement des travaux ! »

     Les voici à Durandalem. Christiane Hahn et Paul Frisch sont de garde.

     « Qui va là ? » demande Christiane, étonnée de voir des filles nues conduire les chariots.

     « Les livreuses de pierre du Blauersland ! précise Charles. Accompagnées  par Charles et Hugues, Capitaines de l’Empire ! »

     Christiane ouvre le portail et demande mentalement à Hantz où doivent aller les chevaux. Les écuries chez Émile étant pleines, les filles devront mener les chariots aux écuries des Thermes.

     Hantz Burg et ses palefreniers vont dételer les chevaux et les étriller. Quelques gardes de nuit, qui adorent ces tâches, montent aux écuries des Thermes pour les aider.

   Maintenant, il va falloir loger tout le monde !

     Il y a quatre dortoirs. Les compagnons d’Alésia en ont un, les filles du Blauersland en auront un autre, et les enfants des Capitaines auront les deux dortoirs qui restent : un pour les filles et un pour les garçons. Quant aux Capitaines et à leurs épouses, ils dormiront dans les chambres. Avec les maçons de Manderen, l’hôtel est complet !

     Les filles prennent alors une bonne douche, puis descendent nues rejoindre tout le monde qui va passer à table. 

     Des grandes tables sont dressées. Chacun mange avec appétit. Beaucoup ont voyagé, et les voyages, ça creuse !

 

 

La saga du voyage d’Oche

 

      Jacou enfin prend la parole, imitant en riant les intonations de l'Empereur...

      « Sujets de l’Empire et de Durandalem... Sujets de l’Empire et de Durandalem ! Oyez, oyez ! Comme promis, nous allons sur l'heure vous conter par le menu nos pérégrinations !

     Or donc,  le premier jour, nous sommes cent quinze adultes et vingt enfants, dans quinze chariots tirés par trente chevaux, et trois chevaux seuls. Le convoi avance bien, la matinée se déroule tranquillement. Un peu moins de calme toutefois dans les chariots des jeunes... Cela chahute, cela rigole... Et il y a d’autres bruits,  heureusement un peu couverts par le bruit des roues sur les pavés ! »

     Toute l’assistance éclate de rire, sachant fort bien de quels bruits il s’agit !

     Jacou poursuit  :

   «  La matinée s’achève. Il fait beau. À midi, nous faisons une pause déjeuner. Tous tout nus comme il se doit. Puis nous repartons vers Oche. Dans un chariot nous avons des volontaires qui se dévouent pour initier nos vaillantes jouvencelles rousses... Elles sont devenues de vraies jeunes filles épanouies, à mille lieues des souvenirs horribles qui les hantaient avant ! »

     Là encore, l’assistance sourit, et fait des remarques…salaces…

   «  Nous roulons bon train, quand soudain nous sommes attaqués... Dix pillards à cheval nous menacent, et réclament notre or ! Ils n’ont pas reçu d’or, mais quelques volées de flèches de nos vaillants vétérans, qui les ont sur-le-champ rayés du monde des vivants !  Et voilà que dans le bois, peu après, nous rencontrons quatre marchands, qui viennent d'être détroussés de leurs chevaux par les pillards ... Ces marchands, des tailleurs très doués, ont encore avec eux, dans deux chariots, toutes les étoffes les plus belles et les plus soyeuses ! Nous les  recueillons, et pendant le voyage, pour nous remercier, ils nous confectionnent les plus beaux vêtements qu’on ait jamais eus ! La nuit est belle. Les marchands passent avec nos hôtesses de très bons moments, pour leur faire oublier les soucis de la journée… »

     Encore un moment de sourires dans l’assistance.

  «   Le lendemain, dans l’après-midi, nous arrivons à Oche.  Nous sommes gâtés ! Tout un bâtiment attenant au palais nous est réservé. La cour du bâtiment a été occultée, afin que nous puissions vivre nus dans le bâtiment et en dehors ! 

     Et ce n'est pas tout, du personnel est mis à notre service ! Des gens de cuisines, qui aident nos cuisinières. Des filles de salles, qui ne s’occupent que de nous et de nos chambres. Et aussi des gens d’écurie pour s’occuper de nos chevaux, Tous ces gens sont trop heureux de travailler tout nus avec nous et pour nous !

     Charlemagne en personne vient voir comment ses gens se comportent. Il arrive nu !  Quand il constate que tout son personnel est aussi nu que lui, cela le ravit... D'autant  que dans son personnel, il y a huit filles de salle ravissantes auxquelles il n'a jamais prêté attention auparavant. Et il les convie aussitôt dans ses appartements pour le lendemain. Les tailleurs leur promettent des habits de circonstance...

      Nous invitons l’Empereur et sa garde personnelle pour le dîner.  Il est enchanté, et il invite nos charmantes rousses à lui tenir compagnie après le repas !

      - Ah, pour sûr, dit Claudine, nous avons passé une superbe soirée, dans ses appartements ! »

     Encore une fois, l’assistance rigole....

     « Le samedi matin, continue Jacou, les tailleurs ont donc habillé les filles de salle, puis sont allés habiller l’Empereur. Lequel pour l'occasion s’est mis nu dans la grande salle du palais, au grand dam de ses conseillers choqués de le voir  ainsi !

     L’après-midi a été consacré à la préparation de la soirée prévue par l’Empereur en l'honneur des gens du village. Vers dix huit heures, nous sommes tous allés  dans la grande salle du palais, où étaient conviées près de mille personnes ! 

     L’Empereur n’a pas tari d’éloges,  et n'a pas été avare de nominations... Il a d’abord complimenté nos charmantes rousses, qui selon ses propres dires lui ont fait passer une superbe soirée.

     - Oh oui, dit Berthe, c’était magnifique ! Lui et ses gardes nous ont comblées ! »

Rires du public.

     Jacou poursuit :

     -  Puis il a exalté nos vétérans,  leurs faits de guerre, leurs exploits divers. Il avait prévu une démonstration de leurs talents, à laquelle nos soldats se sont pliés bien volontiers : voler au-dessus des convives en décochant des volées de flèches dans des cibles qui circulaient à vive allure... Ce fut un sans-faute ! Il a élevé Dillon au rang de Général Honoraire de l’Empire Romain d’Occident,  et les dix soldats de Durandalem ont été nommés Capitaines d’Honneur de l’Empire Romain d’Occident ! 

     Puis ce fut notre tour, à Chantal et à moi... Après les éloges, il m’a nommé Grand Maître Médecin de l’Empire Romain d’Occident et Chantal est devenue Maîtresse Érudite des Sciences de l’Empire Romain d’Occident. Jamais une femme n’avait eu droit à une telle distinction  !

     Ensuite, ce fut le tour de Robert. Charlemagne l’a longuement glorifié, le confirmant dans le titre de Grand Maître Forgeron de l’Empire Romain d’Occident. 

     Un grand moment, quand il a décidé que la nudité serait désormais autorisée dans toute la cité d’Oche, et non plus dans les seuls thermes !

     Il a ensuite honoré les quatre tailleurs que nous avions sauvés sur la route, en leur octroyant une rente  et une échoppe dans le palais même. Et les a nommés Maîtres Tailleurs de l’Empire Romain d’Occident.

      Enfin, l’Empereur a décrété qu’il avait assez parlé...  Et nous avons  enfin mangé et bu à satiété !   Les musiciens de Durandalem ont eu l’honneur d’accompagner le repas de leurs musiques, puis d’animer le bal. 

      Quant au personnel du palais à notre service, il était resté dans le bâtiment. Les jeunes palefrenières, palefreniers, commis de cuisine se sont retrouvés aux écuries pour faire une petite fête privée, et ils se sont quelque peu mélangés... Tout le monde aura compris qu’ils n’ont pas joué à la marelle... Mais à dada ! »

     Toutes et tous rigolent de bon cœur !

       Et puis, pendant le bal, qu’Apo et nos virtuoses ont animé avec maestria,  les filles de salles sont allées visiter l’Empereur… Non, non... Là non plus,  pas pour jouer à la marelle ! »

      Et toute la salle redouble de rires.

 

     Jacou reprend son récit.

      Le lendemain dimanche, comme prévu, c’est la consécration de la chapelle d'Oche. Enfin, de la petite chapelle seulement... La grande ne sera achevée que dans quelques années. Il ne travaille pas vite, l’Architecte Eudes de Mettis... Et ça agace un peu l’Empereur ! 

     La cérémonie a commencé après le repas de midi. Tout le gratin du clergé était là : un cardinal dépêché par le pape, l’archevêque d’Oche, les évêques de Mettis et de Strateburgo, les représentants de l’abbaye d’Oche,  avec ceux que nous avions emmenés, à savoir les représentants de l’Abbaye des Glandières... et bien sûr notre cher curé, Charles Higgins !

     Belle cérémonie. Certes un peu ennuyante, mais belle cérémonie ! 

     Ensuite, tandis que nous regagnions nos quartiers, l’Empereur a invité tous les gens du clergé dans ses appartements pour une séance de massages… Avec, dans le rôle des masseuses, les filles de salle du bâtiment, nos belles rousses, et trois de nos filles du village !  Des massages qui ne se sont pas limités aux bras…»

     Encore une fois, l’assistance a saisi  l’allusion.

     - Oooh, demande Marianne,  vous aussi, monsieur l’abbé ? »

     Rires et gloussements dans toute la salle. Charles Higgins devient tout rouge, et balbutie - Je... Nous étions en mimi... en mission pour le Seigneur ! 

     Et il sourit en se remémorant ces doux instants…

     Jacou continue :

   - Pour ces grands services rendus à Dieu et à l’Empire, Charlemagne a nommé les filles de Durandalem Soldates de l’Empire Romain d’Occident !  Mais connaissant l'aisance financière du village, il n’a pas jugé nécessaire de leur octroyer une rente.  De notre côté, Dillon et moi avons décidé de faire de ces filles les ambassadrices de notre village lors de voyages ou de négoces avec d’autres cités ! Dillon a déjà commencé à leur donner une formation de soldat, afin qu’elles puissent se défendre, face à des hommes sans scrupules.

     - Mais quelles sont ces filles ? demande Child, du fond de la salle.

    - Je vous présente donc les futures jeunes ambassadrices de Durandalem : Valérie Burg, Agnès et Angèle Hune, Anne Bonté, Gertrude et Berthe Hoff, Claudine Schmit,  et Edeltraud Bour. Les rousses n’ont pas encore de métier, mais vu leurs aptitudes, elles vont sans doute vite en trouver un...

     - J’ai déjà prévu une chorale avec elles ! intervient Simon le barde.

     -  Oui da !  dit Jacou. On m’a conté ta répétition avec elles et avec leurs sœurs dans le chariot de queue sur la route du retour. Tu avais tellement chanté que tu t’étais endormi sur le banc de conduite...

     - Oui, Jacou, c'est vrai, elles m’ont épuisé ! Mais je tiens à dire que cela m'a permis de trouver des timbres de voix extraordinaires...

     Rires des rousses et de toute l’assemblée !

     «  Bon, je continue.  L’Empereur a ensuite nommé les huit filles de salles gouvernantes du palais et de ses dépendances... Et nos toutes fraîches gouvernantes, qui avaient enfin le pouvoir de commander,  en ont profité pour  demander au technicien du bâtiment de se mettre nu.

     Elles savaient qu'il était fort bien doté par Dame Nature... Et elles l'ont fait profiter toutes ensemble de leurs charmes... Le pauvre ! Heureusement, Chantal avait un peu préparé la chose, et il s’en est sorti haut la main ! Enfin, bon, quand je dis " la main "… »

     Et la salle s’esclaffe encore une fois.

     «  Nous avons ensuite passé le lundi à préparer notre retour. L’Empereur nous a offert un muid de vin de Mosel, que nous allons bien sûr partager dans les offices du village et à l’auberge.  Et comme déjà précisé, Dillon a commencé l’entraînement des nouvelles Soldates !

     - Eh oui, répond  Dillon.  Mais nous avons rencontré des problèmes de frottement lors du tir à l’arc. Nos vaillantes Soldates ont des poitrines qui ne s’accommodent guère de ce genre d’arme ! Alors nous avons décidé d'essayer plutôt l’arbalète... »

     Et les rousses confirment, en montrant les traces qui subsistent encore sur leurs seins.

     Jacou reprend :

     «  Mardi matin de bonne heure, nous avons quitté Oche. Le convoi était encore plus grand, avec deux grands chariots offerts avec dix chevaux par les Maîtres Tailleurs reconnaissants. C’est d'ailleurs dans un de ces chariots qu’a eu lieu la répétition de Simon ! »

      La salle tout entière explose de rire, et les douze rousses ensemble poussent un « Aaaaahaaaahaaaa ! » à l’unisson, pour montrer le concret de la répétition. Et l’intégration au village ! Ce qui fait redoubler l'hilarité générale.

    « Puis nous avons été rejoints par des cavaliers qui venaient d’Alésia, et qui me cherchaient. Ils étaient victimes du fléau qui avait frappé la région il y a trente-deux ans, la bête qui vit sous la peau ! Bête minuscule, mais qui avait tué beaucoup de monde à l'époque, notamment les parents  de nos gardes, les frères Spohr... Les cavaliers savaient que nous connaissions le remède.

     En volant, nos Capitaines sont  retournés à Oche quérir les ingrédients qui nous manquaient. À leur retour, une fois le remède fabriqué par Chantal et Valérie, il fallait le faire parvenir au plus vite à Alésia. 

     Heureusement, Chantal avait encore la potion à base de trémulonde, et elle a pu initier les compagnons d'Alésia. Je me suis envolé avec eux dans l'après-midi, escorté par Armand et Gabin. Nous sommes arrivés là-bas le soir, et toute la population a pu bénéficier très vite du remède.

      - Nous avons ensuite fait la fête toute la nuit !  précise Armand.

      - Oui... Et nous sommes tous repartis d'Alésia le lendemain en fin de matinée, pour arriver ici à peu près en même temps que le convoi !

     Je vous présente ces jeunes compagnons d’Alésia : Jack Addie, Jo Kari, Fernand et Bernard de Lesseps, Pierre, Paul et Jacques Réguai,  José Flint, et enfin Alain et Alex Terrieure.  Ils sont revenus avec nous pour récupérer leurs chevaux qu'ils nous avaient confiés.

     Tel est donc, mes amis, le résumé de notre mémorable voyage à Oche ! »

       Et pour les personnes qui ne seraient pas encore au courant, je vous présente les maçons de Manderen, qui construisent les murailles de Naborum !  Voici les quatre vétérans Adrien et Bertrand Wirth, Maurice Storm et Constant Bour. Et les jeunes Joseph et Paulin  Wirth, Georges et Claude Storm, Pierre, Paul et Isabelle Bour... Alors, les maçons, où en êtes-vous ? 

     - Nous avons presque fini, lui répond Adrien. Sur les deux lieues de murailles, les seize tours de garde, et les quatre portails, il ne  nous reste à construire que deux tours et quelques pas de murailles.  Nous avons été bien aidés par Pierrot, Claude et Félix Stein, ainsi que par les ex prisonniers,  qui ont montré leur volonté de s’intégrer !

     - Oui, dit Pierrot, je crois qu’ils feront de bons gardes.

     - J’en prends bonne note ! lui répond Hugues.

     - Bravo à vous ! dit Jacou. Et je vois que les chariots de pierres du Blauersland sont arrivés aussi, avec de charmantes conductrices et une escorte ! 

Et d'un geste, il désigne la table où se sont installées les filles de Strateburgo. Ce qui fait rire ces dernières :

       - Oui,  c’est le Grand Maître Clément Sandre qui en a décidé ainsi...  Il voulait nous soustraire aux ardeurs trop accaparantes des garçons, qui ne pensaient plus qu’à la gaudriole, et délaissaient quelque peu leurs tâches !  Moi, je suis Pierrette Cohen, et voici mes cousines Annette, Annie, Anne-Marie et Fleur. Et puis les jumelles Pauline et Paulette Jost, les sœurs Valentine et Isabelle Stand, et enfin Anne Blum.  Eh oui, toutes ces jeunes filles du Blauersland vont rester à Durandalem pour cette nuit, dans un dortoir... Un dortoir juste à côté de celui des charmants compagnons d’Alésia ! 

     Et ce disant, elle adresse un large sourire aux Alésiens.

     Tout le monde rigole, comprenant fort bien le sous-entendu de Pierrette...

 

       - Avec les pierres que nous avons reçues aujourd’hui, reprend Adrien, nous devrions pouvoir achever le chantier !  

      -  Oui, dit Annette, mais il y a encore un convoi de prévu. Il part demain de Strateburgo, et devrait arriver vendredi ! 

     - Nous, à Durandalem, intervient  Jérémoy, il nous faudrait des pierres pour renforcer le mur Nord, pour le protéger du gel ! Ce n’est pas urgent, mais si on les avait, on pourrait le faire sans plus  attendre...

      - Bonne idée, conclut Jacou.  On va donc récupérer les cinq chariots du Blauersland et ceux de Tenquin pour notre mur... Bien ! assez parlé  travaux. Maintenant, il est grand temps de trinquer ! »

     Et tout le monde lève son verre. On le lève à la joie de se retrouver, on le lève à l’amitié, au nouveau Général, aux Capitaines et aux Gardes de l’Empire... On le lève aux filles ambassadrices et à la chorale, aux maçons, aux Compagnons d’Alésia, aux filles du Blauersland...   Cela fait beaucoup d’occasions de lever son verre  !

     Avant que tout le monde s’en aille, l’orfèvre et bourgmestre adjoint, Raoul Frisch, tient à faire une annonce importante...

     « Mesdames et messieurs, j’ai l’honneur de déclarer devant vous mon amour pour Jeannette Deir. Elle et moi,  nous allons nous marier ! »

     Et une immense clameur de joie et de joyeux bravos s’élèvent de la salle.

Une fois les ultimes pintes éclusées, les villageois ravis s’en retournent chez eux, chacun va regagner sa maison.

La nuit aux Thermes

 

     Les invités de l’hôtel aussi s’installent dans leurs pièces de couchage respectives... Enfin, presque !

     En effet, les deux dortoirs des enfants des Capitaines -  l’un pour les garçons et l’autre pour les filles - se sont quelque peu mélangés et sont devenus mixtes ! C'est ainsi que...

     Théo Gouvy et Marie Schaff se sont couchés dans le lit de Marie.

     Georges Gouvy dort avec Anne Schaff dans le lit de Georges.

     Mia Gouvy, a rejoint Benoît Kauf dans son lit.

     Paul Schaff et Marie Gouvy dorment dans le lit de Paul.

     Roméo Kauf, a invité Sylvie Stamm.

     Pierre Schaff, est dans le lit de Sophie Stamm.

     Alex Holz est avec Juliette Kauf dans le lit d’Alex.

     Jean d’Ortega et Charlotte Brett, ainsi qu'Aimé d’Ortega et Claudette Brett occupent deux lits rapprochés, pour une expérience à quatre…

    Quant aux filles du Blauersland, comme on le devine, elles ne veulent pas dormir tout de suite, ni toutes seules. Et elles ont investi le dortoir des compagnons d’Alésia. Et pendant que les dortoirs des enfants des Capitaines bruissent des bruits de l’amour, celui des compagnons est le théâtre de découvertes, les jeunes gens ne se connaissant pas encore. Cela n’empêche rien, les filles ont fait leur choix !

 

 

     Le dortoir des filles du Blauersland, déserté par ses occupantes, est bien sûr toujours resté silencieux.  Et dans le dortoir des maçons, mis à part des petits bruits du côté du lit d’Isabelle, calme plat. Les hommes étaient bien fatigués de leur journée !

    En revanche,  dans les dortoirs des enfants des Capitaines comme dans celui des compagnons d'Alésia, ambiance fort bruyante, cris divers... Mais tout cela s'atténue peu à peu. Retour progressif au calme, jusqu’au silence final.  Dans leurs chambres, les Capitaines ont un peu batifolé avec leurs épouses, mais là aussi, cela s’est calmé. Silence propice à un sommeil réparateur.

 Les concierges ont éteint les chandeliers...  Les Thermes dorment !

Les départs

    

     Le soleil se lève sur un village retrouvé avec plaisir par ses habitants. Le voyage à Oche a laissé d’excellents souvenirs à tous les participants.

     La vie continue, et la garde de jour a été désignée. Paul Frisch et Georgette Fart, ainsi que Stéphane, Pierre et Paul Spohr, sont les gardes en réserve aujourd’hui.

      Ce matin, les compagnons d’Alésia doivent reprendre la route, sur leurs chevaux. Ils en ont pour deux jours de voyage. Ils émergent tant bien que mal des dortoirs. Hélène et Marlène Basin  leur servent le petit déjeuner. Elles s'étonnent un peu de leurs mines défaites. « Oh, rien de grave, ce sont les filles du Blauersland qui nous ont mis le grappin dessus ! »

     Ce qui fait rigoler lesdites filles, qui arrivent juste à cet instant.

     « Mais ce fut une belle soirée ! dit Paulette. Merci à vous, compagnons ! »

     Marlène appelle Chantal mentalement. Elle lui demande d'apporter un élixir pour remettre en forme les compagnons, quelque peu mis à plat par les filles.

    Voici les enfants des Capitaines. Ils arborent une aussi piètre mine. Les filles comme les garçons !  Marlène rappelle Chantal pour qu’elle y remédie aussi. Tous ces gens doivent voyager aujourd’hui !

     Chantal arrive et leur distribue une potion. Elle les renvoie  aux dortoirs, afin qu’ils se douchent et boivent cet élixir.  En remontant, les enfants des Capitaines, un flacon à la  main, croisent leur parents, qui les regardent intrigués. Chantal explique tout aux Capitaines.

     « Rien de grave, ils vont aller beaucoup mieux d’ici peu ! »

     Les maçons descendent à leur tour pour le petit déjeuner, Bientôt la salle de restaurant est pleine !  Les enfants sont requinqués, et mangent d’un bon appétit les fruits pleins de vitamines que leur servent Marlène et Hélène.

     Dans les écuries, en bas chez Émile et dans celles des Thermes, on prépare les départs. Chez Émile, les chevaux des compagnons sont prêts. Nestor les attache ensemble et monte aux Thermes avec eux.

     Chaque compagnon est doté d’un sac contenant des vivres pour deux jours, qu’ils chargent sur les chevaux. Josiane et Josette leur donnent aussi des tenues pour chevaucher. « Si vous restiez tout nus, dit Josiane en rigolant, vous vous feriez peut-être remarquer ! »

     En partance pour Tenquin, Hombourg, Laudrefang et Naborum, les calèches des Capitaines sont prêtes également.

     Et c’est le moment des adieux !

     Les compagnons partent les premiers. Ils saluent les villageois, et remercient encore Jacou de ce qu’il a fait pour Alésia.

     « Notre cité te sera éternellement reconnaissante ! dit Alex. Toi et toutes les villageoises et villageois, vous serez toujours les bienvenus chez nous ! 

    - Un grand merci aussi aux filles du Blauersland ! disent en chœur les triplés  Réguai.

    - Merci à vous de nous avoir accueillies dans votre dortoir ! »  répond en souriant  Annie.

     Il est neuf heures quand les compagnons, habillés, se mettent en marche.

     Les gardes Benoît Spohr et Alexa Dumas, du haut de leur salle de garde du portail est, ouvrent les portes et les saluent.

     Peu de temps plus tard, c'est au tour de la charrette des maçons et des cantonniers. Ils partent terminer le chantier des murailles de Naborum.

 « Tu diras aux gens de Naborum que nous arrivons ! » dit Charles à Pierrot Stein. 

 

     Les Capitaines sont aussi en partance, avec leurs familles.

     Les jeunes ont décidé de faire la fête aux Thermes, pour l’été. Ils ont réservé le bâtiment pour le vendredi 21 juin.

     Après des adieux fort émouvants, les enfants remontent dans leurs calèches respectives.  Au portail est, gardé par Benoît Spohr et Alexa Dumas , c’est le départ vers Tenquin, Naborum et Hombourg.

   

     Au portail Ouest, sous les saluts de Bernard Spohr et de Christina Hahn, départ des Laudrefangeois.  Une fois leurs grands chariots attelés, les filles du Blauersland partent aussi.

 

     « Le  Grand Maître Clément Sandre ayant décide d’isoler les filles quelque temps, demain, pour changer, ce sont les garçons qui vous livreront les pierres !  dit Pierrette Cohen, en rigolant.

      - Bonne route ! répond Jacou. Saluez le Grand Maître de ma part !

     -  Nous n’y manquerons point... Et nous reviendrons ! Pour l’été !

     - Vous serez toujours les bienvenues ! » se réjouit Dillon.

    Il aurait bien aimé être à la place de ses fils hier au soir...

     Le convoi des cinq chariots se met en route.  Au portail Est, Alexa Dumas descend pour saluer les filles du Blauersland, qui l’avaient si bien accueillie avec ses compagnons, lors de leur visite le mois dernier.

     « Avant que vous ne franchissiez le portail, leur dit Alexa, il serait bon de vous vêtir un peu ! »

     Des gros rires sont de mises...  Et les dix filles enfilent des tuniques pour voiler leur nudité.

 

     Une fois tout le monde parti, le village retrouve du calme. Plus un seul cheval dans l’écurie des Thermes, et dix chevaux de plus dans les écuries d’Émile !

 

    Aux Thermes, l’heure est au nettoyage !  Dans les chambres de l’hôtel, ainsi que dans les dortoirs, il y a de quoi faire...

     Guillaume Bardot, le responsable de l’hôtel, demande que les agents de service des appartements, avec l’aval d’Alphonse Holz, le responsable de l’étage, aident les buandières et les agents d’entretien à nettoyer l’hôtel.

      Les six buandières des deux buanderies ont tôt fait de retirer tous les draps, les serviettes, les tapis de bains, et de les laver. Les maçons, eux aussi, auront des draps propres. Les six agents de service et d’entretien nettoient les chambres et les dortoirs. Les sols, sales et collants, ont besoin d’un vrai lavage, de même que les douches.

     Dans les chambres aussi, un lavage n’est pas superflu. Les dortoirs des enfants des Capitaines sont juste un peu souillés, mais celui des compagnons est dans un état pitoyable !  Dans tous les sens du terme, filles et garçons se sont vraiment lâchés ! 

     Certains matelas ont besoin d’un lavage à grande eau et d’un frottage vigoureux, pour effacer les traces diverses qui les imbibent. Les jeunes agents de sécurité Jean et Jacky Muller se sont portés volontaires. Ils vont s'en charger, dans le patio à côté de la buanderie du restaurant.

     Dans la salle de restaurant, le grand ménage est en cours ! Les buandières nettoient les nappes, tapis, serviettes et autres linges de cuisine, et les deux agents de service, les  Soldates Marlène et Hélène Basin, réagencent les tables après la soirée d’hier et les nombreux petits déjeuners.

     Au rez-de-chaussée, les douches sont lavées, les serviettes sont changées, les sols sont briqués. Le sauna, le hammam, le bain de Kaolin, la salle de repos, ainsi que les salles de massages et les abords de la piscine bénéficient d’un grand nettoyage.

     Tout le personnel s’y met : Brigitte et Martine Bardot, Étienne et Zoé Lombard, Mia Fart, Nina et Paulette Stock, Sophie et Justine Kami, Pauline Lang, Rose Spohr, toutes et tous  travaillent d’arrache-pied pour terminer vite et bien.

     Et enfin, vers midi, les Thermes sont à nouveaux pimpants et accueillants.

 

 

    À Naborum, les murs des remparts sont presque achevés. Les tours sont en place, tous les escaliers sont finis, et les quatre portails avec leurs salles de garde sont opérationnels.

     Il faut songer maintenant au personnel qui va gérer ces portails, et surveiller et garder la ville sur ces remparts !

     Il y a deux lieues de chemin de ronde derrière les remparts. Pour en faire le tour à pied, il faut deux heures !

     Charles a réuni le conseil de la ville.

     Sont présents :

     Le bourgmestre Charles Kauf, Hugues Schaff le chef des gens d’armes, Étienne Maigret, garde champêtre et shérif de la ville, les médecins Benoît Krier, le vieux médecin de Naborum, retraité et remplacé par Denis Collem, et son épouse Pierrette, médecin elle aussi.

     Les forgerons Nicolas Lemas et Georges Clounet sont à la retraite et font partie du conseil en tant que vétérans. Le Maître forgeron est Jean Schuss, les jumeaux Jean-Paul et Jean-Pierre Schuss, qui sont ses assistants, et deux apprentis, Luc et Dan Lemas. Ce sont les fils d’Alban Lemas, le notaire de la ville, présent, et de Jeanne Paulin, secrétaire du bourgmestre, présente aussi.

     Emanuel Frisch le vieux banquier et Serge Lemas, l’ancien bourgmestre, sont là en tant que consultants. C’est la fille d’Emanuel, Isabelle Frisch, qui a repris la banque, avec son compagnon, Joseph Zirn, Ils sont présents également.

     Présents également, les cantonniers Georges Bour, son frère Alain, et Paul le fils de Georges. L’aubergiste, Daniel Dullin, est aussi présent, ainsi que son épouse Émilie et ses enfants Émile et Josette.

      Hugues le chef des gens d’armes prend la parole.

     « Mesdames, messieurs, nos remparts sont en cours d’achèvement. bientôt nous serons protégés des assauts des pillards et autres bandits.  Mais pour que cela soit efficace, nous avons besoin de gardes sur les remparts et de guetteurs sur les tours. Pour commencer, nous allons recruter au sein de la population de Naborum !  Tous les garçons et toutes les filles à partir de seize ans pourront postuler cet emploi.

      - Pour financer ces emplois, dit Charles, nous allons devoir lever des fonds  ! Un impôt sera donc instauré, sur la base des revenus de chaque habitant de la cité.

      - Mais cela va faire des mécontents ! objecte Jean Schuss.

     - J’ai une autre  idée ! intervient  Paul Bour. Nous pourrions former toute la population à la garde de la cité, Plutôt que de payer un impôt, chacune et chacun devraient assurer des tours de garde. Cela nécessiterait moins de gardes permanents...  Donc un coût moindre !

     - Ton idée est intéressante, admet Hugues. Nous demanderons de l’aide à Jacou Artz et à ses villageoises  et villageois, tous aguerris au maniement d’un arc.

     - Mais nous devons quand même disposer d'une force armée pour nous défendre en permanence ! dit Jean-Paul Schuss.

     - Pour ce faire, répond Hugues, nous avons déjà nos dix gens d’arme. Sans compter les prisonniers, qui nous ont juré allégeance, et qui ont montré de la bonne volonté lors de la construction des remparts. seize hommes jeunes et robustes . Nous pourrions en faire une compagnie de gens d’arme efficace ! »

      Charles ajoute :

     « Dillon d’Ortega, ainsi que Le Borgne et François Bauer, de Durandalem, viendront former les gens d’armes.

    - Ont-ils la compétence nécessaire ? demande Dan Lemas.

    - Dillon d’Ortega a été nommé Général de l’Empire Romain d’Occident par l’Empereur, répond Charles en souriant. Et Le Borgne et François Bauer ont été nommés, comme d'ailleurs Hugues et moi, Capitaines des gardes de l’Empire Romain d’Occident ! Alors, vois-tu, Dan, tu pourras le répéter... L’Empereur nous a déclarés  les meilleurs soldats de l’Empire !

     - C'est sûr, conclut Hugues, nous aurons les meilleurs gens d’arme d’Austrasie !

     - Voici la liste des gens d’arme, dit Jeanne Paulin. »

     Et elle fait circuler le parchemin :

     Christian Schein, trente cinq ans 

     Claude Schein, trente deux ans,  

     Richard Deir, trente ans,

     Marcel Show, trente-et-un ans,

     Patrick Limes, trente six ans,

     Paul Limes, trente six ans, 

     Georges Dufour, trente ans,

     Gérard Dort, vingt neuf ans,

     José Flaine, vingt cinq ans,

     Jean Dart, vingt quatre ans,

 

      Puis Jeanne fait circuler un second parchemin, la liste des prisonniers.

 

     Les futurs gens d’arme de Naborum.

 

     Helmut Schon, vingt ans,

     Jork Villar, vingt-et-un ans,

     Hantz Berg vingt quatre ans,

     Jorge Berg vingt deux ans,

     Peter Milk, vingt trois ans,

     Childéric Kolb, vingt deux ans,

     Marcus Reich, vingt ans,

     Paulus Reich, vingt ans,

     Kurt Kob, dix neuf ans,

     Willy Kraus, vingt ans,

     Billy Kraus, vingt ans,

     Josef Hamel, dix huit ans,

     Youp Zimme, vingt ans,

     Bert Karr, vingt-et-un ans,

     Klaus Rund, dix sept ans,

     Kristof Rund, dix sept ans.

 

     « Ce ne sont pas des noms de chez nous, ça,  dit Étienne Maigret. Je vais les avoir à l’œil, ces gaillards ! »

La formation des gardes de Naborum

 

     Lundi 28 avril

     Roland Martinet, André Martinet, Paul Frisch, Paul Spohr et Pierre Spohr sont les gardes en réserve aujourd’hui à Durandalem.

      Comme convenu entre les bourgmestres Jacou Artz de Durandalem et Charles Kauf de Naborum, les gens d’arme et les futurs gardes de Naborum  seront formés à compter d’aujourd’hui. Les formateurs sont Dillon d’Ortega, Hantz Burg, Le Borgne et François Bauer, Gaël et Joël Wasch. Ils vont partir de bonne heure, dans un chariot rempli des armes en tout genre nécessaires à leurs leçons.

       Il est à peine huit heures quand les gardes Jacques Martin et Guenièvre Spohr les saluent en ouvrant le portail Est. Une fois arrivés à Naborum, ils se dirigent vers Oderfang, lieu prévu pour les cours. Hugues les accueille et présente les élèves.

     « Il y a onze gens d’armes et seize futurs gardes.  Les gens d’armes sont déjà formés, mais un peu de révision ne leur fera pas de mal. Quant aux Germains, ils sont pressés d’apprendre, m’a dit Helmut Schon, celui qui parle notre langue. Voilà. Je vous laisse avec eux.  Nous devons préparer l’inauguration de nos remparts. »

     Hantz Burg, qui parle le germain, a commencé l’enseignement du maniement d’épée à la moitié du groupe des Germains. Beaucoup de ces huit apprentis soldats ne savent pas manier l'arme correctement.

     Hantz les fait s’affronter en duel. Quatre paires de duellistes.  Son œil vigilant les observe. Il rectifie les postures, conseille des positions d’équilibre, et leur explique comment tenir l'épée de façon à ne pas la perdre. 

     « Si vous perdez votre épée, vous êtes morts ! » leur dit-il.

     Puis les Germains s’affrontent, affrontent Hantz...  Et cela dure jusqu’à midi. Les apprentis gardes sont épuisés, et leurs poignets sont douloureux !

     Les huit autres Germains s'entraînent au maniement de l'arc avec Gaël et Joël.

     « Nous avons déjà appris de nous-même ! tient à préciser Helmut Schon, celui qui parle notre langue.

- Pourtant,  dit Joël, vous ne tenez pas votre arc correctement ! Tout dépend si vous êtes gaucher ou droitier.  Si vous êtes droitier, tenez l’arc de la main gauche. Bien au milieu, au centre de gravité de l’arc. 

      - Comment sait-on où il est, ce centre de gravité ? demande Helmut.  

     - Pour le trouver , explique Gaël, posez l’arc sur l’index tendu, et faites- glisser dessus jusqu’à l’équilibre. Le centre de gravité est là, sur votre doigt. Je vous montre. Vous devez tenir l’arc verticalement, deux doigts au-dessus du centre de gravité, et deux doigts au-dessous. Le pouce sert à fermer l’étau pour maintenir l’arc bien plaqué contre les premières phalanges des quatre doigts.

      - Les premières quoi ? !  interroge Helmut Schon.

      - Les phalanges... Ce sont les os des doigts, là, ceux que je vous montre... Maintenant que votre arc est bien calé, vous prenez une flèche, vous la posez sur votre index, le doigt du dessus tenant votre arc, et l’encoche de la flèche dans la corde. Avec votre main droite, pour les droitiers, vous tirez sur la corde, en plaçant l’index au-dessus de la flèche, le majeur sous la flèche, et la corde dans le pli de la dernière phalange.  Essayez ! »

     Et les Germains essaient, guidés par leurs instructeurs.

 - C’est pas mal, les jeunes !  dit Joël. Cet après-midi, nous ferons du tir sur cible. Vous apprendrez la balistique ! 

     - La bali...quoi ? ! s'étonne encore Helmut.

     - La balistique... C'est la science qui étudie le mouvement des projectiles. Vous apprendrez à estimer les distances pour bien faire arriver vos flèches où elles doivent arriver ! »

    Dillon, François et le Borgne s’occupent des gens d’arme, leur enseignant les esquives lors de combats rapprochés, le lancer de couteau, les bons gestes du maniement de la lance, et de l’arc, le tir de plusieurs flèches simultanément, la balistique…

     Les gens d’armes sont studieux, avides d’apprendre ! Hugues, leur chef, passe voir comment se déroulent les cours. Il est content de voir que tous, même les Germains, s’appliquent et retiennent bien les conseils des Capitaines et des gens de Durandalem.

     À midi, après une bonne douche, tout le monde se retrouve au restaurant des thermes de Naborum, à Oderfang, .

     Tous mangent de bon appétit. Dame, l’exercice, ça creuse !

 

     À Durandalem, avec l’aide des gardes en réserve, les cantonniers Pierrot, Claude et Félix érigent le mur d’isolement de la réserve d’eau, afin de la protéger du gel en hiver, et de la chaleur en été.

     Les cinq grands chariots de pierres du Blauersland et quelques charrettes de Tenquin, cela suffira pour terminer le chantier.

     Avec l’aide des forgerons de Durandalem, de mon gendre Jérémoy Mayer et de mes petits-fils Nathan et Léo Mayer, j’installe un circuit de chauffage dans le mur au fur et à mesure de sa construction.

     À midi, le mur est fini ! Nous remballons nos outils.

     « Cet après-midi, leur dis-je, nous mettrons la pression et nous ferons circuler la vapeur, afin de vérifier l’étanchéité du système !  Mais pour l’heure, je vous invite au restaurant des Thermes. Jacou nous y attend. »

     Au restaurant des Thermes, les enfants des trois classes sont surexcités ! Leurs éducatrices leur ont annoncé que cet après-midi, vu qu’il fait beau et chaud, ils iront se baigner à l’étang d’Oderfang, accompagnés par les gens d’armes de Durandalem...

 

Chapitre II      Le chantier de Pont-de-Sarre

 

- Préparation du nouveau chantier

- Vigilance

- Attaques sur la route de Manderen

- Les prisonniers de la route d’Oche

- Les voyages pour pont de Sarre

- Les escortes

- Le chantier de Pont-de-Sarre

- Pont-de-Sarre cité nudiste !

- Rapports du soir

- La cité en chantier

- L’attaque du convoi de mousson

- Les options des thermes de Pont-de-Sarra

- Du charbon sur la colline

- Pont-de-Sarre s’organise

- Les nouvelles douches

- Les nouvelles embauches

- Jeudi 8 mai

- Vendredi 9 mai

- Les Germains du Nord

- Les prisonnières des Germains

- La suite des embauches

- La missive

- L’embauche des douches

- La milice des parents

- Rapports du soir

- Samedi 10 mai

- L’embauche

- Les frelons

- Le premier jour d’ouverture des thermes de Pont-de-Sarre

- L’attaque du convoi de prisonniers

- Les nouveaux embauchés des Thermes de Pont-de-Sarre

-  L’or de Durandalem

- Le dernier repas

- L’inauguration des thermes de Pont-de-Sarre

- Le retour à Durandalem

      

Préparation du futur chantier

 

     Aujourd'hui,  Guenièvre Spohr, Johan et  Pierre Martinet, Alexa Dumas et Christina Hahn, sont les gardes en réserve.

     À Naborum, l’entraînement aux armes des gardes de la cité s'est poursuivi avec intensité ! Tous, à force de persévérance, arrivent maintenant à boucler le tour des remparts en courant sans s’arrêter ! Deux lieues, tout de même...

     Par ailleurs, ils maîtrisent les armes, l’épée, la lance, l’arc, le combat à mains nues, et bénéficient maintenant de tous les pouvoirs que les gardes de Durandalem maîtrisent depuis des décennies : le pouvoir de déplacer à distance les objets, le pouvoir de communiquer par la pensée, le pouvoir de voler...

     Les potions de Chantal ont favorisé l’apprentissage de notre langue. Ce qui permet aux Germains de bien se faire comprendre et de mieux s’assimiler à la population de Naborum.

    À Durandalem, Jacou a convoqué les protagonistes du futur chantier de Pont-de-Sarre au restaurant des Thermes, pour le déjeuner.

     Les cinq rousses Soldates de l'Empire sont là. Je suis également présent, ainsi que Jérémoy, Nathan et Léo. Quant aux gardes présents, ce ne sont pas ceux qui étaient pressentis ! Ce sont Guenièvre Spohr, Johan et Pierre Martinet, Alexa Dumas, et Christina Hahn qui ont été choisis parmi les gardes, d’un commun accord !

      « Eh oui, des gardes jeunes seront sans doute mieux reçus, affirme Alexa Dumas. C'est nous que Helga a désignés, plutôt que ceux qui étaient initialement prévus !  Elle nous a mis en réserve pour ne pas nuire à l’ordre de la garde du jour.

     - Fort bien,  acquiesce  Jacou.  Vous, les gardes, vous êtes donc partants tous les cinq pour cette mission à Pont-de-Sarre ... Nous partirons lundi ! 

     - Oui, Jacou !  Prêts !  dit Pierre Martinet. 

     - Nous aurons le renfort des deux forgerons de Naborum, Jean-Paul et Jean-Pierre Schuss,  précise Jacou.

     - Léa m'a dit que cela lui fera des vacances !  dit Léo.

Et tout le monde rigole.

     Nathan, lui, est encore indécis, par rapport à Valérie son épouse et à ses enfants Robert et Pascal.

      - Et nos ambassadrices ?  demande Jacou.

     - Pour ma part, dit Valérie Burg, partir quinze jours en laissant mes petits seuls sans leur mère ni leur père me paraît difficile. 

     - J’y ai pensé ! répond Jacou. C’est sûr que séparer une famille n’est pas l'idéal ! J’ai demandé à Hélène Basin, ici présente, de venir avec nous s’occuper de tes enfants Pascal et Robert Mayer, pendant notre séjour à Pont-de-Sarre. Elle a accepté. Ainsi, la famille restera ensemble. Dans ces conditions, acceptes-tu de venir ? 

    - C’était une des éventualités que j’avais envisagées. Bien volontiers... Je suis des vôtres, alors ! 

    - Et moi aussi, évidemment !  dit Nathan.

     Les sœurs Hune, Angèle et Agnès, sont partantes, sans souci.

     Les cinq Soldates de l’Empire sont également enthousiastes à l'idée de partir à Pont-de-Sarre.

      - J’ai fait venir une dame de la haute société naborienne, leur dit Jacou. Carole de Saint-Saëns, une grande dame, qui vous inculquera toutes les notions de bienséance et de savoir-vivre qui vous seront nécessaires là-bas.  Vous, les ambassadrices, vous passerez du temps avec elle jusqu’à notre départ.  Cette dame  sera assistée par Apollinaire de Valz, notre barde retraité, féru des mondanités et des mondains de ce monde ! 

     Puis Jacou explique le détail des opérations :

     - Les plans sont établis. En fait, ce sont des copies des infrastructures de Durandalem. Leurs thermes seront bâtis sur le modèle des nôtres, mais sans le restaurant, l’hôtel et les appartements. Les douches communales seront identiques à celle de Durandalem. Il y aura quatre bâtiments ! Deux hôtels déjà existants seront équipés en douches et coins d’aisances.

     Deux grands immeubles seront également construits, sur le modèle de notre résidence, avec un étage de plus !  Et bien sûr, tout le confort que nous connaissons chez nous : les buanderies, les chambres froides, les saunas… 

     Au niveau technique, l’eau sera extraite de la rivière Sarre. Robert s’est déjà penché sur le problème, et plusieurs machines sont déjà prêtes dans les ateliers de la grande forge de Jérémoy.

    Nous devrions avoir des nouvelles des verriers de Meisenthal, qui participeront aussi au projet. Ils nous rejoindront à Pont-de-Sarre, et envoient dimanche un émissaire pour nous le confirmer.  Ils ont une grande réserve de vitres qu’ils emmèneront avec eux. 

     Le Blauersland fournit des pierres depuis une semaine à Pont-de-Sarre.  Les Sarrois ont affrété des chariots qui tous les jours rapportent des pierres. 

   Six des maçons de Manderen, Joseph et Paulin Wirth, Georges et Claude Storm et Paul Bour, seront sur place pour construire les édifices. Ils seront dirigés par leur architecte Isabelle Bour, compagne de Joseph. C'est elle qui a dirigé la construction des remparts de Naborum. Un autre émissaire devrait également nous le confirmer dimanche.

     Les menuisiers d’Oche  seront eux aussi du nombre ! Ils ont eu toutes les cotes nécessaires, et ramènent le personnel et le bois la semaine prochaine. Ils seront six.

    - Et je serai avec eux !  dit Mikael Thiel, le menuisier du village.

 - Nous monterons un village de toile aux abords de la ville, avec nos systèmes d’eau que nous avions à Oche. Certes, ce ne sera pas un hôtel grand luxe, mais nous y serons chez nous, avec nos règles, notamment la nudité ! Nous y hébergerons les verriers, les maçons  et les menuisiers.

     Votre rôle, les gardes, sera de veiller à notre sécurité et à la quiétude de notre campement. Vous serez secondés par des gardes de Pont-de-Sarre, que vous dirigerez. 

   Voilà ! Y a-t-il des questions ? 

     - Qu’en est-il de la nourriture ?  demande Johan Martinet.

     - C’est vrai,  dit Jacou. J’ai oublié de vous en parler. Rassurez-vous, c’est prévu !

     Nous emmenons avec nous des cuisinières !  Manon Germain, de l’ancienne école. Marianne Tritz, des Thermes. Paulette Holz, de la Garderie II. Plus Marlène Basin et Josie Bern pour le service. 

     La viande nous sera fournie par les bouchers de la cité, et nos fermiers de Durandalem nous livreront les légumes tous les jours.

     Bien... S’il n’y a plus de questions... Je vous donne rendez-vous à toutes et à tous dimanche soir, ici même, à dix huit heures, pour notre départ. »

 

      Il est quinze heures.  Au portail Est, une carriole se présente.

     « Qui êtes-vous ?  demande Joseph Spohr.

     - Carole de Saint-Saëns, mandée par Jacou Artz ! 

     - Entrez !  Jacou est aux Thermes, il vous attend ! 

     Prévenu par Joseph, Jacou se rend aux portes des Thermes.

     La carriole arrive. Dame Carole en descend, avec difficulté. Elle a un problème de dos… Jacou connaît bien la vieille dame de soixante-dix-huit ans.

     - Bienvenue Carole !  Je constate que ton dos te fait des misères... Viens, entre. Tu vas prendre une douche chaude, et nous allons voir cela de plus près ! »

    Prévenu par Jacou, Hantz est là, pour prendre en charge la carriole.

     Une fois la douche prise, Jacou emmène Carole dans la salle de massage de Rose Spohr, qui l’aide à s’allonger sur le ventre  afin de se faire palper le dos.

     Son corps n’est plus aussi lisse et bronzé, mais elle a toujours cette croupe que Jacou avait bien appréciée il y a plus de trente ans de cela !

    « Effectivement, tu as une vertèbre déplacée...  Je fais venir Chantal, qui a un bon remède pour que tu ne souffres plus ! »

     Et Chantal arrive et lui fait boire une potion  qui endort instantanément la douleur.

    Alors que Carole est un peu dans les nuages, d’un geste sec, Jacou lui remet la vertèbre en place.  Une petite inhalation d’un autre philtre de Chantal la réveille. Et d’un coup, elle se sent bien!

   « Tu m’avais soignée autrement, jadis !  Tu m'avais massée un peu plus bas que le dos...

     - Oui, je me souviens, sourit-il, de bien doux instants... Mais là, cela n’aurait pas suffi !   Je t’héberge chez moi ce soir et les suivants, je te masserai correctement ! »

     Cela ravit Carole... Et Chantal pressent qu' elle va devoir préparer certaines potions de circonstance pour elle et pour lui !

    Jacou lève Carole et l’emmène nue au restaurant à l’étage.

    « Viens,  je vais te présenter tes élèves !  Ce sont nos futures ambassadrices... »

    Toutes les filles sont nues, et Carole est ravie de voir ces jeunes corps resplendissants de santé.

     « Je te présente Valérie Burg, herboriste aux côtés de Chantal, que tu connais. Agnès et Angèle Hune, buandières aux Thermes. Anne Bonté, Gertrude et Berthe Hoff, Claudine Schmidt et Edeltraud Bour, cinq des douze filles libérées des griffes de Khan le Terrible.

     Dernièrement,  l’Empereur Charlemagne a nommé ces huit filles  Soldates de l’Empire Romain d’Occident. Et c'est à ce titre qu'elles seront les ambassadrices de Durandalem auprès des instances de tous les pays. Nous commencerons par Pont-de-Sarre, qui est en Austrasie, à l’est d'ici. Là-bas, la semaine prochaine, nous allons faire un gros chantier, et nos ambassadrices nous présenteront aux Sarrois. J’attends de toi que tu leur enseignes les bons gestes, les révérences devant les grands, et aussi les bons arguments face à la population. »

     À ce moment Carole voit arriver un homme nu de son âge, avec un corps de son âge....

     « Carole, je te présente Apollinaire de Valz, qui t’assistera dans cette démarche. Il connaît bien le milieu de la noblesse, notamment la noblesse sarroise.

     - Enchantée, Apollinaire !

     - Je suis honoré de vous seconder, Dame de Saint-Saëns ! 

     - L’honneur est pour moi... Votre réputation de barde est arrivée jusqu'à mes oreilles, et j’ai grande hâte de vous entendre chanter ! 

    - Ce sera un grand plaisir de vous distraire, chère Carole, et tantôt, je m‘entourerai de quelques musiciens pour vous charmer ! 

   - Ce sera avec joie ! Les ambassadrices pourraient participer aussi, il est toujours de bon aloi de voir et d’entendre de belles filles chanter...

  - Un de mes musiciens a déjà commencé à les former dans ce sens... N’est-ce pas, mesdemoiselles ? 

     - Oui-da ! dit Edeltraud en riant et en faisant rire toute la troupe, Simon Schmit nous a déjà fait chanter de belle façon, bien haut et bien fort ! 

    - Soit ! Eh bien, commençons...»

     Et les cours de bienséance, de maintien, de révérences s’enchaînent. Les filles sont très appliquées. Elles doivent assimiler sans retard le B-A-BA de toute ambassadrice de qualité.

     De son côté, Apollinaire s’occupe de leur voix, de leur diction, et les fait chanter pour parfaire leur timbre.

Vigilance

 

     Guenièvre Spohr, Johan Martinet, Alexa Dumas, Pierre Martinet et Christina Hahn, sont les gardes en réserve aujourd’hui.

     Un cavalier se présente de bon matin devant le portail est. Gretel Wilkinson et André Martinet sont de garde.

     « Qui va là ?  demande Gretel.

     - Paul Bour, maçon de Manderen, accompagné d'un garde.  Je viens voir Jacou Artz ! 

     - Entrez...  Jacou est aux Thermes, c'est au bout du village ! 

     - Merci Gretel ! Je connais ! » répond Paul, au grand étonnement de la rousse, qui ne l’avait pas reconnu.

     Prévenu par Gretel, Jacou accueille les deux visiteurs. Ils se rendent au coin des boissons, après être passés par la douche traditionnelle en ces lieux.

     «  Les maçons se mettent en route, dit Paul, ils seront là ce soir et partiront avec vous demain matin ! Nous serons sept, avec Isabelle, comme prévu ! 

     - Parfait, dit Jacou  Je réserve des chambres pour eux à l’hôtel. À notre retour de Pont-de-Sarre, nous inaugurerons ensemble les fortifications de Naborum ! 

     - Ce sera avec plaisir ! ».

 

     Un chariot se présente au portail est, deux cavaliers en armes sur les côtés.

     Gretel se penche à la fenêtre de la salle de garde, les seins pendant dans le vide. Ce qui ne manque d'émoustiller le conducteur du chariot :

     « Wouhahou !

     - Mais à part ça, qui êtes-vous ? .

     - Je suis Alphonse Bach, vitrier de Meisenthal, et je viens voir Jacou. 

     - Et ces deux soldats ?  s'enquiert Gretel, l’arc déjà à la main.

     - Ce sont mes gardes!  Les routes ne sont plus sûres, du côté de Meisenthal...

     - Entrez, dit André Martinet, Jacou  est aux Thermes, au bout du village ! 

     - Oui, merci, je me souviens...

     À leur arrivée aux Thermes, les vigiles, prévenus par André , sont déjà en position, arcs bandés, prêts à tirer..

     - Posez vos armes, les rassure Jacou, ce sont des amis !  Mais pourquoi venir avec des gardes ?  Venez, messieurs, vous me direz tout à l’intérieur ! 

     Une fois passées les douches, Alphonse explique :

    - Du côté de Meisenthal, des pillards sévissent sur les routes, et attaquent les voyageurs !  Ce n'est que grâce à nos deux gardes, qui ont tiré toutes leurs flèches, que nous avons pu leur échapper. Demain, un convoi de six chariots doit partir de Meisenthal pour Pont-de-Sarre, pour sûr ils se feront attaquer aussi...

     - Pas de panique, assure Jacou, nous allons les escorter ! »

     Et convoquant Dillon, Jacou organise une défense qui ira rejoindre Meisenthal aujourd’hui même.

     Dillon fait venir les gens d’armes Christian Hahn, Alice , Aline  et Pascal Spohr, et leur explique leur mission :

     « Vous allez à Meisenthal, à 20 lieues d’ici, pour protéger le convoi de verre qui part demain pour Pont-de-Sarre. Vous trouverez le patron, comment s’appelle-t-il ?  demande Dillon à Alphonse.

     - C’est Helmut Bour, notre vétéran.

     - Vous accompagnerez les chariots jusqu’à Pont-de-Sarre. Il y a des pillards sur la route, n’ayez aucune pitié pour eux ! 

     Et aussitôt, les gens d’armes s’envolent, vite rappelés par Dillon.

     « Mais vous devriez vous habiller un minimum ! » dit-il en riant.

     Et, une fois vêtus d’une tunique, leur carquois et arc en bandoulière, les gens d’armes s’envolent vers Meisenthal, qu’ils atteindront en deux heures.

     Jacou alors invite les émissaires de Meisenthal à profiter des Thermes, et des bienfaits qu’ils apportent.

     Alphonse Bach est accompagné par Henri Quat et par François Pommier.

 

Attaques sur la route de Manderen

 

       Dillon, de son côté, appelle les frères Bauer, et leur demande d’aller à la rencontre des maçons partis de Manderen vers Durandalem. On ne sait jamais, les routes ne sont pas sûres.

     Aussitôt, Le Borgne et François Bauer s’élancent, nus, en direction de Manderen, arc et carquois en bandoulière.

     Au bout d'une heure de vol, ils aperçoivent, à l’orée d’un bois, une poignée de marauds en embuscade, guettant un convoi de deux chariots. Il s’agit bien des chariots des maçons de Manderen ! François reconnaît leur marque sur la toile. Alors ils se postent devant les chariots, avant d’être à portée de tir des marauds.

      Les maçons reconnaissent les soldats nus dans les airs... Ce sont les gardes de Durandalem !!!  Un danger est donc imminent.... Ils font halte. Les marauds jaillissent soudain de leur cachette et galopent vers les chariots, mais ils sont aussitôt fauchés dans leur élan par les deux Capitaines. Leurs  flèches meurtrières ne pardonnent pas !

     Six corps sans vie gisent, que les maçons enterrent sans tarder. Ils récupèrent leurs chevaux, leurs armes, leurs effets, et aussi des médailles qui laissent supposer, hélas, des meurtres de religieux. Ils brûlent ensuite les habits des marauds, creusent un grand trou afin d’enterrer les corps, et continuent leur chemin, les frères Bauer étant assis à côté des charretiers.

     Peu avant Téterchen, ils sont à nouveau attaqués par une bande de pillards à cheval. Une dizaine de gaillards hirsutes, qui hurlent en chargeant ! Mais nos deux Capitaines sont loin de paniquer pour autant. Tranquillement assis sur les bancs de conduite, sans essuyer la moindre riposte, deux flèches par arc, en trois tirs, ils déciment sept des assaillants.

     Voyant cela, le groupe de trois cavaliers restant s’enfuit affolé. Mais les deux frères ont tôt fait de les dépasser par les airs, et  leur ordonnent de s’arrêter, sous peine de mort ! Devant ces démons nus surgis du ciel devant eux, les trois cavaliers, jetant leurs armes, descendent de cheval, et implorent leur pitié.

   Un groupe de villageois à cheval arrive alors. Ils voient les trois hommes à genoux.  Ils reconnaissent les chefs des hommes qui ont pillé leur village. Et sans aucune forme de procès, ils les mettent à mort de leurs épées, fourches, faux, et autres bâtons.

     « Qui êtes-vous ? Des dieux nus, des justiciers du ciel ?  demande un des villageois.

    - Nous ne sommes pas des dieux, dit Le Borgne, juste des soldats qui maîtrisent le vol !  Prenez leurs chevaux et leurs rapines, ils vous appartiennent désormais !   Et enterrez ces malheureux, avant qu’ils ne répandent la peste... »

Puis les chariots continuent leur route vers Durandalem, sous les acclamations des habitants de Téterchen,  qui se trouvent débarrassés de ce fléau. 

    « Espérons, soupire François, que la fin du voyage sera plus calme ! » .

     Ils arrivent enfin au portail est de Durandalem.

     Gretel vient juste de prendre son poste de 18 heures. Nos Capitaines sont ravis de leur vision de la fenêtre de la salle de garde, d'où dépassent deux beaux seins encore fermes...

     « Qui va là ? 

       - Les Capitaines François et le Borgne ! » .

      Gretel ouvre le portail, et les deux chariots suivis de six chevaux, entrent dans le village, et s’arrêtent à l’auberge. Dillon s’y trouve, avec Gabriel.

      « Riche idée que de nous avoir envoyés à la rencontre des maçons ! dit le Borgne. Nous avons essuyé deux attaques !

     - La première non loin de Manderen, précise François. Six marauds voulaient tendre une embuscade, nous sommes arrivés juste à temps ! Et nous avons récupéré leurs six chevaux ! 

     - La deuxième, près de Téterchen, complète le Borgne. Dix pillards à cheval avaient attaqué le village, et voulaient s’en prendre à nous ! Mal leur en prit ! Nous en avons liquidé sept sur leurs chevaux ! Les trois qui restaient se sont rendus, mais les villageois furieux sont arrivés, et les ont mis à mort sur-le-champ ! Nous leur avons laissé les dix chevaux. 

     - Grand merci à vous ! dit alors le chef d’équipe des maçons. Sans vous, nous ne serions plus de ce monde  ! »

       Dillon en réfère à Jacou, qui décide alors d’envoyer une patrouille à la rencontre des menuisiers d’Oche.

       Il convoque alors les jeunes Aimé et Jean d’Ortega, Jeannot  et Jacky Muller.

      « Je vous confie une mission : partez à la rencontre des six menuisiers d’Oche, qui sont sur la route de Pont-de-Sarre, au Sud d’Oche. Ils sont en chariots, quatre ou cinq chariots, vous les trouverez facilement. Allez-y en volant, le plus rapidement possible. Vous les défendrez contre d’éventuels bandits, et les convoierez jusqu’à Pont-de-Sarre demain. Nous, nous y serons déjà, nous partons demain de bonne heure.  Allez, braves vigiles, et bon vol ! »

     Et les quatre vigiles s’envolent vers Oche, pour rejoindre la route du Sud.

 

   Arrivés à  Meisenthal, les gens d’armes Christian Hahn, Alice, Aline et Pascal Spohr  se présentent à Helmut Bour, le vétéran des verriers :

      « Nous sommes envoyés par Jacou Artz, le bourgmestre de Durandalem. Aujourd'hui,  vos émissaires ont été attaqués sur la route , mais ils ont pu arriver sains et saufs à Durandalem.  Demain, c'est nous qui  vous escorterons jusqu’à Pont-de-Sarre ! »

     Les verriers sont bien rassurés d’avoir une escorte. Il est déjà arrivé à  plusieurs des leurs de se faire attaquer par des pillards !

Les prisonniers de la route d’Oche

 

     Sur la route de Pont-de-Sarre, en venant d’Oche, les vigiles aperçoivent au loin les cinq chariots des menuisiers, arrêtés. Manifestement, ils sont prisonniers d’une horde de guerriers, une bonne trentaine d'hommes sur de petits chevaux. Les vigiles alors se posent dans un bois, et élaborent un plan.

      Ils vont attendre la nuit pour délivrer les menuisiers, puis ils s’occuperont des bandits. Ils profitent du fait que les bandits bâfrent presque tous autour d’un grand feu. Ils n'ont laissé que trois hommes pour garder les prisonniers.

    Les trois sont abattus en silence, d’en haut, d’une flèche dans l’œil, sans qu'ils aient le temps de pousser un cri ! Les vigiles alors libèrent les menuisiers. Deux sont blessés et ne peuvent pas marcher. Ils sont portés par leurs compagnons. et, en silence, ils s’éloignent du camp des bandits.

     Ils sont mis en sécurité, hors de portée, cachés dans le bois.

     « Restez ici, dit Aimé. Faites silence, nous allons nous occuper d’eux ! »

    Les vigiles alors s'en retournent au-dessus du camp et font fuir les chevaux. Ce qui alerte les bandits qui courent derrière leurs montures dans la nuit.

    Ils sont abattus, un par un... Ils ne comprennent pas ce qui se passe, et voient leurs comparses tomber comme des mouches.

    Jean d’Ortega retourne alors au camp. Les bandits ont découvert leurs gardiens abattus, et leurs prisonniers ne sont plus là ! Ils se munissent alors de lances enflammées... Cibles bien éclairées sur lesquelles Jean fait un carton !

    De leur côté, les trois autres vigiles, invisibles dans le ciel noir, éliminent tous les bandits qui courent derrière les chevaux. Bientôt, tous les bandits sont à terre. Il était temps. Les vigiles sont à court  de flèches ! Ils descendent alors, achèvent les blessés avec leurs propres armes, et récupèrent les flèches sur les cadavres.

    À la lueur des torches, ils découvrent le faciès des bandits. Yeux bridés, teint jaune.  Ils ne sont pas grands, 5 pieds tout au plus, tout comme leurs petites montures.

    En fouillant dans leurs affaires, à défaut de vrais remèdes, ils trouvent de quoi soulager les menuisiers blessés à la cuisse par des flèches.

    Ils trouvent aussi des outils, et commencent à creuser un trou pour ensevelir les bandits.

 

     À présent, à Durandalem, les leçons de maintien de Carole de Saint Saëns et d'Apollinaire de Valz sont finies.

     Apollinaire propose à Carole de venir boire un verre chez lui, dans son appartement des cantonniers.

     Carole accepte volontiers, et les voilà, bras dessus bras dessous, se dirigeant vers le nid d'amour d'Apo.

     Apollinaire a pris soin auparavant de demander à Chantal de quoi leur faire passer à tous deux une bonne soirée !

Et il a prévenu discrètement Jacou que cette nuit, Carole ne viendra pas dormir à l’école ...

     Une fois sur place, Apollinaire, qui s'est mis à l'aise,  offre à Carole un verre d'une liqueur de Child.

    « Quel bel homme nu...Quelle prestance...Tu es vraiment bien conservé pour ton âge, Apollinaire ! 

     - Oh, mais tu peux m’appeler Apo, voyons... Et toi, et toi... Cette tunique légère... Permets donc que je t'en débarrasse... Eh, tu n'es pas mal conservée toi non plus, ma Carole ! »

    Et les presque octogénaires  trinquent tout émus à leur rencontre. Rencontre tardive certes, mais toute la nuit est à eux ! Versée dans le verre de liqueur, la potion de Chantal va donner de la pêche et bien des envies aux deux vieux mondains...

 

... Et les deux amants s’embrassent encore longuement, longuement... comme pour rattraper des dizaines d’années de retard !

Les voyages pour Pont-de-Sarre

 

     Lundi 5 mai

     À Meisenthal, dès l’aube, quatre chariots sont attelés, et les voilà partis pour Pont-de-Sarre.

     Hantz Schmitt, soixante deux ans, Ludwig Beet, soixante ans, Wolfgang Mose, cinquante neuf ans, et Adolf Gleb, cinquante trois ans, sont aux rênes. Helmut Bour, soixante trois ans, est avec les gens d’armes à l’arrière du premier chariot.

 

       À Durandalem, les préparatifs sont terminés. Tout le monde embarque à bord des chariots. Deux cavaliers se présentent devant le portail est.

     « Qui êtes-vous ? demande Gretel Wilkinson, de garde avec Hankel Thiel.

     - Jean-Paul et Jean-Pierre Schuss, forgerons de Naborum. Nous sommes mandés par Robert Schmit !

     - Entrez, Robert est juste à côté, à l’écurie ! »

     Il y a là plusieurs chariots. Un chariot transporte les ambassadrices Soldats de l’Empire ainsi que les enfants de Valérie Burg et leur nounou, Hélène Basin.  C'est Hantz Burg qui est aux rênes.  Il a laissé les frères Walsch continuer l’entraînement des gardes de Naborum.

      Un autre chariot est occupé par les cuisinières, Manon Germain, Marianne Tritz, Paulette Holz, Marlène Basin, Josie Bern, et par tout le nécessaire en matériel et en denrées. C'est Albert Tritz, cuisinier de la résidence, qui tient les rênes.

      Nous, les forgerons, c'est-à-dire moi-même, Jérémoy, Nathan, Léo et les deux frères Schuss de Naborum,  nous occupons un troisième chariot, le plus grand, tiré par quatre chevaux. Nous emportons nos outils, de quoi installer des douches dans le campement, et des générateurs de vapeur de toutes tailles pour les douches communales, pour celles des thermes et des hôtels. Ce sont Nathan et Léo qui conduisent.

      Deux autres chariots transportent les maçons et leur matériel.

      Enfin, un dernier chariot transporte Jacou, avec moult fioles et remèdes en tous genres pour parer à toute éventualité. Marie Brett, le médecin, est elle aussi à bord, ainsi que les gardes Guenièvre Spohr, Johan et Pierre Martinet, Alexa Dumas,  et Christina Hahn .C'est Pierre Martinet qui tient les rênes.

      Et c’est le départ. Gretel ouvre grand le portail, et salue Jacou qui ferme la marche, assis à l’arrière du dernier chariot.

 

Les escortes 

 

       Quand le jour se lève, sur la route Sud venant d’Oche, des cadavres jonchent le sol dans les champs.

       Les vigiles ont récupéré toutes leurs flèches, et ramènent les corps des bandits à distance. Ils en dénombrent trente-deux au total.

       Aidés par les menuisiers valides, ils dévêtent les bandits, et les jettent nus dans la fosse qu’ils ont creusée. Ils mettent le feu aux habits et balancent les cendres dans la fosse, avant de la refermer.

       Puis ils rassemblent les chevaux éparpillés dans la prairie. Ils n’avaient jamais vu cette race !

       Entreposées sur un tas, les selles  sont équipées de sacoches remplies de monnaies diverses, de bijoux, d’argent et d’or que les bandits ont pillés sur leur chemin.

       Des parchemins dans une langue inconnue sont aussi découverts. Pour sûr, cela intéressera Jacou !

       Enfin, le convoi de chariots reprend la route,  les chevaux accrochés derrière. Les blessés sont confortablement installés dans l'un des chariots, Jean les informe qu'ils seront soignés en arrivant à Pont-de-Sarre.

       Pendant le voyage, ils font plus ample connaissance.

       « Je m’appelle Victor Rous, je suis le maître compagnon menuisier. Et voici Amédée Kris, mon second, qui est blessé.  Bertrand Schenk et Aloïs Prist sont menuisiers, ainsi que les jumeaux Hantz et Ludwig Tramp, des convoyeurs que nous avons embauchés pour l’occasion. Hantz est l’autre blessé. 

     - Enchantés ! Moi, je suis Jean d’Ortega, voici mon frère jumeau Aimé, et les jumeaux Jacky et Jeannot Muller. Nous sommes des vigiles des Thermes de Durandalem.

     - Vous paraissez bien jeunes pour être vigiles !  s'étonne Bertrand Schenk. 

     - Nous avons vingt-et-un ans, mon frère Aimé et moi, et les Muller dix huit ans.

     - Mais nous sommes aguerris aux armes depuis l’âge de quinze ans, comme tous les jeunes de Durandalem ! ajoute son frère.

     - Les Thermes de Durandalem, je connais ! dit Victor Rous. Avec Amédée, nous avons livré le bois pour les construire, il y a plus de trente ans de cela ! Nous avions à l’époque déjà découvert vos super-pouvoirs...  Et grâce à ces pouvoirs, vous venez de nous sauver la vie ! Grand merci ! 

     - C’est Jacou qu’il faudra remercier, précise Jean. Il pressentait ce genre de problème, et nous a envoyés à votre rencontre !  Nous devrions arriver en fin d’après-midi... » 

 

       Sur la route en venant de Meisenthal, des bandits ont barré le passage en abattant un gros tronc d’arbre.

     « Ce sont probablement les mêmes que ceux qui ont attaqué notre compagnon, hier !  dit Helmut Bour.

     Le convoi s’arrête, et sept bandits sortent des fourrés, armés d’arcs. Ils se postent derrière le tronc, et l’un d’eux vocifère :

     - Donnez-nous votre or, et vous aurez la vie sauve ! »

     Caché dans le chariot,  Christian Hahn , par la pensée, fait alors rouler l’énorme tronc vers eux, écrasant les jambes de trois des bandits, qui hurlent de douleur. Les trois autres gens d’arme, Alice, Aline, et Pascal Spohr, jaillissent aussitôt du chariot, et avant que les bandits ne comprennent ce qui se passe, éliminent ceux qui étaient encore debout.

     Puis, s'approchant des trois prisonniers du tronc, ils les achèvent d’une flèche dans l’oreille.

     Christian dégage alors le tronc, et les gens d’arme creusent un trou pour y enfouir les corps dénudés des bandits, avoir récupéré leurs flèches et brûlé leurs hardes puantes.

     Un peu plus loin, ils récupèrent en plus six chevaux, et une charrette attelé de deux chevaux, chargée du butin des pillages.

      « Voilà une affaire rudement bien menée ! se réjouit Helmut Bour. Je plains les prochains qui oseront vous attaquer !

      - Ils subiront le même sort ! dit Pascal. Pas de pitié ! La région doit redevenir sûre ! »

     Et le convoi reprend la route pour Pont-de-Sarre.

     Un peu plus loin, cinq cavaliers, arcs tendus, les arrêtent ! Les malfrats ont manifestement reconnu la charrette chargée de butin.

     « Où sont les propriétaires de cette charrette ? s'enquiert celui qui avance en tête. Qu’avez-vous fait d’eux ?

     - Ceci ! 

     Sur ces mots, les quatre gens d’arme, décochant simultanément leurs flèches, deux par arc, tuent net les cinq cavaliers, qui tombent de leurs montures, une flèche entre les deux yeux.

     - Bon, ben, à force, on va devenir  fossoyeurs professionnels! remarque Alice  en riant et en sortant déjà la pelle.

     Une fois les cavaliers enterrés et leurs braies brûlées, le convoi repart.

     - Cela va nous mettre en retard !  regrette à demi Adolf Gleb. 

 

     Alice propose d’aller par les airs reconnaître la route.

     - Bonne idée, je t’accompagne !  dit sa sœur Aline.

     Et les deux filles s’envolent et observent la route au loin.

     Elles reviennent peu de temps après.

      - Il y a une troupe d'au moins vingt hommes à pied, prévient Alice, avec deux chariots et dix cavaliers. Ils viennent par ici...  Ils n’ont pas l’air amicaux ! 

      - Ils sont à une lieue, confirme Aline. Ils nous ont tiré dessus ! 

      - On va leur tendre un piège !  dit alors Pascal. On va leur envoyer des plaques de verre ! 

      - Bonne idée, acquiesce Adolf. On en a qui n'ont pas été polies, et tranchent comme des rasoirs ! »

      Alors les gens d’armes sortent en lévitation les plaques de quatre pieds par quatre, et les maintiennent à cinq pieds du sol.

     Quand les hommes à pied aperçoivent les chariots, ils se mettent à courir vers eux l’épée à la main, tandis que les cavaliers restent derrière, armés d’arcs.

       Pascal lance alors la première plaque vers les bandits en la faisant tourner sur elle-même. Elle arrive parmi eux, tranchant des têtes, des bras, puis  des jambes, pour enfin exploser sur le sol, projetant des débris de verre qui atteignent les cavaliers.

      La deuxième plaque, plus haute, décapite trois chevaux, et coupe en deux les trois cavaliers derrière.

       La troisième plaque arrive à son tour, coupant des bras des jambes, des troncs, tournoyant sur place et descendant, coupant en rondelles les malheureux bandits, avant d’exploser elle aussi, envoyant ses débris de verre tranchants partout à la ronde.

       Bientôt la route n’est plus qu’un charnier. Des débris humains jonchent la route, rouge de sang, parmi les débris de verre.

       Quelques hommes s’enfuient, mutilés. Les cavaliers aussi tentent de fuir.

      Alors Aline et Pascal montent dans les airs, dépassent les fuyards, et leur faisant face, les mitraillent d’en haut de leurs flèches, ne leur laissant aucune chance !

       Quelques hommes blessés gémissent, les gens d’arme les achèvent d’un coup d’épée.

       Il ne reste aucun survivant. Deux chevaux criblés d’éclats de verre sont abattus. Les gens d’arme récupèrent quatre chevaux en bonne santé, avec simplement quelques éclats de verre, qui pourront être soignés.

       Les deux chariots restés derrière, quant à eux, sont intacts. Les quatre chevaux aussi. Les charretiers, voulant riposter, sont abattus sans sommation.

       Dans l'un des chariots, les gens d’arme trouvent trois filles en haillons, des jouvencelles blondes, tremblantes de peur.

       « Ne craignez rien ! leur dit Aline. Nous sommes des amis, vous êtes sauvées maintenant ! 

       - Qui êtes-vous ? demande Alice. D’où venez-vous ? 

       - Nous sommes les sœurs Halot, Giselle et Isabelle, nous sommes jumelles de quinze ans, et notre petite sœur Anaëlle a quatorze ans.

      Nous venons des environ de Gmunden, les bandits ont attaqué la ferme de nos parents, et les ont tués !  dit Giselle, fondant en larmes.

      - Toute nos condoléances pour vos malheureux parents ! dit Pascal. Mais maintenant, vous êtes avec nous, et nul ne vous fera jamais plus de mal !  Nous allons à Pont-de-Sarre, non loin de Gmunden. Avez-vous de la famille par là-bas ? 

       - Hélas non, répond Giselle, nous ne sommes pas originaires de la région. Nos parents viennent de Lugdon. »

       Après un nettoyage du carnage sur la route, tous les débris sont ensevelis. Les cadavres humains et les chevaux, les restes d'habits marqués d’un emblème de chauve-souris, tout cela est brûlé, et l’énorme trou est rebouché.

     « La pluie se chargera de parfaire le nettoyage ! »  conclut Ludwig Beet.  

 

     Et le convoi repart, de plus en plus long.

     En plus des quatre chariots présents au départ, il y a maintenant six chevaux et une charrette attelée de deux chevaux, récupérés lors de la première attaque, cinq chevaux récupérés à la deuxième, et deux chariots attelés à quatre chevaux, ainsi que quatre chevaux légèrement blessés, et bien sûr, les trois sœurs Halot, rescapées de la troisième !

       Pascal part devant pour estimer la sûreté de la route. Mais il ne rencontre plus de nouvelle entrave à leur marche.

       Les voici à Pont-de-Sarre. Jacou les accueille.

       « Bienvenue, les verriers de Meisenthal ! 

       - Merci Maître Artz ! dit Helmut Bour.  Riche idée de nous doter d’une escorte ! 

       - Pour ça oui, dit Alice... Nous avons été attaqués trois fois !  

       - Et nous avons sauvé trois jouvencelles, poursuit Aline. S’il y a un médecin parmi vous, cela serait bien de les examiner ! »

       Aussitôt Jacou appelle Marie, et les sœurs Halot lui sont aussitôt confiées.

      « Nous avons aussi quatre chevaux blessés par des coupures de verre, rajoute Pascal. Il faudrait les soigner ! »

       Jacou appelle Hantz et lui dit de s’en charger.

       « Maintenant, messieurs les verriers,  racontez-moi votre voyage, qui semble avoir été mouvementé ! » 

       Wolfgang Mose raconte dans le détail les embuscades, les attaques, le tronc, les plaques de verre…

     « Ce fut un massacre !  dit-il en rigolant.

     - La première fois, récapitule Christian, nous avons abattu sept bandits. La deuxième fois,  cinq. Et la troisième, ce fut carrément l’hécatombe, avec trente-quatre éliminés ! .

     - Et en sus, précise Pascal, nous avons récupéré vingt et un chevaux et trois chariots... Gageons que la route de Meisenthal sera plus sûre, maintenant ! 

     - Je n’en doute pas !  acquiesce Jacou. Bravo à vous, fiers gardes !  Le campement est en place. Allez vous doucher et vous restaurer, puis vous reposez-vous, vous en avez besoin ! Je passerai vous donner des remontants dans la soirée. »

    Peu de temps après, le convoi venant d’Oche  arrive à son tour au camp.

    « Nous avons des blessés ! annonce Jean d’Ortega.

    - Graves ?  demande Jacou.

    - Deux blessés d'une flèche dans la cuisse. Depuis hier, nous n’avons pas pu les extraire...

    - Amenez-les chez Marie, dans sa tente. Elle va s’en occuper ! Racontez, comment est-ce arrivé ? 

    - Quand les vigiles sont arrivés en vue du convoi, les hordes barbares avaient déjà blessé Amédée et Hantz, et nous avaient fait prisonniers, raconte Victor Rous.

    - Les vigiles ont attendu la nuit pour agir !  continue Aloïs Prist. 

    - Ils étaient plus d’une trentaine, précise Jean. C’eût été risqué de les attaquer de front le jour. Nous avons donc profité de leur dîner. Ils n’étaient que trois gardes à surveiller les prisonniers. Nous les avons tués et délivré ces messieurs, sans bruit ! 

    - Nous avons ensuite fait fuir leurs chevaux, dit Aimé. Et pendant qu’ils leur couraient derrière, nous les avons abattus un à un ! Nous avons récupéré leurs chevaux.  Une race que je n’ai jamais vue... De petits étalons à grande crinière. Voyez, il y en a trente-deux ! 

    - Et voilà des parchemins trouvés sur eux, dit Jean, mais je ne comprends pas ce qui est écrit ! 

     Et il tend les parchemins à Jacou.

     - Hum, très intéressant...  Je vais regarder cela de près ! Merci d’avoir sauvé les menuisiers d’Oche.  Allez maintenant prendre un repos bien mérité...»

 

     Il fait déjà nuit quand le convoi venant de Mousson arrive au camp de Pont-de-Sarre.

     « Nous avons subi une attaque, annonce Léonard de Wendel, mais les archers de l’Empereur ne leur ont laissé aucune chance... Dix bandits  éliminés ! 

     - Et nous avons récupéré leurs chevaux !  dit l'un des soldats.

     - Messieurs les soldats de l’Empereur, merci...  Allez donc vous restaurer à la tente de l’office !  Bienvenue Léonard... Je vois que tu as amené du renfort !  Qui sont ces six jeunes gaillards qui descendent des chariots ?

     - Je te les présente : les quatre fondeurs  Paul Nagel, Georges Stand,  Venceslas Dörm et Agar Dörm,  et les deux forgerons Michel Pilna et Roger Mour.  Mercredi arriveront six autres chariots conduits par des soldats de l’Empereur, avec des canalisations, plus deux qui iront à Oche. »

 

     Et voilà les chariots de pierres du Blauersland, qui arrivent sous bonne escorte !

     « Bienvenue ! Pas de problèmes, messieurs ?  demande Jacou au premier charretier, Helmut Fritz.

     - Oh, comme d'habitude, rigole Helmut Fritz.  Une attaque, trois morts, et deux chevaux de plus. La routine, quoi !

     Les quatre gardes, Adolf Rimmel, Paulus Kern, Gorg Pietra et Boris Elsie confirment ! Les pillards se sont quasiment suicidés... »

    « Décidément, rigole Helmut de plus belle, les routes deviennent trop sûres !  Nous finirons par ne plus trouver de nouveaux chevaux en cadeau...

      - Aussi, dit Peter Glome, le deuxième charretier, quelle idée d'avoir attaqué quatre gardes armés à trois... Il ne fallait pas qu'ils soient malins ! 

     Tous sont maintenant arrivés à bon port. Jacou réunit tout le monde.

     « Mesdames et Messieurs, après cette journée mouvementée pour beaucoup d’entre vous, cette nuit vous apportera toute la quiétude souhaitable.  Comme vous le constatez, l’espace qu’on nous a alloué. est clos, Donc, ici, nous pourrons vivre nus.

     Permettez que je vous présente trois nouvelles recrues, Giselle Halot, 15 ans, sa sœur jumelle Isabelle, et leur petite sœur Anaëlle Halot, 14 ans. Orphelines... Leurs parents ont été tués par les bandits, qui les ont faites prisonnières. Ils voulaient les vendre comme vierges, ce qui leur a épargné des sévices sexuels de leur part.

     Dorénavant, elles vont vivre avec nos Soldates ambassadrices. Elles sont d’office citoyennes de Durandalem ! 

     - Bienvenue, les filles ! clament alors toutes les personnes présentes ».

     Jacou continue.

     -  Nos vaillants soldats, gardes et vigiles nous ont débarrassé aujourd’hui d’un grand nombre de bandits qui infestaient les chemins de l’Austrasie. Ils en ont tué au total cent dix-neuf !  Oui, cent dix-neuf, vous avez bien entendu !  Et récupéré trente-sept chevaux ! Sans eux, point de verriers, de maçons, de fondeurs, de menuisiers et de tailleurs de pierres... Aucun ne serait arrivé à bon port !

     Mais ici, nous ne risquons plus rien. Les soldats de Pont-de-Sarre surveillent les alentours, et nous avons nos gardes qui veillent sur votre quiétude ! Reposez-vous, mangez, buvez, mais pas de trop, et couchez vous tôt. Demain, début des choses sérieuses !  Nous commencerons nos travaux. Le bourgmestre de la ville Oscar Fontaine et ses conseillers viendront ici nous expliquer ce qu’ils attendent de nous. »

 

     Se retirant sur sa couche, Jacou examine à la lueur d’une torche les étranges parchemins trouvés sur les bandits.

     Il reconnaît l’écriture de haut en bas des provinces de l’Orient, au bout de la mer d’Orient...  À l’Ouest des terres mayas qu’il a visitées jadis avec son Maître Sirius, alors qu’il n’était qu’un adolescent, et qui lui avait appris à déchiffrer cette écriture.

     Un de ces parchemins raconte une légende. Cela parle d'un trésor, et de pouvoirs de vie éternelle.  Ce serait situé dans un archipel au large de la Grande Mer d’Ouest, et qui, selon le parchemin, s’appellerait l’Atlantide.

     Jacou en avait entendu parler par son Maître, qui lui avait avoué ne jamais avoir réussi à trouver cet archipel, se demandait si ces Atlantes n’étaient pas plutôt originaires de l’Atlas, montagne du Nord de l’Afrique et qui dans les temps anciens étaient fertiles et prospères. Il se demandait quel était le bien-fondé de cette légende.

     Sur un autre parchemin est rédigé un ordre de mission, l'ordre de trouver et de ramener ce trésor, ces pouvoirs et ceux qui les détiennent... Tout au bout des terres d’Orient, sur une grande île dénommée Pays du Soleil Levant.

     Jacou se souvient avoir visité une île, Fuji, aux environs de celle du Pays du Soleil Levant, en compagnie de Maître Sirius et de ses disciples les Mayas jumelles Itzel et Akna, ainsi que le jeune chaman Eadrich et sa compagne Chillán. Ils avaient dû quitter Fuji précipitamment, un volcan crachait des cendres incandescentes sur toute l’île et l’a entièrement brulée.

     Ce soir, que de souvenirs d’un temps lointain se sont réveillés ! Il n’avait alors que douze ans... Il finit par s’endormir, la tête remplie de ces images de ses jeunes années.

Le chantier

 

     Mardi 6 mai

     Le soleil se lève sur le camp des travailleurs, à Pont-de-Sarre.

     Les soldats de l’escorte de Mousson s'apprêtent à rejoindre l’Empereur à Oche.

     « Merci d’avoir escorté nos fondeurs ! dit Jacou. Vous donnerez le salut à l’Empereur ! 

     - Nous n’y manquerons pas ! »

     Et les voilà partis.

     Les deux charrettes sont reparties pour le Blauersland, avec les quatre gardes. Ils seront de retour vendredi.

     Cinq autres charrettes arrivent aujourd’hui, amenant les pierres pour la réserve d’eau. L’emplacement n’est pas encore défini, mais il le sera dans la journée. C'est l'architecte Isabelle Bour qui en décidera.

    Le bourgmestre de la ville a annoncé sa venue.  Pour ce premier contact, Jacou a demandé à tout le monde de s’habiller. Voici l'édile, accompagné par tout un groupe.

     « Je suis Oscar Fontaine, le bourgmestre, et voici mon adjoint, Petrus Kroll ; mon conseiller aux bâtiments, l’architecte Josef Beth ; le chef-forgeron de la ville, Rudy Ferrent ; le maître-compagnon menuisier, Edmond Tanne ; le patron de l’hôtel Victor, Jack Victor, et celui du Majestic, Peter Penh. 

     - Enchanté, messieurs. Je suis Jacou Artz,  bourgmestre de Durandalem, et chef de ce camp. Parlons peu, mais parlons bien ! Si j’ai bien compris, il vous faut donc des douches, une piscine et un sauna dans les hôtels, des douches communales, et des thermes.  

     - C’est bien ça !  dit Petrus Kroll, qui supervise les travaux.

     - Monsieur Beth, voici mon équipe ,  Joseph Wirth, le maître maçon, les maçons Paulin Wirth, Georges Storm, Claude Storm, Paul et Pierre Bour.  Et notre architecte, Isabelle Bour. 

     - Une femme architecte... jeune et belle, de surcroît ! s'étonne Joseph Beth. Ce n’est pas commun ! Bienvenue à toi, Isabelle, et bienvenue à vous, maîtres maçons !

     - Monsieur Ferrent, je vous présente notre Maître forgeron de l’Empire, Robert Schmit, et les forgerons Jérémoy, Nathan et Léo Mayer, et Jean-Paul et Jean-Pierre Schuss. 

    - C’est un honneur que de travailler avec le Maître des maîtres forgerons ! Bienvenue à toi et à ton équipe.

    - Merci Rudy ! dis-je. Tu viendras avec moi au fond du camp tout à l’heure. 

    - Monsieur Tanne, je vous présente les maîtres menuisiers Victor Rous, Bertrand Schenk et Aloïs Prist, l’assistant menuisier Ludwig Tramp, et notre menuisier de Durandalem, Mikael Thiel.

   - Suite à l'attaque des pillards, dit Victor Rous, nous avons hélas deux blessés : Amédée Kris et Hantz Tramp, maître menuisier et assistant. Rassurez-vous, ce n'est pas grave, ils seront opérationnels dans quelques jours. 

     - J’espère que vos camarades se remettront vite de leurs blessures ! répond Edmond Tanne. Quelles sont-elles ? 

       - Une flèche dans la cuisse...

       - Alors ils guériront ! Et c’est tant mieux.  Bienvenue à vous, maîtres du bois ! 

      - Et voici notre équipe de verriers : Hantz Schmitt, Ludwig Beet, Wolfgang Mose, Adolf Gleb, Helmut Bour et Alphonse Bach. Notre menuisier, Mikael Thiel, s’occupera de l’encadrement des vitres. Henri Quat et François Pommier sont leurs gardes et ils protégeront les verriers sur le chantier. 

     Nous avons aussi des gardes pour protéger tous les chantiers : Jean et Aimé d’Ortega, Jeannot et Jacky Muller, Alice, Aline, Pascal et Guenièvre Spohr, Christian et  Christina Hahn, Johan et Pierre Martinet, et Alexa Dumas. »

     Petrus Kroll les toise, et grommelle d'un ton dédaigneux :

     - Hum, ils sont bien jeunes...  Et en plus, pfff... il y a même des filles ! 

     Oscar Fontaine  regarde son adjoint, un peu étonné par ce dédain.

    C'en est trop pour Alexa Dumas, qui s’énerve et rétorque avec véhémence :

       - Apprenez ceci, monsieur Kroll... Ce ne sont ni l’âge ni le sexe qui font les bons soldats, mais leurs qualités et leurs capacités ! Vous souvenez-vous du passage de Khan le terrible qui a dévasté votre ville ?  Oui, bien sûr... Eh bien c'est nous, les gardes de Durandalem, qui l’avons vaincu,  et qui avons tué toute son armée ! Nous étions vingt contre cinq cents, et ils ont tous péri ! Et ce jour-là, face à lui, où étaient-ils donc, vos vaillants gardes ? 

     - Houlà, quel aplomb... Mais tu as raison, jeune blonde pleine d’énergie ! se reprend  Petrus Kroll tout embarrassé. Je ne voulais certes pas offenser les glorieux vainqueurs de Khan...  Je te prie, je vous prie d’accepter toutes mes excuses pour ces paroles irréfléchies et si méprisantes pour les femmes...   Je suis certain maintenant qu'avec vous, nos chantiers seront très bien protégés ! 

      - Nous acceptons vos excuses, se radoucit Alexa.  Pardonnez mon ton un peu vif... Je ne voulais pas non plus blâmer vos gardes qui ont subi cette attaque... Après tout, ils n'avaient pas les pouvoirs que nous avons ! 

     - Alors, cet intermède est fini, conclut Oscar Fontaine. Sachez que nous apprécions toutes et tous votre présence...  

    - Bon, dit Jacou, ça au moins, c’est réglé ! »

Et tout le monde, Alexa et Petrus les premiers, rigole de bon cœur.

 

    Jacou poursuit...

     « Nous avons nos cuisiniers pour nourrir les ouvriers. Bien sûr, vos gens qui travaillent sur les chantiers seront les bienvenus à tous les repas ! Je vous présente l’équipe :  Albert et Marianne Tritz, Paulette Holz, Marlène Basin, et Josie Bern pour le service. 

     Nous avons aussi un médecin, notre médecin de Durandalem, que voici . Je vous présente Marie Brett ! Elle est là pour vous,  elle soignera tous vos maux. N’hésitez pas à venir la consulter, même pour la moindre écorchure. Cela peut s'aggraver , alors ne traînez pas ! Voilà ! Je pense que vous savez l’essentiel...

       Ah, j'allais oublier une chose importante ! Marie Brett vous distribuera une potion qui vous permettra de transporter les charges les plus lourdes sans effort, par la simple pensée. Toutes les ouvrières et tous les ouvriers du chantier pourront en avoir.  C’est même recommandé ! 

     Et une dernière chose tout aussi importante, messieurs de Pont-de-Sarre : Nous sommes toutes et tous nudistes, et nous vivons généralement nus. Nous travaillons nus aussi, et c’est donc nus que nous travaillerons dans votre cité. Évidemment, si vos gens pouvaient suivre notre exemple, ce serait encore mieux !

     Pour celles et ceux qui auraient quelques craintes, je vous signale que nous disposons d'une potion qui annihile momentanément toute pulsion sexuelle. Ce qui permet à tout le monde de travailler plus sereinement ! Marie vous en distribuera sur demande.

     Bien, bien... Cette fois-ci, je crois que c'est vraiment tout. Mesdames et messieurs, au travail ! »

     Et chacun suit le responsable de son corps de métier. Les travailleurs se déshabillent, et les chantiers démarrent.

      Jacou entraîne le bourgmestre.

     « Oscar, je te présente nos ambassadrices :  Valérie Burg, Agnès et Angèle Hune, Anne Bonte, Gertrude et Berthe Hoff,  Claudine Schmidt et Edeltraud Bour.  Elles vont parcourir la contrée pour annoncer partout l’inauguration des thermes de Pont-de-Sarre, comme tu me l’as suggéré.

    - Vous êtes ravissantes !  s'exclame Oscar, admiratif. Jacou, tu n’aurais pas pu mieux choisir ! 

     - Ces ambassadrices sont Soldates de l’Empire, précise Jacou. Nommées par l’Empereur en personne, en son Palais d’Oche ! Et c’est nues qu’elles vont accomplir leur mission... Mesdemoiselles les ambassadrices, vous pouvez vous déshabiller ! »

     Oscar, bien entendu, est subjugué par la beauté plastique de leurs corps...

     Dans les hôtels,  des brigades de forgerons chaudronniers s’activent pour tirer les tuyaux dans les chambres.

      À l'hôtel Victor, Jérémoy est assisté par Bouvi et Gilbert Har, des jumeaux chaudronniers, et par les forgerons Peter Stiouv et Harry Cove. Ils doivent équiper les trois étages de vingt chambres, ce qui fera soixante chambres en tout. Ils commencent par le troisième étage.

      Au Majestic, avec Nathan et Léo, Gaby Korn et Sylvain Aibon, les chaudronniers, sont aidés par les forgerons Raoul Eck et Chris Tamboul pour installer les deux étages de quarante chambres chacun, soit quatre-vingts chambres ! Le deuxième étage est donc fermé pour cause de travaux.

     Les maçons se sont répartis sur  les deux hôtels. Paulin Wirth et Georges Storm, assistés des maçons de Pont-de-Sarre Jésus et Hantz Vorm, se chargeront de l'hôtel Victor, et Claude Storm et Paul Bour, assistés de Hubert et Albert Vorm s'occuperont du Majestic.

     Derrière les deux hôtels, on monte des tours supportant les cuves et les chaudières.

     Isabelle définit les fondations des quatre douches communales. Une fois les tracés réalisés.   Les maçons Joseph Wirth et Pierre Bour, assistés d' Antoine Binz et de Josef Pouls  et de quatre apprentis construiront les bâtiments les uns après les autres.

    Puis elle s’occupe de tracer les fondations des thermes, avec l’aide de deux terrassiers de Pont-de-Sarre, Félix Pot et Nestor Venis.

     Les verriers, Hantz Schmitt, Ludwig Beet, Wolfgang Mose, Adolf Gleb, Helmut Bour et Alphonse Bach se sont installés dans une grange. Ils préparent les vitres pour les douches communales, les annexes des hôtels et les Thermes.

     Mikael Thiel, s’occupera de l’encadrement des vitres, avec Fulbert Dejeu et Gauthier Payan, les menuisiers de la ville.

     Les bâtiments annexes des hôtels auront eux aussi des grandes baies vitrées.

 

     Les menuisiers d’Oche sont  installés dans un hangar.  Ils préparent les planchers et les charpentes pour les bâtiments. Sont avec eux deux charpentiers et trois charpentières de Pont-de-Sarre : Alex Miot, André Tourdy, Philomène Tabark, Louise Atak, et Germaine Ladanz.

 

     Quant à moi, je suis avec Rudy Ferrent, le maître forgeron, dans un coin du camp, sous une tente où sont remisées mes inventions. Les fondeurs de Mousson, Léonard de Wendel, Paul Nagel, Georges Stand, Venceslas Dörm, et Agar Dörm, et les forgerons Michel Pilna et Roger Mour préparent les tuyaux, les pommeaux, les raccords. Dans le coin, une grande forge est installée. L’âtre flamboie.

      J’explique mes mécanismes qui fonctionnent à la vapeur : les générateurs de vapeur, les machines à laver le linge ou la vaisselle, les chaudières pour l'eau des douches, pour le sauna, le chauffage, les monte-personnes, les systèmes de fermeture et d'ouverture des portes, et les chambres froides fonctionnant grâce à la plante frigidaire dont on extrait le gaz naturium.

     « Nous avons suffisamment de matériel pour finir tous les chantiers, leur dis-je. Mais cela va nécessiter du charbon, beaucoup de charbon, pour chauffer toute l’eau  ! 

     - J’en ai déjà parlé avec Oscar, dit Rudy. Chaque semaine, des grands chariots viennent de la mine de Baumholder, au Nord de l’Austrasie, au-delà d’Oche, . Et ils sont toujours accompagnés de quelques soldats, qui sont déjà intervenus plusieurs fois ! Et vous, où vous procurez-vous le charbon ? 

    - Durandalem est privilégié.  Nous disposons sous notre village d’immenses réserves de charbon. Et nous avons notre propre mine et toute une équipe de mineurs !   Cela facilite grandement l’approvisionnement... Et à Durandalem, toutes les maisons - une bonne centaine de foyers -  sont équipées de chaudières. Et des générateurs de vapeur  nous protègent du gel dans toute la colline .

     - Oui, cela doit nécessiter énormément de charbon !  fait remarquer Rudy.

    - Et beaucoup de main-d’œuvre ! En plus des mineurs, des hommes sont embauchés pour s’occuper des générateurs. 

   - Mais cela doit coûter une fortune, de payer tous ces hommes ! 

   - Oh, de ce côté, pas de problème non plus ! Notre sous-sol regorge d’or, et nos mineurs alternent les extractions : un jour l’or, l’autre jour le charbon. Et nous avons notre propre fonderie pour fabriquer des lingots et des livres-or. 

     - Cela doit attirer bien des convoitises ! 

     - Ils sont pas mal à avoir essayé depuis trente ans, dis-je en riant. Mais les abords du village sont remplis de fosses où gisent les malheureux qui s'y sont risqués ! Le dernier qui a essayé de voler notre or s’appelait Khan le terrible... Mais même avec son armée de cinq cents soldats, il n’y est pas arrivé ! 

     Nous avons un système de garde à toute épreuve. Plus de quarante hommes et femmes veillent sur le village jour et nuit. Et tous les habitants du village, hommes, femmes, et jeunes gens dès 15 ans, tous sont formés pour prendre les armes et se défendre ! 

     Et grâce à Jacou,  à Chantal, et aux merveilleuses plantes de notre belle Austrasie, nous avons acquis des pouvoirs qui nous facilitent bien la vie.  Et pas seulement pour garder le village ! »

 

       Au camp, Jacou désigne Marlène Basin pour dresser la liste des travailleurs, afin de prévoir le nombre de convives à table.

     « Tu vas faire le tour des chantiers, mais tu seras accompagnée par les frères Muller ! Nous devons montrer que nous sommes là, et que nous sommes forts ! »

      Et les trois jeunes gens partent vers les chantiers. Nus, bien sûr.

      Ils commencent par les hôtels :

     Au Victor :  Bouvi et Gilbert Har, Peter Stiouv, Harry Cove et Jérémoy, soit cinq personnes.

     Au Majestic :  Nathan, Léo, Gaby Korn, Sylvain Aibon, Raoul Eck et Chris Tamboul, soit six personnes.

      Derrière les hôtels :  Paulin Wirth, Paul Bour, Claude Storm,, Georges, Jésus, Hantz, Hubert et Albert Vorm, soit huit  personnes.

      Pour les douches communales : Isabelle, Joseph Wirth, Pierre Bour, Antoine Binz, Josef Pouls, Benny Hile, Artémus Gord, Hilda Börg, Helga Börg, soit neuf personnes.

      Pour la grange des verriers : Hantz Schmitt, Ludwig Beet, Wolfgang Mose, Adolf Gleb, Helmut Bour, Alphonse Bach, Mikael Thiel, Fulbert Dejeu, Gauthier Payan, soit également neuf personnes.

      Pour le hangar des menuisiers : Victor Rous, Bertrand Schenk, Aloïs Prist, Ludwig Tramp, Alex Miot, André Tourdy, Philomène Tabark, Louise Atak, Germaine Ladanz, soit là aussi neuf personnes.

     De son côté, bien que le Bourgmestre en ait parlé auparavant, la population de Pont-de-Sarre est intriguée par ces nouveaux venus tout nus qui travaillent sur plusieurs chantiers ! C'est l'attraction de la ville, et les remarques fusent... Ils n'ont pas manqué de remarquer l'architecte Isabelle.

     «  C’est une fille qui commande ! Jeune, belle, et toute nue en plus !

     - Ils ont des pouvoirs extraordinaires !

     - Moi, j’en ai vu qui volaient !

    - Et ils soulèvent les plus grosses pierres comme des fétus de paille !  »

     Marlène et ses gardes reviennent bientôt au camp avec la liste. Cela fait donc : neuf + neuf + neuf + huit + cinq = quarante personnes sur les chantiers. 

     Mais il faut encore ajouter  les fondeurs de Mousson : Léonard de Wendel, Paul Nagel, Georges Stand, Venceslas et Agar Dörm, Michel Pilna et Roger Mour, soit sept personnes. 

     Et aussi les gardes, Aimé et Jean d’Ortega, Jeannot et Jacky Muller, Alice, Aline, Pascal et  Guenièvre Spohr, Christian Hahn, Johan et Pierre Martinet, Alexa Dumas et Christina  Hahn. Sans oublier ceux des verriers, Henri Quat et François Pommier. Quinze personnes de plus.

     Nous en sommes donc à quarante + sept + quinze  = soixante deux personnes ! 

    Plus les dirigeants, Jacou, Robert, Oscar Fontaine, Petrus Kroll, Josef Beth, Rudy Ferrent, Edmond Tanne, jack Victor, Peter Penh, soit encore neuf personnes.

       N'oublions pas les ambassadrices : Valérie Burg, Agnès et Angèle Hune, Anne Bonté, Gertrude et Berthe Hoff, Claudine Schmidt et Edeltraud Bour,  plus les trois nouvelles, Giselle , Isabelle et Anaëlle Halot. Encore onze de plus.

     Ajoutons-y encore la nounou et les deux enfants de Valérie, Hantz Burg, Marie Brett, les deux blessés, le personnel de cuisine Albert et Marianne Tritz, Manon Germain, , Paulette Holz, Josie Bern, sans oublier celle qui compte tout le monde :  Marlène Basin.  Treize  de mieux !

   « Voilà, Jacou. Cela nous fait donc en tout : soixante deux + neuf + onze + treize = quatre-vingt quinze convives  !

  - Beau calcul, merci Marlène ! Il va falloir demander du renfort aux hôteliers ! »

     Et Jack Victor fait mander deux de ses cuisiniers, le chef Augustin Thuin et Germain Suhr, et deux de ses filles de salle, Béatrice Tamboul et Émilie Daifet. Peter Penh peut fournir trois cuisiniers, Médard Tycho, Landry Logie et le chef Igor Egon, et deux filles de salle, Birgit Ali et Edith d’Onk.

     Avec l’aide des gardes et de Hantz, les tables sont installées, et en cuisine les plats se préparent. En quantité, comme on s'en doute.

    Il est bientôt midi. Jacou demande à Oscar si ses soldats peuvent surveiller les chantiers pendant la pause. Oscar envoie son adjoint donner les consignes.

     Une fois tout le monde attablé, Jacou prend la parole :

     « Chers amis travailleurs de Pont-de-Sarre, soyez les bienvenus à cette table ! Les cuisiniers, ceux de Durandalem et ceux de Pont-de-Sarre, nous ont concocté un festin... Profitons de ce repas pour reprendre des forces, afin de parfaire les installations que nous sommes en train de mettre en place...  Bon appétit ! Chacun va me dire où il en est sur son chantier.

      - Les fondations des douches sont tracées, dit Isabelle. Celles des annexes des hôtels aussi. Je dois encore discuter de celles des thermes, vu la nature du terrain, qui est inégal. 

     - Au rythme où on va, annonce Jérémoy, l’hôtel Victor sera achevé pour la fin de la semaine. Du moins la partie des chambres. Les chaudronniers et les forgerons font vraiment du bon boulot !  Et la semaine prochaine, nous nous occuperons de la salle annexe. 

      - Pareil pour le Majestic !  dit Nathan. A la fin de la semaine prochaine, tout sera opérationnel ! Ici aussi, les chaudronniers et les forgerons sont très efficaces...

      - Pour les douches, cela avance vite,  précise Pierre Bour. Nous avons presque fini les murs et la tour de la première bâtisse. Les maçons de Pont-de-Sarre et leurs apprentis et  apprenties sont véloces. Ils apprécient vraiment la potion et ses pouvoirs ! 

     - Chez les verriers, tout se passe à merveille ! dit Alphonse Bach. Les vitres pour les douches sont prêtes, et nous attaquons celles des annexes des hôtels. Elles seront montées dès la fin de la construction. Ensuite, nous nous attellerons aux vitres des thermes, dès qu’Isabelle nous aura communiqué la version définitive !  L’équipe d’encadrement des vitres travaille bien. Ils  ont encadré les vitres des douches, et commencent les baies vitrées des hôtels. 

       - Dans le hangar des charpentiers, précise Victor Rous, nous travaillons de concert avec Alex Miot, André Tourdy, Philomène Tabark, Louise Atak, et Germaine Ladanz, 

      - Et c’est un vrai plaisir d’avoir des filles dans l’équipe ! Elles m’apprennent plein de choses !  se réjouit Ludwig Tramp.

 

     - Nous avons posé le plancher du premier bâtiment des douches, nous sommes en train de monter les cloisons des douches. dit Louise Atak. La charpente est prête. Les planchers pour les tours des hôtels sont prêts aussi. 

       - Bravo à toutes et à tous ! applaudit Jacou. Je suis heureux que ce chantier démarre aussi bien ! Ce soir, nous ferons un bilan de la première journée. »

 

      Une charrette avec trois hommes se présente au portail du camp.

      Christina Hahn, de garde, reconnaît Le Fernand et ses fils, Le Borgne et François.

     « Entrez, entrez...  Ils sont tous à table, ils vous feront bien une petite place ! 

     Et elle prévient mentalement Jacou, qui annonce alors leur arrivée :

     - Mesdames et messieurs, voici nos livreurs de fruits et légumes de Durandalem ! 

     - Vous êtes venus de Durandalem sans escorte ? s'étonne Oscar Fontaine.

     - Héhé,  rigole Le Borgne... L’escorte, c’est nous ! »

     Et il le montre  en s’élevant dans les airs, son arc bandé, prêt à décocher.

     « Je vous présente donc  Fernand Bauer, notre fermier et bouilleur de cru. Le Borgne et François sont ses fils, tous deux nommés Capitaines de l’Empire Romain d’Occident  par l’Empereur, à Oche, le mois dernier ! Ce sont eux qui ont sauvé la semaine dernière nos maçons de Manderen des attaques des pillards...

        - Et aucun  pillard n’a survécu ! tient à préciser François.

         Les maçons se lèvent en applaudissant leurs héros : 

        - Encore merci ! 

        Le Fernand sort deux amphores de la charrette.

       - Je vous ai apporté une gnôle faite spécialement pour ce chantier !   Elle vous donnera des forces dès le premier verre... et vous anéantira dès le troisième !  

         Il s'esclaffe ... Et toute la tablée éclate de rire avec lui.

        - Venez tous les trois, installez-vous...Les cuisiniers nous ont préparé un banquet. Tes légumes sont bien sûr au menu, Le Fernand ! »

         Et tout le monde mange de bon appétit tous ces plats plus savoureux les uns que les autres, tandis que chacun raconte les exploits des gardes.

        Les verriers relatent les trois attaques, le tronc qui écrase les malfrats, et les plaques de verres volantes qui découpent tout sur leur passage. Les gens d’armes ont fait place nette !

       « Grand merci à vous, les gens d’armes... Sans vous, nous ne serions pas arrivés vivants  !

  Les menuisiers de Manderen, quant à eux,  racontent la nuit où ils étaient prisonniers de plus d’une trentaine de barbares...Les vigiles les ont massacrés ! Ils remercient leurs sauveurs.

      - Nous vous devons la vie ! »

      Et ils se lèvent avec respect.  Les deux menuisiers blessés tentent de se redresser tout seuls, mais leur blessure à la cuisse, malgré les soins de Marie Brett et la cicatrisante, les gêne encore beaucoup, et les autres les soutiennent.  

     Le Fernand sort de la charrette une caisse remplie d'une centaine de petits godets, qui sont aussitôt distribués. Le Borgne et François, chacun avec une amphore en lévitation devant eux, font le tour des convives qui tendent leur verre. Une fois tout le monde servi, Jacou s'adresse à l'assemblée.

      « Mesdames et Messieurs, trinquons à la réussite de notre chantier, et au bel avenir de la cité de Pont-de-Sarre ! »

     Oscar Fontaine alors se met debout :

    « Je lève mon verre à vous toutes et à vous tous, qui nous apportez tant d'extraordinaires progrès... Prost !

      Et toute la tablée l'imite, répond - Prost ! » en écho, et avale d’une gorgée la gnôle du Fernand.

     Certains en rougissent, d’autres toussent... Mais toutes et tous rigolent de bon cœur. Effet euphorique du breuvage !

Pont-de-Sarre, cité nudiste !

 

      « Jacou m’a parlé de votre mode de vie habituel. dit alors Oscar. Et on m'a relaté des visions de travailleurs nus et de travailleuses nues ! Dès votre arrivée, vous avez pu vivre et travailler nus dans la cité...

     Eh bien, chères concitoyennes et chers concitoyens,  je vous propose de faire comme ces travailleuses et ces travailleurs, et de vous dévêtir dès maintenant !  »

    Pour montrer l’exemple, le Bourgmestre se déshabille et se présente nu à l’assemblée. Les Sarrois hésitent. Les filles sont les premières à se dévoiler, puis ce sont les jeunes, et enfin les plus âgés. Tout le monde finit par l'imiter.  Seul Petrus Kroll est encore hésitant.

« Mais non... Cela ne se fait pas ... Que vont dire les gens ? 

- Eh bien, rigole Alexa, ils vont dire : "Ah ! Enfin ! nous pouvons vivre nus !" Allez, allez, Petrus, à poil ! »

     Souriant, il s’exécute alors, sous les applaudissements de toute l'assistance.

Jacou approuve :

     - Merci Oscar, pour cette initiative courageuse... Gageons que la population admettra le fait et suivra l’exemple !  Mais tu devrais éditer un décret officiel qui réglementera tout cela, notamment par rapport aux risques de déviances, d'abus sexuels, de viols ...

     - Tu as raison, Jacou. Avec Petrus, nous nous y attelons sur-le-champ ! 

     - Je vous signale, poursuit Jacou, que nous disposons d'une potion qui éteint momentanément les pulsions sexuelles. Marie en a dans sa tente médicale, et Manon en a aussi à l’office. Nous pouvons vous en fournir à volonté. Cette potion pourra aider ceux qui  contrôlent mal leurs pensées et qui craignent d'arborer un signe ostentatoire de désir. Elle est efficace quelques heures, et ne nuit pas aux rapports amoureux tant qu’il y a consentement mutuel. 

     Oscar, je t’enverrai un peu plus tard nos ambassadrices, qui informeront les habitants de la cité de ce nouveau décret. Par prudence, elles seront accompagnées par les gens d’armes.

    - Bien Jacou, assure Oscar, d’ici une heure, nous aurons rédigé ce décret. 

    - Et maintenant, au travail ! Soyez nus, ne vous cachez pas  !

     - Nous sortons les premiers, nous allons à la Maison de la Ville éditer ce décret... »

      Et il sort nu, suivi de Petrus, de Josef Beth, de Rudy Ferrent, d'Edmond Tanne, de Jack Victor  de Peter Penh, nus eux aussi, et des ouvriers qui retournent sur les chantiers tout aussi nus. Grand étonnement de la population, qui voit le Bourgmestre, son adjoint et ses conseillers nus pour la première fois !

     Le Fernand et les deux Capitaines ont repris le chemin de Durandalem. Ils ont décidé de repartir nus eux aussi, ils se couvriront si nécessaire. Ils reviendront demain.

       Une fois à la Maison de la Ville, Oscar convoque sur l’heure les autres notables du conseil.

     Sont ainsi réunis  :

     - l’adjoint du bourgmestre, Petrus Kroll, le conseiller aux bâtiments, l’architecte Josef Beth, le chef-forgeron, Rudy Ferrent, le maître-compagnon menuisier Edmond Tanne, le patron de l’hôtel Victor, Jack Victor, le patron de l’hôtel Majestic, Peter Penh, les deux médecins, Edmond Dantès et Mercedes Benz, le notaire, Alban Publi, l’apothicaire, Bernhardt Ticule, les deux banquiers, Claudia Rich et Bertrand Lamoné, la joaillière Edmée Dor, les deux restaurateurs, Alvin Kōshien et Sergius Tenshil, le chef des gens d’armes, Paul Isse,  le Capitaine des soldats, Pierre Martin, les trois aubergistes, Roger Hann, Pierre Khiroul, et Léon Niva, le boucher, Nicolaus Petrus,  le maraîcher, Georges Pfalz, l’éleveur de chevaux du haras de Sant-Inberg, Quentin Tamar, l’archiprêtre de l’abbaye du Winterberg, l’abbé Isidore de Somme, le curé de la paroisse, l’abbé Côme Douin.

       Les notables arrivants sont stupéfaits de voir tout nus le Bourgmestre, et ses conseillers, et les soldats qui gardent la Maison de la ville.

      « Mais que se passe-t-il donc à Pont-de-Sarre ? demande Edmond Dantès . J’ai rencontré des ouvriers nus... Nus comme vous...Peut-on savoir à quoi ça rime ?  

      - Certes, dit Oscar, cela mérite quelques explications. Eh bien, mesdames et messieurs, nous sommes ici pour faire appliquer un décret de notre Empereur Charlemagne, qui souhaite que la nudité simple soit autorisée et commune dans son Empire. Il a déjà décrété cela à Oche, à Durandalem... Et à Naborum, c’est en passe de se faire. 

       Comme vous le savez, nous entreprenons des travaux pour donner à notre cité une hygiène de vie, pour combattre les maladies dues à la crasse et à la mauvaise hygiène corporelle.  Ces travaux sont menés par les artisans de Durandalem, berceau de l’hygiénisme urbain grâce à son bourgmestre Jacou Artz, Grand Maître Médecin de l’Empire, et grâce au Maître Forgeron de l’Empire Robert Schmit. 

     - Vous avez voté lors de la dernière séance du conseil pour entreprendre ces travaux ! rappelle Petrus Kroll. Nous aurons quatre bâtiments de douches communales, et des thermes modernes. 

     - Et en ce moment, rajoute Jack Victor, ils équipent nos hôtels de douches dans chaque chambre !  

     - Il y aura une piscine et un sauna dans les hôtels, conclut Peter Penh. 

     - Ils viennent tous de Durandalem ?  questionne Mercedes Benz. 

    - Non, Mercedes, répond Oscar. Ils ont fait venir les meilleurs spécialistes, les menuisiers d’Oche, les verriers de Meisenthal, les maçons de Manderen, et le renfort de ceux de Durandalem et aussi nos ouvriers spécialisés de Pont-de-Sarre. 

      - Nos forgerons se forment à ces techniques, confirme Rudy Ferrent. Ils seront capables sous peu d’installer des douches dans tous les foyers de la ville ... Les auberges aussi seront dotées de ces douches ! 

      - Mais, demande Edmée Dor, comment chaufferons-nous l’eau pour ces douches ?

     - L’eau sera pompée dans la rivière, répond Rudy Ferrent. Par un procédé de pistons qui fonctionnent à la vapeur, . Elle sera chauffée par une chaudière  située sous une cuve, en hauteur, pour créer une pression dans les pommeaux de douche. Avec un réglage pour le mélange chaud-froid... 

      - Je me souviens, raconte Pierre Martin, Capitaine des soldats. J’avais 9 ans quand nous sommes passés à Durandalem. Nous avons pris une douche dans le bâtiment communal, c’était un vrai délice ! Le mois dernier,  nous sommes retournés à Durandalem récupérer les chariots des barbares de Khan le terrible. Et nous avons profité de l'occasion pour reprendre une douche au même endroit, plus de trente ans plus tard... Avec toujours autant de plaisir ! Là-bas, tout le monde se douche au moins une fois par jour, et toutes et tous vivent nus, pour leur plus grand bonheur ! »

      - Mais qui va financer tous ces gros travaux ?  demande sournoisement Claudia Rich. 

     - Ne vous tracassez pas ! la rassure Oscar. Le banquier de Durandalem nous a donné suffisamment d’or pour financer les premiers travaux. Il viendra cette semaine vous voir, et déposer des réserves d’or dans vos banques, afin de pourvoir aux besoins de la ville. Le village de Durandalem financera tous les travaux d’ordre hygiénique dans la cité !

      Mesdames et messieurs, je vais maintenant vous lire le décret que nous faisons paraître aujourd’hui :

      "Par décret de l’Empereur Charlemagne, Empereur du Saint Empire Romain Germanique,

     et par décision du conseil de la Ville de Pont-de-Sarre, présidé par son bourgmestre, Sieur Oscar Fontaine,

      il est décidé, dit et écrit à date du 6 mai de l’an 801 que dorénavant :

  •  La nudité pour toutes les habitantes et tous les habitants sur tout le territoire de Pont-de-Sarre est autorisée, sous condition d’hygiène stricte.
  •  La nudité pour les personnes extérieures à la cité est autorisée, dans les mêmes conditions d’hygiène stricte.
  •  La nudité n’est pas obligatoire sur le territoire de Pont-de-Sarre, sauf aux thermes, mais elle est fortement recommandée.
  •  La douche à l’entrée des thermes est obligatoire.
  •  Nul ne peut être, d’aucune manière, obligé ou sollicité de se mettre nu, sauf  aux thermes.
  •  Nul ne peut se voir reprocher d’être nu, sur le territoire de la commune, sous réserve d’hygiène stricte.  
  •  Les douches sont ouvertes gratuitement pour tous les habitants de Pont-de-Sarre et les visiteurs de l’extérieur.
  •  En attendant la mise à disposition des douches, le bain en rivière est possible. Différents postes sont installés pour se baigner et se sécher.
  •  Les moqueries quant à la nudité, à la non-nudité, ou à l’aspect physique des corps, sont proscrites. Quiconque ne respectera pas ces règles sera puni. 
  •  Les actes sexuels sont interdits sur la voie publique. 
  •  Les abus sexuels, les tentatives de viol, ou l'exhibitionnisme  seront   sévèrement punis. Les peines iront de coups de fouets jusqu’au bannissement de la cité, pour les plus graves, et jusqu'à l’émasculation en cas de viol avéré.
  •  Ce décret entre en vigueur aujourd’hui mardi 6 mai de l’an 801.
  •  Les gens d’armes, ainsi que les soldats de Pont-de-Sarre, ont autorité pour faire appliquer ce décret. "

 

     Oscar poursuit :

     «Voilà,  mesdames et messieurs...  Y a-t-il, parmi ce conseil, des personnes qui sont contre ? 

     - Moi ! proteste l'abbé Douin. Je ne laisserai personne pénétrer au sein de la maison du Seigneur en état de péché ! »

     Pierre Martin, qui s’est mis nu, s’approche de l’abbé, qui  recule d’un pas.

     « Voyons, Côme, réfléchis un peu ! dit-il en ouvrant les bras. Le Seigneur nous a bien faits à son image, non ? Alors, arrêtons de cacher l’image de Notre Seigneur, et montrons au Monde l’image de Dieu ! Sais-tu qu'à Durandalem, le curé officie nu ? Et c'est tout nus que ses fidèles viennent aux offices  ! Sont-ils pécheurs pour autant ? Que nenni... Ils honorent l’image de Dieu !  »

     L’abbé Isidore de Somme, archiprêtre de l’abbaye du Winterberg, renchérit :

     «  Apprenez qu'à Oche, l’Empereur de l’Empire Romain d’Occident lui-même, notre bon Charlemagne, est nu sur son trône ! Et quand il est venu à Durandalem, il a fait le voyage nu, m’a-t-on rapporté. Et même quand le pape Léon III l’a sacré Empereur, il était nu ! »

    Côme Douin se radoucit :

     « Bon... Eh bien soit....Je me rallie à la décision de l’Empereur ! Je ne sais encore si j’officierai nu, mais les paroissiens pourront venir au sein de l’église nus.  Et à confesse aussi. 

     - Bien, dit Oscar.  Plus personne contre ce décret ?   Alors je vous demande à tous de signer en bas de ce parchemin... Votre nom lisible et votre signature.  Et ce parchemin va être immédiatement recopié par les scribes que j'ai fait mander. Maintenant, et conformément au décret, ceux qui le désirent peuvent se dévêtir immédiatement ! »

     Et quelques membres du conseil se déshabillent...

      C'est à ce moment qu'entre dans la salle une troupe de personnes toutes nues.  

       « Mesdames et messieurs, je vous présente les ambassadrices de l’hygiène de la cité !  Valérie Burg, Agnès et Angèle Hune, de Durandalem, et Anne Bonté, Gertrude et Berthe Hoff, Claudine Schmidt, et Edeltraud Bour, anciennes esclaves libérées des griffes de Khan par les soldats de Durandalem, et désormais Durandalemoises.

     Ces huit filles ont été nommées Soldates de l’Empire, par Charlemagne lui-même, lors des festivités d’Oche, pour service rendu à l’Empereur.  Elles sont chargées de faire le tour de la ville, et d'informer la population de la teneur du décret.

     Et ces huit autres personnes juste vêtues d'un ceinturon et armées d'un arc et d’une épée, ce sont les gardes qui les escorteront, afin de prévenir tout dérapage : Alice, Aline et  Guenièvre Spohr, Alexa Dumas, Christina Hahn, Jeannot et Jacky Muller, et Jean d’Ortega. »

      Puis, se tournant vers les huit rousses  :

      « Mes chères ambassadrices, je vous demande encore un petit moment, le temps que soit recopié le décret que toutes les personnes ici présentes viennent de signer. 

     - Que voici de bien jeunes ambassadrices !  fait remarquer Paul Isse, l'air sceptique. 

     - Certes, concède Edmée Dor, mais reconnaissez que ces charmantes  personnes rayonnent de grâce et de beauté ! 

      - Ne vous avisez pas de parler aussi de la très grande jeunesse et de la féminité de leurs gardes !  les prévient Petrus Kroll. 

     Les gardes éclatent aussitôt de rire, ce qui intrigue les membres du conseil.

     - Mais qu'est-ce qui les fait rire comme ça ?  s'enquiert Sergius Tenshil.

     - Eh bien, explique Petrus en riant lui aussi, je me suis permis ce matin une remarque désobligeante à ce propos, et l'une des gardes ici présente, Alexa Dumas,  m'a rabattu le caquet de belle façon !

      Les scribes ont maintenant terminé. Oscar distribue les copies du décret aux Soldates de l'Empire.

     - Allez-y, chères ambassadrices, allez gaiement prêcher la joie et la santé par la nudité à nos habitantes et à nos habitants ! »

Rapports du soir

 

    La journée se termine.

    La plupart des ambassadrices sont de retour. Il manque encore Agnès et Angèle Hune, escortées par les frères Muller. Mais elles ne sauraient tarder.

     Le repas est prêt. Après avoir transpiré sous la chaleur de l’après-midi, les ouvriers font la queue pour prendre une douche.

     Puis tout le monde s’installe à table.

     Jacou prend la parole :

     « Mes chers amis, comme vous avez dû le constater, Pont-de-Sarre est devenue nudiste ! Nos ambassadrices, escortées par nos gardes, ont fait le tour des maisons de la ville pour annoncer la bonne nouvelle à la population . Ah ! Voilà justement les dernières... Alors ? Vos conclusions ? 

     - Mission accomplie ! dit Agnès Hune. À part quelques foyers de résistance, tout le monde est enchanté de ce nouveau décret, et nous l’avons vu placardé dans plusieurs endroits de la cité. 

     - Les Sarrois sont avides d’hygiène, dit Angèle, ils attendent avec impatience l’ouverture des douches et des thermes ! 

     - Où en est-on, sur les chantiers, Isabelle ?  demande alors Jacou.

    - Les fondations des thermes sont tracées. Les terrassiers sont en train de préparer le terrain, il faut un support de pierre plus profond, le sol est sableux par endroits.  Mais du coup, il y aura deux piscines.  Une de quatre pieds de profondeur et de trente pieds par trente, et une autre de soixante pieds par trente, plus profonde, allant de trois pieds d’un côté à douze pieds de l’autre, ce qui permettra d’y plonger depuis une bonne hauteur. Un plongeoir sur deux niveaux sera d'ailleurs installé.

     Les plans sont établis, les verriers disposent des cotes pour les baies vitrées.  Demain nous commencerons à installer le réseau d’eau.  Nous avons le renfort des terrassiers Hantz Mauss et Paul Starck, des cantonniers Jean Frisch et Bert Nagel, et des deux fossoyeurs Alan et Alex Loch. 

     Demain, parallèlement à la pose des canalisations, dès que le convoi de Mousson sera là, leurs fondeurs installeront les tracés vapeur pour la mise hors gel de l’eau.  Et dès demain matin, avec l’aide des compagnons du Blauersland, nous construirons la réserve d’eau sur la colline. 

   - Merci pour toutes ces précisions, Isabelle ! 

   - Quant à nous, enchaîne Jérémoy, nous avons fini les vingt chambres du deuxième étage de l’hôtel Victor... Les douches ne sont pas encore en fonction. Nous attendons que l’eau soit pompée dans la cuve aménagée derrière l’hôtel.  Les coins d’aisance sont installés et branchés, la fosse est creusée, elle est opérationnelle. Les chaudières et les générateurs de vapeur sont en place. Demain, nous pourrons mettre les douches en fonction.

     Nous avons aussi installé la buanderie, les tambours sont prêts à tourner. Dans l’office, la chambre froide est en fonction ! Et la machine à laver la vaisselle sera opérationnelle demain !  Les chaudronniers Bouvi Har et Gilbert Har, et les forgerons Peter Stiouv et Harry Cove ont tout à fait assimilé nos techniques. Ils ont bien travaillé !  Ils sont rentrés chez eux, et seront à nouveau là dès huit heures demain matin. »

     Nathan et Léo aussi ont fini l’étage au Majestic. Les douches et les coins d’aisances des trente chambres sont installés et branchés. 

     «  Demain, nous nous occuperons de l’office et de la buanderie, complète Léo. Les chaudronniers Gaby Korn et Sylvain Aibon, et les forgerons Raoul Eck et Chris Tamboul sont très efficaces ! Eux aussi seront de retour demain à huit heures. 

      - Le premier bâtiment des douches est fini, annonce Pierre Bour. Le toit est posé, les portes et fenêtres aussi, les tuyaux sont branchés, et la cuve sur la tour est pleine. Une fois la chaudière installée, les huit douches seront opérationnelles ! 

     - Ce sera demain !  confirme Léo.

    - Nous avons fait deux équipes, et nous montons les murs des deuxième et troisième bâtiment, continue Pierre. Les maçons de Pont-de-Sarre et leurs apprentis et apprenties sont contents, et reviendront eux aussi demain matin. 

      - Les vitres pour les douches sont prêtes, celles des annexes des hôtels aussi. dit Alphonse Bach. Elles seront montées dès la fin de la construction.  Isabelle nous a communiqué la version définitive. Nous sommes en train de préparer les vitres des thermes ! »

      L’équipe d’encadrement des vitres travaille bien. Mikael Thiel, avec le renfort des menuisiers Fulbert Dejeu et Gauthière Payan, a monté les vitres du premier bâtiment des douches, et a fini la préparation des baies vitrées des hôtels. 

      «  Dans le hangar des charpentiers, dit Victor Rous,  nous travaillons de concert avec Alex Miot, André Tourdy, Philomène Tabark, Louise Atak, et Germaine Ladanz. 

     - Travailler nue est un bonheur ! poursuit Louise Atak.  Les planchers pour les bâtiments 2 et 3 des douches sont posés, les cloisons sont en cours de montage. Les charpentes pour les trois bâtiments restants sont prêtes. 

     - Hé bien mesdames et messieurs, félicitations !  se réjouit Jacou. Vous avancez bien plus vite que prévu ! À ce rythme, nous aurons fini au cours de la semaine prochaine...  Et maintenant, bon appétit ! »

     Après le repas, quelques-uns restent à discuter, à goûter encore une fois la gnôle du Fernand. Mais la plupart vont se coucher tôt, pour être debout demain matin de bonne heure !

     Les compagnons du Blauersland ont regagné l’hôtel Victor. Et, comme décidé, ils se sont installés par couples mixtes dans les chambres. Une fort agréable nuit en perspective...

La cité en chantiers

 

Mercredi 7 mai

     Une belle journée s’annonce sur Pont-de-Sarre.

     Les habitants sortent nus pour profiter un peu de la fraîcheur matinale.

     Tôt le matin, les forgerons ont installé la chaudière des douches communales, l’ont chargée de charbon et allumée.

     Dans quelques heures, toute la cuve d’eau sera chaude, mais dès maintenant, une douche tiède est possible.

     Oscar Fontaine a embauché du monde pour gérer ces douches.

     Alban Cory est le responsable du bâtiment 1. Il peut emménager dans l’appartement installé devant, dans le bâtiment.  L’hôtel Majestic a fourni les serviettes pour débuter.

     Léo explique à Alban comment fonctionne le système, et Alban teste alors la douche, déjà bien tiède. La cheminée au fond sert à chauffer les compartiments des douches, et à se sécher les cheveux.

    « Tu devras veiller à avoir du stock de charbon pour la chaudière, qui ne doit pas s’éteindre, et du bois pour alimenter l’âtre, dit Léo. Ne mets pas de charbon dans la cheminée, cela chaufferait trop,  et ça encrasserait le tuyau d’évacuation des fumées ! Un système à piston à vapeur alimente en eau la cuve. Tu dois aussi veiller à ce que le générateur de vapeur ait suffisamment de charbon et d’eau pour fonctionner. Par la suite, la cuve sera reliée au réseau d’eau, et on pourra démonter ce système. 

     Voilà. Tu peux accueillir les gens. Tu dois, après chaque douche, nettoyer la douche et le sol. Surtout si des couples y pénètrent... Les douches sont propices à certains ébats, et le nettoyage est primordial ! Tu as des outils pour cela. Si tu as un problème, tu me trouveras au Majestic, soit en haut, soit en bas. »

     Et Léo retourne rejoindre les autres forgerons au Majestic, où ils installent la buanderie et l’office.

     Sur la colline, Isabelle  et les vingt compagnons sont arrivés par le chemin qui mène à l’abbaye.

     Isabelle trace les limites des murs à bâtir, mesure les longueurs et largeurs, et décide de bâtir un réservoir de 300 pieds de long, de la longueur de la paroi rocheuse au fond,  et de 60 pieds de large. C'est la largeur du plateau devant la paroi.

     Le plateau étant incliné vers la paroi, le réservoir s’y appuiera, ne risquant pas de tomber en avant. La hauteur sera de vingt quatre pieds, ce qui fera une capacité totale de quatre cent trente deux mille pieds cubes, soit neuf mille muids.

     Le mur commence à être érigé.

     Les gardes de Durandalem, avec un grand chariot, ont fait le tour de la ville pour récolter toutes les scories.  Mélangées au sable de la Sarre, elles feront un excellent ciment.

     Le mur, à la base, fait six pieds d’épaisseur. Il se rétrécit progressivement, pour ne plus faire que deux pieds d’épaisseur tout en haut, à vingt quatre pieds de hauteur.

     Isabelle s’assure que les compagnons ont bien compris comment ériger les murs. Elle les laisse continuer seuls, et va voir les terrassiers. Ils ont commencé à creuser pour installer la crémaillère qui amènera l’eau au réservoir, et la canalisation qui arrivera en ville pour alimenter les structures et les habitations.

     Les terrassiers sont ravis de voir arriver cette belle blonde, jeune plantureuse, et nue ! Un peu trop ravis... Comme ils sont nus, leur émoi est très visible.  Isabelle sourit à la vue de ces verges qui se dressent.  Certaines sont de belle taille !

   De sa sacoche en bandoulière,  elle sort une gourde que lui a donnée Marie Brett le médecin. C'est la potion qui calme les ardeurs mâles. Elle la leur tend  :

     « Buvez-en une gorgée, cela va passer ! »

     Les terrassiers s’exécutent. Et, penauds, ils s’excusent.

   « Ce n’est pas grave ! D’ici quelque temps. vous arriverez à mieux contrôler vos pensées et vos réactions...  »

     Elle leur précise qu’ils doivent poser une plate-forme tous les 100 pieds le long de la tranchée. On y installera les générateurs de vapeur qui alimenteront la crémaillère et mettront hors gel la canalisation.

     Puis elle va au camp prendre des nouvelles des chariots de Mousson. Comme ils ne sont pas encore arrivés, en les attendant, avec Jacou, Oscar et l’architecte Josef Beth, elle discute des projets futurs.

     Des douches seront installés aux portes de la ville, ainsi que des garde-vêtements. Cela permettra aux visiteurs de se sentir à l’aise, nus dans la cité. Il est prévu aussi des buanderies communales, où chacun pourra venir laver son linge.

     Dans chaque bâtiment de douches, ainsi qu’aux thermes, seront mis à disposition  des stocks de serviettes. Une laverie communale s’occupera du nettoyage de toutes les serviettes de la ville.

 

 

L’attaque du convoi de Mousson

 

     Le convoi des huit chariots de Mousson arrive enfin.

     Deux chariots continueront vers Oche.

     Les dix soldats du convoi, qui conduisaient les chariots, ont été attaqués durant le trajet. Deux d'entre eux ont été blessés par des flèches : Philibert d’Argenteuil à l'épaule, et Eudes d’Allier au flanc droit. Immédiatement, Marie accourt pour les prendre en charge, et avec l’aide des gardes, elle les porte dans sa tente.

     Le chef du convoi, le, Capitaine Joseph Ikast, raconte :

   « Ils nous ont surpris, il y a une heure. Ils étaient une vingtaine en embuscade, et ils nous attendaient ! Nous avons subi une volée de traits, qui a blessé à mort trois de nos chevaux, et blessé deux de nos soldats. Nous avons aussitôt riposté. Notre tir fut bien plus précis que le leur : nous avons d’abord atteint huit bandits, et puis huit autres ! 

     Les bandits, dont certains étaient blessés, se sont enfuis, en laissant quatorze des leurs. Nous avons alors achevé les blessés de nos épées, et récupéré dix chevaux. Quatre se sont enfuis dans les bois.  Nous avons creusé une fosse pour ensevelir nos trois chevaux et les corps des quatorze bandits, que nous avons dépouillés. Ils avaient tous des pièces d’or dans des bourses et dans les sacoches sur leurs chevaux. Une fortune ! »

      Marie revient, porteuse de bonnes nouvelles :

      « Ils ont eu de la chance !  Philibert, qui a eu l’épaule transpercée, s’en sort bien. La flèche a ricoché sur l’omoplate sans la briser. J’ai recousu les trous. Avec la cicatrisante, Il guérira vite. Eudes, qui a eu le flanc percé, n’a apparemment aucun organe vital touché ! Juste une déchirure au niveau des boyaux, que j’ai recousue, et c’est tout. Sa cicatrisation, grâce à la plante cicatrisante,  va bien se passer, j’ai suturé la plaie.  Ils sont tous deux sous sédatifs, et maintenant, ils dorment. »

      Hantz Burg envoie au haras une des gardes, Christina Hahn, pour faire mander les palefreniers.

     « Tu leur diras que trente-neuf chevaux sont arrivés.  S’ils voulaient bien venir s’en occuper.... » Et Christina prend son arc et son carquois en bandoulière, enfourche un cheval, et part au galop vers le Nord.

      Isabelle demande aux soldats de bien vouloir conduire les six chariots de canalisations au pied de la colline, là où se trouvent les terrassiers.  Ils le font volontiers, et reviennent  peu après avec les chariots vides, épatés par la rapidité des terrassiers ! Il faut dire que ces messieurs ont bénéficié de la potion permettant la lévitation des objets... Le déchargement était facile !

      « Bien ! dit Isabelle, je retourne sur le chantier de la réserve, les compagnons ont l’air de progresser rapidement, vu d’ici ! »

     Il est vrai qu’en haut de la colline, on voit les murs s’élever à vue d’œil, méthodiquement, de gauche à droite, puis de droite à gauche. Et vu du camp, cela semble atteindre déjà au moins vingt pieds de haut !

     Jacou dit aux soldats :

     « Venez vous reposer, prendre une douche et vous mettre à l’aise ! Vous passerez la nuit ici, et vous pourrez repartir demain matin. Vos compagnons blessés vont rester avec nous, le temps de guérir. Ils ne peuvent pas voyager pour l’instant, leurs plaies doivent d’abord se cicatriser ! 

     - Merci Maître Artz ! dit Joseph Ikast, nous repartirons avec tous les chariots. Nous vous laissons sept des chevaux des bandits. »

     Les soldats arrivent, et Joseph fait les présentations :

      «  Voici mes soldats :  Audebert d’Auster, Firmin de Conté, Paulin Surcouf, Georges de Chaumes, Brice de Niss, Albert Erstein et Apollinaire de Bœuf. Messieurs, voici Jacou Artz, Grand Maître Médecin de l’Empire Romain d’Occident. 

     - Merci de nous héberger et de prendre soin de nos compagnons !  dit Apollinaire de Bœuf. 

    - C’est la moindre des choses que nous puissions faire... Demain, je vous donnerai une potion qui vous permettra de vous défendre plus efficacement contre d’éventuelles attaques, et même de les anticiper ! Je vous expliquerai cela demain. Maintenant, messieurs, bienvenue chez vous ! »

      Et les soldats vont prendre une douche, et reviennent nus s’attabler et boire des canons de vin de Mosel en attendant le repas.

     « Oh, mais je reconnais ce vin !  remarque Albert Erstein.

     - Oui-da ! répond  Manon. Ce vin vient d’Oche, c’est un cadeau de l’Empereur.

     - Un bien agréable cadeau ! dit Georges de Chaumes. »

Les options des thermes

 

     Manon agite la grosse cloche et crie :

     « Il est midi ! A table ! A table ! »

     Elles se font entendre, la cloche et Manon,  jusqu’en haut de la colline... Les compagnons, affamés, cessent leur construction pour vite revenir au camp.

     Les chantiers des hôtels et des douches, des thermes, et de la tranchée s’arrêtent eux aussi pour la pause de midi.

     Oscar s’est invité à la table de Jacou.

     « Combien de personnes as-tu embauchées  pour tes Thermes à Durandalem ?  lui demande-t-il.

    - Tout dépend de ce que toi tu cherches !  Au total, à Durandalem, soixante-trois personnes travaillent directement pour les Thermes. Mais il y a d’autres personnes qui gèrent les appartements, les concierges, les buandières, les personnels de ménage, d’entretien… 

     - Oh, tant que cela !  »

     Jacou  appelle Isabelle.

     « Dis-nous ce que tu prévois pour les thermes de Pont-de-Sarre. 

      - Eh bien,  répond la belle blonde, j’ai prévu plusieurs options : 

     Les bains tout seuls, ou avec un restaurant, ou avec un hôtel, ou avec des appartements, ou deux ou trois des quatre options. 

     Première option : juste les bains, avec une terrasse de solarium à l’étage.  Pour les bains : à l’entrée, vingt douches pour les clients. 

     - Avec du personnel qui les fait entrer, précise Jacou, du personnel qui leur donne des serviettes, qui les récupère, qui nettoie, et fait l’entretien ! 

     - Deux piscines ; une petite de quatre pieds de profondeur, et une grande de trois à douze pieds. 

     - Avec du personnel de surveillance, ajoute Jacou. Un maître-nageur au moins par bassin, ainsi que du personnel de nettoyage, les sols mouillés sont glissants.

     - Un grand sauna, et un hammam...

     - Avec du personnel qui les gère, dit encore Jacou. Qui surveille les temps de présence, un quart d’heure au plus, du personnel qui remplace les serviettes, et nettoie les salles régulièrement.  Et avec des douches à proximité pour les sorties du sauna et du hammam.  Et aussi une salle de repos !

     - Et des salles de massage...

     - Avec autant de masseurs et de masseuses que de salles ! 

      - N'oublions pas un coin des boissons pour se réhydrater...

       - Avec du personnel qui gère le service ! 

     - Voilà pour le rez de chaussée. dit Isabelle.

      - Il faut, précise enfin Jacou, un concierge, un médecin, des vigiles, et aussi des techniciens qui s’occupent des chaudières pour l’eau des douches, de la piscine de la chaleur du sauna et du hammam… À Durandalem, nous avons trente personnes pour cela.

 - Mais est-ce rentable ?  demande Oscar.

  - Sûrement pas... C'est le village qui prend en charge les salaires de tout ce  personnel. Mais il est vrai que nous en avons les moyens ! 

  - Deuxième option, dit Isabelle : un restaurant à l’étage, avec un solarium au-dessus. 

     - Avec bien sûr une cuisine, du personnel de cuisine, un service de nettoyage et d’entretien, et des vigiles ! ajoute Jacou.

     - Pour l’instant, c’est la version que nous construisons : un bâtiment à deux niveaux. Nous pouvons ajouter un troisième niveau qui serait composé d’un hôtel et d’appartements pour le personnel.     

     - Ce qui suppose du personnel de chambre et des vigiles pour l’hôtel et  pour les appartements. C’est la version Durandalem, avec des suites impériales en plus. 

   - Oh là-là ! gémit Oscar... Mais Pont-de-Sarre va crouler sous les dépenses ! »  .

 

Du charbon sur la colline

 

      Isabelle alors annonce :

     « Tu sais, Oscar... En faisant les études de terrain pour installer la réserve d’eau, j’ai découvert derrière la colline, du côté est, en grattant le sol, des veines de charbon qui affleurent la surface. Peut-être y a-t-il moyen d’extraire ce charbon ? Plus besoin alors d'en acheter pour toutes les chaudières... Et qui sait ? Peut-être même y en a-t-il assez pour en vendre... Ça ferait une belle rentrée de trésorerie pour la ville ! 

     - Ça alors  ! s'exclame Oscar sidéré, il y aurait du charbon à Pont-de-Sarre !?

    - Tout cela est très bien, Oscar, l'interrompt Jacou, mais moi j'ai faim. Assez de questions... Nous irons voir ça de près... Mais après le repas ! »

     Léo vient alors annoncer à Oscar et à Jacou que les clients affluent aux douches communales. Alban Cory, le responsable nommé par Oscar, assure ! Cela marche du tonnerre !

     - Merci Léo pour cette bonne nouvelle ! Ça y est, c’est parti ! dit Jacou tout gai à Oscar, qui lui serre les deux mains fraternellement.

    - Demain, annonce Isabelle entre deux bouchées, le réservoir d’eau sera fini, et la crémaillère pourra pomper l’eau pour le remplir. Nous pourrons alors commencer notre réseau d’eau dans la ville ! .Et les forgerons de Mousson ont commencé à installer les tracés-vapeur et les générateurs. »

     L’après-midi, Jacou, Isabelle, Oscar, Petrus Kroll et Joseph Bet, munis de pics,  gravissent la colline.

     Ils admirent au passage le magnifique réservoir que les compagnons du Blauersland achèvent de construire, et les félicitent pour leur travail. Vite fait, mais bien fait !

     Ils arrivent ensuite sur le versant est de la colline, en pente douce. Isabelle montre alors l’endroit qu’elle a gratté.

     Quelques coups de pic, et un bloc se détache.

    Jacou le confirme : c’est bien du charbon !  

     En observant les alentours, ils trouvent une fissure dans le sol. Ils décident alors de creuser plus profond, et atteignent une veine de charbon qui plonge dans la colline.

    « Apparemment,  dit Jacou, il y a pas mal de charbon ici !  .

    - Oui, répond Oscar, mais nos terrassiers et nos cantonniers sont occupés... Pour en être sûrs, il faudra attendre la fin des travaux ! » . 

     À ce moment, Paulin Cohen, compagnon du Blauersland, vient annoncer au groupe :

   «  Nous avons fini le réservoir... Tel que tu le désirais, Isabelle ! Avec la potion, c’était facile !

     - Ça tombe bien, dit Jacou souriant...Il me vient une idée... Les compagnons, un peu d’exercice, ça vous dirait ? 

     - Oh ben oui, répond Paulin, nous avons prévu de ne repartir qu'en fin de semaine... Nous avons donc du temps devant nous !  De quel exercice s’agit-il ? 

   - Eh bien, tu vois cette fissure ? Il faudrait l’agrandir, pour pouvoir pénétrer... Voir si une cavité se trouve derrière, et si la veine de charbon que l’on voit d’ici se prolonge  loin sous terre.

    - Pas de problème... Passe-moi ton pic ! 

     Et Paulin commence à taper la roche. Il détache rapidement des blocs de charbon, et parvient à se glisser dans le trou qu’il a creusé.

      Oui, cela s’élargit, mais on n’y voit guère ! 

     Alors Jacou, par la pensée, demande des torches et des pioches au camp.  Bientôt arrive une charrette avec des outils, conduite par Jean d’Ortega.

     Paulin est allé chercher ses compagnons, et ils commencent à agrandir le trou. Bientôt, le trou est assez grand pour y entrer debout, avec torches. Jacou, Oscar, Isabelle et Joseph y pénètrent. Seul Petrus reste dehors, il est claustrophobe...

     Ce qu’ils découvrent les émerveille !

     Sur le mur fraîchement creusé apparaissent des veines de charbon entrecoupées de stries brillantes. À l’aide d’un pic, Jacou détache un fragment de ce minerai brillant, et ressort l'examiner à l’air libre. Oscar le suit.

« Je crois que tes soucis de rentabilité sont résolus, lui dit Jacou... Ce qui brille là, c’est de l’or ! »

On imagine la joie d'Oscar !

Pont-de-Sarre s'organise

 

  • La mine d'or

 

     Du charbon et de l’or ! Comme à Durandalem !

     Annie et Anne-Marie Cohen, Pierre Pinot, et Mousse Stand ressortent, en portant par lévitation des gros blocs qu’ils ont détachés.

     Isabelle observe ces blocs, et dit :

     « Je n’ai jamais vu autant de minerais différents réunis : il y a du charbon de l’or, du cuivre...  Et ça, ça pourrait être du plomb ! 

    - Oscar, claironne Jacou, tu dois exploiter ces minerais ! La fortune de ta ville est faite ! 

    - On va pouvoir annoncer la bonne nouvelle au conseil ! » se réjouit Petrus.

     Jacou réagit tout de suite :

    « Non, surtout pas ! Pas encore...Tant que ce site ne sera pas protégé et gardé, il ne faut pas ébruiter cette découverte... Même au camp ! Ce genre de nouvelle se répand comme des flèches sifflant dans les airs ! Dites, compagnons, il reste des pierres sur la colline ? 

    - Plus beaucoup,  répond Annie Cohen.

    - Oscar, tu dois faire sécuriser ce site, si tu veux l’exploiter ! Des hautes murailles et des gardes en permanence, il te faut réaliser cela au plus vite ! 

    Isabelle, tu vas prendre les mesures et préparer un camp fortifié pour construire une mine, ici. Assez grand, pour y installer un chevalement, des bâtiments pour trier et fondre les minerais, des logements pour les gardes et les mineurs, et des salles de gardes.  Les compagnons, pouvez-vous retourner au Blauersland et ramener des pierres ici ? Il en faudra bien cinq grands chariots ! 

     - Nous allons vous envoyer ça, répond Paulin. Les dix compagnons restants vont creuser en attendant...  N’est-ce pas, compagnons ? 

     - Oui Paulin, allons-y !  dit Mousse.

     - Superbe ! »  se réjouit Jacou.

     Il demande mentalement à Hantz d’atteler cinq grands chariots de quatre chevaux, qui partiront sur l’heure.

     Il demande aussi à Manon de préparer un pique-nique pour quinze personnes, pour deux jours, et demande à Jean d’Ortega de retourner au camp et de former une escorte de cinq gens d’armes et vigiles pour un aller-retour au Blauersland.

     « Et puisque tu as une charrette, dit encore Jacou, chargeons ces blocs et emmenons-les au camp pour les étudier plus avant. »

     Et une fois le terrain nettoyé toute la troupe redescend vers le camp.

     Paulin et ses compagnons se mettent d’accord pour désigner dix d’entre eux pour faire le voyage.

     Ce seront Pierrette, Annette, Annie, Anne-Marie et Fleur Cohen, Jacques, Paul  et Pierre Pinot,  Mousse et Piot Stand.

     Oscar et ses conseillers Petrus et Joseph sont épatés par la rapidité d’action de Jacou ! Oscar s'extasie : « Quelle organisation ! »

     

    Une charrette se présente devant le portail du camp. Deux hommes nus sont à bord. Christina les interpelle :

     « Qui va là ?

     - Les Capitaines Bauer ! dit Le Borgne.

     - Entrez, Capitaines ! répond-elle en ouvrant le portail.

     Jacou arrive et demande :

    « Bon voyage ?  

     - Des malfrats voulaient nous attaquer... Mais quand ils ont vu qu’on était nus, ils se sont sauvés ! dit le Borgne en rigolant. On devient une légende ! 

    - Eh oui, s’esclaffe François, toute la région sait maintenant que les gens nus sont dangereux !  .

    - Quoi de neuf au village ? 

     - Rien de neuf... Nous t’apportons des légumes, et les Muller ont fait pour vous plein de pain et de pâtisseries  ! 

    - Merci François...Venez donc boire un verre ! 

     - Que nenni ! Ce soir on fait la fête à la ferme... C’est l’anniversaire du père, le Fernand ! 

     - Pour l’instant, il fête déjà ça à l’auberge avec les villageois ! ajoute le Borgne. Voici quelques pintes de sa fabrication, pour trinquer à sa santé...

     - Vous le remercierez, et vous lui souhaiterez un bon anniversaire de notre part.  Et n’oubliez pas que Chantal a des remèdes, si jamais vous buvez trop ! Vous direz aussi aux frères Stein de venir vendredi, et aux mineurs, qu’ils en désignent deux qui viendront aussi ! Et il faudra aussi que le fondeur Axell les accompagne.  Ils resteront quelques jours, j’ai besoin d’eux ici... Ils rapporteront les légumes avec eux !  ajoute-t-il.

     - Bien enregistré, dit François : les Stein, deux mineurs et Axell !.

     - Qu’ils viennent nus, précise Jacou, mais avec des gardes ! 

     - Oh, le rassure le Borgne, nous serons aussi tous deux du voyage ! »

     Et les voilà repartis.

 

Les nouvelles douches communales

 

     Oscar veut aussi aller tester les douches communales.

     « Qui vient avec moi ? 

     - Moi !  dit Petrus.

     - Moi aussi ! ajoute Joseph. 

     Et les trois notables se dirigent vers les douches.

 

     Alban est débordé ! Une file d’attente s’est formée devant l'établissement.

  «   Je n’arrive pas à suivre ! Les huit douches sont utilisées tout le temps. Je n’ai pas le temps de les nettoyer, quand je vais m’occuper de la chaudière ! On utilise une grande quantité de charbon...

     - Je reviens !  dit alors Oscar. »

     Et il va à l’Hôtel Victor  demander deux filles de chambre pour nettoyer les douches.  Il revient accompagné de Béatrice Tamboul et d'Émilie Daifet, qu'il présente à Alban :

    «  Alban, voici Béatrice et Émilie. Explique-leur ce qu’elles doivent faire ! 

     - Merci beaucoup, Maître Fontaine ! Entrez, Mesdames, venez, je vous explique... Il faut nettoyer les douches, passer la raclette au sol, et ramasser les serviettes mouillées. Pour l’instant, vous les déposez dans l’appartement, à côté. Voici le matériel de nettoyage ! 

     Vous donnerez une serviette propre à chaque arrivant, et vous lui expliquerez comment ça marche ! Venez, je vous montre. Lever la manette pour faire couler l’eau, et  la baisser pour arrêter. Vous la tournez à gauche pour avoir de l'eau plus chaude, et à droite pour l'avoir plus froide. Il y a un bac avec du savon liquide à l’entrée de chaque douche. 

     Je vais m’occuper des chaudières et de l’eau chaude, de l'entretien de l’âtre de la cheminée, et après, je reviens vous aider ! »

     Il ressort et remercie encore Oscar, puis va vers la chaudière, suivi par Petrus, curieux.

    «  Je vérifie que l’eau de la Sarre arrive bien dans la cuve, et que la chaudière a assez de charbon pour la chauffer ! Mais le tas de réserve de charbon diminue... Dans deux jours, je n’en aurai plus, maître Kroll ! 

     - Nous allons t'en trouver, du charbon ! lui répond Petrus, sans en dire davantage. »

     Alban retourne dans le bâtiment. Grâce à l’arrivée des renforts, la file diminue.  Toutes les cinq minutes, huit douches sont disponibles, et bientôt le bourgmestre et ses adjoints peuvent eux aussi en profiter.

      Les habitants sont contents de voir que leurs élus partagent les douches avec eux , et qu'ils font la queue comme tout le monde. Pas de passe-droit ici, comme cela se fait ailleurs trop couramment.

 

Les nouvelles embauches

 

      À la sortie de l’établissement, toujours nu, Oscar se fait accoster par plusieurs personnes qui lui demandent :

     « Avec ces nouvelles règles, il va vous falloir du monde ! Envisagez-vous d’embaucher du personnel ? 

     - Bien sûr ! Dès demain nous lancerons un appel à candidature pour de  nombreux postes au sein des nouvelles structures. Tous les corps de métiers seront nécessaires !  Si vous êtes candidats...

       

     Et les questions fusent :

     - Faudra-t-il des soldats ? 

     -  Oui, beaucoup de gardes, de vigiles, des surveillants ! 

     - Des femmes de ménage ? 

     - Oui, en grand nombre !  Des femmes de service et d’entretien aussi ! 

     - Des masseurs ? 

     - Oui, hommes et femmes ! 

     - Des ouvriers ? 

     - Oui, aussi ! Des mineurs, des agents d’entretien, des agents de la voirie, des agents d’exploitation… »

     Le bourgmestre alors prend la parole :

    - Sarrois ! Une nouvelle ère commence pour vous, pour nous tous ! Vivons nus,  vivons heureux ! Demain sera affichée la liste des embauches immédiates. Sur la place ici, dans les hôtels,  dans les auberges ! »

     Et les notables retournent au camp. Il y a moult choses à mettre au point !

 

     Oscar rédige une minutieuse liste des embauches  prévues :

  • Pour les douches : trois responsables, quatre agents de nettoyage.
  • Pour les thermes : deux concierges, deux techniciens/ techniciennes chaudières, deux vigiles, deux agents de caisse à l’entrée.

Aux douches,  deux agents de service et deux agents d’entretien.

Au sauna et au hammam, deux agents de service et deux agents d’entretien.

Aux piscines, deux surveillants/surveillantes, deux agents  d'entretien, deux maîtres-nageurs

Salles de massage : trois masseurs/masseuses et  un agent d’entretien. Coin des boissons : deux agents de service et un agent d’entretien.

  • Pour l’étage :
  • Restaurant : trois cuisiniers/ cuisinières, deux agents de service, un vigile.
  • Buanderie : deux buandiers/buandières.
  • infirmerie : un infirmier/infirmière/médecin.
  • Appartements : un responsable,  deux agents d’entretien.
  • L’écurie des thermes : trois palefreniers.
  • Pour le réseau d’eau : deux techniciens communaux (vapeur) et deux techniciens communaux (charbon).
  • Pour le projet secret : ( la mine ) : six mineurs.  un(e) garde en chef et douze gardes, deux fondeurs/fondeuses.

       Le recrutement se fera dès le vendredi 9 mai au matin, au camp de travailleurs, à la sortie est de la ville.

     La compétence n’est pas une obligation,  des formations auront lieu pour les personnes embauchées. Toutes les filles et tous les garçons de seize à cinquante ans peuvent postuler.

 

     « Voilà la liste, Petrus,  apporte-la à la Maison de la Ville, afin que les scribes la copient en plusieurs exemplaires. Puis fais-la afficher en ville et dans les villages environnants. »

        Les maçons reviennent de leurs chantiers.

       « Les murs sont terminés pour les bâtiments 2 et 3. Les menuisiers terminent les cloisons et la charpente. Ce soir, les deux bâtiments seront prêts pour l’installation des tuyaux.  Demain, nous aurons fini les douches et les annexes des hôtels. Vendredi nous attaquons les thermes ! »

     Les menuisiers en ont fini avec les cloisons, et les charpentes. Il ne reste que la couverture des toits.

     Les verriers ont fini leurs préparations de vitres.  Tout est prêt à être monté ! Ils annoncent à Jacou qu’il rentreront à Meisenthal demain.

     « Si tu pouvais nous donner une escorte, ce serait bien... Nos deux gardes risquent de ne pas suffire ! 

     - Pas de problème, nos gens d’armes vous escorteront ! »

     Le soir arrive.

     Tout le personnel sur les chantiers rentre au camp ou au logis.

Jeudi 8 mai

 

      Deux convois sont en partance ce matin.

     Le premier convoi, ce sont les soldats de l’Empereur : Joseph Ikast, Audebert d’Auster, Firmin de Conté, Paulin Surcouf, Georges de Chaumes, Brice de Niss, Albert Erstein et Apollinaire de Bœuf, et deux chariots de matériels de Mousson pour Oche. Leurs deux compagnons, Philibert d’Argenteuil et Eudes d’Allier, blessés, bien que leurs plaies se soient refermées grâce à la cicatrisante, restent au camp, ainsi que les huit chariots qui doivent retourner à Mousson.

      Le deuxième convoi, ce sont les dix compagnons du Blauersland : Pierrette, Annette, Annie, Anne-Marie et Fleur Cohen, Jacques, Paul et Pierre Pinot, Mousse et Piot Stand, ainsi que trois gens d’arme, Christian Hahn, Aline et Pascal Spohr. Ils partent pour Strateburgo.

 

Vendredi 9 mai

 

     Un comité d’embauche est mis en place, à l’entrée du camp.

     Jacou Artz et Petrus Kroll reçoivent les postulants.

     La liste détaillée des postes à pourvoir est affichée, et chacun doit dire à quelle fonction il souhaiterait postuler..

    De retour de Strateburgo, les deux charrettes remplies à ras bord de pierres arrivent au camp, avec leur escorte. Ce sont les charretiers Helmut Fritz et Peter Glome. Quatre gardes les accompagnent : Adolf Rimmel, Paulus Kern, Gorg Pietra et Boris Elsie.

     « Nous avons croisé hier les compagnons du Blauersland, ils sont rapides, et devraient arriver ici ce soir !  dit Adolf Rimmel. Ils sont tombés sur des bandits... Oui, oui, il y en a encore ! Ils étaient huit ! Mais les compagnons les ont criblés de flèches sans subir de perte...»

 

Les Germains du Nord

 

     Deux chariots arrivent au portail. Jean d’Ortega reconnaît les passagers. Dans le premier, ce sont  Pierrot et Claude Stein, Axell Wilkinson, les deux mineurs Roger Basin et Louis Basin, ainsi que les Capitaines de l’Empire, Le Borgne et François Bauer.

     « Bienvenue, les Durandalémois ! 

     - Merci Jean ! dit Pierrot Stein. Comme demandé, nous voilà ! » .

  Dans le deuxième chariot, un homme, une femme, et deux enfants, une fille et un garçon.

     « Nous vous apportons des légumes et des fruits de la ferme, dit François Bauer. Et aussi de la viande du boucher, et du pain et des pâtisseries du moulin...  En arrivant à Val-de-Rosselle, nous avons aidé une famille, un couple et deux grands enfants,  qui se faisait malmener sur la route par quatre pillards. 

     - Nous avions tous pris nos arcs avec nous pour le voyage, dit Axell. Ça n’a pas traîné !  .

     - Ils se sont vite déguisés en hérissons morts ! s'esclaffe Le Borgne. Puis nous avons demandé à la famille où ils allaient, et ils nous ont répondu qu’ils venaient ici pour trouver du travail. Il paraît qu’on embauche...

     Le conducteur du deuxième chariot fait alors les présentations.

     « Je m’appelle André Perrot, et voici mon épouse Ginette, et nos deux grands enfants Adeline et Pierre. 

      - Les pillards voulaient notre or, dit Ginette. Mais nous n’en avions pas. Heureusement que vous êtes arrivés, ils nous auraient sûrement tous égorgés après nous avoir violées,  ma fille et moi !  Vous nous avez sauvé la vie ! Nous ne vous remercierons jamais assez...

    - Ils ont eu le temps de nous dire qu’ils n'étaient que des éclaireurs, précise André.  Et que toute une bande armée arrivait du Nord.

    - Avec François, nous allons voir sur l’heure de quoi il retourne.  dit alors le Borgne.

    - Avec mon frère et les frères Muller, nous venons avec vous ! Je préviens Jacou !  ajoute Jean d’Ortega. 

     - Allez voir, répond Jacou, et revenez nous informer. Nous nous mettons en alerte ! Dis à la famille de venir me voir ! »

     Et Jacou envoie un garde prévenir Oscar. Un autre va prévenir les gens d’armes et les soldats de Pont-de-Sarre.

     Bientôt, tous les gens en armes sont prêts, réunis dans le camp .

     Tous ceux qui ne savaient pas encore voler boivent la potion, et s’endorment pour une demi-heure.

     « Attendons des nouvelles, un ange nu devrait bientôt apparaître dans le ciel... »

     Effectivement, voici que les survole une silhouette blonde. C’est Jeannot Muller, il se pose devant Jacou, et fait son rapport :

     « Je confirme : il y a bien des troupes armées qui arrivent du Nord. Une dizaine de cavaliers, et dix chariots remplis de combattants ! Plus d’une centaine en tout ! Il y a aussi un chariot rempli de femmes ligotées. Dans une heure, ils seront là ! 

     - Merci Jeannot ! Où sont les autres ? 

     - Ils se sont mis en embuscade, et les surveillent, d’en haut. Ils attendent notre renfort. 

     - Il faut agir vite ! Il y a une forêt sur la route ? 

     -  Oui, les autres attendent à l’orée. 

     - Il faut bloquer le convoi ! dit Jacou. Jeannot, Alice, Guenièvre, Johan , Alexa, Pierre  et Christina  ! Vous allez attaquer le convoi par les airs ! Vous rejoignez Jean d’Ortega et son frère, ainsi que les Capitaines et Jacky Muller. Et à douze, vous fondez sur eux ! Ne vous occupez que des cavaliers,  disparaissez ensuite dans les bois, puis revenez ensemble et occupez-vous des charretiers. Cela va les retarder. Puis vous retournez prestement vous cacher dans la forêt.   Que l’un d’entre vous revienne rendre compte.  Allez ! »

     Femmes et hommes de Durandalem s’envolent, tous porteurs en bandoulière de deux carquois remplis.  Arrivés à l’orée du bois, ils retrouvent les frères d’Ortega, les Capitaines et Jacky.  Le plan d’attaque est mis au point. François a pris le commandement :

    « Nous attaquerons quand ils entrerons dans la forêt. Jacky, va voir où ils sont ! »

      Jacky revient quelques instants plus tard.

    « Ils sont à une demi-lieue de la forêt ! 

     - Bon, on va se poster de chaque côté du chemin. »

     Et ils s’envolent, et attendent l’arrivée des premiers cavaliers.

     Quand tous les cavaliers sont engagés dans la forêt, François donne mentalement le signal à tout le monde :

     « Maintenant ! »

     Et ils s’envolent, tirent chacun deux flèches, puis disparaissent dans la forêt. Sur la route, les chevaux sans cavaliers courent.  Des corps jonchent la chaussée, le convoi est arrêté.  Les dix chariots se vident de leurs hommes, qui se postent de chaque côté de la route. Cent arcs tendus attendent !

     Mais, d’un coup, au signal de François, les charretiers s’écroulent.

    Le silence règne alors à l’orée du bois, un silence bientôt rompu par un ordre dans une langue inconnue.  Les hommes se débarrassent des morts et des blessés, et montent aux rênes des chariots et sur les chevaux, pour traverser en force la forêt au galop.

 François alors redonne un ordre, et deux cents pas plus loin, les cavaliers tombent, et leurs chevaux se sauvent !

    Les charretiers sont victimes de la deuxième vague, les ennemis sont en débandade ! Dès qu’un homme essaie de donner un ordre, il est transpercé de toutes parts. Les hommes restants comprennent qu’ils sont vaincus, et jettent leurs armes au sol. Les quelques fuyards ne vont pas loin, happés par trois ou quatre traits qui les transpercent.

     Quelques gardes atterrissent, arc prêt à tirer. Les bandits sont effarés par ce qu’ils voient...Des démons nus qui tombent du ciel ! Et même des femmes combattant nues ! Apparemment, des femmes qui font la guerre, ce n'est pas dans leur coutumes...

     « Qui êtes-vous ? demande Jean d’Ortega.

     - Khan ! Khan ! balbutie un bandit. »

    Une partie de l’armée de Khan ! Ils sont donc plus nombreux que ceux qui ont attaqué Naborum... François envoie Jean d’Ortega en informer Jacou. Il serait bon de faire venir  Hantz Burg,  qui parle et comprend le germain.

     Au camp, les nouveaux initiés se réveillent, et rapidement enseignés par Jacou, ils maîtrisent déjà le vol et s’adonnent à la télépathie.

     Jean arrive et fait son rapport :

     « Nous avons fait cinquante prisonniers, et autant de morts chez l’ennemi. Aucun blessé de notre côté ! On a besoin de Hantz pour traduire, ils se disent de l’armée de Khan ! 

     - Tu vas en avant, Hantz, dit Jacou. Jean, tu vas accompagner les nouveaux initiés, c’est leur premier vol ! 

- Messieurs, dit Jean aux nouveaux initiés, prenez un arc et un carquois, et pour ceux qui ne sont pas nus, c’est maintenant ! »

     Et toute la troupe s’envole. Certains hurlent de joie en volant, faisant des pirouettes. Jean laisse faire… Mais à l’approche de la forêt, il leur dit :  « Maintenant, c’est du sérieux ! il y a cinquante ennemis, tous veulent notre peau ! À vos arcs, et pas de pitié ! »

     Mais les bandits sont bien cernés par les gardes qui tournoient au-dessus d’eux, abattant la moindre rébellion.  Les renforts alors augmentent le rayon du cercle.

     Hantz arrive et questionne les prisonniers en germain :

     « Qui êtes-vous ? 

     - Les soldats de l’armée de Khan !  répond un Germain.

    - Combien êtes-vous ? 

     - Des centaines ! 

     - Où allez-vous ? 

     - Rejoindre le Grand Khan à l’Ouest.

     - Y a-t-il donc une autre armée de Khan ? 

      - Oui, Khan est avec l’armée ! Nous le rejoignons ! D’autres aussi le rejoignent ! 

     - Combien d’autres ? 

     - Des centaines ! Ils nous délivreront ! 

     - N'y comptez pas trop... Votre Khan est mort ! 

     - Impossible ... Nul ne peut vaincre notre Khan ! 

     - Pourtant, trois flèches ont suffi ! Et toute l’armée qui était avec lui est décimée ! Il n’en reste rien...

     - Vous mentez, vous mentez ! 

     - Oh , que non... Nous en avons tué quatre cent quatre-vingt-six, et seize restent nos prisonniers. Nous allons vous emmener à Pont-de-Sarre. Les gardes, ligotez-les ! »

 Et les Germains, en file, se retrouvent attachés les uns derrière les autres.

 

Les prisonnières des Germains

 

     Les Capitaines vont voir ce qui se trouve dans le dernier chariot...

     Des femmes nues, ligotées et bâillonnées, comme dans le convoi de Khan !

     « Vous ne craignez plus rien, les rassure le Borgne, nous sommes les Capitaines de l’Empereur, Nous avons éliminé tout danger ! »

     Les deux Capitaines les détachent prestement, et les font descendre du chariot.

     En voyant ces soldats nus, elles pensent qu’elles vont être encore une fois violées par toute la troupe ! François apaise aussitôt leur inquiétude.

  « Rassurez-vous, nous vivons nus, et nous avons l’habitude de voir des femmes nues. Voyez nos gardes, elles aussi sont nues ! »

      Les captives sont quinze, toutes très jeunes, une vingtaine d’années. La plupart sont rousses, mais il y a quelques blondes, toutes avec des grosses poitrines. Elles sont recouvertes d’ecchymoses. Certaines ne peuvent plus marcher, les os brisés ou meurtris par les coups de bâton.

     « Comment vous appelez-vous, et d’où venez-vous ?  demande le Borgne.

     - je suis Yvette Masson, avec mes sœurs Yvonne et Lydie, nous venons d’un petit village du nom de Pirmas. Ils ont menacé de nous égorger s’ils étaient suivis ! 

     - Claudine et Claudette François, nous sommes jumelles, notre village s’appelle Burgdorf, c'est au Nord de Pirmas.

     - Isabelle Stam, je viens de Wissen. 

     - Je suis Mariette Létan, voici mes sœurs Marianne, Marion et Marilou, et mes cousines Joséphine, Léonce et Béatrice Létan. De Wissen également. 

    - Ingrid Fjörd... Moi je viens des steppes, ils nous ont capturées, ma sœur Björg et moi, et ils ont  tué notre père, notre mère et notre frère ! 

     - Je suis Anki d’Ott, je viens du village de Baumkessel au Sud de Pirmas. »

Tout le monde se met en route pour le camp, Jean d’Ortega et Hantz Burg, sur des chevaux, traînent la longue file de prisonniers, attachés l’un derrière l’autre.

Plusieurs gardes volent alentour, prêts à mater toute tentative d'évasion.

     Le chariot des filles est escorté par les gardes.

     François envoie trois gardes, Pierre Martin, Paul Martin et Alex Jamot pour une reconnaissance d’en haut, d’autres troupes risquent d’arriver !

 

   Jacou a expliqué de quoi il retourne au chantier. Il a envoyé les cantonniers, les mineurs et Axell pour prendre les mesures chacun dans sa partie.

     Axell a étudié le terrain  Il a trouvé l’emplacement pour la fonderie, juste à côté de la tour de chevalement que les mineurs ont prévue. Les cantonniers font alors le tracé des murs protégeant le site.

 

     Au camp, on se prépare à recevoir les prisonniers et les filles. Un endroit est aménagé pour parquer les prisonniers.

     Les chariots arrivent, et Marie accueille les rescapées, assistée des filles de service. Oscar a fait mander ses médecins, Edmond Dantès et Mercedes Benz. Les diagnostics sont rapides... Trois filles ont le fémur brisé. Une des trois a en plus le bras droit cassé. Quelques-unes ont eu des doigts brisés, toutes ont des ecchymoses sur tout le corps, et plusieurs souffrent de déchirures aux entrejambes.

      « Ils y sont allés à plusieurs sur chaque fille ! s'indigne Marie. Les salopards ! » .

    Les médecins sarrois sont épatés par les produits, les onguents et les anesthésiants que Marie a apportés. Une fois les filles anesthésiées, les fractures sont réduites, des attelles sont posées. Les médecins recousent aussi les vulves déchirées par ces monstres. Encore une fois, la cicatrisante va faire des merveilles !

     Jacou et Oscar discutent.

     « Pour éradiquer le banditisme dans notre région, propose Jacou, nous devrions former une force d’intervention rapide ! 

       - Je suis bien d’accord !  répond Oscar.

      - Je vais inviter tous les bourgmestres de la région à Durandalem la semaine prochaine. Nous allons monter une compagnie d’épurateurs ! 

     - Pour couvrir toute la région, il va falloir plusieurs équipes...

     - Certes ! Nous allons établir un réseau de vigilance...

     - Comment cela ? 

     - Des relais de gardes, occupés à tour de rôle, des patrouilles volantes entre les relais, des survols réguliers des chemins de l’Austrasie… 

     - Mais où les placer, ces relais ? 

     - Nous les construirons... Un à Naborum, un à Falkenberg, un à Téterchen, un à Mettis, un à Saint-Louisbourg, un à Deux-Ponts, un à Gmunden, un à Dieuze, un à Vic...  Et bien sûr, un à Pont-de-Sarre ! Des bâtiments capables d’héberger dix hommes, où se tiendront en permanence des vigiles. Nous couvrirons ainsi toute la région. »

 

 

La suite des embauches

 

      Puis, revenant aux préoccupations urbaines, Jacou dit à Oscar :

     « Allons voir Petrus, je l’ai un peu abandonné au bureau de recrutement ! 

     - Alors, nous avons des recrues ? 

     -  Oh oui, déjà beaucoup ! Je t'énumère...

     - Huit gardes pour la mine, dont cinq filles. Sept mineurs, qui viennent du Nord d’Oche,  de carrières de marbre qui sont épuisées et qui ont fermé. Nous leur avons dit que c’est un projet, sans en dire plus, mais qu’ils et elles sont embauchés dès maintenant !

     - Deux buandières pour les thermes. Quatre vigiles pour les thermes, dont deux filles. Quatre agents de service pour les thermes, trois filles et un garçon. Six agents d’entretien pour les thermes, quatre filles et deux garçons. Trois concierges, des garçons, pour les thermes quatre masseuses. Quatre surveillants pour les piscines, qui feront office de maîtres-nageurs. Deux garçons, deux filles. Et enfin deux techniciens vapeur ! Je leur ai donné rendez-vous demain matin ici. 

    -  Et nous avons les trois responsables des douches, des garçons. Nous avons aussi les quatre agents de nettoyage. Des filles. Ceux-là viendront cet après-midi se former avec Alban. 

     Il nous manque donc encore... 

     - Aux thermes : deux techniciens/ techniciennes chaudières, deux agents de caisse à l’entrée, deux agents de service du coin des boissons.

     - Au restaurant : trois cuisiniers/ cuisinières, deux agents de service. 

    - À l’infirmerie : un infirmier/infirmière/médecin 

    - À l’écurie des thermes : trois palefreniers.

    - Pour le réseau d’eau : deux techniciens communaux (charbon) .

    - Pour le projet de la mine : un ou une garde en chef, quatre gardes, deux fondeurs/fondeuses... Mais cet après-midi, d’autres viendront sûrement  !                                          

     - Et tu peux rajouter dix gardes sur ta liste ! conclut Oscar. »

      Il va être midi. Les ouvriers reviennent des chantiers.

     « Trois douches communales sont maintenant opérationnelles, annonce Pierre Bour. Il manque le personnel qui s’en occupe ! Les chaudières chauffent. Le dernier bâtiment des douches sera fini demain ! 

     - Les hôtels sont terminés aussi, poursuit  Paulin Wirth. Il reste les planchers à poser dans les salles d’eau annexes. 

     - Eh bien, tout cela est parfait ! se réjouit Jacou. Que toutes et tous se mettent à la construction des thermes, dès qu’ils ont fini leur chantier. 

     - Les maçons, il faudra vous partager.  Il y a des murs à construire sur la colline.                   

      Les maçons de Manderen, Joseph Wirth et Pierre Bour, assistés des maçons de Pont-de-Sarre Antoine Binz et Josef Pouls, et des apprentis Benny Hile, Artémus Gord et des jumelles Hilda et Helga Börg, iront sur la colline. 

     Les maçons Paulin Wirth, Georges Storm, Claude Storm et Paul Bour, de Manderen, assistés des maçons de Pont-de-Sarre, Jésus, Hantz, Hubert et Albert Vorm, s’occuperont des thermes. »

 

La missive

 

     Jacou a rédigé une missive pour inviter tous les bourgmestres de la région à une réunion de crise quant à la sécurité sur les routes et chemins d’Austrasie :

    "Chers collègues, bourgmestre de votre ville, de votre village, je me dois de vous sensibiliser sur un fléau qui nous empêche de voyager sans risque :  les routes et chemins d’Austrasie sont envahis de hordes de bandits et de pirates qui pillent et tuent les voyageurs.  Nous devons nous prémunir de ces bandits et pirates !

     Je vous propose de former une brigade régionale, forte de cent cinquante hommes et femmes, qui sillonneront les routes afin de supprimer définitivement ces dangers. Je vous invite donc à Durandalem le mardi 13 mai pour en discuter et trouver la meilleure solution.

     Bien sûr, cette brigade sera volante.  Dotée des trois pouvoirs des gardes de Durandalem : déplacements par les airs six fois plus vite qu’à cheval, communication par la pensée sur des lieues de distance, et déplacement à distance d’objets de toutes tailles et de tous poids par la seule volonté.

     Chaque commune fournira des soldats, au prorata du nombre d’habitants, un soldat pour deux cents habitants. Les soldats seront rémunérés par un fond commun que Durandalem prendra entièrement en charge.

     Dans chaque village, dans chaque ville, un homme et une femme seront dotés du pouvoir de voler,  afin d'avertir au plus vite le réseau de surveillance, aux points relais établis partout sur le territoire.

     Je vous attends donc le 13 mai à midi pour un déjeuner de travail au restaurant des Thermes de Durandalem.

     Munissez-vous d’escortes. Nos gardes et gens d’arme s’occuperont d’elles."

  « Oscar, peux-tu faire recopier cela par tes scribes en plusieurs exemplaires ? Mes Capitaines les emporteront à Durandalem pour les distribuer.

    - Cela va être fait de suite ! »           

Les embauchés aux douches

 

       Les sept candidats aux postes des douches sont de retour. Une fille demande :

     « Doit-on se mettre nues ? 

     - Ce n’est pas une obligation... Mais vous travaillerez dans une ambiance chaude, et vous serez bien mieux nues qu’habillées ! »

     Jacou envoie avec eux  l'ambassadrice Valérie, jusqu’à la première douche, afin qu’Alban leur donne les explications nécessaires.

    Les filles de l’hôtel sont revenues. Il leur laisse le soin d’expliquer aux nouvelles recrues de quoi il s’agit, et il emmène les trois garçons aux chaudières.

     « Je m’appelle Alban Cory, j’habite dans la rue Haute. 

     - Moi c’est Berny Colas, et voici mon frère Berthold, nous habitons dans la Grand-Rue. 

     - Et moi, c’est Adolf Activ, et j’habite à Sant-Inberg. 

     Alban leur explique en quoi consiste le travail, puis il les emmène à l’intérieur, où les filles prennent une douche avec un plaisir non dissimulé !

     Il explique aux garçons comment tout cela fonctionne : la cheminée au fond, qui doit rester allumée à cause de l’humidité, et les systèmes d’eau chaude et d'eau froide.

     « Alors les filles, demande Alban, ce sera dans vos cordes ?  .

     - Je suis Gretel Colas, la sœur de ces deux rouquins.  Cela me convient très bien ! Et travailler nue me plaît beaucoup ! 

     - Nous sommes Sylvie et Andrée Activ, les sœurs d’Adolf. Nous aussi ça nous plaît bien !

     - Je m’appelle Paulette Itby...  Et moi aussi je trouve ce travail très bien ! On commence quand ? 

     - Demain matin, je crois ! dit Alban. Il y a trois établissements comme celui-là.  Dans chacun, un garçon et une fille. »

      À  la vue de ces rousses nues devant lui, Adolf ne peut empêcher la levée de son membre, un membre assez conséquent... Gêné, il se réfugie dans une douche et la prend froide, ce qui ne tarde pas à calmer ses ardeurs. Sylvie Activ rigole quand il en ressort :

   «  Eh bien, frangin, du contrôle ! Un peu de tenue !

     - Jacou a une potion pour éviter ça, les informe Alban. Vous en aurez tous, les garçons ! 

     - L’avantage chez nous les filles, précise Gretel, c’est que nous, ça ne se voit pas quand on bande ! Sauf Une fille que je connais, qui a un clitoris de deux pouces quand elle bande ! »

     Et tout le monde éclate de rire.

 

La milice des parents

 

     Les trois gardes, Alex Jamot et Pierre et Paul Martin, sont de retour.

     « Nous avons vu des cavaliers au Nord de Saint-Louisbourg, alerte Pierre. Une bonne centaine !

      - Amis ou ennemis ?  demande Jacou.

      - On ne sait pas, nous n’avons pas voulu nous faire repérer ! Mais ils n’ont pas d’uniforme... Ce ne sont pas des troupes officielles... S’ils traversent la ville, ils vont sans doute la mettre à sac ! 

       Aussitôt, Jacou réunit ses troupes et leur dit :

     - De nouvelles troupes apparaissent au Nord de Saint-Louisbourg, à dix lieues d’ici ! Allez-y, prenez tous les carquois que vous pourrez porter et rayez-les du chemin ! Nous ne pourrons pas accepter plus de prisonniers... François, Capitaine de l’Empire, prendra le commandement !  Hantz, tu iras avec eux.  Si ce sont des Germains, tu pourras leur parler. Toi, François, dès que vous verrez ces cavaliers, tu m’enverras un homme pour me prévenir. 

     - Nous y allons tout nus ?  demande Alex Jamot.

     - Mais oui... les Anges de la Mort ! Voilà comment nous vous appellerons... Et les Anges sont nus ! ajoute Jacou en rigolant. Allez ! »

     Et une nuée de gardes, soldats et gens d’armes nus s’équipe, et attend l’ordre de François.

     -  On y va, vaillants Anges de la Mort ! »

     Les gardes et les soldats de Pont-de-Sarre, les gens d'arme de Durandalem, les deux Capitaines Bauer, Hantz l'interprète... Une flottille aérienne de vingt-sept personnes prend son vol en direction de Saint-Louisbourg

      On arrive  bientôt  en vue des cavaliers. Tous se posent alors pour établir un plan.

     « Johan et Pierre Martinet, ordonne François, vous allez faire le tour de la troupe, vous emporterez le dernier cavalier dans les airs et vous le ramènerez ici, Hantz l’interrogera ! Tâchez d'être discrets, c’est mieux si les autres cavaliers ne s’en aperçoivent pas...

     Alexa Dumas, descend de sa position d’observation.

     « Ils se sont arrêtés ! 

     - Ce sera plus facile ! dit Pierre Martinet. »

     Et les voilà partis dans les airs.  Ils font un grand détour, volant en rase-mottes, et arrivent rapidement derrière eux.

     Par chance, l'un des hommes s’est écarté du groupe pour faire ses besoins. Et c’est les braies baissées qu’il se fait cueillir et emporter cul nu dans les airs !

     Toujours volant en rase-mottes, ils reviennent avec le prisonnier, effaré par ce qui lui arrive... Ce vol dans les airs, et ces archers tout nus...  Il croit rêver !

     Hantz le pose à terre, et lui demande en germain :

     « Qui êtes-vous, d’où venez-vous, où allez-vous ?  »

    Croyant avoir affaire à des Germains, l’homme répond, tout  tremblant, dans notre langue :

   « Mais je ne comprends pas le germain... Nous sommes une milice de parents  des villages du Nord, et nous courons derrière toute une bande de Germains qui ont volé nos filles !  Nous voulons nos filles ! 

     - Alors, le rassure aussitôt Hantz,  nous sommes dans le même camp ! 

     - Mais pourquoi vous êtes-vous arrêtés ? demande François.

      - Pour savoir si les Germains étaient passés par la ville voisine ! 

      - Comment t’appelles-tu ? 

     - Je suis Edmond Létan, l’oncle de huit des filles que les Germains ont volées. »

     François alors donne l’ordre aux frères d’Ortega d’aller au-devant de la troupe, avant qu’elle ne reparte.

     Arrivés non loin d’eux, Jean et Aimé d’Ortega se posent et arrivent à pied, carquois et arc en bandoulière,  la main levée en signe de paix.

     Les miliciens, voyant arriver ces deux hommes nus et armés, sont fort surpris, se demandent ce qu’ils veulent, et bandent déjà leurs arcs.

     Arrivé à portée de voix, l'un des miliciens crie :

     « Arrêtez-vous ! Qui êtes-vous ? 

     - Des amis...  Nous avons combattus et battus les Germains, et vos quinze filles  sont sauves et soignées par nos soins à Pont-de-Sarre. 

     - Mais, demande le milicien méfiant, comment savez-vous qui nous sommes ?

     - Nous avons capturé discrètement l'un des vôtres, Edmond Létan, qui nous a tout raconté ! »

Le milicien leur fait signe d’approcher, en baissant les bras pour dire à sa milice de baisser les armes.

     « Eh bien nous, comme vous nous voyez, nous allions tous vous tuer, dit Jean. Nous avons failli commettre une grosse erreur... Nous croyions que vous étiez des Germains de Khan !

     - Moi, je suis Adam Masson, le bourgmestre de Pirmas... Mes deux filles ont été enlevées ! Savez-vous si elles vont bien ?  

     - Elles sont blessées, nos médecins ont réduit quatre fractures aux membres et plusieurs aux doigts, et recousu plusieurs filles. Elles portent toutes des traces de coups, quelques-unes ont des doigts cassés, mais d'après nos médecins, toutes survivront et guériront ! 

     - Emmenez-nous vite les voir ! implore Adam.

     Jean qui transmet par la pensée les discussions à François dit :

     - Venez, suivez-nous, nous rentrons à Pont-de-Sarre. 

     Les miliciens remontent à cheval et en croient à peine leurs yeux  : quels pouvoirs extraordinaires ! Ces soldats nus qui s’envolent,  et qui dans les airs leur font signe de les suivre...

     François envoie Jeannot Muller prévenir Jacou de l’arrivée d’amis. 

      « Tu lui diras que c’est une milice formée par les parents des filles ! »

     Et tandis que Jeannot retourne au camp, les Anges de la Mort accompagnent les miliciens, épatés par tous ces soldats nus qui virevoltent autour d’eux.

     La troupe se met alors au galop, et arrive rapidement au camp. Jacou les accueille au portail, nu comme il se doit.

     « Bienvenue, courageux parents ! Je suis Jacou Artz, le chef de ce camp. Nous avons recueilli et soigné seize filles. Je vais vous les nommer... »

Et Jacou énumère les seize noms. Tous les miliciens ont reconnu ceux de leurs  filles ou de leurs nièces... Ils sont heureux et soulagés ! Seuls deux noms leur sont inconnus.

 « Grand merci, Jacou Artz ! Elles sont notre soleil, nos vies !  Mais qui sont donc Ingrid et Björg Fjörd ? 

     - Deux orphelines que les Germains ont capturées sur la route, en tuant leurs parents...

     - Pauvres filles ! soupire Adam. Mais puis-je poser une question ?

    - Faites donc...

    - Pourquoi donc, toutes et tous, êtes-vous tout nus ? 

    - C’est notre façon de vivre, notre philosophie. Une nudité saine ! Vous aussi, mettez-vous donc nus... vous le pouvez ! 

   - Hum... C'est que nous sommes plutôt sales, après cette longue chevauchée !               

   - Eh bien, je vous propose d'aller prendre une douche, puis de vous sustenter tout en buvant quelques canons ! Car vous devez aussi avoir faim et soif... Depuis quand étiez-vous à cheval ? 

    - Depuis hier matin ! Nos chevaux sont comme nous... exténués ! Et nos enfants, quand pourra-t-on les revoir ? 

     - Venez, installez-vous. Pour l'instant, vos filles dorment. Mais ce soir, au repas, elles seront parmi nous. Vous êtes nos invités ! »

     Et Jacou envoie deux ambassadrices, Agnès et Angèle Hune, demander aux hôtels des renforts de cuisiniers et de nourriture pour cent personnes. Quant à Gertrude et Berthe Hoff, elles vont se rendre à cheval vers le haras de Sant Inberg réclamer des palefrenières et des palefreniers en nombre, pour prendre soin des cent chevaux...

     Tout le monde est content de cet heureux dénouement !

    L’un après l’autre, les parents reviennent des douches, tout propres et tout revigorés, et restent nus pour s’attabler.

    « Vous avez cinquante prisonniers germains de plus, s'enquiert Adam. Qu’allez-vous en faire ? 

     - Nous les enverrons demain au bagne de Deux-Ponts !  »

 

Rapports du soir

 

    À l’heure du repas, les chantiers s’arrêtent. Les travailleurs retournent au camp, un peu surpris par cet afflux d’inconnus.

Ils font leurs rapports.

     Roger et Louis Basin, les mineurs, ont examiné les roches dans la fissure. Ils ont creusé un peu et sont formels ! 

     « Il y a beaucoup de charbon... Plusieurs veines qui partent dans différentes directions. Et les stries jaunes, c'est  bien de l’or ! 

     - J’estime qu’une fonderie serait utile, dit Axell Wilkinson.  Mais il faudra aussi un triage, pour séparer le charbon.   

     - Les maçons de Manderen, ceux de Pont-de-Sarre, et les quatre apprentis  avancent d’une façon fulgurante !  dit Claude Stein. Les quatre tours de garde, ainsi que le bâtiment du chevalement et la fonderie, sont déjà presque achevés... Demain nous construirons les remparts et le chemin de garde ! »

     Les uns après les autres, chacun commente sa partie.

     Les maçons Paulin Wirth, Georges et Claude Storm et Paul Bour, de Manderen, assistés des maçons de Pont-de-Sarre, Jésus, Hantz, Hubert et Albert Vorm, se sont occupés des thermes. Les murs du premier niveau sont posés.

     Le plancher de l’étage est en cours. Dans les hôtels et les douches, c’est fait ! La tour pour les chaudières est en place, les forgerons sont à l’œuvre. Les douches sont terminées. Demain, les quatre douches pourront ouvrir, avec le personnel recruté et formé.

     La crémaillère pour alimenter le réservoir tourne. Il se remplit.

     La tranchée qui descend arrive au premier croisement. Des dérivations vers plusieurs rues partent d’ici. Il faudra construire un abri pour protéger les vannes de distribution, et ce à chaque croisement, sous le niveau de la rue.

      Petrus Kroll vient annoncer que le recrutement est achevé.

      « J’ai donc fait le point, et j'ai convoqué tout le monde ici pour demain matin ! »

        Les dix compagnons reviennent du Blauersland avec les pierres promises.

     « Alors, compagnons, demande Jacou, bon voyage ?  .

     - Oui ! répond  Christian Hahn, pas d’attaque contre nous cette fois-ci !  Et ici, quoi de neuf ?  Il y en a, du monde ! 

     - Nous avons éliminé quelques bandits, une cinquantaine. Et nous en avons fait prisonniers autant ! Quant à ces gens, il s'agit d'une milice de parents à la recherche de leurs filles capturées par l’armée de Khan ! 

      - Des soldats de  Khan ? s’étonne Christian. Il y en a donc encore ?

     - Probablement ! Nos prisonniers en font partie... Nous avons délivré et accueilli les filles. Elles repartiront  partiront demain matin avec leurs parents.   Quant à toi et aux  autres gens d’arme, vous avez une mission pour demain : escorter les prisonniers jusqu’au bagne de Deux-Ponts.

     - Pas de souci, nous le ferons ! »

     Peu avant le repas du soir, les seize filles font leur apparition. Elles sont nues...   Les orphelines Ingrid et Björg Fjörd ont demandé à être intégrées dans la garde.

     Isabelle Stam, avec une jambe et un bras cassés, a bien du mal à se déplacer.  De même que Marion Létan et Anki d'Ott,  toutes les deux avec une jambe cassée. Les autres filles les aident de leur mieux. Trois filles ont des emplâtres sur plusieurs doigts, brisés à coup de bâton. Marie Brett leur a administré un sédatif, elles ne souffrent pas de leurs fractures.

      La plupart se voyant nus pour la première fois, les parents des filles ont  un bref moment de stupeur. Mais voilà qu'ils aperçoivent  leurs chères enfants saines et sauves ! Ils s'approchent, pleurant de joie...

     Les filles sont bien étonnées de constater que  leurs parents et connaissances sont aussi nus qu'elles !  Quand ils les serrent très fort dans leurs bras, encore toutes tuméfiées par les coups reçus, elles gémissent parfois, malgré les sédatifs. Mais, cela va sans dire,  elles sont follement heureuses de revoir leurs parents !

     Jacou prend alors la parole :

      « Chers villageois d’Austrasie, vous avez encore une fois été malmenés par ces fléaux qui pourrissent nos routes et chemins ! 

     - C’est vrai ! dit Adam Masson. Mais que pouvons-nous faire ? 

     - Cela va cesser ! Nous avons en projet  une brigade qui va surveiller les routes, et agir pour éradiquer les bandits. Nous installerons un réseau de communication, dans chaque village, un homme et une femme seront dotés du pouvoir de voler, pour avertir au plus vite la brigade ! Il y aura des tours de relais. 

     - Superbe projet ! Et qui fera partie de cette brigade ?

     - Tous les volontaires... Et ils seront rémunérés ! Chaque village aura un ou plusieurs gardes à fournir à la brigade, à proportion du nombre d’habitants. J’attends les missives, que les scribes d’Oscar recopient en plusieurs exemplaires. J’en distribuerai ce soir aux bourgmestres. Y a-t-il des bourgmestres parmi vous  ?

     - Moi, dit Adam Masson. Je suis le bourgmestre de Pirmas. Il y a dix hommes de mon village avec moi.

     -  Moi, dit Léon Spar. Je suis le bourgmestre de Burgdorf . Neuf des hommes de mon village sont ici.

     - Je suis le bourgmestre de Baumkessel, dit Firmin d’Ott. Douze hommes ici m’accompagnent

     - Je suis le bourgmestre de Wissen, dit Albert Fortin. J’ai vingt-cinq hommes de mon village avec moi !

     - Je suis le bourgmestre de Diedendorf, dit Robert Lepage. J’ai amené dix hommes.

     - Je suis le bourgmestre de Eckdorf, dit Kurt Welle. Neuf hommes m’ont suivi.

     - Je suis le bourgmestre de Ottonstat, dit Willie Bran. Dix hommes sont avec moi ! »

    Voilà Oscar avec les copies de la missive. Chaque bourgmestre en reçoit un exemplaire, et ceux qui le peuvent iront en donner aux villages voisins des leurs.

     La cloche retentit. Tout le monde passe à table. Près de deux cents personnes participent au repas !

     Jacou annonce à Oscar que le personnel est recruté.

      « Les quatre douches ouvriront demain matin, avec un responsable et une femme de ménage. Ce sont des couples, ils habiteront sur place.  L’exploitation minière commencera lundi ! Les gardes s’installeront demain dans la maison des gardes, sur la colline, dans l’enceinte de la mine. Une buanderie est installée, avec un grand tambour. Il y aussi un réfectoire avec un office, qui sera opérationnel dimanche, avec lave-vaisselle et chambre froide. Au début, il faudra livrer des plats depuis les cuisines des thermes. Ensuite, quand ce sera rodé, tu pourras embaucher des cuisiniers pour la colline.  Ils vont recevoir une formation accélérée ! Quant aux mineurs, ils suivront des cours pendant deux jours avec mes hommes. Cela suffira pour débuter...

     Les fondeurs ont aussi un logement sur la colline. 

     Le réservoir est plein, l’eau arrive depuis la colline partout en ville ! Bon ! il faut encore tirer les tuyaux ! mais le système fonctionne ! 

     Nous pourrons inaugurer les thermes lundi ! tout le personnel est prévu ! 

     Nous attribuerons les appartement des Thermes demain. 

     - Vous avez fait des prouesses ! admire Oscar.

    - Oui, malgré les ennuis sur les routes, nous y sommes parvenus ! Nous repartirons lundi, après l’inauguration des thermes le matin et le repas de midi.  Les gens de Pont-de-Sarre sont formés aux techniques installées, ils ont bien appris, et ils pourront continuer les travaux, équiper les auberges, les restaurants, et divers bâtiments de la ville ! »

     Après le repas, Les miliciens s’installent pour dormir, dans les chariots ou au sol, avec des paillasses et des couvertures qu’Oscar a fait apporter au camp. Et pour leur dernière nuit à Pont-de-Sarre, les compagnons du Blauersland retournent à l’hôtel Victor.

     Les gardes de Durandalem et ceux de Pont-de-Sarre organisent la veille nocturne, et en particulier la surveillance des prisonniers.

Samedi 10 mai

 

    À Pont-de-Sarre, les compagnons du Blauersland sont en partance.

     Jacou les salue, et les remercie pour le travail fourni, en particulier pour la construction du réservoir.

     « Vous saluerez bien Maître Sandre de ma part ! 

     - Nous n’y manquerons pas !  promet Fleur Cohen. 

     - Bonne route ! »

     Et les voilà partis, avec dix chariots vides et quarante chevaux.

     Derrière le camp, Hantz a préparé cinq chariots pour transporter les cinquante prisonniers.  Les gens d’arme de Durandalem les font monter, se mettent en selle, et c’est le départ vers Deux-Ponts, où ils seront enfermés au bagne de la ville.

     Deux autres chariots sont préparés pour ramener les filles dans leurs villages respectifs. Les miliciens sont sur leurs chevaux, et le convoi part vers Wissen, escorté par les soldats de Pont-de-Sarre.

 

 

L’embauche

 

     Au camp, les nouveaux embauchés arrivent.  Ils vont être accompagnés sur leur nouveau lieu de travail.

     Vingt-quatre gardes : neuf garçons et quinze filles.

     Six techniciens : quatre garçons et deux filles.

     Sept mineurs, tous des garçons.

     Trois fondeurs : deux garçons, une fille.

     Trois masseuses et un masseur.

      Sept responsables bâtiment, tous des garçons : trois concierges pour les Thermes, et quatre pour les douches.

      Dix agents d’entretien : quatre filles pour les douches, deux garçons et quatre filles pour les thermes.

      Huit agents de service : cinq filles et trois garçons.

      Quatre surveillants : deux garçons et deux filles.

       Deux buandières. Un cuisinier et un commis de cuisine, une cuisinière et une commise.

      Quatre vigiles : deux garçons et deux filles.

       Pour l’infirmerie : deux filles médecins.

      Deux agents de caisse : un garçon, une fille.

     Cinq palefreniers : deux garçons et trois filles.

     Petrus organise la répartition :

     « J’appelle d'abord les employés des douches :

     Alban Cory, responsable des douches 1.

     Berny Colas, responsable des douches 2.

     Berthold Colas, responsable des douches 3.

     Adolf Activ, responsable des douches 4.

     Gretel Colas, agent d’entretien des douches 1.

     Sylvie Activ, agent d’entretien des douches 2.

     Andrée Activ, agent d’entretien des douches 3,

     et enfin Paulette Itby, agent d’entretien des douches 4.

     Vous ouvrirez les douches pour neuf heures. Les douches sont gratuites pour les habitants de la ville. Les horaires seront de neuf heures à midi, et de quatorze heures à dix huit heures. Les appartements dans les douches sont les vôtres. Vous pouvez emménager dès maintenant, mais ne laissez pas les chaudières s’éteindre ! Vous prendrez vos repas dans un restaurant de votre choix, le plus proche de votre établissement serait le mieux. Les restaurateurs sont prévenus. Vous n’aurez pas à payer, nous nous en chargeons. Allez, et bon travail ! »

     Puis il appelle les gardes : 

     « Roseline Reno, tu es nommée cheffe des gardes de la mine. À toi d’organiser les tours de garde, et de veiller à l’entraînement des femmes et des hommes. 

     Ingrid Fjörd et Björg Fjörd, comme vous maîtrisez le maniement de l’arc, vous êtes nommées professeures de tir des gardes. 

     Jean-Pierre et Jean-Paul Reno, Gwladys Tamboul et Nicolas Lèze, vous êtes les chefs des quatre équipes de gardes. 

      Agnès Tuère, Martine Edjer, Nina, Sylvain et Alain Boucaud, Gwénolé Kruh, Julie et Charly Devin, Joshua et Ida Lèze, Bernard et Léonard Tichot...  Vous êtes douze. Quatre équipes de trois plus le chef ou la cheffe d’équipe. 

      Agathe Zebluz, Rosalie Devin, Diane Bathé et Marthe Tichot, vous êtes les gardes du remonte-pente qui sera installé entre la mine et la ville en bas.  Vous effectuerez des patrouilles dans la colline, sous les ordres de Zita Lèze, votre cheffe de patrouille.

     Il y a vingt appartements pour vous dans l’enceinte de la mine. Choisissez chacune et chacun le vôtre, et installez-vous. Nos Capitaines de l’Empire, Le Borgne et François Bauer, viennent avec vous pour vous expliquer votre futur métier.  Vous prendrez vos repas sur place. Un cuisinier va être nommé aux cuisines de la mine.

     D’ici là, les gardes de patrouilles, en chariot, feront la navette entre le restaurant des thermes et la mine.  Et maintenant, allez-y ! »

      Maintenant,  c'est au tour des mineurs.

     « Odilon, Léon et Gaston Niva, Marcel et Pacôme Gehme, Gildas et Matias Ticaud... Vous êtes tous habitués à creuser. Nos deux mineurs de Durandalem, Roger et Louis Basin, vont venir avec vous, pour vous expliquer les techniques installées. Vous mangerez à la cantine de la mine, avec les gardes. Il y a dix appartements pour vous et les fondeurs. Vous pouvez y aller. »

       Puis ce sont les fondeurs.

       « Gert Ise, Emma Trof et Helmut Hart, vous partez avec Axell Wilkinson, le fondeur de Durandalem, il va vous montrer comment utiliser les technologies installées. Vous dormirez sur place, avec les mineurs, et vous mangerez à la cantine de la mine. »

     Maintenant, Petrus appelle les techniciens...

     «  Igor et Laure Embahr, vous vous occupez du bon fonctionnement de la crémaillère alimentant en eau le réservoir. Karl Embahr et Fleur de Sail, vous vous occuperez des générateurs de vapeur, tout le long du parcours de l’eau. Vous avez l’été pour préparer le terrain. Vous pourrez avoir l’aide des forgerons de la ville.  Homère de Sail et Jean Pass, vous vous occupez des chaudières des thermes. Jérémoy Mayer va venir avec vous pour vous expliquer les mécanismes. »

 

     Puis les palefreniers.

      « Geoffroy Sithe, tu es nommé chef des palefreniers.  Aurore L’Oréal, Hantz Schneck, Annie et Betty Boupe, vous allez à cheval avec Hantz aux écuries des thermes. Vous vous occupez des montures et des véhicules des clients. Vous habiterez dans les appartements derrière les écuries.  Naturellement, vous prendrez vos repas au restaurant des thermes. »

 

     Maintenant, le bâtiment des thermes.

   «  D’abord, les responsables : Jacques Ouatik, tu es nommé responsable et gérant des thermes. Tu es le chef de tout le personnel. Paul Eoduk, tu es le concierge, c’est toi qui ouvres et fermes l’établissement, et tu veilles à éteindre les luminaires la nuit. Jean Cestral, tu es le concierge des appartements, tu veilles à la quiétude de chacun, et tu fermes les portes la nuit. 

       Puis le restaurant : André Perrot, tu es nommé chef cuisinier, c’est toi le patron. Ginette Perrot, tu es cuisinière, formatrice des apprentis Adeline  et Pierre Perrot. Viktor et Hector Tulante, vous êtes commis de cuisine, sous les ordres d’André Perrot.  Nina Hagen et Paula Majeur, vous êtes les agents de service. Marie Zotau et Josette Fine, vous êtes polyvalentes, l’équipe de renfort de service, en cas de grande affluence.

     Le coin des boissons :   Christina Turner et Nicolas Situd, c'est vous qui en êtes responsable, et vous devrez veiller à l'approvisionner.

     Passons aux piscines. Serge et Pierre Limas, vous êtes chargés de la surveillance des bassins, vous intervenez en cas de problème, de bagarre ou de bousculade.  Élisabeth de Somme et Joséphine de Champe, vous êtes surveillantes et maîtresses-nageuses des deux bassins. 

     L’entrée : Roger  et Bernadette l’Hermite, vous vous occupez d’encaisser le prix d’entrée auprès des clients. Vous leur expliquez le principe, vous leur donnez une serviette propre et sèche, et vous leur indiquez les vestiaires et les douches. 

    Je vous rappelle, à toutes et à tous, que la nudité est obligatoire aux thermes, pour le personnel comme pour les clients, sans exception,  y compris au restaurant !  Mais bien sûr, les filles pourront porter une culotte pendant leurs règles.  

     Les douches  sont obligatoires pour tout le monde, à chaque entrée, pour les clients comme pour le personnel ! Gaël Abisko et Gorg Helm, vous accueillez les clients à la sortie de la douche, vous leur donnez une serviette sèche, et vous leur indiquez par où aller, vers les bassins, le sauna, les massages, ou le restaurant. 

     Pour les massages : Elka Linka, Bruno Ursi, Anne-Ester et Anne-Marie Vigor, vous officierez dans quatre salles. 

     Vous, les agents d’entretien Georges Beer et Josépha Rink, vous avez en charge le nettoyage et  l’entretien des douches des clients. Vous ferez parvenir les serviettes mouillées aux buandières.  Hubert Wachs et Roberta Rink, vous vous occuperez des sols autour des bassins, dans le sauna, dans les douches dans l’espace bains, et dans la salle de repos. 

     Virginie  et  Élodie Manche, vous vous occupez de l’étage, du nettoyage du restaurant, des cuisines, et des couloirs des appartements.

      J’appelle les buandières : Annie et Léonie d’Aigle, votre domaine est à l’étage. Vous êtes chargées de laver et de sécher les textiles du restaurant : torchons, serviettes, nappes, ainsi que les serviettes des bains, des douches, et des salles de massage.

      Pour l’infirmerie Ève Adanson et Josée Prieur, vous êtes toutes les deux médecins, vous avez carte blanche pour gérer vos permanences, vous vous occupez des bobos des clients, et des traitements s’il le faut.

      Je termine par les vigiles :  Annie et Pierre Khiroul, Piotr Chanot et Edeltraud Chanot. Vous surveillez l’entrée, et vous ne laissez pas rentrer les gens avec des armes. Vous consignez leurs armes et vous les rendez à leur sortie.  Votre présence est nécessaire toute la durée d’ouverture des thermes. Si des difficultés surgissent, venez me voir !   Voilà... Je pense avoir à peu près tout dit. »

      Ève Adanson, lève la main.

     « Pourra-t-on accueillir à l'infirmerie des patients qui ne viennent pas aux bains ? 

       - Oui, mais ils devront se présenter aux vigiles qui vous préviendront, et vous irez les chercher. Et la nudité et la douche restent obligatoires ! »

     - Quels sont les horaires d’ouverture ?  demande Jacques Ouatik. Et quel sera le prix d’entrée ? »

     - Pour commencer, nous allons ouvrir à dix heures, et fermer à dix huit heures. Nous pourrons moduler ces horaires suivant la fréquentation des thermes. On y fera aussi des nocturnes, et des soirées privées ! Quant au tarif... La première semaine, ce sera gratuit. Et à partir du lundi 19 mai, ce sera un as.

     - Nous serons payés comment, et combien ? questionne André Perrot.

     - Vous serez payés le premier jour de chaque mois. Les salaires pourront varier, suivant les grades et les fonctions. Pour les agents d’entretien et de service, les commis, les palefreniers, le salaire sera de dix as par jour.

     - dix as par jour ! C’est bien payé ! remarque Aurore L’Oréal.

     - Bon, je continue... Pour les surveillants, les gardes, les vigiles, les caissiers, les responsables des douches communales, le chef palefrenier, ce sera douze as, soit un denier. Pour  les techniciens, les mineurs, les masseurs, les buandières, les chefs d’équipe des gardes, les cuisiniers, et les concierges, quinze as. Et pour le chef cuisinier, la cheffe des gardes, le responsable des thermes, vingt as.

    Les personnes logées le sont gracieusement. Les autres toucheront une indemnité de dix deniers par mois. La ville prend en charge tous vos repas. 

     Lors de manifestations hors temps normal, comme les nocturnes, les soirées privées, il y aura un supplément de salaire, évidemment. Par contre, la ville ne fournit pas l’uniforme ! 

     Et il éclate de rire, ainsi que toute l’assemblée. 

     Bien. Je reste à votre disposition ici aujourd’hui et dès demain à la Maison de la Ville. Allez, et prenez vos repères. Les thermes sont encore en travaux, mais tout devrait fonctionner aujourd’hui.  Exceptionnellement, vu que les douches ne sont pas encore opérationnelles, vous prendrez votre douche dans un établissement de douches communal, ils sont déjà en fonction.

      Habituez-vous à vivre nus, et à travailler ensemble nus ! 

      Pour les montées intempestives de pulsions sexuelles - on ne sait jamais -  nous avons une potion qui remédie à cela. Elle est disponible au restaurant et au coin des boissons, et dans chaque établissement de douches. 

      Lisez bien aussi, à l'entrée, l’affiche sur la nudité à Pont-de-Sarre. »

 

 

Les frelons

 

     Jacou, Oscar et moi, nous gravissons la colline, pour aller visiter la nouvelle mine. Le portail est fermé. Une garde se tient à l’extérieur. Jacou lui demande :

     « Mais pourquoi es-tu dehors ?

      - Je dois surveiller les alentours, répond Gwénolé Kruh. Il n’y a plus de gardes sur le chemin de ronde, ils sont tous dans la cour !

    - Mais, lui dis-je, tu es très vulnérable, seule comme cela !

    - Oh, en cas de danger,  je n’ai qu’à toquer contre le portail... Comme ceci ! »

     Et elle frappe trois coups de son arc sur le portail, qui s’ouvre aussitôt.  Avec tout plein d'archers, l'arc bandé, tout prêts à décocher.

     Oscar est intrigué.

     « François,  pourquoi n'y a-t-il donc plus de soldats sur les remparts et les tours ?  On y voit quand même bien plus loin !

     - Eh bien.... Je dois avouer que nous avons un gros problème ! Les mineurs ont déniché un essaim de frelons gigantesques....quatre pouces de long ! Une colonie énorme, des dizaines de milliers... Heureusement, personne n’a été piqué. Ces sales bêtes ont aussitôt filé le long des remparts, sont montées le long des escaliers, et se reposent maintenant au soleil, en occupant une bonne partie des chemins de ronde ! Les maçons venaient juste de finir la tour pour la cuve des douches des appartements des gardes et des mineurs, et redescendaient la colline vers la Sarre pour laver leurs outils. Ils ont croisé l’essaim, mais aucun n’a été piqué ! »

     - Et c’est une sacrée chance, dit Jacou, car leur venin est très dangereux ! Deux piqûres suffisent à tuer un homme ! 

     - Qu’allons-nous faire ?  demande Oscar.

     -  Il faut absolument les éradiquer ! »

     Et Jacou appelle mentalement Marie Brett, pour qu’elle apporte une grande quantité de sédatif.

     Peu après, la voici qui arrive en volant et se pose au portail.

     « J'ai ramené aussi un antidote contre le venin d’insecte. Personne n’a été piqué ?  Tant mieux....Bon, voilà le sédatif demandé. »

      Et elle donne les fioles à Jacou.

     « Il s’agit maintenant de répandre ce sédatif sur le chemin de ronde. .. Le Borgne et François, allez-y ! Couvrez-vous le visage afin de ne pas en respirer. Sinon, vous vous endormiriez et vous tomberiez sur eux ! 

     Vous restez bien au-dessus... Et quand ce sera fini, vous faites le tour et vous allez à l’arrière de la maison. Tous les frelons endormis seront ramassés, et nous les brûlerons dans l’âtre de la fonderie !

     Nous, dit-il aux gardes, mineurs, et fondeurs, nous allons nous tous nous réfugier dans la maison. Suivez-moi !» 

      Les Capitaines, munis de leurs fioles, sont montés au-dessus des remparts, à bonne distance.

     « Ils dorment ! transmet mentalement le Borgne. Il y en a bien quelques-uns qui s’agitent, mais aucun ne vole...  Nous commençons à répandre le sédatif. Il y a un endroit où ils sont davantage agglutinés !

     - C’est sûrement là que se trouve la reine ! lui répond Jacou. Mettez-en une grosse dose, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de bruissements d’ailes.

     - Voilà ! conclut le Borgne. Nous avons maintenant aspergé tous les frelons !

     - Je viens les chercher ! »  dit alors Axell. 

    On dirait un être surnaturel. Il s'est couvert de la tête aux pieds d’une épaisse carapace de cuir, surmontée d’un couvre-chef qui englobe toute la tête, avec des trous recouverts de verre pour y voir. Il a des chausses et des gants du même acabit. Avec une telle armure, Il ne risque pas grand-chose des frelons !

     « Oui, j’ai ramené ça de Durandalem, pour leur montrer comment se protéger quand on défourne !

     - Accoutré ainsi , tu ressembles à un Xantarèsien ! s'amuse Jacou.

     - À un quoi ?

     - À un Xantarèsien. Ce sont des êtres que j'ai rencontrés lors de mes lointains voyages avec mon Maître Sirius. Un jour, il faudra que je vous raconte cela... »

     Muni d’une pelle et d’un grand sac, Axell se met en route. Guidé d'en haut par les frères Bauer, il ramasse tous les frelons, sans oublier la reine entourée de ses gardes endormis. Bientôt,  plus aucun frelon sur le chemin de ronde, tous sont dans le sac.

     À son retour, alors qu'il s’apprête à jeter le sac dans l’âtre, Marie arrête son geste.

     « Attends un instant, je veux garder quelques spécimens pour recueillir leur venin !

     - Bonne idée ! reconnaît Jacou.  C’est Chantal qui va être contente... »

     Tout le monde est surpris par la taille de ces insectes.  Ils n’en avaient jamais vu d’aussi gros ! quatre pouces de long, et un dard d'un demi-pouce au moins !  Marie prend une fiole vide, retire le bouchon,  introduit quatre frelons dans la fiole, puis la referme.

Enfin, le sac est jeté dans l’âtre, et recouvert de  bûches, afin que tout soit bien brûlé en dessous.

     « Les Capitaines n’en voient plus un seul,  annonce alors Jacou... Nous pouvons ressortir ! Vous pouvez reprendre votre garde. Et vous, les mineurs, soyez prudents à l’approche des fissures ! Marie, tu pourras leur procurer de ce sédatif ?

     - Je n’en ai plus.  Mais dès notre retour, j’en fabriquerai d'autre avec Chantal, et nous vous le ferons porter !

     - Fort bien ! Mais nous étions venus ici pour visiter... Alors visitons ! »

   Nous montons l’escalier, et nous nous promenons sur le chemin de ronde. La vue est magnifique tout autour des remparts ! Le réservoir est en contrebas. On distingue la crémaillère qui doit alimenter en eau la cuve des douches des appartements. D’ici, on voit toute la ville !

     « Regardez,  dit Oscar, il y a des files d’attente aux douches ! »

     Il est tout content que ses concitoyens aient adopté les douches et les pratiquent assidûment. Les cheminées des chaudières des thermes fument bien. Cela veut dire qu’il y a de l’eau chaude !

     Au loin, sur la route qui vient de l’Ouest, un chariot arrive.

     « Qui est-ce ?  demande Oscar à Jacou.

     -  Je ne sais pas... François et Le Borgne, allez voir, et dites-nous ! »

     Et les deux Capitaines de l’Empire s’envolent, et arrivent rapidement au portail du camp.

     « Ce sont les gens de Durandalem qui apportent encore des légumes !  dit le Borgne. Il y a Édouard Basin et Gildas Dor, ainsi que quatre gardes : Georgette Fart, André et Roland Martinet, et Hankel Thiel »

     - Bien, accueillez-les, et dites-leur qu’on va redescendre de la colline, qu’ils nous attendent. »

     Nous terminons notre visite et passons par la mine. Nous voyons l’emplacement de la future crémaillère pour descendre le charbon et monter les marchandises et les hommes. Puis, prenant congé des gardes, des fondeurs et des mineurs, nous redescendons pour rejoindre le camp.

     En chemin, nous croisons les forgerons qui montent terminer l’installation dans l’enceinte de la mine.

     Arrivés au camp, nous saluons les deux commis et les gardes, qui boivent un canon en nous attendant.

    Les missives à propos de la création d'une brigade régionale ont été recopiées en moult exemplaires par les scribes de la Maison de la Ville. Jacou dit à Georgette :

     « Tu les donneras  à Roger, pour qu’il les distribue aux bourgmestres dans toutes les localités alentour... Saint-Louisville, Saint-Louisbourg, Téterchen, Mettis, Maranges, Vic, Dieuze, Falkenberg, Tenquin, Gmunden, et tous les villages dans ce secteur.

     - Ce sera fait, Jacou. Les gardes de réserve demain aideront Roger ! Mais une question : vous rentrez quand ? Les femmes s’impatientent de leur maris... et nous toutes et tous de toi !

     - C’est gentil, ça... Merci Georgette ! Tu leur diras que lundi, en fin d’après-midi, nous serons de retour ! Vous partagez notre repas ce midi ?

    - Non, nous repartons maintenant, avant qu’il ne fasse trop chaud ! . Demain, le banquier, Emanuel Frisch, ton adjoint, viendra rencontrer les banquiers de Pont-de-Sarre. C'est nous qui l'escortons, et nous mangerons avec vous ! »

     Et une fois leur canon bu et leur chariot déchargé, les Durandalémois s’en retournent vers le village.

L'ouverture des thermes de Pont-de-Sarre

 

     À midi, à table, Oscar est très fier d’annoncer la nouvelle :

     « Les thermes de Pont-de-Sarre sont opérationnels ! Mille bravos à toutes et à tous pour votre rapidité - je dirais même votre zèle - à construire ce bâtiment, qui devient la fierté de notre cité ! L’inauguration officielle aura lieu lundi, à 10 heures. Vous êtes bien sûr toutes et tous invités. Un pot de bienvenue sera servi à tous les clients. 

     Axell Wilkinson est descendu partager notre repas avec les fondeurs.

     - Mesdames et messieurs, dit-il, nos amis Gert Ise, Emma Trof et Helmut Hart, les fondeurs de la mine sur la colline, ont aussi quelque chose d'important à vous dire...

     - À moi l’honneur de faire l’annonce ! dit Emma.  Dans la mine, nous avons récolté de l’or... Parfaitement, de l'or !  Nous vous présentons  les premières livres-or de Pont-de-Sarre ! 

     Et les trois fondeurs sortent chacun quatre livres-or et les posent sur la table.

     - Chacune vaut deux cents deniers ! précise Axell. 

      Les petits rectangles font le tour des tables.  Beaucoup n’avaient jamais tenu autant d’or dans les mains. Ils sont étonnés du poids - une livre - pour une aussi petite quantité d’or ! À peine la taille d’une pièce d’un denier...

     - Nos mineurs de Durandalem, Roger Basin et Louis Basin, nous ont dit que le filon descendait le long des veines de charbon, en s’élargissant. On devrait donc trouver de plus en plus d’or ! Ce que vous voyez, les douze livres-or, sont le résultat d’une demi-journée d’extraction.  Nous tablons sur vingt livres par jour pour commencer ! 

     - C’est magnifique !  s'extasie Oscar. Et le charbon ? 

      - Bien suffisant ! précise Axell. En abondance, même. Les veines partent dans trois directions, il y a de quoi extraire !  Il va falloir trouver une carrière de sable pour boucher les galeries exploitées.  Pour l’instant les mineurs ont étayé solidement la voûte. Merci à vous, les menuisiers d’Oche, pour tout le bois que vous avez apporté sur la colline ! 

     - Nous avions fini nos travaux, répond Victor Rous. Tout le bois qui reste, autant qu’il serve ! Nous avons pensé qu’à la mine ce serait utile...

     - Et vous avez bien fait ! » renchérit Axell. 

 

     Après le repas, Oscar et Jacou vont faire un tour aux thermes, pour voir comment s’en sortent les nouveaux embauchés.

     Ils quittent le camp, nus, sans escorte, et traversent la ville pour arriver aux thermes. Quelques habitants crient « Vive le maire ! »

     En passant devant la banque, ils se font appeler par la banquière, Claudia Rich, qui sort nue de son établissement. La belle et jeune rousse est resplendissante, et Oscar ne manque pas de la complimenter !

     « Merci Oscar ! Grâce à toi, nous pouvons vivre libres, sans le carcan de nos vêtements ! Mais si je t’ai appelé, c’est à cause de la rumeur qui court depuis midi... Il paraît qu’il y a de l’or sur la colline ? 

     - Oui-da ! et pas qu’un peu ! Une mine est installée, et l’exploitation a commencé ! 

     - J’espère que tu vas utiliser ma banque pour le garder, cet or ! 

     - Oh, mais nous n’allons pas le garder ! Nous allons en faire profiter toute la ville ! Bien sûr, il faudra un endroit sûr pour le stocker... Et  ta banque sera l'un des endroits ! 

     - Un des endroits ? 

     - Oui, l’autre endroit,  ce sera la banque de Bertrand La Moné ! »

     Claudia n’est pas ravie de cette nouvelle... Elle aurait aimé avoir l’exclusivité de la chose !

     « Demain matin, le banquier de Durandalem va venir avec une réserve d’or pour les salaires de tous les nouveaux embauchés. Je te propose de gérer, toi et ta banque, le paiement de ces salaires. Quant à Bertrand, il s’occupera de payer les fournitures dont la ville a besoin. 

     - Ah, comme ça, je suis d’accord ! Je percevrai la commission d’usage, bien sûr ?

     - Pas de problème ! 

     - Combien d’or apporte-t-il, le banquier de Durandalem ? 

     - Suffisamment pour les salaires de tous les embauchés pendant un an, dit Jacou. Et ils sont près de cent !  Cela représente cinq cents livres-or... J’espère que ton coffre sera assez grand !  

     Claudia regarde, un peu étonnée, cet homme d’un âge certain, qu’elle ne connaît pas, qui la questionne sur son coffre !

     - Claudia, lui dit Oscar, je te présente le bourgmestre de Durandalem, le Grand Maître Médecin de l’Empire Jacou Artz. 

     - Enchantée de faire votre connaissance, Grand Maître Artz ! Nous avons énormément apprécié l’aide que vous nous avez apportée lors de l’attaque des sauvages de Khan ! 

     - Bientôt, vous pourrez être autonomes, avec l’or de la colline... Faites-en bon usage ! Et protégez-vous.  L’or suscite toujours bien des convoitises.   Notre village a été attaqué moult fois pour l’or... Le dernier à avoir essayé, c'était Khan ! Nous avons un système de défense à toute épreuve. Nous dépensons beaucoup d’or pour cela. Nos gardes sont nombreux, bien formés et très bien payés ! Faites-en de même. Ne rechignez  ni sur l’armement, ni sur les gardes, ni sur leur paie ! Leur efficacité est proportionnelle à leurs salaires...

- Combien les payez-vous, vos gardes ?

- Deux cents deniers par mois, soit une livre-or par garde. 

- Et combien de gardes avez-vous donc ? 

     - Nous avons vingt cinq gardes de jour, quinze gardes de nuit, et sept gens d’arme qui veillent sur notre sécurité ! Pour que votre cité soit en sécurité, il vous faudra cent gardes...

     - Cent gardes ! À une livre-or par mois ! Mais vous n’y pensez pas ?! 

     - Heu, Claudia,  l'interrompt Oscar, tu payeras ce qu’on te dira de payer... Sinon ce sera Bertrand La Moné qui gérera les salaires !  »

     Se rendant compte qu'avec de tels salaires,  sa commission sera d'autant plus conséquente, Claudia se reprend :

     « Oui, excusez-moi, je me suis laissé emporter... Soit, je m’occupe des salaires du personnel de la ville et de ceux des gardes. Il faudra que chacun vienne me donner son  nom, sa fonction et son lieu d’habitation pour que je puisse faire un prévisionnel tous les mois...

     - Nous organiserons cela la semaine prochaine. Prévois déjà d’avoir de quoi payer des acomptes, beaucoup sont sans argent. Je te donnerai la liste de ceux que tu payeras, avec la mention de leur salaire. Tu leur donneras un tiers en acompte. Donc, demain à dix heures, nous viendrons avec le banquier de Durandalem. 

    - Entendu ! à demain, donc !  »

    Après cet intermède, Oscar et Jacou continuent leur chemin et arrivent devant les thermes.

     Les deux vigiles de garde, Annie et Pierre Khiroul, les saluent :

     « Bienvenue aux thermes !  Entrez... Roger et Bernadette L’Hermite vont vous accompagner aux douches et vous donner des serviettes. »

   Oscar et Jacou se laissent guider et prennent leur douche. À la sortie, Gaël Abisko et Gorg Helm les reçoivent, et donnent à chacun une serviette sèche. Ils s’aperçoivent qu’il y a beaucoup de monde !

     Le sauna est plein. Manifestement, vu l’état de leur peau, certains y sont depuis trop longtemps !  Jacou et Oscar s'empressent d'évacuer trois jeunes, complètement déshydratés.

     « Cela fait bien une heure qu’ils sont là-dedans ! leur confirme Roberta Rink, chargée de l’entretien du sauna.

      - Appelez les surveillants des bassins !  répond Jacou. 

     Et Roberta va chercher Serge et Pierre Limas.

     - Je dois vous donner une charge de plus : surveiller aussi les personnes dans le sauna, afin qu’elles n’y restent pas plus d’un quart d’heure... Il y va de leur santé ! Aujourd’hui, un de vous deux se postera à l’entrée du sauna, et l’autre restera au bassin.

     - Demain nous renforcerons l’équipe de surveillance ! » dit Oscar. 

     Les trois déshydratés ont été conduits chez les médecins.

     Puis Jacou et Oscar vont voir les maîtresses-nageuses, Élisabeth de Somme et Joséphine de Champ. Ils se rendent vite compte qu’elles sont complètement dépassées, bousculées, et que personne n’écoute leurs recommandations ! Oscar va alors vers elles, et leur apprend que dès demain, ce seront des hommes qui feront la surveillance des bassins, et que le nombre de personnes va être limité !

     « Oh, merci, Maître Fontaine ! dit Élisabeth. On n’en peut plus avec tous ces gosses !

     - Et impossible de nager, ajoute Joséphine de Champ, il y a trop de bousculades !   

     - Hum... Nous allons clôturer l’espace, et l’accès se fera pour une heure seulement ! Jacou, comment gérez-vous cela, à Durandalem ? 

     - C'est plus facile... Nos enfants à nous sont disciplinés, et bien moins nombreux. Oscar, il vous faudra des gens d’arme pour mettre de l'ordre ! 

     - J’ai une liste d’attente de personnes qui cherchent du travail. Je vais demander à Petrus de les convoquer immédiatement ! 

     - Continuons d’abord notre visite... Allons voir les massages, maintenant  ! »

     Et ils se rendent aux salles de massage, où officient Elka Linka, Bruno Ursi, Anne-Ester et Anne-Marie Vigor.

     « Bien contents de vous voir, nous avons des problèmes ! se plaint Elka Linka.  Je me suis fait agresser par un client qui voulait forniquer avec moi... Heureusement que Bruno est intervenu ! Le client s’est sauvé, les vigiles l’ont vu sortir en courant.

     -  Moi aussi, dit Anne-Marie,  un homme a essayé de me tripoter... Mais le pauvre y a perdu deux dents ! »

     Et tout le monde rigole.

     Oscar réagit tout de suite :

     « Nous allons vous installer à l’étage, ensemble dans une grande salle, et des vigiles seront en permanence avec vous ! »

     Puis il interroge Jacou du regard, qui lui répond :

     « Chez nous, les masseuses sont des combattantes aguerries, comme tout le personnel des Thermes. Nul n’a intérêt à nous faire des misères ! Eh oui, Oscar, ce n’est pas toujours simple... Isoler les salles de massage est une bonne idée. Ici, quel vacarme ! Bon, continuons.

     Les voici au coin des boissons. Christina Turner et Nicolas Situd leur disent aussitôt :

     - Nous avons un petit problème ! Comme les clients sont nus, il n’ont pas d’argent sur eux pour payer les boissons...

     Oscar se retourne vers Jacou, qui suggère :

     - Donnez à chacun un petit sac à la sortie du vestiaire, pour y ranger de la  monnaie. Les clients le porteront en bandoulière ou autour du cou. Tu devrais vendre des jetons-boissons à l’entrée ! 

     - Sinon, pas d'autre problème ?  s'enquiert Oscar.

     - Plusieurs ont réclamé du vin, dit Christina, et nous avons décidé de ne pas en servir ici. Il faut aller au restaurant ! 

     - Et c’est très bien ainsi ! approuve Oscar. Montons à l’étage ! »

     Les voici chez les buandières, Annie et Léonie Daigle.

     « Monsieur le bourgmestre, nous sommes submergées ! se plaint Annie. Les serviettes affluent des quatre douches communales, et nous n’arrivons pas à tenir le rythme ! 

     - Il nous faudrait un deuxième tambour, ajoute Léonie....  Et en plus, celui-ci manque de vapeur ! Et il faudrait aussi deux buandières de plus ! 

     - Élodie Manche et Virginie Manche nous donnent bien un bon coup de main, précise Annie, mais avec un seul tambour, ça bloque ! »

     Alors Jacou m’appelle mentalement :

     « Robert, peux-tu venir aux thermes ? Nous avons des soucis... »

      J’arrive rapidement en volant, et Jacou m’explique la situation :

     « Il faut un deuxième tambour, et plus de vapeur ! Et un système de séchage ! Avec les thermes et les douches, il y a des centaines de serviettes à gérer tous les jours ! »

     Aussitôt, j’appelle mon gendre et ses fils, et je leur donne rendez-vous à l’atelier des forgerons sarrois.

    Le chef-forgeron, les trois forgerons et les quatre chaudronniers sont tous là, à boire des canons.  Ils ont fini leur travail pour aujourd’hui. Du moins le croyaient-ils ! Je m’y rends prestement, et leur dis de fabriquer un deuxième tambour pour la buanderie, un gros générateur de vapeur, et un tambour plus gros qui séchera les serviettes.

     Aussitôt, la forge est réactivée, les soufflets battent à fond, et bientôt les tôles prennent forme pour les tambours et le gros générateur de vapeur.

     Une fois renseigné sur les délais, Jérémoy me dit :

     « Ce sera prêt ce soir ! Nous l’installerons dans la foulée, et demain matin tout sera opérationnel ! »

     Je transmets la nouvelle à Jacou, qui la relaie à Oscar, tout content que ce problème soit si vite résolu !

     « Mesdames, demain vous aurez un deuxième tambour, plus de vapeur, et un tambour sèche-linge ! Vous aurez aussi le renfort de deux buandières de plus...

     - Mille mercis, Maître Fontaine. On n’en pouvait vraiment plus, là , avoue Annie. On voulait démissionner !  .

     - Allez, courage... Tenez le coup encore aujourd’hui. Dès demain, ce sera nettement mieux gérable !  »

      « Maintenant, dit Jacou, passons voir  nos charmantes toubibs... »

Ève Adanson et Josée Prieur sont un peu effarées du nombre d’accidents qu’elles ont eu à gérer en seule une journée !

     « Heureusement, rien de grave, dit Ève, à part les trois jeunes déshydratés, qui vont avoir du mal à s’en remettre ! Heureusement que vous les avez sortis à temps. Un peu plus, et le cœur lâchait !  Mais ils sont maintenant hors de  danger...

     - Et à part ça, précise Josée, des contusions, des bosses en se cognant dans la piscine, une épaule démise, plusieurs entorses, des chutes en dérapant sur le sol mouillé. Ainsi, un homme est arrivé avec deux dents cassées, il dit avoir glissé !

     - Euh, pas vraiment...

      Et Jacou et Oscar se mettent à rire. Ève et Josée sont intriguées.

     - En fait, votre pauvre édenté avait voulu tripoter la masseuse... Mais elle ne s'est pas laissé faire, nous a-t-elle dit. Elle lui a envoyé un bon coup de poing sur les dents, ce qui en a fait tomber deux ! »

     Et les deux médecins rigolent à leur tour de bon cœur.

     Jacou dit à Oscar qu’il faut vraiment des vigiles pour la piscine, et qu'il faut renforcer aussi l’équipe de nettoyage !

     « Bien, lui répond Oscar, allons encore voir au restaurant, puis nous irons recruter du monde ! »

     Au restaurant, André Perrot le cuisinier est satisfait.

     « La chambre froide est vraiment une belle invention... Cela permet de préparer tout plein de choses, et de les garder au frais !  Plusieurs personnes sont venues réclamer du vin. Dois-je leur en servir ? 

 - Uniquement s’ils mangent quelque chose, lui précise Oscar.

 - C’est ce que je leur ai proposé... Donc on continue comme ça ! »

 - Lundi, lui annonce alors Jacou, ce sera l’inauguration des thermes. Et tous ceux qui ont participé à leur construction sont invités à un repas au restaurant...

Préparer un repas pour tant de monde... André en blêmit déjà !

 - Pas de panique ! Tu auras le renfort de l’équipe du camp, vu qu’on mangera tous ici, et le renfort  des cuisiniers des hôtels Victor et Majestic. Et le personnel de service sera là aussi ! Je te donnerai demain le nombre de repas qu’il faudra prévoir  »

     Puis s’adressant à Oscar :

     « Maintenant, sortons voir les techniciens des chaudières, derrière les thermes...»

   Homère de Sail et Jean Pass sont en train de pelleter le charbon dans la crémaillère.

     « Pfou ! dit Homère en peinant, on consomme beaucoup, avec toutes les douches ! On n’arrête pas de charger les crémaillères !    

     - Il faudrait rajouter des silos au-dessus, cela ferait plus de réserve ! ajoute Jean. Et les générateurs de vapeur ont aussi besoin d’être régulièrement visités, on n’arrête pas de courir ! 

     - On va renforcer l’équipe, alors...  D’autant qu’on rajoute ce soir deux tambour à la buanderie, et cela va carrément tripler la consommation de charbon ! avoue Oscar. Quel est votre stock ? 

     - Comme ça, trois ou quatre jours, dit Homère, mais s’il y a deux tambours de plus, on ne tiendra que jusqu’à mardi !

     - Je prends bonne note... Viens avec moi à la Maison de la Ville, Jacou, nous allons en parler à Petrus.

     Et une fois sur place...

     - Petrus, pour les thermes, tu vas devoir aujourd’hui encore embaucher d'autres personnes. Deux techniciens pour les générateurs de vapeur, deux ou trois buandières, une hôtesse pour le sauna, un vigile en salle de massage, trois vigiles aux bassins, deux charretiers pour transporter le charbon,  deux cuisiniers et deux commis pour la mine, et enfin deux agents de service et deux agents d’entretien pour la cantine de la mine. Tu les convoques sur l’heure, et vous venez au camp ! 

     - Pas de souci, assure Petrus, je les trouverai ! »

  Quand ils arrivent au camp, les soldats sarrois sont de retour. Ils n’ont pas eu de problème en raccompagnant les filles et la milice vers Wissen.

L’attaque du convoi de prisonniers

 

     Un peu plus tard, un chariot arrive.  Ce sont les gens d’arme Jean Martin, Christian Hahn, Jeanne Martinet, Alice, Aline et Pascal Spohr qui devaient escorter les prisonniers jusqu'au  bagne de Deux-Ponts. Trois gens d'arme sont blessés...

     Jacou fait vite appeler Marie, qui arrive aussitôt. Aidée par les gens du camp, elle transporte les blessés dans sa tente.

    « Eh bien, demande Jacou, que s’est-il passé ?

    - Nous sommes tombés dans une embuscade, raconte Jacques Martin. Vingt hommes nous ont envoyé des volées de flèches, touchant Christian au bras, Alice à la poitrine, et Pascal dans la cuisse... Nous nous sommes immédiatement envolés en mettant les blessés à l'abri, hors de portée. Les attaquants voulaient délivrer les prisonniers. Nul doute qu’ils nous surveillaient depuis un moment déjà à Pont-de-Sarre, et qu'ils attendaient le moment propice ! D’en haut, entre le soleil et eux, nous étions invisibles !  Et à trois, nous les avons tous liquidés...

      - Les prisonniers ont tenté de fuir, explique Aline, mais nous les avons arrêtés !

      - Oui, heureusement que nous avions de gros carquois bien remplis,  précise Jeanne. Trente flèches chacun ! Nous avons tué vingt prisonniers qui s’échappaient, libérés par les bandits, et les trente autres se sont mis à genoux, implorant notre pitié.

      - Mais malgré sa blessure, de rage,  Alice  les a abattus un par un, dit Jean. Jusqu’à ce que son carquois soit vide. Nous avons alors achevé les derniers. Une exécution en règle !

     - Oui, soixante-dix cadavres ! dit Jeanne. Alors, Jean, Aline et moi, nous avons creusé un grand trou pour les y jeter. Nous ramenons nos cinq chariots, ainsi que les vingt chevaux des attaquants.

     - Vu ce qu’on a trouvé sur eux en les dépouillant, ajoute Jean, c’étaient des Germains. Probablement encore une des armées de Khan ! »

     Marie revient pour donner des nouvelles.

     « Alors ?  demande Aline, s’inquiétant pour sa sœur jumelle.

    - Alice va bien, la rassure Marie, je l’ai endormie et j'ai retiré la flèche, qui s’était plantée dans une côte. Heureusement, sinon c’était le cœur ! Je l’ai recousue.  Dans quelques jours, elle sera sur pied !  Christian, lui,  ne pourra plus tirer à l’arc avant un temps ! J’ai recousu le tendon sectionné. Il lui faut maintenant quelques temps d’immobilité. Je vais lui mettre un emplâtre.  Quant à Pascal, il a eu le fémur fracturé par la flèche. J’ai recousu la blessure, et j'ai réduit la fracture. Rien d’autre à faire, sinon un emplâtre à lui aussi.

 - Merci Marie, dit Jean, tu es la meilleure !.

 - Allez boire un remontant chez Manon, leur propose alors Jacou. Et reposez-vous tranquillement, nos amis sont sauvés !  Hantz s’occupera des chariots et des chevaux.

-  Je suis vraiment désolé pour tes gens d’armes !  dit Oscar.

- Que veux-tu, ce sont les risques du métier, et ils savent quels sont les risques... Mais il est vraiment urgent de créer cette milice régionale dont nous avons parlé ! »

 

Les nouveaux embauchés des thermes

 

      Petrus arrive avec une troupe de personnes, toutes nues. Ce sont les renforts pour les thermes, qui viennent se présenter.

      «  Je suis Paulus Mach, vingt cinq ans. Je viens travailler comme technicien.

      - Moi, c'est Marcus Mach, vingt trois ans,  son petit frère. Technicien moi aussi.

     - Lio et Mia Karan, vingt trois ans, buandières. Moi, Lio, je suis la compagne de Paulus, et Mia est la compagne de Marcus.

     -  Albertine Lock, vingt cinq ans, buandière également.

     - Pénélope Eras, vingt huit ans. Je postule le poste d’hôtesse du sauna. Je vis avec Josef.

        - Éva et Ana Kerrouche, vingt cinq ans. Nous serons de bonnes gardes ! Éva est avec Roger, et moi, Ana, avec Helmut !

     - Roger Thuir, vingt cinq ans, garde moi aussi.

     - Helmut Thard, vingt cinq ans, garde également.

     - Josef Ikass, conducteur, j’ai vingt huit ans !

     - Bert Egon, vingt six ans, conducteur aussi. Je suis le compagnon d’Albertine.

      - Jean Bondiork, quarante ans, cuisinier. Mon épouse Sylvie, trente neuf ans, est cuisinière émérite.

      - Denis Depoul, dix neuf ans, commis de cuisine.

     - Ève Antilé, dix huit ans, commise de cuisine.

    - Nicole Laïc, trente ans, femme de ménage.

    - Gédéon Trouvtou, vingt deux ans, homme à tout faire.        

    - Bienvenue à tout le monde ! dit Jacou. Vous savez certainement que vous devrez travailler nus. L’hygiène est primordiale... Et vous vous devez de montrer l’exemple ! Je vais maintenant vous préciser vos fonctions...

  Paulus et Marcus, vous allez vous occuper spécialement des générateurs de vapeur des thermes. Les techniciens déjà en place vous expliqueront de quoi il s’agit.

Lio, Mia et Albertine, vous êtes affectées à la buanderie des thermes, avec les deux buandières déjà en place. Nous avons des machines pour laver et sécher les serviettes, cela vous facilitera la tâche !

 Pénélope, tu as le statut de responsable du sauna. Tu t’occuperas des entrées , par vagues d'un quart d’heure. On te procurera une clepsydre pour mesurer ce temps. Tout le monde devra ressortir au bout d’un quart d’heure. Le sauna sera nettoyé, et les suivants entreront ensemble pour un autre quart d’heure. Pas plus, j'insiste !   Nous avons failli avoir des morts, ils étaient restés plus d’une heure... Veilles-y bien, surtout !

      Éva et Ana, votre stature est impressionnante ! Vous serez parfaites comme surveillantes des bassins. C'est qu'il en faut, de l’autorité, pour encadrer tous ces enfants turbulents ! !

Quant à vous, Roger et Helmut, votre carrure saura imposer le respect des règles ! Vous, vous serez les surveillants des thermes. Il en faudra un à l’étage, pour les massages -  nous avons déjà eu une tentative de viol - et un autre au niveau des douches et du sauna. Les bassins ont déjà leurs surveillants.

 Josef et Bert, c'est vous  qui transporterez le charbon pour alimenter les réserves des thermes et des douches communales. Vous disposerez pour cela de chariots attelés. Pour commencer, vous prendrez le charbon sur la colline, à la mine. Par la suite, une fois le remonte-pente terminé, vous le prendrez au terminal, en bas de la colline. Vous ferez aussi le tour des douches pour apporter les serviettes propres que vous prendrez à la buanderie, et pour emporter les serviettes usagées.

Jean Bondiork, tu seras le chef cuisinier, et ton épouse, la cuisinière de la mine. Vous devrez nourrir les mineurs, les gardes, les fondeurs.  Vous,  Denis Depoul et Ève Antilé, les deux commis de cuisine, vous êtes sous les ordres de Jean. Vous serez amenés à faire du portage de repas, selon les besoins de la ville.

Nicole Laïc, tu as la charge et la responsabilité de la propreté des lieux, dans l’enceinte de la mine, aux accès des appartements, à la cantine, à la cuisine.

 Toi, Gédéon Trouvtou, tu seras l’homme de la situation, le technicien, pour résoudre les petits problèmes dans l’enceinte de la mine. Tu géreras les générateurs de vapeur dans l’enceinte, au portail, et aussi la chaudière des douches des appartements, ainsi que la crémaillère qui amène l’eau à la cuve. Tu aideras également Nicole à l’entretien des lieux.  Tu iras demain aux thermes avec Paulus et Marcus te faire expliquer le fonctionnement des générateurs, puis tu iras prendre ton poste dans l’enceinte de la mine. Voilà. Vous avez des questions ?

- On mangera où ? lui demande Éva.

- Au restaurant des thermes. Et pour la mine, à la cantine de la mine. Le repas est gratuit. Vous serez logés à l’étage des thermes, ou dans l’enceinte de la mine, le logement est gratuit aussi !

   Avant que vous me posiez la question...Vous serez payés tous les mois. Un salaire de douze as par jour pour les surveillants, les transporteurs, les commis de cuisine de la mine, de quinze as par jour pour les buandières, la responsable du sauna, la responsable de l’entretien de la mine, les techniciens et la cuisinière, et enfin de vingt as pour le chef cuisinier de la mine. Sachez encore qu’il y aura des fêtes, des nocturnes et des soirées privées pour lesquelles vous serez sollicités. Bien sûr, à ces occasions, vous toucherez un supplément.

     - Est-il possible d’obtenir un acompte ?  demande Pénélope.

   - Oui, c’est prévu ! Dans le courant de la semaine prochaine, vous irez vous présenter à la banque chez Claudia Rich, c’est elle qui vous paiera tous les mois. Vous recevrez un acompte d’un tiers, soit dix jours de salaire. D’autres questions ? »

   - Quels seront nos horaires ? demande Lio.

- Les thermes sont ouvert de dix heures à dix huit heures. Vous devez être à votre poste de travail à dix heures,  douchés et opérationnels. Prévoyez donc de venir un quart d’heure avant ! Pour les transports de charbon, vous êtes libres de vos horaires, mais vous devez veiller à ce que tout le monde soit fourni. Pour les serviettes, si le stock est suffisant, une rotation le matin et une l’après-midi devraient suffire ! Pour la mine, vous fixerez vous-même vos horaires, pour le petit déjeuner, le déjeuner et le souper. Vous disposerez d'un logement dans l’enceinte de la mine.

    Bien ! Puisqu'il n’y a plus de questions, je vous engage à aller aux thermes et à la mine avant la fermeture, et de vous présenter à vos collègues respectifs ! Vous commencez demain dimanche. »

     Les six terrassiers reviennent du chantier du remonte-pente. Ils ont fini de niveler la pente, il ne reste plus qu’à planter les poteaux qui supporteront les fils, et à installer les roues motorisées à la vapeur pour faire fonctionner le système : une cabine qui descend, et une qui monte en même temps. Cela équilibre la charge et permet d’avoir une vitesse correcte. Il faudra une minute pour faire la descente ou la montée !

    Une troupe de soldats à cheval se présente devant le portail du camp.

     « Qui êtes-vous ? demande Jean d’Ortega.

     - Au nom de l’Empereur, ouvrez ! »

     Une fois dans le camp, les soldats mettent pied à terre.

     Jacou reconnaît alors le capitaine des soldats Joseph Ikast. 

      « Bienvenue, capitaine ! Que nous vaut l’honneur de votre visite ?

    - L’Empereur nous envoie pour escorter les menuisiers d’Oche sur le trajet de retour. Eudes d’Allier et Philibert d’Argenteuil repartiront avec nous. Audebert d’Auster, Firmin de Conté et Paulin Surcouf également.

- Grand merci, messieurs ! dit alors Victor Rous. Nous rapatrierons aussi nos blessés Amédée Kris et Hantz Tramp qui vont bien mieux ! Si vous le voulez bien nous partirons demain matin. Nous avons fini notre mission !

     - Pas de soucis, il faudra rapatrier les chariots !

 - Nous nous en occupons, avec Aloïs Prist et Ludwig Tramp,  dit alors Bertrand Schenk. 

 - Georges de Chaumes, Brice de Niss, Albert Erstein et Apollinaire de Bœuf accompagneront les fondeurs de Mousson à la fin de leur mission.  ajoute Joseph Ikast .

    - Nous avons fini, dit  Léonard de Wendel. Nous pouvons également partir dès demain ! Nous rapatrierons les chariots à Mousson, avec l’aide de Paul Nagel, de Georges Stand, de Venceslas et Agar Dörm, de Michel Pilna et de Roger Mour.

    - Grand merci, dit Jacou, vous remercierez Charlemagne pour sa prévoyance ! Messieurs les fondeurs de Mousson, vous serez payés avant de partir, ainsi que vous, les menuisiers d’Oche.  Notre banquier arrive demain matin, avec vos dividendes.

    - L'Empereur a prévu de participer à votre milice ! lui annonce Joseph. Nous reviendrons à Durandalem dès mardi, et nous resterons pour organiser cette brigade avec vous. Les soldats qui partent à Mousson se joindront à nous ! »

      Puis, en aparté avec Jacou :

     « Pouvons-nous espérer des moments de bien-être chez vous ?

     - Bien sûr... Je ferai le nécessaire !

     - Je te remercie, au nom des soldats de l’Empereur ! 

     - Maintenant, conclut Jacou, assez parlé, cela donne soif ! Accordons-nous une petite pause, et faisons-nous servir quelques canons par Manon ! »

L’or de Durandalem

 

Dimanche 11 mai

     Les convois sont prêts. Ceux de Mousson partiront les premiers. On attend maintenant le banquier de Durandalem, qui doit apporter leurs soldes.

  « C’est bizarre, s'inquiète Jacou, ils devraient déjà être là ! » 

     Il envoie aux nouvelles ses soldats, les Capitaines, les vigiles, les trois gens d’armes et quelques gardes de Pont-de-Sarre.  Ils font  route vers l’Ouest. Au niveau de Rossel, ils aperçoivent des hommes à terre. Des flèches volent depuis les arbres.

     François Bauer va voir, il rencontre Georgette Fart.

     « Bien contente de vous voir ! Ils sont plus d’une centaine ! Ils veulent notre cargaison, mais je ne pense pas qu’ils sachent que c’est de l’or ! Nous avons tué les cavaliers, ils étaient une vingtaine.

     - Vous avez des blessés ?

    - Non, pas encore ! »

     Alors François ordonne :

     « La moitié d’un côté, et l’autre moitié de l’autre ! Tirez pour tuer ! »

     Et les soldats, volant de chaque côté des assaillants, font un carton plein, décimant les bandits un par un, jusqu’à la reddition des quelques survivants.

     Le Borgne se pose face à eux, et, avec ses gardes en couverture, leur demande : « Qui êtes-vous ? »

      Pas de réponse claire, mais un langage étranger agressif , avec le nom de Khan plusieurs fois prononcé. Un nom déjà trop entendu dans la région ! Le Borgne alors s’élève, et crie :

     « Ils voulaient notre peau !  Pas de quartier ! Pas de prisonniers ! »

     Et quelques volées de flèches règlent le problème... Tous sont maintenant éliminés. Plus aucun survivant !

     Emanuel Frisch sort de son abri dans les bois, avec ses parents Raoul et Raymonde , qui voulaient connaître les banquiers de Pont-de-Sarre.

     « Merci les Capitaines et les gardes ! Sans vous, nous étions perdus ! 

     - Encore des sbires de Khan ! dit le Borgne... Il faut tous les pourchasser !  En attendant, creusons un trou pour  ensevelir ceux-là ! »

Une fois le trou creusé et les flèches récupérées, les corps une fois dépouillés y sont y jetés.

     Leurs effets sont brûlés. Ils n’avaient pas d’or avec eux, et peu de victuailles. Le tout est enfoui, le trou est rebouché.

     Les gardes récupèrent les chevaux, les attachent ensemble et reviennent à cheval, en suivant le chariot des banquiers.

 

     En arrivant à Pont-de-Sarre, ils expliquent ce qui s’est passé.

   «  Mais combien sont-ils donc encore, ceux de cette armée de Khan ? s'exclame Jacou. Enfin, vous êtes sains et saufs... C’est l’essentiel ! »

   Emanuel tend un lourd sac de livres-or.  « Voilà de quoi payer les artisans ! » 

     Jacou alors fait le compte, et donne à chaque corporation un bon dédommagement pour leur participation aux travaux de Pont-de-Sarre.

     Munis de leurs pactoles, et sous bonne escorte, les voilà partis. Un convoi vers Mousson, et un autre vers Oche. Et sous les remerciements d’Oscar et de tout son conseil, réuni pour saluer les partants.

     Les verriers s’apprêtent eux aussi à partir, Oscar leur a donné les soldats de Sarre comme escorte. Jacou les paie bien, comme à son habitude. Bien au-delà du prix convenu. Les verriers disent être ravis d'avoir travaillé avec lui. Qu’il n’hésite pas à faire encore appel à eux !

  « Maintenant que les convois sont partis, s'enquiert Emanuel, peut-on  visiter votre cité ?

    -  Avec plaisir, dit Oscar. Suivez le guide ! »

Et il se rend à pied jusqu'à la banque, suivi des banquiers montés sur leur chariot chargé d'or.

Un belle femme nue les accueille, parée de bijoux autour du cou, des poignets et des chevilles.

 « Bienvenue, les banquiers de Durandalem ! Je suis Claudia Rich, la banquière ! Je vous attendais.

   - Enchanté,  Claudia ! Moi je suis Emanuel Frisch,  banquier de Durandalem. Et voici mon père Raoul, banquier retraité, et ma mère Raymonde, orfèvre. J’apporte quelque chose pour vous... Cinq cents livres-or, une belle provision pour vos salaires !

     - Grand merci, mais maintenant, il va falloir les porter jusqu'à mon coffre...

     - Pas de problème... Ouvrez les portes, je m’occupe du reste ! »

     Et d’une main, il soulève les cinq cents livres d’or, et les porte avec la plus grande facilité dans la banque, puis dans le coffre.

     Claudia est épatée... Cinq cents livres... Soulevées aussi facilement qu'une seule !

    « J’ai  une autre livraison à faire, dit Emanuel. À la banque de Bertrand La Moné cette fois.

     - Ce n’est pas loin, répond Jacou. Allons-y  ! Claudia, tu nous rejoins au restaurant des thermes, tu es invitée !

   -  Avec plaisir... Mes enfants m’accompagneront ?

   - Volontiers, tu nous les présenteras... »

  Bertrand la Moné,  les voyant arriver tout nus, se déshabille lui aussi et leur présente la comptable - son épouse Anik - ainsi que les guichetières, ses filles Carmen et Marlène. Pour être agréables au bourgmestre, toutes les trois se dévêtent également !

     Bertrand est enchanté de disposer maintenant d'une trésorerie aussi conséquente pour payer les factures de la ville.

     « La construction des remparts a coûté une fortune, mes coffres étaient vides ! se plaint Bertrand. Merci beaucoup, Emanuel, cela vient à point nommé donner un nouvel essor à notre ville ! Mais je crains qu’il te faille beaucoup patienter pour le remboursement...

   - Ce n’est en aucun cas un prêt de Durandalem, le rassure aussitôt Emanuel. Ceci est un don, dans l’espoir que la vie saine et hygiénique en nudité se généralise dans toute la région !  Nous aidons dans la mesure de nos moyens, qui sont grands ! Si tous font de même, la région sera bien agréable à vivre.  Et c'est ce que nous voulons tous !

 - Je n’aurais pas mieux dit, conclut Jacou. J'invite tout le monde au restaurant des thermes. Allons vite goûter à la cuisine sarroise ! »

     Ils arrivent au restaurant. Il n’est pas encore midi. Les ayant reconnus, le chef cuisinier André Perrot les invite à s’installer à une grande table. Claudia Rich les rejoint avec ses deux enfants de dix sept ans, les jumeaux Aline et Alain. Deux beaux grands enfants bien formés !

     « Aline est aide-comptable à la banque, précise Claudia. Et Alain est guichetier.

     - Enchanté, les jeunes ! Prenez place...

     - Parole de cuisinier, c’est un honneur que de vous recevoir au restaurant des thermes ! 

     - Merci pour le compliment, André ! dit Oscar. Aurais-tu une boisson qui nous ouvre l’appétit ? Et qui convienne à ces dames ?

     - J’ai une liqueur de plantes des collines qui donne faim, dit-on... 

     - Va pour la liqueur ! Et qu’avons-nous au menu ?

     -  Un rôti de sanglier au vin de Mosel, vous m’en direz des nouvelles ! »

     Et effectivement, la liqueur est très apéritive, et le sanglier est un délice !

     « Nous nous sommes vraiment régalés ! se  réjouit Jacou. Vous féliciterez les cuisiniers pour ce délicieux repas ! dit-il aux deux serveuses, Nina Hagen et Paula Majeur.  Et bravo pour le service impeccable !  Oscar, tu as vraiment de bons éléments, dans ton restaurant...

     - Merci Jacou ! mais c'est à elles que revient le mérite... Bravo les filles !

     - Oh, vous êtes trop bon, Maître Fontaine ! dit Nina. Nous débutons, et essayons de faire de notre mieux... Tout simplement !

     - Si, si, j'insiste... Le mérite est pour vous ! »

     Après le repas, les banquiers prennent congé. Jacou et Oscar passent visiter les nouvelles installations de la buanderie, installées hier soir.

     « C’est magnifique ! leur dit Annie d’Aigle. Nous travaillons mieux, en équipe renforcée, sans être bousculées. Les deux tambours tournent à plein régime, et le sèche-linge est une merveille ! 

     - Nous arrivons même à avoir du stock d’avance ! précise Mia Karan. Merci aux forgerons ! »

     Oscar propose maintenant d'aller voir les techniciens, et ils descendent derrière le bâtiment. Là, les chaudronniers de Pont-de-Sarre sont en train d’installer des trémies au-dessus des crémaillères d’alimentation des chaudières.

     « Cela facilitera grandement la gestion des crémaillères ! dit Gaby Horn.

     - On en rêvait, ils le font ! dit Homère de Sail. C’est magique !

     - Maintenant, on a tout le temps de peaufiner nos réglages, dit Jean Pass, et tout le temps d’initier les nouveaux, Paulus et Marcus. On forme déjà une bonne équipe ! 

     - Je suis ravi d’entendre cela ! se réjouit Oscar. Bravo les garçons !  Et bravo à vous, les chaudronniers. Belle initiative ! Je suis fier de vous !

     - Tu peux ! acquiesce Jacou. Bravo messieurs ! La ville a besoin de gens comme vous, vous contribuez à son resplendissement ! Oui, vous pouvez tous être fiers !

     - Qu’en est-il du charbon ?  demande Homère.

     - Deux livreurs s’en occupent en permanence dès aujourd’hui, le rassure Oscar. Vous n’aurez pas de pénurie ! Et avec les trémies, ils peuvent faire du stock. Vous êtes tranquilles.

      Et les deux bourgmestres s’en retournent au camp.

     - Demain, dit Jacou, nous inaugurons les thermes, et nous mangerons au restaurant. J’ai prévenu le chef-cuisinier, il aura le renfort de la cuisine du camp. Ce soir, nous ferons notre dernier repas dans ce camp, te joindras-tu à nous, ainsi que tes conseillers ?

     - Bien volontiers !

     - Soyez là pour vingt heures !

     -  Nous y serons ! »

 

     Et tandis qu’Oscar s'en retourne à la Maison de la Ville, Jacou fait le tour des occupants du camp.

     « Madame et Mesdemoiselles les Soldates de l’Empire, vaillantes ambassadrices de Durandalem, votre mission ici est terminée ! Vous allez demander un grand chariot à Hantz, vous y installerez toutes vos affaires, et vous ferez monter les filles que nous avons recueillies. Elles sont d'ores et déjà citoyennes de Durandalem ! »

     Puis il se rend sous la tente de Marie, pour prendre des nouvelles des gens d’armes blessés.

     « Comment vous sentez-vous ?

    - À cause de la douleur, je me suis laissé emporter par la colère, regrette Alice. Je n’aurais pas dû tuer ces pauvres bougres ! 

      - N'oublie pas que ces "pauvres bougres", comme tu dis, ont tué toutes les personnes qu’ils ont rencontrées, et qu'ils n’auraient pas hésité une seconde devant toi ! Tu as certes réagi violemment, mais c'était en réponse à la violence de l’attaque. Tu n’as pas à te reprocher quoi que ce soit... Tu as débarrassé la région d’un fléau, sois en fière !  Et physiquement, comment te sens-tu ?

     - Ça peut aller, mais j’ai encore du mal à respirer. Marie m’a dit que c’était normal. La côte qui a arrêté la flèche s’est déplacée vers les poumons, ce qui me coupe un peu le souffle. Mais cela va aller de mieux en mieux ! La plaie est déjà cicatrisée !

     - Et toi, Christian, comment vas-tu ? »

      - Mon bras guérira, je suis confiant ! Mais il va falloir que je trouve une autre arme... Une arbalète peut-être... ou alors une fronde ! dit-il en rigolant de bon cœur.

     - Tu gardes le moral, c’est bien ! Et toi, Pascal, comment va ta jambe ?

     - Oh, elle a connu des jours meilleurs ! Mais ce n’est qu’un os cassé, qui va se réparer... En attendant, je vais bien trouver quelque chose à faire ! Tiens, je vais demander à Robert de me bricoler une chariote pour me déplacer !

     - Voilà une bonne idée ... Je suis sûr qu’il te la fera ! »

      Puis Jacou voit Marie, et lui dit de préparer tout le barda pour la levée du camp demain en début d’après-midi, après le repas aux thermes.

     « Emmène les blessés au repas, ils le méritent grandement ! 

      Dans les ateliers des forgerons, Jacou dit aux maçons de Manderen de commencer à ranger les outils et à charger les chariots.

      Vous pouvez laisser les pierres ici ! rigole-t-il.  »

     Ce qui fait rigoler aussi tous les maçons et tous les forgerons.

 

     Je lance à Jacou :

        « Mission réussie !

     - Grâce à toi et à ta famille, Robert, qui avez installé toutes ces technologies à Pont-de-Sarre ! »

    Puis s’adressant à Isabelle, l’architecte de Manderen :

    Le coup de la mine, c’était imprévu...  Mais quel magnifique dénouement de notre aventure ! Vraiment un grand merci pour cette découverte.

     - Et comme maintenant ils ont de l’or, dit Emanuel, eh bien, on va pouvoir garder le nôtre ! 

      Et tout le monde éclate de rire.

     Les mineurs confirment !

     - Oui, il y a de l’or dans la colline ! Ils devront embaucher des charpentiers à demeure à la mine : le roc est friable, il a besoin d’un bon étayage ! Mais on leur a expliqué comment faire. Nous les avons invités à venir visiter notre mine à Durandalem...

     - Vous avez bien fait ! 

      Axell raconte une autre découverte que les fondeurs et lui ont faite :

     - Nous avions un foyer qui chauffait trop. Nous l’avons inondé d’eau, ce qui l’a refroidi. Plus tard, nous avons essayé de rallumer ce charbon éteint à l’eau. En fait, il s’allume plus facilement ! Il chauffe moins, certes, mais suffisamment pour les chaudières des douches, et il se consume bien moins vite. J’essayerai d’en fabriquer à Durandalem. Les fondeurs de la colline font des essais de leur côté. »

     Les frères Stein aussi sont contents. Ils sont arrivés au bout de leur mission, et les cantonniers de Pont-de-Sarre continuent maintenant à tracer le réseau d’eau, avec leurs forgerons.

     Puis Jacou se rend aux cuisines du camp, où le dernier repas est en train de se préparer.

     Les cuisiniers du Victor et du Majestic ont vraiment apprécié de travailler avec Manon, et surtout, d'avoir enfin travaillé ensemble. Auparavant, ils étaient quasiment ennemis,  chacun retranché dans son hôtel !

     « Messieurs, un grand merci pour cette aide.  Vous êtes vraiment les chefs que l’on nous avait annoncés ! Sachez que dans vos cuisines, dans vos hôtels, vous disposez maintenant de chambres froides. Ce qui va bouleverser votre façon de cuisiner ! Vous pourrez affiner les plats, préparer les sauces, sans parler d’autres joyeusetés glacées que vous allez pouvoir expérimenter ! »

         Peter Penh du Majestic et Augustin Thuin du Victor sont ravis !

     « Non, jamais je n’aurais cru travailler avec Augustin ! Nous étions vraiment ennemis, et le pire, c’est que ni lui ni moi ne savions vraiment pourquoi !  

     - Probablement la concurrence entre deux grands hôtels de la ville !  suggère Augustin.

     - Manon nous a appris beaucoup de choses, dit Peter. Côté cuisine, mais encore plus côté humain ! » .

      - Vous êtes vraiment formidables, le peuple de Durandalem !  ajoute Augustin. Oscar  a vraiment eu une bonne idée en vous faisant venir !

     - Merci pour ces éloges, dit Jacou. Et merci de vous être adonnés à la nudité sans problème !

      - C’est plutôt nous et toute la ville de Pont-de-Sarre qui devons vous remercier d’avoir apporté chez nous l’hygiène et la pureté de la simple nudité ! rectifie Peter. C’est une hygiène de vie que nous aurions dû adopter depuis longtemps !  Dire que depuis trente ans on se moquait de votre mode de vie, on le raillait, on le disait pervers, engoncés que nous étions dans nos certitudes stériles...

     -  Finalement, constate Augustin, il y a bien plus d’empathie entre nous tous , les barrières sociales n’existent plus... Le commis nu à côté du chef nu lui aussi, cela aide à la compréhension mutuelle. Et nous travaillons ensemble : ce n’est plus le commis qui travaille pour le chef, ce sont le commis et le chef qui travaillent de concert ! C’est magnifique !

      - Je suis heureux que cela ait eu autant de retours positifs ! se réjouit Jacou.  Je vous encourage  à continuer à vous associer entre cuisiniers, pour doter votre ville du meilleur des services culinaires, et donner ainsi une excellente image de la gastronomie sarroise !

     -  Nous suivrons votre conseil, Maître Jacou ! »

Dernier repas au camp

 

    « Ce soir, dit Jacou à Manon, ce sera le dernier repas ici, dans le camp ! Vous devrez tout remballer ce soir, car dès demain matin, toute l’équipe ira donner un coup de main aux thermes pour le repas d’inauguration. Les vigiles, les gardes et même les maçons de Manderen t’aideront à tout mettre dans les chariots.

     - Mais nous avons encore beaucoup de victuailles dans notre chambre froide... Qu’allons- nous  en faire ?

      - Demain matin, tu les emporteras aux thermes.  Il y a de la place dans la grande chambre froide du restaurant.

     - Doit-on démonter la chambre froide d'ici ?

     - Non ! Oscar lui trouvera bien une utilité ! »

   Ensuite, Jacou va voir Hantz. Les palefreniers de Sant-Inberg sont là.

     « Ils voudraient garder les petits chevaux que nous avons recueillis, dit Hantz. Ils sont prêt à payer un bon prix !

      - Pour les services rendus, nous pouvons bien les leur laisser en cadeau...

     Mesdames et messieurs, vous nous avez grandement aidés, tout le long de notre séjour, à gérer les centaines de chevaux qui sont passés en une semaine... Soyez-en remerciés ! Ce sac contient dix livres-or à vous partager entre vous. et cet autre sac de dix livres-or, ce sera pour l’amélioration de votre haras. Et en prime, nous vous offrons ces trente petits chevaux, qui vont sûrement faire le bonheur des enfants de Pont-de-Sarre !

      - C’est d’une grande générosité, dit Quentin Tamar. Nous allons  maintenant pouvoir ouvrir une école d'équitation pour les enfants. Grâce aux chevaux et à vos dons, nous allons faire beaucoup d’heureux !

      - Je n’en doute pas... D'autant que ces chevaux sont bien sympathiques. Même s’il ne comprennent que la Langue chinoise ! 

     Et tout le monde de s’esclaffer.

     Tandis que quelques palefreniers se préparent à partir avec les chevaux, Jacou demande à Hantz :

     « Finalement, combien de chevaux ramenons- nous ?

     - Nous avons récupéré cinquante-sept chevaux, sans compter les petits offerts au haras...

     - Choisis-en vingt-sept, les trente restants seront aussi donnés au haras. »

     Et, se tournant vers Quentin Tamar :

     « Quentin, as-tu la place pour héberger trente chevaux de plus ?

     - Oui, pour combien de temps ?

   - Définitivement... Nous vous les donnons. Ce sont ceux des pillards que nous avons tués !

     -  Nous avons bien fait de venir, alors ! répond Quentin en faisant rire Jacou. Grand merci ! Les nôtres, qui sont bien vieux et usés, nous allons pouvoir les mettre enfin à la retraite... Avec l’or, nous pouvons leur offrir une belle fin de vie tranquille et heureuse. Merci pour eux ! »

 

     Il est vingt heures. Manon sonne la cloche pour la dernière fois.

     Les tables sont prêtes. il y a du monde pour le repas, vraiment beaucoup de monde !  Mais combien au juste ?

    Comme Jacou l’a demandé, Oscar est venu avec son conseil au grand complet.  Tous les notables l'ont accompagné... Cela fait déjà vingt-trois personnes.

     Sont invités aussi tous les artisans Sarrois de cette aventure : les neuf palefreniers et palefrenières du haras, les dix maçons de la ville, les huit cantonniers-terrassiers, les huit forgerons-chaudronniers, les sept menuisiers-charpentiers, les dix cuisiniers et filles de salle des deux hôtels, les quatre gardes, les huit agents des douches communales, les huit techniciens de la ville, les sept mineurs, les trois fondeurs, les quatre cuisiniers de la mine, et les deux personnes chargées de l'entretien de la mine. Ce qui monte le nombre à cent onze !

    Le personnel des thermes est aussi invité. Demain, pour l’inauguration ils travaillent ! Il y a là les quatre employés aux massages, les deux concierges, les deux gérants, l'hôtesse du sauna, les six agents d'entretien, les huit agents de service, les huit surveillants, les cinq buandières, les six cuisiniers, les quatre vigiles, les deux médecins, les deux agents de caisse, les cinq palefreniers, et les deux transporteurs. Ce qui nous fait cinquante-sept personnes de mieux.

      Bien sûr, tous les Durandalémois sont là aussi !

     Les huit Soldates de l'Empire, les trois rescapées, les deux enfants de Valérie et leur nounou, Hantz Burg, Manon Germain, Marianne et Albert Tritz, Paulette Holz, Marlène Basin, et Josie Bern, qui sont de service, mais qui ont une place à table. Les quatre forgerons de Durandalem (dont moi-même Robert Schmit) et les deux de Naborum. Et Jacou et Marie Brett, ça va soi. Et les cinq gardes, les quatre vigiles, et les six gens d'armes (même les blessés)... Les professeurs pour la mine, Axell Wilkinson et les mineurs Roger Basin et Louis Basin, les cantonniers Pierrot Stein et Claude Stein, sans oublier les Capitaines de l’Empire, Le Borgne et François Bauer.

     Ce qui représente cinquante et une personnes de plus.

     Donc, si nous additionnons les cent onze de Pont-de-Sarre, les cinquante-sept  employés aux thermes,  les cinquante-et-un de Durandalem  et les onze maçons de Manderen, si je compte bien, ici, ce soir, nous ne sommes pas moins de deux cent trente personnes !

      Il y a des tables partout ! Tout le monde met la main au service, tous les cuisiniers, ceux de Durandalem, ceux des hôtels, des thermes, de la mine s’investissent dans la confection des mets.

     Comme on dit par chez nous, c’est un joyeux brouilli-braha.  Toutes et tous se mélangent, font connaissance, s’invitent les uns les autres de table en table. Et bien sûr tout le monde est nu !

     Oscar dit à Jacou :

     « Jamais je n’aurais pensé que cela nécessiterait tant de monde pour donner cette dynamique nudiste à la ville ! Toutes celles et tous ceux qui sont ici sont contents et fiers de participer à cette aventure ! Tu peux me croire... C’est la meilleure chose qui soit arrivée à notre cité depuis longtemps ! »

 

     Tout au long du repas, les différents protagonistes se découvrent, se connaissent un peu mieux, certaines affinités se créent…

     Plusieurs couples voire trios se forment et s’éloignent, trouvant un coin pour s’adonner aux plaisirs intimes, mais les coins cachés ne sont pas légions !

     Les fondeurs se réfugient avec les maçons de Pont-de-Sarre dans l’atelier de menuiserie, deux filles et deux garçons, Hilda Börg, Helga Börg, Venceslas Dörm, Agar Dörm...

 

                                              

     Les gérantes et gérants des douches communales se retrouvent dans la forge, quatre garçons et quatre filles, Gretel Colas, Sylvie Activ, Andrée Activ, Paulette Itby , Alban Cory, Berni Colas, Berthold Colas, Adolf Activ...

     Les buandières s’éclipsent à l’infirmerie avec les vigiles, quatre filles et deux garçons, Annie d’Aigle, Léonie d’Aigle, Annie Khiroul, Edeltraud Chanot, Pierre Khiroul et Piotr Chanot... Les blessés, Christian Hahn, blessé au bras, Pascal Spohr, touché à la cuisse, et Alice Spohr, blessée à la poitrine, regagnent l’infirmerie après le repas en commun. Alice est soutenue par sa sœur jumelle Aline, Christian Hahn est accompagné par Genièvre Spohr, et Pascal Spohr est aidé par Jeanne Martinet et Alexa Dumas. Voyant les employés des thermes s’en donner à cœur-joie, les blessés et leurs assistants se joignent au mouvement…

L’inauguration des thermes de Pont-de-Sarre

 

Lundi 12 mai

 

      Cela faisait quelques semaines qu’il n’avait pas plu... Mais ce matin, la pluie est arrivée. Dans la cité, les chemins poussiéreux sont devenus fangeux. Les passages des tuyaux d’eau se sont remplis de boue.  La température est plus fraîche, et sous les gouttes, personne ne songe à sortir nu !

   Devant les thermes, cependant, il y a du monde.

     Oscar est là, accompagné de son conseil communal.

     Le personnel qui habite hors des thermes arrive à son tour. Avec ce temps, les pèlerines et autres couvre-chefs sont de mise. Peu d’habitants ont bravé le mauvais temps pour assister à l’inauguration.

   Au départ, Oscar avait prévu de faire un discours devant les thermes, face à la foule. Changement de programme : il va le faire dans le restaurant, bien au sec !

    La pluie redouble d’intensité. Le ruban devant les portes est vite coupé, et les personnalités invitées s’engouffrent aussitôt à l’abri.

     Les douches sont prises d’assaut, chacun se réchauffant sous les jets d’eau chaude.

     Puis, une fois séchés, toutes et tous se retrouvent au restaurant, nus.

 

     Oscar prend la parole :

     « Nous inaugurons aujourd’hui le nouveau fleuron de notre ville, à savoir les thermes de Pont-de-Sarre. Ces thermes n’auraient pas pu être là sans le concours de nombreuses artisanes et de nombreux artisans qui ont participé à sa construction. 

     Merci à toi, Grand Maître Médecin Jacou Artz, d’avoir répondu à mon appel ! Tu as su t’entourer des meilleurs dans leur art ! 

     Merci à toi, Grand Maître Forgeron de l’Empire Robert Schmit, d’avoir mis tes technologies extraordinaires à notre service ! 

     Merci à vous, nobles artisans de Durandalem, qui avez œuvré avec tout votre savoir-faire pour réussir ces prouesses ! 

     Merci à vous, braves défenseurs de Durandalem, qui avez sauvé les marchands, les fournisseurs, les artisans, les ouvriers qui sont venus nous aider ! 

     Merci à vous, les maçons de Manderen, qui avez mis votre art à notre service et construit en un temps record les bâtiments ! 

     Merci, vitriers de Meisenthal, qui avez fait entrer la lumière dans nos établissements ! 

     Merci à vous, les menuisiers d’Oche, qui nous avez apportées votre technique et votre maîtrise des charpentes ! 

     Merci à vous, les cuisiniers, serveurs et serveuses, qui nous avez nourris, et avec des festins, durant toutes ces journées ! 

     Merci à vous, les gardes de Pont-de-Sarre, qui avez veillé sur les chantiers, veillé sur nous ! 

     Merci à vous, les palefreniers de Sant Inberg, vous avez toujours répondu présents quand on avait besoin de vous ! 

     Merci à vous les maçons, les cantonniers, les menuisiers, les forgerons de Pont-de-Sarre, vous nous avez montré que Pont-de-Sarre a aussi les meilleurs dans tous les domaines !

      Merci à vous, les charmantes ambassadrices de la nudité, qui avez su si gracieusement inciter toute la ville à la pratique du corps nu ! 

     Et merci à vous, les employés des thermes, qui allez œuvrer pour que chacune et chacun reparte avec le souvenir de bien agréables moments, et l’envie de revenir ! 

     Maintenant, nous allons célébrer cet instant, en trinquant ensemble...

     Je lève mon verre aux thermes de Pont-de-Sarre ! 

       Puis Oscar ajoute :

      Mesdames et messieurs, profitez bien des thermes, je vous invite ici même pour midi, pour le banquet inaugural ! »

     Depuis le camp, toutes les victuailles sont chargées dans un chariot bâché, et transportées aux cuisines des thermes.

     Toute l’équipe des cuisines du camp se rend aux thermes pour aider André Perrot le chef cuisinier, et les cuisiniers des hôtel Victor et Majestic les ont rejoints.

     À midi, une bonne partie des personnes présentes hier soir à table dans le camp sont là, hormis les travailleurs des bains, des thermes, de la mine…

     Après le repas, Jacou prend la parole :

     « Citoyens de Pont-de-Sarre, nous avons pris plaisir à œuvrer dans votre cité, à contribuer à améliorer votre santé et votre bien-être ! Nous allons maintenant retourner à Durandalem, avec la satisfaction du travail accompli !  Nous vous souhaitons de prospérer.... Et que Pont-de-Sarre devienne le fleuron de cette partie de l’Austrasie ! Vous serez toujours, toutes et tous, les bienvenus à Durandalem. Venez nous rendre visite ! Nous serons heureux de vous accueillir ! »

     Après un tonnerre d’applaudissements, la délégation de Durandalem prend congé, ainsi que les maçons de Manderen, qui ont encore à inaugurer les remparts de Naborum mercredi.

     La pluie a cessé. Les chariots sont prêts, les passagers sont installés. Le convoi quitte Pont-de-Sarre sous les saluts et les vivats...

« Vive Jacou ! Vive Robert le Schmit ! Vive Durandalem ! »

 

 

Le retour à Durandalem

 

     Le retour se fait sans histoire. Le soleil est revenu, et les corps se sont à nouveau dénudés.

     L’arrivée à Durandalem ne passe pas inaperçue !

     Tous les habitants sont là à acclamer les héros de Pont-de-Sarre.

     Marie fait tout de suite transporter les blessés dans l’ancienne école.

     Johan Martinet va au chevet d’Alice, Guenièvre Spohr rejoint Christian Hahn, Pascal Spohr reçoit la visite de ses parents.

     Les trois jeunes filles recueillies, Giselle, Isabelle et Anaëlle Halot, sont elles aussi à l’ancienne école, logées chez Edeltraud Bour.

     Pour ma part, je retrouve avec plaisir mon domicile. Mon épouse Esther est contente de me revoir !

  Ma fille Ariston est heureuse de retrouver son homme, et mes petits-fils retrouvent leurs appartements et celles et ceux qui leur sont chers.

     Gabrielle, après avoir vu Chantal qui lui a donné un élixir, retrouve son Axell, et l'entraîne illico dans leur chambre, dans l’appartement des fondeurs, près de la fonderie. Nul doute que leur soirée va être chaude !

     Les frères Stein sont accueillis par leurs épouses. Les gardes et les gens d’armes retrouvent leurs moitiés. Hantz Burg aussi est attendu. Josette Wasch, son épouse, lui fait la fête ! 

     Émile lui aussi est heureux, avec tous ces nouveaux chevaux qui arrivent à Durandalem !

     Au portail de l’ancienne école, Anatole attendait le retour du bourgmestre.
     « Bienvenue chez toi, Jacou !

     - Merci Anatole ! Quoi de neuf ici ?

     - Pas grand-chose...  Ah, si ! Les jeunes rousses se passionnent pour les plantes de Chantal ! Elles veulent devenir herboristes, et Chantal les initie. Mais elle est contente que Valérie soit de retour pour l’aider.  Ces jeunes filles sont avides de savoir !  Il y a aussi le Fernand... On a dû l'héberger ici. Pour fêter son anniversaire, il a abusé de sa gnôle et il est tombé inconscient. Chantal s’en est occupée. Il va bien maintenant, il est retourné à la ferme. »

     Jacou le remercie pour ces nouvelles, et retrouve avec plaisir son cabinet-laboratoire. Gabriel Holz, le garde champêtre, vient lui rendre visite.

     « Nous avons transmis tes requêtes pour la brigade régionale à tous les bourgmestres de la région, qui ont tous répondu favorablement ! Ils seront tous là demain, eux-mêmes ou leurs représentants.  Le bourgmestre de Mettis est arrivé il y a une heure, avec son escorte de cinq gardes, accompagné de trois autres bourgmestres des environs de Mettis. Ils sont logés aux Thermes, et ils seraient enchantés que tu les rencontres dès ce soir. 

     - Merci Gabriel ! j’irai les voir ! »

     Puis il se rend à pied à l’auberge, histoire de voir les habitants.

     « Alors, dit Child, cette virée à Pont-de-Sarre, il paraît que ça n’a pas été de tout repos !   

     - Oui, beaucoup de bandits sur les chemins... Mais près de deux cents  de moins depuis qu’on est passés !  Khan est mort, mais il a encore des troupes qui traînent. Il faut les trouver et les éliminer...

      - Ah ! si j’étais plus jeune, je viendrais avec vous !   Je suis un guerrier, moi ! »

      Il est dix huit heures, les gardes reviennent de leurs postes. Joseph Spohr, Paul Frisch et Hankel Thiel des remparts Sud, Gretel Wilkinson et Christina Hahn du portail Ouest.

     « Bienvenue, Jacou ! 

     - Merci Christina ! Quoi de neuf sur les remparts ? 

     - Oh ! c’est bien moins mouvementé que sur les routes ! Les commis nous ont raconté, ce n’était pas toujours une partie de plaisir ! Hier, j’étais de réserve, je suis allée me promener avec Hankel dans la campagne vers Falkenberg, jusqu’à Maranges, pour distribuer tes missives dans chaque village. Demain, j'espère que toi et les autres bourgmestres, vous vous mettrez tous d'accord pour éradiquer définitivement tous ces barbares de grand chemin ! 

     - Oui, nous allons former une milice des routes. 

     - Je veux bien en faire partie ! 

     - Je prends note de ta candidature.  Il faudra des gardes aguerris pour former les troupes ! Pour la plupart, les villages n’ont pas de soldats... Marion ! Sers donc une tournée de canons à ces braves ! Alors, il paraît que le Fernand a fait fort, pour son anniversaire ?

     - Ça a bien failli être son dernier, répond Marion d’un air sérieux. Heureusement que Chantal était là ! »

   Jacou reste encore un moment, saluant les clients qui viennent boire un coup.

     Les frères Gaël et Joël Wasch, ont en vue un nouveau projet pour les douches communales, qui servent rarement.

     « En fait, dit Gaël en riant, ce sont les filles de joie qui voudraient pouvoir utiliser les douches pour travailler !  . 

     - Pourquoi pas ? Mais pas en permanence...Et pour quelle clientèle ? 

     - Pour les clients de l’auberge, dit Joël, pour ceux qui sont de passage… Il y en a qui aimeraient…  

     - Ils ne préféreraient pas des filles plus jeunes ? 

     - Oui-da ! Mais figure-toi que samedi dernier, deux des filles de Falkenberg, tu sais, deux filles de la maison de feu Madame Claude, sont venues nous voir, accompagnées par nos filles de joie à nous.  Elles nous ont proposé un marché. Nous les hébergeons, et elles viennent habiter à Durandalem. Et comme l’appartement des douches est libre, j’ai pensé que ce serait une bonne idée que de les héberger aux douches. On pourrait aménager deux douches pour qu’elles puissent travailler. Il en resterait quatre, bien suffisantes vu la maigre fréquentation des douches ! 

 - Et qu’en pense Marie, la responsable du « Petit Paradis » de Falkenberg ? 

     - D’après les deux filles, Marie serait d’accord. Et nos filles à nous aussi... Du sang neuf avec ces deux jouvencelles rousses de dix huit ans, ça sera sûrement apprécié ! 

     - Nous les avons invitées pour mercredi, dit Gaël. Nous leur avons dit que ce serait notre bourgmestre qui prendrait la décision finale...

     - Soit ! Mais mercredi, j’ai déjà l’inauguration des remparts de Naborum à présider... Cela dit, qu’elle viennent malgré tout,  je trouverai bien le temps de discuter avec elles ! »

     Prenant congé des clients de l’auberge, Jacou se rend aux Thermes, pour discuter de la journée de demain avec les gérants. Et aussi pour rencontrer les bourgmestres de Mettis et des villages environnants, à propos de ce fameux projet de brigade régionale !

Chapitre III     La brigade régionale

 

 

- Les premiers arrivants

- Réunion des bourgmestres

- L’inauguration des remparts de Naborum

- Le discours

- L’alerte !

- Le retour des bourgmestres

- Les soldats de l’Empereur

- Les marchands de vin

- Chasse aux Germains

- L’attaque de Phalsbourg

- Pirmasens assiégée !

- La nouvelle brigade régionale

- Les moines de Burtoncourt

- Phalsbourg : Epilogue

- Pirmasens : Fin du siège

- Burtoncourt : Fin de l’épisode

- Comptes-rendus à Durandalem

- Les patrouilles

- Alerte à Phalsbourg

- Les ambassadrices

- Initiations

-  La mutinerie du bagne de Deux-Ponts

-  Les rapports des patrouilles au retour

- Les 50 ans du Capitaine de l’Empire François Bauer

- Lendemain de fête

- Ordres de missions

- La formation des patrouilles

- Encore d’autres missions

- Préparons l’avenir

 

 

Les premiers arrivants

 

     Les bourgmestres et leurs escortes sont attablés au restaurant. Tout le monde est nu.

     « Bonsoir messieurs-dames, je suis Jacou Artz, le bourgmestre de Durandalem ! 

     - Enchanté, Maître Artz !  disent les convives  en se levant pour le saluer.

    - Je vois que vous êtes tous en tenue, vous vous êtes conformés aux règles de la maison !

    - De toute façon, nous avions besoin d’une douche... Nos escortes n’étaient pas très enthousiastes à l'idée de se déshabiller, mais voyant que toutes et tous ici sont nus, elles s’y sont mises aussi !  Moi qui vous parle, je suis Jean de Rott, le bourgmestre de Mettis, et voici mon chef des gardes de la ville, Paul Igonn. »

     Jean de Rott est un grand homme de quarante ans, six pieds six pouces, brun, corpulent. Paul Igonn, lui, a trente neuf ans,  c'est un brun de six pieds.

    Je vous présente mon escorte : Ingrid York, Albertine Orossy, Léa Nonet, Olaf York, Jorg Anis et Michel Effane. 

     Ingrid York, vingt six ans, est rousse, six pieds six pouces, large d’épaules. Albertine Orossy, vingt sept ans, est brune, six pieds six pouces, une forte poitrine. Léa Nonet, vingt cinq ans, est une rousse  de six pieds cinq pouces, bien musclée. Olaf York, vingt cinq ans, est le frère d’Ingrid. C'est un roux de sept pieds, très musclé. Jorg Anis, vin gt trois ans, est un blond de six pieds deux pouces. Michel Effane, vingt cinq ans, est brun, six pieds cinq pouces.

  - Moi, je  suis Maurice Drucker, bourgmestre de Montigny, et je vous présente mon escorte, les frères Rozanoff, Siel et Pries. »

     Maurice Drucker a quarante cinq ans, c'est un blond de six pieds. Siel et Pries Rozanoff, vingt-et-un ans, sont des géants jumeaux, roux, de sept pieds six pouces.

 - Moi, c'est Roger d’Hoh, bourgmestre d’Ars, et voici mes trois gardes, Alain Bon, Gustave Aifele et Alban Lieue. »

     Roger d’Hoh, trente neuf ans, est un petit homme brun de cinq  pieds un pouce. Alain Bon est un brun de trente ans, et mesure six pieds. Gustave Aifele, un brun de trente-et-un ans, six pieds également. Alban Lieue un blond  de trente ans, cinq pieds huit pouces.

  - Je me nomme Marie-Paule Eck, je suis la bourgmestre de Romberg, et voici mes deux escortes Anne de Stef et Brigitte Calman. »

     Marie-Paule Eck a trente cinq ans, mesure six pieds. Anne de Stef a vingt neuf ans, mesure six pieds six pouces. Brigitte Calman, trente ans, mesure un pouce de moins. Toutes trois sont blondes.

     - Enchanté, mesdames et messieurs ! Chère Marie-Paule, une bourgmestre, c’est encore rare ! 

     - Nous valons bien les hommes, non ?

     - Mais je n’en doute pas... Merci à vous d’être venus. Vous avez lu ma missive, il est grand temps d’agir ! Sachez que cette semaine, où nous avons beaucoup circulé dans la région, nous avons subi dix attaques en quelques jours !

     - Vous avez eu des pertes ? s’inquiète Jean de Rott. 

     - Non, fort heureusement ! Trois blessés en tout, et nous avons tué près de deux cents pirates, barbares, Germains, Chinois, et autres bandits ! 

     - Par quel miracle en êtes-vous sortis ? demande Marie-Paule Eck. 

     - Nous avons des pouvoirs que je vous dévoilerai en détail demain, entre autres celui de voler ! 

     Et joignant aussitôt le geste à la parole, Jacou se lève, survole la table, puis se rassoit, laissant ses invités bouche bée !

    Nous nous déplaçons six fois plus vite qu’un cheval au galop, et nous pouvons donc aller d’un bout de la région à l’autre en très peu de temps.  La milice que nous allons constituer ensemble disposera de ces pouvoirs. Ainsi que quelques personnes dans chaque ville et village, afin de pouvoir prévenir rapidement d’un danger !   Mais je vous en dirai plus demain... Avez-vous profité des Thermes ? »

     Les invités répondent que non.

     Alors Jacou les emmène au sauna, puis à la piscine.

     La plupart n’avaient jamais été dans un sauna, et rarement dans une piscine, surtout dans une piscine chauffée à souhait !

     Le personnel a fini de travailler, mais sur demande de Jacou, il reste pour les invités. Ensuite vient l’heure de passer à table, et tout le monde remonte au restaurant.

« Je vous présente Basile Bardot, le gérant des bains, Michel Bern, le gérant du restaurant, et Guillaume Bardot, le gérant de l’hôtel.  Et voici Dillon d’Ortega, notre chef des gardes de Durandalem.  

     - D’Ortega ? dit Jean de Rott.  Nous avons eu un d’Ortega à Mettis, chef de la garde, qui était devenu le chef des gardes du roi Pépin ! 

     - C'était Jean d’Ortega ! dit Dillon. C’est mon père ! Un grand ami de Jacou ! 

     -  Notre cher Dillon, précise Jacou, a été le chef des gardes du roi Charles, le fils du roi Pépin. Depuis, Charlemagne  l'a nommé Général de l’Empire Romain d’Occident. 

     - Nous avons des chambres pour chacune et chacun d’entre vous. dit Guillaume . Après le repas, je vous y emmènerai ! Les agents de service sont à votre disposition pour toute question. »

Après le repas, une fois qu’ils ont vu leurs chambres, les bourgmestres et leurs escortes vont visiter le village.

     « Vous rentrerez par la porte de service, les concierges sont prévenus, ils vous ouvriront. »

Il fait encore bon, et tout le monde reste nu pour se promener.

     Ils passent par l’auberge, et s’arrêtent pour goûter la fameuse gnôle du Fernand Bauer. Ils restent sur la terrasse. Dix-huit personnes, cela fait du monde ! Ariston sort prendre les commandes, puis ressort avec Aline pour les servir.

    Après plusieurs tournées, dont une offerte par Child sorti discuter avec eux, ils rentrent à l’hôtel. La nuit est tombée. Il commence à faire frais et humide. La pluie de ce matin a laissé des traces…

     Les chambres de l’hôtel sont contiguës. Jean de Rott, le bourgmestre de Mettis, invite Ingrid York, une de ses gardes, à passer un moment dans la sienne.

 Paul Igonn, le chef des gardes de Mettis, s’invite dans la chambre de sa subordonnée Léa Nonet. Olaf York et Albertine Orossy, également gardes de Mettis, s’installent tous deux dans une autre chambre.

Jorg Anis et Michel Effane sont deux gardes de Mettis qui vivent ensemble. Ils sont contents de se retrouver dans le même lit.

Marie-Paule Eck, bourgmestre de Romberg, et Roger d’Hoh, bourgmestre d’Ars, se rapprochent aussi...

Leurs escortes Anne de Stef, Brigitte Calman, Alain Bon, Gustave Aifele et Alban Lieue s’installent tous les cinq dans la grande chambre n° 20.

C'est une belle nuit qui s'annonce, à l'hôtel des Thermes !

Réunion des bourgmestres

 

Mardi 13 mai

 

     Les gardes de réserve sont Paul Spohr, Paul Frisch, Georgette Fart, André  et Roland Martinet.

   Après un copieux petit déjeuner, les visiteurs vont visiter la grande forge et l’atelier contigu, puis  la mine et la fonderie. Ils sont épatés de la technologie déployée, de tous ces automatismes qui facilitent la vie et le travail !

     Pendant ce temps, Jacou prépare la réunion. Les tables sont disposées de façon à ce que tout le monde puisse bien entendre ce qu’il va dire.

    Il est neuf heures quand une troupe se présente au portail Ouest. Benoît Spohr et Christina Hahn sont de garde.

    Christina se penche  par la fenêtre.

     « Qui êtes-vous ?

     Un moment de silence, devant cette apparition nue d’un ange blond, puis :

    - Nous sommes les bourgmestres des villages de Mainvilliers, de Vahl, de Herny, de Many, de Vic, de Han, de Gerbécourt et de Gorze, avec nos escortes. 

     - Bienvenue à Durandalem ! Allez aux Thermes, le deuxième bâtiment sur votre gauche. Jacou Artz, le bourgmestre, vous y attend ! »

     Ils sont épatés de voir le portail s’ouvrir tout seul !

     Jacou est sorti devant les portes des Thermes, en compagnie des vigiles.

     Bienvenue à Durandalem ! Vous êtes matinaux ! 

   - Eh oui, nous sommes partis avant même que le jour se lève, et sommes passés par les autres villages pour venir tous ensemble ! Je suis Adrien Chott, le bourgmestre de Gorze, et voici mon escorte, les quatre gardes de l’abbaye de Gorze : Jean Maque, Georges Décrié, Hubert et Norbert de Reup. »

     Adrien Chott, quarante cinq ans, est petit, cinq pieds deux pouces. Jean Maque, trente six ans, mesure six pieds huit pouces. Georges Décrié, trente cinq ans, six pieds sept pouces. Hubert et Norbert de Reup, jumeaux,  trente deux ans, six pieds sept pouces. Tous les cinq sont bruns.

     - Je m’appelle Henri Gaulot, je suis le bourgmestre de Gerbécourt, et mes fils Pierrot et Paulo sont mon escorte. »

     Henri Gaulot , quarante ans, six pieds. Ses fils, dix neuf ans, six pieds deux pouces. Tous les trois sont bruns.

    - Moi, je suis Albert Goh, bourgmestre de Han.

     Albert Goh a quarante-et-un ans, c'est un roux de six pieds huit pouces.

     - Je suis Georges de Latour, bourgmestre de Vic, et voilà mon escorte, les sœur Rosie et Marie Jane. 

     Georges de Latour a trente cinq ans, c'est un blond de six pieds deux pouces. Marie, six pieds huit pouces, a trente ans. Rosie, six pieds neuf pouces, a vingt neuf ans. Toutes deux sont rousses.

 - Berny Feuz, bourgmestre de Many. Je  suis venu avec mes deux gardes, ex-soldats du roi, Edmond Danton et Éric Lerouge. »

     Berny Feuz, cinquante cinq ans, est un brun de six pieds. Edmond Danton, cinquante six ans, brun lui aussi, mesure trois pouces de plus. Éric Lerouge, cinquante trois ans, lui, est un grand roux de six pieds six pouces.

  - Joseph Chars, bourgmestre de Herny, j’ai profité des soldats de Berny ! »

     Joseph a trente cinq ans, c'est un blond de six pieds.

 - Moi, je suis Claude Franc, bourgmestre de Vahl. Mon escorte : Annie et Lassy Corda, et Eugène Passe. »

     Claude a quarante trois ans, il est blond, six pieds un pouce. Eugène Passe, vingt cinq ans, blond lui aussi, six pieds sept pouces. Annie, trente ans, six pieds dix pouces et Lassie, vingt huit ans, six pieds neuf pouces, rousses toutes les deux.

  - Sylvain de Mess, bourgmestre de Mainvilliers. Mes enfants Gabrièle et Joël sont mon escorte ! 

     Sylvain de Mess a quarante cinq ans et mesure six pieds deux pouces. Gabrièle a vingt trois ans,  six pieds un pouce. Joël, vingt-et-un ans, blond, six pieds trois pouces. Tous trois sont blonds.

- Enchanté ! dit Jacou. Venez donc boire un coup aux Thermes, en attendant la réunion !

- Mais pourquoi êtes-vous tous nus ? demande Gabrièle. Même la garde, là-haut, elle a les seins à l'air !

  - La nudité, c’est notre mode de vie ! Tout le monde vit nu, ici.

  - Alors,  nous aussi nous devons nous mettre nus ?

     - Oui-da ! Vous allez toutes et tous prendre une douche, et ensuite vous resterez nus dans les thermes de Durandalem ... C’est la règle !  Dans le village, la nudité n’est pas obligatoire, mais aux Thermes,  elle l'est.

     - Je crains de ne pas maîtriser certaines réactions de mon corps, devant toute cette nudité suggestive ! s'inquiète Pierrot Gaulot. 

     - Ne crains rien, j’ai une  potion qui saura inhiber pour un temps tes pulsions... Le temps que ton esprit s'habitue au fait que la nudité, c'est normal.

     - Le premier qui se moque de mon gros cul, je l’étripe ! prévient Marie Jane. 

     - Oh, mais nul ici n’a le droit de se moquer du corps de l’autre ! C’est stipulé dans la loi de Durandalem. D'ailleurs, je vous en donnerai lecture aux Thermes.

     - Quand je pense que j’ai mis un temps fou pour choisir une tenue ! » rigole Lassie Corda.

Et l'assistance rigole de bon cœur.

 Puis tout le monde entre aux Thermes et passe par les douches.

Beaucoup ne connaissaient pas encore  le bonheur d’une douche chaude ! Tous sont ravis.

     « Marie, dit Georges de Latour en souriant, ton cul est magnifique !

     - Merci Georges... Venant de toi, je sais que ce n’est pas une moquerie ! »

     - Vous avez du temps devant vous, leur dit Jacou. Vous pouvez profiter du sauna, ou de la piscine, ou du coin des boissons ! Vous pouvez aussi sortir et vous promener dans le village. Quand la cloche sonnera onze heures, vous compterez les coups, il sera temps de regagner les Thermes, et de prendre à nouveau une douche. Nul ne pénètre ici sans s’être dévêtu et sans prendre une douche ! »

    Les rousses Annie et Lassie Corda, ainsi que Marie et Rosie Jane, ont décidé d’aller se promener dans le village. Elles passent devant la grande forge, où je suis en train de discuter avec mon gendre Jérémoy. Nous les saluons, entamant une conversation sur leur venue, sur la forge, et sur les machines bizarres qui sont là.  Notamment la chariote autonome avec laquelle je suis venu depuis ma maison à l’autre bout du village.

 Le portail Ouest s’ouvre à nouveau.

 « Quelle invention magnifique ! C’est de la magie ! s'extasient-elles.

    À ce moment, trois hommes nus font leur apparition: le bourgmestre de Laudrefang et deux gardes. Tous les trois sont venus à pied.

     Les filles s’étonnent de voir des gens arriver nus d'ailleurs !

     - Laudrefang, le village voisin, a adopté la nudité depuis trente ans déjà, sans pour autant l’imposer. Chacun chez eux fait comme il veut ! leur explique Jérémoy. Ceux-là sont les Capitaines de l’Empire Xavier Stamm et Joseph Brett, qui accompagnent le bourgmestre de Laudrefang, Léon Bohr. 

   Léon Bohr a quarante cinq ans, c'est un brun de six pieds.

     - Bonjour mesdames ! dit Joseph, appréciant la plastique des filles. Et salut à vous, Maître Robert et Jérémoy ! »

     Peu de temps après, le portail s’ouvre encore une fois, et je suis ravi de voir arriver une chariote autonome, avec trois personnes à son bord. Elle s’arrête à mon niveau et les occupants sortent nus de la chariote.

    Ce sont Joseph Nau, le bourgmestre de Falkenberg , escorté des gardes Jérôme Binz et Raphael Krips.

     «  Salut Joseph !

     - Salut, Maître Robert le Schmit ! Tu as vu la chariote ? Ils ont réussi, les frères Feuer...

     - Bravo ! Ce sont des bons ! 

     Les filles sont abasourdies.

      - Quelle machine infernale !  dit Annie Corda. D’où venez-vous comme cela ? 

     - De Falkenberg, comme a dit Jérémoy. À mon âge, c’est plus plaisant et plus rapide que le trajet à cheval ! 

     - Mais cette…machine ? 

     - Oh ! ça, dit Joseph en me désignant, c’est une invention du Grand Maître Forgeron de l’Empire Robert Schmit, ici présent... Je suppose que Jacou nous attend ?

     - Oui, dit Léon Bohr, je t’accompagne aux Thermes, nos gardes nous rejoindront !  »

   Au portail Est, deux chariots se présentent. Gretel Wilkinson et Guenièvre Spohr sont de garde.

 « Qui va là ? demande Gretel.

     - Les bourgmestres de Naborum, de Hombourg , de Morsbach, et leurs escortes ! répond Achille Gouvy.

     - Salut Achille ! dit Gretel le reconnaissant. Et salut, Charles et Hugues ! Salut à vous, les bourgmestres ! Entrez, cela se passe aux Thermes. »

     Et le portail s’ouvre, laissant passer les chariots. Ils arrivent aux Thermes, où Dillon les accueille .

     « Bienvenue, les bourgmestres ! et salut, les Capitaines de l’Empire ! 

     - Salut à toi, Général de l’Empire ! »

     Le bourgmestre de Naborum, le Capitaine de l’Empire Charles Kauf et son chef des gens d’arme de Naborum, le Capitaine de l’Empire Hugues Schaff  sont accompagnés du bourgmestre de Hombourg, Roger Gouvy, et de son escorteur le Capitaine de l’Empire Achille Gouvy.  Quant  au bourgmestre de Morsbach, Paul Mory, il est venu seul, mais avec une telle escorte, il ne risque pas grand-chose !

      Roger Gouvy, cinquante ans, le cousin d’Achille, est un petit brun de cinq pieds deux pouces. Paul Mory, quarante cinq ans, est un blond de six pieds deux pouces.

      « Entrez, Jacou vous attend ! »

     Achille et Hugues décident de venir plus tard. Ils restent discuter avec Dillon, rejoints par Joseph Brett et Xavier Stamm.

     Un peu plus tard, c'est une carriole qui arrive au portail Est.

     « Qui êtes-vous ?  demande Guenièvre.

     - Le Bourgmestre de Tenquin et son escorte ! 

     - Entrez ! »

     Et la carriole arrive aux Thermes. Le bourgmestre de Tenquin, Georges Tramp, maintenant âgé de soixante dix huit ans, en descend. Il est accompagné jusqu'à l'entrée par son escorte, les Capitaines de l’Empire Alix Holz, Armand Capes et Gabin Fleich, qui retournent voir leurs compagnons Capitaines.

     Voici qu'une autre carriole arrive au portail Est. Il s'agit d'Alain Prost, bourgmestre de Téterchen, accompagné de son soldat d’élite Silvestre Stalon, et d'Armand Della, bourgmestre de Saint- Louisbourg, escorté par ses deux fils Arnaud et Bruno.

     Alain Prost, trente neuf ans, est un roux de six pieds. Silvestre Stalon, trente ans, un brun de cinq pieds dix pouces. Armand Della, quarante cinq ans, six pieds un pouce. Arnaud et Bruno, vingt deux ans, six pieds trois pouces. Le père et ses fils sont bruns.

     Puis arrivent par le portail Est les bourgmestres de Dieuze, de Lingen, de Gmunden, de Pont-de-Rossel, suivis de près par ceux de Pont-de-Sarre et de Deux-Ponts.

  Alfred Astair, quarante ans, brun, six pieds, est le bourgmestre de Dieuze. Son escorte, Janine et Pauline Stark, sont deux rousses de trente ans et de six pieds six pouces.

 Anselme Ahr, le bourgmestre de Lingen, a soixante dix ans. C'est un blond de six pieds. Bertrand Ache, bourgmestre de Gmunden a soixante huit ans, c'est un blond de cinq pieds huit pouces. Le bourgmestre de Pont-de-Rossel, Bouvi Nohrein, a quarante huit ans, c'est un roux de six pieds deux pouces.

     Oscar Fontaine, le bourgmestre de Pont-de-Sarre, est venu avec deux gardes, Gorg Pietra et Boris Elsie.  La bourgmestre de Deux-Ponts, Marie Starr, a trente cinq ans, c'est une rousse de six pieds. Elle est venue avec Oscar.

 

 

Jacou fait l'appel des vingt-six bourgmestres présents :

 «  Marie Starr, de Deux-Ponts... Marie-Paule Eck, de Romberg...Jean de Rott, de Mettis... Maurice Drucker, de Montigny...  Roger d’Hoh, d’Ars... »

Et il poursuit ainsi  jusqu'à Oscar Fontaine, de Pont-de-Sarre.

«  Merci à toutes et à tous d’avoir répondu à mon appel. Comme vous le savez, nous devons éradiquer ce fléau qui sévit sur les routes de notre région, ces bandes de pillards qui volent et qui tuent les gens qu’ils rencontrent, semant la désolation dans les villages qu’ils traversent ! En une semaine, sur les routes de Meisenthal, de Oche, de Strateburgo, de Manderen, nos soldats et gardes ont dû faire face à plus de cent bandits qui en voulaient à leurs vies ! Leur expérience, leur formation, et les pouvoirs qu’ils possèdent leur ont permis de tous les éliminer ! Et la semaine d’avant, plus de deux cent bandits ont péri sous les flèches de nos soldats ! »

     Les auditeurs applaudissent.

     « Nous allons donc former des brigades de vigiles des routes, qui sillonneront la région et pourchasseront les bandits, pour les éliminer ! Afin de constituer ces brigades, chaque village, chaque bourg pourra mettre un ou plusieurs de ses habitants et habitantes à disposition.

L’entraînement se fera ici, à Durandalem. Nous avons les infrastructures pour les accueillir, et les personnes compétentes pour les former. Nos herboristes ont aussi de quoi doter chacun des pouvoirs qui leurs serviront ! 

     Roger d’Hoh, d’Ars, demande :

     - Mais quels sont donc ces pouvoirs si extraordinaires ? 

     -Eh bien, les soldats seront capables de voler dans les airs, de se déplacer six fois plus vite qu’un cheval au galop, de déplacer les objets et les personnes à distance, de communiquer entre eux par la pensée sur plusieurs lieues...»

     Après un « Ouhaa ! » général, Jacou poursuit :

    - Nous formerons les soldats au tir à l’arc. Les professeurs seront les Capitaines de l’Empire, sous la direction de Dillon d’Ortega, Général de l’Empire. Beaucoup d’entre vous les connaissent déjà. Le bourgmestre de Naborum, Charles Kauf,  est l'un des dix Capitaines de l’Empire, et son chef des gens d’arme Hugues Schaff en est un aussi ! Alix Holz, Armand Capes et Gabin Fleich, les trois membres de l’escorte du bourgmestre de Tenquin, Georges Tramp, le doyen de cet auditoire, sont tous les trois Capitaines de l’Empire ! Et le bourgmestre de Hombourg a aussi un Capitaine de l’Empire en escorte, Achille Gouvy. »

     Pendant ce temps, les frères Bauer ont rejoint les Capitaines, et après avoir pris la douche, avec Dillon, ils se présentent ensemble devant l’auditoire.

     « Mesdames et Messieurs les bourgmestres, voici les Capitaines de l’Empire ! »

     Et sous un tonnerre d’applaudissements, les neuf Capitaines et le Général saluent l'assistance.

     « Le jour de l'attaque de l'armée de Khan à Naborum, ces soldats étaient fort heureusement réunis à Durandalem pour fêter l’anniversaire de l’école qui les a formés il y a trente trois ans. Ils sont venus à bout de cinq cents barbares  en quelques minutes ! Et il s’avère que nous avons fait face à deux reprises à d’autres groupuscules de barbares qui se disaient de l’armée de Khan, et qu’il y en a probablement encore !

     - Mais comment savoir où ils se trouvent ? dit  alors la bourgmestre de Romberg Marie-Paule Eck. L’Austrasie est si vaste !

     - Nous allons installer des relais dans quinze localités, des femmes et des hommes  dotés des mêmes pouvoirs que les soldats,  qui pourront prévenir rapidement les patrouilles. Nous allons monter quinze patrouilles, qui sillonneront les chemins. Chacune sera composée de dix femmes et hommes archers aguerris. De façon à couvrir la plus grande surface de surveillance, nous installeront ces relais dans les lieux suivants : Durandalem, Naborum, Tenquin, Falkenberg, Téterchen, Mettis, Saint-Louisbourg, Manderen, Deux-Ponts, Lingen, Gmunden, Dieuze, Vic, Maranges, et Pont-de-Sarre. Ces relais seront occupés en permanence par deux ou trois volants pour couvrir la région de relais en relais, en relation avec les patrouilles. Des questions sont encore à éclaircir...  Mais mangeons, nous en débattrons plus tard ! »

     Et toutes et tous passent à table, et les escortes les rejoignent.

 Après un repas des plus copieux, arrosé des meilleurs vins, les bourgmestres passent aux questions...

     « Combien chaque village doit-il donner d’hommes ? demande Bouvi Nohrein  

     - Il nous faut cent cinquante femmes et hommes pour les patrouilles, et quarante-cinq pour les relais. Pour un village comme le tien, pour Pont-de-Rossel, un ou deux soldats pour les patrouilles, et un pour les relais.

     - Je peux fournir quinze soldats pour les patrouilles et trois hommes pour le relais de Mettis ! dit Jean de Rott.

     - C’est bien, Jean, Merci ! 

     - Quand doivent-ils venir ? 

     - Le plus tôt possible, dès aujourd’hui s’ils le peuvent ! 

     - Ingrid et Olaf York resteront ici après notre départ, ils accueilleront les treize soldats, hommes et femmes, que j’enverrai dès demain ! 

     - C’est parfait ! Les vigiles de chaque relais  seront formés sur place par nos  Ambassadrices Soldates de l’Empire, que nous formons actuellement. Elles se rendront chez vous.  Pour les relais, prévoyez un local qui puisse héberger quelques soldats de passage, le cas échéant. Une auberge serait idéale.

     - Mes gardes, Siel et Pries Rozanoff, resteront ici aussi, je rentrerai avec Jean de Rott. J’enverrai six soldats, annonce Maurice Drucker de Montigny. 

     - Merci Maurice ! 

     - Je vous laisse mes gardes Alain Bon et Gustave Aifele, dit Roger d’Hoh. Je vous envoie trois autres gardes dès que je les aurai recrutés.

     - Et moi j'envoie les miennes, précise Marie-Paule Eck : Anne de Stef et Brigitte Calman...Et vous aurez jeudi  trois autres filles, aguerries ! » 

     Marie Starr, de Deux-Ponts envoie six gardes dès que possible. Adrien Chott, de Gorze envoie trois gardes.  Henri Gaulot, de Gerbécourt, deux gardes.  Albert Goh, de Han : trois gardes. Georges de Latour, de Vic : quatre.  Berny Feuz, de Many : quatre aussi.  Joseph Chars, de Herny : cinq gardes.   Claude Franc, de Vahl : six, de même que Sylvain de Mess, de Mainvilliers. 

     « Six gardes moi aussi, plus mes Capitaines ! dit Léon Bohr, de Laudrefang .

     - Douze gardes et mon Capitaine. annonce Charles Kauf de Naborum.

     - Moi, ce sera quatre gardes et mon Capitaine, dit Roger Gouvy de Hombourg.

     - Et moi, trois gardes et mes trois Capitaines ! est fier d’annoncer Georges Tramp de Tenquin. 

      S'ajouteront  huit gardes pour Falkenberg, trois gardes pour Morsbach, quatre gardes pour Téterchen, quatre pour Saint-Louisbourg, trois pour Pont-de-Rossel. Pour Dieuze, Lingen, Gmunden, six chacun.

     - Et moi, quinze gardes dès jeudi, conclut Oscar Fontaine. Des gardes de Pont-de-Sarre et des soldats de Sarre.

     - C’est parfait, dit Jacou. Merci à tout le monde ! Pour sa part, Durandalem fournira huit gardes et ses deux Capitaines, ainsi que son Général pour superviser le tout... Nous disposerons donc en tout de cent cinquante soldats, de neuf Capitaines,  et du Général d’Ortega ! 

     Maintenant que nous avons vu le principal, il est temps de nous relaxer un peu. Je vous propose de profiter à votre guise de nos Thermes. Tout le personnel est à votre service.  Et vous êtes venus de loin... Pour vous éviter de voyager la nuit, nous pouvons vous héberger sans problème. Vous êtes donc les bienvenus et nos invités à l’hôtel des Thermes ! Voyez Guillaume, qui vous donnera des chambres.

      Pour celles et ceux qui voudraient repartir dès aujourd’hui, nous vous fournirons un renfort d’escorte.

     -  Demain matin à dix heures, annonce Charles Kauf, nous inaugurons les nouveaux remparts de Naborum. Ceux qui pourront rester seront les bienvenus !  Nous allons rentrer à Naborum, mon escorte et moi, Je vous y attends !

    - Nous partirons demain à l’aube afin de recruter nos gens, prévient Jean de Rott. Jacou, peux-tu nous donner une escorte de tes gardes volants pour le retour ? Nos gardes restent donc ici ! 

     - Pas de problème, Dillon s’occupera  dès l’aube de vous fournir des gens d’arme ! 

     - Nous allons rentrer à Laudrefang, dit Léon Bohr. Nous reviendrons demain matin, mes capitaines et moi.  Je vous accompagnerai à Naborum.

     - Nous partons nous aussi dès maintenant, dit Alfred Astair. Je dois trouver mes quatre gardes, en plus de mes escortes, qui reviendront avec eux.  

     - Nous allons ramener notre Bourgmestre Georges Tramp, et nous revenons aussitôt ! prévient Alix.

     - Alors, salut Georges ! Merci d’avoir fait le déplacement !

     - Avec une escorte pareille, sourit Georges, il ne peut rien m’arriver ! Mais je suis un peu fatigué...

     - Bonne route à vous, Capitaines de l’Empire ! 

     - Nous revenons ce soir, dit alors Gabin. Je crois que nous reprenons du service... Cela nous fait plaisir ! »

     Alix et Armand acquiescent..

     - À plus tard ! on se revoit à l’auberge ! »

À l’auberge, les habitués trinquent en commentant tous ces mouvements dans le village.

     « Il y a eu du beau monde aujourd’hui ! constate Child.

     - C'est vrai, acquiesce Roger. Jacou m’a chargé de prévenir les villages au fur et à mesure de l’arrivée des six ambassadrices, Valérie Burg, Anne Bonte, Gertrude et Berthe Hoff, Claudine Schmidt, et Edeltraud Bour, qui vont former des villageois pour voler. 

     - Oui, confirme Gabriel. Elles sont elles-mêmes en train d'apprendre à voler dans l’enceinte de l’école !  Demain, il va y avoir plein de soldats et de gardes qui viennent pour se former, eux aussi. Cent cinquante, pas moins ! »

       Il est dix huit heures. Les gardes Albert Fart, Georges Frisch, Hankel Thiel, Benoît Spohr et Christina Hahn ont fini leur service pour aujourd’hui. Ils s’accordent un ou deux canons.

     À la porte Est, Jacques Martin et Alexa Dumas sont de garde. Ils voient arriver par les airs trois hommes nus en armes, Ils reconnaissent les Capitaines de l’Empire, de retour de Tenquin. Alix, Gabin et Armand les saluent, se tenant dans les airs au niveau de la fenêtre de la salle de garde.

     « Nous allons boire des coups à l’auberge ! »

     Et ils s’envolent, pour atterrir  presque aussitôt sur  la terrasse. Marion Wasch les accueille.

     « Bienvenue à vous, les Capitaines de l’Empire ! .

     - Merci à toi, ô aubergiste !  Nous nous installons dehors. Voudrais-tu nous servir des canons de ce fameux vin d’Oche, s’il en reste ? 

     - Il en reste, soyez rassurés... Installez-vous, Ariston va vous apporter ça ! »

L’inauguration des remparts de Naborum, le départ

 

Mercredi 14 mai

 

     Le jour se lève. Le convoi des Bourgmestres s’apprête à quitter Durandalem pour la région de Mettis. Dans les chariots, Jean de Rott, le bourgmestre de Mettis, Paul Igon le chef des gardes de Mettis, Albertine Orossy, Léa Nonet, Jorg Anis et Michel Effane, gardes de Mettis. Quant à Ingrid et Olaf York, ils restent sur place.

      Maurice Drucker, bourgmestre de Montigny, repart avec Jean de Rot. Ses gardes, les frères Rozanoff, Siel et Pries, restent ici. Roger d’Hoh, bourgmestre d’Ars, repart avec un garde, Alban Lieue. Alain Bon et Gustave Aifele restent ici. Marie-Paule Eck, bourgmestre de Romberg, repart sans son escorte. Anne de Stef et Brigitte Calman restent à Durandalem.

    Ce sont les gardes Christina Hahn, Pierre et Johan Martinet, Alexa Dumas, et Guenièvre Spohr qui forment l’escorte.

     « Vous devancerez le convoi, pour voir si des embuscades ne se préparent pas, ordonne Dillon.  Et une fois passé Mettis et Montigny, vous accompagnerez Roger d’Hoh, puis Marie-Paule Eck jusque dans leurs villages respectifs.  Bien sûr, si vous avez des ennuis en route, l’un d’entre vous volera jusqu’ici pour nous prévenir, et nous arriverons prestement ! »

     Il est presque 8 heures. Le convoi démarre au portail est, salué par les gardes de nuit Sylvain Winterberg et Charly Chaplin, au portail est, qui ne vont pas tarder à être relevés.

     Un autre convoi se prépare pour aller à Naborum assister à l’inauguration des remparts de la ville. Les onze maçons de Manderen et les trois cantonniers de Durandalem occupent l'un des chariots. Les dix-huit bourgmestres qui sont restés se répartissent dans les deux autres. Jacou aussi monte à bord, et je l'accompagne.

   Léon Bohr, de Laudrefang, nous rejoint avec ses Capitaines Xavier Stamm et Joseph Brett.  Le temps du trajet, Dillon met à notre disposition deux gens d’armes, Jeanne Martinet et Aline Spohr. Aline s'envole en éclaireuse, et revient nous dire que la voie est libre !  Et le convoi quitte Durandalem par la porte est, salué du haut de la salle de garde par Joseph et Paul Spohr.

      Les escortes des bourgmestres restent à Durandalem pour effectuer leur formation. Elle commence par une initiation prodiguée par Chantal et Valérie, dans l’enceinte de l’école.  Elles accueillent trente gardes. Gorg Pietra et Boris Elsie ont déjà été initiés à Pont-de-Sarre, quand il a fallu affronter les hordes barbares. Les filles de l’école, Marianne, Mariette, Josiane et Josette, ont étalé des couvertures dans l’enceinte. Puis Chantal, Valérie, et les filles distribuent la potion. Les trente gardes doivent la boire, puis se coucher pour une bonne demi-heure sur les couvertures. Quelques minutes après s'être allongés, ils dorment  tous d’un sommeil profond.

     Pendant ce temps, les Capitaines, Alix, Armand, Gabin, Joseph, Xavier, Achille, Le Borgne, François et leur Général Dillon se retrouvent à l’auberge.

     « C’est rare de vous voir réunis ici ! leur dit Child. La dernière fois, c’était contre Khan...

     - Cette fois-ci, c’est pour former les gardes régionaux ! précise Dillon. Nous allons sur la terrasse, boire un coup au soleil, en attendant que les gardes se réveillent. Ariston, s'il te plaît, apporte-nous quelques pintes ! »

     À Naborum, le convoi de Durandalem est arrivé. Le Bourgmestre de la ville, Charles Kauf, est heureux de voir représentés tant de villes et de villages de la région.

     « Bienvenue à vous, bourgmestres de l’Austrasie ! Et merci à toi, Jacou, de les avoir emmenés ici ! »

 

L’inauguration des remparts de Naborum, le discours

 

      Devant la porte Ouest des remparts, Charles prend la parole, sur une estrade installée pour l’occasion.

     Quasiment toute la population est là.

     « Naboriennes, Naboriens, mesdames et messieurs les bourgmestres, messieurs les maçons de Manderen, Maître Forgeron de l’Empire Robert Schmit, je vous salue ! 

     Je vous remercie de votre présence ici en ce grand jour. Un jour qui, grâce à ces magnifiques remparts,  marque la fin de la peur pour les Naboriennes et les Naboriens. Nous avons tous  encore en mémoire  la dernière attaque, celle du cruel Khan, qui a fait moult ravages dans la région, et notamment chez nous. Deux de nos gens d’arme ont perdu la vie en nous défendant. Nous leur rendrons hommage, en baptisant de leurs noms deux des portes de la cité  !

     Naboriennes, Naboriens, mesdames et messieurs les bourgmestres, voici les artisans de ces travaux colossaux, de cette réussite magistrale : les onze maçons de Manderen, les trois terrassiers de Durandalem, et les trois ouvriers de Naborum ! Je les invite à venir tous à mes côtés à l’appel de leurs noms... Je n'aurai garde d'oublier la participation des tailleurs de pierre de Tenquin et de Strateburgo,

    Mais sur ces remparts, il nous fallait des gardes. Notre chef des gens d’arme, Hugues Schaff, ainsi que les Durandalémois aguerris Hantz Burg, Joël et Gaël Wasch, et les Capitaines Bauer ont donc formé toute une brigade de gardes, que je vais maintenant vous présenter !

     Voici les quatre gens d’arme qui seront leurs chef d’équipe des gardes : Patrick et Paul Limes, Christian  et Claude Schein.

     Et voici la brigade de nos seize gardes de Naborum : Hantz et Jorge Berg, Helmut Schon, Jork Villar, Peter Milk, Childéric et Kurt Kolb, Marcus et Paulus Reich, Willy et Billy Kraus, Josef Hamel, Youp Zimme, Bert Karr, Klaus et Kristof Rund.

     Oui, mesdames et messieurs, ces gardes, formés et éduqués, ont des noms bien bizarres, à consonance germanique... Et c'est normal, car ce sont des Germains enrôlés de force dans l’armée de Khan, qui se sont rendus lors de l’attaque.  Du statut de prisonniers, ils sont passés au statut de gardes de la ville, avec une mise à l’épreuve d’une durée d'un an, après laquelle ils seront citoyens de la ville ! Avec Hugues, et les chefs d’équipes des gens d’arme, nous avons décidé de leur donner cette chance de devenir nos concitoyens, et même s’ils n’ont pas encore ce statut , je vous demande de les accueillir déjà en tant que tels ! 

      Ils nous ont juré allégeance.  Ils sont tous responsables les uns des autres, et savent que la moindre exaction de l’un d’entre eux punira tout le groupe. Ils restent sous la surveillance des gens d’arme, notamment des chefs d’équipes, qui en auront chacun quatre sous leurs ordres. 

     Ils ont grandement participé à la construction des remparts, bénéficiant à cette occasion de la science de Jacou Artz, bourgmestre de Durandalem ici présent. Les pouvoirs dont il les a dotés vont grandement les aider dans l'accomplissement de leur devoir de gardes ! »

 

 

Alerte !

 

      Soudain, l'alarme est donnée depuis les remparts !  Les gens d’armes restés en surveillance sur les tours signalent un mouvement de troupes, venant du Nord... Des cavaliers en nombre !

     « À quelle distance ?  demande Hugues, télépathiquement.

     - À trois lieues ! 

   - Patrick et Paul Limes, Hantz Berg,  allez vite voir de près de quoi il retourne, mais sans prendre de risques. Restez en hauteur ! »

     Et les deux gens d’arme et le garde s’envolent aussitôt vers le Nord.

     « Messieurs les gens d’arme, messieurs les gardes, mettez-vous en alerte, prenez vos arcs et vos carquois, et tenez-vous prêts !

      - Faites rentrer les habitants dans l’enceinte, rajoute Charles, et fermez les portes de la ville . Naboriennes, Naboriens, mesdames et messieurs les bourgmestres, vous les maçons, et toi, Robert, ne craignez rien, vous êtes en sécurité dans l’enceinte des remparts ! »

    Au fur et à mesure de l’approche, Patrick Limes informe Hugues :

     « Ce sont des soldats ! 

     - Amis ou ennemis ? 

     - Ils ont un étendard ! Je me rapproche… Ah, c’est l’étendard avec les armoiries de l’Empereur Charlemagne ! 

     - Allez vers eux, mais soyez tout de même prudents, tenez-vous prêts ! »

     Patrick alors descend. Les deux autres restent en haut, arcs bandés, guettant le moindre signe d'hostilité.

     Les cavaliers, voyant ce soldat descendre du ciel, s’arrêtent.

     Patrick se pose et s’approche d’eux en marchant.

     À bonne distance, il leur demande :

     « Qui êtes-vous ? »

     Celui qui est en tête descend alors de son cheval, met son arc en bandoulière, ordonne à ses cavaliers de ne pas bouger, et marche vers Patrick. Arrivé à portée de voix, sans crier, il répond :

     « Je suis Joseph Ikast, Capitaine des soldats de l’Empire.  Nous sommes envoyés par l’Empereur pour participer à la brigade régionale, suite à l'appel du bourgmestre de Durandalem ! »

     Patrick alors envoie un message à Hugues :

     « Ce sont des amis, des soldats de l’empire, ils viennent rejoindre Jacou Artz pour la brigade régionale ! 

     - Conduis-les ici, dis-leur que Jacou est parmi nous. Messieurs les gardes, messieurs les gens d'armes, fin de l’alerte ! Capitaine Joseph Ikast, vous et votre détachement, soyez les bienvenus à Naborum !

    - Allons-y ! lui répond Joseph. »

     Et sans plus attendre, il prend son vol, à la surprise des deux gens d'arme et du garde.  Puis il envoie mentalement à son second Audebert d’Auster l’ordre de prendre les rênes de son cheval, et de se rendre à Naborum au galop...

     « Eh oui, explique-t-il, nous avons été initiés par Jacou Artz à Pont-de-Sarre ! »

     La troupe, une vingtaine d’hommes, chevauche à vive allure vers la ville, étendard dressé. Les quatre hommes volants, six fois plus rapides, les devancent, et se posent à Naborum devant Charles et Jacou.

     « Capitaine Joseph Ikast ! Quelle bonne surprise ! 

     - Salut Maître Artz ! je vous transmets les salutations de notre Empereur ! »

     Et reconnaissant Oscar Fontaine, Joseph le salue amicalement, salut que lui rend Oscar en souriant.

     « Merci Joseph ! voici Charles Kauf, le bourgmestre de la ville, et Hugues Schaff, le chef des gens d’arme. 

     - Enchanté, messieurs ! Nous sommes envoyés par Charlemagne pour faire partie de la brigade de surveillance régionale. Je lui ai raconté nos aventures à Pont-de-Sarre... Alors, il a pris cette décision. »

« Une troupe se présente devant la porte Nord ! annonce Georges Dufour. 

     - Ouvrez, ce sont des amis ! »

     Et les vingt cavaliers pénètrent dans l’enceinte de la ville, pas mécontents de mettre enfin pied à terre.

     « Vous devez être harassés de ce voyage depuis Oche ! dit Hugues.

     - En effet, nous sommes partis très tôt hier matin et nous avons chevauché la journée et la nuit. Nous sommes fatigués, nos montures aussi sont épuisées ! 

      - Christian et Claude Schein, chargez-vous des soldats de l’Empire, et amenez-les aux thermes d’Oderfang, afin qu’ils se douchent et se reposent ! Et voyez les palefreniers, qu’ils s’occupent des chevaux ! 

     - Nous aurions aimé prouver notre loyauté, ce sera pour une prochaine fois !  dit  Hantz Berg. 

     - Je vous fais confiance ! lui répond Hugues.  

     - Retournons à la cérémonie d'inauguration de nos remparts ! conclut Charles. Un grand buffet est servi... Venez vous restaurer, venez trinquer ! »

Le retour des bourgmestres

 

      Après cet heureux dénouement, une fois terminées  les festivités de l’inauguration, Jacou propose aux bourgmestres de regagner Durandalem, afin d'y reprendre leurs montures et de regagner leurs villes et villages respectifs.

     « Charles, demande Jacou, nous allons partir... Une fois que les soldats de l’Empereur seront reposés, tu pourras les envoyer à Durandalem ? .

     - Pas de soucis ! Bon retour à vous, madame et messieurs les bourgmestres, messieurs les maçons et cantonniers ! Et merci encore, Maître Forgeron Robert Schmit,  pour l’automatisation des portails de la ville ! »

     Et les chariots repartent vers Durandalem, survolés par les gens d’arme Jeanne Martinet et Aline Spohr.

     Leur table est déjà dressée au restaurant des Thermes. Les cuisiniers n’attendaient plus que leur retour.

     Les enfants de l’école sont venus déjeuner, comme tous les midis. Ils sont déjà à table, et chahutent bruyamment en attendant d’être servis.

    À l’ancienne école, les gardes ont fini leur initiation, et les Capitaines ont commencé leur entraînement. Une grande table est dressée dans la grande salle de l’étage pour les gardes et les Capitaines formateurs. Chaque garde, une fois douché, vient s’attabler. Toutes et tous ont très faim !

     Après le repas, Dillon prend la parole.

     « Vous voilà nantis de pouvoirs qui vous permettent bien des choses ! Mais n'en abusez pas de vos pouvoirs, et ne les utilisez qu’à bon escient . Certains d’entre vous ne feront pas partie de la brigade régionale, mais sauront le moment venu s’y rallier s’il le faut ! Les bourgmestres sont revenus de Naborum, ils vont repartir vers leurs villages et villes, sous une escorte améliorée. Néanmoins soyez prudents, vos pouvoirs ne vous assurent pas l’invulnérabilité ! 

     - Combien de temps durent-ils, nos pouvoirs ? demande Pauline Stark.

     - Si vous les utilisez de temps en temps, si vous communiquez mentalement, si vous déplacez des objets, grâce aux dernières améliorations de Chantal notre Maître des Sciences de l’Empire, ces pouvoirs se régénéreront automatiquement ! Pour les perdre, il vous faudrait rester au moins un an sans utiliser aucun de ces pouvoirs.  Mais vous ne les laisserez pas perdre, j'en suis sûr ! Maintenant, je propose aux gardes qui vont repartir avec leur bourgmestre de les rejoindre devant les Thermes. N’oubliez pas de vous vêtir une fois sortis de l’enceinte du village ! »

     Et les gardes rient de bon cœur ! Ils ont apprécié la nudité lors de cette initiation et de ces quelques exercices.

Les bourgmestres s’apprêtent à repartir. Hantz a attelé les chevaux.

     Un convoi va partir vers l’Ouest. Deux chariots sont attelés. Dans le premier, les bourgmestres de Gorze, de Gerbécourt, de Han, de Vic, et leurs gardes respectifs.  Dans le second, les bourgmestres de Many,  de Herny,  de Vahl,  de Mainvilliers et leurs escortes.

     La chariote venant de Falkenberg est apprêtée par Jérémoy, qui a vérifié le système, et l’a déclaré apte à fonctionner.

     « Les forgerons de Falkenberg, les frères Feuer, ont fait du bon boulot ! Vous les féliciterez !

     - Merci Jérémoy, je transmettrai tes félicitations ! Venant de toi, ils apprécieront d’autant plus ! » 

      Et Joseph Nau le bourgmestre de Falkenberg embarque dans la chariote, accompagné de ses deux gardes..

     Le portail Ouest s’ouvre, et la chariote part vers le Nord, tandis que les chariots s'en vont plein Ouest.

     Un autre convoi est en préparation pour le Nord. C'est celui d'Alain Prost, bourgmestre de Téterchen, et d'Armand Della, bourgmestre de St Louisbourg, et de leurs accompagnateurs. Le convoi démarre, et sort par la porte est.

     Un convoi va partir vers le Sud : c'est celui des bourgmestres de Dieuze, de Lingen, et de Gmunden et de leurs escortes, dont font partie, sur ordre de Dillon, les deux gens d’armes, Jeanne Martinet et Aline Spohr. Et les voilà partis par la porte est.

     Enfin, un dernier convoi va partir vers l’Est : ce sont messieurs les bourgmestres de Hombourg, de Morsbach, de Pont-de-Rossel, de Pont-de-Sarre, et madame la bourgmestre de Deux-Ponts, Marie Starr. Pour eux aussi, Dillon assigne trois gardes pour les escorter : Christina Hahn, Pierre Martinet, et Alexa Dumas.

     Et les voilà partis eux aussi par la porte Est.

 

Les  soldats de  l’Empereur 

 

    À Durandalem, il ne reste plus que les huit Capitaines, et les gardes déjà en formation : Ingrid et Olaf York, Siel et Pries Rozanoff, Alain Bon et Gustave Aifele, Anne de Stef et Brigitte Calman. Dillon leur propose de continuer l’entraînement, et les emmène dans l’enceinte de l’ancienne école pour une séance de tir à l’arc.

    Voici qu'une troupe de cavaliers se présente au portail Est.

  Tandis que Bernard Spohr prévient Jacou et Dillon, Georgette Fart ouvre la fenêtre du poste garde et les interpelle.

     « Qui êtes-vous ? 

     - Ouvrez, au nom de l’Empereur !  »

     Et un cavalier  brandit l’étendard aux couleurs de Charlemagne.

     Ce sont des amis. Jacou dit à Bernard qu'il peut leur ouvrir, et qu'il les attend aux Thermes, à l'autre bout du village.

    Des soldats en uniformes, un étendard... La troupe fait une entrée remarquée !  À l'arrivée devant les Thermes, Jacou et Dillon les accueillent, tous deux nus comme il se doit.

     « Bienvenue aux soldats de l’Empereur !  Dillon, voici vingt soldats supplémentaires pour la brigade régionale ! 

     - Bienvenue mesdames et messieurs... J’en connais quelques-uns, on s’est déjà rencontrés à Pont-de-Sarre.

     - En effet, Général Dillon. Et voici mes compagnons Audebert d’Auster, Firmin de Conté, Paulin Surcouf, Georges de Chaumes, Brice de Niss, Albert Erstein et Apollinaire de Bœuf. Philibert d’Argenteuil et Eudes d’Allier, qui avaient été blessés sur la route de Pont-de-Sarre, nous accompagnent eux aussi. Ainsi que les dix soldates Pierrette de Coubes, Berthe Urbain, Anne Choure, Madeleine de Proust, Joséphine Béquer, Pauline et Aline Espèrès, Ulla Mour, Chantal Légauries et Carmen Ladanz. 

      - Enchanté ! Je suis votre instructeur en chef. Mais je n’ai sans doute pas grand-chose à vous enseigner, vaillants soldats de l’Empereur ! Vous avez déjà été initiés à Pont-de-Sarre. Sauf Philibert d’Argenteuil et Eudes d’Allier. Ainsi que vous, mesdames qui allez être initiées maintenant. Ce sera le début de votre formation. Chantal et Valérie vont s’occuper de vous... Quant à vous, messieurs, je vous invite à l'auberge. Mettez-vous à l'aise, déshabillez-vous, vous prendrez une douche chez Joël, et allons boire un canon à l’auberge ! Hantz va s’occuper de vos montures, juste à côté.

     - Si vous voulez bien nous suivre, dit Chantal aux futurs initiés, nous allons nous installer dans un dortoir des Thermes.  La douche est obligatoire à l’entrée, et la nudité est requise dans tout l’établissement ! »

     Et les dix filles et les deux garçons suivent les herboristes, qui font  s'étendre tout le monde, et administrent la potion. Bientôt, toutes et tous dorment…

 

    À l’auberge, Dillon présente les soldats de l’Empereur.

     « Vous aviez certes fière allure tout à l'heure, en uniforme sur vos destriers, avec cet étendard ! leur dit Child. Mais maintenant que vous voilà nus comme nous, nous nous sentons frères davantage encore ! »

     Le Fernand est là, accompagné par toutes les travailleuses et tous les travailleurs de la ferme et leurs conjoints.

      « Eh bien, vous voilà au grand complet ! Vous fêtez quelque chose ?  leur demande Ariston. 

     - Oh oui, nous fêtons les cinquante ans de la ferme ! C'est en effet en mai 751 que nous l’avons construite .  Avec mon épouse Lydia, qui nous a quittés trop tôt, avec ma sœur Berthe, qui est aussi partie. Et avec mon beau-frère, Childéric Germain ! 

     - Tu veux dire le Child ici présent ? 

     - Lui-même ! dit Child. 

     - C'est exactement le 14 mai que nous avons pendu la crémaillère. Lydia était enceinte, sur le point  d'accoucher. Et c'est d'ailleurs le lendemain que vint au monde un certain petit François, qui demain fêtera donc ses cinquante ans ! Nous reviendrons demain pour fêter cela, François...

     - Vous êtes toutes et tous invités ! clame François. Qu’on se le dise !  Gabriel, tu voudras bien transmettre l’invitation à tout le village...

     - Je me ferai un plaisir, Capitaine de l’Empire François Bauer ! 

     - J’ai ramené ma gnole, celle qui a failli me tuer l’autre jour ! Usez-en, mais n’en abusez pas ! Moi je me contenterai d’une bonne cervoise ! Ariston, sers une tournée à tout le monde ! Messieurs les soldats de l’Empereur, à votre santé ! »

 

     Une troupe arrive en volant à l’auberge, sous les regards admiratifs de toutes et de tous ! Ce sont les ambassadrices au grand complet et les soldates de l’Empereur qui sont maintenant initiées, toutes nues.

     « Je vous présente nos ambassadrices, et nos vaillantes soldates de l’Empereur !  dit Valérie. Nous venons boire un coup avec vous. 

     - Soyez les bienvenues ! dit Marion.

     - Quel florilège de beautés ! se réjouit Pierre Dor.

     - Attention mesdemoiselles, il est célibataire ! » intervient Gildas Dor. 

     Et tout le monde rit de bon cœur.

 

    Voici Gaël et Joël qui arrivent.

     « Nous allons avoir deux habitantes de plus à Durandalem, qui vont habiter dans l’appartement des douches communales. annonce Joël.

     - Qui sont donc ces deux habitantes ? Nous les connaissons ? demande Pierre Dor. 

     - Certains d’entre vous, oui. Et même intimement ! Ce sont deux des filles qui nous ont rendu visite lors du passage de l’Empereur cet hiver ! 

     - Tu veux dire deux filles de Madame Claude ? 

     - Oui-da ! Elles ont dix huit ans . Les voici ! Je vous présente Margot Lemaire et Adèle Frisque.

     Les deux filles font leur apparition, nues, saluées par les clients.

     - Bienvenues les filles ! dit Pierre.

     Les deux rousses sourient.

   - Merci pour votre accueil ! dit Margot. Adèle et moi, nous aimons ce village et ses habitants, où il fait bon vivre, dans la paix et le calme !

      - Soyez sûrs que nous ferons tout pour nous acclimater à vos mœurs et habitudes ! ajoute Adèle.

     À ce moment, j’entre dans l’auberge avec Jacou.

     - Jacou, voici Adèle et Margot, les deux filles dont je t’ai parlé, celles qui habiteront aux douches.

     - Ah oui... Bienvenue, mesdemoiselles ! Je suis Jacou Artz, le bourgmestre. C'est bien  volontiers que je vous accueille dans notre village ! 

     - Merci, Maître Artz. Nous apprécions l’accueil !

     - Joël et Gaël vont vous aider à vous installer.  Si vous avez besoin de quelque chose, demandez-leur, ce sont vos tuteurs ! rigole-t-il. Joël, as-tu fait les aménagements dans deux douches ? Tu m'en avais parlé.

     - Eh non, pas encore... J’ai besoin du menuisier. 

     Heureux hasard, Mikael Thiel et Amandine Bardot entrent justement à l'auberge.

     - Bienvenue, Mikael et Amandine ! Qu’avez-vous fait de vos enfants ? 

     - Ils sont restés au chalet, avec mamie Yvette ! 

     - Nous venons pour boire un verre, et aussi pour rencontrer les nouvelles habitantes, nos ambassadrices ! 

     - Il y en a deux nouvelles : Adèle et Margot, ici présentes. Elles habiteront l’appartement des douches et sont filles de joie.

     - Enchanté, mesdemoiselles ! Joël, tu as besoin de moi, ai-je cru comprendre en arrivant. 

     - Oui Mikael ! Il s’agit d’aménager deux des douches du bâtiment d'à côté, d'en faire des cabinets de travail pour nos deux jolies rousses. Si tu veux, on peut aller voir maintenant ! 

     - Volontiers, allons-y... Amandine, commande un verre, on revient ! 

     - Venez avec nous, les filles. 

     Et les filles et Mikael suivent Joël aux douches.

     - Mikael, sois bien sage, hein ! lui recommande en rigolant Amandine, déclenchant l'hilarité générale.

     - Et voici les futurs gardes régionaux que nous envoie Charlemagne ! dit Jacou. Mesdames et messieurs les gardes, je vous présente Robert Schmit, l’inventeur de la chariote dont vous a parlé votre Empereur ! 

     - Enchanté ! dis-je.

     - Marion, remets donc une tournée, nous fêtons les cinquante ans de la ferme ! redit le Fernand.

     - Ah oui, je m'en souviens... Foi de Robert,  à votre crémaillère, j’avais goûté plus que de mesure à ta gnole, le Fernand... cinquante ans, comme le temps passe... Dire que j’étais un beau jeune homme brun, et que je suis devenu un vieil arrière-grand-père tout blanchi ! 

     - Allons, allons... Dis-toi que tu es un génie, et  que tu es toujours aussi beau ! sourit Esther, derrière son comptoir.

     - Et que tu as d’adorables petits-enfants dont tu peux être fier ! rajoute Ariston.

     - Grand merci, mon épouse et ma fille... Vous me remontez rudement le moral ! »

Les marchands de vin 

 

        Il est bientôt vingt heures, quand un chariot se présente à la porte Est.

     Joseph et Paul Spohr sont de garde.

     « Qui va là ?  demande Joseph.

     - Nous sommes les marchands de vin, nous venons d’Alésia ! Il nous faut voir Jacou... et un médecin !

     - Jacou ? Vous le trouverez à l’auberge ! »

     Joseph ouvre la porte, tandis que Paul prévient Jacou et Marie.

     Le chariot arrive devant l’auberge.  Jacou et  Child attendent sur le seuil.

     « Armand et Achille Horn ! C’est bien vous ! 

     - Oui Jacou ! Nous avons subi une attaque, nos filles sont blessées ! Jeannette a reçu une flèche dans le flanc, et Paulette une flèche dans la jambe. Nos attaquants étaient à pied, nous avons réussi à nous enfuir ! »

     Jacou a déjà appelé Marie, qui est vite sur place.

     « Cette fille va mourir si je ne retire pas tout de suite cette flèche ! Elle l’a reçue il y a longtemps ?

     - Il y a plus d’une heure... Nous sortions de Gmunden. »

     Tandis que Marie fait transporter les blessées chez elle, Jacou  demande aux marchands :

     « Et vous, vous n’êtes pas blessés ? 

     - Non, juste une flèche qui m’a effleuré la tête, je n'ai qu'une une légère entaille au cuir. 

     - Venez donc prendre un réconfortant ! Voici les soldats de l’Empereur... Dès l’aube, ils traqueront les bandits et les mettront hors d’état de nuire. 

      - Nous les traquerons, nous les trouverons, et nous les tuerons !  promet Joseph Ikast. Combien étaient-ils ? 

     - Six, au moins. Nos filles se sont défendues, elles ont réussi à en toucher deux avec leurs arcs.  Mais les flèches des assaillants pleuvaient autour de nous, et deux d'entre elles ont atteint nos filles ! Alors nous sommes partis au galop, laissant les bandits loin derrière. Jeannette ne pouvait plus nous défendre. Paulette, malgré sa blessure, surveillait nos arrières,  de peur qu’ils n'aient des chevaux et ne nous pourchassent ! »

     Valérie, qui est allé prêter main forte à Marie, revient.

     « Jeannette est sauvée, sa blessure n’est finalement pas si profonde. Par chance, la flèche était mal aiguisée... Elle n’a pas transpercé le flanc, mais l’a simplement déchiré, ce qui l’a fortement ralentie. Par contre, selon Marie, malgré la cicatrisante,  il restera une grosse cicatrice. 

      - Dieu soit loué ! 

      - Paulette va bien aussi. Marie a retiré la flèche.  Paulette  boitera quelque temps, mais elle va guérir  ! Elles sont endormies actuellement, et elles ne souffrent plus. Je retourne à leur chevet.

     - Merci pour ces nouvelles ! dit Jacou.

     - Hélas, les routes ne sont plus sûres nulle part ! se plaint Armand Horn.

     - Certes, mais nous sommes justement en train de mettre sur pied une brigade régionale, afin d’éradiquer tous ces bandits qui infestent nos chemins ! 

     - Excellente initiative... Ce sera un grand soulagement pour les voyageurs comme nous ! »

     - Et…dans le chariot, qu’avez-vous donc apporté ? demande Child curieux et intéressé.

     - Tu as raison, Child ! L’issue est heureuse, alors voyons plutôt pourquoi nous sommes ici ! »

     Et il va vers le chariot, et en ressort trois pintes de vin.

     Ce vin vient des plaines du Sud, le long du grand fleuve Rhodan. Ces trois pintes et les autres  font partie d’une cuvée spéciale réservée au pape Léon III. C’est le meilleur vin que j’aie jamais bu, et nos filles, expertes en la matière, ont confirmé son excellence ! 

     - Marion, dit alors Child impatient, sors-nous vite des chopines, que nous goûtions ce merveilleux breuvage ! ». 

     Et toute l’auberge, hommes et femmes, déguste ce nectar. Vraiment  le vin des vins, que tout le monde trouve divin !

      « Marie va garder les filles chez elle, informe Valérie qui revient.  Une complication pourrait encore survenir. Elle préfère surveiller cela de près ! 

     - Mes chères ambassadrices, dit Jacou, il est temps de rentrer à l’école, Manon va s’impatienter... Quant à vous, mesdames et messieurs les gardes de l’Empereur, vous êtes logés aux Thermes. Et il est l’heure de passer à table ! »

     Les soldats accompagnés par Jacou retournent aux Thermes. Pour ma part, je rentre avec Esther et Ariston à la maison de la forge.

     L’auberge se vide, Les fermiers finissent par se décider à rentrer à la ferme.

     « Achille et Armand, vous dormez ici, évidemment... Marion, prépare un bon repas pour eux, ils doivent avoir une faim de loup, après toutes ces émotions ! »

 

 

Chasse aux Germains

 

Jeudi 15 mai

 

     Dès l’aube, les soldats de l’Empereur s’équipent. Deux carquois et un arc pour chacune et chacun.

     « Nous irons nus... N’est-ce pas, Jacou ?

     - Mais bien sûr, vous pouvez... Nul ne viendra s'en plaindre ! Vous voilà prêts à partir à la chasse aux bandits ! Dillon va vous accompagner, il connaît bien les routes de la région . Allez, et revenez victorieux ! 

     - Nous pouvons communiquer entre nous à une demi-lieue de distance, dit Dillon. Nous allons donc ratisser la région en gardant cet espacement. Braves soldats de l’Empereur, en avant ! »

     Et les vingt et un gardes s’envolent vers Gmunden. Ils couvrent ainsi une distance de dix lieues sur la route. À la sortie d’un bois, ils repèrent cinq hommes à pied tirant une charrette.  Et dans la charrette, deux hommes allongés.

    Dillon dit aux soldats de l’attendre, et descend sur la route, à cent pas du groupe.

    Aussitôt, le groupe lâche la charrette, et tous empoignent un arc.

   Dillon leur crie à pleine voix : « Qui êtes-vous ? Baissez tous vos armes !  »

     Comme seule réponse, une volée de flèches arrive vers lui.

     Il s'élève alors dans les airs, et les flèches retombent sur la route.

Dillon cette fois-ci bande son arc et crie à nouveau :

     «  Qui êtes-vous ? Baissez tous vos armes ! »

     Les hommes essaient bien de l'atteindre en plein vol, mais Dillon est très mobile, et les flèches passent toutes loin de lui.

     Les hommes sont apeurés par ce diable d'homme nu qui vole mieux qu'un oiseau !

     Alors, se rapprochant, Dillon dit : « Dernière chance... Qui êtes-vous ? »

     Pour toute réponse, les hommes crient : « Töte ihn ! Zu Tode ! ! » en tirant flèche sur flèche.

     Dillon alors dit aux soldats : « Maintenant ! »

     Et les hommes s’écroulent, criblés de flèches par les soldats.

     En s'approchant de la charrette, ils découvrent deux hommes qui agonisent, les flancs transpercés.

       Brice de Niss, qui a des notions de médecine, est formel :

     « Ces deux hommes ne survivront pas plus d'une heure ! 

     - Alors, abrégeons leurs souffrances ! »

     Et prenant une épée dans la charrette, il leur perce le cœur.

     « Quant aux autres, confirme Pierrette de Coubes, ils sont tous morts ! »

     En fouillant les cadavres, ils s’aperçoivent que ce sont des Germains. Et plus précisément une nouvelle partie de l’armée de Khan, vu que sur l’épaule ils arborent tous en tatouage le nom de leur chef. 

     - Dépouillons-les, propose Dillon, et brûlons leurs habits puis enterrons-les ! »

     Ils creusent un grand trou, puis ensevelissent les cadavres. Leurs effets et leurs armes, des arcs de mauvaise qualité, sont brûlés. Ils récupèrent toutefois leurs meilleures flèches. Sur eux, ils trouvent aussi des pièces de monnaie, un peu d’or, et des parchemins écrits en germain.

     Puis ils retournent à Durandalem.

     Jacou montre les parchemins à Hantz, qui les déchiffre. Peu de temps après, il revient.

     « Ce sont des ordres de route de tous les soldats de Khan... Et leur point de ralliement  est Durandalem ! Il est écrit que chaque soldat touchera une grande quantité d’or, une fois le village anéanti ! On peut évidemment supposer qu’ils viendront en nombre...

     - Bien, dit Jacou, nous allons mettre immédiatement nos patrouilles en action ! Soldats de l’Empereur, vous allez prendre des provisions au restaurant des Thermes, et vous allez vous partager en trois groupes ! Un groupe ira vers le Nord-est, un groupe vers l’est, et un groupe vers le Sud-est. Si vous volez assez haut, vous aurez une vision assez large de la région. »

     Et après s’être ravitaillés, les soldats s’envolent, avec une tunique pour le cas où ils auraient besoin de contacter d'autres personnes.

     Dillon, Audebert d’Auster, Firmin de Conté, Paulin Surcouf, Berthe Urbain, Anne Choure, Madeleine de Proust partent au Nord-est. Joseph Ikast, Georges de Chaumes, Brice de Niss, Eudes d’Allier, Joséphine Béquer, Pauline et Aline Espèrès vont vers l’est. Pierrette de Coubes, Ulla Mour, Chantal Légauries, Carmen Ladanz, Albert Erstein, Apollinaire de Bœuf et Philibert d’Argenteuil partent vers le Sud-est.

 

     Voici qu'un chariot se présente à la porte Ouest.

     « Qui êtes-vous ? demande Christina Hahn depuis la salle de garde.

     - Nous venons de Falkenberg, nous venons nous former pour la brigade régionale ! »

     Georges Frisch leur ouvre, le chariot entre  et se rend devant les Thermes, où Jacou attend.

     « Je suis Jérôme Binz, et voici Raphael Krips, Édouard et Gérard Chop, Michel Bailly, Jean Bonhomme, Marie Buset et Sophie Goran. Nous sommes les gardes envoyés par Joseph Nau, le bourgmestre de Falkenberg.  

     - Bienvenue à vous ! Entrez vous dévêtir aux Thermes, et allez prendre une collation au restaurant. D’autres vont arriver ! »

     L'on avait prévenu Marie et Sophie :  elles devraient se mettre nues...Un peu réticentes à vrai dire, elles n’y croyaient pas trop.  Mais quand elles ont vu les gardes nus, Jacou nu, tout le personnel des Thermes tout nu, elle ont finalement accepté sans problème.

     Une fois passés aux douches, les gardes de Falkenberg se retrouvent attablés au restaurant. Les gardes déjà en formation, Ingrid et Olaf York, Siel et Pries Rozanoff, Alain Bon, Gustave Aifele, Anne de Stef et Brigitte Calman, les rejoignent à table.

     La collation finie, Valérie vient chercher les gardes de Falkenberg afin de les initier, et les conduit dans la salle de massage.

 

     À  la porte Ouest, toute une troupe nue arrive, à pied ! Ce sont Xavier Stamm et Joseph Brett, les Capitaines, et six futurs gardes  : quatre filles, les quatre filles des Capitaines : Claudette, Charlotte, Sylvie  et Sophie , et deux garçons, Sylvain Bour et Charles Braun.

      « Qui êtes-vous ? demande Christina.

     - La délégation de gardes de Laudrefang ! 

     - Entrez, allez aux Thermes, vous y êtes attendus ! 

     Et la troupe arrive aux Thermes.

     - Bienvenue à la troupe de Laudrefang ! dit Chantal. Je vais vous initier tout de suite, suivez-moi ! 

     - Quant à Joseph et moi, nous allons entraîner ceux-là ! dit Xavier en désignant les gardes encore attablés. Suivez-nous ! »

 Ils descendent dans l’enceinte. Anatole a préparé des arcs, des flèches et des cibles.

L’attaque de Phalsbourg

 

     Sur la route de Strateburgo, vers l’est, à hauteur de la bourgade de Phalsbourg, Joseph Ikast, Georges de Chaumes, Brice de Niss, Eudes d’Allier, Joséphine Béquer, Pauline et Aline Espèrès aperçoivent, d’en haut, une troupe de cavaliers, suivis de troupes à pied.

     Au loin, la cité semble en proie à l’incendie.

     « Eudes et Joséphine , ordonne Joseph Ikast, contournez les troupes et allez voir dans le bourg ce qui s’est passé.  ». 

     Après avoir enfilé leurs tuniques,  les deux soldats s’envolent  vers le Sud, pour se poser derrière le bourg. Effectivement, un incendie fait rage...  Toute la population valide fait la chaîne depuis la rivière pour essayer d’éteindre le brasier. Ils s’approchent d’eux et les interrogent.

     « Qu'est-il arrivé ? 

     - Une bande de pillards a envahi la ville et l'a ravagée ! leur raconte l'un deux. Nous déplorons dix tués, des hommes, des femmes et deux enfants. Ils n’ont eu aucune pitié, ils ont tué tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin ! Les hommes à cheval criaient des ordres. L'un de nous a reconnu la langue, c'était du germain. Un de nos gens d’arme a réussi à  abattre un des assaillants.

     « Peut-on le voir ?  demande Joséphine. »

     L’habitant, donnant son seau au suivant dans la file, conduit les deux soldats auprès du cadavre du pillard. Joséphine lui arrache sa chemise, et le tatouage apparaît sur son épaule.

    « Ce sont des hommes de Khan. Il voulait monter une armée pour conquérir l’Austrasie!

     - Joséphine, retourne vite auprès des autres pour leur expliquer ! Moi, je vais aider ces gens à lutter contre l’incendie. »

      Joséphine s'envole aussitôt.

Eudes a remarqué les regards ébahis des habitants :

    « Nous sommes des soldats de l’Empereur ! Nous avons été dotés du pouvoir de voler... et aussi de ce pouvoir-ci ! »

     Et il fait mentalement décoller une grande auge, la plonge dans la rivière, puis la fait voler jusqu’au-dessus de l’incendie, déversant d’un coup pas loin d’un demi-muid d’eau.  Il effectue la manœuvre trois fois, et voilà l’incendie est complétement éteint !

 

     Joseph Ikast est rapidement mis au courant et décide d'attaquer les Germains.

     « Ils arrivent à la forêt, c’est là que nous les aurons ! Ils sont vingt cavaliers, et cinquante hommes à pied. Première attaque de front : tuez les cavaliers, mais restez en mouvement rapide pour vous cacher. Puis, attaque latérale, trois d’un côté, trois de l’autre, en restant cachés dans les feuillages. Ensuite attaque par derrière, toujours sur les cavaliers. Nous nous retrouvons au milieu de la forêt pour faire le point. Allons-y ! »

 La première salve est une surprise totale. Six cavaliers tombent de leur cheval, sans  savoir d’où viennent ces flèches.  La deuxième, alors qu’ils se gardaient de l’avant, en  abat encore six ! La troisième salve décime les pillards à l’arrière de la troupe.

     Les soldats se réunissent, à l’abri des regards. Deux cavaliers opèrent un demi-tour pour essayer de se mettre à l’abri dans le bourg, mais c'est sans compter sur Eudes, qui revient du bourg, et règle leur compte.

     Des pillards tentent de monter sur les chevaux. Alors Joseph ordonne d’abattre les bêtes, et tous ceux qui se trouvent dans leur ligne de mire.

     « Repérez les archers, il n’y en a pas beaucoup... Éliminez-les ! Eudes, va au bourg pour avoir des flèches ! nous serons bientôt à court de munition... »

     Sur la route, c’est la débandade. Les pillards se réfugient dans la forêt, se croyant à l’abri.

     Petit sursis pour eux, les soldats n’ont plus de flèches !

     Mais Eudes est vite de retour avec vingt carquois remplis...  Une fois la distribution faite, la chasse au Germain peut recommencer !

     L'un après l’autre, les bandits sont abattus par des flèches qui traversent le feuillage.

     Sur la route, les chevaux morts jonchent le sol.

 

     « Brice, tu vas retourner à Durandalem chercher du renfort, pour débusquer ces barbares. Nous, nous allons protéger le bourg d’un éventuel retour de ces bandits, qui vont sans doute chercher à s’y mettre à l'abri.

     - Je pars sur l’heure, et je reviens vite ! »

 

Pirmasens assiégée !

 

    Sur la route vers le Nord-est, les soldats volants aperçoivent trois chariots attelés de quatre chevaux avançant vers l’Ouest à vive allure.

     « Je vais aller voir, dit Dillon, restez aux aguets ! ».

     Et il s’approche des chariots, restant à bonne hauteur pour éviter d'être vu.

     Il se rend compte que les charretiers sont en fait des charretières, qui sont loin d’avoir des allures de guerrières ! Et les chariots sont remplis de femmes et d’enfants...

     Alors, il demande à la troupe d’enfiler les tuniques, et de se poser pour barrer la route au convoi.

     Les conductrices font alors halte, et Dillon se dirige vers elles.

     « Qui êtes-vous ?

     - Je me nomme Anne de Borg... Et voici les mères et les enfants de Pirmasens. Des pillards ont mis à sac notre cité ! Ils veulent enlever les enfants pour en faire des soldats, mais nous essayons de les mettre à l’abri ! Nos maris protègent notre fuite...

     - Combien sont-ils ?

     - Une bonne trentaine ! 

     - Bon, vous êtes maintenant en sécurité, nous vous protégeons ! Madeleine, vole à Durandalem pour les prévenir, et pour envoyer des renforts ! »

     Madeleine de Proust s’envole aussitôt, saluée par les « Whoua ! » des enfants émerveillés.

     « Berthe et Anne , accompagnez le convoi.  Nous autres, direction Pirmasens ! »

     Et Dillon, Firmin, Paulin et Audebert  s’envolent vers la malheureuse cité.

     Ils arrivent rapidement sur place... Les Germains tenter de franchir les murailles qui entourent la ville.

     Alors, Dillon donne l’ordre à ses gardes de tirer ! Tous ont un tir précis, et chaque flèche est meurtrière ! Les barbares escaladeurs sont abattus et retombent sur leurs complices.

    

     Une fois le côté Ouest nettoyé, ils inspectent le côté Nord. Sur les remparts, une bataille à l’épée, et quelques pillards qui escaladent. Ceux-là sont éliminés, et quelques barbares torse nu, identifiés par  leur tatouage, sont vite liquidés aussi. Sur les remparts, il ne reste bientôt  plus que trois barbares, contre une dizaine d’habitants qui finissent par les terrasser.

     Dillon et ses hommes font le tour des remparts. Quelques derniers barbares s’enfuient devant ces démons du ciel, mais ils sont vite rattrapés par leurs flèches. Fin du nettoyage. Les corps des pillards sont balancés par-dessus les murailles.

     Dillon et ses soldats atterrissent alors devant les habitants stupéfaits !

     L’un d’eux s’avance.

     « Je suis Philibert de Caumes, le bourgmestre. Qui êtes-vous ? 

     - Nous sommes les soldats de la brigade régionale, nous avons pour mission d'éradiquer les bandits qui sévissent dans la région...

     - Mais vous avez le pouvoir de voler ! Comment est-ce possible ? 

     - Oh, des pouvoirs, nous en avons d’autres ! Mais nous sommes des êtres humains normaux. Ces pouvoirs, c'est notre savant bourgmestre qui nous en a dotés, grâce à des plantes spéciales qui poussent chez nous ! 

     - C’est magique ! Merci pour votre miraculeuse intervention... Mais comment avez-vous su ? Encore un de vos pouvoirs ? 

     - Que nenni... Tout simplement, durant notre patrouille, nous avons rencontré vos femmes avec vos enfants, qui galopaient à bride abattue ! Rassurez- vous, tout le monde va bien. Elles ont fait demi-tour, et seront bientôt de retour ici .»

 

La nouvelle brigade 

 

     A Durandalem, les gardes affluent !

     Ceux de Téterchen et St Louisbourg ont fait le voyage ensemble.

     Sylvestre Stalon, Paul Hose, Aline Hose, Béatrix Land, de Téterchen, Norbert Hill, Joséphine Maud, Josette Paulus, Josiane Paulus, de St Louisbourg.

     Un convoi arrive de Mettis et ses environs.

     De Mettis : Sophie Orlan, Paulette Orlan, Anna Prest, Louise de Park, Adèle de Visse, Michèle Past, Myriam Erika, Claudette Rouste, Claude Rouste, Albertine Orossy, Léa Nonet, Jorg Anis et Michel Effane.

     De Montigny : Bernadette Subir, Martine Martin, Paulette Paupe, Marie Gaulle, Pierre Kirov et Frantz Hers.

     D’Ars : Alain Vikos, Alexandre Vikos, Trudy Vikos.

     De Romberg : Lucie Kam, Isabelle de Neck, Brigitte Surcot.  

 

     Le convoi venant de l’Ouest arrive :

     De Mainvilliers : Gabriele de Mess, Joël de Mess, Pauline Rung, paulette Rung, Joseph Karan, Mikael Franc.

 

     De Vahl : Annie Corda, Lassie Corda, Eugène Passe, Jean Chris, Paul Pista, Emilie Jovi.

 

     De Gerbécourt : Pierrot Gaulot, Paulo Gaulot.

     De Many : Edmond Danton, Éric Lerouge, Josie Trick, Annie Trick.

 

     De Herny : Firmin Jessop, Albert Fouit, Marie Suiré, Pénélope Brousse, Josette le Coup     

 

     De Vic : Marie Jane, Rosie Jane, Hermine Serf, Angèle Fringe

     De Gorze : Georges Décrié, Hubert de Reup, Norbert de Reup

     De Han : Georges Touret, Amedé Pauliat, Chantal Elouis

 

     Celui du Sud :

     De Dieuze : Alfred et Albert Thune, Christiane et Marianne Flush, Mia Rossi, Johan Sorbe.

     De Lingen : Adolf Schmit, Hantz Triel, Roméo et Juliette Opér, Monique Trulli, Mariette Saujon

     De Gmunden : Hugo et Roméo Spohr, Alex Miel, François Kassem, Nicolas Derieux, Francis Tell.

     De Tenquin : Éric Burn, Amandine Scheer, Anne Kroux, et les trois Capitaines, Armand Capes, Alix Holz, Gabin Fleich,  

     De l’est sont aussi venus :

     De Naborum : Paul Deir, Georges Dufour, José Flaine, Jean Dart, Youp Zimme, Bert Karr, Klaus Rund, Kristof Rund, Michel Risle, Annie Bour, Elga Wink, Gabriele Polder. Et le Capitaine Hugues Schaff.

      De Hombourg : Théodore Gouvy, Armand Fritsch, Joëlle Mépied, ange Ahr. Et le Capitaine Achille Gouvy.

     De Morsbach :  Aloïs Barn, Frederic Masson, Benoît Suif.

     De Pont-de-Rossel :  Hélène Port, Arielle Dombes, Éric Dombes.

 

     De Deux-Ponts : un messager, Hantz Trancène, vient annoncer que les cinq autres gardes arriveront samedi, avec les gardes de Pont-de-Sarre.

    

     « Quinze gardes samedi. Des gardes de Pont-de-Sarre et des Soldats de Sarre. promet Oscar Fontaine, de Pont-de-Sarre. »

 

 

     Jacou doit gérer tout ce monde !

     « tout le monde se retrouve aux Thermes ! Après la douche, vous monterez directement dans les dortoirs, afin de vous initier ! Rassurez-vous, il ne s’agit que de dormir une demi-heure, en ayant bu une potion, pour être initié ! Il y a quatre dortoirs, nous avons ajouté des lits, vous y tiendrez à trente ! Deux dortoirs pour les garçons, et deux pour les filles. Allez, vous étendre, les filles vont passer distribuer la potion à boire. »

 

     Et les filles arrivent : Chantal, Marianne, Mariette, Josiane, Josette, Manon, Pénélope, Valérie, Agnès, Angèle, Anne, Gertrude, Berthe, Claudine et Edeltraud.

     Elles distribuent à chacune et chacun la potion. Bientôt, les quatre dortoirs sont endormis !

 

     Chez les garçons : cinquante quatre gardes.

 

     Sylvestre Stalon, Paul Hose, Norbert Hill, Jorg Anis, Michel Effane, Pierre Kirov, Frantz Hers, Alain Vikos, Alexandre Vikos, Joël de Mess, Joseph Karan, Mikael Franc, Eugène Passe, Jean Chris, Paul Pista, Pierrot Gaulot, Paulo Gaulot. Edmond Danton, Éric Lerouge,

Firmin Jessop, Albert Fouit, Georges Décrié, Hubert de Reup, Norbert de Reup, Georges Touret, Amedé Pauliat, Alfred et Albert Thune, Johan Sorbe, Adolf Schmit, Hantz Triel, Roméo Opér, Hugo et Roméo Spohr, Alex Miel, François Kassem, Nicolas Derieux, Francis Tell, Éric Burn, Paul Deir, Georges Dufour, José Flaine, Jean Dart, Youp Zimme, Bert Karr, Klaus Rund, Kristof Rund, Michel Risle, Théodore Gouvy, Armand Fritsch, Aloïs Barn, Frederic Masson, Benoît Suif, Éric Dombes, Hantz Trancène.

 

 

     Chez les filles : cinquante cinq gardes.

 

     Aline Hose, Béatrix Land, Joséphine Maud, Josette Paulus, Josiane Paulus, Sophie Orlan, Paulette Orlan, Anna Prest, Louise de Park, Adèle de Visse, Michèle Past, Myriam Erika, Claudette Rouste, Claude Rouste, Albertine Orossy, Léa Nonet, Bernadette Subir, Martine Martin, Paulette Paupe, Marie Gaulle, Trudy Vikos, Lucie Kam, Isabelle de Neck, Brigitte Surcot, Gabriele de Mess, Pauline Rung, Paulette Rung, Annie Corda, Lassie Corda, Emilie Jovi, Josie Trick, Annie Trick, Marie Suiré, Pénélope Brousse, Josette le Coup, Marie Jane, Rosie Jane, Hermine Serf, Angèle Fringe, Chantal Elouis, Christiane et Marianne Flush, Mia Rossi, Juliette Opér, Monique Trulli, Mariette Saujon, Amandine Scheer, Anne Kroux, Annie Bour, Elga Wink, Gabriele Polder, Joëlle Mépied, Ange Ahr, Hélène Port, Arielle Dombes.

 

     Brice de Niss arrive à Durandalem, il a déjà prévenu Jacou de ce qui se trame dans le coin de Phalsbourg.

     Jacou a déjà préparé les renforts :

     « Les Capitaines Xavier et Joseph, et les gardes Ingrid York, Olaf York, Siel Rozanoff, Pries Rozanoff, Alain Bon, Gustave Aifele, Anne de Stef et Brigitte Calman sont prêts à partir ! »

     Ils s’envolent aussitôt, nus, avec Brice pour débusquer les bandits dans la forêt de Phalsbourg.

 

     Madeleine de Proust arrive aussi à Durandalem. Jacou a demandé à ses Capitaines, Armand Capes, Alix Holz, Gabin Fleich, Hugues Schaff et Achille Gouvy de l’accompagner vers Pirmasens, et ils s’envolent prestement, nus, oubliant leurs tuniques.

Les moines de Burtoncourt

 

      Jusqu'à présent, la patrouille qui vole vers le Sud-est n'a rien vu d'anormal.
Mais voilà que plus au Sud, sur la route, apparaît un nuage de poussière suspect...

     « Allons voir ça de plus près! » 

     Et la brigade bifurque vers le Sud.

     Apparemment, il s'agit d'une bande de huit cavaliers qui s’en prennent à un chariot.

     Les soldats descendent alors et se posent sur la route, hors de portée de flèches éventuelles. Apollinaire de Bœuf et Philibert d’Argenteuil enfilent des tuniques, sortent l’étendard de l’Empereur, et se dirigent à pied vers le chariot.

     Cinq des huit cavaliers viennent alors vers eux.

     « Passez votre chemin, ceci n’est pas votre affaire !

     - Si fait ! réplique Philibert,  nous sommes des soldats impériaux, et nous exigeons une explication ! »

     Un des cavaliers empoigne aussitôt son arc, et le vise. Mais avant qu'il ait pu tirer, trois flèches venues de nulle part le transpercent, et il s’écroule.

     Les quatre cavaliers restants empoignent eux aussi leurs arcs, mais ils n’ont même pas le temps de prendre leurs flèches, Ils sont à leur tour  transpercés d'une flèche en plein cœur.

     Les trois derniers cavaliers  tentent une charge au galop. Mais ils ont du mal à bander leurs arcs en même temps, et sont eux aussi foudroyés par les traits implacables des soldats de l’Empereur...

     Apollinaire de Bœuf et Philibert d’Argenteuil s’approchent alors du chariot.  Ce sont quatre moines.

     « Ils convoitaient nos reliques de Saint Benoît, dit l'un des moines. Nous les apportions  dans un reliquaire d’or au monastère de Burtoncourt, d’où est originaire le Saint. 

     - Vous auriez dû prévoir une escorte ! dit Apollinaire.

     - Mais nous en avions une ! Quatre de nos frères veillaient sur nous, mais ces bandits les ont tués ! Leurs épées n'ont hélas rien pu faire contre les flèches des pillards...

      - Visiblement,  dit Pierrette de Coubes, ces pillards-là ne sont pas des Germains !  ». 

     Une fois dépouillés, les bandits sont enterrés dans une fosse hâtivement creusée.

     Ils avaient de l’or sur eux, et quelques pièces et objets religieux dans les besaces sur leurs chevaux.

     « Tenez, dit Pierrette. ceci est pour vous, vous les restituerez à leur fonction ! L'attaque de votre escorte, c’était loin d’ici ? 

     - Non, à une demi-lieue d’ici ! Quand nos gardes sont tombés, nous sommes partis au galop. Ils venaient juste de nous rattraper quand vous êtes arrivés. C’est Dieu qui vous a envoyés ! 

     - Allons donner une sépulture à ces malheureux! dit Philibert.

     - Pourrions-nous emmener leurs corps afin qu’ils reposent auprès de Saint Benoît ? Après tout, ils ont donné leur vie pour lui ! 

     - C’est entendu ! Allons les chercher.  Puis nous vous accompagnerons jusqu’au monastère  ! »

      Ils retournent chercher les corps des infortunés gardes, les chargent dans le chariot et prennent la route de Burtoncourt.

     En chemin, le moine interroge : 

     « Quand vous êtes arrivés, vous voliez dans les airs...  Et vous étiez nus, n’est-ce pas ?

     - Oui, répond Pierrette, nous avons le pouvoir de voler dans les airs ! Mais ce n’est ni divin ni diablerie. Juste une application de la science des plantes. Et nous voyageons nus quand le temps le permet !

       - Nus ? Mais  cela est péché ! 

       - Que nenni, ce sont des pontes religieux sans scrupules qui ont décrété cela ! Réfléchissez... Dieu nous a bien faits à son image, non ? Et vous voudriez que nous voilions notre corps, que nous cachions l’image de Dieu ?  À l’instar des Sarrasins qui bannissent toute représentation de leur dieu Allah ? 

     - Hum, hésite le moine... Cela se tient, que vous dites... Je ne sais trop que penser ! .

     - Mais vous-même,  n'avez-vous point  dit que c'est Dieu qui nous a envoyés vers vous, nous autres soldats nus ?

     - C’est ma foi vrai ! Je vais méditer plus avant là-dessus... »

 

Phalsbourg : Épilogue 

 

     Les renforts arrivent près de Phalsbourg. Les soldats Joseph Ikast, Georges de Chaumes, Eudes d’Allier, Joséphine Béquer, Pauline et Aline Espèrès sont en embuscade devant la ville. Impossible pour les bandits de s’approcher de la cité !

     « Il faut les débusquer avant la nuit ! dit Joseph ».

     Les Capitaines Xavier et Joseph,  les gardes Ingrid et Olaf York, Siel et Pries Rozanoff, Alain Bon, Gustave Aifele, Anne de Stef , Brigitte Calman, et Brice de Niss... Tout le monde est prêt !

     « Nous allons survoler la forêt tous ensemble et tirer sur tout ce qui bouge ! propose Xavier.

     - Cela va prendre du temps, objecte Eudes. J’ai une autre idée ! Tirons des flèches enflammées pour les débusquer ! 

     - Oui, c’est une meilleure idée, admet Joseph. Cela dit, avec ton système, la forêt va brûler ! 

     - Mais nous pourrions l’éteindre, comme j’ai éteint l’incendie dans le bourg... En versant des muids d’eau avec des grandes auges.  La rivière passe juste derrière !

     - Alors, décide Xavier,  faisons comme tu dis ! ».

     On allume donc un feu avec des briquets, on enroule des morceaux d’étoffe autour des flèches. Trois groupes sont organisés. Deux qui mettront le feu, et le troisième qui tuera ceux qui sortiront du bois.

     « Allons-y ! En hauteur ! ordonne Xavier. »

     Et toutes et tous s’envolent et tirent leurs flèches qui ne tardent pas à embraser le bois. Bientôt une fumée âcre envahit tout.  Les barbares qui se mettent à tousser signalent leur emplacement, et se font aussitôt transpercer par une pluie de  flèches. Tous ceux qui se précipitent vers la rivière sont immanquablement fauchés  par les tirs du troisième groupe. Plus d’une trentaine sont  abattus !

     Eudes revient avec la grande auge, et déverse le contenu sur le bois en flammes. Une immense fumée  fait suffoquer les derniers pillards qui restaient. Se voyant perdus, ils sortent les bras en l’air pour se rendre. Mais ils sont aussitôt fauchés par des volées de flèches.

     Après quatre auges d’eau, le feu est circonscrit.  Quelques auges supplémentaires, et plus aucune fumée ne monte du bois. Au bout d’une heure, tout danger semble écarté !

     Il s’agit maintenant de nettoyer la forêt des arbres brûlés et des cadavres. Une opération qui dure une heure de plus. Un grand trou est creusé à l'orée. On y jette les cadavres de dix-huit chevaux, on y ensevelit les corps dépouillés de soixante-treize  bandits, non sans avoir récupéré les flèches.

     Les gardes au grand complet et les Capitaines Xavier et Joseph entrent dans la ville, à pied. Toutes et tous sont nus ! Car ils ont lacéré leurs tuniques pour emmailloter les pointes des flèches enflammées...

     Un homme vient à leur rencontre.

     « Je me présente : Adrien Bauer, bourgmestre de Phalsbourg. Nous avons suivi de loin la bataille, et l’incendie de la forêt... Vous avez dû sacrifier vos habits... Nous allons vous en donner d’autres ! 

     - Ne vous donnez pas cette peine. Nous pouvons vous dire qu'en fait la nudité, la tenue de peau, est notre tenue normale !  Vous avez eu pas mal de dégâts dans votre bourg...  Des morts et des blessés à déplorer ? 

     - Hélas oui, nous avons cinq hommes, trois femmes et deux enfants morts. Et une dizaine de blessés. Heureusement, ceux-là guériront ! . 

     - Nous allons laisser ici quatre de nos gardes en surveillance pour nous prévenir rapidement en cas de mouvement de troupes ! décide alors Xavier.  Georges de Chaumes, Eudes d’Allier, Joséphine Béquer et Pauline Espèrès sont des soldats de l’Empereur. J’ose espérer que vous pourrez les héberger...

     - Certes oui ! Nous serons aux petits soins avec nos héroïnes et nos  héros, sourit-il.  Et nous commençons déjà à nous habituer à leur…tenue !

      - Nous reviendrons vite,  pour apprendre  à voler à quelques-uns de vos citoyens. Ils pourront  ainsi prévenir rapidement la brigade régionale qui sillonne l’Austrasie !  ».

      Laissant donc à Phalsbourg quatre des soldats de l’Empereur, la brigade s’envole et retourne vers Durandalem. Tout en continuant, de là-haut, à surveiller les routes...

 

 

Pirmasens : fin du siège

 

     À Pirmasens, les renforts sont arrivés. Nus, bien entendus.. Madeleine de Proust, Armand Capes, Alix Holz, Gabin Fleich, Hugues Schaff et Achille Gouvy constatent avec bonheur que Dillon et ses gardes ont eu raison des attaquants !

     « Bienvenue, vaillants soldats ! dit Philibert de Caumes. 

     - Merci d’être venus, mes chers compagnons ! dit Dillon. Nous allons laisser ici quatre de nos gardes : Anne Choure, Madeleine de Proust, Firmin de Conté et Paulin Surcouf. Ils vont surveiller les prochains jours les abords de la ville, et viendront nous prévenir rapidement en cas de mouvements de troupes ! Nous comptons sur vous pour les héberger correctement ! 

    - Ils auront les meilleures chambres dans le meilleur hôtel de la ville ! lui assure Philibert. »

    Et, prenant congé sous les acclamations des habitants, Dillon, Audebert d’Auster, Berthe Urbain, Armand Capes, Alix Holz, Gabin Fleich, Hugues Schaff et Achille Gouvy s’envolent vers Durandalem.

Burtoncourt : fin de l’épisode

 

     Le chariot des moines est arrivé au monastère de Burtoncourt.

     Les quatre gardes tués lors de l'attaque ont été mis en bière. Un office est célébré. Ils seront enterrés à côté de la chapelle où reposent les reliques de Saint Benoît.

     La brigade a accompli sa mission.

     Mais les moines s’inquiètent, ils n’ont plus de soldats pour les défendre !

     « Nous allons recruter et former des gardes qui seront affectés à votre monastère ! les rassure Pierrette. En attendant, trois de nos gardes, Chantal Légauries, Carmen Ladanz et Albert Erstein resteront avec vous et partageront votre vie.

     - Des femmes au monastère ?!  s’insurge le moine. Mais vous n’y pensez pas !

     - Soit... Alors,  ce seront  Albert Erstein, Apollinaire de Bœuf et Philibert d’Argenteuil qui vont rester.

     - Oui,  cela est plus conforme avec nos préceptes...  Ne le prenez pas mal, mais je dois encore méditer sur ce dont nous avons discuté en chemin ! 

     - Vous prendrez grand soin de nos soldats ! dit encore Pierrette. Nous reviendrons vite avec des gardes pour vous servir. »

    Et Pierrette,  Ulla, Chantal et Carmen retournent à Durandalem par les airs, sous les saluts des moines, qui regardent tout rêveurs s'envoler ces anges...

     « Nous prierons pour vous ! »

 

 

Comptes rendus à Durandalem

 

     À Durandalem, c’est l’heure des rapports. Jacou fait l'appel des patrouilles.

 « Patrouille du Nord-Est.... Dillon, tu commences !

     - Pirmasens a été attaqué ! L’armée de Khan veut se renforcer, ils cherchent à enrôler de force les garçons dans les cités qu’ils traversent.  Mais nous avons fait le ménage, et liquidé tous les bandits. J’ai laissé sur place quatre gardes, Anne Choure, Madeleine de Proust, Firmin de Conté et Paulin Surcouf. Ils nous préviendront si nécessaire.

     - Merci Dillon, et bravo à  toutes et à tous ! Patrouille vers l’Est : à toi, Joseph, raconte ! 

     - Nous avons rencontré une troupe d'hommes de Khan, qui venaient de traverser et de dévaster la ville de Phalsbourg. Ils étaient vingt cavaliers et cinquante fantassins. Tandis qu’Eudes éteignait l’incendie de la ville à grands coups d’auges remplies d’eau, et que Brice venait vous prévenir et revenir avec des renforts, nous les avons attaqués  dans le bois, à la sortie du bourg. Tous les cavaliers ont été abattus, mais les fantassins se sont réfugiés dans le bois. Nous avons pu en avoir quelques-uns, mais il fallait débusquer les autres. Nous avons attendu les renforts, et avons attaqué sur tous les fronts. Nous avons mis le feu au bois, et nous les avons cueillis tout suffocants à la sortie.  Mais ils  n’ont pas suffoqué longtemps ! Nous avons alors éteint l’incendie avec des auges...La méthode Eudes, ma foi fort efficace ! 

     - Assurément, acquiesce Jacou... C’est une méthode  que nous avions déjà utilisée lors d’un incendie de la forêt de Durandalem.

     - Nous avons été chaleureusement accueillis par les habitants de Phalsbourg.... Ils n’ont pas fait grand cas de notre nudité ! .

     - Comment cela ? Vous n’aviez pas vos tuniques ? 

     - Nous ne les avions plus. Nous avions dû en faire des  torches pour embraser la forêt ! Nous avons laissé quatre gardes sur place :  Georges de Chaumes, Eudes d’Allier, Joséphine Béquer et Pauline Espèrès, au cas où d'autres troupes de bandits se manifesteraient. 

     - Vous avez bien fait . Merci à vous toutes et à vous tous ! Et un grand bravo aussi! 

     Passons à la patrouille du Sud-est...À toi, Pierrette !

     - Alors que nous volions, nous avons aperçu, au Sud de notre position, un nuage de poussière sur la route. Nous sommes descendus voir pour essayer d’en savoir plus.  Les bandits à cheval, huit, cernaient un chariot arrêté sur la route. Nous nous sommes approchés pour savoir ce qui se passait. Mais à notre approche, pourtant à pied et en tuniques, nous avons essuyé une volée de flèches. Les bandits nous ont intimé de poursuivre notre chemin, et ont voulu tirer sur nous ! Ce fut leur dernière action, nous les avons tous transpercés de nos traits. 

     À  bord du chariot, quatre moines, qui transportaient une relique d’or vers leur monastère.  Les bandits voulaient s’en emparer. Ils avaient tué les gardes escorteurs qui les protégeaient. Avec leurs épées, ils n'ont pas fait long feu face aux  arcs des bandits ! Nous avons alors chargé les corps des malheureux dans le chariot,  et nous avons accompagné les moines jusqu’à Burtoncourt, dans leur monastère. Comme ils n’avaient plus de gardes, nous leur avons laissé trois des nôtres, Albert Erstein, Apollinaire de Bœuf et Philibert d’Argenteuil, jusqu’à ce que nous leur trouvions de nouveaux gardes. 

     - Merci Pierrette...  Bravo pour votre vigilance et votre initiative.  Merci à vous tous, Soldats de l’Empereur ! Allez voir Guillaume aux Thermes pour vous loger.  Les dortoirs sont remplis, nous avons plus de cent gardes de toute la région dans nos murs... Mais il y a des chambres pour vous ! »

    

Le soir, ils sont plus de cent vingt à manger au restaurant des Thermes.  Les filles de l’ancienne école et les ambassadrices  sont venues prêter main forte aux cuisines et au service.

     Jacou prend la parole :

     « Bienvenue à toutes et à tous !  Vous connaissez le but de votre mission : éradiquer le banditisme en Austrasie ! Vous êtes toutes et tous initiés, donc capables de voler, de communiquer mentalement, et de soulever des objets à distance. Et n’oubliez pas que vous pouvez vous déplacer six fois plus vite qu’un cheval au galop. Ce sont des armes, ce sont vos armes !

    Aujourd’hui, les trois patrouilles ont rencontré des bandits : à Pirmasens, attaquée par les Germains;  à Phalsbourg, également dévastée par une bande de Germains;   sur la route du Sud, des bandits ont attaqué des moines…Tous les attaquants, plus d’une centaine, ont été tués par nos gardes ! 

      Nous allons constituer des groupes, afin de former des patrouilles cohérentes ! Prenons par exemple le tir à l'arc.  Il y a parmi vous de véritables experts,  d’autres qui savent simplement s'en servir,. d'autres qui ne savent pas bien, et même certains qui ne savent pas du tout...

       Il n’y a pas de ségrégation entre vous : vous êtes toutes et tous unis sous la même bannière : la Brigade Régionale ! Vous toucherez chacune et chacun un sou par jour, ce qui vous fera une livre-or et demi par mois !  

     - C’est très généreux de votre part ! lui dit Olaf York. 

     -  Croyez bien que je suis conscient du risque que vous prenez. Sachez que ceux que vous allez pourchasser veulent votre mort... Et vous serez amenés à séjourner loin d’ici, pour des durées plus ou moins longues... 

     Dès demain, les gardes les plus aguerris partiront en patrouille, et établiront des relais dans la région.  Ils patrouilleront nus. Ce sera notre marque de reconnaissance pour toute la région ! Nombreux sont déjà les Austrasiens qui connaissent Durandalem et sa pratique de la nudité... Vous ne choquerez pas !

    Nos Capitaines de l’Empire et le Général de l’Empire Dillon d’Ortega vous donneront dès demain matin une formation accélérée, pour que vous puissiez partir au plus vite en mission ! 

      Bien ! je crois que j’ai tout dit ! 

     Ah non, encore une ou deux choses...

     Vous êtes hébergés en dortoir, ce qui n’est pas propice à des rapprochements intimes. Certes, vous êtes jeunes, et vous pouvez ressentir des attirances les uns pour les autres. C’est tout à fait normal. Les rapports sexuels entre vous ne sont pas prohibés... Mais pas dans les dortoirs ! Guillaume vous a mis à disposition des chambres séparées, pour les moments intimes. Utilisez-les à votre guise, toujours en consentement mutuel. N’y passez pas  toute la nuit. Prenez une douche avant d’en sortir, et signalez les chambres utilisées aux filles d’étage, afin qu’elles les nettoient et les remettent en ordre. 

     Je rappelle aux garçons que les filles sont vos égales, et que le bon fonctionnement des patrouilles passe par le respect des uns envers les autres. Vous êtes toutes et tous solidaires, et toute déviance, tout harcèlement seront sévèrement punis ! 

    Voilà ! Le coin des boissons est à votre disposition. Mais n’en abusez pas, vous aurez besoin de toutes vos capacités pour accomplir votre mission.

     Bonne soirée ! Demain, les choses sérieuses vont commencer pour vous ... »

Les missions des patrouilles

 

    Soleil  radieux à l’Est. Le jour vient de se lever...

     Une grande agitation règne devant les Thermes : ce matin, cinq patrouilles de dix gardes vont explorer les chemins de l’Austrasie. Jacou fait la distribution des rôles :

  « Une patrouille, sous le commandement de Joseph Ikast, partira vers le Nord, jusqu’au-delà de Manderen. 

     Une autre, commandée par Pierrette de Coubes, prendra le chemin de l’Ouest, vers Mettis.   

     Éric Lerouge, tu commanderas la troisième, vers Mousson.

     Edmond Danton, tu conduiras ta patrouille au Sud, vers Tenquin et Mittersheim,

     Sylvestre Stalon, ta patrouille ira vers l’Est, en direction de Strateburgo. Vous vous mettrez en rapport avec les compagnons du Blauersland, Sylvestre, tu désigneras quatre  gardes qui resteront là-bas, et vous reviendrez avec quatre gardes du Blauersland. 

     En outre, cinq groupes vont partir initier les habitants des villages-relais. Madame et  mesdemoiselles les ambassadrices, voilà une mission qui vous conviendra ! Soyez fières d’être les Soldates de l’Empire, les ambassadrices de Durandalem et de la paix en Austrasie ! 

     Anne Bonte et Claudine Schmidt, vous vous rendrez à Mettis, escortées par Audebert d’Auster, Albertine Orossy et Léa Nonet. Vous ne serez pas trop de deux, il y a quelques personnes à initier ! 

     Toi Valérie Burg, tu iras à Manderen, avec Anne Choure, Gustave Aifele et Philibert d’Argenteuil. 

     Agnès Hune, tu iras à Dieuze, accompagnée de Madeleine de Proust, d’Albert Erstein et d'Ulla Mour. 

     Berthe Hoff,  Aline Espèrès et Brice de Niss, destination  Saint-Louisbourg.

     Edeltraud Bour, tu iras à Pirmasens, avec Chantal Légauries, Carmen Ladanz et Apollinaire de Bœuf. Les gardes, vous resterez sur place, pour relever Anne Choure, Madeleine de Proust, Firmin de Conté et Paulin Surcouf. Vous-mêmes serez relevés dans deux jours par une nouvelle équipe.

     Gertrude Hoff, tu iras à Phalsbourg, avec Brigitte Calman, Siel Rozanoff, Pries Rozanoff et Anne de Stef . Vous les gardes, vous aussi resterez sur place pour relever Georges de Chaumes, Eudes d’Allier, Joséphine Béquer et Pauline Espèrès. Dans deux jours, là aussi,  il y aura une relève.

   Toi enfin, Angèle Hune,  tu iras à Deux Ponts, accompagnée par Ingrid York, Olaf York et Alain Bon.

     Allez ! Soyez des patrouilles vigilantes ! Dès que vous apercevez des troupes suspectes en nombre, envoyez un messager.  Nos Capitaines viendront à la rescousse ! »

      Et les patrouilles s’envolent les unes après les autres, comme des nuées d’oiseaux, dans toutes les directions.

     Puis les ambassadrices, à leur tour, prennent leur essor vers les villages d'Austrasie.

 

 

Alerte à Phalsbourg

 

    À Phalsbourg, l’alarme est donnée ! Au loin, à l’est, un grand nuage de poussière laisse présager des troupes en nombre.

     Georges de Chaumes va voir ce qui se trame là-bas, à quelques lieues de la cité. Déjà les paysans des environs affluent vers la ville, pour se mettre à l’abri derrière les remparts. Il va falloir aller chercher du renfort à Durandalem ! Sur l'ordre de Georges, Pauline s'envole prestement...

      « Ils sont bien deux cents cavaliers, probablement des Germains, vu leurs accoutrements.  Il y a en plus une dizaine de chariots, peut-être des fantassins ! Et ils seront là dans moins de vingt minutes...Mais nous allons les recevoir ! Avec Eudes d’Allier et Joséphine Béquer, nous allons tenter de les ralentir, en éliminant les chevaux de tête ! »

     Et les trois gardes s’envolent. Arrivés au-dessus des cavaliers, ils constatent que ce sont bien des Germains.

     Alors, de leur tir effroyablement précis, ils abattent les trois premiers, puis les trois suivants, et encore trois... Les cavaliers réagissent et ripostent, leur décochant des flèches.  Mais en gagnant les hauteurs, nos gardes volants sont bien vite hors de portée, et, grâce à la gravité, en abattent  trois de plus dans la foulée.

     Les bandits se regroupent et s'efforcent  d’atteindre ces démons du ciel. Mais c'est en vain...

     Entre-temps, Pauline rencontre la troupe de l’ambassadrice et explique la situation.

     « Va vers le Nord, dit Anne de Steph. Tu devrais rejoindre facilement la patrouille qui vole vers Strateburgo, vu que pour mieux surveiller ils vont au ralenti ! Nous, on va aider là-bas ! »

     Et tandis que Pauline file vers le Nord, à la recherche de la patrouille, les quatre gardes et Gertrude foncent vers Phalsbourg.

     « Gertrude, dit Brigitte Calman, tu vas te mettre à l’abri dans la ville. Nous on va prêter main forte à nos compagnons ! . »

     Et voilà Brigitte Calman, Anne de Stef, Siel et Pries Rozanoff à côté des gardes, qui volent toujours très haut pour éviter d'être atteints. Georges de Chaumes est bien content de ce renfort.

Une vingtaine de bandits galopent vers le bois devant la ville.

     « On dirait qu’ils essayent de se disperser ! Éliminons déjà ceux qui vont vers la ville ! »

     Les sept archers aguerris ont tôt fait de les arrêter. Les hommes gisent au sol et les chevaux s’enfuient dans tous les sens.

    

De son côté, Pauline est montée très haut pour scruter  sous elle, et elle finit par repérer le vol de la patrouille qui se dirige vers Strateburgo. Elle fonce en plongée, à une vitesse qu’elle n’aurait jamais pensé pouvoir atteindre. Elle manque d'entrer en collision avec la patrouille, surprise de cette arrivée en piqué !

     Trois mots d’explication, et la patrouille fonce vers Phalsbourg, où les sept gardes continuent d’empêcher les Germains de progresser.

     Pauline, elle, fonce vers Durandalem.

     Les Germains ont construit une place forte avec leurs chariots.

     Ce sont effectivement des fantassins qui les occupaient. Ils n’ont pas d’arcs.

     Un groupe de ces fantassins cherche à contourner le bois, mais les archers ne les laissent pas passer !

     Bientôt, il vont être à court de flèches...

     La patrouille arrive enfin sur les lieux, et les fantassins qui couraient vers le bourg sont fauchés sans problème !

  Eudes file au bourg faire le plein de flèches. Gertrude, après un accueil mitigé d’une jouvencelle rousse nue qui arrive seule par les airs, a compris . Elle demande que toutes les flèches soient prêtes !

     « Je reviens ! dit Gertrude.

Et elle fonce vers les sept gardes à court de flèches avec une dizaine de carquois remplis. Puis elle retourne sur le rempart.

     Je m’appelle Gertrude Hoff. Je suis Soldate de l’Empire Romain d’Occident, et Ambassadrice de Durandalem. Je suis ici pour initier vos gens à la traque des bandits ! 

     - Bienvenue, Votre Excellence ! dit Adrien Bauer. 

     - Hum, vous êtes bien jeune pour les titres que vous arborez ! fait remarquer un citoyen de la cité.

     - J’ai seize ans, clame Gertrude. Rescapée de l’esclavage de Khan, et promue Soldate de l’Empire par l’Empereur Charlemagne lui-même !

     - Votre Excellence, lui conseille Adrien , ne restons pas sur les remparts, cela pourrait être dangereux ! ».

     Et, laissant des gardes surveiller la situation, ils descendent et vont à l’auberge.

     La situation est de plus en plus claire !

     Près de deux cents bandits gisent dans la lande.

     Il ne reste plus que le noyau de bandits retranchés derrière leurs chariots, une centaine d’hommes et autant de chevaux. 

     « Ça va être difficile de les déloger, constate Eudes ... Faisons donc comme pour la forêt, mettons le feu aux chariots !

     - Bonne idée, acquiesce Anne de Steph. »

Et elle communique avec Gertrude, qui fait préparer des étoupes enduites de suif et les apporte aux archers toujours en l’air, hors de portée, au-dessus des bandits.

     Et c’est un déluge de feu qui s’abat sur les Germains...  Les chevaux paniqués ruent dans tous les sens et s’enfuient, démolissant le fortin de fortune érigé par les pillards.

     Les Germains tentent de s'échapper, mais sont rattrapés par les traits qui arrivent de toutes parts.

     Il n'en reste qu’une vingtaine en vie, mais voilà que les flèches manquent !

     Alors les gardes retournent dans la ville, surveillant les mouvements des Germains.

     À Phalsbourg, Gertrude ne traîne pas. Elle a commencé ses initiations. Huit gardes sont endormis.

     « Serait-il possible, lui demande Adrien,  que tous nos gardes soient initiés ? Ce serait un avantage formidable contre nos éventuels attaquants !

     - Pas de problème, j’ai ici de quoi initier dix personnes ! .Je reviendrai pour m’occuper de la garde ! Combien d’hommes avez-vous ? 

     - Trente gardes en tout pour toute la ville. »

 

     Venant de l’Ouest, une troupe arrive par les airs.

     Ce sont Dillon et ses Capitaines qui arrivent en renfort, chargés de moult carquois en bandoulière.

     Ils distribuent les flèches à tout le monde.

     « Finissons-en avec cette vermine ! »

     Et tous les gardes montent au-dessus des bandits, effectuant un tir circulaire qui ne laisse aucune échappatoire aux Germains.

     Et c’est bientôt le silence après la bataille !

     Adrien Bauer fait sonner la fin de l’alerte. Il ordonne aux citoyens de creuser un trou gigantesque dans la lande, afin d’y ensevelir tous ces chiens.

     Les blessés sont achevés, les cadavres dépouillés, les flèches récupérées. Trois cent quarante cadavres humains, et cent vingt cadavres de chevaux. Les gardes les soulèvent et les transportent mentalement vers la fosse, dans laquelle ils sont jetés. Quatre-vingts chevaux sont récupérés indemnes, un pactole pour la ville !

     « Comment vous remercier ? dit Adrien. Sans vous, notre cité ne serait plus qu’un tas de cendres !

     - Nous sommes tous solidaires ! lui précise Dillon. Les gardes que vous voyez viennent de tous les villages autour de Durandalem. Bientôt ils viendront même de Mettis et de Pont-de-Sarre. Nous allons former vos gardes pour qu’ils puissent défendre votre cité !

     - Oh, votre ambassadrice, Gertrude Hoff a déjà commencé !  lui répond Adrien le sourire aux lèvres. »

 

     Arrive le moment des adieux.

     « Avec ma patrouille, dit Sylvestre, maintenant que nous avons refait le plein de flèches, .nous allons continuer notre chemin vers Strateburgo. Nous repasserons vous voir au retour ! 

     - Grand merci ! Sans vous et les gardes de Durandalem, c’en était fini de notre cité ! remercie Adrien. Nous allons former plus de gardes afin d’anticiper ce genre de risque ! »

Et la patrouille s’envole alors en direction de l’est.

 

     « Mes Capitaines et moi, dit alors Dillon, nous allons rentrer à Durandalem,, avec notre ambassadrice et l’équipe qui était ici.  Brigitte Calman, Siel Rozanoff, Pries Rozanoff et Anne de Stef resteront donc avec vous pour quelques jours. 

     - Vous avez huit gardes initiés, qui devront surveiller d’en haut d'éventuels mouvements de troupes qui pourraient se faire, explique Gertrude. Auquel cas, n’hésitez pas à foncer vers Durandalem pour obtenir de l’aide. Je vais revenir ces jours prochains pour initier tous vos gardes. N’hésitez pas à enrôler aussi des filles, elles sont elles aussi très capables, ! 

     - Merci, Votre Excellence ! je suivrai votre conseil ! »

Ambassadrices initiatrices

 

     Pierrette de Coubes, en tête de la patrouille qui va à Mettis, survole la région lentement, à haute altitude. Tout mouvement sur la route est analysé.  Des éclaireurs sont envoyés dès qu’un nuage de poussière apparaît. Pour l’instant, ce ne sont que des fausses alertes : des voyageurs, des commerçants, des paysans, qui ne se sont même pas rendu compte qu’ils étaient observés.

    La troupe des ambassadrices en vol vers Mettis passe à proximité. Plus rapides, Anne Bonte et Claudine Schmidt, escortées d’Audebert d’Auster, Albertine Orossy et Léa Nonet, saluent la patrouille au passage, et filent vers la grande ville.  Les voici en vue des remparts de la cité. Albertine et Léa, qui sont de Mettis,  se proposent pour aller établir le contact. Elles connaissent les gardes. Les voilà sur les remparts. Les gardes les connaissent, certes, mais c’est bien la première fois qu’ils les voient voler... surtout toute nues !

     « Allez prévenir Paul Igon, votre chef, que les ambassadrices sont là ! Et prévenez aussi Jean de Rott, le bourgmestre. 

     Paul arrive sur les remparts. Lui, il a déjà vu les ambassadrices nues. Il est moins surpris que ses gardes, mais quand même un peu étonné de la chose !

     - Bienvenue, Ambassadrices...Vous ne vous habillez donc jamais ? 

     - C’est la marque de Durandalem, lui répond Anne. Toutes et tous nous vivons nus, et nous le faisons savoir ! La simple nudité n’est pas répréhensible. Ce sont les pensées lubriques et les actes déviants qui le sont ! 

     - Oh, pour ma part, cela ne me dérange pas ! Mais que diraient Monseigneur l’évêque de Mettis, ou les abbés Marc de Frisko et Sylvain Cédère s’ils vous voyaient dans cette tenue ? »

     Anne et Claudine éclatent de rire.

     « Mais pourquoi riez-vous comme ça ? Qu'ai-je dit de si drôle ?

     - Eh bien, lui explique Claudine, figurez-vous que Monseigneur l'évêque et les deux abbés,  nous les avons déjà côtoyés très intimement  à Oche, lors de la bénédiction de la Chapelle. Nous étions nues, eux aussi étaient nus, et l’Empereur Charlemagne lui-même était nu ! C’est même à cette occasion que l’Empereur nous a nommées Soldates de l’Empire Romain d’Occident, ce qui nous a permis d’accéder au titre d’Ambassadrices ! »

     Le bourgmestre arrive à son tour. Lui aussi les a déjà vu nues, et il connaît bien les principes de Jacou.

     « Bienvenue, Vos Excellences les Ambassadrices de Durandalem !  Vous devez être fatiguées après ce vol... Venez, vous allons vous servir un petit remontant ! 

     - Merci, Messire de Rott, répond Anne. Nous vous suivons volontiers. Mais vous savez, le vol a été court, il a duré moins d’une heure ! 

     - Moins d’une heure ?!  Alors qu’il m’en a fallu cinq, à moi,  pour revenir de Durandalem ! 

     - C'est que nous, nous pouvons nous déplacer six fois plus vite qu’un cheval au galop...

     - Impressionnant... Vraiment très impressionnant ! »

 

     Ils arrivent dans la grande salle de garde, ou quelques gardes sont au repos.

     Avant que les filles entrent, Jean de Rott leur dit :

     « Messieurs et Mesdames, pas de réflexions houleuses ou de sifflements, je vous prie. Voici les ambassadrices de Durandalem, Malgré leur jeune âge, vous leur devez le respect ! »

     Anne Bonte et Claudine Schmidt font leur entrée, accompagnées de leur escorte,

     Les gardes présents sont subjugués par la beauté de ces jouvencelles rousses à forte poitrine, nues, et le sont tout autant en voyant leurs collègues Albertine Orossy et Léa Nonet toute nues !

     « Vous allez être initiés par ces Excellences ! 

     - Euh....En quoi au juste va consister cette initiation ? demande un garde, pas très rassuré.

     - Oh, rien de douloureux ! Nous allons vous donner un breuvage qui va vous endormir...

     - Et c’est tout ? Doit-on être nu ?

     - Que nenni, rien d'obligé ! Mais vous pouvez, si vous le désirez... On est si bien, nu ! »

     Les regards se tournent vers Jean de Rott.

«  Oui, bien sûr, vous pouvez !

     - Et alors, quel sera le résultat ? 

     Anne précise :

     « Vous aurez le pouvoir de communiquer entre vous par la pensée. Vous pourrez aussi déplacer les objets et les êtres vivants à distance.  Vous aurez aussi la faculté de voler dans les airs, comme les oiseaux, mais à une vitesse six fois supérieure à celle d’un cheval au galop ! La seule condition, pour l’initiation, c’est le silence... Alors, celles et ceux qui ne sont pas allongés, je les prie de sortir ! » 

     Anne et Claudine, après s’être désaltérées, administrent la potion à vingt gardes - dix hommes et dix femmes - allongés sur des lits de camp. Les femmes se sont déshabillées, et quelques hommes les ont imitées.

     Tout le monde sort de la salle de garde. Les ambassadrices restent devant la porte.

     « Il y en a pour une bonne demi-heure ! Essayez de ne pas faire de bruit devant la salle...»

 

     Pendant que les gardes dorment, Anne explique au chef des gardes de Mettis la tactique utilisée par les soldats de Durandalem pour arrêter une troupe :

     « D’en haut, ils ne vous voient pas venir, surtout si vous arrivez dos au soleil. Ils ne peuvent pas vous voir ! Vous éliminez en premier les cavaliers, ce sont généralement les chefs ! S’ils ont des chariots, vous tuez les conducteurs, et abattez un des chevaux des attelages,  cela arrêtera leur progression. Ensuite vous montez assez haut au-dessus d’eux, suffisamment pour être hors de portée de leurs flèches, et vous leur envoyez un déluge de vos flèches à vous. Celles-là tomberont vers le sol et atteindront leur but ! 

     C’est cette technique qui a permis à nos dix Capitaines et à quelques gardes de venir à bout de cinq cents soldats de Khan, il y a deux mois à Naborum. Même chose la semaine dernière à Pont-de-Sarre, et hier à Phalsbourg ! Ils étaient deux cents cavaliers et une centaine d’hommes de troupe, des Germains de Khan ! Eh bien, tous sont morts, et aucun blessé de notre côté !

     - Vous en connaissez un rayon côté stratégie ! dit Paul Igon, admiratif.

 

     - Nous avons eu les meilleurs instructeurs du monde : le Général de l’Empire Dillon  d’Ortega et les Capitaines de l’Empire !

     Ils nous ont aussi appris à nous battre et à nous défendre, au cas où on nous prendrait pour de faibles femmes ! Qu’on se le dise...

     - Oh, je m’en garderai bien ! rétorque Paul. Et nul ici n’osera lever la main sur une ambassadrice !  ».

 

Des initiations qui vont bon train !

    

          Au bout d’une demi-heure, les vingt gardes sont réveillés. Anne les met en condition.

      « Essayez de parler avec votre voisin, sans ouvrir la bouche ! 

      Les gardes, émerveillés, se rendent compte que cela marche !

     - Essayez maintenant de soulever votre voisin. Si vous le voulez, vous le pouvez ! »

     Et cela marche aussi !

     Maintenant, essayez de vous soulever vous-même ! 

     Et les vingt gardes décollent du sol... Ça marche... ou plutôt ça vole !

     Bien... Maintenant, les gardes, suivez-moi ! 

     Et Anne part d’abord en longeant les remparts, suivie des vingt gardes qui volettent à un mètre du sol.

     Puis elle monte et se pose sur les remparts, suivie par les initiés. Les gardes sur les remparts sont ébahis !

     Maintenant, ordonne-t-elle en pensée, nous sortons ! Suivez-moi !  

 Elle s’élance et monte vers le ciel, suivie par une ribambelle de gardes. Les femmes sont nues, les hommes se sont mis nus aussi. Toutes et tous sont encore tout éblouis par les nouvelles prouesses dont ils sont maintenant capables. Quel plaisir de voler nus ! Et quel magnifique paysage...Jamais ils n’avaient vu ainsi la région et la cité de Mettis d’en haut !

      D’ici, vous pouvez repérer des troupes à des lieues de distance. Les nuages de poussière sont très significatifs à ce propos. Mais ne nous éloignons pas... Ce sera la dernière fois que vous volerez sans armes. Vous devrez toujours porter un arc et un carquois rempli. À présent, retournons dans l’enceinte de la ville ! »

 

     Dans la salle de garde, Claudine a pris en charge les vingt gardes suivants, dix huit filles, jeunes recrues, deux garçons, et le chef des gardes, Paul Igon. Toutes se sont mises nues, Paul Igon aussi. Les jeunes garçons ont suivi.

      « Reposez-vous, les initiés, dit Anne, mais pas dans la salle de garde.  Le silence doit régner !  Vous irez remplacer les gardes en faction dans une demi-heure, afin qu’eux aussi soient initiés ! 

     - Je voudrais moi aussi bénéficier de ces pouvoirs, demande Jean de Rott. C’est possible ?

     - Bien sûr ! Et les ouvriers qui portent de lourdes charges devraient eux aussi pouvoir en bénéficier ! 

     - Bonne idée ! Nos tailleurs de pierre, et nos cantonniers seront ainsi bien soulagés dans leur tâche ! Je les fais mander sur l’heure... »

     Et ainsi Anne et Claudine passent le reste de la journée à initier tous les gardes, les gens d’arme, les travailleurs de force.

     « Excellences, vous avez fait du bon travail ! les félicite Jean de Rott.  Et nous nous sommes habitués à la nudité ! Nos gardes l’ont déjà toutes et tous adoptée, avec mon consentement ! Mais la ville n’est pas encore prête à passer au stade de cité nudiste. Nous allons progressivement habituer la population au caractère normal de la nudité. Ainsi, les gardes en faction seront nus la journée, si le temps le permet...

      - Ce sera un bon début,  approuve Claudine. Surveillez les alentours de la cité ! Si vous montez assez haut, comme nous l'avons fait il y a une heure, vous avez une excellente vue de toute la région !

     - Et en plus, ajoute Anne, comme l’a toujours affirmé Jacou notre Maître de l’Empire, d’en haut, vous vous rendez bien compte que la Terre est ronde, et non plate ! . 

     - Nous allons maintenant prendre congé, conclut Claudine. Si vous avez besoin de nous, ou d’un renfort en cas de troupes en nombre, Durandalem est à moins d’une heure de vol de Mettis ! »

     Et nos ambassadrices rappellent leur trio d'escorteurs, qui passaient le temps à la terrasse de l’auberge, tout nus à la vue des habitants.  Des habitants qui parfois y allaient gaîment avec des commentaires pas toujours amicaux ! Certains sont même venus se plaindre auprès de Paul Igon et Jean de Rott, qui leur ont répondu, à leur grand étonnement, que les gardes avaient tout à fait le droit d’être nus !

    Et les voilà repartis. Anne Bonte, Claudine Schmidt, et leur escorte s’envolent vers Durandalem. Mission accomplie !

 

   À Pirmasens, les gardes voient arriver une petite troupe, nue, par la voie des airs. Ce sont l’ambassadrice Edeltraud Bour et son escorte : Chantal Légauries, Carmen Ladanz et Apollinaire de Bœuf.  Aussitôt arrivée, Edeltraud commence à initier les gardes, les gens d’arme, et quelques volontaires pour alerter en cas de besoin. Le cantonnier lui aussi est initié. Après trois séances, toute la cité est abondamment pourvue d’initiés !  Edeltraud prend alors congé, en repartant avec les gardes restés sur place, Anne Choure, Madeleine de Proust, Firmin de Conté et Paulin Surcouf. Mission accomplie là aussi !

    À Manderen, les maçons, qui ont déjà été initiés à Durandalem, accueillent l’ambassadrice Valérie Burg et son escorte : Anne Choure, Gustave Aifele et  Philibert d’Argenteuil. Aucun problème sur le chemin, la route est déserte.  Puis, ayant initié tous les gardes et tous les volontaires de Manderen, la troupe rentre à Durandalem. Une mission accomplie de plus !

     À Dieuze, Agnès Hune a été accueillie chaleureusement par Alfred Astair, ainsi que son escorte Madeleine de Proust, Albert Erstein et Ulla Mour. Les habitants - surtout les garçons- sont fascinés par cette jeune créature rousse toute nue. L’initiation de six gardes et de six volontaires du bourg se passe bien. Agnès explique le principe de surveillance en hauteur, et la nécessité de prévenir en cas de troupes suspectes aux environs. Puis ils repartent de Dieuze, Là encore, mission accomplie !

     À Saint-Louisbourg, Armand Della, le bourgmestre, est soulagé de voir arriver l’ambassadrice.  Depuis les derniers événements survenus dans la région, il n’est pas rassuré ! Quand Berthe Hoff se présente avec Aline Espèrès et Brice de Niss, les gens l’applaudissent.

     « Bienvenue, Votre Excellence ! Et bienvenue à votre escorte ! Beaucoup de nos jeunes veulent se former pour devenir gardes. Je pense que la perspective des  pouvoirs octroyé aux gardes y est pour beaucoup ! »

     - Je m'en doute, dit Berthe. Commençons sans plus attendre ! »

       Et une fois initiés les douze futurs gardes de la future milice de Saint-Louisbourg , Berthe et son escorte retournent à Durandalem. Là aussi, mission accomplie !

Mutinerie au bagne de Deux-Ponts

 

           Après avoir survolé Pont-de-Sarre, le groupe d’Angèle Hune arrive en vue de Deux-Ponts.

    Il n'y a rien eu de suspect à signaler sur le chemin...

   Mais une fois à Deux-Ponts,  la bourgmestre Marie Starr qui les accueille est fort préoccupée !

    « Vous arrivez à pic...  Figurez-vous qu'une mutinerie a éclaté dans le bagne ! Une dizaine de forçats se sont libérés en tuant leurs geôliers... On ne sait trop comment ils y sont parvenus ! Toujours est-il qu'après leur forfait, ils se sont barricadés dans le fort avec quatre otages pris parmi le personnel. Ils ont verrouillé les portes, rendant l’accès impossible.  Les autres forçats se sont rendus sans conditions.. 

    - Il vous reste des gardes disponibles ? s'enquiert Angèle. Dans moins d’une heure, ils pourront disposer des pouvoirs nécessaires, et mettre fin à cette rébellion... Quant à vous, Olaf, Ingrid et Alain, allez survoler le fort, et tirez à vue sur les mutins que vous verrez... Pas de pitié, abattez-les ! »

      Les trois gardes s’envolent, tandis que Marie Starr rassemble tous ses gardes pour leur initiation.

     Au-dessus du fort, les trois habiles archers font un carton ! Le premier mutin s’écroule, puis deux autres, et encore trois. Ils n’ont pas compris que les flèches leur venaient d’en haut !

    Il n'en  reste à présent plus que quatre, qui se servent des otages comme boucliers humains. Mais Olaf et Ingrid York sont des Vikings, ils ont un tir très précis. Deux  mutins de plus sont terrassés, le sommet du crâne transpercé. Les deux derniers, affolés, libèrent leurs otages et disent se rendre. Mais  trop tard, Alain  a déjà tiré ! Deux flèches sifflent coup sur coup, perçant le cœur de leurs cibles.

     Alors, les otages  rouvrent les portes du fort, permettant aux gardes d’y accéder.

     Il n’y a plus de mutins. Juste dix cadavres.

     Les trois gardes de l’escorte descendent devant le fort.

     « Bravo, vaillants gardes, vous avez maté la rébellion ! 

     -  Vous êtes des héros ! clame Marie Starr. »

     Les corps des mutins et ceux des victimes, hélas au nombre de six, sont sortis du fort.

     « Et moi qui devais envoyer demain cinq de mes gardes pour la brigade régionale, se désole Marie Starr. Avec six gardes en moins, je ne vais pas pouvoir le faire dans l’immédiat !

      - Pas de souci, la rassure Angèle. Je préviendrai Jacou et je lui expliquerai la situation, il comprendra ! Et puis, vos gardes ne vont pas tarder à se réveiller, ils seront nantis des mêmes pouvoirs que mon escorte...»

 Une fois que les gardes ont émergé, et après leur avoir fait faire leur petit vol d’initiation, Angèle, Ingrid, Olaf et Alain prennent congé, et s’en retournent vers Durandalem..

     En survolant Pont-de-Sarre, ils se réjouissent de contempler la cité paisible, les gens qui se promènent nus dans les rues, et qui prennent du bon temps au bord de la rivière…

 

Les rapports des patrouilles

 

    Les Ambassadrices rentrent à Durandalem les unes après les autres, et tour à tour font leur rapport à Jacou. Tout s’est bien passé, et de nombreux gardes sont maintenant initiés.

    Angèle Hune raconte la rébellion au bagne de Deux-Ponts, et la façon dont son escorte a maté les mutins, en les tuant tous. Elle fait part aussi du regret de Marie Starr de ne pas pouvoir fournir cinq gardes de Deux-Ponts pour les patrouilles, vu qu'elle en a perdu six dans la rébellion.

    Gertrude raconte le massacre de Phalsbourg :  plus de trois cents Germains y sont restés, avec l’intervention de la patrouille de Sylvestre Stalon rattrapée par Pauline Espèrès, et la venue des Capitaines menés par  Dillon, qui ont achevé les assaillants.

    Anne Bonte évoque les nombreux gardes qu'elle initiés avec Claudine Schmidt... Même le chef de la garde et le bourgmestre de Mettis y ont eu droit  !  Léa Nonet, une des gardes venant de Mettis, raconte les problèmes que sa nudité a causés de prime abord,  et la décision du bourgmestre d' imposer la nudité à tous les gardes en faction, à leur grande satisfaction, pour habituer les habitants.

    Agnès Hune est revenue de Dieuze, tout s’est bien passé.

     Berthe Hoff était à Saint-Louisbourg, où beaucoup de jeunes voulaient être initiés. Eh bien, c’est fait !

     Edeltraud Bour est revenue de Pirmasens, avec les gardes relevés Anne Choure, Madeleine de Proust, Firmin de Conté et Paulin Surcouf. Chantal Légauries, Carmen Ladanz et Apollinaire de Bœuf, sont restés sur place.

   Valérie Burg arrive de Manderen. Tout un bataillon de maçons voulaient bénéficier de l’initiation. Ce fut fait, et bien fait !

     « Bravo les Ambassadrices,  vous avez rempli vos rôles à la perfection !  Bravo aussi à Ingrid York, à Olaf York et à Alain Bon, vous avez grandement contribué à forger la réputation de la brigade régionale !   Et bien sûr, merci à tous les gardes qui vous ont accompagnées ! »

    Deux patrouilles sont elles aussi de retour. Celle de Mettis, commandée par Pierrette de Coubes, n’a rien à signaler. Celle de Mittersheim, menée par Edmond Danton, revient également bredouille.

     Voici qu'arrive une troisième patrouille, commandée par Joseph Ikast. « Après Manderen, nous avons poussé jusqu’au-delà de Bettembourg, à la limite de l’Austrasie, et n’avons rien vu de suspect. »

     Éric Lerouge revient de la visite de l’Ouest vers Mousson avec sa patrouille. « Nous avons poussé notre visite jusqu’à Boudonville à l’est de Nanceiacum, et n’avons pas repéré  de troupes sur les chemins. »

      « Parfait ! répond Jacou.  Merci à toutes et à tous !  Demain, nous aurons des échos de Strateburgo, avec la patrouille de Sylvestre Stalon. Et demain, madame et mesdemoiselles les ambassadrices, nous continuons à initier ! Vous irez à Tenquin, Falkenberg, Téterchen, Lingen, Gmunden, Vic, Maranges, et Pont-de-Sarre. 

     Des patrouilles partiront vers le Sud, vers Saraburgo et les monts Vosgiens,  Pour le Sud-est, vers Andesina et Divio, Vers le Nord-Ouest, vers Caturiges et Vereduno. Vers le Nord-est pour Oche, Un groupe partira pour Burtoncourt, afin de recruter et de former des gardes pour le monastère. 

     Voilà ! je crois que je vous ai tout dit... Mais je crois  qu'un de nos Capitaines de l’Empire, François Bauer,  aimerait nous parler.  François, nous t'écoutons !

   - Eh bien, je viens d'avoir cinquante ans,  et vous êtes toutes et tous invités à fêter ça dignement à l'auberge après la douche ! Tout le village est invité ! »

    Une clameur d’enthousiasme s'élève aussitôt de l'assistance !  Et tout le monde va vite se faire propre pour aller faire la fête...

 

Les cinquante ans du Capitaine de l’Empire, François Bauer

 

    À l’auberge, on pousse les tables pour laisser de la place sur la terrasse... C'est une fête d'anniversaire où il va y avoir du monde !

     Benami et ses musiciens sont déjà installés. Apollinaire ne devrait plus tarder !

     Quelques villageois sont déjà là.

     Les habitants des lieux, bien sûr : Child, Michel Hoste et Mikael  et Manon, les enfants de Marion. Claude Bardot et Bernard, Josiane et Joëlle, les enfants de Julie.

     Moi, Robert Schmit, et Esther mon épouse. Mes enfants Benami  et Ariston . Jenny Stein. Jérémoy Mayer, Agathe Stein et Gérôme Hune. Nathan Mayer et Valérie Burg, et leurs enfants Robert et Pascal.  Léo Mayer, Léa Fart et leurs enfants Manuel  et Emma.

     Les dernières arrivées au village, les filles de joie Margot Lemaire et Adèle Frisque, sont heureuses d’annoncer que leurs cabinets de "consultation" sont désormais ouverts !

Avec un clin d'œil, Simon Schmit  le barde se met à gémir :

     « Oooh, j’ai tout à coup comme une douleur au bas-ventre, docteur Margot !

     - Alors, venez immédiatement à mon cabinet, il faut voir cela de plus près ! 

     Et les deux jeunes s'éclipsent de l’auberge, sous les rires de tout le monde.

     Ils se rendent dans le nouveau cabinet, aménagé dans le local des douches communales.  Quelque temps plus tard, ils sont de retour, tout souriants.

     « Alors, c’est grave ? feint de s'inquiéter Garfield, le frère jumeau de Simon.

     - Oh non, Dieu merci, une petite coupure de rien du tout... Il a suffi à Margot de sucer la plaie !  »

     Et tout le monde de s’esclaffer à nouveau !

     François arrive. Il emmène avec lui Isabelle Nacht, tous les fermiers et leurs moitiés : le Fernand Bauer, Pauline Basin et Francis Bauer, Paul Dor et Joséphine Bauer, Pierre Dor, le Borgne Bauer et Audrey Lemas, Édouard Basin et Jeanne Muller, Gildas Dor et Judith Koch, Jacques Basin et Nadège Schaff.

     Armand et Achille Horn ont apporté un excellent vin avec eux ! Et, comble de bonheur, les deux œnologues, Jeannette et Paulette, leurs filles d’adoption, blessées, vont nettement mieux, elles sont là à participer elles aussi à la fête !

     Emanuel Frisch, le bourgmestre adjoint, arrive avec ses parents Raoul et Raymonde, et avec Jeannette Deir et ses enfants Jeannot et Jorge. Il aura une déclaration à faire, dit-il, mais il la fera quand tout le monde sera là !

     Les mineurs sont arrivés, avec leurs compagnes, Roger Basin et Rose Spohr, Georges Basin et Josie Bern, Louis Basin et Marianne Tritz, Fabrice Spohr et Elodie Spohr, Philippe Maigret et Zoé Lombard.

    Voici les habitants de la fonderie, Axell Wilkinson et Gabriele Krier, Charlotte et Léon Wilkinson, les gardes Roland et André  Martinet, Helga et Gretel Wilkinson .

     Les habitants du moulin, P’tit Louis Muller et Bertha, Isabeau Muller et Manon Germain, Roger Koch et Aline Hair, Grégoire Muller et Annie Stock, Gustave Muller, Charles Muller, Louis Koch,

     Le curé Charles Higgins lui aussi est là.

     Mikael Thiel et Amandine Bardot sont venus avec leurs enfants, Eli  et Abraham, et avec Yvette Welch, la veuve de Michel Wald.

     Émile et Adèle Pferd ont tenu eux aussi à être là, accompagnés par Joëlle Wasch, José  et Nestor Pferd, Josiane Welch, Hantz  et Norbert Burg, et Vivien Stock.

     La maison des cantonniers arrive : Apollinaire de Valz, qui va rejoindre ses musiciens. Pierrot Stein et Gisèle, Claude Stein et Marie, Félix Stein, Fabien Hune.

     Clovis Hune et Clothilde sont aussi venus, avec Georges Hair et Line.

     Les jeunes bouchers, Georges Wilkinson et Isabelle Spohr arrivent, accompagnés des apothicaires, Claude Kaas et Rosine, et de Maxime, toujours célibataire.

     Denis Pépin et Béatrice ont tenu à être là, malgré leur grand âge. Mais le docteur Marie Brett garde un  œil sur eux !

     Les soixante-sept habitants de la Résidence et des Garderies I et II sont présents. Je vous en épargnerai la liste détaillée, de même que celle des trente-sept occupants  des Thermes, qui ont fermé boutique et arrivent ensemble.

    Les derniers sont les habitants de l’ancienne école : Anne, Angèle, Josette et Josiane Bonte, Gertrude, Berthe, Paulette et Annie Hoff, Joëlle, Claudine, Claudette et Claudia Schmidt, Edeltraud Bour, Giselle Isabelle et Anaëlle Halot,  Plus Anatole et Chantal Iser, Dillon d’Ortega, Esther Maigret, Gaël Wasch et Marianne Wald, Joël Wasch et Mariette Wald, et, pour finir en beauté,  notre vénérable bourgmestre Jacou Artz !

     Bien sûr, l’hôtel des Thermes est rempli de gardes, près d’une centaine, qui eux aussi se présentent à l’auberge.  Ils sont encadrés par les Capitaines Armand Capes, Alix Holz, Gabin Fleich, Achille Gouvy, Xavier Stamm, Joseph Brett et Hugues Schaff.

     « Restons dehors, l’auberge est bondée, dit Hugues. Nous allons nous installer autour, sur la route, sur les abords… Restons discrets, laissons les habitants du village fêter leur Capitaine comme il se doit ! »

       Les neuf soldats de l’Empereur se joignent eux aussi à la fête :  Joseph Ikast, Audebert d’Auster, Brice de Niss, Pierrette de Coubes, Berthe Urbain, Aline Espèrès, Ulla Mour, Chantal Légauries et Carmen Ladanz. 

    Il ne  manque que celles et ceux qui sont assignés dans les bourgs sensibles, ainsi que la patrouille de Strateburgo, qui ne rentre que demain.

    L’ambiance est on ne peut plus festive. Il y a en tout, une fois bien compté, pas moins de trois cent soixante-cinq convives !

     Les chants d’anniversaire s’enchaînent, à droite, puis à gauche. François est chaleureusement félicité, sollicité de toute part, et trinque avec tout le monde... Pour le maintenir debout, son épouse Isabelle Nacht, qui n’est jamais loin, lui a déjà fait boire par deux fois du breuvage dessoûlant.

     Les musiciens jouent des airs de circonstance, repris en chansons par des voix braillardes et quelque peu avinées. Mais Benami, avec mon aide, a fabriqué des cônes porte-sons pour sa lyre et pour les instruments des musiciens,  et des cônes-voix pour ses bardes. Ils parviennent ainsi à couvrir ces bruits de beuveries qui sinon envahiraient l’auberge !

     Il y a du monde partout. Même l’échoppe contiguë à l’auberge est remplie ! 

     Armand se rend compte que ses réserves de vin vont toutes y passer...

     En se faufilant, tellement l’auberge est pleine, il va demander à Child s’il a encore des réserves. Une centaine de gardes assoiffés attendent dehors !

     Child lève les bras…

     « Oh, quand il n’y en aura plus, on sortira les réserves de gnôle du Fernand ! »

     Le Fernand, assis au coin du comptoir,  est bien d’accord.

    « Sors-la donc tout de suite ! Ma foi, j’en boirais bien une rasade...

     - Attention, le Fernand, dit Child  en éclatant de rire. Souviens-toi un peu de ton anniversaire à toi ! À la fin, tu ne faisais pas le malin !  »

     Et il lui sert un godet. 

     C'est à ce moment que le bourgmestre adjoint, Emanuel Frisch, monte sur le comptoir pour faire son annonce dans le brouhaha ambiant,  muni d’un cône porte-voix que lui a donné Benami.  « Oyez, oyeeez ! »

     Le silence se fait...

    « Mes chers concitoyens, Durandalémoises, Durandalémois... J’ai une nouvelle importante à vous communiquer... Jeannette Deir et moi, nous allons nous marier !   Nous célébrerons nos noces la semaine prochaine, en l’église de Durandalem, et l’abbé Charles Higgins nous donnera sa bénédiction ! Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, nous attendons un bébé... Ce sera peut-être pour Noël ! »

     Avec le porte-voix, cela s’entend jusque de l’autre côté du village, comme en témoignent mentalement les gardes de nuit sur les remparts. Et c’est l’acclamation générale !  Les vivats succèdent aux bravos.

     « La prochaine tournée est pour moi ! » clame dans le porte-voix Raoul Frisch, le père du futur marié. 

     « Mais cela va te ruiner ! s'écrie Child, trois cent soixante cinq personnes, tu te rends compte !

   - Oh, lui assure le banquier,  rien qu'avec ma part sur les retours d’investissements de Durandalem, j'ai largement de quoi payer cent tournées. Cinquante pour cent des bénéfices sont pour moi, l’autre moitié  pour la communauté. »

     Et il reprend le porte-voix :  « Joyeux anniversaire, François Bauer ! »

     Toute l’assemblée reprend la chanson d’anniversaire, accompagnée par Apollinaire au porte-voix.

     La fête se poursuit fort tard dans la nuit.  Les réserves de Child sont vides !

     « Demain, il va falloir que je fasse un saut à Mettis pour faire le plein ! »

     Armand veut le rassurer :

     « Demain, j'irai avec Achille et les filles chercher quelques muids de vin à Divio et à Lugdon. Si on pouvait avoir un grand chariot à quatre chevaux, et une bonne escorte ! »

     - Moi je veux bien faire le voyage pour Mettis, dit Gaël, je dois me renflouer en flèches, le stock est vide, avec tous ces soldats !  Il est tard, mais il serait temps de lancer les fabrications de flèches à Durandalem. J’ai repéré dans la forêt, quelques essences de robinier et de frêne, pour obtenir les meilleurs fûts. Nous devons aussi planter des robiniers, cela pousse vite, et nous aurons rapidement ce qu’il nous faut. Je vais en parler à Jacou ! »

     Jacou est d’accord.

   « J’en parlerai à Chantal, pour trouver les meilleurs jeunes pousses de robiniers. On pourra les planter sur la colline Nord, il y en a déjà qui poussent à l’état naturel. Le terrain est propice ! Et pour les pointes, nous avons les meilleurs forgerons de l’Austrasie, ne l’oublions pas...»

 

     Peu à peu, les convives s’en sont allés. les habitants ont regagné leurs maisons et leurs appartements, certains en titubant quelque peu... Les soldats ont regagné les Thermes. Rémi et Raymond Stock ont dit en partant qu’ils allaient laisser les portes des Thermes ouvertes encore une heure.

     Je suis parti me coucher, avec Esther, qui n’en pouvait plus.

     Dans l’auberge, il reste les aubergistes, Marion et Julie, et leurs mari, Michel Hoste et Claude Bardot, qui sont revenu donner la main au rangement après avoir couché les enfants.

     Child est assis derrière le comptoir, en train de siroter une liqueur qu’il a dénichée au fin fond de la cave. « Hips... La dernière bouteille ! »

     Le Fernand a dû se faire porter jusqu’à la ferme par ses commis. Il avait trop regoutté sa gnôle.  Mais quand même nettement moins que le jour mémorable de son anniversaire !

     Gaël et Joël sont restés pour aider, avec leurs épouses Marianne et Mariette, et Jérémoy est resté aussi pour aider Ariston.  Et Aline est aidée par Roger.

     Gaël en profite pour toucher un mot à Jérémoy au sujet des pointes de flèches, et le forgeron est enthousiaste ! « Nous fabriquerons les meilleures flèches d’Austrasie ! »

    Quand  Marion ferme enfin les portes de l’auberge, la cloche de l’école sonne quatre coups.

    Et le silence règne à nouveau dans le village…

Lendemain de fête

   

     Le soleil s’est levé, il fait déjà chaud.  Mais certains habitants de Durandalem ont bien du mal à sortir du nuage embrumé de leurs têtes...

     Isabelle Nacht est allée demander du secours auprès de Marie Brett. Son François ne va pas bien du tout : de grosses douleurs sur le côté droit, et une migraine carabinée ! Marie diagnostique une magnifique crise hépatique, encore accentuée par la potion,  qui fait négliger les signaux d'alarme du corps quand on consomme trop d’alcool.

     « Combien de fois a-t-il bu de cette potion qui dessoûle ? demande Marie.

     - Cinq fois ! Il a trinqué avec tous les participants, plus de trois cents ! 

     - Alors, plus d’alcool pendant dix jours !  Et des tisanes, je t’enverrai Chantal pour cela.  Tu peux déjà lui faire boire cette décoction d’écorce de saule, cela calmera ses maux de tête ! Et repos complet, sans bouger, pendant au moins trois jours ! »

 

Ordres de mission des ambassadrices

 

    Jacou se rend aux Thermes, où les soldats prennent le petit déjeuner. Certains ont de piètres mines, après cette mémorable soirée...

  « Mesdemoiselles les ambassadrices, vous allez continuer votre mission, à savoir initier les gens dans les villes et villages des environs. Sauf toi, Valérie Burg. Aujourd’hui , tu resteras ici pour aider Chantal et Marie à soigner toutes celles et tous ceux qui ont fait cette nuit... des excès d’abus, et des abus d’excès, comme dit toujours Robert !

     Agnès Hune, tu iras à Tenquin, escorté par Firmin Jessop, Albert Fouit, Georges Décrié, Annie Bour, Elga Wink et Gabriele Polder.

     Angèle Hune, direction Falkenberg, avec pour t'escorter Hubert et  Norbert de Reup, Georges Touret, Aline Hose, Béatrix Land et Joséphine Maud.  

     Anne Bonte, destination  Téterchen, escortée par Amédée Pauliat, Alfred et Albert Thune, Josette et Josiane Paulus, Sophie et Paulette Orlan.

     Gertrude Hoff, vol jusqu’à Lingen, avec Johan Sorbe, Adolf Schmit, Hantz Triel, Anna Prest, Louise de Park et Adèle de Visse.

     Berthe Hoff, pour toi, ce sera Gmunden, en compagnie de Roméo Opér, de Hugo et Roméo Spohr, de Michèle Past, de Myriam Erika, de Claude et Claudette Rouste.

     Claudine Schmidt, tu iras à Vic, avec Alex Miel, Francis Tell, Éric Burn, Albertine Orossy, Léa Nonet et Bernadette Subir.

     Edeltraud Bour, tu iras à Maranges, escortée par Paul Deir, Georges Dufour, José Flaine, Martine Martin, Paulette Paupe et Marie Gaulle.

     Voilà, Vos Excellences. Mais passez d'abord prendre les potions chez Chantal. Et aussi de l’or,  pour payer vos repas, et pour aider les gens en cas de besoin. N’oubliez pas, votre mission est d’initier les gens, qu'ils soient soldats ou pas. Et si vous rencontrez des troupes suspectes, envoyez ici un messager.  N’intervenez que si des gens sont en danger !  Bon vol à toutes et à tous ! »

 

La formation des patrouilles

 

      « Bon ! Maintenant, au tour des patrouilles.  Vaillants soldats de l’Austrasie, nous allons continuer à patrouiller !

     Joseph Ikast, tu iras patrouiller du côté d’Andesina et de Divio, au Sud-est. Ta patrouille sera formée de Jean Dart, Youp Zimme, Bert Karr, Isabelle de Neck, Brigitte Surcot, Gabriele de Mess, Pauline et Paulette Rung, Annie et Lassie Corda.

     Audebert d’Auster, tu mèneras la patrouille qui va visiter Saraburgo et les monts Vosgiens. Vous aurez à patrouiller longtemps. Prévoyez un bivouac si vous ne trouvez pas d'hébergement chez l’habitant. Vous serez seize : Brice de Niss, Pierrette de Coubes, Michel Risle, Théodore Gouvy, Armand Fritsch, Émilie Jovi, Marie Suiré, Pénélope Brousse, Josette le Coup,  Rosie et Marie Jane, Hermine Serf, Angèle Fringe, Chantal Elouis, et Mia Rossi.

    La patrouille pour le Nord-Ouest, vers Caturiges et Vereduno, partira également pour deux jours. Elle sera commandée par Berthe Urbain et Aline Espèrès, avec Aloïs Barn, Frederic Masson, Juliette Opér, Monique Trulli, Mariette Saujon, Alain et Alexandre Vikos, Amandine Scheer, Anne Kroux et Annie Bour. Vous prévoirez vous aussi de quoi passer la nuit.

     Un groupe partira vers Burtoncourt recruter des gardes pour le monastère. Benoît Suif, Éric Dombes et Hantz Trancène. Vous serez dirigés par Alix Holz, Capitaine de l’Empire, et par les frères d’Ortega. Vous resterez le temps qu’il faudra. Vous aurez quatre nouveaux gardes à former. Vous ne reviendrez qu'une fois sûrs de leur efficacité pour garder le monastère. Vous ramènerez nos gardes à nous. Vous disposerez de blancs-seings pour voir les bourgmestres du coin. Cela va vous prendre jusqu’à dix jours.  Allez-y à cheval !

     Enfin, une patrouille de vingt soldats s'en ira vers Oche. Chantal Légauries dirigera Ulla Mour, Carmen Ladanz, Joëlle Mépied, Ange Ahr, Hélène Port, Arielle Dombes, Paul Hose, Norbert Hill, Jorg Anis, Michel Effane, Pierre Kirov, Frantz Hers, Joël de Mess, Joseph Karan, Mikael Franc, Eugène Passe, Jean Chris, Paul Pista, Pierrot et Paulo Gaulot. Cette région est particulièrement trouble. Soyez vigilants !

     Comme les Ambassadrices, chaque patrouille est munie de sacs d’or, pour négocier au mieux les repas, et pour aider au besoin la population. Soldats de la patrouille régionale, allez-y ! »

    Et sur ces derniers mots de Jacou, plus d’une centaine de femmes et d’hommes s’envolent  dans toutes les directions. L’opération est bien lancée !

 

Encore d'autres missions

     

      Au portail Est, une troupe à cheval se présente.

     « Qui êtes-vous ? demande Alexa Dumas, qui est de garde avec Benoît Spohr.

     - Nous sommes les renforts de Pont-de-Sarre, pour la brigade régionale. »

     Benoît demande mentalement à Dillon ce qu’il doit faire.

      Dillon lui répond de les envoyer aux Thermes, où il les attendra.

     Et la troupe entre dans le village et arrive aux Thermes.

 

     « Bienvenue, les soldats de Pont-de-Sarre !

     - Merci Dillon ! Tu connais tout le monde, je crois. Moi, je suis Pierre Martin, le capitaine de la troupe Et voici Paul et Adolf Martin, Alex, Albert, Alain et Alix Jamot, Adolf Rimmel, Paulus Kern, Gorg Pietra et Boris Elsie. Quant à ceux de Deux-Ponts, ils ne viendront pas, il y a eu un problème au bagne ! 

     - Je sais, nos gardes y étaient ! Oui, je vous connais tous. Et vous êtes tous initiés, je crois. 

     - C’est exact...  Il le fallait bien, face à la menace des Germains ! 

     - Et pas de problème, sur la route pour venir ? 

     - Non, pas encore, mais cela peut arriver ! 

     - Justement... Puisque vous êtes opérationnels, tous les onze, vous allez patrouiller du côté de Pont-de-Sarre et de Deux-Ponts. Je vous donne deux des Capitaines, Joseph et Xavier, pour vous accompagner. Voici de l’or pour manger, et pour aider si besoin. Notamment une bourse d’or spéciale, pour les veuves des gardes tués au bagne de Deux-Ponts. »

 

    Voici les Capitaines Armand Capes, Gabin Fleich, Achille Gouvy, Xavier Stamm, Joseph Brett, Hugues Schaff et le Borgne Bauer. Le Borgne explique que son frère François ne viendra pas. Il est malade, et le médecin lui a interdit de se lever !

     « C’est grave ? demandent les autres.

     - Oh, dit-il en riant, abus d’excès et excès d’abus !  »

     Et tous comprennent et rient.

      « Vous deux, Armand et Gabin, vous escorterez Gaël à Mettis, il va faire des achats. Allez le voir à l’auberge.  Quant à toi Achille, tu pars en mission de salubrité publique !

     Tu vas escorter les marchands de vin, les frères Horn et leurs deux assistantes œnologues. Ils partent faire le plein de vin à Divio. Tu auras avec toi Klaus et Kristof Rund, Christiane et Marianne Flush. Tu prendras un grand chariot de quatre chevaux chez Émile. Emportez des vivres pour la route, et de l’or pour acheter le vin. Quelques muids, autant que pourra en contenir le chariot. Tant qu'à faire, prenez le plus grand ! Les frères Horn vous attendent à l’auberge. Tu emporteras  aussi la potion de Chantal.  Si tu pouvais initier en plus quelques gardes de Divio, nous pourrions être plus rapidement prévenus, au cas où ! »

     Et toutes et tous, ainsi missionnés, s’en vont vers leur but. Achille avec son escorte part avec les marchands vers Divio, Armand et Gabin rejoignent Gaël et partent en chariot pour Mettis, et la nouvelle patrouille s’envole vers Deux-Ponts.

Soudain, le village semble bien vide…

Préparons l'avenir

 

      À l’école, les dernières arrivantes, les trois filles Halot, Giselle et Isabelle, quinze ans, et Anaëlle, quatorze ans, se sont intégrées dans la classe des grands, dirigée par Jeanne Muller.

     Exceptionnellement, bien que l’on soit samedi jour de repos, Jeanne a fait venir ses élèves.

      « Je vous ai tous réunis aujourd’hui pour discuter de quelque chose d'important : de votre avenir et de la voie que vous comptez choisir. Autrement dit, vers quel métier aimeriez-vous vous diriger ?

      - Nous, disent les jumeaux Jules et Julie Stock, nous avons choisi le travail du bois ! Nous aimons cela, et nous sommes déjà en apprentissage chez Mikael Thiel, le menuisier. Et en plus, Marianne et Mariette Wald nous apprennent aussi la sculpture sur bois ! 

      - C’est très bien, dit Jeanne. Mikael m’a déjà dit que vous étiez de bons éléments, et que vous deviendriez de bons menuisiers !

      - Pour nous, ce sera la médecine, assurent les jumelles Christine et Christel Martinet. Nous apprenons beaucoup avec Marie, Chantal, et aussi avec Jacou  ! 

     - Continuez dans cette voie, les filles. Vous êtes douées, m’a dit Jacou.

     - Moi, dit Piotr Hahn, ce sont les couteaux qui m'intéressent, et je veux devenir rémouleur ! Denis Pépin me donne des cours dès que je suis disponible. Et il m’apprend à me servir de ses outils. Il m'a même dit que ses outils, il m’en ferait cadeau ! 

     - Oui, j'en ai parlé avec Denis. Il est heureux de transmettre son savoir, et il te trouve très studieux. Bravo, continue ! 

      - Moi, dit Paulette Hoff, j’aime bien la cuisine... J’aimerais bien apprendre à cuisiner comme les chefs ! 

      - Alors, je vais te faire intégrer dans la cuisine de l’auberge. Esther va tout t’apprendre sur la façon de préparer les repas ! Et tu iras aussi voir les cuisines des Thermes, où vous mangez tous les midis.

      - Moi, dit Annie Hoff, je ne sais pas encore trop. Mais en tout cas, j'aimerais apprendre à me défendre, et à défendre les autres ! 

      - Nous aussi ! On veut devenir gardes ! ajoutent en chœur Joëlle, Josette et Josiane Bonté. 

     - Alors, je vais demander à Dillon de vous préparer des cours ! Je pense que vous avez les capacités nécessaires...

       - Nous deux, disent Claudette et Claudia Schmit, on voudrait apprendre les massages ! 

     - Je vais donc demander aux sœurs Kami de vous prendre avec elles pendant les séances.  Et vous, les trois sœurs Halot, avez-vous déjà pensé à un métier que vous aimeriez faire ?

     - On aimerait bien s’occuper des gens, comme par exemple aux Thermes. Agents de service, ils appellent ça ! 

     - Toutes les trois ? 

     - Oh oui madame, on aimerait bien ! 

     - Soit, je vais donc vous faire intégrer dans l’équipe des agents de service des Thermes ! Mais il va falloir aménager votre emploi du temps à tous. Voilà ce que je propose. Le lundi, le mercredi et le vendredi, toute la journée, vous irez apprendre chez vos maîtres. Et le mardi et le jeudi, vous viendrez en classe. Mais vous continuerez quand même à manger tous les midis au restaurant des Thermes. Aujourd’hui, nous y mangerons ensemble, et après le repas, je vous libère ! »

Chapitre IV    Durandalem : Un nouvel élan

 

- Les derniers projets de Jacou

- Les débats

- Le retour de la patrouille du Blauersland

- Le retour des ambassadrices

- L’attaque du chariot de Gaël

- L’arrivée des Vikings

- Le retour de la patrouille d’Oche

- Les gardes de Burtoncourt

- Dimanche 18 mai

- L’entraînement des archers

- L’ennemi au-delà des monts Vosgiens

- Les Vikings sur le Grand Fleuve

- Le pont sur la Meuse

- Une nuit dans les monts Vosgiens

- Le bois de Walsch

- Les pierres du Blauersland

- Le rapport de la bataille de Walsch

- Les voyageurs de Divio

- Retour à Durandalem

- La patrouille régionale : la liste

- Préparatifs

- Les Germains à Pont-de-Sarre

- Les patrouilles de retour à Durandalem

- La bataille de Fourvière

- Mercredi 21 mai

- A Durandalem…

- La patrouille régionale

- La campagne électorale : Axell Wilkinson

- Jeudi 22 mai

- La campagne électorale : Emanuel Frisch

- Vendredi 23 mai

- Les initiés de Strateburgo

- La campagne électorale : Jean Martin

- La pénurie d’eau

- Le mariage de Jeannette Deir et Emanuel Frisch

- L’élection du bourgmestre

- Haggard Snörk le Viking

- Le retour des patrouilles

- La chariote à climat régulé

- Les Belges

- Jeudi 28 mai

- Vendredi 29 mai

- Lundi1er juin

- Le Jugement

- Les nouveaux appartements

- Les derniers embauchés initiés

- Les nouveaux bâtiments

- L’attribution des logements

- Nous sommes en l’an 805

 

Les derniers projets de Jacou

 

     Aujourd'hui, Jacou a réuni le Conseil du village au restaurant des Thermes.

     Sont présents :

     Jérémoy Mayer, Mikael Thiel, Child Germain, P’tit Louis et Isabeau Muller, Roger Koch, Émile Pferd, Hantz Burg, Fernand Bauer, Édouard Basin, Charles Higgins, Pierrot et Claude Stein, Apollinaire de Valz, Fabien Hune, Georges Hair, Claude Kaas, Denis Pépin, Raoul et Emanuel Frisch, Georges Wilkinson, Anatole, Marie et Chantal Brett, Florent Molle, Nissa Levy, Adrien Molle, Basile et Guillaume Bardot, Alphonse Holz, Michel Bern, Gabriel Holz, Axell Wilkinson,  Dillon d’Ortega. Et bien évidemment moi-même, Robert Schmit !

      « Merci de vous être libérés de vos occupations. Je vous ai convoqués aujourd’hui pour parler de plusieurs choses. Je vous les énumère, et ensuite nous en discuterons.

     Voici donc l’ordre du jour :

     1- La population.

     2 - La retraite.

     3- Les logements.

     4- La Maison des Aînés.

     5- L’élection d’un bourgmestre et de son adjoint.

     Je disais donc...

      La population. 

      Nous vieillissons toutes et tous, et pour certains, vu leur âge, les tâches sont de plus en plus difficiles à exécuter.  Nous sommes près de quarante - trente-neuf pour être exact - à avoir dépassé soixante ans. Nos jeunes du village ne sont pas assez nombreux pour prendre la relève. Nous devons donc embaucher des personnes extérieures, j'ai fait la liste détaillée.

     Nous avons besoin de deux cantonniers, d’un barbier, d’un apothicaire, de trois concierges, de cinq cuisiniers et cuisinières, de cinq gardes, de quatre agents d’entretien, d’un masseur ou d’une masseuse, et d’un ou une herboriste. Pour les Thermes, il nous faut un responsable d’étage, deux agents de sécurité, trois buandières, trois agents d’entretien, deux agents des boissons, un concierge et deux techniciens des chaudières. Soit au total trente-six nouvelles embauches.

     Passons à la question de l’âge de la retraite et de la pension.

     Plus l'on avance en âge, plus l'on aspire à une vie de repos, à une vie plus calme, plus sereine. Je pense que soixante ans serait un bon âge pour la retraite. Nos corps fatigués ne sont pas encore grabataires, et  nous pouvons espérer jouir de la vie encore un moment, avec une pension décente..

     Les logements, à présent.

 Pour les futurs nouveaux embauchés, il va bien falloir trouver des logements. Je propose de construire un bâtiment comme celui de la Résidence, en face des Thermes, dans le pré. Il comprendra quarante logements.  Il y faudra un concierge, deux cuisiniers, deux commis, deux agents de services, deux agents d’entretien, deux techniciens, et deux vigiles. Soit treize embauches.

     La Maison des Aînés... J'explique ce dont il s'agit.

    Nous risquons tous, avec l'âge, de devenir de plus en plus grabataires. À terme, nous ne pourrons plus conserver notre autonomie ! Je propose donc de construire, à côté de la nouvelle Résidence, une Maison des Aînés, avec cinquante appartements, du personnel qui s’occupera de nous, tant pour la vie de tous les jours que pour nos problèmes de santé,  pour nous soigner au mieux. Tous ces aînés qui ont consacré leurs plus belles années au service du village méritent bien une fin de vie apaisée et sans souci aucun !

     Il faudra aussi embaucher du personnel pour cette maison-là : deux cuisiniers, quatre commis qui feront le portage des repas, deux médecins et deux infirmiers ou infirmières qui géreront la santé des pensionnaires, deux agents de santé, des costauds qui pourront porter les personnes à mobilité réduite, quatre agents de service et quatre agents d’entretien, quatre animateurs, un tenancier des boissons, un concierge, deux techniciens, deux jardiniers et deux vigiles. Soit trente deux autres embauches.

      Ils seront logés dans un nouveau bâtiment contigu à la Maison des Aînés, comprenant lui aussi quarante appartements. Avec là aussi un concierge, deux cuisiniers, deux commis, deux agents de services, deux agents d’entretien, deux techniciens, et deux vigiles. Soit treize embauches de plus.  Nous aurons donc beaucoup de nouvelles embauches à prévoir. Sans compter, le cas échéant, l'accueil de leurs conjoint et de leurs enfants  !

    Enfin, le dernier point : l’élection d’un nouveau bourgmestre et de son adjoint !  En effet, après plus de quarante ans de mandat, j'estime qu'il est temps pour moi de passer la main.  Nous lancerons un appel à candidature, en vue de leur élection. Toute la population à partir de l'âge de seize ans sera tenue de voter.

    Voilà, mesdames et messieurs. Maintenant que je vous ai exposé tous les points, débattons, si vous le voulez bien... »

Les débats

 

       « Alors, le premier point : la population. Qui est contre l’embauche de personnes extérieures ?  Des remarques ou des questions sur ce point ?

      - J’ai déjà pas mal de travail pour fournir la viande au village ! dit Georges Wilkinson. Ce serait bien d’avoir de l’aide. Un ou deux bouchers supplémentaires ne seraient pas de trop...

     - Bien noté, Georges ! 

     - Nous voulons monter une fabrique de flèches de qualité, dit Jérémoy. Pour cela, nous aurons besoin de deux ou trois forgerons, et d’autant d’ébénistes. 

     - Bonne idée, Jérémoy.  Avec toutes ces patrouilles, nous manquerons vite de flèches ! 

 

      Voilà donc la liste des embauches :

     Deux cantonniers, un barbier, un apothicaire, trois concierges, cinq cuisiniers et cuisinières, cinq gardes, quatre agents d’entretien, un masseur ou une masseuse, un ou une herboriste, un ou deux bouchers, deux forgerons et deux ébénistes.

     Pour les Thermes, un responsable d’étage, deux agents de sécurité, trois buandières, trois agents d’entretien, deux agents des boissons, un concierge et deux techniciens des chaudières.

 

     Y a-t-il d’autres questions, d'autres remarques ?  Personne ?  Je considère donc comme acquis ce principe de nouvelles embauches pour le village et pour les Thermes. Le recrutement se fera dans la cellule libre des Thermes. J'y recevrai les candidats, assisté de ceux d'entre vous qui seront volontaires.

 

      Le deuxième point : l’âge de la retraite et la pension. Le conseil va voter pour l’âge de la retraite à soixante ans ! Qui est contre ?... Personne !   Qui s’abstient ?...  Personne non plus ! C'est donc décidé à l’unanimité : l’âge de la retraite à Durandalem est donc dorénavant fixé à soixante ans.

     Une pension à vie sera versée à toutes et tous les retraités, à hauteur de deux livres-or par mois. Pour les couples, le ou la survivante touchera la moitié de la retraite de son ou sa conjointe. Des questions à ce sujet ?

     - Ce sera rétroactif ? demande notre doyen Child. Auquel cas,  rien que pour ma pomme, cela ferait quand même pas moins de quatre cents livres-or  !

     - Qu'en dit le banquier ? Emanuel  ?

     - Oh, Durandalem est très riche...  Même si nous avions cent Child,  nous n'arriverions pas  à la banqueroute ! Je serais donc enclin à verser rétroactivement la pension à partir de soixante ans !

     - Merci Emanuel. Le Conseil va donc voter pour la pension de deux livres-or par mois à partir de soixante ans, avec effet rétroactif. Qui est contre ?... Encore personne ! Qui s’abstient ?... Toujours personne ! Mesure adoptée à l’unanimité ! »

     « Passons à présent au troisième point, les logements. Des remarques ? Des questions ?

     - Qui va les construire, ces logements ? demande Pierrot Stein.

     - Mais toi, bien sûr, Pierrot ! »

     Et toute l’assistance s’esclaffe !

     « Plus sérieusement... Les maçons de Manderen se feront un plaisir de venir passer quelque temps chez nous ! Et nous ferons venir les pierres du Blauersland, les bois d’Oche, et les vitres de Meisenthal. Tous ces artisans sont maintenant rodés pour cela. De toute façon, il faut bien loger les nouveaux embauchés et leurs familles. Personne n’a d'autre question, d'autre remarque ? Bon, alors c’est dit, nous lançons l’opération, et donc le recrutement.

     Le quatrième point : la Maison des Aînés. Ce sera un complexe, avec plusieurs bâtiments. Des questions ?

     - Il y aura une cantine ? demande Alphonse Holz.

     - Il y aura une cantine pour le personnel, mais pas pour les aînés. Les aînés seront servis dans leurs appartements par les commis, qui les assisteront pour manger, le cas échéant.

     - Mais, objecte Denis Pépin, ça ne serait pas plus simple de nous réunir tous à la cantine ?

     - Pour ça, il faudrait imposer des horaires stricts pour tout le monde. Et nous les vieux, nous aimons disposer de notre temps à notre guise. Mieux vaut que chacun puisse choisir le moment de portage des repas à domicile. Mais si le cœur nous en dit, si l'envie nous en prend, rien ne nous empêchera d’aller manger à la cantine de temps en temps... en prévenant le personnel à l'avance, bien sûr.

     - Tu y viendras, toi, Jacou ? demandé-je.

     - Mais oui, Robert ! Et toi aussi si tu veux... On pourra refaire le monde au coin des boissons ! »

     Et encore une fois, toute l’assistance rigole.

     « Il y aura quand même une salle où nous pourrons nous réunir pour assister à des divertissements, à des spectacles ?

     - Mais oui, Apo, c'est prévu.  Une grande salle au milieu du complexe, qui fera office de salle des fêtes. Toute la population du village pourra venir ! Bien... Plus de questions ? Alors, nous lançons aussi ces travaux-là ! Et aussi le recrutement nécessaire.

     Deux cuisiniers, quatre commis pour le portage des repas, deux médecins et deux infirmiers ou infirmières qui géreront la santé des pensionnaires, deux agents de santé bien costauds qui pourront porter les personnes à mobilité réduite, quatre agents de service et quatre agents d’entretien, quatre animateurs, un tenancier des boissons, un concierge, deux techniciens, deux jardiniers et deux vigiles. Et pour les logements contigus : un concierge, deux cuisiniers, deux commis, deux agents de services, deux agents d’entretien, deux techniciens, et deux vigiles.

     L’architecte de Manderen, Isabelle Bour, a montré sa compétence. Elle a construit voici peu tous les bâtiments de Pont-de-Sarre. Elle saura faire de notre Maison des Aînés un vrai paradis ! »

      Et maintenant , cinquième et dernier point : l’élection du nouveau bourgmestre. Qui a des questions ?

     « Tout le monde pourra se présenter ? demande Axell Wilkinson. Cela m’intéresse ! 

     -  Oui Axell ! il y aura une liste sur laquelle toutes et tous pourront s’inscrire pour se soumettre au suffrage de la population.

     - Quand veux-tu que ces élections aient lieu ? demande Emanuel Frisch. Moi aussi j’ai  un projet pour les jours prochains ! 

     - Oui, oui, je connais ton projet. Mais si tu veux bien, terminons-en d'abord avec ces élections. Puisque personne n'a d'autre question, je déclare qu'elles auront lieu le dimanche 25 mai, et que les candidatures peuvent être déposées dès aujourd’hui, au bureau de recrutement, qui ouvrira ses portes cet après-midi.

Voilà, ordre du jour terminé. Maintenant, Emanuel, tu peux nous exposer ton projet à toi !

- Eh bien, j'ai le plaisir de vous annoncer que Jeannette et moi, nous allons nous marier. Et nous avons pensé que samedi prochain, ce serait une bonne date. Du coup, ça tomberait la veille des élections, et ce serait Jacou qui nous marierait ! Es-tu d’accord, Jacou ? 

     - Mais bien sûr ! Et comment vois-tu l’organisation ?

     - Le matin, nous nous marierons devant Dieu en l’église de Durandalem. La messe est prévue à 10 heures. L’abbé Higgins nous unira. Puis nous invitons toute la population du village à trinquer à notre union. Ce sera à l’auberge à la sortie de la messe.

     Ensuite, à midi, au restaurant des Thermes, Jacou nous déclarera officiellement mariés. Nous mangerons ensuite en comité restreint, avec la famille et quelques notables. Nous ne pouvons hélas inviter tout le village...

     - Parfait ! dit Jacou. Toi, Gabriel, tu vas annoncer officiellement le mariage de Jeannette et d'Emanuel. Toi, Roger, Emanuel te donnera une liste de personnes à inviter. N’est-ce pas, Emanuel ?

     - Tout à fait ! Merci pour cette aide ! Roger, tu peux venir cet après-midi à la banque, je te donnerai la liste. 

      - Tu peux compter sur moi !

      - Bien, nous en avons fini... Joëlle et Joseph vont nous servir un verre.  Nous trinquerons aux futures réalisations à Durandalem, aux futures embauches, et bien sûr aux futurs mariés ! »

Puis tout le monde retourne à ses occupations.

Jacou entreprend de rédiger la liste détaillée des prochaines embauches à pourvoir. Soit une longue liste de cent quatre postes ! Et il termine par ces précisions :

" Ces postes sont à pourvoir dès le mois de juin de l’an 801.

     Le recrutement commencera à Durandalem le lundi 26 mai au bureau des Thermes. Postulantes et postulants devront être âgés de seize à cinquante ans. Une fois embauchés, ils bénéficieront du statut de citoyens de Durandalem, avec tous les avantages sociaux de salaire, de retraite, d’éducation des enfants, et de soins médicaux que cela comporte.

    Ils seront logés, avec leur famille, conjoint et enfants, dans des appartements dotés de tout le confort."

        Puis il va voir Jeanne, l’éducatrice, pour faire recopier la liste en de nombreux exemplaires.  Jeanne lui assure que dès lundi, les classes des grands et des moyens vont s'y mettre !

Le retour de la patrouille du Blauersland

 

       Il est bientôt midi. Soudain, au portail Est, Albert Fart et Guenièvre Spohr voient arriver dans les airs une nuée de personnes toutes nues !

       N'en reconnaissant aucune, Guenièvre donne l’alerte à Dillon, qui se rend aussitôt sur place avec sa patrouille de veille.

        « Qui êtes-vous ? demande Guenièvre, l’arc bandé et deux flèches engagées.

       - Ne tirez pas... Nous sommes la patrouille de retour de Strateburgo. Moi, je suis Sylvestre Stalon, le chef de patrouille ! 

     Dillon reconnaît Sylvestre, et Guenièvre baisse son arc.

     «  Entrez et atterrissez, pas la peine que j'ouvre ! dit-elle avec un clin d'œil.

     - Bienvenue Sylvestre ! le salue Dillon. je vois que tu reviens en agréable compagnie ! »

     En effet, Sylvestre est le seul homme de la bande...

   «  Eh oui, répondit-il. À la demande de Jacou, les filles du Blauersland nous accompagnent !

     - Bienvenue les filles, ça fait plaisir de vous revoir ! .

     - Merci Dillon, dit Pierrette Cohen. Nous aussi, nous sommes contentes d’être ici ! Tu nous connais  déjà toutes, je crois : Annette, Annie, Anne-Marie et Fleur Cohen, Pauline et Paulette Jost, Anne Blum, Valentine et Isabelle Stand...

     Oui, nous sommes heureuses d’être enfin arrivées à bon port. Nous avons rencontré en route toute une bande de Germains. Ils étaient nombreux, une trentaine à cheval, et c'étaient tous des archers. Mais eux, dit-elle en rigolant, ils ne savaient pas voler !

  - Mais qu’est devenue ta patrouille, Sylvestre ? demande Dillon.

     - Nous avons laissé Josie et Annie Trick, Trudy Vikos, Lucie Kam, Elga Wink, Gabriele Polder et Edmond Danton au Blauersland.  Et Éric Lerouge, François Kassem et Nicolas Derieux ramènent les trente chevaux, dit Sylvestre. La bataille fut risquée, nous aurions pu avoir des blessés. Ces archers savaient viser !  Mais tombant d’en haut, nos flèches les ont liquidés,  tandis que les leurs ne pouvaient monter à notre hauteur. Et les filles du Blauersland sont de redoutables archères !

  - Venez, vous avez bien mérité de vous délasser aux Thermes, Jacou vous y attend. 

     Devant la porte des Thermes, Jacou est là, avec les vigiles Michel Hoste et Amandine Bardot.

     - Bienvenue, les patrouilleuses... Rejoignez-moi au restaurant, vous me raconterez ! »

     Et peu de temps plus tard, après une douche bienfaitrice, les filles racontent.  La bataille avec les Germains sur la route, les échauffourées avec les bandits autour de Strateburgo, et les patrouilles incessantes au-delà du Grand Fleuve Rhin...

     « Plusieurs fois, il nous a fallu intervenir pour supprimer des hordes de Germains se regroupant sur l’autre rive du fleuve ! Nous tenons les ponts, et nul ne peut traverser en armes. En un mois, nous avons supprimé plus de mille bandits. Essentiellement des Germains, mais aussi des bandes d’Asiatiques au teint jaune !

     Et grâce à votre  potion, nous n’arrêtons pas de former des soldats volants, des soldats invincibles... Nous déplorons cependant quelques morts : des gardes de Strateburgo, qui  ont été surpris par des envahisseurs germains experts en camouflage. Mais aucun de ceux-là n’est passé par les ponts près du Blauersland ! Ceux qu’on a rencontrés sur la route venaient du Sud, et ils étaient passés par Mulhausen. 

     - Merci pour ce rapport complet !  Nous avons de notre côté une patrouille commandée par Audebert d’Auster, qui reviendra demain nous dire ce qui se trame dans les montagnes au Sud-est.  Mais il est grandement temps  de se restaurer et se reposer... Passons à table ! 

     Pendant le repas, les sujets de conversations s’enchaînent. 

     - Pourquoi vouliez-vous nous voir ?  demande une des filles.

     - En fait, j'aurais souhaité que l’on échange nos gardes, pour une coopération à l'échelle de la région. J'ai l'intention d'organiser un axe Durandalem-Strateburgo sécurisé, avec des patrouilles en permanence. Chantal a amélioré la formule, et dorénavant, le trajet entre nos deux cités peut être accompli en trois heures ! Mais il n’était question que de quatre gardes, et pas nécessairement des filles...

     - En fait,  dit Pierrette, nous aimerions que vos masseuses nous initient à leur art, afin de pouvoir exercer cet art du côté de chez nous ! C’est pour cette raison que nous avons négocié ce voyage avec Sylvestre. Avons-nous mal fait ? 

     - Que nenni ! Je vais vous confier aux plus expertes de nos masseuses, les sœurs Wald, Marianne et Mariette, et les cousines Josette et Josiane. Je vais aussi demander aux masseuses retraitées de venir vous enseigner ! »

     Et Jacou consulte aussitôt les masseuses par télépathie.

  «  Voilà, elles m'ont toutes répondu. Vous pourrez commencer à recevoir vos leçons dès cet après-midi ! Rendez-vous à côté, à l’ancienne école, elles vous attendent... »

    

 

Le retour des Ambassadrices

 

     Dans l’après-midi, les Ambassadrices sont de retour. Elles font leur rapport à Jacou.

    « Allez-y... Je vous écoute ! 

     - À Falkenberg, dit Angèle Hune, j’ai initié vingt personnes en tout ! Nous n’avons pas eu de problème, si ce n’est notre nudité qui a un peu choqué au début. Mais les filles du « Petit Paradis » ont intercédé en ma faveur...

      - Bien !  Merci à toi et à ton escorte. 

      - À Tenquin, dit Agnès Hune, tout le monde voulait déplacer les pierres comme le font les tailleurs de pierre. J’ai initié dix personnes, des cantonniers, puis une douzaine de gardes et gens d’arme. Pas de problème. 

     - C’est parfait, merci à toutes et à tous.

     - Moi, dit Anne Bonté,  je reviens de Téterchen. Là-bas, gros problème avec la nudité ! Leur curé m’a carrément traitée de fille du Diable, et mes sept escorteuses et escorteurs  de suppôts de Satan !  On n’était pas loin de l’affrontement. Les gardes avaient bandé leurs arcs, et le curé houspillait les gens pour qu’ils nous lynchent ! Heureusement, le bourgmestre Alain Prost est intervenu,  et a prié le curé... d’aller plutôt prier en son église !

     Le bourgmestre a rappelé à la foule comment les soldats nus avaient  sauvé leurs femmes et leurs enfants d’une mort atroce, et comment ils avaient débarrassé la ville du fléau des bandits. Il a décrété que puisque nue j'étais,  nue je resterais, et que quiconque porterait atteinte à ma personne serait sévèrement châtié !  J’ai enfin pu initier pas mal de personnes, dont Alain Prost lui-même... Mais ce fut chaud ! conclut-elle en souriant.

     - Oui,  je vois. La nudité est encore tabou dans beaucoup de régions. Il y a plus de trente ans, notre curé de l’époque,  l’abbé Angst, réagissait comme cela, au début... Et il a fini malgré tout par dire la messe nu devant ses ouailles nues !

     - À Lingen, dit Gertrude Hoff, pas de problème. Les personnes pensaient qu’elles devaient être nues. Alors,  elles se sont toutes déshabillées !  J’ai ainsi initié une douzaine de personnes. Même le vieux bourgmestre, Anselme Ahr a voulu en être... Il fallait le voir ensuite voltiger et tourbillonner dans les airs, tout nu, à la stupéfaction de ses administrés ! 

     - Ha Ha Ha  ! Et ils sont resté nus comme  ça jusqu’à votre départ ?

     - Oui. De toute évidence, ils se sentaient bien ainsi. Ce n'est certes pas nous qui les aurions contredits !

      - Nous revenons de Gmunden, dit Berthe Hoff.  Pas de problème sur place. Une douzaine d’initiés, dont Bertrand Ache le bourgmestre, qui a tenu à ce que son épouse Adélaïde le soit aussi. Et une fois initiés tous deux, ils se sont déshabillés et envolés ! En les voyant s’embrasser et s'enlacer en plein vol, je suis vite montée à leur rencontre pour les mettre en garde.  Trop de déconcentration pouvait les faire tomber ! Ils avaient apparemment projeté une copulation aérienne...

     - Tu as eu raison d'intervenir, répond Jacou en rigolant. S'envoyer en l'air  en plein vol, c’est fortement déconseillé sous peine de chute, comme tu le pressentais ! 

     - Par contre, problème sur le trajet de retour. Nous avons vu des paysans se faire agresser par une bande à cheval, quatre cavaliers qui piétinaient les semences qu’ils venaient de mettre en terre, et qui leur assenaient des coups de fouet ! Mon escorte est aussitôt intervenue, et la bande s'est enfuie, paniquée par cet assaut venu du ciel !

     Je me suis approchée des paysans. Une fois revenus de la stupeur de voir une fille nue volante, ils m’ont dit que ce n’était pas la première fois que ces bandits terrorisaient la région. Ils réclamaient des vivres, et disaient repasser le lendemain pour les récupérer, faute de quoi ils tueraient tout le monde !

     Alors j’ai dit à mes sept escorteuses et escorteurs  de s'élancer à leur poursuite. Les quatre cavaliers fuyards avaient rejoint un groupe plus important, un groupe d'une dizaine d’hommes, dont quelques archers.  En voyant l'escorte, ils n’ont pas hésité à tirer sur eux. Mais la riposte fut cinglante, et quelques instants plus tard, quatorze corps jonchaient le sol.

     Les soldats sont allés voir de plus près. Ils ont achevé les blessés avec les glaives trouvés sur eux. Ils faisaient partie de la même bande qui avait fait prisonnières les sœurs Halot. Les mêmes vareuses, avec l’emblème de la chauve-souris.  Nous avons offert leurs chevaux aux paysans, et nous leur avons donné deux livres-or pour qu’il rachètent des graines et du matériel pour les champs. Nous leur avons dit aussi d’enterrer les cadavres et de brûler leurs effets.

     Par télépathie, j’ai prévenu le bourgmestre de Gmunden, et nous l’avons attendu pour lui expliquer. Il était tout fier d'arriver en volant. Il nous a dit que cela faisait quelque temps que ces bandits sévissaient dans la région, et il nous a remerciés de les en avoir débarrassés !

     - Bravo à vous, mesdames et messieurs. Ces bandits assassins ne méritaient aucune pitié. Vous avez bien fait ! Et toi, chère ambassadrice, tu as bien réagi en leur ordonnant de les arrêter !

      - À Maranges, dit Edeltraud Bour, nous avons été bien accueillies. Mais quelques messieurs  un peu échauffés ont voulu profiter de moi et de mes gardes nues... Mal leur en a pris, les gardes les ont maîtrisés facilement. Même moi, me souvenant des cours de Dillon, j’ai pu venir à bout d'un grand gaillard costaud !

     Nous les avons gardés ligotés jusqu’à l’arrivée du bourgmestre Pierre Dutan, qui attendait notre venue. Il a présenté des excuses pour le comportement indélicat de ses hommes, qui ne pensaient pas que nous viendrions nues et qui se croyaient tout permis. Au final, j'ai initié le bourgmestre, ainsi qu'un groupe de six filles, qui voulaient devenir gardes et apprendre à se défendre contre les gars abusifs. Je leur ai dit que nous leur enverrions un maître pour les instruire. 

     - Et tu as bien fait.  J’enverrai tantôt un ou deux de mes Capitaines pour cela !  Merci à vous, les gardes, d’avoir défendu notre ambassadrice... Bien qu’apparemment elle se soit très bien débrouillée toute seule ! 

       - Nous avons rencontré quelques difficultés à l’entrée de Vic, dit Claudine Schmidt. Six marauds voulaient rançonner les habitants. Ils avaient pris en otage le bourgmestre Georges de Latour, ainsi que des femmes et des enfants. Ils menaçaient d’égorger tout le monde si on ne leur apportait pas l’or qu’ils demandaient ! Alors mes gardes ont mis en joue ces marauds. Ils ont reçu chacun une flèche dans l’œil, ils sont morts sans même nous avoir vus arriver !

     Côté otages,  tout le monde était sain et sauf. Après les congratulations, j’ai pu initier quelques personnes, parmi lesquelles des gardes, des terrassiers et des bûcherons, ainsi que le bourgmestre lui-même. Il avait raison ! S'il avait été initié avant, il aurait pu aisément repousser les marauds, qui n'avaient que des dagues...

      - Bravo pour votre réaction. Vous leur avez montré l'exemple, les Vicois sauront comment faire la prochaine fois !

      Ah oui, conclut Jacou, mesdemoiselles les Ambassadrices, vous avez vraiment bien travaillé ! Reposez-vous un peu, maintenant.  Quant à vous, mesdames et messieurs les gardes des escortes, vous aussi vous avez pleinement accompli votre mission, pas toujours facile, c'est le moins qu'on puisse dire !Vous avez donc amplement mérité vous aussi d'aller prendre du repos, ou d'aller boire un coup aux Thermes ou à l’auberge ! Quartier libre jusqu’au repas du soir aux Thermes à vingt heures. »

L’attaque du chariot de Gaël

 

     Au portail est se présente un lourd chariot bâché. Des flèches sont plantées dans la bâche. Manifestement il a subi une attaque !

     Derrière le chariot, un autre chariot attelé de deux chevaux, vide.  Juste quelques armes, des épées, des arcs.

     Bernard Spohr et Christina Hahn reconnaissent les occupants.  Ce sont Gaël et les Capitaines Armand et Gabin. Ils ouvrent le portail et signalent à Jacou l'arrivée du chariot et l'attaque qu'il a subie.

     Les arrivants pénètrent dans le village, et s’arrêtent à l’auberge.  Child leur demande ce qui s’est passé. Dillon et Jacou arrivent à ce moment.

     « Des bandits nous ont tendu une embuscade, raconte Armand. Nous revenions de Mettis.  À la sortie d’un bois, soudain, une volée de flèches a atteint le chariot.

     Ils voulaient qu’on s’arrête ! Heureusement, ils visaient très mal, et nous-mêmes n’avons pas été touchés ! Nous nous sommes aussitôt envolés tous les trois, et nous les avons vite repérés. Une douzaine, à pied. La moitié avaient des arcs.

     Alors, d’en haut, nous avons tiré, et nous les avons tous liquidés ! Nous nous sommes ensuite approchés. Surprise, les six archers... étaient en fait des archères ! Par bonheur, elles n’avaient pas su tenir compte de la vitesse du chariot.

     Nous les avons dépouillés. Pas grands, le teint mat et basané, y compris les femmes. Un peu comme les soldats en Hispanie, quand on y était avec le roi Charles. Ils venaient donc probablement des régions du Sud. Nous les avons enterrés, puis brûlé leurs habits. En cherchant comment ils étaient arrivés jusque-là, nous avons vite trouvé un chariot attelé caché dans le bois.  Nous l'avons ramené avec nous.

     - Mais rassure-toi, Child, dit Gaël. Nous rapportons également de quoi remplir ta cave. Et j’ai pu faire aussi une bonne provision de flèches !

     - Dorénavant, décide Jacou, tout déplacement à cheval devra être précédé par une reconnaissance aérienne en amont ! 

     - Tu as raison, dit Gabin. Nous aurions dû le faire dès aujourd’hui ! Ils sont probablement passés au Sud de Mettis, à travers la campagne. »

 

L'incursion des Vikings

 

     La patrouille de Pont-de-Sarre est de retour.

Jacou s'étonne de voir trois gardes blessés par des flèches.

     « Que s’est-il donc passé ? demande-t-il à Joseph Brett. Je préviens immédiatement Marie pour qu'elle les prenne en charge !

     - Eh bien voilà...  Nous volions en suivant la Saar. Après Pont-de-Sarre, nous avons remarqué une galère qui remontait la rivière. Comme nous la survolions, une volée de flèches groupées a réussi à nous atteindre ! Nous étions pourtant bien haut... Mais il s’est avéré qu’à bord de la galère, il y avait un engin qui ressemblait à un arc gigantesque, et qui pouvait tirer dix flèches d’un coup avec une force suffisante. Adolf Martin et Albert Jamot ont été touchés au bras, Gorg Pietra à la cuisse. Boris Elsie a juste eu le flanc droit égratigné. Et une flèche s'est fichée dans mon carquois.

      Nous avons alors riposté, et pour les empêcher de recharger leur arc géant, nous avons fait le nettoyage des hommes qui se trouvaient sur le pont. Il y avait aussi des archers qui nous tiraient dessus.  Je suis rentré pour chercher de l’aide, avec les trois blessés, qui heureusement pouvaient encore voler... Pour empêcher le navire de bouger, pour éliminer tous ceux qui s’aventurent sur le pont,  Xavier, Pierre et Paul Martin, Alex, Alain et Alix Jamot, Adolf Rimmel, Paulus Kern et Boris Elsie sont restés sur place.  Nous leur avons laissé nos carquois, mais ils vont vite être à court de flèches ! »

     Prévenu par Jacou,  Dillon accourt avec ses sept patrouilleurs de réserve. Chacun se charge de trois carquois. Et Dillon prend avec lui deux carquois de flèches défonceuses, terminées par une boule avec pointe en croix, capables de trouer la coque d’un navire. Et les voilà partis pour Pont-de-Sarre au secours de leurs camarades.

     Arrivés sur place, ils les rejoignent. Ils se sont réfugiés encore plus haut dans le ciel, hors de portée de l'engin des pirates. Comme prévu, ils sont maintenant à court de munitions. Dillon fait aussitôt la distribution des armes de renfort, et organise le plan d'attaque :

    « Xavier, Pierre, Paul  et Alex, vous attaquez par l’arrière du navire, au ras de l’eau !  Alain, Alix, Adolf, et Paulus, vous restez en haut, au-dessus de Xavier, pour les couvrir. Et vous tirez sur tout ce qui bouge ! Boris, Paul et Georgette , attaque par le flanc bâbord, et pour André, Roland et Hankel,  par le flanc tribord. Quant à Hugues, Le Borgne, Joseph et moi, nous allons percer la quille du navire avec nos flèches à boules. On y va ! »

     Et les dix-sept patrouilleurs envoient leurs flèches. Ils criblent l’arrière de la galère, à travers les vitres de la cambuse. Les tirs latéraux, eux, font un massacre sur les bancs de rameurs. Et  Dillon et les Capitaines s’emploient à trouer la coque en-dessous de la ligne de flottaison.

     Bientôt la galère s’enfonce dans les eaux rougies de la Saar. Les pirates essaient bien de regagner le rivage à la nage , mais ils sont implacablement abattus avant même d'avoir pu mettre pied à terre.

     La galère sombre, et avec elle des dizaines de pirates morts.  Les blessés se noient, ne pouvant nager pour se dégager. Sur la rive, les patrouilleurs veillent en direction du navire, guettant les survivants, et ne leur laissent aucune chance de survie ! Maintenant, seul le mât émerge, avec tout en haut, sans arme, l'homme de vigie  prisonnier de son poste. Dillon alors le cueille comme un gros fruit et le ramène sur la berge. C'est un grand gaillard, de 7 pieds au moins. Un roux hirsute, vêtu de peaux de bêtes  jusqu’aux chausses.  Dillon l'interroge.

     « Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? »

     Le pirate baragouine des mots incompréhensibles.  Mais Joseph croit reconnaître cette langue.

   « J'ai déjà entendu Ingrid Leskigson, la serveuse de l’auberge de Laudrefang,  parler un peu comme ça... C’est sans doute un Viking !

     - Parfait. Nous allons emmener notre homme à Durandalem et l’emprisonner à la Garderie II. Toi, tu vas chercher Ingrid, et tu la conduis là-bas.  Elle sera notre interprète ! »

      À Durandalem, Marie s’occupe des blessés, avec l’aide de Jacou.

     Adolf Martin a l’os du bras droit brisé par la flèche. Albert Jamot a la flèche coincée entre les os de l’avant-bras gauche, qu'elle a transpercé. Gorg Pietra se retrouve avec la flèche plantée dans le col du fémur gauche, qu’elle a fendu.

     Les trois infortunés sont endormis. Il va s'agir de retirer  les flèches, puis de recoudre les chairs déchirées, et pansées avec la cicatrisante.  On posera un emplâtre au haut du bras pour Adolf Martin, et à l’avant-bras pour Albert Jamot. Une écharpe pour  soutenir le membre sera nécessaire, ainsi que quelques temps de repos. Gorg Pietra, quant à lui, devra porter une sorte de cuirasse pour immobiliser sa jambe, et devra rester couché  plusieurs semaines !

    La patrouille est de retour. Hugues et le Borgne sont restés à Pont-de-Sarre, pour repêcher les cadavres des Vikings de la galère avec l’aide des gardes de la ville qu’ils sont allés chercher.  Le bourgmestre Oscar Fontaine a fait venir des terrassiers qui creusent un grand trou. Les corps, une fois dépouillés, y sont jetés au fur et à mesure de leur sortie de l’eau. Ils en dénombrent trente-sept en tout, dont ceux de quatre femmes.

     À Durandalem, Joseph revient de Laudrefang avec Ingrid. La grande rousse plantureuse, malgré ses soixante huit ans, n’a rien perdu de son charme scandinave !

     Tous deux  se rendent dans la Garderie II avec Dillon et Jacou, là où est emprisonné l'homme de vigie de la galère.  Il s'agit maintenant de l'interroger ! Ingrid traduit les questions de Jacou et les réponses du Viking.

     « Qui es-tu ?

     - Je m’appelle Hagard Snörk.

     - D’où venez-vous avec votre bateau ?

     - Du Nordland, une région où la nuit dure trois mois. 

     - Combien de bateaux sont partis de là-bas ?

     - Deux bateaux... Partis en expédition pour ramener des esclaves. 

     -  Et l’autre bateau, où est-il ?

     - Il continue à remonter le Grand Fleuve. Nous autres, nous avons bifurqué avant, au confluent de la Mosel,  puis à celui de cette rivière où nous étions.  »

     Aussitôt, Jacou prévient les filles du Blauersland qu’un danger les menace sur le Rhin.

   « Allez  vite alerter vos troupes à Strateburgo,  dit-il à Pierrette. Un bateau viking arrive par le Grand Fleuve !  Prenez ces flèches à boule pour le couler ! Mais attention, ils ont probablement à bord un arc géant qui tire des volées de flèches bien au-delà de la portée des vôtres...

     Vous direz aussi à Clément de nous envoyer dès que possible dix grand chariots de pierres, avec nos gardes. Je vous envoie sous bonne escorte les masseuses Fleur Martinet, Alice Martinet et son époux David, et Delphine Martinet et son époux René, afin que vous puissiez continuer à bénéficier de leur enseignement. Deux des vôtres restent ici et viendront avec les masseuses.

     - Merci Jacou ! »

     Et après de rapides adieux , les filles s’envolent vers Strateburgo et le Blauersland, en laissant Anne Blum et Valentine Stand pour accompagner les masseuses.

 

     Puis Jacou se rend aux Thermes, où les gardes sont attablés en buvant des canons. Il a convoqué les masseuses et leurs maris. Ils se demandent bien ce que le bourgmestre leur veut ! Après explications,  ils sont d’accord pour faire le voyage. Et même enthousiasmés !

     « Cela faisait longtemps que nous n'étions pas sortis de Durandalem ! se réjouit David Martinet.

    Jacou s’adresse aux gardes :

     - J’ai besoin de six volontaires pour une mission d’accompagnement à Strateburgo, en charrette.

     Hubert et Norbert de Reup, Josette et Josiane Paulus, Sophie et Paulette Orlan se portent volontaires.

    Merci, mesdames et messieurs ! Votre mission est d’escorter ces cinq personnes jusqu’au Blauersland. Vous aurez en renfort deux gardes du Blauersland, Anne Blum et Valentine Stand. Les cinq personnes resteront un temps là-bas. Vous, vous reviendrez en escortant des chariots de pierres, avec vos collègues qui sont déjà là-bas. Deux jours aller et deux jours retour, prenez des vivres et de quoi bivouaquer !

     Nestor Pferd vous amènera la charrette ici, pour y mettre vos vivres,  et pour embarquer nos amis. Vous devrez voler en éclaireurs, devant la charrette, à tour de rôle, pour anticiper de probables embuscades. Comme celle que Gaël et les Capitaines ont subie ce matin... Vous partirez demain à l’aube ! »

    Hugues Schaff et Le Borgne Bauer sont de retour de Pont-de-Sarre.

     - Nous avons prévenu Oscar Fontaine, le bourgmestre. Il gère la suite :  le nettoyage de la rivière et la sortie de l’épave, qui obstrue en partie le lit de la Saar. 

     -  Merci, Capitaines !  »

 

Le retour de la patrouille d’Oche

 

     Chantal Légauries se présente en volant au portail est, en tête de la patrouille.

     « Nous voilà de retour d’Oche ! »

      Les gardes Benoît Spohr et Alexa Dumas saluent les patrouilleurs.

     Ils remarquent un chariot occupé par trois gardes apparemment blessées, et le signalent immédiatement à Jacou et à Marie.

     Derrière suivent quatre chariots vides, attelés chacun à un seul cheval.

   À leur arrivée devant les Thermes, Marie prend en charge les trois blessées, aidée par les vigiles. Jacou demande ce qui s'est passé.

      « Ce matin, peu de temps après le départ, bien avant Oche, nous avons aperçu au Nord un gros nuage de poussière. Nous sommes allés voir.  il s’agissait d’une troupe armée dans des chariots, tous des archers. Cinq chariots tirés chacun par deux chevaux, et une vingtaine d’hommes par chariot.

     Nous n’avions pas même encore eu le temps de voir s’ils étaient amis ou ennemis, qu’une nuée de flèches  a foncé droit sur nous ! J’ai donné l’ordre de monter, mais les gardes qui volaient le plus bas n’en ont pas eu le temps ! Hélène Port, Arielle Dombes et Carmen Ladanz ont été touchées. Hélène à la cuisse, Arielle dans le pied et Carmen dans la fesse.

Sous les tirs ennemis, mais sans être touchés, nous avons réussi à récupérer nos blessées. Nous les avons installées à l’abri sur un arbre, dans le bois.

     Puis, furieux, nous sommes revenus à la charge, et nous avons tiré ! Placés au-dessus du gros de leur troupe, nous les avons décimés, grâce à nos flèches qui descendaient droit sur eux.

     Ils ont bien essayé de s’enfuir à bord de quatre chariots, mais nous avons abattu leurs chevaux. Un cheval par chariot. quatre chevaux ! Dommage, il ne restait plus qu’un attelage intact. Nous avons alors achevé notre charge en leur tirant dessus de toutes parts. Un par un, ils sont tous tombés, jusqu'au dernier.

   Nous sommes descendus voir de plus près, et nous avons constaté que c’étaient des Germains. Cent cinq Germains en tout. La plupart portaient sur l'épaule le tatouage de Khan. Certains blessés avaient des couteaux, et nous les avons achevés avec leurs propres armes.

     Il y avait un grand trou pas loin, un effondrement de terrain.  Après les avoir dépouillés, nous y avons jeté leurs corps,  ainsi que les cadavres des quatre chevaux. Puis, comme d'habitude, nous avons brûlé leurs habits et jeté les cendres dans le trou, avant de le reboucher avec la terre meuble autour de l’éboulement.

     Nous avons récupéré nos flèches, nettoyé les pointes à la flamme,  et rempli à nouveau nos carquois.

     Dans les chariots, il y avait des armes, des coffres remplis de leurs rapines , et quelques vivres. Nous avons alors attelé un cheval à chaque chariot, nous avons ramassé leurs arcs et leurs flèches, et nous avons pris le chemin du retour. 

     - Merci Chantal pour ce rapport ! Ah, en finira-t-on un jour avec ces Germains ? »

     Marie vient donner des nouvelles des blessées.

     « Je les ai endormies pour retirer les flèches. Arielle ne pourra pas marcher pendant un bout de temps. Mais elle guérira...  Carmen a eu de la chance, c’est juste le gras de la fesse qui a été touché. Mais malgré la cicatrisante,  elle devra encore attendre un peu avant de pouvoir s’asseoir ! Hélène a perdu beaucoup de sang, mais cela aurait pu être encore plus grave. Par chance, l’artère de la jambe est simplement entaillée. Si elle avait été sectionnée, elle n’aurait eu qu’une petite heure à vivre ! J’ai pu colmater l’artère et recoudre les chairs, avec un pansement de plantes, sa vie n’est plus en danger. Mais il lui faudra du temps pour reconstituer le sang perdu. En repos absolu, et beaucoup de viande rouge ! 

     - Merci, Marie, heureusement que tu es là... Six blessés, rien qu'aujourd’hui, cela fait beaucoup ! »

Des gardes pour Burtoncourt

 

      La troupe composée d'Alix Holz, de Benoît Suif, d'Éric Dombes, de Hantz Trancène et des frères d’Ortega est arrivée à Burtoncourt dans la matinée, et s'en va rencontrer les moines au monastère. Alix a suggéré d'enfiler une tunique, afin de ne pas effaroucher les moines.

     Les gardes en faction au monastère, Albert Erstein, Apollinaire de Bœuf et Philibert d’Argenteuil, eux,  sont nus ! Et sont content de voir des amis ! À la vue de leur nudité, la troupe enlève ses tuniques....

      « Les moines ne sont pas de la plus agréable compagnie ! dit Philibert. Ils parlent peu, mangent peu, ne boivent pas de vin, et se vouent entièrement à leur culte ! Et la région est bien calme, nous n’avons vu personne depuis que nous sommes là ! Je suppose que vous venez nous relever ? 

     - Oui,  répond Alix.  Nous venons recruter des gardes pour le monastère, parmi la population de la région. Comment se fait-il que vous puissiez être nus ? 

     - Le père abbé a eu une grande discussion avec Pierrette de Coubes... Elle a réussi à le convaincre que la nudité n’est pas péché ! Ils nous autorisent donc à veiller nus.  Par contre, sourit Philibert,  pour les repas, nous devons nous rhabiller ! » 

     Le chef des moines arrive et se présente.

     - Je suis le frère Isaac, Issac Hayes, père abbé de cette confrérie. Merci d’être venus ! »

     Alix se présente à son tour, ainsi que ses compagnons.

  «  Enchanté ! Mais que venez-vous faire ici, nus et si nombreux ? 

     - Nous venons voir le bourgmestre du village afin qu’il nous aide à recruter des gardes pour votre monastère, des gardes de votre région ! Vous le connaissez ? 

     - Oui, c’est maître Cook, Eugène Cook. Un grand roux d’une quarantaine d’années. Vous le trouverez sûrement à l’auberge de son frère. Son bureau de bourgmestre est au-dessus ! 

     - Merci, frère Isaac, nous allons lui rendre visite. Nous laissons ici Benoît Suif, Éric Dombes et Hantz Trancène, pour veiller sur vous ! Les autorisez-vous à rester nus ? 

     - Oui... Ne cachons pas l’image de Dieu, comme me l’a fait si justement remarquer Mademoiselle Pierrette ! 

     - Bien, soyez vigilants ! Des hordes de Germains rôdent, et des bandits à l’emblème de la chauve-souris sévissent dans la région ! Si vous avez des problèmes, appelez-nous, nous ne sommes pas loin, et à portée de pensée ! »  

     Revêtus de tuniques, leur arc en bandoulière, Alix, les frères d’Ortega et les trois gardes se rendent à l’auberge.

 

     « Bienvenue messieurs ! Je suis Amedé Cook, le patron de l’auberge. Que puis-je vous servir qui vous plairait ? 

     - Avez-vous du bon vin ? demande Philibert.

     - Ah ça oui ! Le meilleur ! 

     - Alors, servez nous six canons de cet excellent vin !  Votre frère le bourgmestre est-il ici ?

     - Oui-da, il est en haut, je l’appelle ! 

       Un grand roux descend l'escalier.

      - Eugène Cook, c'est moi ! Vous désiriez me voir ? 

     - Oui, prenez un siège ! Aubergiste, un canon de plus pour notre invité ! Je me présente : Alix Holz, Capitaine de l’Empire Romain d’Occident, et voici les gardes qui m'accompagnent.  Nous venons recruter des gardes pour le monastère... J'ai pensé que vous pourriez nous aider, vous qui connaissez bien les jeunes de la région.

     - On a entendu dire que les moines ont été attaqués par des bandits, et qu'ils ont été sauvés par des filles nues ! Ces filles, vous les connaissez ?

     - Oui, ce sont nos gardes ! Nous avons constitué une brigade régionale pour éradiquer le banditisme sur les chemins d’Austrasie ! Habituellement, nous aussi nous sommes nus. Nous avons revêtu une tunique pour ne point vous choquer...

     - Ah, c'est donc cela ! On m’a relaté que les nouveaux gardes du monastère étaient nus ! 

     - Oui, ce sont nos hommes, en attendant que des gardes d’ici soient formés... Alors, pour leur recrutement, pouvez-vous nous aider ? 

     - Oh, nous avons bien quelques jeunes désœuvrés un peu rebutés par le travail des champs... Mais si la solde est correcte,  ils pourraient sans doute devenir d’excellents gardes ! Et il y a aussi un vétéran de l’armée de l’Empereur qui a été démobilisé, blessé à la jambe.  Il pourrait bien reprendre du service...

     - Magnifique ! Pouvez-vous les faire venir ici ? 

     - Je les fais mander sur l’heure ! Mon commis va partir les chercher. En attendant son retour... Peut-être avez-vous faim ?  

     - Ah, que oui ! clament en chœur les trois ex-gardes des moines. Nous ne sommes pas fervents du jeûne comme les frères là-haut ! 

     - Joséphine ! Prépare une table pour sept...  Menu complet ! 

     - Ça marche,  Eugène !

 Tandis que Joséphine dresse la table, Eugène interroge :

     Alors, expliquez-moi.  C’est quoi au juste, cette brigade régionale ? 

     - Ce sont des gardes de différents villages et bourgs de la région, qui se regroupent pour effectuer des patrouilles dans toute l’Austrasie. Actuellement, des bandes de Germains envahissent la région, pillant et tuant les voyageurs qu’ils rencontrent. Nous les pourchassons, et nous les éliminons ! Nous en avons déjà éliminé plus de mille, mais il en reste encore ! Une autre bande, à l’emblème de la chauve-souris, fait aussi des ravages. Nous la pourchassons aussi. 

     - Mais combien êtes-vous ? Et où êtes-vous basés ? 

     - Nous sommes plus d’une centaine, et nous patrouillons par groupes de dix gardes. Nous sommes basés à Durandalem, un petit village à l’Ouest de Naborum. 

     - Mais l’Austrasie, c’est grand ! Il faut du temps pour la traverser...

     - Nous avons des pouvoirs qui nous donnent une supériorité décisive sur nos ennemis. Nous pouvons traverser l’Austrasie en deux heures ! 

     - En deux heures ? Allons donc,  c’est impossible !  Aucun cheval ne va aussi vite ! 

     - Nous ne nous déplaçons pas à cheval, mais en volant.  Et six fois plus vite qu’un cheval au galop ! 

     - Là, franchement, vous vous moquez de moi ! 

     - Mais non... Jean et Aimé, montrez-lui donc un peu.

     Et les frères d’Ortega se lèvent, sortent de l’auberge sans toucher le sol, puis s’élèvent à grande vitesse vers le ciel, pour revenir tout aussi vite sous le regard effaré d'Eugène.

     - C’est... C'est de la diablerie ! Oui, vous êtes des diables ! 

     - Non, Eugène, rassurez-vous, nous sommes bien des humains ! Ce pouvoir nous vient de la maîtrise d’une plante qui nous permet de faire de la télékinésie...

     - De la télé quoi ? 

     - Télékinésie. Déplacement des objets et des êtres vivants à distance. Vous voyez ce chariot, là-bas, à cent pas ? 

     - Ben oui ! 

     - Alors, regardez ! 

     Et Alix, d’un geste de la main, fait venir le chariot jusque devant l’auberge.

     Nous communiquons aussi entre nous par la pensée, sur de grandes distances.

     - Incroyable ! Vous avez vraiment de grands pouvoirs ! 

     - Oui ! conclut Alix, et aussi une grande faim ! Mangeons, maintenant. »

     Peu de temps plus tard, un grand gaillard roux arrive en boitant.

     « Tu m’as fait mander, Eugène ? 

     - Oui Albert ! Voici Alix Holz, qui a une proposition à te faire ! 

     - Voilà de quoi il s’agit, dit Alix. Veux-tu devenir garde du monastère, avec un bon salaire à la clé ? 

     - Heu, vous avez dû remarquer que je ne suis plus qu’un demi-homme, avec ma patte folle ! 

     - Oh, ce n’est pas un problème...  Nous pouvons te donner le pouvoir de te déplacer malgré ta patte folle ! 

     - C’est vrai ! dit Eugène, je les ai vus ! Ils savent voler ! 

     - Si tu acceptes, nous allons t’initier... Tu es un ancien soldat de l’Empereur, je crois.

     - Oui, j’ai été réformé à cause de ma blessure, après la bataille de Divio, il y a trois ans. Charles n’était que roi à cette époque. 

    - Tu connais donc le maniement des armes, et l’arc n’a plus de secret pour toi !

     - Affirmatif ! 

    - Eh bien, je te propose le poste de chef des gardes du monastère. Tu seras payé par nos soins, par la brigade régionale. Acceptes-tu ?

     - Faut voir... Payé combien ? 

     - Deux livres-or par mois !

     - Deux livres-or ?! Mais c’est une fortune ! Je ne savais pas que les moines étaient si riches ...

     - Il ne le sont pas ! Cet or vient des mines d’or de Durandalem.

     - Durandalem ! Le roi m’a parlé de cet endroit magique, d’où sont issus les meilleurs soldats qu’il ait jamais eus  ! 

     - Oui ! dit Alix en souriant. J’en suis un, Capitaine de l’Empire Romain d’Occident !

     - Ah oui, je me souviens, j’étais encore une jeune recrue. Nous étions en Germanie, et une nuée de diables nus volants ont décimé l’ennemi ! Alors, tu en étais ?

     - Eh oui ! Comment t’appelles-tu, et quel est ton âge ?

     - Albert Gueuse, j’ai quarante ans. 

    - Alors, Albert, tu es nommé chef des gardes du monastère de Burtoncourt.  Nous attendons les autres candidats, ceux qui seront sous tes ordres... D’ailleurs, il me semble que les voilà ! »

     En effet, sept jeunes garçons arrivent à pied.

   « Tu nous as fait mander, Eugène ?  De quoi s’agit-il ? 

     - Messieurs, dit Eugène, cet homme a une proposition à vous faire. Écoutez-le ! 

     - Jeunes gens, dit Alix, je sais que vous n’avez pas de travail. Mais je peux vous en procurer un, très bien payé, et moins fatigant que le travail des champs !

     - De quoi s’agit-il ? demande un des garçons.

     - De devenir gardes du monastère de Burtoncourt.

     - Nous ? Gardes ? Mais nous ne savons pas faire ça ! 

     - Rassurez-vous, vous serez vite formés ! Si vous acceptez, vous aurez chacun un sou par  jour, soit une livre-or et demi par mois.

     - Tant que cela ? Hum, cela doit cacher quelque chose ! dit le garçon méfiant. 

     - Non, non, pas d’entourloupe, je vous assure ! Mais dites-moi vos noms et vos âges.

    - Adam D’Hur, vingt deux ans. 

    - Moi, je suis Arnold Neiger,  vingt deux ans moi aussi. 

    - Moi, Joseph Géhache, vingt ans. 

   - Et moi son frère Jeff Géhache. J’ai dix neuf ans. 

   - Je m’appelle Paul Dor, j’ai vingt ans. 

     - Nous sommes les jumeaux Alain et Aloïs Trépide, vingt-et-un ans. 

      - Bien, messieurs...Si vous acceptez, vous commencez tout de suite, avec chacun une livre-or en prime d’embauche ! Vous êtes fort bien payés, certes. Mais c’est parce que vous acceptez les risques : être attaqués, peut-être blessés ! C’est aussi pour que vous soyez de bons gardes fidèles au poste. C’est primordial ! Mes compagnons ici à cette table sont des gardes comme vous, et ils sont payés comme vous. Alors, acceptez-vous ?

     - Je suis partant, dit Adam. Vous m’avez convaincu ! 

     - Nous aussi,  disent en chœur les jumeaux Alain et Aloïs.

     - J'en suis ! s'exclame Paul.

     - Et moi aussi, je viens !  dit Arnold.

     - Ben alors... Moi aussi ! dit Joseph en souriant.

     - Moi de même !  dit Jeff.

    - Parfait ! Jean, donne de suite une livre-or à chacun de ces jeunes gens. Messieurs les futurs gardes, vous serez sous les ordres d'un chef que vous connaissez sûrement : j'ai nommé Albert Gueuse, ici présent !

     - Pour ça  oui,  qu'on le connaît, disent ensemble les jumeaux. On adore ses histoires de batailles avec le roi ! C’est vrai ça, Albert, tu es notre chef ? 

     - Il faut croire ! dit Albert en souriant. Moi aussi,  j’aime bien les jeunes pleins de fougue comme vous ! Même s'ils sont parfois un peu fainéants...

     - Jean, pense à donner aussi la prime d’embauche à Albert !

    Il est temps de procéder à votre initiation. Vous allez voir, ça va vous plaire. Aimé, fais-leur une petite démonstration ! »

      Aimé se lève, décolle, passe au-dessus du chariot arrêté devant l’auberge, le soulève d’un geste , et va le déposer cent pas plus loin, là où il était. Puis il revient à une vitesse incroyable, en une seconde. Comme de juste, les huit futurs gardes n’en reviennent pas !

    « Voilà, messieurs, l’initiation vous permettra de faire tout cela aussi bien qu' Aimé ! Une potion à boire, une sieste d’une demi-heure, et à votre réveil vous aurez les mêmes pouvoirs. Vous voyez, rien de plus simple... Patron ! Avez-vous des chambres à nous prêter pour une demi-heure ? 

     - Oui-da ! Au premier, à côté du bureau d’Eugène. 

     -  Alors, messieurs, montons ! »

     Et Alix distribue la potion aux huit futurs gardes, qui s’endorment rapidement.

      Pendant que les futurs gardes dorment, Alix descend au rez-de-chaussée.

     « Amedé,  peux-tu préparer trois repas pour les gardes restés au monastère ?

      - Avec plaisir... Pour tout de suite ? 

     - Oui, si possible. Ils seront là dans cinq minutes. Quant à vous trois, Albert, Apollinaire et Philibert, vous partez là-bas relever vos compagnons, afin qu’ils puissent venir manger. Nous viendrons ensuite installer les nouveaux gardes à leurs postes. »

     Et les trois gardes s’envolent, sous les yeux admiratifs d’Eugène et d'Amedé.

    « Amedé, voici une livre-or pour payer les repas, le vin et les chambres !

     - Mais c’est beaucoup trop, Alix !

     - Que nenni... Ce repas était excellent ! Et voici une autre livre-or pour vous, cher bourgmestre, qui nous avez permis de former une garde en un temps si bref !

     - Vous êtes très généreux, Maître Alix !

     - Amedé, pourrez-vous faire des repas tous les jours pour les gardes ? Midi et soir ? En deux services à chaque fois ?  Je crains que les moines soient un peu débordés par le nombre... »

     Voici les trois gardes Benoît Suif, Éric Dombes et Hantz Trancène qui arrivent à tire-d'aile du monastère, arc et carquois en bandoulière, sans même avoir pensé à se rhabiller. En éclatant de rire, Alix leur dit de revêtir leur tunique avant de s'attabler. Ce qu'ils font aussitôt. Amedé les sert, leur apporte un bon vin, et les gardes se régalent.  C'est mieux qu'au monastère !

     «  Alors, Amedé, finalement, pourrez-vous assurer les repas pour les nouveaux gardes ?

     - Oui-da ! Mais les servir tous les jours, ça va coûter des sous ! 

     - Combien ?

     - Par personne, un denier par jour pour les deux repas.  Donc huit deniers par jour !

     - Bien ! je vous donne donc un sou par jour, soit dix deniers, pour les repas. Plus un sou par jour pour les boissons. Plus un sou par jour pour embaucher un deuxième commis, vu la surcharge de travail. Nous disons donc trois sous par jour. Ce qui fait quatre-vingt-dix sous par mois. Si  nous arrondissons à cent sous, cela fera cinq livres-or par mois. Est-ce suffisant ?

     - Oh ! Bien sûr que c’est suffisant.. Largement suffisant ! Je ne sais que dire... Cela va vraiment changer nos vies !

     - Jean ! Aimé ! Combien avons-nous d’or avec nous ? demande Alix en pensée.

     - Il nous reste trente livres-or, lui répond Jean mentalement.

     - Bien ! Alors, Amedé, chuchote Alix , voici trente livres-or, une avance sur paiement pour les six prochains mois ! »

     Amedé est surpris par le poids du sac  ! Alix s'en amuse.

   «  Ben oui, forcément, trente livres-or, ça pèse trente livres !  Bon, ce n'est pas tout ça, mais maintenant, il est temps d’aller récupérer nos nouveaux gardes... »

     Il remonte à l’étage et réveille les huit nouvelles recrues.

     « Veuillez me suivre...  Doucement, il faut un temps d’accoutumance... Descendez sans vous presser, et venez dehors avec nous.

     Une fois dehors, les gardes apprennent à communiquer entre eux, à déplacer des objets à distance, puis à voler dans les airs. Les premiers moments de fébrilité passés, ils maîtrisent assez vite tout cela. Ils s’envolent, puis reviennent se poser devant l’auberge.

     « Bravo, nous allons pouvoir voler tous ensemble jusqu’au monastère ! Ah, encore une chose. Tous les gardes volants sont nus si le temps le permet ! Vous pouvez donc vous déshabiller pour voler. Nul ne pourra vous en faire le reproche ! C’est un édit de Charlemagne, Empereur de l’Empire Romain d’Occident... Amedé ! Peux-tu garder nos chevaux jusqu’à notre retour ?

     - Avec plaisir, Maître Alix ! 

    - Alors, allons-y ! »

     Chaque garde reçoit un arc et un carquois rempli. Ces armes avaient été apportées sur les chevaux.

     Alix et ses compagnons se déshabillent... Les jeunes, d'abord hésitants, finissent par les imiter. Même leur chef Albert, qui ne voulait pas montrer ses cicatrices à la jambe,  se décide. Et comme un seul homme, tous prennent leur vol vers le monastère. 

 

     Quand ils atterrissent dans la cour intérieure, les moines regardent avec stupéfaction ces gardes nus. Le père abbé s’avance, et demande à Alix de quoi il retourne.

     « Frère Isaac, je vous présente les sept gardes du monastère : Adam, Alain, Aloïs, Paul, Arnold, Joseph, Jeff, et leur chef Albert. Jour et nuit, ils veilleront sur vous. Nous prenons en charge leurs salaires et leurs repas, qu’ils prendront à l’auberge, midi et soir. Ils ne seront pas tout le temps tous les huit au monastère, mais il y aura toujours au moins deux gardes en permanence. Ils peuvent communiquer par la pensée, et ils savent voler, comme vous avez pu voir. Vous voilà protégés, vous  n’avez plus à craindre quoi que ce soit. Et si vous sortez, faites-vous accompagner par une escorte de quelques gardes, Albert les désignera ! 

     - Grand merci , Capitaine de l’Empire ! Que Dieu vous protège ! »

     Et les moines tranquillisés retournent à leurs prières.

     S’adressant à Albert, Alix lui explique comment organiser les tours de garde, et les deux services de repas le midi et le soir à l’auberge.

     « Tu prendras aussi en charge la formation de ces jeunes gens, tu seras leur professeur ! 

     - Pas de problème, Alix. je serai digne de l’honneur qui m’est fait. Revivre, avoir une responsabilité ! Je n’y comptais plus ! Grand merci ! 

     - Tu t’arrangeras avec Amedé pour les repas.  Tout est déjà payé ! Quant à vos soldes, un coursier passera bientôt vous les régler. Messieurs les gardes du monastère, je vous souhaite bonne garde ! Si vous avez le moindre problème, Durandalem est à moins d’une heure de vol d’ici, au Nord ! Nous allons vous laisser. Bravo et merci, les gardes ! »

     Et Alix, Aimé et Jean d’Ortega, Benoît Suif, Éric Dombes, Hantz Trancène, Albert Erstein, Apollinaire de Bœuf et Philibert d’Argenteuil s'envolent du monastère, salués par les gardes, enchantés de leur nouvelle vie.

     Ils arrivent à l’auberge nus, et prennent les chevaux. Il n’y en a que six.

     « Partez déjà, je reste avec les frères d’Ortega, et on se revoit à Durandalem ! »

     Et les six gardes partent au galop, nus, sous les regards interloqués des habitants.

     Alix, Jean et Aimé revêtent leur tunique et entrent dans l’auberge.  La population est venue aux nouvelles. « Les voilà ! Ce sont eux ! Amedé et Eugène nous ont expliqué... Bravo, grâce à vous, nos jeunes ont trouvé un emploi ! » 

Et toutes et tous applaudissent.

     Eugène insiste pour qu’ils trinquent ensemble.

     « Allez, à la santé des gardes de l’Empereur !

     - Vive l’Empereur ! clament les clients en levant leurs canons.

     - Et vive Burtoncourt, ses moines et son auberge ! répond Jean d’Ortega.

     - Maintenant, dit Alix, nous allons rentrer, nous avons fini notre mission. Si vous avez un souci, Albert le chef des gardes du monastère sait comment nous joindre rapidement ! »

     Et les trois hommes sortent de l’auberge, enlèvent leurs arcs et leur carquois, enlèvent leurs tuniques, les enroulent autour de leurs carquois. Puis ils remettent leurs carquois et leurs arcs en bandoulière, et décollent sous les regards épatés de tous les clients, sortis pour saluer leur départ. Face à la foule, ils saluent eux aussi et montent comme des flèches vers le ciel, pour disparaître derrière le bois.

     Les commentaires vont bon train.  L’auberge ne désemplit pas jusque tard dans la nuit.  Amedé a même trouvé un deuxième commis :  Norbert, le fils du bûcheron Robert Volt, et il l’embauche dès demain !

 

     Sur la route de Durandalem, Alix et les frères rejoignent les cavaliers, et c’est ensemble qu’ils arrivent au portail Est. Il est plus de 20 heures. Les gardes de nuit Alain Hahn et Natacha Rich sont en place, dans la salle de garde.  Natacha ouvre la fenêtre.

     « Qui va là ? 

     - Le Capitaine Alix, et les gardes de Burtoncourt ! 

     - Entrez, j'ouvre le portail.

     Et ils pénètrent dans le village et arrivent aux Thermes. où Jacou les attend, prévenu par Alain Hahn.

   Jacou est un peu  intrigué de les revoir si tôt.  Leur mission devait durer plusieurs jours !

     -  Déjà là.. Que se passe-t-il donc ? 

     -  Rassure-toi, Jacou, tout va pour le mieux. Je vais te narrer tout cela ! 

     - Oui oui, venez boire un verre et me raconter ! »

     Et Alix explique leur journée dans le détail  :  la chance de trouver tout de suite un ancien soldat du roi et des jeunes volontaires, et la nudité autorisée dans le monastère grâce à Pierrette de Coubes !

     Encore une fois, Jacou  est fort satisfait.

     « Vous avez très bien travaillé ! Bravo !  »

     La nuit est maintenant tombée sur Durandalem, Marie a donné aux blessés hébergés dans l’ancienne école une tisane calmante préparée par Chantal, pour qu’ils passent une nuit paisible. 

Dimanche 18 mai

 

     Les gardes de réserve sont aujourd’hui Christina Hahn, Pierre Martinet, Alexa Dumas, Johan Martinet et Guenièvre Spohr.

 

    Un chariot est en partance pour le Blauersland.

   Vivres, nécessaire de bivouac, armement... Le chargement est terminé.  À bord, Fleur Martinet, veuve de Bruno, Alice Martinet et son époux David, Delphine Martinet et son époux René. Les dames vont enseigner les massages aux filles du Blauersland. Ils sont escortés par Hubert et Norbert de Reup, Josette et Josiane Paulus, Sophie et Paulette Orlan.

      Le chariot démarre.

     Les  gardes actionnent l’ouverture du portail Est, et les saluent au passage.

     « Faites un bon voyage ! » leur lance Jacou. 

     Et les voilà en route vers Strateburgo et le Blauersland.

     Les patrouilles des monts Vosgiens, de Vereduno et de Divio devraient quant à elles rentrer dans la journée.

 

 

L’entraînement des archers

 

     À Durandalem, les soixante-deux gardes de la brigade régionale sont réunis dehors, dans le pré, pour s'entraîner au tir à l’arc. Ce sont Alix, Xavier, Joseph, Armand, Gabin, Hugues, le Borgne et Dillon qui dirigent leur entraînement.

     Sont présents : Firmin Jessop, Albert Fouit, Georges Décrié, Annie Bour, Elga Wink, Gabriele Polder, Georges Touret, Aline Hose, Béatrix Land, Joséphine Maud, Amedé Pauliat, Alfred et Albert Thune, Johan Sorbe, Adolf Schmit, Hantz Triel, Anna Prest, Louise de Park, Adèle de Visse, Roméo Opér, Hugo et Roméo Spohr, Michèle Past, Myriam Erika, Claudette Rouste, Claude Rouste, Alex Miel, Francis Tell, Éric Burn, Albertine Orossy, Léa Nonet, Bernadette Subir, Paul Deir, Georges Dufour, José Flaine, Martine Martin, Paulette Paupe, Marie Gaulle, Jean d’Ortega, Aimé d’Ortega, Benoît Suif, Éric Dombes, Hantz Trancène, Albert Erstein, Apollinaire de Bœuf, Philibert d’Argenteuil, Pierre Martin, Paul Martin, Alex Jamot, Alain Jamot, Alix Jamot, Adolf Rimmel, Paulus Kern, Boris Elsie, Georges de Chaumes, Eudes d’Allier, Joséphine Béquer, Pauline Espèrès, Sylvestre Stalon, Éric Lerouge, François Kassem, Nicolas Derieux.

   « Vous allez vous répartir en six groupes de neuf ou dix personnes, annonce Dillon. Ce trébuchet va lancer des boules de terre. Chaque groupe  va tirer tour à tour pour atteindre les cibles. Mais nous allons d'abord vous montrer ce que vous devriez être capable de faire pour être les meilleurs ! »

     Il fait alors charger huit boules sur le trébuchet. Lui-même et les Capitaines s'alignent.

     Au signal, le trébuchet envoie les huit boules vers le ciel. Les Capitaines bandent leurs arcs,  tirent… Les huit boules explosent en même temps ! Sous les regards admiratifs de tous leurs élèves, qui applaudissent...

     « Bravo les Capitaines, dit Dillon, vous n’avez pas perdu la main ! »

Puis, s'adressant aux gardes :

    «  Sachez que le Capitaine Joseph, ici présent, est devenu champion du monde de tir à l’arc en 768, lors du concours organisé lors de la venue du roi Charles à Durandalem. Il a battu à cette occasion le champion précédent, le célèbre Guntrum Thorga ! Mais passons à l'entraînement....  Commençons avec le premier groupe. D’abord, une seule boule ! »

     La boule monte, les flèches sifflent, mais aucune ne l’atteint !

    « Bien ! le premier groupe, vous allez vous entraîner sur cible fixe d’abord, avec Xavier. Suivez-le jusqu’au pas de tir. Le deuxième groupe, en place ! »

La boule monte, puis explose, atteinte de plusieurs flèches.

   « C’est bien ! Maintenant, avec deux boules ! vous savez communiquer par la pensée, mettez-vous d’accord ! Cinq sur la première, et cinq sur la seconde ! »

     Les boules montent et explosent.

   «  Bravo ! Même opération avec quatre boules ! »

     Les quatre boules montent, et trois explosent.

    « C’est bien !  Au groupe suivant ! »

     Le troisième groupe parvient à faire exploser les quatre boules.  Mais quand on passe à six boules, seules cinq sont touchées.

     Le quatrième groupe échoue sur huit boules. Seules six sont touchées.

     Le cinquième sur quatre boules, avec deux touchées, et le sixième sur deux boules, avec une seule touchée.

     « Ne vous découragez pas ! c’est l’assiduité de l’entraînement qui fera de vous l’élite des archers ! Dites-vous bien qu’il nous a fallu des semaines pour arriver à ce que vous avez vu, et on s’entraînait tous les jours ! Vous avez vu que ce n’est pas facile.,.

     Nous allons maintenant tirer sur des cibles fixes, afin de déterminer le niveau de chacun. Mais il n’est pas question de faire un concours ! Et nul n’a le droit de se moquer, ou de se croire supérieur...Nous mettrons ensemble les gardes de même niveau, afin de progresser plus harmonieusement. Le premier groupe, rejoignez-nous !  Nous commençons par des cibles à quinze pas. La qualification pour viser  plus loin, ce sera la flèche au centre de la cible. Chacun passera à son tour. Allez ! on commence ! »

     Et en éloignant de plus en plus les cibles, Dillon constitue finalement quatre groupes de niveaux différents : le groupe des débutants, le groupe des tireurs moyens, celui des bons et celui des excellents.

     « Bien ! assez d’exercices de ce genre pour ce matin ! Il est onze heures, nous allons maintenant nous exercer… Quelques-uns vont me dire :  comment ça,  nous exercer encore ? mais  à quoi donc ?  Eh bien, au lever du coude, pardi  ! Je vous invite à la terrasse de l’auberge pour y boire un coup... ou deux ! » 

Acclamations unanimes de satisfaction !

     « Ne vous découragez pas ! c’est l’assiduité de l’entraînement qui fera de vous l’élite des archers ! Dites-vous bien qu’il nous a fallu des semaines pour arriver à ce que vous avez vu ! et on s’entraînait tous les jours ! Vous avez vu que ce n’est pas facile !

     Nous allons maintenant tirer sur des cibles fixes, afin de déterminer le niveau de chacun. Il n’est pas question de faire un concours ! Et nul n’a le droit de se moquer, ou de se croire supérieur ! Nous mettrons ensemble celles et ceux qui ont le même niveau, afin de progresser plus harmonieusement. Le premier groupe, rejoignez-nous !

     Nous commençons par des cibles à quinze pas. La qualification sera la flèche au centre de la cible pour aller plus loin.

     Chacun passera à son tour.

     Allez ! on commence ! »

     Et de cibles en cibles, de plus en plus éloignées, Dillon a monté quatre groupes, de niveaux différents, le groupe de niveau débutant, le groupe des tireurs moyens, celui des bons et celui des excellents.

     « Bien ! assez d’exercices pour ce matin ! Il est onze heures, nous allons maintenant nous exercer…quelques-uns disent déjà : « Quoi encore ? » …au levé du coude !

     Je vous invite à la terrasse de l’auberge pour y boire un coup ! ou deux ! » sous les acclamations de satisfaction.

 

L’ennemi au-delà des monts Vosgiens

 

     Au portail est, les gardes Bernard et Stéphane Spohr voient arriver trois gardes volants. Deux hommes et une femme, nus, qui se posent sur le chemin de guet et demandent à parler à Jacou et à Dillon.

     « Qui êtes-vous? questionne Bernard. Nous ne connaissons pas tout le monde ! 

      - Brice de Niss, Pierrette de Coubes et Michel Risle, patrouille des Monts Vosgiens. Nous avons des choses importantes à signaler ! »

     Après concertation, Jacou leur donne rendez-vous à l’auberge, avec Dillon.

     « Alors, quelles nouvelles des montagnes ? demande Jacou. Mais vous n’êtes que trois ? 

     - Oui, répond Brice, nous venons vous prévenir. Au-delà des montagnes, des troupes inquiétantes se rassemblent en nombre ! À seulement deux heures de vol d’ici... Elles viennent de Germanie, d’Helvétie, avec des machines de guerre avec elles, des catapultes capables de détruire des fortifications. Nous avons compté près de cent cavaliers, une vingtaine de chariots, et plus de mille fantassins. Pour l’instant, ils ne bougent pas, ils attendent sûrement encore du monde !

     Audebert d’Auster et le reste de la patrouille les surveillent. Ils s’amassent dans la plaine de Walsch. Notre patrouille est cachée dans la forêt, sur la montagne.

      Leurs patrouilles sont de plus en plus nombreuses. Ils ne nous ont pas encore repérés, mais cela ne saurait tarder ! Comme chaque patrouille qu’ils envoient en éclaireurs n’est jamais revenue, ils se doutent qu'elles sont tombées dans des embuscades. Alors ils nous cherchent ! Mais comme nous ne laissons pas de traces de chevaux ou de roues…

     Nous avons repéré le seul chemin possible pour leurs chariots et leurs machines de guerre à travers la montagne. Nous pourrons facilement les empêcher de passer par là ! Mais d’autres chemins sont praticables pour des cavaliers et des fantassins.  Et à seize, nous ne pourrons jamais les contenir...

     - Merci Brice, dit Dillon, nous allons agir en conséquence ! Le temps de réunir nos troupes, nos armements, et nous arrivons !  Mangez un morceau, et retournez auprès du reste de la patrouille.  Nous partons vers quatorze heures, nous serons sur place vers seize heures. »

     En aparté, Jacou félicite Pierrette de Coubes pour son plaidoyer en faveur de la nudité auprès des moines de Burtoncourt.

    « Mais s’ils veulent traverser la montagne, reprend Dillon, ils partiront plutôt le matin, afin de traverser le jour ! La nuit, c’est trop risqué. Nous pourrions faire des attaques surprises cette nuit.  Ils vont sûrement allumer des feux ! »

     Puis Dillon retourne parmi ses archers du matin, attablés à l’auberge et alentour.

     « Changement de programme ! Vous allez manger en vitesse... Nous partons tous chasser le Germain et l’Helvète ! Deux heures de vol. Enroulez une tunique et une couverture chaude autour de votre carquois, nous allons passer la nuit dans la montagne ! »

     Puis il va voir Gaël.

     « Tu vas sortir tout ton stock de flèches, tout ce que tu as ! Nous emmenons tout ! Il nous faudra un maximum de carquois !»

     Il convoque ensuite Nissa Levy, Jean Martin, et Helga Wilkinson. Gabriel Holz est aussi convoqué.

     « Vous allez mettre à disposition le maximum de gardes que vous pouvez libérer !  Helga, sur les remparts, tu vas poster un garde au lieu de deux ou trois. Nissa tu vas faire de même pour tes gardes de nuit. Jean, tu vas venir avec tous tes gens d’arme valides. Rendez-vous ici à quatorze heures.

     Gabriel, toi, tu vas sonner l’alarme, afin que tous les villageois se tiennent prêts à combattre. Nous partons avec la plupart des gardes, et nous ne serons de retour que demain, au mieux ! »

     À quatorze heures, une foule de gardes en armes se réunit dans le champ, près de la porte est. Il y a là les soixante-deux gardes qui étaient à l’entraînement ce matin, quatorze gardes de jour, huit gardes de nuit, les gens d’armes Jeanne Martinet, Aline Spohr et Jean Martin.  Quelques civils ont voulu  se joindre au groupe :  Gaël et Joël Wasch, les mineurs Phillipe Maigret, Fabrice Spohr, Louis, Georges et Roger Basin. Ils sont équipés d’arcs à double courbure, à portée plus grande, et chacun emporte cinquante flèches. Il y a bien sûr aussi les capitaines Alix, Xavier, Joseph, Armand, Gabin, Hugues, et le Borgne.

     Le Général de l’Empire, Dillon d’Ortega, donne alors l’ordre de partir.

     « Nous voyagerons par groupes de dix, à quelques minutes d’intervalle, mais en restant en vue les uns des autres. Nous volerons assez haut pour ne pas être repérés. Allons-y ! »

     Et les voilà partis, Jacou les regarde s’envoler. Il espère bien sûr une issue positive, et le moins de pertes possible ! Mais il ne se fait pas trop d’illusions. Cent contre mille, même avec leurs pouvoirs, ça n'est pas gagné d'avance... Il va voir Marie, et lui demande de préparer de quoi soigner d'éventuels blessés. Elle s'en ira avec Valérie Burg et Chantal Iser, lors du prochain départ.

      Là-bas, dans les montagnes, Audebert d’Auster et sa patrouille surveillent toujours les mouvements des troupes dans la vallée. Une nouvelle patrouille de vingt cavaliers ennemis vient de partir, par le chemin large.

     Une fois le col étroit franchi, ils sont abattus sans sommations, les chevaux aussi. Aucun n’a pu repartir dans l’autre sens, les arrières étaient couverts par les patrouilleurs. Encore une patrouille ennemie qui ne reviendra pas ! Les cadavres sont dépouillés et jetés dans un ravin, avec leurs montures.

     Soudain, dans le ciel, apparaissent des soldats nus, hommes et femmes. Mentalement, Joseph Ikast envoie un message à Audebert.

     « Nous venons du Sud, il y a des troupes qui arrivent de Divio, ce sont des Germains ! 

     - Bienvenue, Joseph ! Joins-toi à nous, nous surveillons la vallée ! »

     Et Joseph Ikast et sa troupe rejoignent la patrouille d’Audebert d’Auster,

     C'est à ce moment que reviennent Brice de Niss, Pierrette de Coubes et Michel Risle, qui étaient partis chercher de l'aide.

     . « Les renforts arrivent de Durandalem, annonce Pierrette. Ils seront là dans deux heures ! »

Alerte aux Vikings sur le Grand Fleuve

 

     Au Blauersland, les filles sont arrivées hier au soir.

     Ce matin, dès l’aube, une patrouille est organisée pour remonter le Grand Fleuve, et voir si un drakkar viking s’est aventuré par là. Tous les jeunes vont participer à cette chasse au Viking, qu’ils trouvent excitante !

   Jean Blum, Isabelle et Roger Stand, Jacques, Paul et Pierre Pinot,  Paulette et Pauline Jost et les huit Cohen sont prêts, équipés chacun d’un arc et de deux carquois. Ils disposent en outre de vingt-cinq flèches perforantes, pour couler le navire.

   Josie et Annie Trick, Trudy Vikos, Lucie Kam, Elga Wink, Gabriele Polder et Edmond Danton sont bien sûr aussi de la partie.

     Mousse et Piot Stand reviennent de reconnaissance. Ils ont repéré le drakkar. Il a accosté sur la rive droite du fleuve, à deux lieues. Sur le navire, ils ont vu aussi deux grosses armes, une à l'avant et une à l'arrière, qui peuvent tirer simultanément un grand nombre de flèches.

     Ils ont aussi compté les rames : vingt-cinq de chaque côté, soit cinquante rameurs au moins !

     D’un commun accord, c'est le plus vieux et le plus expérimenté, Edmond Danton, ex-soldat du roi, qui  prend le commandement.

     « Bien ! dit Edmond. Nous attaquons directement. Ni négociation, ni prisonniers ! Néanmoins, puisqu’ils ont accosté, il est possible qu’ils aient capturé des esclaves.  Ajustez bien vos tirs pour éviter de les blesser !  Nous commencerons par trouer la coque du navire, à la poupe, à la proue, et sur bâbord, du côté du fleuve. Ensuite, nous éliminerons ces pirates !

     Attention ! Leurs grosses armes à la poupe et à la proue tirent des flèches au-delà de la portée des vôtres ! Évitez donc l’avant et l’arrière du bateau pour rester sur le côté. Ceux qui sont à terre doivent être éliminés en premier ! Des questions ? Non ? Alors, braves soldats du Blauersland...  En avant ! »

     Et les vingt-cinq vaillants gardes s’envolent vers le Nord.  Il est huit heures du matin.

     Volant très haut dans le ciel, ils ne sont pas repérés. Chacun charge sa flèche perforante, puis descend en piqué et tire à bout portant. Les flèches  transpercent la coque à la proue, à la poupe,  et sur les côtés, sous la ligne de flottaison.  Puis les gardes remontent le plus haut possible dans les airs.

     Le drakkar ne met pas longtemps à sombrer et à s'incliner sur le flanc, côté fleuve.

     Les arbalètes géantes du drakkar n’ont pas eu le temps de servir !

     La surprise des Vikings est totale. Ils courent dans tous les sens, tentant d’atteindre les gardes.  Mais ceux-ci restent hors de portée. Tombant en piqué, leurs flèches font un massacre sur la rive du fleuve.

     Quelques marins tentent bien de regagner l’autre rive à la nage, mais ils coulent tous irrémédiablement, leurs poumons transpercés  par les tirs des gardes.

     D’autres s'enfuient en courant vers la plaine et le village voisin, mais devant le village, Edmond a envoyé cinq archers.

     « Faites attention ! leur dit-il mentalement. Il y a peut-être des otages ! ».

     En effet : une dizaine de personnes, les mains liées dans le dos, courent en trébuchant vers le village, talonnés par des géants hirsutes. Des géants bientôt décimés par les archers !

     Bientôt, il ne reste plus qu’un groupe de Vikings, dos à dos, atteints de plusieurs traits, qui tentent désespérément de repousser les flèches avec leurs épées.

     Edmond donne l’ordre de l’assaut final, et vingt-cinq flèches achèvent l'ultime groupe de résistants, qui s’écroule sur la rive.

     Les archers alors atterrissent.  Edmond envoie ses hommes visiter le navire, avec des épées prises aux Vikings pour achever les blessés éventuels.

    Suivi de Paulin Cohen et de Pierre Pinot, Mousse Stand est le premier à bord. Un cri jaillit : « Attention ! ». Il se retourne aussitôt, mais une épée lui transperce l’épaule gauche. C'est un Viking, blessé, qui lui a porté le coup, avant d’être lui-même transpercé par les épées de Paulin et de Pierre. Mousse l'a échappé belle. S'il ne s'était pas retourné, c'est son cœur qui aurait été transpercé !

    Le cri qui l'a alerté venait du fond de cale... On y découvre des prisonniers attachés, leur tête émergeant tout juste de l’eau rougie par le sang.   Les gardes  en sortent vingt. Deux prisonniers ont été blessés par les flèches lors de l’assaut, et deux autres hélas sont morts.

      Mousse est évacué et ramené prestement au Blauersland par Piot Stand et Jean Blum.

    Afin de vider complétement le navire de ses cadavres, quatre des compagnons du Blauersland soulèvent l’épave hors du fleuve grâce à leur pouvoir mental, et le laissent couché sur la rive. De l'eau rougie s'en écoule, attestant du grand nombre de morts à l’intérieur !

     En fouillant le bateau, les compagnons sortent soixante et un cadavres,  dont ceux de six femmes, et les déposent sur la rive.

     Deux ne sont pas des Vikings, mais d'infortunés prisonniers noyés.

    

Les habitants de Felden, le village voisin, viennent sur les lieux de la bataille. Avec moult prudence...  Certes, les Vikings sont vaincus, mais ces diables volants tout nus ne leur disent rien qui vaille !

      Un grand homme brun s’approche d'Edmond.

     « C’est vous le chef ?

     - Oui, je suis Edmond Danton, chef de la patrouille du Blauersland. Et vous, qui êtes-vous ? 

     - Je m’appelle Léon Nyva, bourgmestre de ce village. Au nom de tous les villageois,  Je dois vous remercier d’avoir sauvé nos amis, que les Vikings venaient de faire prisonniers, après avoir tué trois des nôtres.  Nous connaissons certes l’existence du Blauersland et le mode de vie nudiste de ses membres, mais jamais nous n'en avions vu ! 

     - Pouvez-vous vous occuper de ces malheureux, faits prisonniers sur le trajet de leur drakkar ?  Nous allons vous aider financièrement ! »

     Et il envoie Gabriele Polder au Blauersland chercher de l'or. Elle est vite de retour devant les villageois, épatés par cette belle créature nue qui vole comme un aigle.

     « Voici cinq livres-or pour payer les soins et la nourriture, et  reconduire chez eux, à bon port, les prisonniers libérés. Le reste, ce sera pour remettre en état votre village, et pour offrir une sépulture décente à vos paroissiens décédés, ainsi qu'aux prisonniers morts.

     - Merci Maître Danton ! Vraiment très généreux de votre part ! 

     -  Quant à nous, ajoute Edmond, nous nous occupons d’enterrer les Vikings. Pouvez-vous nous fournir  des pelles et des pioches ? »

     Léon Nyva donne un ordre. Une vingtaine d’hommes et de femmes arrivent et commencent à creuser au pied de la falaise, à cent pas du rivage. Bientôt, le trou est assez grand pour y ensevelir tous les cadavres, qui sont dépouillés. Comme de coutume, leurs flèches sont récupérées, et leurs habits brûlés.

Les corps des prisonniers morts sont portés dans le cimetière du village, où ils sont mis en terre et bénis par l’abbé Lélène, le curé de Felden.

     D’autres villageois mettent le feu à l’épave, bientôt réduite à un gros tas de cendres.

     Les compagnons prennent congé des villageois et se renvolent vers le Blauersland.

     Toutes et tous s’enquièrent de l’état de santé de Mousse.

     Clément Sandre, le doyen du Blauersland, a des notions de médecine acquises en fréquentant jadis Jacou Artz. Il leur assure qu’il se remettra.

     « Je l’ai endormi, j'ai recousu les plaies. Aucun organe n’a été touché, et il guérira complétement. Son père Georges Stand, ainsi que ses frères et sœurs, veilleront sur lui. N’ayez donc aucune inquiétude ! 

     Bien... Il va falloir s’occuper des pierres pour Durandalem.  Mais d'abord, fêtons comme il se doit la fin de l'épisode Viking ! »

     Il est à peine onze heures du matin, et déjà la fête commence. La cervoise, le vin, et d’autres gnoles apparaissent, ainsi que de délicieuses denrées à grignoter ou à dévorer. Si les compagnons savent se battre, ils savent aussi s'amuser !

 

Le pont sur la Meuse

 

     Il est seize heures passées quand les patrouilleuses et patrouilleurs  venant du Nord-Ouest sont de retour. Bernard et Stéphane Spohr, gardes en poste au portail Ouest, les saluent.

     Jacou les accueille.

     « Alors, quelles sont les nouvelles ? demande-t-il aux cheffes de patrouille.    

     - Nous n’avons pas rencontré d’hostilité, dit Berthe Urbain.

     En revanche, hier après-midi, nous avons secouru des accidentés ! Un lourd convoi de huit chariots chargés de fûts de bois a fait s’écrouler le pont sur lequel il s’était engagé. Nous sommes arrivés juste à temps pour sauver les seize charretiers de la noyade dans la Meuse.    Nous les avons repêchés. Manifestement, peu d’entre eux savaient nager !  Six ont été blessés, écrasés par les fûts qui roulaient sur eux.

     Nous avons aussi repêché  les trente-deux chevaux.  Quelques-uns s'étaient noyés, et d’autres s'étaient rompu le cou en tombant avec les chariots.  Mais nous avons pu en récupérer vingt-cinq vivants.

     Comme tu t'en doutes, les charretiers étaient sidérés de voir voler des hommes et des femmes nus qui soulevaient comme de petites branches des fûts de bois de 500 livres,  et qui soulevaient les chevaux aussi facilement que si c'étaient des lapins !

     Puis nous avons repêché les fûts pour les entasser sur la rive de l’autre côté du pont, ainsi que les chariots qui obstruaient la rivière. Nous en avons attelé un qui roulait encore, nous y avons installé les blessés pour les transporter à Caturiges, où un hospice les a pris en charge. Nous avons laissé six livres-or à l’hospice, afin que les blessés aient les meilleurs soins possibles.

     Ensuite, nous avons aidé les charretiers à remettre en état quelques chariots, puis  rechargé les fûts sur quatre d'entre eux. Nous avons accompagné le convoi jusqu’à une scierie non loin de Vereduno. On nous a invités pour le repas du soir et pour la nuit.

     Ce matin, nous avons déchargé les fûts et chargé des madriers afin de reconstruire le pont.

     À midi, le pont était en place. Il ne manquait plus que le plancher de madriers pour qu’il soit opérationnel. Nous avons laissé quatre livres-or à la scierie pour payer les madriers, ce qui les a fortement réjouis !

     Une fois le reste des fûts chargés sur les chariots, nous avons pris congé, et nous voilà ! Pas de bandits à l’horizon. 

     - Merci mesdames et messieurs, belles initiatives ! Allez prendre une bonne douche et allez vous rassasier au restaurant des Thermes.  Mais le repos, ce sera pour plus tard ! Je vous informe que vous repartez en mission aussitôt après ! Vous emmènerez Chantal Iser, Valérie Burg et Marie Brett avec vous. Préparez des tuniques et des couvertures, étant donné que vous passerez la nuit dans les montagnes ! »

     Et les douze patrouilleuses et patrouilleurs se retrouvent attablés au restaurant. Les cuisinières leur ont préparé des en-cas délicieux, accompagnés de ce vin de Bourgogne qu’ont ramené les frères Horn. 

    Entre-temps, Anne Choure, Madeleine de Proust, Firmin de Conté et Paulin Surcouf sont de retour de Pirmasens.

     « Les gardes maintenant sont aguerris et initiés, dit Anne à Jacou. Ils n’ont plus besoin de notre renfort ! 

     - Parfait ! Vous allez donc pouvoir partir avec la patrouille de Berthe Urbain pour les monts Vosgiens. Toutes nos troupes disponibles sont là-bas,  une grande bataille se prépare contre les Germains ! »

     Et peu de temps après, la patrouille de Berthe et celle d' Anne sont prêtes à s'envoler de concert, accompagnées par l’équipe médicale : Chantal Iser, Valérie Burg et Marie Brett. Elles sont munies d'un véritable hôpital de campagne que les gardes aident à transporter.

     « Bonne route, dit Jacou. Soyez prudents, et revenez-nous vivants ! . »

Il est dix huit heures. Gretel Wilkinson, de garde au portail Est, les voit passer au-dessus d’elle. Elle les salue en leur criant « BONNE  CHANCE ! » le plus fort qu'elle peut.

 

Une nuit dans les monts Vosgiens

 

     Les patrouilles de Durandalem, sous le commandement du Général Dillon d’Ortega, arrivent en vue des monts Vosgiens.

     Ils se posent au Nord, dans la plaine de Spinalio, à deux lieues de la plaine de Walsch, par la montagne.

     Dillon ordonne :  « Nous allons installer le camp ici ! ».

     Il y a du monde... Les soixante-deux gardes de la brigade régionale, les quatorze gardes de jour de Durandalem, les huit gardes de nuit, les gens d’arme  Jeanne Martinet, Aline Spohr, Jean Martin. Plus quelques civils : Gaël et Joël Wasch, les mineurs Philippe Maigret, Fabrice Spohr, Louis, Georges  et Roger Basin. Ils sont équipés d’arcs à double courbure, avec une portée plus grande, et chacun porte cinquante flèches. Ajoutons-y les Capitaines  : Alix, Xavier, Joseph, Armand, Gabin, Hugues, le Borgne.

      « Alix et Armand, allez prendre des nouvelles auprès d’Audebert d’Auster, sur la montagne. Ne vous faites pas voir et annoncez-vous mentalement, pour ne pas être pris pour cibles ! »

     Et les deux Capitaines s’envolent à travers les bois, invisibles, et arrivent près des positions de surveillance de la patrouille.

    Armand leur envoie un message mental : « Ne tirez pas, nous sommes les renforts de Durandalem ! »

     Ils établissent le contact, et apprennent de la bouche de Joseph Ikast qu’une troupe de Germains est arrivée du Sud pour rejoindre les autres.

     - Nous avons établi un camp de base au pied de la montagne, dans la plaine de Spinalio, dit Alix. Nous sommes une centaine, toutes et tous archers, et nous disposons de milliers de flèches avec nous. Rejoignez-nous pour établir un plan de bataille. Laissez quelques vigiles qui nous signaleront tout mouvement suspect. »

     Et les Capitaines et leur troupe retournent au camp de base.

     Seuls Gabriele de Mess, Emilie Jovi, Bert Karr et Chantal Elouis restent à leurs postes de vigie.

     Youp Zimme est revenu de sa quête d’information et a rejoint le camp de base. En tant que Germain - Germain repenti !- il comprend ce que disent  les soldats ennemis. 

     « Ils envisagent de traverser la montagne demain dès l’aube ! je me suis approché suffisamment pour entendre parler les fantassins entre eux. Les machines de guerre sont destinées aux remparts de Pont-de-Sarre ! ils avaient envoyé des espions. Ils convoitent l’or pour monter une armée contre Charlemagne ! 

      - Merci Youp, félicitations ! dit Dillon. Voilà mon plan . Une fois la nuit tombée, nous ferons des incursions chez l’ennemi, et nous subtiliserons discrètement toutes les armes que nous pourrons prendre, par les airs. Nous nous concentrerons sur les arcs et les flèches. De loin, les épées ne sont pas dangereuses  ! Nous agirons de cette manière le plus longtemps possible, en rapportant à chaque fois les armes ici.

     Nous finirons sûrement par être repérés, mais comme c'est une nuit sans lune, nous resterons invisibles.  Et nous tirerons sur tous les soldats que nous verrons autours des feux.  Ils ne vont pas manquer d’en allumer ! »

     Chantal Elouis donne soudain l'alerte. Une patrouille de dix cavaliers arrive sur le chemin ! 

     Aussitôt, Alix, Joseph, Armand et le Borgne décollent en direction de la montagne, accompagnés par Jeanne Martinet, Aline Spohr, Jean Martin, Gaël et Joël Wasch, Johan Martinet et Guenièvre Spohr.  Le grand bal des flèches est ouvert. Cavaliers et chevaux sont abattus. Chantal surveille l’arrière pour qu'aucun Germain ne puisse s’enfuir. Mais pas un n'échappe aux tirs précis des archers, toutes et tous aguerris. 

     Et cette patrouille ennemie, tout comme les autres, finit au fond du ravin. Pas une de leur patrouilles n'est revenue !  Les Germains doivent commencer à se poser des questions... La nuit va tomber, ils pourraient tenter quelque chose ! Joseph dit aux vigiles de redoubler de vigilance,

     Quelque temps plus tard arrive au camp de base la patrouille de Berthe Urbain, en compagnie de Chantal Iser, Valérie Burg et Marie Brett,  le trio de  l’antenne médicale.

     « Avez-vous des blessés ? demande Marie. Non ? tant mieux ! Nous allons installer un hôpital de campagne pour y soigner nos blessés, s’il y en a ! Espérons que non... »

    « Alerte ! crie Bert Karr l’autre Germain repenti. Je les ai entendus  en m’approchant.  Ils veulent mettre le feu à la forêt ! »

     Aussitôt, Dillon ordonne de former six groupes de dix.

     - Chacun sera commandé par un Capitaine. Vous allez vous placer en ligne à la lisière de la forêt, et vous tirerez sur tout ce que vous voyez ! Les flèches enflammées sont de bonnes cibles... Allez ! »

     Et Alix, Joseph, le Borgne, Armand, Hugues et Gabin, avec dix gardes chacun, vont se placer le long de la forêt.

     Joseph dit mentalement : « Attendez mon signal, repérez les feux qui vont enflammer les flèches, et nous tirerons tous ensemble ! »

     Effectivement, des feux sont allumés au pied de la montagne, et une cinquantaine d’archers arrivent avec des flèches entourées d’étoupe huilée.

     « Maintenant ! »  dit Joseph ! 

     Les Germains n’ont pas le temps d’allumer leurs flèches, et s’écroulent autour des feux.

     « Maintenant ! » Et une deuxième salve liquide tout ce qui bouge.

      Ensuite, c’est comme à l’entraînement ! Tout Germain qui s’approche des feux est abattu !

     Les Germains se rendent vite compte que leur plan a échoué. Ils tentent d'étouffer leurs feux avec des couvertures, mais ils n’atteignent jamais les flammes. Ils décident alors de bombarder la montagne de projectiles enflammés avec leurs trébuchets. Tirées par quatre chevaux chacune, quatre machines se mettent en branle.

     Mais Joseph réagit ! « Alix, va chercher du renfort, nous attaquons ! La moitié de chaque groupe avec moi ! Les autres, continuez à interdire l’accès aux feux . Nous allons au-dessus d’eux, pour exterminer tous ceux qui se trouvent autour des trébuchets, et les chevaux aussi ! »

     Et ils s’envolent dans les airs, invisibles, et font un massacre ! Tous les chevaux sont abattus, et les Germains tombent comme des mouches autour des trébuchets éclairés par les feux de camp.

     Une nuée de gardes arrive au-dessus du camp ennemi, et tire sur tout ce qui bouge.

   Sous le commandement de Joseph Ikast, cinq gardes font fuir tous les chevaux gardés dans un enclos.

     « S’ils veulent utiliser leurs machines de guerre, dit Joseph, il leur faudra les atteler à des hommes ! Et pareil pour leur chariots ! »

     En haut, les mineurs effectuent des rotations. Ils fournissant des carquois remplis aux gardes, qui n’arrêtent pas de tirer. Et ils font mouche à chaque fois !

     Les tirs nourris continuent dans la nuit. Plus de mille flèches ont été tirées ! Et bientôt, plus un Germain ne bouge.

     Peu à peu, faute d’être ravitaillés, les feux s’éteignent, et la nuit reprend ses droits. Seules quelques taches rougeoyantes de braises vivotent encore. Les gardes ont rejoint le camp de base. Des sentinelles sont placées tout autour du camp des Germains.  S'ils tentent encore quoi que ce soit, ils le regretteront !

     Au camp des gardes, dans la plaine de Spinalio, on se réjouit qu’il n’y ai pas eu de blessés.

 « On oublie mon plan de récupération de flèches ! décide Dillon. .Cette nuit, nous devons aussi démolir les trébuchets ! À quatre par machine, il s’agira de les soulever assez haut, hors de portée de leurs flèches, et de les laisser retomber. Allons-y ! »

     Et bientôt, les quatre trébuchets ne sont plus que des tas de poutres enchevêtrées.  Après la défaite qu’ils viennent de subir, il serait étonnant que les Germains tentent encore quelque chose !

     Les sentinelles veillent toute la nuit, relevées toutes les deux heures.

     Mais rien à signaler, juste quelques mouvements épars. Ils cherchent sans doute leurs morts !

     Quelques plaintes de blessés s'élèvent encore, de plus en plus faibles.  Puis plus rien. Le silence règne...

La bataille du bois de Walsch

 

     Lundi 19 mai

 

     À l’aube, dans la plaine de Walsch, le soleil se lève sur un charnier. Les Germains survivants regroupent leurs morts. Il y a au moins six cents cadavres !

     Au camp de base, on s’apprête à donner l’assaut final, quand l’alerte est donnée ! Les Germains partent vers l’Ouest, à pied, laissant leurs morts et leurs blessés sur place. Ils ont attelé dix hommes à quatre chariots, dans lesquels sont allongés des blessés. Probablement des chefs, la plupart des autres étant restés dans la plaine de Walsch.

     Manifestement, plutôt que de rebrousser chemin, ils veulent continuer leur invasion en contournant la montagne.

     Dillon envoie ses Capitaines en reconnaissance, voir où leur route les mènera !

     Alix et Armand reviennent.

     « Il y a un bourg nommé  Walsch à cinq lieues, dit Alix. Ils y seront dans deux heures. 

     - Nous les avons comptés à peu près, précise Armand. Trois cents environ. Ils ont emporté dans les chariots le maximum d’armes qu’ils ont pu, les chariots sont pleins. 

     Alix signale qu’un grand bois se trouve sur leur route, à trois lieues.

     - On pourrait les arrêter dans ce bois ! 

     Dillon alors décide d’un plan.

     - Nous allons envoyer quatre-vingts  gardes dans le bois. Ils se cacheront dans les frondaisons. Trente de chaque côté, plus vingt en bas, pour les empêcher de fuir dans la forêt.  Plus vingt autres en haut pour les décimer ! C'est le Capitaine Joseph Brett qui dirigera la manœuvre.

     Gaël, il y a encore des flèches pour quatre-vingts archers ?  

     - Oui, tout juste. Dix par carquois.

     - Bien ! équipez-vous, et vous irez vous embusquer sans vous faire voir ! Faites un grand tour pour arriver de l’autre côté du bois, en face d’eux. Les autres et moi, nous allons nettoyer la plaine !

   Nous ramènerons les corps et les dépouilles des chevaux dans le grand ravin, que nous comblerons de terre à la fin. Allons-y ! Il faut vingt gardes au-dessus de nous pour surveiller,  au cas où des blessés essaieraient de tirer sur nous ! »

 

     Et les gardes descendent dans la plaine. Quelques Germains essaient de s’emparer d’un arc, mais ils sont aussitôt abattus d’en haut, et les blessés sont achevés d’un coup d’épée dans le cœur..  Bientôt, il n’y a plus un Germain vivant dans la plaine de Walsch !

     Alors commence le manège des transports des cadavres dans le grand ravin. On récupère aussi des centaines de flèches.  Six gardes se chargent au maximum et se dirigent alors vers le bois.

     « Vous direz à Joseph que nous avons compté huit cent soixante-cinq cadavres, et trente cinq chevaux ! » dit Dillon .

 

     Sur la route du bourg, les gardes ont pris position dans les frondaisons .Les Germains arrivent et pénètrent dans le bois sans se douter de rien. En tête, un chariot tiré par dix hommes, et poussé par six autres. Des blessés sont allongés dans le chariot. Un homme assis à l’avant crie des ordres..

     Youp Zimme et Bert Karr le comprennent :  l’homme s'est proclamé  nouveau chef.  Le vrai chef est couché derrière lui, et semble agoniser.

     Youp transmet mentalement les ordres aboyés par l’homme. Ils vont dans le bourg chercher des chevaux, à manger, et des femmes !

     Joseph donne aussitôt l’ordre de tirer.

     Quand les gardes chargés de flèches arrivent, le festival a commencé ! Des flèches pleuvent de toutes parts. L'aboyeur assis n’est plus qu’un cadavre cloué sur le siège, criblé de traits.

      Les Germains tentent de s’abriter dans le bois, mais sont fauchés au fur et à mesure par les gardes cachés dans les frondaisons.

     Quelques-uns essaient de fuir et courent en direction du village.  Mais la demi-lieue à parcourir suffit à les essouffler. et ce sont des marcheurs fourbus qui sont décimés d’en haut par les gardes.

     Ceux qui poussaient et tiraient les chariots se sont blottis dessous.  Mais sur ces cibles immobiles, les archers ont fait un carton !

     Et c’est le calme après la bataille... Ou plutôt après le massacre. Les Germains n’avaient aucune chance de s’en sortir !

     En fait, il reste quelques Germains encore vivants : les blessés allongés dans les chariots. Joseph donne l’ordre de les sortir. Angèle Fringe est montée sur un chariot avec un glaive. L'un des Germains prend son épée et lui entaille le bras gauche. Elle décapite aussitôt le bandit, avant de s’évanouir.

     « Gaël et Joël, emmenez-la vite au camp de base ! » dit Joseph.

     Les autres Germains, au nombre de trois, sont extirpés sans ménagement. Joseph demande à Youp de les interroger.

     « D’où venez-vous ? » demande-t-il au premier.

En guise de réponse, le Germain lui crache au visage. Youp lui transperce aussitôt le cœur avec son glaive.

     « D’où venez-vous ? »  demande-t-il au second. 

     Celui-ci est plus loquace, malgré la flèche qui lui a transpercé l’abdomen. Il se vide de son sang, il n'en a plus pour longtemps à vivre.

     Il explique qu’ils viennent des monts à l’Est de la Germanie.

     « Où vouliez-vous aller, avec vos machines ?

     - Chercher de l’or dans un bourg fortifié. C'était pour cela, les machines ! 

     - Comment avez-vous su qu’il y avait de l’or ? 

     Le troisième Germain crie alors : 

      - Ne lui dis pas ! Tais-toi !  mais Joseph lui tranche la gorge.

      - Alors ?

     - Nous l'avons su par une espionne infiltrée parmi les soldats de la garde, à Pont-de-Sarre. 

     - Comment s’appelle-t-elle ?

     - Martine Edjer, je crois.

     - Et où est-elle maintenant ? 

     - Elle nous attend là-bas, elle devait nous ouvrir la porte. 

     - Et vous, pourquoi n’êtes-vous pas resté, comme les autres blessés ?

     - Je suis un lieutenant d’Igor, le bras droit de Khan. 

      - Et où est-il, cet Igor ?

     - Dans le chariot ! C'est lui que votre garde a décapité ! 

     - Et celui-là sur le siège, qui est-ce ?

     - Un autre lieutenant, qui voulait commander. »

     Une fois tout ceci traduit, Joseph ordonne à Alix de filer à Pont-de-Sarre et d’appréhender cette espionne.

    «  Tu emmèneras comme escorte Alex, Alain et Alix Jamot, trois des gardes de Pont-de-Sarre. Tu expliqueras la situation  à Oscar Fontaine. Il y a peut-être d’autres espions. Surveillez cette Martine Edjer pour voir qui elle fréquente.

     Et Alix et son escorte s’envolent, leurs carquois pleins de flèches.

 «  Armand et Gabin, vous enfilez une tunique, et vous partez chercher des pelles à Walsch pour enterrer ces bandits ! Adolf , Paulus, Gorg  et Boris, vous les accompagnez. Mettez vos tuniques, vous aussi ! »

     Et les deux Capitaines et leur escorte s’envolent. À l’entrée du bourg, ils aperçoivent des barricades faites de chariots renversés.

     Ils se posent alors et avancent à pied vers les hommes postés derrière les barricades.

     « Qui êtes-vous ? demande l'un deux.

     - Capitaines de l’Empire ! répond Armand. Nous sommes des amis ! Nous avons vaincu les Germains dans le bois ! 

     -  Bon, approchez ! »

    Voyant que malgré les arcs pointés sur eux les visiteurs gardent les leurs en bandoulière, les hommes des barricades baissent leur garde.

     Un grand blond de sept pieds, la quarantaine, enjambe les chariots et vient vers eux.

     « Je suis Kristof Eunbach, le bourgmestre. Il y a deux jours, On nous avait signalé dans la vallée une grande concentration de guerriers avec des machines de guerre. On pensait qu’ils iraient vers le Nord et qu’ils nous épargneraient ! Mais cette nuit il y a eu une bataille, et ce matin ils se sont dirigés vers ici ! 

     - Rassurez-vous, Kristof, dit Gabin. Vous ne courez plus aucun danger. Cette nuit, nous avons tué plus de six cents de ces Germains, et dans le bois, nous avons achevé les trois cents qui restaient ! Nous venons chercher des pelles pour les enterrer. 

     - Nous allons venir avec vous pour vous aider ! »

    Kristof donne un ordre.  Bientôt arrive toute une armada d’hommes et de femmes avec des pelles et des pioches, qui se mettent en route vers le bois. Une fois sur place, ils sont sidérés par ce qu’ils voient...

     Des hommes nus et des femmes nues, qui transportent des corps sans les toucher, et qui les empilent en tas...  Et d’autres, tout aussi nus, qui arrivent en volant !

     Joseph salue Kristof, qui n’en revient pas.

     « Mais tout le monde est tout nu, ici ! Les  hommes, les femmes...

     - Eh  oui ! Je me présente : Capitaine de l’Empire Joseph Brett, et c'est moi qui commande ce détachement ! Nous avons compté trois cent trente Germains, ici et dans la plaine huit cent soixante-quinze cadavres depuis cette nuit ! Nos hommes sont en train de les enterrer...

     - Mais combien êtes-vous donc ? 

     - Un peu plus d’une centaine. Nous sommes la brigade régionale d’Austrasie, composée de soldats et de gardes d’une vingtaine de villages bourgs et villes de la région, de Mettis à Pont-de-Sarre. 

     - Mais pour vaincre ainsi plus de mille guerriers farouches, quels extraordinaires pouvoirs avez-vous donc ?

     -  Celui de voler, dit-il en se soulevant dans les airs.  Celui de communiquer par la pensée à une lieue de distance, celui de transporter sans contact des objets ou des êtres ! 

     - Mais... Mais c’est de la diablerie ! 

     - Détrompe-toi,  Kristof... Bien qu’on nous surnomme les diables nus, rien à voir avec le Diable ! Nos pouvoirs proviennent de la connaissance et de l'utilisation  d'une certaine plante. Mais commençons à creuser. Le trou doit pouvoir contenir tous ces scélérats ! »

     Du côté de la plaine de Walsch, les transports des corps touchent à leur fin. Les cadavres, une fois dépouillés, sont jetés dans le ravin. Avec les pieux récupérés dans les débris des trébuchets, on fait glisser d’énormes quantités de rochers, de pierres et de terre, jusqu’à boucher complètement le ravin.

      À l’orée du bois, Kristof remercie les  Capitaines  :

        « Nous serions tous morts, si vous n’aviez pas été là ! Toute la population et moi-même serions honorés d’offrir à boire et à manger à nos sauveurs ! »

    Une fois le gigantesque trou creusé, les corps dépouillés sont jetés dans la fosse. Le dernier est celui du lieutenant d’Igor, décédé des suites de sa blessure. Le trou est alors rebouché, et un grand feu consume les habits des Germains.

     « Vous pouvez récupérer les chariots, dit Joseph. Il y en a encore dans la plaine. En revanche, tous les chevaux sont morts ou se sont enfuis. Vous pouvez parcourir la lande pour essayer de les récupérer.

     - Grand merci pour les chariots, Capitaine, nous irons les récupérer. Venez maintenant, et appelez vos troupes qui sont restées là-bas ! 

    - Pierre et Paul, allez prévenir Dillon que tous les villageois les attendent pour fêter cette victoire !  Puis vous retournerez à Durandalem rassurer tout le monde. Nous serons rentrés d’ici quelques heures ! »

     Et les deux Sarrois s’envolent vers la montagne et le camp de base.

    Bientôt, tout le monde se trouve réuni, nu, sur la grand-place de Walsch.  Angèle Fringe va bien. Marie a recousu la plaie, et lui a administré  un sédatif pour lui éviter de souffrir.

    Angèle sourit :

« J’aurais dû faire attention. Il n’y a qu’une blessée, et c’est moi ! 

  - Pourtant, lui répond le Borgne, quand il n'y a qu'un blessé, normalement, c’est moi ! »

Et tous les Capitaines et Dillon éclatent de rire.

     Après avoir discuté avec Dillon et Chantal, Joseph appelle Kristof.

     « Tu as des gardes pour veiller sur ton bourg, je suppose.

     - Oui ! Cinq hommes et cinq femmes, et nous avons en plus six gens d’armes, quatre filles et deux garçons. Pourquoi cette question ? »

     - Convoque-les sur l’heure, ils vont être initiés, et ils auront les mêmes pouvoirs que nous !

     - Alors, ils pourront voler, comme vous ? 

     - Mais oui ! Et aussi soulever sans peine les charges les plus lourdes  ! Et  bien sûr communiquer par la pensée...

     - Merveilleux... Je les fais mander sur l'heure ! »

     Peu après, les dix gardes et les six gens d'arme se présentent.

     « Kristof, ils devront dormir une demi-heure. C’est faisable dans l’auberge ?

     - Oui, bien sûr, je vais vous y conduire. »

   Pendant que dorment les gardes et gens d'arme, Dillon s'entretient avec Kristof.

     « Nous partirons dès qu'ils seront initiés. Grâce à leurs nouveaux pouvoirs, si des mouvements de troupes se manifestent encore dans la région, ils pourront nous prévenir rapidement, nous ne sommes qu'à deux heures de vol de chez vous. Notre base est un village du nom de Durandalem, à l’Ouest de la ville de Naborum.  Comme convenu, nous vous laissons les chariots.  Pour ce qui est des armes des Germains, nous emportons chacun un carquois, et nous vous laissons le reste.

     - Très bien... Allons encore boire un verre avant votre départ !  »

     Une fois réveillés, les gardes et les gens d’armes de Walsch effectuent quelques exercices avec les Capitaines, ravis de maîtriser aussi vite les nouveaux pouvoirs dont ils sont dotés.

     C’est l’heure du départ. Toutes les patrouilles sont formées par dix, puis s’envolent tour à tour, à quelques minutes d’intervalle. Dillon prend la tête, et Joseph décolle le dernier, sous les vivats et les saluts des Walschois admiratifs et reconnaissants.

Les pierres du Blauersland

 

     Au Blauersland, la fête a été réussie ! Elle a duré toute la journée, et elle a continué le soir, avec des invitations privées des gardes de l’escorte de Durandalem par les jeunes du Blauersland.

      Ce matin, les compagnons sont en train de charger dix chariots de pierres qui partiront aujourd’hui pour Durandalem. Ils seront conduits par Edmond Danton et sa patrouille, ainsi que l’escorte des masseuses, qui ne devrait pas tarder à arriver.

    En effet, peu après, le chariot avec les masseuses et leurs maris arrive à destination,  escorté par les deux filles compagnons du Blauersland,

     Les filles sont contentes de voir les masseuses ! Elles vont apprendre à se faire du bien comme elles l’ont testé à Durandalem.

    À  peine arrivés, toutes et tous se déshabillent. Le soleil du Blauersland est déjà bien chaud ! Ils sont accueillis par Clément Sandre le doyen, et par Sylvain Cohen, le chef des compagnons.

     « Soyez les bienvenus ! dit Clément. Merci à vous mesdames les masseuses d’avoir fait le voyage ! 

     - Vous n’avez pas eu d’ennui sur la route ? demande Sylvain.

     - Non, dit Anne Blum, et nous avions une solide escorte, en cas de besoin ! 

     - Nous, on est vieux, clame René Martinet en brandissant son arme, mais nous aussi on sait tirer à l’arc, hein, David ! »

     Et David fait de même, suscitant l’hilarité générale.

     Edmond raconte comment ils ont eu raison des pirates Vikings. On ne déplore qu’un seul blessé, Mousse, touché à l’épaule. Mais il va bien.

     « Les chariots de pierres sont en cours de chargement, dit Sylvain. Vous pourrez partir après le repas de midi !  »

 

    Le repas se déroule dans la gaîté, tout le monde est soulagé de l’heureuse issue de l’aventure des Vikings.

    On relate aussi la bataille de Pont-de-Sarre. Trois des gardes blessés au bras ou à la cuisse,  mais qui devraient guérir.

     Puis vient le moment du départ. Chaque chariot,  attelé à quatre chevaux, est conduit par un garde, Edmond d’Anton en tête. Les autres se relaient pour conduire les chariots. Et il y a toujours trois gardes qui volent devant en éclaireurs, on ne sait jamais !

 

Le rapport de la bataille de Walsch

 

      À Durandalem, les messagers de Walsch, Pierre et Paul Martin, sont arrivés. Jacou, prévenu par le garde en faction au portail est, les accueille sur le seuil de l’auberge.

     « Alors, quelles sont les nouvelles ? 

     - Bonnes ! répond Pierre. Nous avons vaincu les Germains, et ne déplorons qu’une blessée, Angèle Fringe, qui a reçu d'un Germain un coup d’épée dans le bras. Elle l’a décapité aussitôt ! Marie l’a soignée, elle va bien ! 

     - Combien étaient-ils ? 

     - Mille deux cents ! 

     - Raconte ! 

     - La patrouille de Divio, commandé par Joseph Ikast, nous a rejoints. Ils surveillaient des troupes qui venaient du Sud, mais qui étaient trop nombreuses pour être attaquées de front. Les troupes ont rejoint les autres dans la plaine.

     Et Berthe Urbain et sa patrouille, avec Chantal, Marie et Valérie, sont bien arrivées aussi.

     Dillon a monté le camp de base dans la vallée de Spinalio, de l’autre côté de la montagne, ainsi qu'un hôpital de campagne pour soigner les blessés. »

     Et Pierre raconte  la surveillance, l’interception des patrouilles ennemies, la tentative des Germains d’incendier avec leurs  archers la forêt où ils se cachaient.

     « Nous avons attaqué de nuit, invisibles. Et eux, éclairés par tous les feux qu’ils avaient allumés, ils faisaient des cibles parfaites ! 

     - Ce fut un massacre ! dit Paul Martin.  Plus de huit cents Germains ont été abattus ! 

     - Et nous avons aussi détruit leurs trébuchets, continue Pierre, en les soulevant très haut et en les relâchant sur eux ! Nous avons aussi tué ou fait enfuir tous leurs chevaux !

     Au matin, les Germains survivants ont décidé de contourner la montagne qu’ils n’arrivaient pas à franchir, et ils sont partis à pied, en tirant leurs chariots à bras d’homme, vers l’Ouest, vers le bourg de Walsch. Nous leur avons tendu une embuscade dans le bois avant le bourg, et nous les avons tous liquidés. Ils étaient trois cent vingt !

     Nous avons pu interroger un de leurs lieutenants qui nous a dit qu’ils étaient de l’armée d’Igor, le bras droit de Khan !

     Ils se disposaient à prendre la ville de Pont-de-Sarre. Ils savaient, pour la mine d’or !  Une espionne avait réussi à s'infiltrer dans les rangs des gardes de la mine.

     Nous connaissions son nom, et Alix est parti avec une escorte prévenir Oscar Fontaine, le bourgmestre de Pont-de-Sarre,

     Nous avons tous été invités par les habitants de Walsch  reconnaissants. »

 

 

Les voyageurs de Divio

 

     Toute une petite troupe  arrive en vue de la cité de Divio : les marchands de vin Armand et Achille Horn, et leurs filles adoptives les œnologues Jeannette et Paulette d’Or, jumelles rousses de vingt cinq ans, ainsi que le Capitaine Achille Gouvy et son escorte, Klaus et Kristof Rund, Christiane et Marianne Flush.

     Ils ont voyagé nus. Ils apprécient grandement le soleil sur tout leur corps. Les frères Horn ont l’habitude, cela fait des années qu’ils fréquentent les nudistes de Durandalem !

   Les Bourguignons sont très pieux et très endoctrinés. Pour eux, la nudité est taboue... Alors, un peu à regret, mais ne voulant point les choquer, les voyageurs se rhabillent.

    Lors d’une attaque de Germains sur la route de Durandalem, les jumelles avaient été blessées, l'une au flanc et l'autre à la cuisse. Mais les bons soins de Marie Brett, médecin de Durandalem, ont fait merveille. Elles s'en sont tout à fait remises !

     Pas de problème en route, bien qu’ils aient croisé hier une troupe de Germains qui remontait vers le Nord.

     Prévenus par Klaus Rund parti en reconnaissance, ils ont eu le temps de se cacher dans un bois, et la troupe de Germains - dix cavaliers, deux chariots, au moins cent cinquante fantassins - ne les a pas aperçus.

     Ils ont vu aussi dans le ciel une patrouille de gardes de la brigade régionale, commandée par Joseph Ikast.  Achille a communiqué mentalement avec lui.  La patrouille avait repéré la troupe de Germains, mais ils n’étaient pas assez nombreux pour les attaquer. Ils se contentaient de les suivre, et ne seraient intervenus que si cette troupe avait commis une quelconque agression.

    Une fois à Divio, Achille se rend à une coopérative vinicole, qui gère aussi les spiritueux. Ils achètent quatre muids de vins de Bourgogne, et les chargent devant les vignerons, ahuris de voir  ces gros muids voler et se poser sans efforts sur le chariot. Ils font aussi le plein de liqueurs : celles fabriquées par les moines de l’abbaye de Saales, et aussi quelques gnoles de fruits divers, distillées par les paysans du coin.

     Puis ils vont s’attabler à une terrasse et commandent un repas.

     Achille et l’escorte, en bons soldats, gardent en bandoulière leur arc et leur carquois, même à table. Et bien leur en a pris !

     Voilà qu'une troupe d'une dizaine de cavaliers surgit au galop, terrorisant les passants, leur assénant des coups d’épée, et demandant leurs bourses.

     Cela ne traîne pas ! À la  hauteur de la table de nos voyageurs, les bandits sont aussitôt fauchés par deux salves successives de flèches. Nos archers ont tiré assis !

     Ils se lèvent et s’approchent.

L'un des bandits est encore conscient. Achille le questionne.

     « Qui êtes-vous ? 

     - Les sol...dats de la Ch.. chauve-Sou..ris,  articule l'homme d'une voix hachée par la flèche qu’il a reçue en pleine gorge.

     - Où avez-vous votre repaire ? 

     - Au s..Sud de Di,..vio, à cinq lieues d’ici ! 

     - Combien êtes-vous ? 

     - B..beaucoup, beaucoup ! Et ils vont ve.. venir nous venger ! 

     - Combien ?  insiste Achille. Il triture la flèche, le faisant hurler de douleur.

     - Cin... cinquante... »

Le sang coule abondamment de la plaie. Achille sait que l'homme ne survivra pas. Il  prend son épée et lui transperce le cœur.

     Les autres aussi sont achevés par les gardes. Les habitants s’approchent alors, félicitant Achille et ses hommes.

     « Ce n’est pas la première fois qu’ils sévissent ! dit un homme. Ils viennent faire des incursions rapides et disparaissent. C’est la troisième cette semaine ! »

     Achille alors prend une décision.

     « Nous allons vous débarrasser de ce fléau ! Nous n’allons pas affronter ces bandits en combat à l’épée, mais les éliminer ! Réunissez tous les archers que vous pouvez trouver. Qu’ils viennent sur l’heure, nous leur donnerons des pouvoirs pour lutter contre ces pirates !

En attendant, il faut des surveillants aux portes de la ville. Les autres bandits vont se demander pourquoi les leurs tardent autant. Ils ne vont pas tarder à envoyer une patrouille pour voir ce qu’ils font !

     Nous mangeons maintenant. Dans une heure, nous déciderons d’un plan. Dépouillez déjà ceux-là, enterrez-les et brûlez leurs habits. »

     Ils récupèrent leurs flèches, et retournent s’attabler avec les marchands.

     L’aubergiste arrive.

     « Vous êtes des héros ! Vous êtes mes invités ! 

     Et, se tournant vers les frères Horn, qu’il connaît :

     Vous avez eu une riche idée de les emmener ! 

     Peu de temps plus tard, une vingtaine de personnes se présentent devant la table.

     - Je suis Armand Della, le bourgmestre de la ville, et voici les vingt gardes et  gens d’armes de la cité ! 

     - Bien ! Aubergiste, as-tu la place pour qu'ils puissent s'allonger une demi-heure ? 

     - Heu… oui, dans la salle à manger, au sol ! 

     - Ça ira ! Mesdames et messieurs, suivez-moi, vous allez dormir une demi-heure. Vous verrez, vous ne le regretterez pas ! »

     Et Achille emmène les vingt personnes dans le restaurant, les fait s’allonger sur le plancher, et leur donne à chacun une rasade de potion. Ils s’endorment rapidement.

 

     Voilà soudain que les vigiles signalent une troupe de quatre cavaliers qui arrivent au Sud.

     « On va aller voir ! » dit Klaus.

     Et il s’envolent aussitôt avec Kristof , Christiane et Marianne, sous les regards interloqués des Divionnais.

     Les voici au-dessus des cavaliers, qui ne les ont pas encore aperçus.

     Ils se posent devant les portes de la ville, arcs bandés.

     « Qui êtes-vous ? demande Klaus Rund.

     - Au large, manants ! ».

    Aussitôt, quatre flèches terrassent net le cavalier de tête qui vient de prononcer ces mots ! Les autres veulent alors charger, sortent leurs épées... mais ils sont touchés par les flèches, aux bras, aux jambes... C'est la débandade !

     « Kristof, dit Klaus,  tu vas les suivre de loin. Tâche de repérer leur position. Mais ne te fais pas voir !

     Klaus récupère le cheval du bandit, jette son cadavre dessus, et le ramène dans l’enceinte de la ville.

      Kristof est parti est en repérage. À son retour nous saurons où ils sont et combien ils sont !  Celui-là devait être un chef, il a des étoiles sur les épaules. Ce sont bien des membres de la Chauve-Souris ! L'insigne sur sa vareuse ensanglantée ne trompe pas ! 

     Achille arrive et prend connaissance des derniers événements.

     - Vous avez bien fait de les laisser partir...  Ils vont nous mener tout droit vers leur tanière ! 

Kristof revient.

     - Je sais où ils se cachent ! Dans un ravin en cul-de-sac avec un seul accès possible ! Nous pourrons les bloquer facilement. C’est à quatre lieues d’ici.  J’ai compté soixante-cinq personnes en tout. Il y a dix femmes avec eux, mais je ne crois pas qu’elles soient des leurs. Ce sont plutôt des esclaves ! »    

     Achille va alors récupérer les  endormis à leur réveil, les douze gardes et les huit gens d'armes.

     « Mesdames et messieurs, présentez-vous !

     - Jeanne et Anne Pauly, trente ans blondes, six pieds, gardes,

     - Paul et Pierre Surf, vingt cinq ans, roux, six pieds six pouces, gardes,

     - Nicolas Siret, vingt six ans, six pieds quatre pouces, gens d’arme,

     - Nicole et Nico Croisy, vingt cinq ans, blonds, six pieds, gardes,

     - Jean et Jeannette Ticule, vingt six ans, bruns, six pieds deux pouces, gardes,

     - Amélie Truss, vingt trois ans, rousse, six pieds six pouces, gens d’arme,

     - André Sandrap, vingt six ans, blond, six pieds, garde,

     - Etienne Alatiene, quarante deux ans, roux, six pieds cinq pouces, chef des gardes,

     - Bernard Paris, quarante cinq ans, brun, six pieds deux pouces, chef des gens d’arme,

     - Roger Rabbit, vingt deux ans, roux, sept pieds, garde,

     - Georges Stand, vingt huit ans, brun, cinq pieds dix pouces, garde,

     - Oscar Démone, vingt trois ans roux, six pieds, gens d’arme,

     - Sylvain de Mess, vingt-et-un ans roux, sept pieds, gens d’arme,

     - Émile Sabord, vingt deux ans, blond, six pieds, gens d’arme,

     - Sylvie et Sylvette Osides, vingt six ans, blondes six pieds, Gens d’arme.

     - Bien ! Mesdames et messieurs, vous voilà maintenant pourvus de  quelques nouveaux pouvoirs que vous allez découvrir ! Tout d’abord, celui-ci ! »

     Et Achille s’élève dans les airs devant eux. Toutes et tous sont stupéfaits de ce qu’ils voient !

     « Ce n'est pas tout. Vous avez aussi le pouvoir de déplacer les objets et les êtres vivants par votre seule volonté ! Essayez un peu de vouloir soulever votre voisin ! »

     Et les nouveaux initiés, avec un rien d'effroi tant cela leur semble étrange, parviennent sans efforts à faire décoller leurs compagnons !

     « Reposez doucement vos amis. Maintenant, essayez de décoller vous-mêmes ! »

     Et à la stupéfaction générale, les vingt soldats arrivent à décoller du sol.

    «  Revenez, revenez ! Vous ne savez pas tout ! »

     Et Achille leur explique comment communiquer par la pensée. Ils testent cela sur-le-champ, et sont littéralement morts de rire en y parvenant !

     « Fantastique ! dit Étienne Alatiene, le chef des gardes de Divio. Nous voilà devenus des diables ! 

     - Mais non, mais non ! Ces pouvoirs proviennent de la maîtrise par nos savants de l'usage d'une certaine plante. Rien de démoniaque ni de divin, ni de sorcellerie là-dedans.  Nous sommes toujours des humains, et vous aussi, vous restez des humains ! Bien. Maintenant que vous savez voler, partons ensemble à la chasse aux bandits ! Prenez vos arcs et vos carquois, et allons-y ! »

     Et les nouveaux initiés de Divio s'envolent à la chasse aux Chauves-Souris avec les gens de Durandalem.

     Guidés par Kristof Rund, les voilà rapidement sur les lieux. Ils se postent sur la falaise, tout autour du camp des bandits. 

     « Attendez mon ordre pour tirer, et ne visez que les hommes ! dit Achille... Maintenant ! »

     Et une pluie de flèches s'abat sur les bandits, faisant une hécatombe parmi les hommes au sol, qui se réfugient dans les tentes.

     Quelques-uns ressortent des tentes, en tenant devant eux des filles, un couteau sous leur gorge.

     Achille, en pensée, commande aux autres de tirer dans l’œil, et les bandits tombent les uns après les autres... Les filles se sauvent par l’unique accès du ravin.

     Il reste encore quelques bandits avec des otages sous les tentes.

     Alors Achille ordonne en pensée de soulever les tentes, et les gardes se rendent compte de l'étendue de leur pouvoir !

     Bientôt, les bandits n’ont plus la possibilité de se cacher. Ils sont abattus les uns après les autres.

     Celui qui semble être le chef s’est entouré de filles qu’il a attachées ensemble autour de lui, et défie les assaillants, hargneux et menaçant :

     « Laissez-moi partir ou elles mourront ! »

     Mais Achille monte au-dessus de lui, à la verticale, et lui décoche une flèche bien ajustée sur le sommet du crâne, ce qui le foudroie instantanément. Il s’écroule alors, au milieu des filles transies de peur.

     Amélie Truss s’avance alors vers elles et coupe leurs liens.

     « Vous êtes libres maintenant ! D’où venez-vous ? 

     - De Lugdon...  Il y a là-bas une grande armée de plusieurs centaines d’hommes qui se revendiquent de la Chauve-Souris ! 

     - Vous sauriez retrouver où se terre cette armée ? demande Achille.

     - Oui-da, nous habitions là-bas ! Au pied de la Montagne de Fourvière. »

     Alors Achille envoie sur l'heure quatre messagers à Durandalem,  afin qu'on envoie des troupes pour éradiquer la Chauve-Souris !

    Une fois les corps des bandits dépouillés, leurs habits brûlés, leurs flèches récupérées, on les ensevelit dans une fosse au fond du ravin. Grâce à leurs nouveaux pouvoirs, les gardes ont tôt fait de la reboucher avec la terre alentour.

    Puis l'on prend  les chevaux des bandits, et l'on installe les  dix filles pour les emmener à Divio.

     Là-bas, Achille, les gardes et les gens d’arme de Divio sont accueillis en héros !  Ils ramènent trente chevaux et toutes les rapines des bandits, et chaque Divionnais peut récupérer ses objets personnels.

     Ceci fait, reste à  distribuer une véritable petite fortune. Le bourgmestre de Divio, propose que cet argent soit utilisé pour soigner les blessés et pour dédommager les familles des morts.

     Achille demande que les captives soient traitées ici en invitées, jusqu'à ce qu’elles puissent retrouver leurs familles.

     « Mais d’abord, dit-il, nous allons éradiquer ce fléau qui sévit en Bourgogne, et même jusqu’en Austrasie ! Nous allons y mettre fin ! De nouvelles troupes vont arriver en renfort, et nous irons à Lugdon en finir une bonne fois pour toutes  avec cette organisation de la Chauve-Souris ! »

 

Retour à Durandalem

 

     À Durandalem, les patrouilles revenant de Walsch arrivent les unes après les autres. Tout le monde a besoin d’une bonne douche. C'est la queue aux Thermes,  et aussi aux douches communales, où Joël a dû reprendre du service !

     L’auberge se remplit peu à peu.  Chacun veut tout savoir des détails de cette bataille, dans laquelle les gardes de la Brigade Régionale luttaient  à un contre dix !

     Angèle Fringe, la seule blessée de toute l’opération, est la vedette du jour ! Elle raconte :

     « Je suis montée sur un chariot, un glaive pris à l’ennemi à la main. Des Germains, blessés ou morts, gisaient au fond, .Soudain, l'un des blessés s’est redressé et a brandi son épée vers moi ! Pour éviter la lame, j’ai eu le réflexe de me pencher sur le côté droit... mais pas assez vite ! Et l’épée m’a entaillé le bras gauche ! Folle de douleur et de rage, de la main droite, j’ai envoyé mon glaive,  qui a carrément décapité le Germain.

     Des jets de sang ont giclé de son cou,  son corps s’est écroule dans le chariot, et moi, je suis tombée dans les pommes ! Je suis revenue à moi dans les bras de Marie, qui avait recousu et pansé ma plaie et qui m’avait administré des calmants.

     C’est là qu’on m’a appris que celui que j’avais décapité, c'était Igor, le bras droit de Khan !  »

        Sur le coup,  le vieux Child  regrette de ne pas avoir été du nombre pour la bataille.

     - Gloire à Angèle !  clame-t-il. Gloire à la pourfendeuse d’Igor le terrible !

     « Gloire à Angèle, gloire à Angèle ! répètent en chœur les auditeurs. »

   

  Dillon arrive à l’auberge, avec Jacou. Il raconte alors aux Durandalémois comment s'est déroulée la bataille de Walsch. Comment, à seulement cent, ils sont parvenus à éliminer près de douze cents Germains !

     Il met aussi en avant le courage des deux Germains repentis qui font partie des gardes de Naborum, et qui ont pris des risques pour s’approcher de l’ennemi et surprendre ainsi leurs plans d’attaque.

     « Applaudissons Youp Zimme et Bert Karr, nos loyaux compagnons ! Grâce à eux, nous avons pu déjouer les plans ennemis, et nous avons démasqué l’espionne qui se faisait passer pour garde à Pont-de-Sarre ! »

     Et toute l’assistance applaudit les deux Germains, pas peu fiers de faire maintenant partie intégrante de la brigade régionale ! Et fort contents d’y être, plutôt que dans la grande fosse avec Khan...

     Jacou prend la parole, tandis que petit à petit, tous les protagonistes de la bataille arrivent à l’auberge.

     « Je voudrais remercier tous les participants à cette bataille. S’il reste des troupes de Khan ou d’Igor, elles sont maintenant complétement isolées et désorganisées !  Nous avons installé des relais de surveillance dans le bourg de Walsch, qui ne manqueront pas de nous prévenir en cas de nouveaux envahisseurs. Et merci aussi aux gardes de Durandalem ! 

     - C’est nous qui remercions Dillon de nous avoir sortis de notre routine, dit Guenièvre Spohr. Garder les portes et les murs de Durandalem, à la longue, ce n’est pas très excitant ! Encore, moi,  je suis la dernière à m’être jointe aux gardes ! Mais quand je pense que les plus vieux sont sur les remparts depuis plus de trente ans... Oh, bien sûr, je ne voudrais quand même pas être obligée de batailler tous les jours sur les remparts, même si ça rompt la routine. Et je suis bien heureuse d'œuvrer à préserver la paix et la sérénité des  habitants du village ! Je suis consciente des risques encourus lors des sorties. Mon époux Christian Hahn reçoit encore des soins suite à la blessure qu'il a reçue en bataillant contre les Vikings ! Mais je me fais la porte-parole de tous les jeunes ici pour dire que cette nuit à Walsch, qui fut pour la plupart d'entre nous notre baptême du feu, fut absolument jouissive ! N’est-ce pas, mesdames, mesdemoiselles et messieurs ? »

     Et toutes et tous d'acquiescer et d'applaudir.

     Child annonce alors que sa réserve est à nouveau fournie !

     « Gaël a fait le plein à Mettis. Et bientôt, nous aurons aussi de cet excellent vin de Bourgogne que les frères Horn sont partis chercher à Divio. J’offre la tournée générale en l’honneur de vous tous ! En l'honneur de nos héros !

     - Merci aussi aux mineurs qui se sont joints spontanément au mouvement ! dit Jacou.

     - C’était un peu aussi pour les même raisons, dit Philippe Maigret. Sortir de notre trou ! Je précise que je ne parle pas du village...  Durandalem n’a rien d'un trou.  Bien au contraire, c’est un des bourgs les plus avancés dans tous les domaines, si ce n’est le plus avancé  ! Je ne parlais bien sûr que du trou... de la mine ! »

     Ce qui fait rire tout le monde.

   « Nous aussi, dit Gaël, cela nous a fait beaucoup de bien, à mon frère et à moi. Cela nous a rappelé des souvenirs de batailles d'il y a quarante ans ! Ça rajeunit bigrement... Et je n’avais pas compté autant de flèches depuis bien longtemps ! Près de mille cinq cents... Je ne me souvenais même plus que je savais compter jusque-là !  »

     Et toute l’assistance éclate de rire.

     -Tout ceci est bel et bien, conclut Dillon. Mais ne nous endormons pas sur nos lauriers, ne baissons pas la garde ! Dès demain, nous reprendrons nos patrouilles à travers toute la région ! »

 

     Il est dix-huit heures quand quatre personnes se présentent en volant au portail Est.

Jacques Martin, qui est en poste, ne reconnaît pas d'emblée les arrivants, et garde son arc bandé avec deux flèches engagées.

     « Qui êtes-vous ?

 - Klaus et Kristof Rund... Christiane et Marianne Flush... L'escorte de Divio ! Nous devons voir Jacou et Dillon ! 

     Jacou et Dillon sont prévenus et accueillent les messagers à l’auberge.

     - Nous savons où se terrent les Chauves-Souris... Dans une grotte à Lugdon ! Nous avons éliminé une cinquantaine  de ces bandits à Divio, et libéré dix femmes de Lugdon qui étaient leurs prisonnières. Mais à Lugdon, selon les indications de ces femmes, ce sont des centaines de bandits qui sont réunis ! Achille nous envoie chercher de nouveaux renforts pour les éliminer ! Divio est à quatre heures de vol d’ici. Et après, il y a deux autres heures de vol jusqu’à Lugdon. 

    

   Aussitôt Jacou rentre dans l’auberge et dit :

    « Il nous faut d'urgence cinquante volontaires pour faire la chasse à la Chauve-Souris ! Ce sera à Lugdon, à six heures de vol d’ici. Départ demain matin dès le lever du jour ! Le Capitaine Achille Gouvy est sur place et vous attend pour attaquer. »

 

     Dans la soirée, les gardes restés à Phalsbourg sont de retour.

     « Ils n’ont plus besoin de nous, dit Brigitte Calman. Ils se sont organisés !  Ils sauront nous  prévenir au plus vite  dès qu’ils apercevront des troupes suspectes. Ils peuvent les repérer à plus de dix lieues à la ronde, ce qui leur laisse le temps de préparer leur défense ! 

     - Parfait, dit Dillon. Merci à vous quatre d’être restés ! Allez boire un verre avec les autres, tout le monde est à l’auberge ! 

     - Mais nous allons d’abord prendre une bonne douche chez Joël, dit Anne de Stef en rigolant. Ça fait trois jours que nous ne nous sommes pas douchés ! Là-bas, l’hygiène corporelle n’est pas encore dans les mœurs... »

  Les quatre gardes arrivent aux douches communales. Joël a déjà fermé boutique. Mais il veut bien rouvrir  pour eux.

     « Le temps d'aller chercher des serviettes propres à l’auberge, il n’y en a plus ici !  »

La patrouille régionale : la liste

 

         Jacou a établi une liste par ordre alphabétique des  patrouilleurs de la patrouille régionale. Les volontaires pour la mission de demain devront cocher leur nom. Valérie et Marie seront du voyage. Quant aux gardes et gens d’armes de Durandalem, ils reprendront leurs fonctions habituelles.

     - Rendez-vous demain à l’aube, précise Dillon. Quand la cloche aura sonné six heures ! Les cuisiniers des Thermes sont prévenus. Vous pourrez déjeuner dès cinq heures trente.  Ce ne serait pas bon de partir à Lugdon le ventre vide, il y a tout de même six heures de vol... Et munissez-vous d'une tunique, il fait frais, à l’aube.  Dès ce soir, n'oubliez pas de passer chez Gael pour faire le plein de flèches ! »

-   À ce propos, intervient  Gael,  je vous informe que j'ai un stock de flèches incendiaires spéciales. Si les bandits se réfugiaient dans une grotte, elles pourraient servir à les enfumer !

 - Bonne idée,  nous allons en emporter quelques carquois ! »

 

 

Préparatifs

 

Mardi 20 mai

 

     Les gardes de réserve aujourd’hui sont Stéphane Spohr, Pierre Spohr, Paul Spohr, Paul Frisch et Georgette Fart.

 

     Le soleil n’est pas encore levé, mais dans les cuisines on s’active déjà, pendant  que les premiers gardes sont sous la  douche. Bientôt toutes et tous viendront dans la salle du restaurant prendre le petit déjeuner.

  Valérie, Marie et Dillon sont les premiers arrivés.

     Il a la liste des volontaires :

     Youp Zimme, Ingrid et Olaf York, Alain et Alexandre Vikos, Berthe Urbain, Eudes d’Allier, Jorg Anis, Edmond d’Anton, Philibert d’Argenteuil, Audebert d’Auster, Joséphine Béquer, Apollinaire de Bœuf, Firmin de Conté, Annie Corda, Lassie Corda, Jean Dart, Alfred Thune, Albert Thune, Marie Suiré, Brigitte Surcot, Paulin Surcouf, Claudette Rouste, Claude Rouste, Pries Rozanoff, Siel Rozanoff, Myriam Erika, Albert Erstein, Aline Espèrès, Pauline Espèrès, José Flaine, Christiane Flush, Marianne Flush, Pierrot Gaulot, Paulo Gaulot, Sophie Goran, Théodore Gouvy, Paulette Rung, Pauline Rung, Klaus Rund, Kristof Rund, Anna Prest, Madeleine de Proust, Jean d’Ortega, Aimé d’Ortega, Brice de Niss, Alex Miel, Ulla Mour, Béatrix Land, Chantal Légauries, Éric Lerouge, Joseph Ikast.

 

      « J’avais espéré cinquante volontaires, se réjouit Dillon en brandissant la liste. Et  vous êtes cinquante ! C’est parfait ! Les Capitaines Hugues Schaff et Xavier Stamm viendront aussi, et Achille Gouvy nous attend à Divio. Nous emportons une réserve de livres-or avec nous. Tout le monde est prêt ? Alors, Allons-y ! »

     Le soleil vient de se lever, éclairant  la troupe qui sort des Thermes et s’envole vers le Sud. Il est à peine six heures trente. Ils seront à Divio avant onze heures. Ils établiront alors un plan de bataille en fonction des renseignements qu’Achille et les gardes de Divio auront récoltés hier.

Vers huit heures, c'est au tour de Jacou d'arriver à la salle de restaurant. Tous les gardes qui ne sont pas partis sont attablés.

     « Nous allons organiser une patrouille vers Oche, une autre vers Pont-de-Sarre, une autre encore à la rencontre des pierres du Blauersland qui devraient être en route, plus une vers Phalsbourg, plus une vers Mousson.

      Pour Oche,  ce sera toi, Brigitte Calman, la cheffe de patrouille des dix-huit gardes, Paul Pista, Ange Ahr, Michel Bailly, Anne Choure, Paul Deir, Michel Effane, Albert Fouit, Marie Gaulle, Aline Hose, Paul Hose, Marie Jane, Rosie Jane, François Kassem, Alban Lieue, Martine Martin, Gabriel de Mess, Joël de Mess, Juliette Opér.

     Les ambassadrices Agnès et Angèle Hune feront le voyage avec vous, elles se rendront auprès de l’Empereur pour lui donner le compte rendu de la bataille de Walsch. 

     Brigitte, tu pousseras jusqu’au Nord d’Oche, tu donneras aux menuisiers cette liste de bois à nous fournir. Demande-leur quand ils comptent pouvoir venir, que nous puissions alors leur envoyer une escorte. N'oublie pas ce sac d'or pour leur verser un acompte.

 

     Pour Pont-de-Sarre : Pierre Martin, Chef de patrouille. Avec Paul Martin, Aloïs Barn, Georges de Chaumes, Anne de Stef, Bernadette Subir, Adolf Rimmel, Janine Stark, Pauline Stark, Louise de Park, Joséphine Maud, Léa Nonet, Frederic Masson, Bert Karr, Boris Elsie.

     A Pont-de-Sarre, tu te signaleras au Capitaine Alix ! Il aura peut-être besoin de toi et ta patrouille. Naturellement, tu prends toi aussi un sac d’or, cela peut servir !

 

     Pour la route du Blauersland : Sylvestre Stalon, chef de patrouille, avec Gustave Aifele, Georges Dufour, Chantal Elouis, Firmin Jessop, Emilie Jovi, Raphael Krips, Anne Kroux, Amedé Pauliat, Amandine Scheer, Adolf Schmit, Sylvie Stamm, Sophie Stamm, Francis Tell, Adèle de Visse, Michel Risle, Mia Rossi.

     Toi aussi tu reçois un sac d’or pour au cas où !

 

     Pour Phalsbourg : Isabelle de Neck, cheffe de patrouille, tu emmèneras Jérôme Binz, Pierre Kirov, Joëlle Mépied, Paulus Kern, Albertine Orossy, Eugène Passe, Roméo Opér, Michèle Past, Mariette Saujon, Hantz Triel, Monique Trulli, Benoît Suif, Georges Touret, Hantz Trancène, Jean Chris.

     Isabelle, tu feras un crochet par Meisenthal, commander du verre et des verriers, voici la liste de nos besoins, tu leur demanderas quand ils peuvent venir, afin de leur envoyer une escorte.

     Voici un sac d’or comme acompte pour les verriers, et un autre au cas où.

 

     Vers Mousson : Nicolas Derieux, chef de patrouille, avec Edouard Chop, Georges Décrié, Arnaud Della, Bruno Della, Éric Dombes, Mikael Franc, Armand Fritsch, Frantz Hers, Norbert Hill, Joseph Karan, Paulette Paupe, Hermine Serf, Johan Sorbe, Hugo Spohr, Roméo Spohr, Sylvain Bour, Charles Braun, Charlotte Brett, Claudette Brett.

     Nicolas, tu iras voir les fondeurs de Mousson et tu leur donneras cette liste de matériaux qu’ils doivent nous ramener pour le projet de construction de la Maison des anciens. Ils pourraient livrer cela dès que possible, vois avec eux quand ce sera possible, afin que nous envoyions une escorte.

     Tu leur payeras aussi l’acompte.

     Je vous rappelle les consignes : si vous repérez des troupes armées, essayez de savoir si ce sont des ennemis, mais sans prendre de risque ! 

     Les Germains sont tatoués sur l’épaule, et beaucoup de "Chauves-Souris" arborent     l’emblème sur leurs vareuses. 

     Restez bien en hauteur. En cas de combat , un émissaire viendra en rendre compte ici. 

     Vous avez bien sûr vous aussi un pactole d’or pour vos besoins éventuels, et pour aider si nécessaire. 

     Vous rentrez ce soir ! Si d’aventure vous deviez malgré tout rester dehors cette nuit, envoyez un messager prévenir. Voilà, ouvrez l’œil. Allez ! »

     Et les cinq patrouilles sortent des Thermes, et s’envolent dans toutes les directions : Vers le Nord-Est pour Oche, vers l’Est à la rencontre du Blauersland, vers l’Est aussi pour Pont-de-Sarre, vers le Sud-Est pour Phalsbourg et vers le Sud-Ouest pour Mousson.

     « Vous, Armand Capes et Gabin Fleich, vous allez à Manderen, vous aurez les gens d’armes Jeanne Martinet et Aline Spohr avec vous, vous verrez les maçons et leur architectes. Dites-leur qu’ils peuvent venir en nombre dès que possible, pour construire trois bâtiments à Durandalem. S’ils peuvent venir dès aujourd’hui, vous les escortez, sinon demandez-leur quand ils pourront, nous leur enverrons une escorte. Qu’ils ne viennent pas seuls ! »

 

     À Durandalem, il reste une patrouille de secours, composée de Alain Bon, Jean Bonhomme, Annie Bour, Pénélope Brousse, Éric Burn, Marie Buset, Pierrette de Coubes, Josette le Coup, et les gardes de réserve Stéphane Spohr, Pierre Spohr, Paul Spohr, Paul Frisch et Georgette Fart.

     Ils vont faire de l’entraînement, pour s’occuper en attendant une intervention éventuelle.        Les Capitaines le Borgne Bauer et Joseph Brett sont avec eux.

 

     Le Capitaine Alix Holz est à Pont-de-Sarre,

     Le Capitaine Achille Gouvy est à Divio,

     Le Capitaine François Bauer est malade.

     Les Capitaines Hugues Schaff et Xavier Stamm sont en route pour Divio et Lugdon.

Les Germains à Pont-de-Sarre

 

      Hier dans la soirée, le Capitaine Alix Holz et les trois frères Jamot sont arrivés à Pont-de-Sarre.  Ils ont rencontré le bourgmestre Oscar Fontaine. En privé, car il faut se méfier de tout le monde dans ces cas-là ! Ils lui ont raconté la bataille de Walsch, et lui ont expliqué qu’un espion - ou plutôt une espionne -s’était fait enrôler dans l’équipe des gardes de la mine de Pont-de-Sarre, et qu'elle se nommait Martine Edjer.

     On décide de ne pas ébruiter la bataille de Walsch, et de surveiller l'espionne discrètement,  sans éveiller ses soupçons. Aujourd’hui, les Jamot se sont organisés à cet effet.

     Alex Jamot l’a suivie de loin, puis a transmis ses constatations au Capitaine Alix, qui est resté dans la Maison de la Ville avec Oscar Fontaine .

     « Elle est allée réclamer un acompte de sa paie chez la banquière. Elle a demandé qu'on la règle en pièces d’or. Elle a dit que c'était pour sa famille.  Prétextant une visite à ladite famille, elle est ensuite partie vers les bas quartiers de la ville, ou elle a rencontré des hommes, six hommes. Probablement des Germains.  En tout cas,  il y en avait au moins un : j’ai bien reconnu le tatouage de Khan quand je l’ai vu torse nu ! Elle est repartie ensuite, vers la colline, puis elle a pénétré dans l’enceinte.  Quelque temps plus tard, je l’ai vue descendre au pied du réservoir et y cacher quelque chose sous une pierre, puis elle est remontée. »

     Dans l’enceinte de la mine, Alix Jamot, lui, a joué à l'apprenti fondeur.

     Lui aussi fait son rapport :

     « Je l'ai vue prélever - discrètement, pensait-elle -  du minerai d’or qu’elle a enfoui dans sa tunique.  Puis, prétextant un oubli en ville, elle est ressortie , en volant au-dessus des murailles.  Et elle est redescendue par le chemin.  Je l’ai observée du haut des remparts. Elle s’est arrêtée au pied du réservoir d’eau, et je l'ai perdue de  vue. Quelques instants plus tard, elle est remontée et retournée dans l’enceinte. »

     De son côté, Alain Jamot était dissimulé pour surveiller les hommes contactés par l'espionne. Il fait à son tour son rapport :

     « Un des hommes a pris un cheval, puis est sorti de la ville par la porte Ouest. Je me suis discrètement envolé, à l’abri des regards, et de bien haut, je l'ai pisté. Il a continué vers l’Ouest, il s'est arrêté peu après dans une ferme close à moitié brûlée, non loin d'ici. Dans la cour, à l'intérieur,  j’ai vu une vingtaine de chevaux.  Ce qui laisse supposer que dans cette ferme se cachent des troupes, probablement des soldats de Khan. »

     Le Capitaine Alix  Holz remercie les trois sentinelles, leur demande de rester en place et de surveiller en permanence - et prudemment - tout mouvement de l’espionne ou des hommes qu’elle a contactés. 

   « Oscar, connaitrais-tu une ferme qui réponde à ce signalement, une ferme close, brûlée, à la sortie de la ville, vers l’Ouest ?   Il semblerait bien que ce soit devenu un repaire de Germains. 

     - Oui Alix, ça, c’est la ferme des Oberth. Ils ont été tués par les troupes de Khan quand ils sont passés par là. Ils y avaient mis le feu ! 

     - Il n’y a donc pas de civils là-bas. On va pouvoir s’en occuper ! » 

 

     Pierre Martin envoie un message à Alix :

     « Ici Pierre Martin ! Nous sommes la patrouille, nous arrivons à Pont -de-Sarre, as-tu besoin de nous ? 

     - Vous tombez bien ! Allez au haras de Saint-Inberg, je vous y rejoins !

      Oscar ! Tu as des gardes qui pourraient cerner et faire prisonniers les occupants de la maison dans les bas quartiers ? Alex Jamot va les guider. 

     - Je donne mes ordres sur l’heure ! 

     - Alix, m’entends-tu ?  demande alors mentalement le Capitaine.

     - Oui Capitaine ! je la surveille toujours ! 

     - Nous passons à l’action... Tu vas discrètement prévenir la cheffe des gardes, Roseline Reno, et vous  neutralisez l'espionne ! 

     - Reçu, on s’en occupe ! »

 

     Une fois au haras, après avoir expliqué au patron  Quentin Tamar pourquoi ils sont ici, le Capitaine Alix s'adresse aux patrouilleurs :

     « Il y a une ferme à demi brûlée à la sortie de la ville vers l’Ouest. C’est un nid de Germains ! Il faut les éradiquer ! Un bon moyen,  ce serait de mettre le feu pour les débusquer. Il y a une vingtaine de chevaux, il doit y avoir le même nombre de bandits. Voilà ce que nous allons faire .Albert et Aloïs Fritz, vous allez nous fournir de l’étoupe, afin de confectionner des flèches incendiaires. Avez-vous de la braise, ici ?

     - Oui, répond Quentin Tamar. Chez le forgeron qui est là pour ferrer les chevaux. 

     - Alors, il nous faut deux seaux de braise.

     Boris Elsie et Adolf Rimmel, vous savez où se trouve cette ferme, n’est-ce pas ? C’est la ferme des Oberth.

     - Oui, nous savons où elle se trouve ! 

     - Bien ! alors, avec les braises, vous allez allumer un feu chacun d’un côté, pas trop près de la ferme.

     Pierre Martin, Georges de Chaumes et Bernadette Subir, avec Boris Elsie à l’Ouest de la ferme, vous lancerez les flèches enflammées, si possible dans les habitations.

  En surveillant la ferme, attendez dans les airs que le feu soit allumé, puis allez  enflammer vos flèches. Ne prenez pas de risques, ne vous approchez pas trop près des murs, et visez les ouvertures.

     Paul Martin, Anne de Stef et Aloïs Barn, avec Adolf Rimmel, vous ferez la même chose, mais du côté Est de la ferme.

     Cela devrait inciter les occupants à sortir de l’enceinte.

     Prenez avec vous un maximum de flèches !

     Gabriele Polder, Janine Stark, Pauline Stark et Paul Pista, vous vous placerez en hauteur, hors de portée de leurs flèches, devant la ferme, et vous abattrez tous ceux qui sortent de la ferme. N’ayez aucun scrupule, les paysans qui habitaient là sont morts, égorgés par ces scélérats.

     Louise de Park, Joséphine Maud, Léa Nonet, Frederic Masson, Bert Karr et Elga Wink, vous ferez le tour du bois,  vous arriverez derrière la ferme, bien haut, et vous tirerez sur tout ce qui bouge dans l’enceinte. »

     Les frères Fritz reviennent avec une bonne quantité d’étoupe et d’étoffes, et un grand seau rempli de suif.

     Les palefrenières et les palefreniers arrivent et se mettent à l'ouvrage.

     « Nous allons vous aider à confectionner les flèches ! »

     Alain Jamot, prévenu par Alix, arrive avec quatre carquois pleins de flèches.

     « Alain, tu rejoindras le groupe de face avec Gabriele Polder, Janine et Pauline Stark, Paul Pista et moi. »

     Une fois  les flèches  confectionnées et trempées dans le suif, Alix donne l’ordre de passer à l’action.

      Les deux groupes d’incendiaires volent vers la ferme, très haut pour ne pas se faire repérer, et arrivent dans un fourré à l’Ouest, et dans le bois à l’Est. Tandis que les feux sont activés avec les braises, les gardes surveillent la ferme. Il n’y a aucun mouvement visible. Les deux groupes d’intervention sont en place, très haut dans le ciel. La mise à feu peut commencer !

     Et ce sont des nuées de flèches qui s’abattent sur les bâtiments, passent par les ouvertures, brûlent les poutres déjà à moitié calcinées, enflamment les logements, apeurent les chevaux, dont certains sont touchés par les flèches enflammées. Le suif en feu se répand partout.

     Des hommes paniqués sortent en courant, ne sachant pas d’où provient cette averse de feu dans l’enceinte de la ferme. D’en haut, les patrouilleurs tirent sur eux, en abattent plusieurs. Quelques chevaux  s’écroulent aussi.

     Quelques Germains restés à l'intérieur essaient de voir  par les ouvertures d’où proviennent les projectiles, mais ils  s'embrasent aussitôt, atteints par une flèche dans la gorge qui répand son suif sur eux.

     Dix Germains réussissent à sauter à cheval, et sortent en galopant de la ferme, mais ils tombent sur la patrouille de face, qui les mitraille de flèches.

     Les traits enflammés continuent de tomber sur les toitures, et bientôt toute la ferme n’est plus qu’un immense brasier.

     Les chevaux affolés s’enfuient, sans cavaliers, et galopent vers la ville. 

     « Empêchez-les  d’atteindre la ville ! » Ceux du groupe de l'Est s’élancent, se placent devant eux, et  les effraient. Les bêtes se détournent et galopent vers le champ.

     « Bravo à tout le monde ! Mission accomplie ! Descendez, et placez-vous autour de la ferme. Il se pourrait qu’il y ait encore des survivants ! Nous allons attendre patiemment que l’incendie s’arrête, puis nous irons voir. »

 

     Dans les bas quartiers de la ville, Alex Jamot et six gardes de la ville investissent la maison où se trouvent les Germains. Ceux-ci essaient de s’enfuir, mais les gardes les abattent au passage.

    Il n’y a finalement aucun survivant. Sept Germains sont morts, de flèches ou de coup d’épées. La bataille fut brève. Se croyant en sécurité, ils n’avaient pas d’armes avec eux. Dans la maison, Alex et les gardes trouvent du minerai d’or en quantité, dérobé dans la mine par l'espionne depuis quelque temps.

 

     Sur les remparts de la mine, pour appréhender l’espionne Martine Edjer, Roseline Reno a fait appel à ses deux archères de confiance, Ingrid et Björg Fjörd, dont les parents ont été tués par les Germains au Nord de Pont-de-Sarre.

     L'espionne est de faction sur le rempart.

     Discrètement, les archères  se sont placées de chaque côté d’elle et l’ont ceinturée ensemble, pour l'empêcher de s’envoler. Elles l’ont alors assommée, puis ligotée, et bâillonnée. Alix Jamot veillait non loin de là, avec son arc bandé, en cas où elle serait parvenue à s’échapper.

     Les autres gardes sont alors mis au courant de la capture. Jamais ils n’auraient pensé qu’il puisse y avoir une espionne parmi eux ! Ils avaient bien déjà constaté son comportement plutôt solitaire et ses absences répétées, mais sans y prêter spécialement  attention.

   

     Le Capitaine Alix revient chez le bourgmestre, et lui annonce le succès de l’opération de la ferme. Par la même occasion, il lui apprend l’éradication pure et simple des Germains qui se cachaient dans les bas-quartiers, ainsi que l’arrestation de l’espionne, enfermée inconsciente  dans la prison de la ville. Il suggère de la maintenir endormie par un puissant sédatif.  Sinon, avec les pouvoirs dont elle dispose, elle serait dangereuse et pourrait s’évader. Oscar fait donc  immédiatement venir Mercedes Benz, le médecin, qui l'anesthésie pour un bon moment. Alix de son côté promet de demander à Chantal s'il existe un antidote aux effets de la trémulonde. Si oui, il en rapportera ici.

   Pierre Martin arrive à son tour, pour préciser le bilan à la ferme :

     « Dix Germains sont morts devant le bâtiment, sept sont mort dans la cour, et cinq corps calcinés ont été retrouvés dans les décombres fumants. Nous avons récupéré quatorze chevaux. Sept sont morts. Nous avons mis les cadavres des Germains et les carcasses des chevaux dans la cour intérieure. Nos patrouilleurs ont conduit les chevaux restants chez Quentin Tamar, au haras de Saint-Inberg. »

     Oscar répond que ses services vont s’occuper d’enterrer les cadavres. Et il propose à Alix de rassembler ses patrouilleurs, de les emmener prendre une douche aux thermes de Pont-de-Sarre, et de se rassasier quelque peu. Il va s'y rendre lui aussi.

     Mais des rumeurs commencent à circuler parmi les habitants. On aurait vu les gardes de la ville attaquer une maison et tuer ses occupants,  et la ferme des Oberth aurait de nouveau brûlé…Oscar charge son adjoint Petrus Kroll de faire taire ces rumeurs en expliquant aux gens de quoi il retourne vraiment.

     Peu de temps plus tard, la patrouille au complet, et le Capitaine et son escorte, prennent congé des Sarrois avec la satisfaction du devoir accompli !

     Ils rentrent séance tenante à Durandalem, où Jacou les attend.

     « Alors Alix ! Cette espionne, que devient-elle ?

     - Elle est en prison ! Et nous avons trouvé et tué vingt-et-un Germains qui se cachaient dans une ferme devant la ville, et sept qui se terraient dans les bas-quartiers... Au fait, existe-t-il un antidote contre la potion de la trémulonde ? Il faudrait annihiler les pouvoirs de l’espionne  ! 

     - Oui-da ! Va voir Chantal, je la préviens. »

     Et Alix se rend au laboratoire de l’ancienne école. Cela lui fait toujours un pincement au cœur de repasser dans cet endroit où il a tout appris de la vie ! Il y croise à nouveau les ambassadrices rousses qui lui font un large sourire en lui adressant en chœur un  « Bonjour Capitaine de L’Empire ! » d’une voix si suave qu'il commence à se sentir en état de nudité masculine gênante... « Bonjour les Soldates de l’Empire ! » balbutie-t-il poliment tout en détournant le regard. Et il s’empresse d’aller voir Chantal.

     Le voilà prêt à repartir pour Pont-de-Sarre.  Jacou lui dit :

     « Emmène la patrouille de réserve avec toi, on ne sait jamais.  Et puis, cela leur fera prendre un peu l’air ! »

     Et une fois refait le plein de flèches, il s’envole donc avec Alain Bon, Jean Bonhomme, Annie Bour, Pénélope Brousse, Éric Burn, Marie Buset, Pierrette de Coubes, Josette le Coup, et les gardes de réserve Stéphane Spohr, Pierre Spohr, Paul Spohr, Paul Frisch et Georgette Fart.

Les patrouilles de retour à Durandalem

 

     Sur la route du Blauersland, la patrouille composée de Sylvestre Stalon, le chef de patrouille, Gustave Aifele, Georges Dufour, Chantal Elouis, Firmin Jessop, Emilie Jovi, Raphael Krips, Anne Kroux, Amedé Pauliat, Amandine Scheer, Adolf Schmit, Sylvie Stamm, Sophie Stamm, Francis Tell, Adèle de Visse, Michel Risle et Mia Rossi, a rencontré le convoi de dix grands chariots mené par Edmond d’Anton, Josie Trick, Annie Trick, Trudy Vikos, Lucie Kam, Elga Wink, Gabriele Polder, Hubert de Reup, Norbert de Reup, Josette et Josiane Paulus, Sophie et Paulette Orlan.

     Ensemble, ils arrivent à Durandalem sans avoir eu le moindre problème en route.

Les pierres sont déversées près des futures constructions, les frères Stein ont déjà tracé au sol les futures fondations, à valider par Isabelle Bour, l’architecte qui doit venir de Manderen.

Les chariots sont conduits dans le pré proche de chez Émile, et comme de coutume Nestor s’occupe des quarante chevaux à étriller, avec l’aide des gardes de nuit.

Après un excellent repas, la patrouille repart vers Durandalem, non sans se dévêtir avant... à la surprise du chef !

     Aucun problème n’est à signaler en route. Seulement la rencontre d'un chariot accidenté, qui a cassé une roue non loin de Mousson. Nicolas  envoie ses plus jeunes patrouilleuses, Charlotte  et Claudette Brett, pour secourir les paysans en panne, bloqués là avec leur chariot. Ils sont  sidérés par l'arrivée de ces jouvencelles nues ! 

     « Nous sommes des patrouilleuses de la brigade régionale ! N’ayez crainte, notre nudité est normale, nous ne sommes pas des diablesses ! Nous allons vous aider ! »  Et les deux filles se chargent d’aller chercher une autre roue à Mousson.  Avant d’arriver chez le charretier, elles se sont rhabillées Le charretier n’en revient pas de voir ces jeunettes arriver par le ciel, acheter et payer la roue avec une pièce d’or, puis repartir par les airs, en faisant  voler la roue devant elles.

   Arrivées au chariot, elles ont tôt fait de remettre la nouvelle roue en place. Et les sœurs Brett s’envolent  et rejoignent bientôt la patrouille, qui volait doucement en attendant leur retour.

   Après des remerciements chaleureux, les paysans peuvent continuer leur route.  Ils auront assurément de quoi raconter le soir à la veillée ! Mais on ne les croira sûrement pas...

    La patrouille arrive à Durandalem sans autre problème, .

     « Alors ? dit Jacou, quelles sont les nouvelles ? »

     Et Nicolas lui donne toutes les informations sur la venue des fondeurs, et lui raconte l'accident des paysans et le dépannage rapide des sœurs Brett !

     La patrouille d’Oche est elle aussi de retour.

     « La route était tranquille, dit Brigitte Calman.  À Oche, nous avons laissé les ambassadrices avec une escorte de six patrouilleurs. Ils sont arrivés nus au palais.  Et nous, nous avons continué jusqu’à la scierie au Nord. J’ai vu Victor Rous, le Maître compagnon, je lui ai donné le sac d'or. Il m’a assuré qu'ils viendront le lundi deux juin avec quatre chariots. lls attendront que la patrouille escorteuse soit à Oche pour partir. Nous avons récupéré nos ambassadrices et leur escorte en repassant à Oche.

     - Nous avons été reçues par l’Empereur, dit Agnès Hune, il était ravi de nous revoir ! Nous lui avons donné le compte rendu, qu'il a fait lire à haute voix par un conseiller. et ce qu'il a entendu l’a rempli de joie. "Je vais pouvoir annoncer toutes ces bonnes nouvelles au Conseil de l’Empire ! "  Il nous a d'emblée priées de rester un moment... Mais son chef de protocole lui a rappelé qu’aujourd’hui, il avait d’autres obligations. Il nous a alors priées d'attendre et de rester pour la nuit, rigole Agnès. Mais nous avons prétexté d’autres missions urgentes à remplir ! Nous lui avons un peu menti, mais c’était un pieux mensonge... Il nous a donc laissées partir, manifestement avec un peu de regret !

  - Merci, chères ambassadrices , sourit Jacou. Et merci la patrouille. Sacré Charlemagne, toujours aussi vert ! S’il le faut, je cautionnerai votre pieux mensonge...

    Dans l’après-midi, ce sont les Capitaines et les gens d’arme partis pour Manderen qui sont de retour. Rien de spécial à signaler sur le chemin.

    Les maçons pourront venir dès vendredi prochain, le vingt-trois mai. Ce sera la même équipe qu’à Pont-de-Sarre, avec deux nouveaux, Dimitri Thö, et sa fille Olga, une jouvencelle rousse de quinze ans, nouvelle disciple d'Isabelle Bour.

- Parfait ! se réjouit Jacou.  Cela se goupille plutôt bien !. »

 Plus tard, en fin d’après-midi, la patrouille de Phalsbourg arrive à son tour.

     « Aucun problème sur la route, dit Isabelle de Neck. Comme prévu, nous sommes passés chez les verriers de Meisenthal, et nous avons passé commande. Helmut Bour nous a dit qu’ils seront à Durandalem pour le début du mois, le mardi trois juin. Des gardes les accompagneront, mais ils veulent bien aussi des diables volants en escorte. Leurs quatre chariots attendront qu’ils soient là pour partir. J’ai donné le sac d’or d’acompte. Helmut  l'a trouvé suffisant pour la totalité de la commande !

De là, nous sommes allés à Phalsbourg, où nous avons été accueillis comme des princes ! Rien à signaler de leur côté. Ils ont organisé des patrouilles régulières à plusieurs dizaines de lieues autour de la cité. Et des gardes de nuit. Mais il leur en faudrait plus. Hélas, ils n’ont pas le budget nécessaire ! Nous leur avons donc  laissé un sac d’or pour financer les embauches.

     Le bourgmestre a estimé que la région était bien nettoyée !  Nous lui avons raconté la bataille de Walsch, et les mille deux cents Germains éliminés.

 Nous leur avons dit que nous repasserions d’ici deux semaines, pour initier les nouvelles recrues. Et nous sommes revenus par la route directe. Rien d'autre à signaler.

- Merci Isabelle, conclut Jacou, et merci à vous, la patrouille ! Venez donc vous restaurer et prendre du repos ! »

 

 

     La patrouille pour Mousson, Nicolas Derieux, chef de patrouille, Edouard Chop, Georges Décrié, Arnaud Della, Bruno Della, Éric Dombes, Mikael Franc, Armand Fritsch, Frantz Hers, Norbert Hill, Joseph Karan, Paulette Paupe, Hermine Serf, Johan Sorbe, Hugo Spohr, Roméo Spohr, Sylvain Bour, Charles Braun, Charlotte Brett et Claudette Brett arrive sans encombre à destination.

     Ils s’arrêtent un peu avant Mousson, dans un bois, pour enfiler leurs tuniques, qu’ils avaient enroulées autour de leurs carquois.

     Nicolas Derieux rencontre Léonard de Wendel, le patron des fondeurs, qui, au vu de la liste dit à Nicolas qu’ils viendront dans dix jours, six chariots et six forgerons-fondeurs, soit le vendredi trente mai.

     Nicolas lui donne l’or en acompte, et lui dit alors d’attendre que la patrouille soit à Mousson pour les accompagner ce jour-là, ce que Léonard trouve tout-à-fait sage !

     Il invite la patrouille à venir se restaurer à l’auberge du port, réputée pour son menu de poissons.

     Le chef Alexandre Lagroye les accueille et leur dresse une table sur la terrasse, au bord de la rivière Mosel.

     Puis, après cet excellent repas, La patrouille repart vers Durandalem, non sans se dévêtir avant, à la surprise du chef !

     Aucun problème n’est à signaler en route, Si ce n’est un chariot qui a une roue cassée, non loin de Mousson.

     Nicolas Derieux envoie alors ses plus jeunes patrouilleuses, Charlotte Brett et Claudette Brett, qui ont sidéré les paysans qui étaient là avec leur chariot en panne, ne sachant comment regagner leur ferme.

     La patrouille continue sa route, non sans laisser Hugo Spohr, Roméo Spohr, Sylvain Bour et Charles Braun pour accompagner les jeunes brunes, les filles du Capitaine Joseph.

     « Nous sommes les patrouilleuses de la brigade régionale ! N’ayez crainte, notre nudité est normale, et nous ne sommes pas des démons ! Nous allons vous aider ! » 

     Et les deux filles se chargent d’aller chercher une autre roue à Mousson, elles se sont habillées avant d’arriver chez le charretier, qui n’en revient pas de voir ces jouvencelles arriver par le ciel, acheter et payer la roue avec une pièce d’or, repartir par les airs, la roue volant devant elles.

     Arrivées au chariot, elles ont tôt fait de remettre la nouvelle roue en place !

     Après des remerciements chaleureux, les paysans peuvent continuer leur route, ils auront de quoi raconter, même si on ne les croira sûrement pas !

     Et les sœurs Brett s’envolent avec leurs compagnons, et rejoignent bientôt la patrouille qui volait doucement en les attendant.

     La patrouille arrive à Durandalem sans autre problème.

     « Alors ? dit Jacou, quelles sont les nouvelles ? »

     « Léonard de Wendel viendra dans dix jours, dit Nicolas Derieux, le vendredi trente mai, avec six chariots de matériel et six fondeurs !

      Il attendra que la patrouille soit à Mousson pour partir.

     Nous avons aidé une famille de paysans sur la route du retour, les sœurs Brett sont retournées à Mousson pour acheter une nouvelle roue, celle de leur chariot était cassée. »

 

     La patrouille d’Oche est de retour.

     « La route était tranquille, dit Brigitte Calman. A Oche nous avons laissé les ambassadrices avec une escorte de six patrouilleurs, François Kassem, Alban Lieue, Martine Martin, Gabriel de Mess, Joël de Mess et Juliette Opér.

     Ils sont arrivés nus au palais, et nous avons continué jusqu’à la scierie au Nord.

     J’ai vu Victor Rous, le Maître compagnon, qui m’a affirmé que pour le lundi deux juin ils viendront avec quatre chariots, ils attendrons que la patrouille soit à Oche pour partir.

     J’ai donné le sac d’or à Victor Rous. 

     Nous avons récupéré nos ambassadrices et leur escorte en repassant à Oche.

     - Nous avons été reçues par l’Empereur, dit Agnès Hune, il était ravi de nous voir !

     Nous lui avons donné le compte-rendu, il l’a fait lire à haute voix par un conseiller et son contenu l’a rempli de joie !

     - Je vais pouvoir annoncer cela au conseil de l’Empire ! a-t-il dit.

     Il voulait d’emblée que nous restions un moment !

     Mais son chef de protocole lui a rappelé qu’il avait d’autres obligations aujourd’hui !

     Il voulait alors qu’on reste pour la nuit, mais nous lui avons dit que nous devions encore remplir d’autres missions ! dit-elle en rigolant !

     Il nous a donc laissé partir, avec un peu de regrets !

     Nous avons menti à l’Empereur, mais c’était un pieux mensonge ! 

     - Merci les ambassadrices ! dit Jacou. Je cautionnerai votre mensonge s’il le faut ! dit-il en souriant.

     Sacré Charlemagne ! Toujours aussi vert ! ajoute-t-il.

     Et merci la patrouille pour avoir rempli votre mission ! »

 

Dans l’après-midi, les Capitaines et les gens d’arme partis pour Manderen sont de retour.

 Rien à signaler sur le chemin.

Les maçons pourront venir dès vendredi prochain, le vingt trois mai. Ils seront la même équipe qu’à Pont-de-Sarre, ont-ils dit, avec un nouveau, Dimitri Thö, avec Isabelle, et sa nouvelle disciple, la fille de Dimitri, une jouvencelle de quinze ans, la rousse Olga Thö. »

« Parfait ! Cela se goupille plutôt bien ! dit Jacou. »

 

     Plus tard, en fin d’après-midi, la patrouille de Phalsbourg est de retour.

     « Aucun problème sur la route, dit Isabelle de Neck, nous sommes passés chez les verriers de Meisenthal, et avons passé commande comme indiqué sur le parchemin que nous avons donné aux verriers.

     Helmut Bour nous a dit qu’ils seront à Durandalem pour le début du mois, le mardi trois juin. Ils ont des gardes qui les accompagnent, mais veulent bien des diables volants en escorte. Ils attendrons qu’ils soient là pour partir, il auront quatre chariots, d’après la demande établie.

     J’ai donné le sac d’or d’acompte, Helmut Bour a dit que cela suffisait pour la totalité de la commande !

 

     Puis nous sommes allé à Phalsbourg, où nous avons été accueilli comme des princes !

     Rien à signaler de leur côté. Ils ont organisé des patrouilles régulières à plusieurs dizaines de lieues autour de la cité. Et des gardes de nuit. Mais il leur en faudrait plus, hélas, ils n’ont pas de budget pour cela !

     - La région est bien nettoyée apparemment ! a dit le bourgmestre de Phalsbourg Adrien Bauer.

     Nous lui avons raconté la bataille de Walsch, et les mille deux cent Germains éliminés !

     Nous lui avons aussi laissé un sac d’or pour financer l’embauche de nouvelles recrues des gardes et des gens d’armes.

     Nous leur avons dit que nous passerions d’ici deux semaines, pour initier les nouvelles recrues.

     Et nous sommes revenus par la route directe, rien à signaler. »

« Merci Isabelle, et merci à vous, la patrouille ! dit Jacou. Venez, vous restaurer et prendre du repos ! »

 La bataille de Fourvière

 

     La patrouille menée par Dillon arrive en fin de matinée à Divio, et atterrit sur la place de la cité.

     Les Divionnais sont impressionnés par ces cinquante soldates et soldats nus, chargés de carquois de flèches, l’arc en bandoulière !

     Achille vient à leur rencontre.

     « Merci d’être venus aussi nombreux ! Nous sommes allés repérer les lieux à Lugdon, grâce aux indications des filles que nous avons libérées.

     Les bandits se sont installés dans une grotte dans la montagne de Fourvière, au Nord de la ville. La grotte - en fait, une ancienne mine abandonnée - est située au-dessus des vestiges du palais préfectoral romain. C'est un labyrinthe de tunnels,  avec six petites entrées et une entrée principale, dans laquelle des chariots entiers peuvent pénétrer. Il y a aussi cinq puits d’aérage qui débouchent sur la montagne, dont un dans les ruines d’un temple romain.

     Aux dires des habitants proches, ils seraient bien cinq cents bandits à s’être réunis dans cette grotte !  Nous avons repéré toutes les aérations, et toutes les entrées des tunnels. 

     - Merci, Achille,  pour ces précieux renseignements ! Nous ne nous aventurerons pas dans la mine :  trop de cachettes possibles pour les bandits, qui risquent ’y mettre en embuscade. Non,  nous allons les enfumer ! Nous attaquerons cet après-midi.  Mais pour l'instant, nous avons bien faim ! Les voyages, ça creuse...»

 

     Et des tables sont installées sur la place. Tous les habitants leur apportent de quoi se nourrir,  des mets et des vins à profusion !

     « Mangez, les patrouilleurs ! dit Dillon. Nous aurons deux heures pour digérer en vol ! Nous partirons à quatorze heures. »

 

     Armand Della, le bourgmestre, dit alors :

« Mon chef des gardes, Étienne Alatiene, a une suggestion à vous faire.

     - Oui, nous pourrions déjà partir en amont, préparer de quoi faire de la fumée près des puits et des entrées, de façon à être prêts à votre arrivée. 

     Bonne idée, Étienne. Faites-vous aider par la population, éloignez-la ensuite des entrées de la mine, et qu’ils se mettent à l’abri dans la basse-ville.

    Étienne dit à Bernard Paris, le chef des gens d’arme : « Je te laisse la garde de la ville, avec quatre de mes gardes, Georges Stand, Jean et Jeannette Ticule et Roger Rabbit, et avec tes gens d’armes. Soyez vigilants ! »

     Et Étienne Alatiene, les gardes Jeanne et Anne Pauly, Paul et Pierre Surf, André Sandrap, Nico et Nicole Croisy s’envolent tous les huit vers Lugdon.

     Une fois arrivés, ils se rendent sur la montagne, et accostent les bergers qui gardent leurs chèvres et leurs moutons. Ils  expliquent leur plan, et leur demandent d'apporter des bottes de paille, et tout ce qui peut brûler. Ils leur conseillent aussi de partir de la montagne. et de descendre dans la plaine. S’ils restent ici, ils risquent l'enfumage !

     Ils allument alors des feux, prêts à balancer des bottes de paille et autres  objets enflammés dans les puits d’aérage.

     Puis ils descendent dans la ville basse, et demandent aux habitants de porter des seaux de graisse non loin de chaque entrée de la grotte.

     « Soyez discrets, il ne faudrait pas qu’ils aient vent de cela et se sauvent ! »

     Un peu de fumée sort par les puits.  Les bandits ont allumé des feux pour se réchauffer. C'est qu'il ne fait pas chaud dans les grottes !    

     

     À Divio, tout le monde est prêt à partir pour Lugdon.

     Quatorze heures, c’est le départ. Dans deux heures ils seront sur place ! Les consignes sont déjà données. Un feu sera allumé devant chaque entrée de la grotte, et les archers tireront sur tous ceux qui sortent.

     Les groupes sont déjà faits :

    « Youp Zimme, tu allumeras un feu devant l’entrée principale. Seront en poste sous mes ordres les archers Ingrid et Olaf York, Alain et Alexandre Vikos, Berthe Urbain, Eudes d’Allier, Jorg Anis et Edmond d’Anton,

     Philibert d’Argenteuil, tu t’occuperas de l’entrée 2, avec Audebert d’Auster, Joséphine Béquer, Apollinaire de Bœuf, Firmin de Conté, Annie Corda, Lassie Corda, sous les ordres du Capitaine Xavier Stamm.

     Paulin Surcouf, l’entrée 3, avec Marie Suiré, Brigitte Surcot, , Claudette et Claude Rouste, Pries et Siel Rozanoff. C'est le Capitaine Achille Gouvy qui dirigera la manœuvre.

     Aline Espèrès, à l’entrée 4, avec José Flaine, Christiane Flush, Marianne Flush, Pierrot et Paulo Gaulot, Sophie Goran, C'est Pauline Espèrès qui  commandera la manœuvre.

     Paulette Rung à l’entrée 5, avec Pauline Rung, Klaus et Kristof Rund, Anna Prest, Madeleine de Proust et Brice de Niss, sous le commandement du Capitaine Hugues Schaff.

     L’entrée 6, ce seront Alex Miel, Ulla Mour, Béatrix Land, Chantal Légauries, Éric Lerouge, Joseph Ikast commandera la manœuvre.

     Et la 7, Alfred Thune, Albert Thune, Jean Dart, Myriam Erika, Albert Erstein, Aimé d’Ortega, Théodore Gouvy, C'est Jean d’Ortega qui sera aux commandes.

 

     En attendant l’arrivée des troupes, avec l’aide des gardes de Lugdon, ceux de Divio se placent devant les différentes entrées de la grotte, et ont ordre d’abattre tous ceux qui tentent d'y pénétrer.

     Trois cavaliers essaient d’arriver à la grotte, probablement pour prévenir les bandits, et sont aussitôt fauchés.  Plusieurs flèches ne leur laissent même pas le temps de pousser un cri !

     Les renforts arrivent peu avant seize heures, Valérie et Marie installent un hôpital de campagne dans la ville basse, aussitôt assistées par des bénévoles, médecins et infirmiers de Lugdon.

 

 

     Il est seize heures quand commence l’enfumage !

     Du haut de la montagne, des bottes de paille enflammées sont jetées dans les puits, des seaux de graisse sont versés dessus, et l'on bouche les puits par des branchages, des toiles, et autres troncs pour empêcher l’air de sortir.

     Depuis l’avant des entrées, une pluie de flèches imbibées de graisse en flamme pénètre dans la grotte, de toute part.

     Devant l’entrée principale, les chevaux, effrayés par les flèches en flamme, se sauvent et galopent en panique vers l’air libre. Quelques bandits sur les chevaux sont impitoyablement abattus.

     Dans la grotte, une fumée âcre remplit toutes les galeries. Les bandits ne peuvent plus respirer, et sortent en toussant par toutes les entrées de la grotte.

    Dehors, pas un bandit ne fait plus de dix pas avant de tomber foudroyé, transpercé par les traits des archers, qui font comme à l’entraînement !  Plus personne ne tousse !

    Hormis le carquois des flèches enrobées, chaque archer est muni de deux carquois de dix flèches. Bientôt, quelques-uns sont à court de flèches, et volent autour de la montagne pour s’en procurer.

     Certaines entrées ne sont pas très fréquentées, et seuls une trentaine de cadavres jonchent le sol. En revanche, devant l’entrée principale, des centaines de bandits ont été transpercés par les flèches, et les carquois arrivent des petites entrées.

     Une épaisse fumée s’échappe des entrées. Dillon ordonne de toutes les boucher, hormis l’entrée principale. Il est dix-huit heures quand il donne l’ordre de rouvrir les puits d’aération. Il n’y a plus d’air respirable  depuis un bon moment dans la grotte.

     « Attention aux retours de flammes, dit-il en pensée aux gardes divionnais sur la montagne. Tout va s’embraser encore une fois ! »

     Un gros appel d’air se fait alors par les puits, et plus aucune fumée ne sort par l’entrée principale. Aucun bandit non plus, d’ailleurs !

     Sur la montagne, accompagnées de flammes gigantesques, des volutes de fumée âcre jaillissent des puits. Étienne Alatiene se dit qu'il doit faire bien chaud, là-dessous !

    

     Les patrouilleurs ramassent les cadavres des bandits, et les ramènent devant l’entrée principale.

     Devant l’entrée principale, cent quatre-vingts bandits ont été abattus.

     À l’entrée 2, soixante-quinze !

     À  l’entrée 3, juste quinze.

     À l’entrée 4, soixante-cinq !

     À l’entrée 5, trente-huit.

     À l’entrée 6, à peine dix.

     Et à l’entrée 7, quarante-trois.

     Ce qui fait quatre cent vingt-six bandits abattus devant la grotte.

     Dillon décide alors de faire des grands feux devant les entrées, et de les alimenter toute la nuit.

     « La fumée va immanquablement remplir toutes les galeries de la grotte.

     Il faut boucher les puits d’aérage, sauf un, le plus éloigné de l’entrée, pour que la fumée soit aspirée à l’intérieur ! ».

     Et bientôt, la montagne de Fourvière ressemble à un volcan prêt à entrer en éruption !

     Non loin de l’entrée principale, on a commencé à creuser un gigantesque trou pour ensevelir tous les bandits, et probablement nombre de chevaux attachés qui n’ont  pu sortir de la grotte  ! On en trouve cent quatre-vingts...

     Les bandits sont dépouillés et jetés dans le trou, les uns après les autres.

     « Demain matin, dit Dillon, après les avoir bien ventilées, nous irons visiter ces grottes ! . 

     Nous nous en chargeons, nous les Capitaines, avec les quelques gardes de Divio et avec ceux de Lugdon. Tous les autres, vous pouvez regagner Divio avant la nuit.

     Aucun blessé n’est à déplorer ! Valérie et Marie, vous êtes venues pour rien...  Mais grand merci d’avoir été présentes, les filles !  Nous vous rejoindrons pour midi, et nous rentrerons ensemble à Durandalem ! »

     Toutes et tous repartent pour Divio.

     Valérie se propose alors d’initier les gardes de Lugdon.

     Alors Dillon fait venir le bourgmestre de Lugdon, maître Hugues Iniol, et le chef des gardes, Étienne Yaffront.

     Il leur explique qu'ils vont pouvoir bénéficier de certains pouvoirs très intéressants. Et Étienne désigne les trente gardes qui vont être initiés.

     Il y aura lui-même et quatorze garçons, plus quinze filles  :

  Étienne Yaffront, chef des gardes, Paul et Pierre Tuile, Jean Truk, Albert et Robert Frère, Nicolas Bondieu, Gabriel Kabach, Anatole Froisse, Roger et Amédée Suk, Georges Stand, Raoul Paz, Denis Depoul, Émile Club et Édouard Issons.

     Ingrid Törk, cheffe des gens d’arme, Charlotte Petit, Christiane Nouvel, Berthe Priais, Joséphine de Pô, Mireille d’Arc,  Éveline Pilot, Emmanuelle Vire, Adeline Spar, Chantal Egou, Pierrette et Annette Chust, Marie et Annie Stère, et Adèle Arte.

   

     Et c'est la séance habituelle. Valérie les fait s’allonger à même le sol, et leur donne une rasade à boire à chacun. Ils s’endorment aussitôt.

     « Mais quels pouvoirs exactement vont-ils posséder ?  s'enquiert  Hugues Iniol.

     - Celui de voler, de communiquer par la pensée, et de déplacer les objets à distance !  dit Valérie.

     - Vous vous moquez de moi ! »

Valérie alors décolle, et à trois pas du sol, soulève le bourgmestre, et le dépose dix pas plus loin.

     - Voilà un aperçu ! » dit-elle en riant. 

Hugues n’en revient pas !

   

 

    Au bout d’une demi-heure, Les gardes et les gens d’arme se réveillent. Dillon les entraîne à utiliser leurs nouveaux pouvoirs, et ils y arrivent rapidement !

 

     Le bourgmestre, maître Hugues Iniol, est épaté de voir ses gardes virevolter autour de lui.

     Ingrid Törk fait l’essai de vol, descend à la ville basse, salue les habitants ébahis qui la reconnaissent, puis revient aussitôt devant la grotte. 

     Dillon alors se met nu, ainsi que les Capitaines.

     « Ceci est la tenue habituelle des gardes volants, partout en Austrasie. Tenue  recommandée par l’Empereur Charlemagne, qui y participe nu, lui aussi !  Nous avons voyagé nus depuis Durandalem. Pour ne pas choquer les populations, en arrivant, nous avons revêtu des tuniques. Mais maintenant, nous reprenons notre tenue de peau ! »

     Les gardes de Divio ne se font guère prier pour en faire autant. Il fait encore bien bon ce soir.

     « Nous aussi nous pouvons le faire ! »  dit Ingrid. Et la grande rousse se déshabille devant ses soldats.  Après un premier moment de stupeur et d’admiration de ce corps magnifique aux seins bien charnus, les femmes gardes se déshabillent toutes l’une après l’autre, bientôt imitées par tous leurs collègues masculins.

     Le chef des gardes regarde le bourgmestre, qui incline la tête en signe d’acceptation. Il se déshabille alors lui aussi.

     « Il serait sage  que vous éditiez  un décret dès demain, conseille Dillon. Un décret permettant la nudité aux gardes et aux gens d’armes ! Combien avez-vous d’hommes et de femmes qui défendent votre cité, en tout ? 

     - Nous en avons vingt de plus ! dit Hugues Iniol.

     - Alors, demain matin, je les initierai ! » dit Valérie. 

     Dillon explique que ces vols leur permettront de rejoindre Divio en deux heures, la grande Bleue et Massilia en six heures... et le sommet de la montagne de Fourvière en cinq petites minutes !

     Pour la nuit, Dillon et les Capitaines campent devant l’entrée principale. Les gardes initiés volent autour des entrées, et réalimentent de temps en temps les feux qui enfument la grotte.

 

     À Durandalem, le Capitaine Alix est de retour de Pont-de-Sarre avec sa patrouille. Là-bas, le médecin Mercedes Benz a administré l’antidote de la potion qui permet de voler à l’espionne en prison, toujours endormie. À son réveil, elle n’aura plus aucun des pouvoirs des gardes.

Son jugement est prévu pour le premier juin.

Abus de confiance, vols aggravés, complicité d’assassinats, collusion avec l’ennemi, atteinte à la sûreté de la ville… Pour tous ses forfaits, elle encourt la peine capitale !

 

  • Mercredi 21 mai

 

     Au matin, sur la montagne de Fourvière, à Lugdon, les feux sont éteints. Quelques braises rougeoient encore…

     Les puits d’aérage sont ouverts, et la fumée prisonnière s’échappe enfin de toutes les issues.

     Un léger vent s’est levé, aérant bien la grotte, et toutes les entrées sont alors dégagées. Les habitants prévoient que le vent va souffler très fort d’ici peu ! Cela fera chanter la grotte...

     Valérie a endormi les vingt gardes et gens d’arme, ils seront bientôt initiés comme les autres.

     Adrien Stand, Michel Hisse, Raoul Binet, Joseph Marie, Gérôme Souit, Basile de Franc, Ambroise Pare, Odilon Nyva, André Ziaine, Hubert, Norbert et Robert Thol, Mariette Sijol, Brigitte Missa, Martine et Sandrine Edit, Irène Dénaige, Ida et Olga Storm et Léa Mory vont bientôt se réveiller. 

    

  Quand plus aucune fumée ne sort des puits d’aérage, les Capitaines, arcs bandés, s’aventurent à l’intérieur. Ils ont des torches, qui ont bien du mal à rester allumées.  Comme annoncé, le vent est turbulent !

     Peu après l’entrée, ils tombent sur un charnier de chevaux morts. Quelques cadavres de bandits touchés par les flèches enflammées sont en partie carbonisés. Ils commencent alors à sortir les carcasses des chevaux et les corps des bandits, qu’ils portent par lévitation jusqu’à l’immense trou creusé la veille. Beaucoup sont morts asphyxiés par la fumée.

     Pendant deux heures, avec l’aide des gardes de Divio et de Lugdon, les Capitaines explorent tous les recoins et tunnels de la grotte. Il y a plusieurs lieues de galeries à visiter. Ils continuent au fur et à mesure à évacuer les corps de bandits et les cadavres d’animaux. En tout, ils comptent cent vingt-trois bandits morts, cent cinq chevaux, une dizaine de chèvres et trois vaches.  Aucun être vivant n’a survécu à l’enfumage !

     Il y avait donc dans la grotte cinq cent quarante-neuf bandits se revendiquant de la Chauve-Souris .

    

     Une fois les gardes réveillés, Dillon, les Capitaines, Valérie, et les gardes de Divio prennent congé.

     Le bourgmestre Hugues Iniol les remercie chaleureusement de les avoir débarrassés de ces bandits qui leur pourrissaient l’existence depuis des années !

     Et aussi pour les pouvoirs de ses gardes et gens d’armes, qui vont être bien plus efficaces pour surveiller et protéger la ville.

     Et les patrouilleurs s’envolent vers Divio. Il est dix heures.

Le vent souffle vigoureusement du Nord. En tunique, ils ont du mal à voler. Il essaient de monter très haut, au-dessus du vent. Mais il y fait bien plus froid ! Ils sont obligés de se  poser plusieurs fois au soleil et à l’abri du vent, pour se réchauffer. Il est midi passé quand ils arrivent enfin à Divio.

     Dillon, après s’être mis nu pour profiter du soleil bourguignon de midi, informe les Divionnais du décompte de l'opération : comme dit plus haut, cinq cent quarante neuf bandits y ont laissé la vie, ainsi que cent cinq chevaux, dix chèvres et trois vaches...

     Puis il demande aux gardes de Divio d’escorter jusqu’à Lugdon les prisonnières libérées des bandits. C’est à douze heures de cheval.

    Étienne  le chef des gardes s’en occupera. Il promet que demain, elles seront chez elles.

     Après un repas bien copieux, les patrouilleurs au complet repartent pour Durandalem.  Heureusement, il y a moins de vent par ici que dans la vallée de la  Saosne  !

Préparatifs à Durandalem

 

      Il est bien vingt heures quand la troupe arrive à bon port, sans avoir rencontré de problème en route. Dillon fait son rapport à Jacou.

     « Achille arrive par chariot, avec les frères Horn et leurs filles, et avec une escorte de dix hommes de Divio, qui repartiront en volant. Ils seront là demain pour midi !

     - Espérons que nous avons éradiqué ce fléau aussi ! » dit Jacou.

 

     Entre-temps, Roger, escorté par les gens d’armes, a distribué les listes d'offres d'emploi que les élèves de l’école ont recopiées depuis lundi en de nombreux exemplaires.  Le recrutement se fera à partir du 26 mai au bureau des Thermes. Cent six postes dans le village sont  à pourvoir dès le mois de juin. Des emplois sûrs, ouverts aux personnes de seize à cinquante ans, avec facilités de logement et obtention du statut de citoyens de Durandalem, avec tous les avantages sociaux que cela comporte...

 

      Jacou a réuni Gabriel, Dillon, Emanuel Frisch, Axell Wilkinson, Jean Martin.

     « Nous devons aussi nous occuper des élections du bourgmestre !  Pour l’instant, trois candidatures pour le poste :  Emanuel Frisch, banquier, orfèvre, et bourgmestre adjoint. Axell Wilkinson, fondeur. Jean Martin, chef des gens d’armes. Messieurs, vous avez jusqu’à dimanche pour convaincre vos partisans ! Chacun a bien sûr le droit de s’exprimer. Cela se fera à l’auberge, les trois prochains jours. Nous allons procéder à un tirage au sort, pour décider quel jour chacun  exposera son programme. »

     Le tirage au sort est rapide, Jacou annonce les résultats :

    « Ce soir mercredi à vingt heures, ce sera toi, Axell qui auras la parole à l’auberge. .Demain jeudi, ce sera Emanuel.  Et vendredi,  ce sera donc toi, Jean ! Soyez convaincants, l’avenir de Durandalem est entre vos mains !

     Les votes auront lieu aux Thermes, dans la salle de restaurant, dimanche à partir de 8 heures.  Ils seront clos à dix sept heures, et le résultat sera annoncé après le comptage. Celui qui aura le plus de voix sera élu bourgmestre. Le deuxième en nombre de voix sera élu adjoint. J’assurerai encore la fonction, le temps de former le nouveau bourgmestre.

     Mais n'oublions pas qu'auparavant nous avons aussi un mariage : celui d' Emanuel Frisch et de Jeannette Deir, samedi !

    En attendant, aujourd’hui, nous devons réunir tous les gardes, aux Thermes, sans plus attendre. Gabriel, tu es chargé sur l'heure de tous les convoquer ! » 

 

Réunion de la patrouille régionale.

 

      Au bout d’un moment, patrouilleuses et patrouilleurs sont tous là. Jacou prend la parole.

     « Je vous ai tous réunis pour faire le bilan de nos patrouilles.

    Je peux dire que s'ils n'ont pas tous disparu, les Germains sont tout de même bien entravés dans leurs intentions de nous nuire. Depuis que nous leur faisons la chasse, plus de deux mille ont péri !

     Quant au clan de la Chauve-Souris, vous l'avez bien éradiqué à Lugdon !

     Les routes sont à nouveau fréquentables, et de nombreuses cités disposent  maintenant des moyens pour se prémunir d’attaques et pour se défendre !

     Votre présence à Durandalem n’est donc plus nécessaire. Nous n’avons pas besoin des cent soixante-et-onze que vous êtes ! Voici donc ce que nous allons faire : un garde de chaque bourg restera pour former la patrouille de défense. Vous en désignerez un parmi vous, d’un commun accord. Les autres, vous rentrerez chez vous !

     Mais vous n’êtes pas libérés pour autant. Vous continuez à faire partie de la brigade régionale, et à ce titre,  vous effectuerez des surveillances aux alentours de vos villes et villages respectifs. Vos salaires sont évidemment maintenus, mais nous remettons les compteurs à zéro. Emanuel, ici présent, va vous donner à tous votre solde pour le travail accompli !  Vous touchez chacune et chacun deux livres-or. Considérez cela comme une prime !

     Vous continuerez à toucher votre paye comme convenu tous les mois.

     Un émissaire, désigné par vous dans chaque bourg, viendra à Durandalem chercher la paie des patrouilleurs de sa localité.  La personne désignée par chaque groupe pour rester viendra de ce côté !

      Voyons les Capitaines... Hugues, tu emmèneras tes gardes avec toi et tu m’en laisseras un. S’il parle germain, c’est mieux !

     - Pas de souci, les jeunes Kristof Rund et Youp Zimme sont volontaires ! 

     - Alix, Armand et Gabin, vous rentrez à Tenquin. Achille arrive demain. Il retournera à Hombourg.  Joseph et Xavier, vous récupérez vos filles, elles ont été bien utiles ! Le Borgne, bien sûr, tu retournes à la ferme. Tu raconteras à François.  Dillon, tu reviens à ta charge de chef des gardes ! Tu as toujours un prisonnier à interroger...

     - Je parle viking, dit Olaf York. Je peux aider, je reste ! 

     - Merci Olaf. Tu vois avec Dillon. Les frères d’Ortega, vous reprenez vos postes de vigiles.  Bien sûr restez disponibles s’il le faut ! Hantz Trancène, tu es le seul de Deux-Ponts, mais ta ville a besoin de toi ! Pierrot et Paulo Gaulot, vous rentrez à Gerbécourt. Soyez vigilants. Les soldats de Sarre, vous retournez à vos surveillances, notamment fluviales !

 

     Ceux qui sont volontaires pour rester :

    D’Oche  : Chantal Légauries., Carmen Ladanz, , quand elle sera guérie.  D’Ars, Alban Lieue.  De Hombourg, Joelle Mépied . Ingrid et Olaf York, de Mettis, Edmond d’Anton , de Many. Marie Buset, de Falkenberg. Benoît Suif, de Morsbach. Kristof Rund et Youp Zimme, de Naborum. Sylvain Bour, de Laudrefang, Marie Suiré, de Herny. Éric Burn, de Tenquin. Anne de Stef, de Romberg, Paul Pista, de Vahl. Georges Décrié, de Gorze. Joséphine Maud, de Saint- Louisbourg, Hugo Spohr, de Gmunden. Hélène Port, de Pont-de-Rossel, quand sa cuisse sera guérie. Albert Jamot, soldat de Sarre, dès qu’il sera guéri. Georges Touret, de Han; Mia Rossi, de Dieuze. Joel de Mess, de Mayvilla, Hermine Serf , de Vic. Marie Gaulle, de Montigny. Sylvestre Stalon, de Téterchen. Et Monique Trulli, de Lingen.

    Ce qui fait vingt-huit volontaires, treize filles et quinze garçons. Je vous félicite, merci ! Le rôle de la nouvelle patrouille sera encore établi. Bien ! Vous pouvez partir dès que vous aurez touché votre prime. Vous pouvez aussi partir demain. Vous serez toujours les bienvenus à Durandalem ! »

La campagne électorale : Axell Wilkinson

 

  Ce soir, c’est la première soirée électorale pour l’élection du nouveau bourgmestre, Jacou Artz se retirant.

      Trois candidats en lice.  Le tirage au sort a désigné le jour de parole de chacun :

     - Axell Wilkinson, fondeur, parlera aujourd'hui mercredi, à vingt heures.

     - Emanuel Frisch, banquier, orfèvre et bourgmestre adjoint, parlera demain jeudi.

     - Vendredi, ce sera au tour de Jean Martin, chef des gens d’armes.

 

     À vingt heures, Axell Wilkinson prend donc la parole.

    « Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, Durandalémoises et Durandalémois, je me présente devant vous.  Je m’appelle Axell Wilkinson,  fondeur d’or avec mon épouse Gabriele, et j’habite dans la maison de la fonderie sur la colline Sud.

     Grâce aux inventions de Robert, de Jérémoy et de ses fils, que je remercie grandement, mon travail de fondeur est de moins en moins astreignant, et j’ai davantage de temps à consacrer à mon village, qui m’a si gentiment adopté avec ma famille, voici déjà trente-trois ans...

     Je ne veux pas changer ce qui existe, et qui profite déjà à toutes et à tous ! Les derniers projets de Jacou, la Maison des Aînés et les nouvelles embauches, voilà qui va augmenter la population ! Il y aura du travail. Mais il nous faut aussi un cadre de vie agréable, et des loisirs d’extérieur qui complèteront l’offre déjà superbe des Thermes.

     Je propose de créer une étendue d’eau bien plus grande que la piscine des Thermes, qui permettra à toutes et à tous de profiter des joies de la baignade et des jeux d’eau sous le soleil. Cela pourrait se faire en contrebas de la fonderie, sur la colline derrière les écuries d’Émile.

    Je propose aussi d’embaucher davantage de gardes. Cela fait plus de trente ans que nos gardes veillent sur nous et sont à pied d’œuvre tous les jours. Ils mériteraient bien un peu de repos !

     Je suggère en conséquence d’instaurer pour tous deux jours de congé par semaine, payés comme des jours de travail.  Cela nécessitera une organisation plus vaste, et du personnel en nombre suffisant. J'instaurerais en outre un mois de congé, par an, ce qui permettra aux habitants de voyager et de visiter notre beau pays, au-delà de l’Austrasie.

     Voilà mes propositions. Avez-vous des questions ? 

     - Pour le plan d’eau, demande mon fils Benjamin, on pourra aussi installer des jeux pour les enfants ? 

     - Oui, bien sûr, des jeux que ton père, ton beau-frère et tes cousins pourront réaliser. Ce sera une base de loisir, permettant de se divertir et d’amuser les enfants ! 

     - Pour les gardes, dit Gretel Wilkinson, ce sera vraiment chouette. Mais il va en falloir beaucoup d'autres, vu que sur nos quarante-trois gardes, trente ont plus de cinquante ans !

     - Si je suis élu, je lancerai immédiatement une liste d’embauche ! 

     - Et pour l’auberge, dit Marion Wasch, il faudra aussi embaucher des aubergistes saisonniers ! 

     - Oui, Marion, pour permettre les congés, chaque emploi devra pouvoir être remplacé. Ainsi, grâce aux médecins et herboristes de notre village, nous jouissons d'une bonne santé, Dieu merci. Mais la maladie n’est pas exclue, et un renfort médical est fort souhaitable.

     Bien ! S’il n’y a plus de question, je propose de clore la séance, et j’offre la tournée générale pour la soirée ! »

     Et des discussions s'ensuivent. Des groupes se forment au sujet des congés, du bassin d’eau, des gardes, qui sont vieillissants…

     Quelques gardes de la brigade régionales sont là.

     « Cela pourrait nous intéresser, de venir habiter à Durandalem !  dit Mia Rossi.

     - La liste d’embauche de Jacou est affichée là, lui répond Child. Si cela vous intéresse, dès lundi, le recrutement commence !  »

     Et la soirée se poursuit. On se raconte à nouveau les péripéties de la patrouille, la bataille de Walsch, les frères Horn qui ne devraient plus tarder à livrer leur vin, et les nouvelles habitantes des douches communales, si accueillantes,  que les gardes de la patrouille visitent régulièrement…

 

Jeudi 22 mai

 

     Tout au long de la matinée, saluant chaleureusement ceux qui restent, les gardes de la patrouille régionale s’en vont, et retournent dans leurs fiefs respectifs.

     Dans l’après-midi, le chariot des frères Horn arrive à bon port à l’auberge pour livrer le vin. Les gardes de Divio repartent aussitôt, ils ont quatre heures de vol pour rentrer chez eux.

     « Merci pour l’escorte ! dit Achille. Apparemment, nous avons fait du nettoyage ! » Informé de l’évolution de la situation, il prend alors congé, et retourne à Hombourg, retrouver sa famille.

       Child est heureux, sa cave regorge à nouveau de vins et de spiritueux.

     « C'est qu'il était temps ! N'oublions pas que nous avons à arroser un mariage samedi, et un nouveau bourgmestre dimanche... »

 

La campagne électorale : Emanuel Frisch

 

     Le soir, à vingt heures, à l’auberge, c’est au tour d’Emanuel Frisch de parler.

     « Bien le bonsoir mes amis ! Vous me connaissez, bien sûr. Je suis votre bourgmestre adjoint. Banquier, joaillier, orfèvre, je fais rayonner Durandalem dans l’Austrasie tout entière, en investissant et en achetant des biens. Ces investissements sont effectués avec mes fonds personnels.

     je me présente pour la fonction de bourgmestre du village. Si je suis élu, je vous propose , de faire participer toute la population de Durandalem à ces investissements, en votant un budget communal prélevé sur les réserves d’or de la mine. 

     - Mais de quelle nature sont ces investissements ? demande Albert Fart.

     - Le dernier, c'était le financement du port de Mettis, qui rapportera des deniers à chaque passage de marchandises. 

     - Mais encore, quel est le bénéfice dans cette opération ? 

     - Pour donner les détails :

     Investissement de cent livres-or.

     Dividende de un denier par chargement, avec une moyenne de vingt à trente chargements par jour, donc vingt à trente deniers.

     Ce qui nous fait une livre-or au bout de six jours.

     En moins de deux ans, les cent livres sont récupérées, et ensuite, c’est du bénéfice net, cinq livres-or par mois.

     Voilà, vous saisissez comment cela fonctionne ! 

     En tant qu’adjoint, je maîtrise déjà les rouages de la gestion du village, et en tant que banquier, les coûts de cette gestion. Je vous propose donc de m’élire comme bourgmestre dimanche. 

     Avez-vous des questions ? 

     - Comment tes investissements nous profiteront, à nous villageois ?  demande Claude Stein.

     - Cela permettra d’améliorer vos condition de vie, d'améliorer les infrastructures du village.

     - Et quels sont donc les biens que tu as achetés, et qui font rayonner Durandalem dans toute l’Austrasie ?  demande le Fernand Bauer.

     - Eh bien, par exemple, à Mettis, j’ai acheté un immeuble en cours de rénovation, qui deviendra  la Maison de Durandalem.  Une maison où toi, entre autres, tu pourras vendre les produits de ta ferme ! 

     - Mais alors, rigole le Fernand, je devrai te verser des dividendes ! 

     - Que nenni, car les fonds débloqués si je suis élu permettront de me rembourser,  et le village deviendra propriétaire de la maison. Vous y aurez libre accès pour commercer !

     - Mais alors, demande Simon Mayer, où est ton intérêt là-dedans ?  .

     - J’y aurai une boutique de joaillerie et d’orfèvrerie, ce qui attirera une riche clientèle.  Et ce sera tout bénéfice pour vous ! 

   D’autres questions ? Non ? Alors clôturons cette réunion, et buvons au prochain bourgmestre de Durandalem ! En souhaitant bien sûr que ce soit moi... J’offre la tournée !

     Bon, maintenant, un tout autre sujet ! Comme vous savez, je me marie dans deux jours, avec Jeannette Deir.  À cette occasion, samedi, je vous invite toutes et tous ici-même pour boire à notre santé ! Qu'on se le dise, toutes les boissons consommées ce jour-là seront offertes ! »

 

     La soirée se poursuit  tranquillement.  Tous ces chiffres, ça n’intéresse pas grand monde. (note du correcteur : sauf peut-être le narrateur Roro le Schmit, lui qui adore tout compter, tout calculer et tout mesurer !  :-) )

     Mais pour le coup de la Maison de Durandalem, le Fernand est intéressé !

 

Vendredi 23 mai

 

     Déjà, dès l’aube, le soleil chauffe bien, et les gardes de jour qui relèvent ceux de la nuit arrivent nus à leurs postes. C'est Helga Wilkinson qui a fait la distribution des postes pour aujourd’hui.

      Ce matin, une patrouille part pour Manderen, afin d’escorter les maçons qui viennent construire les nouveaux bâtiments. L’escorte, commandée par Sylvestre Stalon, .est composée de Georges Touret, Mia Rossi, Joel de Mess, Hermine Serf, Marie Gaulle, Monique Trulli, Joséphine Maud, Hugo Spohr et Hélène Port. Ils se mettent en vol dès huit heures, afin d’être de retour dans la matinée.

     Jacou envoie aussi une patrouille à Strateburgo, avec des ambassadrices, afin d’initier leurs gardes et gens d’armes.

     La patrouille, commandée par Edmond d’Anton, est composée de Chantal Légauries, Alban Lieue, Joelle Mépied, Ingrid et Olaf York, Marie Buset, Benoît Suif, Kristof Rund, Youp Zimme, Sylvain Bour, Marie Suiré, et Éric Burn.

     Les ambassadrices Anne Bonte et Gertrude Hoff font le plein de potion chez Chantal. Elles s’équipent d’arbalètes, qui sont plus pratiques que des arcs, vu leurs fortes poitrines. les voilà parties pour Strateburgo. Toutes et tous  partent nus, mais comme toujours, ils emportent des tuniques enroulées autour de leur carquois, pour ne point choquer lors de leur arrivée.

    Il est presque midi quand la patrouille revient de Manderen, ils se sont relayés pour porter deux nouveaux maçons qui ne sont pas encore initiés : Dimitri Thö et sa fille de quinze ans, Olga. Dimitri est lourd ! C'est un géant de plus de sept pieds, et de plus de deux cent cinquante livres ! Mais heureusement, la potion permet la lévitation. À voyager ainsi suspendu dans les airs, il n’était pas rassuré, le géant roux !

     Jacou les accueille. Je suis avec lui.

     « Bienvenue les maçons... Cela faisait longtemps ! sourit-il.

     - Oh là... Au moins trois semaines !  dit Adrien Wirth.

     - Même pas ! renchérit Jacou.

     - Jacou, je te présente notre nouveau compagnon, Dimitri Thö, un Viking bâtisseur, et sa fille Olga, qui est l’élève d’Isabelle, notre architecte ! 

     - Enchanté ! Chantal va vous initier avant le repas. Cela ne prend qu’une demi-heure !

     Et Chantal apparaît : - Suivez-moi, nous allons à côté !  »

     Et  voilà Dimitri et Olga partis pour leur initiation.

    «  Venez aux Thermes ! dit Jacou. Après la douche, nous boirons un verre en les attendant. Je vous exposerai mes plans ! »

 

Les initiés de Strateburgo

 

      À Strateburgo, la patrouille s’est posée non loin des portes de la ville, et c’est à pied qu’ils arrivent, habillés de leur tunique.

     « Qui êtes-vous ?  demande le garde de faction sur la tour de guet.

     - La patrouille régionale... Nous devons voir votre bourgmestre ! »

     Le garde fait ouvrir la lourde porte, et la patrouille pénètre dans la cité. La porte se referme aussitôt.

     « Que craignez-vous donc, pour vous enfermer ainsi ?  demande Edmond d’Anton.

     -C'est qu'il y a eu beaucoup de mouvement ces derniers temps, par la terre et par le fleuve. Nous sommes juste prudents ! Je vais vous mener auprès de notre bourgmestre. Mais dans la cité,  vous devrez laisser vos armes, elles seront bien gardées ! 

     - Soit, dit Edmond à ses patrouilleurs, donnons-leur nos armes ! » 

     Les ambassadrices, elles aussi, se défont de leurs arbalètes et carquois.

     Ils arrivent dans la salle où sont réunis les membres du conseil de la ville.

     Alfred Bies, le nouveau bourgmestre, a été élu à la disparition de Maître Rudolf Hess, le vieux bourgmestre décédé  à l’âge de quatre-vingt-douze ans.

     « Je vous écoute ! »

     Edmond Danton commence :

     - Nous venons de Durandalem, le berceau de la patrouille régionale. Nous visitons les cités de la région afin d’améliorer leurs défenses. 

     - Oh, nous avons des grands remparts, et nous ne risquons pas grand-chose ! dit un conseiller.

     - Oui-da, nous avons vu cela . Vous êtes certes bien protégés ! Cela dit, notre aide ne concerne pas le matériel, mais les femmes et les hommes qui veillent sur votre cité !  Je donne la parole à nos ambassadrices. 

     - Bonjour mesdames et messieurs ! dit Gertrude Hoff. Nous sommes des Soldates de l’Empire Romain d’Occident, nommées par l’Empereur le mois dernier.

     Nous sommes les ambassadrices du village de Durandalem. Nous venons vous apporter des moyens que vous n’imaginez pas ! Grâce à une potion à base de plantes de nos régions, que nos herboristes ont mise au point, nous sommes dotés de pouvoirs... Des pouvoirs qui pourraient paraître surnaturels ou divins, voire diaboliques, mais qui ne sont issus que de la connaissance des plantes ! 

       - Ne nous faites pas languir !

      - Ces pouvoirs nous permettent de voler ! dit Anne Bonte en décollant du sol et en survolant l’assistance stupéfaite.

     Ils nous permettent aussi de déplacer les objets à distance, sans les toucher ! Comme ça ! »

À ces mots, elle redescend au sol,  soulève le siège avec le bourgmestre assis dessus, puis le repose.

 « Autre chose :  nous pouvons également  communiquer entre nous, par la pensée, sur une lieue de distance !

     - C’est incroyable ! s'extasie Alfred. Et ces pouvoirs, comment les acquiert-on ? 

     - C’est facile ! dit Gertrude. Vous buvez la potion, vous dormez une demi-heure, et quand vous vous réveillez, vous possédez ces pouvoirs ! Nous pouvons vous les transmettre sur l’heure. Faites venir vos gardes et vos gens d’armes, nous nous en occupons.  Nous avons avec nous de quoi initier une centaine de personnes ! Soyez rassurés, c’est absolument indolore...

     - Mais pourquoi nous offrez-vous ces pouvoirs ? 

    - C’est grâce à ces pouvoirs, répond Edmond,  que nous avons coulé le drakkar Viking sur le grand fleuve, il y a quelques jours, et que nous avons libéré les gens qu’ils avaient capturés pour en faire des esclaves.

     - Oui, Léon Nyva, le bourgmestre de Felden m’a raconté ! J’ai de la peine à le croire ! 

     - Grâce à ces pouvoirs, nous avons éradiqué les incursions germaines. Nous avons tué plus de deux mille Germains, dont mille deux cents lors de la bataille au Sud des Monts Vosgiens, à Walsch. Grâce à ces pouvoirs, nous avons liquidé près d’un millier de bandits qui se réclamaient de l’emblème de la Chauve-souris, dont la moitié à Lugdon, en une fois !  

    - Mais pour autant, vous n’êtes pas invulnérables ! fait remarquer un autre conseiller.

    - Non ! Mais nous volons assez haut pour être hors d’atteinte de leurs flèches. En revanche, les nôtres, retombant vers le sol, les atteignent facilement. Nous n’avons que quelques blessés légers à déplorer, contre près de trois mille ennemis éliminés !

     - Vous n’avez pas répondu à ma question.. Pourquoi nous offrez-vous ces pouvoirs ? 

     - Nous voulons vivre en paix dans la région, voyager sur des routes sûres. Vous êtes à la frontière du pays germain, votre cité serait en première ligne en cas d’attaque. Avec ces pouvoirs, vous pouvez les voir venir de loin, et anticiper leurs attaques !

     De plus, nous sommes à trois heures de vol de Strateburgo, alors qu’il faut dix-huit heures à cheval et vingt-quatre heures en chariot ! Mettis est à quatre heures de vol d’ici, Lugdon est à six heures d’ici, et Oche, le fief de l’Empereur Charlemagne, est à deux heures de vol ! Des renforts peuvent arriver rapidement !

     - Combien de temps durent ces pouvoirs ?  demande un autre.

     - Si vous les utilisez régulièrement, ils vous seront acquis pour la vie !

      - Soit ! dit le bourgmestre. Faites venir tous les gardes et gens d’armes qui ne sont pas en faction ! Et à part les gardes et les gens d’armes, qui peut bénéficier de cette potion ?

      - Chez nous, à Durandalem, dit Gertrude Hoff, les tailleurs de pierre, les maçons, les cantonniers, les mineurs, tous ont tiré avantage de cette potion ! Nous avons initié toute la population du village, au départ, pour nous défendre des attaques dont nous faisions l’objet. Depuis, tous les jeunes dès quinze ans le sont systématiquement.

      L’aubergiste peut transporter tout seul un muid de vin dans sa cave !

     Nous avons, par exemple, des muids remplis d’eau pour éteindre les incendies, manipulés avec aisance par un seul homme, ou même par une femme !  C’est comme cela, avec des auges puisées dans la rivière,  que nous avons éteint l’incendie allumé par les Germains à Phalsbourg, un incendie qui menaçait de brûler et de détruire toute la ville,

     - On nous a signalé des hommes et même des femmes tout nus dans le ciel !  Qu’en est-il ?  demande une conseillère.

     - C’est véridique ! dit Anne Bonte. Nous voyageons toujours nus, nous combattons nus, nous vivons nus.  Durandalem est un village nudiste, comme le Blauersland, à côté d’ici. Nous nous sommes habillés vous chez pour ne pas créer de problèmes avec la population. 

     - Vous ne craignez pas d’agressions sexuelles ? .

     - Nous pouvons  briser le cou des agresseurs à dix pas si nous le voulons ! Aucune agression n’a jamais abouti, les rares qui ont essayé sont morts ! dit-elle en souriant. Mais chez nous, à Durandalem, nous avons des lois qui régissent la nudité. Et nous nous sommes  forgé un mental qui nous permet de vivre heureux, nus ensemble, sans problèmes sexuels. Ce qui ne nous empêche nullement, Dieu merci,  d’avoir des relations et de faire des enfants ! » dit-elle en rigolant. 

    

 

Les gardes et les gens d’armes arrivent.

     Gertrude les installe dans le couloir.

     «  Allongez-vous, et buvez ! 

     - Soyez sans crainte, les rassure le bourgmestre, faites ce qu’elle vous dit !  »

     Et vingt gardes et autant de gens d’arme, filles et garçons, s’allongent à même le sol, dans le couloir de la Maison de Ville. Ce sont :

Arsène Plouc le chef des gardes, Émile Pourçain, Florence Distal, Viviane de Roc, Nicolas Dutur, Pierre Krill, Chantal Éloy, Lucie Dubois, Théodore et Théophile Acoud, Adèle Label, David et Roger Gotlieb, Frédéric Le Ric, Antoine Amat, Benoît d’Acape, Samson Sour, Juliette Crevaux, Julien Aymard et Laurent Oût.

     Les gens d’arme Claire Font, Hélène Mouton, Rose de Lima, Natacha Tertone, Monique Héunui, Sabine Téléf, Ingrid et York Parkinson, Albert et Robert Lue, Geneviève Adam, Raymond Bidoche, Yvette Menet, Prisca Leçon, Angèle Fridge, Joseph et Jeff Arrhent, Jules et Julie Krauss, Judith Moitou et Germaine Ladanz. 

 

     Les conseillers regardent, suspicieux.

     Tout le monde s’endort rapidement.

     « Ils les ont tués !  s'alarme un conseiller.

     -  Mais non, ils dorment ! Vous verrez, d’ici une demi-heure, ils seront plus qu’en forme ! »

     Et effectivement, une demi-heure plus tard, tous sont réveillés. Les ambassadrices leur apprennent à communiquer mentalement, puis, à maîtriser le déplacement d’objets, puis à s’élever dans les airs.

     Une fois ces pouvoirs bien acquis, Gertrude sort par la fenêtre et les emmène faire un tour au-dessus de la ville. Ils ne l’avaient jamais vue comme cela. Ils reviennent enchantés !

     - C’est formidable ! s'extasie Arsène Plouc.  Les gardes, vous allez relever les gardes en faction,  afin qu’ils soient eux aussi initiés ! » 

     Gertrude alors fait remarquer qu’il est midi, et qu’elle a faim !

     «  C’est vrai, dit Alfred Bies. Nous manquons à tous les devoirs de l’hospitalité ! Descendons à l’auberge, sur la place.  Vous et votre escorte, vous êtes nos invités ! »

     Puis, s’adressant aux membres du conseil :

     - Nous reprendrons la séance à quatorze heures. Nous aurons de nouveaux ordres du jour à débattre. Sur ce, bon appétit ! »

     Le repas est succulent, dans une des meilleures auberges de la ville !

   Outre les ambassadrices et l’escorte de treize gardes, la grande table accueille le bourgmestre Alfred Bies et son épouse Élise, qui est aussi sa secrétaire; Arsène Plouc le chef des gens d’armes s’est joint à eux, avec sa compagne Lorelie Devin, qui aimerait  bien bénéficier elle aussi de ces pouvoirs !

     Quelques notables aussi  se sont attablés avec eux.

     Le médecin, Norbert Blaze, également premier adjoint du bourgmestre, et son épouse Marie,  également infirmière du cabinet; le banquier, Octave Ahr, deuxième adjoint, son épouse Joséphine et ses fils jumeaux Rémi et Francis, commis de banque; Hubert Sanzot, le patron de la plus grande boucherie de Strateburgo, avec son épouse Paulette, qui tient la caisse, et ses deux filles Margot et Aude, qui s’occupent des livraisons à domicile; et enfin Michel Ekha, évêque de Strateburgo, flanqué de ses deux abbés, Stéphane Yrod et  Noel Tisumène.

     L’évêque et les deux abbés reconnaissent les ambassadrices, qu’ils ont connues fort intimement à Oche. Mais ils se gardent bien de le faire remarquer, espérant qu’elles aussi garderont le secret !

      Les convives sont servis par des serveurs en livrée.  Les mets sont nombreux, les vins sont excellents, et les liqueurs digestives sont sublimes !

     Après le repas, les ambassadrices demandent à l’aubergiste, maître Louis Lecoq, si pour les initiations elles pourraient disposer de chambres, plutôt que du couloir de la Maison de Ville.

     « Bien sûr ! Ce sera un plaisir que de satisfaire ces demoiselles ! 

     - "Excellences" ! rectifie  Alfred Bies. "Excellences" ! Elles sont ambassadrices ! 

     - Veuillez m’excuser, Excellences, bafouille Louis Lecoq. Vous êtes ici chez vous ! 

     - Bien ! dit Gertrude. Nous pouvons continuer ! Envoyez vos gardes, Arsène, et Lorelie Devin, venez avec vos gens d’armes ! »

     Et bientôt il y a douze gardes et quatorze gens d’armes endormis dans les chambres de l’auberge. Ce sont les gardes Pierre et Jacques Hadît, Georges Simen, Nicolas le Sain, Olga Révou, Helga et Helke North, Marianne Joly, Marion Nouasse, Paul et Pierre Sud et Didier Devil, et les gens d’armes Lorelie Devin, Léa et Mia Toile, Éric Lenoir, Pascal Aubais, Achille Stampe, Charles Lebon, Claudine et Claudette François, Justine Nuxe, Sylvain et Sylvette Bois, Fernand Flic et Benjamin Salor.   

     Anne propose au bourgmestre d’y passer aussi, avec son épouse, ce qu’ils acceptent volontiers !

     « Si vous avez des maçons, dit Edmond, des tailleurs de pierre, des cantonniers, des bûcherons, allez les chercher ! »

      Bientôt, toute une foule de gens pas très propres se pressent à l’auberge.

    L’aubergiste imagine déjà l’état de ses chambres après leur passage !

     Edmond le rassure :

     « Vous participez à l’amélioration de votre ville ! Bravo ! Voilà quatre livres-or pour vous dédommager des saletés que ces travailleurs feront chez vous ! »

     Voyant ces quatre livres-or, Louis Lecoq est tout à fait rassuré !

    Sont volontaires  six maçons : le patron Eugène Brick, Armand Brick, José Troue, Nestor Sablé, Amédée Nuant et Sylvie Béton. Quatre tailleurs de pierre : Ursule et Urbain Collot, Bernard Pale, et Patrick Times. Cinq cantonniers : Nicolas Caille, Benoît Stein, Roger, Pierre et Albert Truk,  Et enfin huit bûcherons : le patron de la scierie Jacky Dutronc, ses fils Yves et Éric, Rémi Sola, Gildas Dépique, Alexis Anderson, Roméo Drag et Boris Hého

      Margot et Aude Sanzot veulent aussi être initiées.

    « Cela sera pratique pour livrer les commandes, même les plus lourdes ! »

      Une heure plus tard, tout le monde est initié.

    Le patron de l’auberge tient à payer la tournée générale !

     Les ambassadrices prennent congé, et se préparent à s’envoler de la grande place.

     Comme il fait très chaud, elles se mettent nues, dévoilant leurs corps magnifiques de jouvencelles et leurs fortes poitrines. Toute l’escorte fait de même, et c'est dans cette tenue qu'ils vont récupérer  leurs armes aux portes de la ville, sous les regards interloqués des habitants, qui voient leur nouveau bourgmestre marchant à leurs côtés sans s’offusquer apparemment de leur nudité !

     Une fois les tuniques enroulées autour des carquois, elles s’envolent, suivies de l’escorte, sous les yeux de toutes et de tous,  ébahis de voir ces créatures nues s’envoler devant eux !

     Les gardes sur les remparts les saluent au passage.

 

     Le bourgmestre Alfred Bies, conclut :

     « Une ère nouvelle de paix et de bien-être vient de commencer pour Strateburgo ! »

 

 

 

      À Durandalem, Jacou expose ses plans aux maçons et à l'architecte.

     « Cela se fera là, en face, dans le pré. Nous aurions besoin d'appartements pour cent personnes, pour des nouveaux embauchés... Je vous explique. Nous projetons de créer une Maison des Aînés, pour loger décemment les vieux comme Robert et moi, qui auront du mal à monter et à descendre les escaliers ! Il nous faudrait donc un immeuble avec cinquante appartements  de plain-pied, et cinquante appartements à l'étage pour le personnel.

     Et à côté, il nous faudra aussi loger ceux qui vont nous remplacer, c’est-à-dire encore soixante appartements, sur trois niveaux, pour les familles. Voici les plans que j’ai dessinés avec Robert.  Qu’en penses-tu, Isabelle ?

     - Oui, c’est pas mal... Mais un bâtiment en longueur, pour les aînés, ce n’est pas pratique pour se rendre visite ! Je propose de le faire rond, avec une place centrale au milieu ! »

     Et elle dessine au fuseau ce qu’elle imagine : deux demi-cercles, en vis-à-vis, sur deux niveaux, avec vingt cinq appartements chacun par niveau. Et pour les nouveaux embauchés, un bâtiment identique, sur trois niveaux, ce qui fera soixante quinze appartements, à côté.

     « Cela me plait bien ! dit Jacou. Qu’en penses-tu, Robert ? 

     - Oh oui, dis-je en rigolant. J'ai hâte d'y être. On sera rudement bien ! J’en ai déjà parlé à Jérémoy, il voit déjà des mécaniques, des tapis qui avancent tout seuls, des escaliers qui montent tout seuls... Enfin, il a plein d'idées !

     -  Bon, alors... Va pour tes plans, Isabelle ! 

     - Parfait ! Cet après-midi, nous tracerons les empreintes des bâtiments. J’ai vu qu’il y en a déjà  ! 

     - Oui, j’avais demandé à nos cantonniers de tracer selon nos plans, mais nous ferons selon les tiens ! »

 

       La patrouille venant de Strateburgo  vient de rentrer à Durandalem sans encombre.

     Jacou demande si tout s’est bien passé !

     « Impeccable, dit Gertrude. Nous avons initié tous leurs gardes, tous leurs gens d’armes, et une foule de travailleurs ! En tout, nous avons initié quatre-vingt-onze Strateburgois ! 

     - Bravo les filles ! Et merci à la patrouille ! Pour sûr, vous avez bien rempli votre journée ! »

La campagne électorale : Jean Martin

 

      À Durandalem, à vingt heures, dernière réunion électorale à l’auberge !

Jean Martin, chef des gens d’armes, prend la parole.

     « Bonsoir tout le monde... Je vois que vous êtes venus nombreux ! Je vais vous parler de mes propositions.  D’abord, un bâtiment de gens d’arme est nécessaire, indépendamment de celui des gardes. Avec une vraie prison, comportant plusieurs cellules sécurisées. Nous avons actuellement un prisonnier, qui pourrait s’échapper !

     - Oh, il n’irait pas loin ! dit Gretel.

     - Ça oui, c’est bien vrai ! disent plusieurs gardes.

     - Bon, je continue. Nous devons augmenter l’effectif de nos gens d’armes, afin d’assurer la sécurité de nos habitants, où qu’ils soient !  La patrouille régionale a certes fait un excellent travail, mais nous, gens d’arme, lors de ces combats, nous nous sommes retrouvés avec la moitié de notre effectif blessé !

     Je vous propose d’embaucher des gens d’arme en nombre suffisant pour accompagner nos habitants, par exemple le Fernand Bauer et ses commis sur les marchés, notre banquier dans ses voyages, les habitants lors de visites chez des amis dans d’autres bourgs… Je propose aussi que les vigiles des différents bâtiments du village soient des gens d’arme.

     Je propose aussi de créer une école de gens d’armes, dans laquelle les gens du village et les gens d’armes des cités alentour pourrons bénéficier d'une formation de qualité.

     Dans un tout autre registre, je propose enfin un grand marché régional à Durandalem, deux fois par an, aux solstices d’été et d’hiver. Un grand marché assorti d’une foire et de divertissements, pour nos habitants et ceux des bourg environnants.

     Voilà, je tiendrai mon rôle de bourgmestre dans la droite ligne de Jacou Artz, qui a géré ce village pendant quarante ans. Bien sûr, j’étudierai aussi les propositions d’Axell et d’Emanuel, qui sont très intéressantes. Avez-vous des questions ? 

     -  Ton école de gens d’armes, demande Le Borgne, quels seront les formateurs ?

     - Nos gens d’armes, nos gardes, nos Capitaines, notre Général, qui ont tous une grande expérience ! 

     -  La foire du solstice, ça va faire venir du monde ! dit Armand Bardot. Tu auras un sacré travail pour surveiller !  .

- Certes, cela va représenter une somme de travail pour les gens d’arme, cela va amener toutes sortes d’individus douteux !  Mais si je suis élu, je n’assurerai plus directement la gestion des gens d’armes, je nommerai un chef à ma place. Je serai simplement conseiller auprès de ce chef.

     - Nous avions déjà prévu une fête, dit Aimé d’Ortega. Pour le solstice d’été également, avec les enfants des Capitaines, le 21 juin ! 

     - Cela ne nuira pas ! Vous ne serez pas tout seuls, mais rien ne vous empêchera de fêter ! 

     - La nudité sera obligatoire pour la foire, bien sûr, dit Joel Walch. Il faudra prévoir des vestiaires aux douches pour les visiteurs ! 

     - Le village est nudiste, mais nos lois ne peuvent pas obliger quelqu’un à se dévêtir s’il ne le veut pas ! 

     - Tu plaisantes, dit Jean d’Ortega. Même l’Empereur s’est soumis à cette règle ! 

     - Mais l’obligation de nudité risque d’entraîner des débordements sexuels ! 

     - Oui ! dit François Bauer.  Mais nous avons des lois très strictes à ce sujet... et des gens d’arme pour les faire respecter, non ? 

     - Soit ! si je suis élu, nous soumettrons la question à la population par référendum. Les Durandalémois seront consultés sur chaque décision à prendre. Le référendum est une bonne solution.  Bien. S’il n’y a plus de questions, je lève la séance !

     Maintenant, je vous offre la tournée générale. Il paraît que Child a reçu du bon vin !

     - Le meilleur ! » assure Achille Horn.

     Et le vin coule à flots.  C’est vrai qu’il est fameux, ce vin !

 

     Maintenant que chacun s’est exprimé, on discute des trois candidats, .

     Un sondage informel est organisé parmi les clients de l’auberge.

     La tendance irait plutôt vers les congés payés, et les propositions de centre de loisir d’Axell. Mais ce n’est qu’un sondage, établi sur les dires d’une cinquantaine de personnes !

     « Dimanche, dit Child, si tout le monde va voter, il y aura deux cent trente-et-un électeurs ! Mais auparavant, demain, nous avons un mariage ! Alors, rigole-t-il, ne buvez pas tout le vin aujourd’hui ! »

     Petit à petit, l’auberge se vide. Cela faisait trois soirs de suite qu’elle était pleine à craquer.   Et demain, ce sera le mariage, et dimanche l’élection du bourgmestre ! Faste semaine !

   

La pénurie d’eau

     Samedi 24 mai

 

     Paul Spohr est le garde de réserve. Les autres sont au mariage !

     Le temps est au beau fixe. Il fait déjà chaud ce matin ! Ce printemps est vraiment exceptionnel... Il n’est pas tombé une goutte d’eau depuis deux mois !

     Ce manque se fait cruellement ressentir dans la nature aux alentours du village.

     Mais au village même, la réserve des remparts Nord et la nappe phréatique garantissent à foison l'approvisionnement en liquide .

     Le Fernand en fait une grande consommation. Il arrose tous les jours ses grandes serres et ses champs. Pour arroser ses champs, Jérémoy et ses fils ont adapté la machine du Borgne, avec des muids d’eau qui se vident le long de tuyaux percés. Ils ont aussi mis au point un arrosage rotatif qui arrose ses cultures maraîchères sur cent pas à la ronde .

     Les serres sont équipées au plafond de tuyaux qui génèrent une pluie bienfaisante deux fois par jour. C'est ainsi que Durandalem peut s’enorgueillir d’avoir les plus beaux légumes d’Austrasie !

     Par contre, les commis ne cessent de relater les plaintes des gens qu’ils rencontrent sur les marchés des bourgs qu’ils fréquentent. Ils n’ont plus d’eau, la famine guette, les champs sont secs !

     À Naborum, le niveau de l’étang d’Oderfang n’a pas été aussi bas depuis bien longtemps. Les éleveurs n’ont plus de quoi abreuver leurs bêtes ! Les ruisseaux sont à sec, et ils doivent faire de grands déplacements pour trouver de l’eau dans les rivières. Et il y a aussi les maraîchers, les agriculteurs, les teinturiers qui sont en manque. Les cuves des douches naboriennes sont vides, les gens ne se lavent plus…Même l’eau à boire se négocie à prix d’or !

     Cela ne peut plus durer. Charles Kauf, bourgmestre de Naborum et Capitaine de l’Empire, est donc venu demander l’aide de Durandalem pour avoir de l’eau. Et depuis quelques jours, une grande opération de sauvetage est en cours !

     Tous les gardes de la brigade ont reçu pour mission de transporter de l’eau aux personnes qui en ont besoin. Ils sont constamment en vol, à porter à distance des cuves d’eau alentour.

       Des dizaines de muids d’eaux sont ainsi portés par les gardes vers Naborum. L’opération dure depuis quelques jours maintenant. Les maraîchers arrosent de nouveau leurs légumes, les paysans arrosent leur blé, leur avoine, les gens arrosent leurs jardins…

     Les gardes renvoyés chez eux reviennent pour avoir de l’eau, et repartent avec des muids remplis vers leurs villages. Ce sont ainsi des centaines de muids qui sortent tous les jours des réserves des remparts Nord. Les techniciens communaux surveillent en permanence le pompage de la nappe. Ils ont pour consigne de signaler si le niveau de la réserve descend sous un seuil défini, à peu près la moitié de la hauteur.

     Cela fait quelques jours maintenant que les roues à aube des forges et du moulin ne tournent plus. l’énergie est fournie par des pistons mus par les générateurs de vapeur.

     Les Capitaines, à Laudrefang, Naborum, Hombourg, Tenquin, viennent aussi s’approvisionner, les gardes de Falkenberg également.

     Heureusement, toujours pas de restriction d’eau à Durandalem !

     Les Naboriennes, les Naboriens et les gens des villages voisins viennent prendre des douches chez Joel, qui est enchanté de ce regain d’activité.

     Vu les circonstances, les douches sont gratuites. Inutile de dire que la nouvelle s'est vite répandue. Tout comme celle de ces filles accueillantes qui occupent les deux douches du fond… Des filles fort heureuses, qui ne chôment pas ces derniers temps. Bien que ces deux douches du fond ne soient pas gratuites, elles !

 

 

Le mariage de Jeannette Deir et d'Emanuel Frisch 

 

      Aux Thermes, les préparatifs du mariage vont bon train !

 

     La liste des invités est établie.

     Les parents du marié : Raoul Frisch, banquier, et Raymonde, orfèvre, née Martin.

     Les grands-parents du marié : Emmanuel Frisch, banquier de Naborum, et Paulette Munch sa compagne, les parents de Raoul, et Marc Martin orfèvre de Naborum, et Joelle Martin son épouse, les parents de Raymonde.

     Dans la famille Frisch, il y a Paul Frisch, garde, le frère de Raoul, qui sera là avec sa compagne, Georgette Fart, garde, ainsi que leur fils, Georges Frisch, garde. Ils sont dispensés de garde aujourd’hui !

     La sœur de Raoul, Isabelle Frisch, banquière de Naborum, sera là aussi, avec son compagnon, Joseph Zirn, banquier à Naborum.

     il y a aussi Albert Fart, garde, le cousin de Raoul qui viendra avec sa compagne Émilie Stone, agent de service aux Thermes, et leur fille Mia Fart agent de service aux Thermes, célibataire.

     Dans la famille Martin, il y aura Jacques Martin, garde, le frère de Raymonde, compagnon de Pénélope Field, cuisinière, et leur fils Jean Martin, le chef des gens d’armes, accompagné de sa compagne Aline Spohr, gens d’arme. Eux aussi sont dispensés de garde aujourd’hui !

 

     Jeannette Deir a invité ses parents, Oscar et Jeanne Deir, teinturiers à Naborum. Mais ils ont refusé, toujours persuadés que Jeannette est responsable de la mort de leur fils Jean, tué par les Germains lors de l’attaque de la cité.

     Mais le frère de son défunt mari, Paul Deir, qui fait partie de la patrouille régionale, lui, il viendra.

     Les enfants de Jeannette, Jeannot, douze ans et Jorge, dix ans, seront évidemment là ! Jeannette a demandé à Gertrude Hoff si elle veut bien chaperonner ses enfants aujourd’hui. Gertrude est ravie de ce rôle !

 

     La table de cérémonie est installée.

     Bientôt, le Bourgmestre Jacou Artz, procédera à la cérémonie d’union des deux prétendants, Emanuel Frisch et Jeannette Deir.

     Au portail est, une charrette arrive. À son bord, quatre personnes âgées.

     « Qui êtes-vous ?  demande Guenièvre Spohr, du haut de sa salle de garde.

     - Nous sommes les grands-parents du futur marié ! 

     - Bienvenue ! Je vous ouvre ! Cela se passe aux Thermes, au bout du village. »

     Peu de temps plus tard, un garde arrive en volant. Il se pose sur le rempart est, à côté de la salle de garde.

     « Je viens pour le mariage !  dit Paul Deir, je suis invité ! 

     - Bienvenue ! Tu sais où cela se passe ! »

     Les invités sont tous là, les futurs mariés aussi, toutes et tous se sont mis nus, tel que le suggère la loi de Durandalem, La cérémonie peut commencer.

     Jacou arrive, nu, et entame un long laïus sur Jeannette et Emanuel. Puis, après le passage aux doigts des anneaux, il termine sur les phrases que tout le monde attend :

     « Jeannette Deir, veux-tu prendre pour époux Emanuel Frisch, ici présent, porter son nom, et de le chérir dans la joie et la peine, jusqu’à ce que la mort vous sépare ?

     -  Oui ! je le veux ! 

     - Emanuel Frisch, veux-tu prendre pour épouse Jeannette Deir, ici présente, lui donner ton nom, et de la chérir, dans la joie et la peine, jusqu’à ce que la mort vous sépare ?

     - Oui ! Je le veux ! 

     - Par le pouvoir qui m’est conféré, je vous déclare mari et femme ! »

     Et les nouveaux époux s’embrassent tendrement, sous les applaudissements de l’assistance.

     L’abbé Higgins alors dit : « Je vous invite maintenant à venir au sein de mon église déclarer votre amour devant Dieu ! »

     Et il sort des Thermes, suivi des mariés et des invités de la cérémonie civile.

     Les habitants devant l’église applaudissent à leur passage. Certains jettent des pétales de fleurs. Puis tout le monde s’engouffre dans l’église, où la cérémonie, de courte durée, se termine bien entendu par un double « oui ! » des époux.

     Pour finir, comme il a été convenu plus tôt, l’abbé dit encore un mot :

     « Maintenant, vous êtes toutes et tous cordialement invité à l’auberge pour fêter les nouveaux mariés ! »

     Et tout le monde sort de l’église. Les cloches de l’école et de l’église sonnent à tue-tête, et le cortège, Emanuel et Jeannette Frisch en tête, arrive à l’auberge. Child les attend sur le pas de la porte, avec deux coupes et un vin de Durocortorum qui fait des bulles.

     Ensuite, toutes et tous s’installent sur la terrasse, il fait bien chaud, et tout le monde est nu. Jeannette enlève le voile qu’elle avait sur sa tête, pour montrer son visage rayonnant.

     Et quelque temps plus tard, laissant les habitants du village trinquer encore à leur santé et à leur bonheur, les mariés s’en retournent aux Thermes, accompagnés par leurs invités, pour le repas nuptial.

     À l’auberge, le vin apporté par les frères Horn fait merveille. Et Child doit déjà sortir la fiole que lui a laissée Jacou, pour retaper celles et ceux qui ont eu le lever de coude un trop franc !

     Après le banquet nuptial, les époux se rendent à la Maison de la Banque.

Et comme le veut la tradition, Emanuel porte Jeannette pour franchir le seuil  de son appartement spacieux, désormais nouvelle demeure de son épouse.

    Accompagnés par Gertrude, les enfants de Jeannette suivent et découvrent leur chambre, bien plus grande encore que celle de la Résidence. 

L’élection du bourgmestre

 

Ce matin, la composition des équipes de gardes de jour est établie :

  Equipe 1 :                         8-10 pause.    10-14 Est.         14-16 pause.     16- 20 Ouest.

                  Albert Fart, Stéphane Spohr.                

  Equipe 2 :                         8-10 pause.    10-14 Nord.      14-16 pause.     16- 20 Sud.

                   Benoît Spohr, Paul Frisch, Georges Frisch.                

  Equipe 3 : 8-10 Est.        10-12 pause.    12-16 Ouest.     16-18 pause.     18-20 Est.

                  Bernard Spohr, Pierre Spohr.

 Equipe 4 : 8-10 Nord.     10-12 pause.    12-16 Sud.        16-18 pause.     18-20 Nord.

                  Jacques Martin, Georgette Fart, Hankel Thiel.

Equipe 5 : 8-12 Ouest.    12-14 pause.    14-18 Est.         18-20 pause.

                  Joseph Spohr, Paul Spohr.

Equipe 6 : 8-12 Sud.       12-14 pause.    14-18 Nord.      18-20 pause.

                  Gretel Wilkinson, André Martinet, Roland Martinet.

 

     Christina Hahn, Pierre Martinet, Alexa Dumas, Johan Martinet et Guenièvre Spohr sont les gardes de réserve aujourd’hui.

 

     Aujourd’hui ont lieu les élections du nouveau Bourgmestre.

     Trois candidats sont en lice :

     -Axell Wilkinson,

     -Emanuel Frisch,

     -Jean Martin.

     Les électeurs voteront à bulletin secret, le bureau de vote est installé dans la cellule de classe, rangée pour l’occasion.

     Ce sont les gardes de réserve qui opèrent, contrôle les votants, qui doivent habiter le village, et surveillent afin qu’il n’y ai pas de fraude.

     Les gens d’armes veillent au calme et à la discipline, et ont instauré une file d’attente.

     Afin que toutes et tous puissent voter, les tours de gardes des remparts et des portes sont assurés par les gardes de la patrouille régionale, sous le commandement du Capitaine Achille Gouvy, venu pour la circonstance.

     Heureusement, le soleil est à nouveau de la partie, et tout le monde est nu dans la file.

     Le principe de vote est simple. Chacune et chacun des électrices et électeurs reçoit trois billes, une jaune, une verte et une rouge.

     Un tirage au sort a été effectué pour désigner les couleurs des candidats.

     La rouge pour Axell, la verte pour Emanuel et la jaune pour Jean.

     L’électrice ou l’électeur glisse la bille de son choix dans l’urne, et doit ensuite faire tomber les deux autres dans une caisse.

     Les gardes sont là pour compter, et entendre tomber distinctement les deux billes.

     Ceci se fait sous un cache afin de ne pas voir quelle bille est utilisée ou non.

     Tout le monde passe à son tour, il y a foule dehors !

     Deux cent trente-et-un votants potentiels !

     Le bureau de vote fermera à seize heures au plus tard, sauf si les deux cents trente-et-un votants sont passés avant !

     A midi, il y a déjà près de cent cinquante suffrages exprimés, d’après le décompte des gardes.

     A quinze heures sonnantes, le quota des deux cent trente-et-un est atteint ! tout le monde est venu voter !

     Le dépouillement peut commencer.

     L’urne est vidée, et les gardes font trois tas de couleurs, un rouge, un vert et un jaune.

     Le comptage est publique, mais tous ne peuvent pas tenir dans la cellule, alors il y a des bousculades, chacun veut voir le comptage !

     Finalement, les gardes décident de fermer les portes de la cellule, seuls resteront les gardes, les candidats et leurs épouses !

     Jacou intervient, et propose à toutes et tous de se retrouver dans la salle de restaurant, il viendra lui-même donner les résultats !

     Et le décompte se poursuit alors dans le calme, sous les yeux attentifs des gardes.

     Une fois le décompte achevé, et recompté, Jacou arrive dans la grande salle.

     Le silence se fait.

     « Chers citoyennes et citoyens de Durandalem, vous avez désigné en toute liberté votre nouveau Bourgmestre.

     Voici les résultats :

     Axell Wilkinson totalise quatre-vingt-neuf voix.

     Emanuel Frisch totalise quatre-vingt-une voix

     Jean Martin totalise soixante-et-une voix.

     Le nouveau Bourgmestre est donc Axell Wilkinson ! »

     Les applaudissements fusent, tout le monde applaudit le nouvel élu !

     Jacou Prend la parole.

     « Mes chers Durandalemoises et Durandalemois, vous savez que j’ai lancé cette semaine des chantiers d’envergure, nécessaires à l’avenir de notre village !

     Cela va entraîner une augmentation massive de la population !

     Je vous propose donc, au vu du nombre d’administrés à gérer, de créer des postes spécifiques d’adjoints.

     Je propose Emanuel Frisch comme adjoint aux finances, et a la gestion financière du village,

     Et Jean Martin comme adjoint à la sécurité, et aux festivités du village.

     Nous allons voter, à main levée, cette fois !

     Qui est contre la nomination de ces deux adjoints ?

     Aucune main ne se lève…

     Qui s’abstient de voter pour la nomination de ces deux adjoints ?

     Aucune main ne se lève…

     - Bon ! Alors qui est pour la nomination de ces deux adjoints ?

     Et tout le monde lève la main et un brouhaha de satisfaction et de bravos émane de l’assistance.

     Je donne alors la parole au nouveau bourgmestre, Axell Wilkinson ! 

     Sous les applaudissements de tout le monde.

     - Je vous remercie de la confiance que vous me témoignez ! Je saurai être digne de votre confiance ! Vous m’avez élu suivant mon programme, et je vais m’y tenir !

     Nous allons construire une étendue d’eau à l’extérieur, bien plus grande que la piscine des Thermes, qui permettra à toutes et tous de profiter des joies de la baignade et des jeux d’eau sous le soleil. Cela se fera en contre-bas de la fonderie, sur la colline derrière les écuries d’Émile. Du personnel sera embauché pour gérer ce plan d’eau, ainsi que la base de loisir s’y rapportant.

      Nous allons embaucher plus de gardes pour nos remparts, cela fait plus de trente ans que nos gardes veillent sur nous et sont toutes et tous à pied d’œuvre tous les jours. Ils méritent des congés ! J’instaure, dès que possible, c’est-à-dire dès que le recrutement aura eu lieu, non seulement des gardes mais aussi de tous les corps de métiers du village, des jours de repos, payés comme des jours de travail, de deux jours par semaine pour toutes et tous les travailleuses et travailleurs du village. Et au plus tard le 1er juillet prochain ! Cela nécessite une organisation plus grande, et du personnel en nombre suffisant.

     Nous allons donc embaucher cinquante pour cent au minimum de personnel en plus, pour chaque corps de métier.

     Exemple : la ferme, qui compte trois commis en aura deux de plus, cinq fermiers donc trois de plus, trois maraîchers donc deux de plus, une cuisinière donc une de plus.

     Les Thermes, sans parler des remplacements des personnes de plus de soixante ans, qu’a instauré Jacou, seront régis de la même manière.

     Les emplois solitaires seront doublés.

     - Même le mien ?  demande Charles Higgins, le curé, sous l’hilarité générale.

     - Oui, Charles, je demanderai à l’évêque de te donner un adjoint !

     En outre, un mois par an de congé permettra aux habitants de voyager, visiter notre beau pays, au-delà de l’Austrasie. Je vais établir la liste des embauches nécessaires à la réalisation de cela.

     Une grande résidence sera construite pour loger les nouveaux embauchés et leur familles. Les maçons s’en chargerons dès la fin des travaux de la Maison des anciens.

     Mais Emanuel notre adjoint aux finances, aussi a fait des propositions qui ont de l’intérêt ! Nous allons faire participer toute la population de Durandalem à des investissements, en votant un budget communal, prélevé sur les réserves d’or de la mine. 

      A Mettis, Emanuel a acheté un immeuble, que nous allons lui racheter. Il est en cours de rénovation, et sera la Maison de Durandalem, où les gens de Durandalem pourront y vendre leurs produits, de la ferme, mais aussi de la nouvelle manufacture d’armes et de flèches, et bien sûr de l’orfèvrerie. Nos forgerons auront aussi un pied-à-terre dans cette maison.

     Notre savoir -faire sera développé pour y figurer en bonne place, à Mettis.

     Par la suite, nous ouvrirons d’autres Maisons à Strateburgo, Durocortorum, Livio, Lugdon, Oche…   Et la sécurité du village et de ses habitants ne sera pas oublié ! Notre adjoint à la sécurité, Jean, a fait des propositions intéressantes, que je vais aussi mettre en œuvre :

     Une maison des gens d’armes va être construite, non loin des Garderie I et II, afin d’y loger les nouvelles embauches de gens d’armes, nécessaires pour assurer la sécurité de nos habitants hors-les-murs. Cette maison accueillera aussi une prison, avec des cellules sécurisées. Nos jeunes vigiles aux Thermes auront une formation de gens d’arme, et dépendront donc de l’autorité du chef des gens d’arme. Cette maison sera le siège d’une école de gens d’armes, ou sera dispensée une formation de qualité, ouverte aussi aux gens d’armes de l’extérieur du village. Nous proposerons à l’architecte Isabelle Bour, qui est actuellement au village, de construire cette maison.

     Jean est aussi l’adjoint aux festivité, et à ce titre, toute organisation de fête devra avoir son aval, pour des raison de sécurité. Nous mettons en place, un grand marché régional à Durandalem, deux fois par an, au solstices d’été et d’hiver.  Un grand marché, assorti d’une foire, et de divertissements, pour nos habitants et les bourg environnants.

     Jean s’occupera de l’organisation de ces foires, en contactant les potentiels intéressés.

Voilà !

     Buvons à la réussite de nos projets ! »

Haggard Snörk le Viking

 

     Dillon convoque Olaf York, pour faire l’interprète du Viking retenu dans la prison du village, Haggard Snörk.

 

     « Tu traduiras ce que je dis, et ses réponses dit Dillon.

     Tu t’appelles Haggard Snörk, n’est-ce pas ! tu as quel âge ?

     Olaf traduit :

     - J’ai vingt cinq ans. répond Haggard.

     - Tu es tout seul, maintenant ! Tous tes collègues sont morts, ceux du deuxième drakkar aussi, nous l’avons coulé à Strateburgo, il n’y a aucun survivant ! Nous avons libéré tous vos esclaves ! Que comptes-tu faire ?

     - Rien ! Je suis prisonnier, et même si je parviens à m’évader, je n’ai nulle part où aller, le Northland est bien trop loin ! Mais qu’allez-vous faire de moi ? Je mérite la mort, pour les crimes que j’ai commis avec mes frères ! 

     - Certes, c’est une solution ! On te coupe la tête et tu vas rejoindre ton Odin dans son grand banquet.

     Je te propose une alternative : Tu fais allégeance à notre village, tu renonces à l’adoration de tes dieux cruels, et tu travailles pour nous. A ces conditions, tu pourras vivre, libre ! Qu’en penses-tu ?

     - J’accepte ! Mais pourrez-vous me faire confiance ? 

     - Cela dépendra de toi, de ton attitude de ton comportement envers les villageoises et les villageois !

     - Je suis d’accord ! Je jure que ne ferai jamais aucun mal aux gens d’ici et que je les défendrai si besoin ! 

     - Bien ! Alors nous te libérons, tu iras travailler chez l’éleveur de chevaux, à côté. Olaf York restera avec toi, pour traduire les ordres qu’on te donne, et te surveiller aussi ! Tu dormiras ici, en prison, nous n’avons pas de place pour l’instant, mais la porte de la prison restera ouverte. Tu es libre d’aller où tu veux dans le village, mais toujours accompagné par Olaf ! Es-tu d’accord avec ces propositions ?

     - Bien sûr ! 

     - Alors je te libère. Olaf t’emmènera aux écuries plus tard, mais d’abord, promenez-vous dans le village, afin de te montrer aux habitants.

     - Merci pour votre clémence ! je saurai me montrer digne de votre confiance ! Olaf, allons à l’auberge, si tu veux bien, j’ai grand soif ! 

     - D’abord, dit Olaf, tu vas prendre une douche, et tu seras plus à l’aise ! Nous irons nus ! »

 

     Il est midi.

     Arrivés à l’auberge, le Viking fait sensation !

     Les gardes en pause, Bernard Spohr, Alexa Dumas, Joseph Spohr, Pierre Martine et Paul Spohr sont impressionnés par ce géant de sept pieds quatre pouces, avec des mains énormes et des bras très musclés, un poitrail immense, et un organe en rapport.

     « Je vous présente Haggard Snörk, l’ex prisonnier Viking qui a fait allégeance à notre village !

     - Bienvenue, Haggard  ! clament les présents en chœur.

     - Merci ! je suis touché par autant de sollicitude à mon égard ! traduit Olaf.

     Les Maçons arrivent à l’auberge pour manger.

     Les derniers arrivés chez les compagnons, Dimitri Thö et sa fille Olga, sont des Vikings aussi et Dimitri salue alors Haggard en Viking.

     Les deux géants se racontent des histoires de Viking, rigolent ensemble, Olga et Olaf essaient de traduire tant bien que mal.

     Les géants éclusent verres sur verres, sans ressentir le moindre trouble, apparemment !

     « Oui ! Haggard avait vraiment soif ! » constate Olaf en rigolant ! 

     Haggard, après avoir discuté avec Dimitri, demande alors à Olaf s’il pourrait travailler sur les chantiers de construction plutôt qu’aux écuries.

     Olaf pose mentalement la question à Dillon, qui est d’accord, si les maçons sont d’accord !

     Alors Olaf leur pose la question :

     « Messieurs-dames les maçons, êtes-vous d’accord que Haggard vous rejoigne pour construire les bâtiments ? C’est son souhait. 

     - Pas de problème, dit Pierre Bour. Mais est-il initié ? 

     - Non pas ! Je me renseigne… »

     Et Olaf demande à Dillon s’il peut être initié pour travailler en harmonie avec les maçons, eux sont d’accord !

     - Bien ! Alors amène-le à l’ancienne école, et explique-lui de quoi il s’agit !  dit mentalement Dillon. »

      Et Olaf er Haggard arrivent à l’ancienne école, Anatole leur ouvre le portail, et Chantal donne à boire la potion au géant, qui s’endort aussitôt.

     Alors Olaf s’installe avec Anatole au coin des boissons, ils discutent de l’avenir du village, des nouvelles embauches, Olaf pense qu’il va rester ici, c’est trop bien Durandalem !

     Haggard se réveille, et Olaf lui explique les pouvoirs dont il est maintenant doté !

     « Tu peux voler, comme un oiseau. En te déplaçant six fois plus vite qu’un cheval au galop ! Si tu veux partir, en deux journée de vol, tu peux rejoindre le Northland…

      Tu peux aussi communiquer par la pensée !

     Et, en lui le disant mentalement : tu peux soulever les charges les plus lourdes, sans les toucher ! 

      Haggard est sidéré !

      - Je comprends que les constructions avancent si vite !  Non, je ne vais pas m’enfuir, je reste pour aider les maçons, et vous m’avez donné une chance de survivre, je la prend, cette chance ! Dimitri m’a dit qu’il m’apprendra le métier ! et il m’enseignera votre langue ! Merci ! Grand merci ! 

     - Bien ! tu vas manger un morceau avec moi aux Thermes, et après, tu pourras intégrer l’équipe de maçons, il veulent bien de toi !

 

     Au restaurant des Thermes, Jacou discute avec Dillon, justement du cas Haggard.

Olaf explique :

     - Les maçons l’intègrent dans leur équipe, avec deux Viking déjà en place, Dimitri et Olga, ma présence n’est peut-être plus nécessaire !

     Je ne pense pas qu’il faille le surveiller plus avant, il est heureux de vivre et d’apprendre un métier ! Mais c’est toi qui décide, Dillon ! »

     Dillon alors, avec l’accord de Jacou, lui dit qu’effectivement, Haggard sera entièrement libre, et qu’il n’a plus besoin de le surveiller.

     Olaf traduit tout cela à Haggard, qui se réjouit d’être en vie, et à Durandalem !

 

Le retour des patrouilles

 

     La patrouille du Sud est de retour.

     « Rien à signaler, dit le chef de patrouille, Sylvestre Stalon, si ce n’est un feu de forêt dans la région de Ponte Saravi, que quelques-uns des nôtres ont vite maîtrisé en puisant des auges dans la rivière Saar.

     Heureusement, il y avait encore de l’eau !

     Il faut dire que tout est sec, et qu’un tesson de bouteille peut allumer un feu, par effet loupe !

     Mais là, il semblerait que ce soit un pique-nique dont le feu était mal maîtrisé !

     Nous avons fait sensation à arriver en nombre, nues et nus, armés, et ensuite trimbalant des auges remplies d’eau !

     Ils s’en souviendront longtemps, de ce pique-nique !  termine-t-il en s’esclaffant, faisant rire toute la patrouille. 

 

     - Merci Sylvestre, et merci à vous toutes et tous !

     Il y a beaucoup de monde dans les Thermes, et les dortoirs sont pleins ! cela ne durera pas, ce sont des nouveaux embauchés qui seront bientôt casés. En attendant, vous allez être serrés !

     Désolé pour ces désagréments ! 

 

     - On va faire avec ! dit Sylvestre. Il y a des filles ?  éclatant de rire.

     - Oui-da ! Et leurs maris aussi ! »  retorque Jacou, et tout le monde éclate de rire. 

 

 

     Peu de temps plus tard, celle du Nord, commandé par Edmond d’Anton arrive au village.

 

     « Nous sommes intervenus sur la route de Caranusca, au Nord de Mettis.

     Un groupe de bandit s’en prenait à des paysans qui rentraient chez eux, après avoir fait les foins.

    Nous les avons encerclé, quelques bandits ont pris les paysans comme boucliers, ça n’a pas traîné !

     onze morts du côté des bandits, et aucun blessés chez les paysans.

     Ils étaient effrayés de nous voir ainsi apparaître, tombés du ciel tel des Cupidon, nus, mais nous les avons calmés et rassurés !

     Nous avons fouillé les bandits, qui venaient semble-t-il, des provinces de Belgique, d’après les effets et les réserves qu’ils avaient dans trois chariots.

     Nous avons dépouillé et enterré les cadavres, et brûlé leurs frusques puantes. Ils devaient avoir peur de l’eau !

     Nous avons donné les dix chevaux et les trois chariots aux paysans, trop heureux de ce cadeau !

     Nous sommes allé ensuite à Mettis, où nous avons rencontré Jean de Rott, le bourgmestre et Paul Igon, le chef des gardes de la ville.

     Nous avons convenu avec eux, qu’ils effectueront des patrouilles quotidiennes vers le Nord, et qu’il nous informeront dès qu’il y aura du mouvement. Ce seront les Mettisiens de la patrouille régionale qui s’en chargeront.

     - Bravo ! tu as très bien fait ! Espérons que ce n’était qu’un groupe isolé !

     Bravo à vous, patrouilleuses et patrouilleurs régionaux !

     Demain, vous patrouillerez vers le Nord-Est et le Nord-Ouest, pour voir si d’autres bandits traînent sur les routes. »

 

La chariote à climat régulé

 

 

     Arrivant devant l’auberge, ils voient arriver une chariote d’un nouveau genre !

     Après la petite chariote, la chariote grand modèle, voici une chariote où le générateur de vapeur et la chaudière sont dans un compartiment extérieur derrière la chariote.

 

     Jérémoy conduit la machine, et s’arrête devant les élus.

     « Voici ma dernière amélioration ! Un compartiment devant le générateur fabrique de l’air froid ! A l’intérieur, dans l’habitacle, on peut avoir la température que l’on veut !

     Par exemple, en ce moment, il fait plus froid dans ma chariote qu’à l’extérieur !

     Venez, c’est prévu pour six, je vous emmène faire le tour du village ! »

     Et Jacou, Emanuel, Jean et Dillon s’engouffrent dans la chariote.

 

     Ils vont jusqu’au portail Ouest, Jérémoy demande mentalement à Gretel Wilkinson et Guenièvre Spohr, de garde au portail Ouest, d’ouvrir les portes, pour qu’il puisse sortir avec sa chariote, et la porte s’ouvre, laissant passer la machine, qui crache comme une baleine !

     Jérémoy opère un demi-tour et revient dans l’enceinte du village, tourne à droite vers le chalet Wald, construit par Michel Wald, il y a plus de quarante ans, a l'emplacement de la vielle masure du sorcier de l’époque, qui a brulé…

     Ils arrivent jusqu’à la mine, puis ils redescendent, vont s’approcher des chantiers de la Résidence III, de la Maison du Village et de la Maison des Aînés, puis prennent le chemin qui mène à la fonderie et au chantier de la Maison de Loisir, et redescendent à travers le pré, derrière les écuries d’Émile, passant devant la Garderie II, le chantier de la Garderie III, et la première Garderie, maison natale de Dillon…Il y a cinquante-quatre ans !

     Pendant tout ce temps, la température intérieure n’a pas cessé de baisser, et ils ont froid dans la chariote, alors que le soleil couchant est encore bien chaud vers l’Ouest.

     Jérémoy actionne une manette, et la température remonte rapidement.

     Il reviennent à l’auberge par l’Est, et la chariote s’arrête devant la terrasse.

     « Tu viens boire un verre, Jérémoy ? demande Jacou, tu nous expliquera comment ça fonctionne ! 

     - Volontiers !   Et ils s’installent sur la terrasse.

 

     Une jolie blonde arrive.

     - Bonsoir messieurs, je suis Josette Rund la nouvelle cuisinière de l’auberge, avec Esther Schmit. Je fais aussi le service !

     Que puis-je vous servir ? 

     - Enchantés Josette !  disent les hommes.

     Ils choisissent le vin de Divio, un nectar !

     Josette revient avec une pinte et cinq canons.

     Elle sert les canons, et pose la pinte sur la table.

     - Permettez-moi de vous offrir cette pinte, Vous êtes mes premiers clients au service ! 

     - Charmante attention ! dit Jacou ! joins-toi donc à nous quelques instants ! 

     - Je vais chercher un canon ! 

     Et elle revient, Jean s’empresse de lui remplir son canon, et ils trinquent tous les six, à la santé de Josette, et des nouveaux habitants de Durandalem.

     - D’où viens-tu, Josette ? demande Axell.

     - Je viens de Téterchen, je suis là avec mon mari Albert Rund, qui va s’occuper des chaudières des Thermes. 

     - Et la nudité, cela ne vous a pas posé de soucis ?  demande Jean.

     - A peine arrivés, on s’est retrouvés nus, c’est vite devenu normal, en voyant tout le monde nu ! Et finalement, je me sens bien comme cela, mais je suis quand même encore étonnée de l’anatomie de certains ! dit-elle en souriant à Dillon.

      Et vous, vous êtes de Durandalem ?  demande-t-elle. Je vous ai déjà rencontré hier, Maître Artz, vous, je sais.

     - Oui da ! Je suis Axell Wilkinson, le nouveau bourgmestre de Durandal, je remplace Jacou Artz ici présent, voici mes adjoints Emanuel Frisch, aux finances, et Jean Martin, aux festivités et à la sécurité.

     Et voici Dillon d’Ortega, le chef de la garde du village, et Jérémoy Mayer, l’inventeur de la voiture à climat choisi ! Et digne émule de son beau-père, le Grand Maître Forgeron de l’Empire, Robert Schmit.

     D’ailleurs le voilà ! 

     En effet, j’arrive à l’auberge, et je suis invité à leur table.

     Josette se lève, et me demande ce que je veux boire.

     - Un canon sera très bien !  dis-je.

     Elle revient avec un canon et une autre pinte de vin.

     - Jérémoy, tu as une nouvelle chariote ! Raconte ! 

    - Alors voilà !

     En été, et déjà maintenant, la chaleur est intense dans la chariote.

     Alors j’ai construit une nouvelle chariote, avec quelques petites améliorations !

     Le groupe de vapeur est à l’arrière hors de l’habitacle, avec une arrivée d’air chaud si besoin.

     Devant le groupe de chaud, il y a un compresseur de gaz frigidaire, qui fait souffler de l’air froid à l’intérieur.

     L’air est propulsé par une hélice mu par un ressort remonté par un piston, au travers de conduits qui traversent en spirale la cuve à gaz frigidaire. En dosant les deux, ont peux avoir n’importe quelle température dans l’habitacle !

     - Oui, on a fait le tour du village, au froid !  dit Jacou en se marrant

     - Et tu as remarqué qu’à travers le pré, tu n’as pas été secoué !

     - Oui ! c’est vrai ! comment est possible ? 

     - J’ai fabriqué des amortisseurs sous la chariote, avec des lames inspirées de mes moules pour former les arcs.

     Plusieurs lames accrochées ensemble aux extrémités, et qui glissent l’une sur l’autre en cas de bosse ou de creux ! Cela amortit les coups et rend le véhicule moins chaotique ! 

     - Bravo Jérémoy ! c’est une superbe invention ! Je suis fier de toi ! dis-je. 

     Nous restons un moment à discuter de Durandalem et de son avenir.

     - Le nôtre, Jacou, il est en face ! dis-je, en rigolant.  Vivement que l’on puisse emménager ! Il faudrait un système de transport qui nous amènerait nos canons devant la porte, dans la Maison des Aînés ! je vais y réfléchir ! »

Les Belges

 

     Vers seize heures, Paul Spohr arrive en volant.

     Il a prévenu mentalement Jacou et Dillon qui s’empressent devant les Thermes.

     « Il y a une concentration de cavaliers, plus d’une centaine, à trois heures de cheval de Mettis, au Nord-Ouest. Ils ont pillé un village sur leur route. D’après les renseignements pris par les patrouilleurs, qui sont allés à la rencontre des villageois, ce sont des Belges, qui veulent piller la région pour amasser de l’or pour monter une armée !

     Leur chef s’appelle Manfred-le-diable. Il est, paraît-il selon les dires des villageois, sans pitié ! Dans le village, ils ont tué et blessé plus de dix personnes, et ils ont pris en otage plus de vingt femmes avec eux, dans des chariots.

     Pierre Spohr est allé prévenir la ville de Mettis, qui rassemble en ses murs en ce moment les habitants environnants la cité. Georges Touret a estimé qu’il valait mieux appeler du renfort ! 

     - Il a bien fait ! dit Jacou. Dillon, tu vas faire leur baptême du combat à tes nouveaux gardes ! »

     Et il appelle aussi les frères d’Ortega, Aimé et jean, ainsi que les Capitaines Le Borgne et François. Bientôt toute une patrouille est prête ! Chacun a deux carquois pleins de flèches.

     « Armand Dale, tu prends la tête de tes patrouilleurs ! dit Dillon. Ceux de Verodunum et de Gmunden, vous suivez le Capitaine de l’Empire François Bauer ! Jean, Aimé et le Borgne, vous venez avec moi ! On y va ! Paul, montre-nous la route ! 

     - Nous vous suivons, dit Jacou, avec Marie et Valérie pour s’occuper des blessés dans les villages ! Ne nous attendez pas ! Nous prenons les gardes de nuit comme escorte. »

     Et Jacou appelle Roland Ronce, Georges Chaplin, Sylvain Winterberg, Charly Chaplin, Alain Hahn, Natacha Rich, Abel Hahn, Nathalie Rich, Pacôme Maigret et Agnès Poly.

     « Mesdames et messieurs, nous allons sortir à la rescousse de villageois blessés. Nous avons besoin d’une escorte, vous êtes cette escorte ! Il y a deux heures de vol ! Armez-vous correctement on risque un affront. »

     Marie arrive, avec toute une panoplie de pansements, onguents, remèdes divers, elle est accompagné par Isabelle le Page, médecin, ses filles de dix-neuf ans, Annie le Page et Annette le Page, aguerries aux blessures de combats, accompagnent Valérie.  Claude Pars et Jean Dörm, les médecins de Phalsbourg font partie de l’expédition !

     Jacou prévient Axell Wilkinson, le bourgmestre, et Gabriel Holz, le garde-champêtre, pour qu’il tienne les villageois informés.

     Il dit à Chantal de continuer les initiations.

     Et la patrouille des secours s’envole, direction Nord-Ouest.

     Dillon et ses hommes passent au-dessus de Mettis, une grande agitation règne dans l’enceinte de la ville, les paysans du secteur se réfugient dans les murs.

     Paul Igon, le chef des gardes de Mettis, voyant la patrouille dans le ciel, les rejoint avec Pierre Spohr, et dit :

     « Nous préparons une patrouille de renfort ! dès que tout le monde sera à l’abri ! 

     - Merci Paul, dit Dillon, restez dans vos murs, protégez votre ville, si nous avons besoin de plus de renfort, nous vous appellerons ! 

     - D’accord ! »  dit Paul Igon, et il repart vers les remparts de Mettis. 

     Quelques temps plus tard, la patrouille entre en contact avec Georges Touret et ses soldats.

     « Ils sont arrêtés, apparemment ils picolent ! On entend des cris, des chants…Je crois qu’ils vont s’en prendre aux filles dans les chariots ! 

     Dillon alors donne les ordres :

     - Armand, tu attaques de face, assez haut pour ne pas être atteint ! Tu fais un passage dans un sens, puis dans l’autre ! François, tu attaques par derrière ! Tu ne laisses aucun belge approcher des filles ! Nous on s’occupe des charretiers ! On y va ! »

     Et peu après, un déluge de flèches s’abat sur les Belges, qui tombent comme des mouches !

    Quelques-uns tentent de monter à cheval pour s’enfuir, mais sont irrémédiablement fauchés par les flèches des patrouilleurs !

     Et ceux qui ont voulu prendre les filles comme boucliers n’auraient pas dû ! Des flèches plantées dans les crânes attestent de leur erreur !

     Bientôt, il ne reste que quelques bandits qui courent à travers champs, essayant d’échapper à ces démons du ciel, mais ils n’ont aucune chance de survie !

     Et c’est le calme après la bataille. Si on peut dire, parce qu’aucun Belge n’a eu le temps de riposter ! Avant qu’ils ne comprennent ce qui se passait, ils étaient morts !

     La patrouille de secours passe au-dessus, Marie envoie Claude Pars et Jean Dörm auprès des filles, terrorisées par ce qu’il se passe.

     Des Belges qui veulent les violer, des soldats nus venus du ciel et maintenant, des médecins nus !

     « Rassurez-vous, les filles, dit François, vous ne risquez plus rien ! Nous sommes les patrouilleurs régionaux, et nous sommes venu vous délivrer ! Nous allons vous ramener chez vous ! Laissez nos médecins, Claude Pars et Jean Dörm vous examiner sur le trajet du retour ! »

     Dillon donne les ordres :

     « Les frères Jost, Bernard, Raymond et Albert, vous prenez les rênes des chariots. Christian Geler, Armand Dicit et Oscar Patter, avec les Vénus, Jeanne, Anne et Hector, vous rassemblez les chevaux, et vous les emmenez au village. Armand, tu désignes dix de tes patrouilleurs pour rassembler, dépouiller et enterrer les cadavres ! Il y a des outils dans les chariots. Avec les autres, nous allons porter secours aux villageois, et voir si on peut les aider !  Le Borgne ! Tu vas à Mettis rassurer tout le monde, ils peuvent lever l’alerte ! Tu nous attendra là-bas ! »

     Entre-temps, les soignants sont arrivés au village, et après les avoir rassuré, ils se sont occupés des villageois blessés.

     Ils dénombrent cinq morts, et douze blessés, deux sont dans un état critique.

     « Et nos filles ? Que sont-elles devenues ?  dit une mère, Simone Paulus, en larmes. Son mari, Louis Paulus, est une des victimes des Belges, qui n’ont pas hésité à lui assener un coup d’épée quand il a voulu empêcher que ses filles soient prises. Il est mal en point !

     - Rassurez-vous ! dit Marie, après s’être renseignée auprès des médecins dans les chariots.   Elles vont toutes bien, physiquement. Elles sont traumatisées, mais nous avons de quoi les soigner ! Occupons-nous des blessés ici !

    -  Elles arrivent ! »

     Et les chariots font leur entrée dans le village, survolé par une vingtaine de diables nus en armes.

     Dillon arrive, et demande à voir le Bourgmestre.

     Un homme arrive, brun, la quarantaine, avec le bras en écharpe. Il a pris un coup sur l’épaule, mais sa blessure n’est pas grave.

     « Je m’appelle Louis Rostre, je suis le bourgmestre de ce village, Bourg-sur-Alzette.  

     - Je suis Dillon d’Ortega, le chef des soldats de la patrouille régionale que vous voyez.

     Nous sommes tous nus, nous vivons nus dans notre village, Durandalem. 

     - J’ai entendu parler de Durandalem, et de ses technologies avancées ! Est-il vrai que vous fabriquez de l’or ? 

     - Ahaha ! Non, nous ne le fabriquons pas ! Nous avons une mine, sous le village, et nous l’extrayons du sol ! Nous voulons éradiquer les bandits sur notre région !

     Jacou arrive, nu,  et dit :

     - Et vous allez nous aider ! Comme vous l’avez constaté, nous pouvons voler, nous allons vous donner ce pouvoir, de façon à nous prévenir rapidement ! Nous sommes à moins de deux heures de vol d’ici, sinon, à cheval il faut huit heures ! Avez-vous des gardes, des soldats ?

     - Hélas, nos trois gardes sont morts aujourd’hui ! Il ont donné leur vie pour nous ! 

     - J’en suis désolé. Mais vous devez avoir des gardes pour nous prévenir ! Pouvez-vous trouver cinq ou six jeunes gens, des garçons et des filles, qui seraient volontaires ?

     Des mains se lèvent dans l’assistance !

     - Moi ! - et Moi ! - Moi aussi ! disent trois garçons.

     - Et nous aussi ! disent deux jouvencelles, les filles Paulus. Notre père va peut-être mourir, nous devons le venger !

     - Moi aussi !  dit encore une fille.

     - Toi aussi, ma fille Isabelle ?  dit Louis Rostre.

     - Oui, Père, laisse-moi défendre le village ! 

     - Bien ! Alors, venez par ici, les vaillants sujets de Bourg-sur-Alzette ! Comment vous nommez-vous ?

     - Je suis isabelle Rostre, j’ai dix-sept ans !

     -Moi, c’est Jeannine Paulus, et ma sœur jumelle Jaqueline, nous avons dix-huit ans !

     -Je suis Hubert de Past, j’ai dix-neuf ans.

     -Je m’appelle Jean Traque, j’ai dix-sept ans.

     -Et moi Guillaume Tail, j’ai dix-huit ans ! »

     - Bien ! Voici Hermine Serf et Joël de Mess, des soldats de l’Empereur, qui vont rester avec vous pour vous former. Mais d’abord, allez avec Valérie qui va vous initier. N’ayez crainte, c’est indolore, et cela ne dure qu’une demi-heure ! Après, vous aurez les même pouvoirs que nous.

     - En attendant, faisons la fête à nos héros, les sauveurs de nos filles ! » dit Louis Rostre. 

     Les patrouilleurs qui ont enterré les cadavres, ainsi que ceux qui ont rassemblé les chevaux arrivent au village.

     Jeanne Vénus fait son rapport.

     « Nous avons dénombré cent quinze cadavres, nous les avons dépouillés récupéré nos flèches et leurs armes, et nous avons cent dix chevaux. Nous avons trouvé leur chef, Manfred-le-diable, avec un tatouage de diable sur la poitrine. Il vient de Bruges, d’après le parchemin qu’il avait sur lui, que voilà. Il trace un chemin à travers l’Austrasie, Mettis est sur le trajet, Mousson aussi ! Ils voulaient aller jusqu’à Divio et Lugdon !

     Et regarde Jacou, il y a deux dates ! une, c’est celle d’il y a trois jours, et l’autre, c’est dans cinq jours. Il est possible qu’une deuxième horde arrive plus tard !

      -Tu as raison Jeanne ! Beau travail ! Bravos à vous toutes et tous !

     - Nous avons enterrés les cadavres, et leurs frusques brûlent en ce moment ! Nous avons trouvé de l’or sur eux, le voici ! 

     Et elle jette un sac rempli de pièces d’or. Une belle fortune !

     Jacou alors dit à Louis :

     - Ces chevaux sont à vous ! Le marché aux chevaux à Mettis est la semaine prochaine ! vous tirerez un bon prix de ceux que vous ne voulez pas garder ! Les chariots aussi sont à vous ! Ainsi que ce sac d’or, pour vous aider à faire le deuil de vos héros, et aider les veuves et les orphelins.

     Et voici dix Livres-or pour payer le séjour de nos gardes, et octroyer un bon salaire à vos nouveaux défenseurs ! Les armes des bandits sont aussi pour vous ! Dotez-en les habitants, et apprenez leurs à tirer à l’arc !

     Bon ! Vous avez dit qu’on boit un coup ? »  dit-il en rigolant. 

     Et l’aubergiste, Raoul Petit, un roux de sept pieds arrive avec des canons et des pintes de vin et de cervoises, que portent les habitants.

     Jean Dörm dit qu’il va rester pour s’occuper des blessés, avec le médecin du village, Rémi Couche, surtout les deux grièvement atteints, qui ont besoin d’une surveillance constante. Marie laissera tout le matériel nécessaire aux soins des blessés.

     Le moment de repartir est arrivé, il faut être rentrés avant la nuit !  Les patrouilleurs s’envolent, salués par toute la population.

     Une fois les nouvelles recrues réveillées, Hermine Serf et Joël de Mess les emmènent dans le pré, pour tester leurs aptitudes.

     « Pour commencer, nous allons toutes et tous nous mettre nu ! dit Hermine. Nous ferons les présentations, puis nous nous exercerons au vol, au déplacement d’objets, et enfin nous testerons vos capacités à l’arc !

     Les jeunes ne sont pas chauds pour se dévêtir !

     - Je m’appelle Isabelle Rostre, dix sept ans, je suis la fille de Louis Rostre le bourgmestre. Isabelle est grande, six pieds quatre pouces, brune. Je ne me suis jamais montrée nue devant les garçons ! dit-elle en baissant la tête.

     - Ne crains pas de te montrer ! tu as un corps superbe, il serait dommage de le cacher !

     Je vous rappelle que, d’une part, comme vous le constatez, toutes et tous les gardes sont nus, il y a des règles à retenir pour éviter les dérives. Les moqueries sont prohibées, chacune et chacun a un corps que la Nature lui a donné. Tous les corps sont beaux !

     Déshabillez-vous maintenant ! Et les six recrues finissent par se dévêtir.

     Isabelle a deux seins comme des poires, et une toison brune dense.

     - Nous sommes Jeannine et Jaqueline Paulus, les jumelles de Georges Paulus, le garde blessé. Elles sont rousses, grandes de six pieds six pouces, à dix huit ans ce sont des femmes, qui ont une poitrine bien développée, et une toison rouge fournie et drue. 

     - Je suis Hubert de Past, fils d’Alexandre de Past, décédé l’an dernier. J’ai dix neuf ans. Hubert de Past est un athlète, près de sept pieds, blond, avec une musculature impressionnante, une toison doré tondue.

     - Je m’appelle Jean Traque, j’ai dix sept ans. Je suis le fils du boucher Dédé traque.  Jean Traque est un petit homme, de cinq pieds neuf pouces, roux, très velu, le torse et la toison couverts de fourrure rouge.

     - Et moi, je suis Guillaume Tail, j’ai dix huit ans, le fils du bûcheron Justin Tail. Guillaume Tail est blond, six pieds huit pouces, bien musclé, une toison d’or.

     - Bien ! A nous ! Je me présente, je suis Hermine Serf, j’ai trente ans, et suis donc garde de la patrouille régionale.  Hermine est une rousse de six pieds cinq pouces, des seins bien pointus terminés par des tétons tout roses, un pubis rouge cache son entrejambe.

     - Je suis Joël de Mess, trente deux ans, je suis garde comme Hermine.  Joël est un grand blond de sept pieds, le pubis rasé.

     - Bien ! maintenant que vous vous voyez nus, nous allons parler du corps, en tant que soldat ! Je vous montre sur vous les points vitaux à protéger. Puis nous parlerons des bienfaits de la nudité sur notre corps, physiquement, psychiquement, socialement, et enfin , la sexualité !

     Je vois que les jeunes gens sont contents, au vu de leurs pénis plus vraiment mous ! Je vous donnerai une potion pour éviter ces désagréments involontaires. Mais n’en ayez pas honte, c’est une réaction naturelle !

     Après le cours sur le nudisme et ses bienfaits, parlons de sexe !

     Quelles sont vos expériences sexuelles ? Isabelle ?

     - Je suis vierge. Je n’en ai aucune ! Mais je veux bien d’une initiation !

     - Jeannine et Jaqueline ?

     - Oh ! nous avons déjà eu quelques expériences avec Guillaume Tail, il est bien équipé, le bougre ! A ces mots, Guillaume se remémore leurs derniers rapports et cela se voit !

     - Bien ! Guillaume ! Respire !

 Hubert ?

     - J’ai eu quelques expériences, plus ou moins heureuses, mais je suis novice dans ce domaine !

     - Jean ?

     - Je suis encore puceau ! Malgré les tours de poignes que je m’afflige souvent !

     - Bien ! Comme vous le savez, nous avons un code de conduite pour tous nos gardes ! La nudité est le premier précepte.  Concernant la fornication, chacun est libre, selon nos préceptes, de copuler avec qui il veut, dans un consentement mutuel !

     Ce soir, si vous le voulez, nous vous initierons aux plaisirs de l’amour ! nous avons réservé le dortoir de l’auberge, nous y passerons la nuit, tous les huit. Qu’en pensez-vous ?

     - Nous toutes et tous, ensemble, avec vous ?

     - Oui-Da ! tous ensemble pour du plaisir ! êtes-vous d’accord ? Bien ! alors, commençons déjà par voler !

     Après quelques exercices de voltige, un peu de tir à l’arc, et il est l’heure d’aller dîner à l’auberge. Le patron, Raoul Petit, est enchanté d’avoir des soldats de l’Empereur en ses murs !

     Le repas est excellent, et c’est repus que les futurs gardes et leurs tuteurs montent dans le dortoir.

                                                                          

 

     La patrouille de retour de Bourg-sur-Alzette s’arrête devant Mettis.

Dillon va voir Paul Igon, le chef des gardes de Mettis, qui discute avec le Borgne.

      « Tu dois amplifier tes patrouilles au Nord ! Un parchemin trouvé sur le chef de la horde que nous avons éliminée stipule de deux dates, la première il y a trois jours, sans doute le départ de la horde, de Bruges, la deuxième dans cinq jours, probablement une deuxième horde. Mettis figure sur le parchemin comme ville-étape !

     Nous avons deux gardes restés à Bourg-sur-Alzette, ils nous préviendrons s’il y a du nouveau. Mais toi, tu dois envoyer tes gardes plus au Nord, pour anticiper leurs mouvements !

     - Compte sur nous, Dillon ! nous veillerons et explorerons la contrée au Nord !

     - Merci Paul ! Nous rentrons maintenant, avant la nuit ! En route, Le Borgne !

     - Bon vol ! »

     Et ils quittent Mettis, toute la patrouille décolle et vole vers Durandalem.

 

     Au village, la patrouille du Nord-est est de retour. 

      « Nous n’avons rien à signaler ! dit Sylvestre Stalon. Calme plat sur les routes. Nous nous sommes arrêtés à une auberge après St Louisbourg pour déjeuner. L’aubergiste nous a dit que la région était très calme, ces derniers temps ! Je crois que nous n’y sommes pas pour rien !

     Nous avons abreuvé une famille en charrette et leur cheval. La pauvre bête était déshydratée ! Heureusement, nous avions des gourdes !

 

     La patrouille revenant de Mettis arrive au village. Les gardes de la première patrouille sont étonnés de voir le nombre de patrouilleurs arrivant !

     Après explications, ils comprennent !

Jacou prend la parole.

      « Merci à vous, et bravo les nouveaux gardes ! pour un baptême, c’était un beau baptême ! Espérons que cela ne se reproduira plus ! Mais nous devons rester vigilants ! Vous êtes donc toutes et tous en état d’alerte ! Que cela ne vous empêche pas de manger, boire et dormir ! Mais attention, l’alcool ne se marie pas bien avec les vols ! soyez donc modérés !

Jeudi 28 mai

 

      Un chariot se présente au portail Est.

      « Qui êtes-vous ?  demande Guenièvre Spohr, de garde avec Christian Geler.

     - Nous sommes la famille Réguai, nous venons des environs d’Alésia, nous cherchons du travail ! On nous a dit qu’on trouverait ici !

     - C’est exact ! Allez à l’auberge ! Jacou Artz vous y attend !

     - Comment est-ce possible ?

     - Nous communiquons mentalement !

     - Ah oui ! C’est vrai ! Nous avons essayé cela quand nous sommes venus ici avec Maître Artz ! »

     Et ils arrivent à l’auberge, Jacou est sur le pas de la porte, nu.

      « Bienvenus, les Réguai ! Vous n’avez pas rencontré de problème, sur la route ?

     - Merci ! dit Pierre Réguai. Aucun problème !

     Les femmes et les enfants sont étonnés de voir tout le monde nu au village, bien que leurs époux les avaient prévenus.

     Je suis Pierre Réguai, et voici mes frères Paul et Jacques. Nous sommes des triplés !

     - Je me souviens de vous, vous nous aviez rejoint sur la route d’Oche !

     - Oui, et nous avions volé jusqu’à Alésia, puis jusqu’ici pour récupérer nos montures.

     Voici mon épouse, Adèle, trente ans, et mes enfants Paulin, dix ans et Jacky, neuf ans.

     - Moi je suis Paul, mon épouse Bernadette, vingt-sept ans, et mes jumeaux Axel et Alex, de huit ans.

     - Et moi je suis Jacques, voici mon épouse Emilie, trente-deux ans, et mes filles Anne et Jeanne, des jumelles de quatorze ans, et Jeannette, treize ans.

     - Allez prendre une bonne douche à coté vous vous sentirez mieux, et vous pourrez rester nus, comme nous autres, ensuite. 

     Je vous dirai alors de quel personnel nous avons besoin dans l’immédiat ! »

 

     Les couples se sont douchés ainsi que les filles, pendant que Joël jouait avec les enfants devant l’âtre, puis les mamans ont lavé leurs enfants, et une fois séchés, ils se sont retrouvés attablés, nus sur la terrasse de l’auberge, sous le chaud soleil de printemps.

 

      « Voici les postes qu’il nous faut encore, » dit Jacou en donnant la liste. 

 

     Pierre veut bien le poste de vigile, à la Maison du Village,

     Adèle se voit bien agent d’accueil à la Maison du Village,

     Paul sera agent des boissons à la Maison des Aînés-Sud,

     Bernadette sera agent d’entretien à la Maison des Gens d’arme,

     Emilie, agent d’entretien à la Garderie III 

     Jacques sera agent de service, à la Maison du Village.

      « Bien ! dit Jacou. Je vais vous attribuer des logements. Pierre et Adèle, vous logerez au n° 7 de la Maison du village, avec vos enfants. Paul et Bernadette, au n° 15 de la Maison des Gens d’armes, avec vos enfants. Jacques et Emilie, ce sera au n°12 de l Garderie III, vos filles logeront dans l’appartement communiquant, le n° 13, où elles auront chacune leur chambre. »

     Les filles sont folles de joie !

      - Ma propre chambre ! dit Jeannette. Whouah ! 

     - Il faudra attendre que les bâtiments soient terminés, en attendant, vous logerez dans les dortoirs des Thermes. Certes vous serez serrés, il y a du monde ! il faudra prendre votre mal en patience !

 

     Dans le village, une patrouille s’apprête à partir vers l’Ouest, vers Caturiges et Verodunum

     Elle sera commandée par Sylvestre Stalon, avec Éric Burn, Georges Décrié, Joséphine Maud, Hugo Spohr, Mia Rossi, et les gardes de réserve Christina Hahn, Bernard Jost, Alexa Dumas et Gretel Wilkinson.

      « Je suis contente de faire une patrouille ! Cela fait longtemps que je ne suis pas sortie ! dit Gretel.

     - Prenez chacun et chacune deux carquois, et n’oubliez pas votre tunique ! dit Jacou, avant que la patrouille ne parte.

     Sylvestre, tu prendras aussi cet or. Et il lui donne un sac rempli de livres-or, que Sylvestre loge dans un carquois. Allez ! Et soyez prudents ! »

     Et c’est le départ vers l’Ouest, la patrouille est saluée par les gardes du portail Ouest, Pierre Martinet et André Martinet.

 

     Les autres patrouilleurs : Georges Touret, tu prendras le commandement de l’escorte des fondeurs : Monique Trulli, Marie Gaulle, vous irez cet après-midi à Mousson, pour escorter demain matin les fondeurs et le matériel qu’ils emmènent. Vous vous ferez héberger par les fondeurs pour cette nuit.

     Les frères d’Ortega, Jean et Aimé, seront du voyage.

     Les gardes Noel Walter, Armand Dicit, Albert Jost, Raymond Jost, Jeanne Vénus et Anne      Vénus, bien que demain vous êtes normalement en repos, vous ferez aussi l’escorte et partirez cet après-midi pour Mousson. »

 

     Tous les chantiers de construction sont arrêtés, par manque de pierres. Les maçons vont voir Jacou.

     « Elles arrivent demain ! dit Jacou.

     - Alors, nous, on va profiter un peu des Thermes ! » dit Adrien Wirth, le maître compagnon. 

     Et avec son équipe, Bertrand Wirth, Maurice Storm, Constant Bour, Joseph Wirth, Paulin Wirth, Georges Storm Pierre Bour, Paul Bour, Isabelle Bour, Dimitri Thö, Olga Thö et Haggard Snörk, ils se dirigent vers les Thermes, et décident d’y manger ce midi, plutôt qu’à la Résidence.  Ils préviennent les cuisiniers au passage.

     Aux douches, ils sont morts de rire quand ils doivent, du moins Haggard avec sept pieds quatre pouces et Dimitri, avec sept pieds trois pouces, se plier pour entrer sous le pommeau, qui se trouve à sept pieds un pouce !

 

 

Vendredi 29 mai

 

     Un convoi de Chariots arrive à la porte Est. Ce sont les pierres du Blauersland, qui permettront de terminer les constructions en cours dans le village.

 

    Dix grands chariots de quatre chevaux, conduits et escortés par Chantal Légauries, Alban Lieue, Joëlle Mépied, Ingrid York, Olaf York, Edmond d’Anton, Marie Buset, Benoît Suif, Kristof Rund, Youp Zimme, Sylvain Bour, Marie Suiré, Anne de Stef et Paul Pista.

     Les masseuses Martinet et leurs époux sont du voyage, de retour de formation de massage des filles du Blauersland. Mission accomplie !

     Les chariots sont répartis sur les différents chantiers dans le village.

     Un va au bout pour la Manufacture d’armes, un autre pour la maison du village, deux chariots vont à la Résidence III, trois s’arrêtent à la Maion des Aînés, un pour la garderie III, un pour la Maison des gens d’arme, et un pour la maison des loisirs.

     Les maçons se mettent aussitôt au travail, les gardes de réserve, Hector Vénus, Bernard Jost, Justine Parleur, et Giselle Percy sont contents de donner un coup de main, tout cela est nouveau pour eux.

     Les menuisiers d’Oche arriveront lundi, les verriers de Meisenthal mardi, et en attendant que la manufacture soit opérationnelle, les ébénistes et menuisiers fraîchement embauchés confectionnent des meubles de toutes sortes dans les ateliers du chalet.

 

     Les patrouilles sont de retour.

     Pas de Germains à l’Est, pas de Belges au Nord, pas de chauve-souris au Sud, et rien à l’Ouest.

     Il semblerait que la région ait été épurée des bandits…

     « Restons vigilants ! » dit Dillon. 

 

    Le convoi venant de Mousson arrive également, avec son escorte composée de Georges Touret, Monique Trulli, Marie Gaulle, les frères d’Ortega, Jean et Aimé, les gardes Noel Walter, Armand Dicit, Albert et Raymond Jost, Jeanne et Anne Vénus.

     Aucun problème n’est à signaler.

     Le patron des fonderies, Léonard de Wendel, et six fondeurs, Paul Nagel, Georges Stand, Venceslas et Agar Dörm, et les forgerons Michel Pilna et Roger Mour, qui ont suivis les fondeurs à Mousson après le chantier de Pont-de-Sarre, conduisent les six grands chariots de quatre chevaux remplis à ras-bord de ferrailles en tout genre, de tuyaux, de tôles, et de belles cuves, de pommeaux de douche…

     Aussitôt, ils sont stockés sur la future place de la Maison des Aînés, et les matériaux dispatchés sur les différents chantiers de construction.

 

Lundi 1er juin

 

     Hier matin, une patrouille est allé à Oche, pour accompagner les menuisiers et leurs chariots de bois. Ils doivent arriver aujourd’hui dans l’après-midi.

     Une autre patrouille s’envole tôt ce matin vers Meisenthal pour escorter les verriers et leurs cargaisons de vitres, qui doivent arriver demain.

 

     Un troisième groupe s’apprête à partir pour Pont-de-Sarre, Jacou en tête, accompagné par Dillon et ses fils, Jean et Aimé.

     Ils vont assister au procès de l’espionne Martine Edjer, accusée de connivence avec les Germains qui ont dévasté la ville, et commis des massacres à Pont-de-Sarre, mais aussi aux alentours...

     La bataille de Walsch, qui s’est soldée par l’anéantissement de l’armée des Germains, a mis fin aux préparatifs d’invasion de la ville, orchestrée avec l’aide de l’espionne, qui s’était fait enrôler dans la garde de la mine d’or.

     Les quatre Durandalemois s’envolent pour Pont-de-Sarre, nus, et arrivent sans encombre à la Maison de la Ville, Où Oscar Fontaine, le bourgmestre, les attend, comme convenu, nu lui aussi.

Le Jugement

 

     La prisonnière est menée devant le tribunal.

     Oscar prend la parole.

     « Martine Edjer, vous êtes accusée de trahison, de complot avec l’ennemi, de complicité d’assassinat.

     Avez-vous quelque chose à dire ?

     - Je suis issue d’une famille des environs de la ville, Une fois mes parents décédés, je vivais seule, de rapines, dans une masure dans les bois.

     Une bande de Germains m’a trouvée, m’a nourri et m’a proposée de me mettre à leur service, de les aider à entrer dans la ville, en me promettant beaucoup d’or si je coopérais.

     J’ai accepté, et l’opportunité de me faire enrôler dans la garde de la mine s’est présentée.

     J’ai pu soustraire de l’or et leur montrer ce que la ville a comme trésor. Dès lors, tous les jours, je prélevais de l’or pour eux, nous devions attendre que l’or soit extrait et fondu, je leur ai donné les plans des banques, ils les attaqueront dès que les troupes arriveront !

     Elles vont bientôt arriver, et vous ne pourrez pas les contenir, ils sont plus d’un millier ! Vous n’auriez jamais dû me faire prisonnière ! Vous allez le regretter ! Vous feriez mieux de me relâcher, sinon les troupes d’Igor vous massacreront ! Je plaiderai pour qu’ils vous épargnent !

     Dillon alors rigole franchement, et prend la parole.

     - Martine Edjer, je dois te préciser certaines choses :

     Les Germains que tu cachais en ville sont morts ! Tués par les gardes de Pont-de-Sarre ! Ceux qui se cachaient dans la ferme à la sortie de la ville sont morts ! Tués par la patrouille régionale !

     Les troupes de Germains, au nombre total de mille trois cent quatre-vingt-dix soldats, sous le commandement de Igor le roux, ont tous péri dans la bataille de Walsch, tués également par les patrouilles régionales ! Il n’y aura aucun Germain qui viendra te secourir ! Tu n’as aucun secours à espérer ! Khan est mort, Igor est mort, tous leurs lieutenants sont morts !

     - Vous mentez ! les troupes d’Igor sont invincibles !

     - Oui, comme celles de Khan, que nous avons exterminées à Naborum, près de cinq cent hommes, dont le grand Khan-le-Terrible !

     D’autres ont été fait prisonniers, et ont été tués lors d’une tentative d’évasion menée par des Germains cachés dans la ville, sûrement renseignés par toi !

     Eux aussi sont tous morts !

     - Mensonges ! Ils viendront et raseront la ville ! 

     Oscar alors dit :

      - Il suffit ! Nous n’allons pas écouter tes délires plus longtemps. Que décide le tribunal ? 

     Et tous les membres du tribunal, le bourgmestre, le chef de la garde de Pont-de-Sarre, Jacou, Dillon, Jean, Aimé, décident : « La mort ! »

     Séance tenante, l’espionne est emmenée sur la colline, les gardes de la mine sont prêts, arcs bandés.

     « Tirez ! »  dit Oscar Fontaine.   

     Et Martine Edjer, criblée de traits, s’écroule.

     Ainsi se termine l’invasion des Germains !

     Et après avoir enterré le cadavre de l’espionne, Les Durandalemois prennent congé. 

     « Nous nous reverrons dans des circonstances plus plaisantes ! dit Jacou.

     - J’y compte bien ! »  répond Oscar. 

 

 

     A Durandalem, les menuisiers d’Oche sont arrivés, à bon port, sans ennuis en route.

     Aussitôt, tout le monde se met à l’ouvrage, et les bâtiments du village se construisent rapidement.

     Bientôt, avec les verriers qui arrivent demain, tous les nouveaux bâtiments seront habitables !

Les nouveaux appartements

 

     A l’auberge, les maçons boivent un canon, il ont fini la journée.

     Avec les pièces que Jérémoy avait encore, une cuve et une chaudière, et quelques tuyaux, les vitres, les planchers et les poutres restantes des derniers chantiers, stockées chez Mikael Thiel, Le coin de la Résidence III est terminé.

     L’appartement du concierge est habitable !

     La nouvelle est transmise, jusqu’à Michèle Potez, vingt-trois ans, concierge prévue pour la Résidence III, Elle peut emménager !

     Les menuisiers qui sont chez Mikael, Benoît Vit, vingt-deux ans, ébéniste, Jacques Filho, quarante-cinq ans, menuisier-ébéniste et André Vit, quarante-cinq ans, ébéniste, ont construit des meubles pour l’appartement, deux grands lits, une table, des chaises, deux armoires…

     Josette et Josiane, de l’ancienne école, ont amené des linges, des draps des couvertures, et même des rideaux !

     Michèle découvre alors son nouveau logis, spacieux, une salle de séjour avec coin cuisine, un coin d’aisance avec porte, une douche, et deux chambres à coucher !

      « Voilà un exemplaire des appartements que nous construirons ! dit Jérémoy. Ils seront tous bâtis sur ce modèle ! Michèle, tu vas avoir de la visite ! Mais c’est toi qui décides ! si tu veux, tu fermes ta porte ! Tu es chez toi ! Bienvenue dans ton nouveau logis ! 

     - Grand merci maître Mayer !  

     Le nouveau bourgmestre, Axell Wilkinson, arrive sur le chantier.

      - Voici le plan de la Résidence III, dont tu as la charge. Comme tu le vois, au rez-de-chaussée, ton appartement, et une loge donnant sur les couloirs et l’extérieur pour renseigner les gens, douze appartements, un office, une buanderie, un réfectoire, un salon commun, et la partie technique, les chaudières, Les générateurs de vapeur, les réserves de charbon, les cuves d’eau…

     Deux étages, avec trente appartements par étage !

     Alain Durette, vingt-six ans et Théo Durette, vingt-cinq ans, vous êtes les techniciens de la résidence III, vous aurez vos appartements à côté des parties techniques.  Mais dès maintenant, vous vous occuperez de la chaudière déjà en place pour la douche de l’appartement de la concierge. Rémi Stock, le technicien chaudières des Thermes va vous expliquer tout cela.

 

 

Les derniers embauchés initiés

 

       A Durandalem, Chantal a initié :

  • les remplaçants des départs à la retraite :

     Alphonse Holz, responsable d’étage aux appartements des Thermes, soixante-et-un ans, est remplacé par Louis Vuitton, trente-et-un ans, et Rosine Vuitton. La Résidence III, appartement 13.

     Olivier Stone, agent de sécurité aux appartements des Thermes, soixante huit ans, est remplacé par Armand Frost, vingt quatre ans. La Résidence III, appartement 37.

     Alice Stone, Buandière à l’hôtel des Thermes, soixante sept ans, est remplacée par Emilie Vit, quarante ans, La Résidence III, appartement 15.

     Oscar Stone, agent de sécurité aux appartements des Thermes, soixante neuf ans, est remplacé par Jeannot Rund, vingt six ans. La Résidence III, appartement 16.

     Lydie Stone, buandière à l’Hôtel des Thermes, soixante huit ans, est remplacée par Amélie Vit, vingt ans. La Résidence III, appartement 17.

     Louis Hoste agent d’entretien à l’hôtel des Thermes, soixante-et-un ans, est remplacé par Joséphine Neck, vingt-et-un ans. La Résidence III, appartement 18.

     Joëlle Lutz, soixante-et-un ans et Joseph Wirth, soixante deux ans, agents des boissons aux Thermes, sont remplacés par Michel et Paulette Druck, quarante ans. La Résidence III, appartement 19.

     Émile Lutz, concierge aux Thermes, soixante trois ans, est remplacé par Marcel Potez, vingt six ans. La Résidence III, appartement 20.

     Joséphine Basin, buandière au restaurant, soixante trois ans, est remplacée par Marie Rund, vingt quatre ans. La Résidence III, appartement 16.      

      Rémi Stock, soixante trois ans et Raymond Stock, soixante-et-un ans. techniciens, des chaudières des Thermes, sont remplacés par Albert Rund, vingt huit ans, La Résidence III, appartement 21, et Norbert Rund, vingt cinq ans, La Résidence III, appartement 22.

     Nina Stock, soixante-et-un ans, et Paulette Stock, soixante-et-un ans, agents d’entretien aux Thermes sont remplacées par Rachel Bosch, vingt deux ans, La Résidence III, appartement 23, et Aimé Bosch, dix huit ans, La Résidence III, appartement 24.

     Sophie Cami, masseuse au Thermes, soixante deux ans, est remplacée par Elodie Tarse, vingt ans, La Résidence III, appartement 25, et Amandine Tarse, dix huit ans, La Résidence III, appartement 26.

     Anatole Brett, concierge de l’ancienne école, soixante trois ans, est remplacé par Christian Bosch, quarante cinq ans. La Résidence III, appartement 27.     

     Chantal Iser, herboriste, soixante quatre ans, est remplacée par Nicole de Sangle, vingt deux ans, Ancienne école n° 6, et Benami Filho, dix sept ans, La Résidence III, appartement 29.

     Esther Schmidt cuisinière à l’auberge, soixante sept ans, est remplacée par Josette Rund, vingt sept ans, La Résidence III, appartement 30.

     Yvette Welch, cuisinière au Chalet, soixante trois ans, est remplacée par Adèle Bella, dix sept ans, La Menuiserie, appartement 1.

     Pierrot Stein, cantonnier, soixante trois ans, est remplacé par Hercule Poiro, vingt cinq ans, La Résidence III, appartement 32.

     Claude Stein, cantonnier, soixante deux ans, est remplacé par Pierre Prist, dix huit ans, La Résidence III, appartement 33, et Paul Prist, dix huit ans, La Résidence III, appartement 43.  

     Georges Hair, coiffeur, soixante-et-onze ans, est remplacé par Hubert Bour, trente ans, et Giselle Bour, vingt neuf ans, coiffeuse, La Résidence III, appartement 34.

     Florent Molle, concierge de la Garderie, soixante trois ans, est remplacé par Hugues de Sangle, vingt-et-un ans, La Résidence III, appartement 35.        

     Joëlle Tritz, cuisinière pour la Garderie, soixante trois ans, est remplacée par Joseph Stern, quarante ans, et Pascale Stern, trente huit ans, La Résidence III, appartement 36.

     Sophie Maigret, agent de service à la Garderie, soixante trois ans, est remplacée par Augustine Barge, vingt six ans, La Résidence III, appartement 37.

     Jenny Tell, agent de service à la Garderie, soixante trois ans, est remplacée par Berthe Prédis, vingt quatre ans, La Résidence III, appartement 38

     Adrien Molle, concierge de la Résidence, soixante trois ans, est remplacé par Paul de sangle, vingt-et-un ans, La Résidence III, appartement 39.

     Sylvie Spar, cuisinière de la Résidence, soixante trois ans, est remplacée par Berthe Von Carax, trente ans, Maison des Aînés-Sud, n° 18

     Joshua Levy, soixante trois ans et Giselle Levy, soixante deux ans, agents d’entretien Résidence, sont remplacés par Marie-Claude Mage, trente quatre ans, La Résidence III, appartement 41, et Justine Hyphe, trente neuf ans, La Résidence III, appartement 42.

 

     Julie Klein, cuisinière à l’école, soixante-et-un ans, est remplacée par Gérard Bion, trente deux ans, La Résidence III, appartement 43.

     Claude Kaas, apothicaire, soixante trois ans, est remplacé par Georges de Sangle, quarante ans, La Résidence III, appartement 44.

     Rosine Kaas, apothicaire, soixante trois ans, est remplacée par Marie de Sangle, trente neuf ans, La Résidence III, appartement 44.

     Yvette Bosch, quarante deux ans, est nommée agent d’entretien à l’ancienne école, La Résidence III, appartement 45.

 

     Bernard et Marion Tallez, quarante ans, La Résidence III, appartement 46, et Gérôme Druck, seize ans, La Résidence III, appartement 47, bouchers, sont nommés en renfort chez Georges Wilkinson.

    Nissa Lévy, cheffe des gardes de nuit, soixante-et-un ans, est remplacée par Armand Dale, Capitaine de la garde, quarante ans. La Garderie III, appartement 14.

     Elysa Levy, garde de nuit, soixante-et-un ans, est remplacée par Berthe Vénus, trente neuf ans. La Garderie III, appartement 17.

     Michelle Holz, garde de nuit, soixante-et-un ans, est remplacée par Judith Lingon, trente neuf ans, La Garderie III, appartement 18.

 

  • Les nouveaux gardes affectés à la garde de nuit :

     Simon Vénus, quarante ans, La Garderie III, appartement 17.

     Abraham Lingon, quarante ans, La Garderie III, appartement 18.     

     Léo Parleur, trente neuf ans, La Garderie III, appartement 19.  

     Elisabeth de Reine, trente six ans, La Garderie III, appartement 20.   

     Paul Percy, trente huit ans, La Garderie III, appartement 21.   

     Pénélope Percy, trente huit ans, La Garderie III, appartement 21.     

     Roger Rabbin, trente cinq ans, La Garderie III, appartement 23.     

     Albert Turk, trente huit ans. La Garderie III, appartement 24.

     Théophile de Fer, trente cinq ans, La Garderie III, appartement 25.   

     Joseph de Mang, trente sept ans, La Garderie III, appartement 26.     

     Jacques de Compost, trente huit ans, La Garderie III, appartement 27.

     Fernand Lègue, trente-et-un ans, La Garderie III, appartement 28.

     Oscar Patter, trente cinq ans, La Garderie III, appartement 29.

     Alexandre la Goi, trente deux ans, La Garderie III, appartement 30.

 

  •  Les nouveaux gardes affectés à la garde de jour :  

     Jules de Songe, trente ans, La Garderie III, appartement 31.

     Noel Walter, vingt neuf ans, La Garderie III, appartement 32.

     Bernard Dissone, vingt neuf ans, La Garderie III, appartement 33.

     Jeanne Vénus, vingt ans, La Garderie III, appartement 34.    

     Anne Vénus, vingt ans, La Garderie III, appartement 35.

     Hector Vénus, dix neuf ans, La Garderie III, appartement 36.     

     Bernard Jost, dix huit ans, La Garderie III, appartement 37.

     Raymond Jost, vingt ans, La Garderie III, appartement 38.

     Albert Jost, vingt-et-un ans. La Garderie III, appartement 39.

     Justine Parleur, dix huit ans, La Garderie III, appartement 40.     

     Patrick Lingon, vingt ans, La Garderie III, appartement 41.

     Giselle Percy, dix huit ans, La Garderie III, appartement 42.  

     Christian Geler, vingt huit ans, La Garderie III, appartement 43.

     Armand Dicit, vingt cinq ans, La Garderie III, appartement 44.

 

  • Les nouveaux gens d’armes :     

     Edouard Frost, vingt cinq ans, vigile, Maison des Gens d’armes, n° 13.

     Charles Frost, vingt six ans, vigile, Maison des Gens d’armes, n° 14.

Les nouveaux bâtiments de Durandalem

 

  • La Résidence III 

 

     Au rez de chaussée : une loge de concierge, une partie technique, un réfectoire, une buanderie, un salon commun, 12 appartements, les n° 11 et n° 12 sont des appartements à 3 chambres.

     Au premier niveau : appartements de 13 à 42.

     Au second niveau : appartements de 43 à 72.

 

     Le personnel :

     - 1 concierge : Michèle Potez, vingt trois ans. Au n° 1 

     - 2 techniciens : Alain Durette, vingt six ans. Au n° 2 

                               Théo Durette, vingt cinq ans. Au n° 3 

     - 2 cuisiniers : Arthur Schmit, trente ans, et Béa Schmit, trente ans. Au n° 4 

     - 2 commis de cuisine : Marguerite Yourcene, dix sept ans,

                                           Raoul Tier, quinze ans. Au n° 5 

     - 2 buandières : Georgette Maire, vingt ans. Au n° 6 

                               Emilie Fruscht, trente six ans. Au n° 11

     - 2 agents d’entretien : Nicole Hilt, vingt ans

                                          François Hilt, dix neuf ans. Au n° 7 

     - 2 agents de service : Sylvie Môle, trente ans

                                         Adrienne Schuss, vingt huit ans. Au n° 8 

     - 1 vigile : Jacques Frost, vingt huit ans. Au n° 9 

  

  • La garderie III 

 

     Au rez de chaussée : une loge de concierge, une partie technique, un réfectoire, une buanderie, un salon commun, 12 appartements, les n° 11 et n° 12 sont des appartements à 3 chambres.

      Au 1er étage : 30 appartements, de 13 à 42.

     Au 2nd étage : 30 appartements, de 43 à 72

 

      Le personnel :

    -  1 concierge : Martine Potez, vingt trois ans. Au n° 1 

     - 2 techniciens : Jean-Marc Jidaille, vingt trois ans Au n° 2 

                               Alex Durette, vingt cinq ans Au n° 3 

     - 2 cuisiniers : Adolf l’Actis trente cinq ans,

                             Edeltraud l’Actis trente deux ans, Au n° 4 

    -  2 commis de cuisine : Raymonde James, dix sept ans

                                           Roger Nacht, seize ans. Au n° 5 

    -  2 buandières : Berthe Schuetz, vingt ans, Au n° 6 

                               Malou Tallez, seize ans, Au n° 7 

    - 2 agents d’entretien : Manon tallez, dix sept ans, Au n° 8 

                                          Emilie Réguai, trente deux ans,

     - 2 agents de service : Germaine Ladanz, vingt trois ans, Au n° 9

                                      Edith Piat, vingt cinq ans, et le vigile Pierre Frost, Au n° 10 

     - 1 vigile :  Jean Frost, trente ans. Au n° 13 

 

 

 

     Au rez de chaussée : une loge de concierge, une partie technique, un réfectoire, une buanderie, un salon commun, 12 appartements, les n° 11 et n° 12 sont des appartements à 3 chambres.

     A l’étage : 30 appartements, de 13 à 43.

 

     Le personnel :

     - 1 concierge : Daniel Potez, vingt-et-un ans. Au n° 1

     - 2 techniciens : Jean-Claude Jidaille, vingt sept ans, Au n° 2

                               Jean-Marie Jidaille, vingt six ans, Au n° 3

     - 2 cuisiniers : Gédéon Bion, trente deux ans cuisinier, Au n° 4 

                             Georges Stern, vingt ans, Au n° 5

     - 2 commis de cuisine : Pascal Bissa, seize ans, Michèle Blau, seize ans Au n° 6

     - 1 buandière :  Margot Fruscht, vingt ans, N° 10                    

     - 1 vigile : Claudius Spencer, trente cinq ans. Au n° 9 

     - 2 agents de service : Babette Saure, vingt cinq ans, Au n° 11 

                                         Adrien Saure, vingt cinq ans. Sophie et Julie Saure, six ans,

                                                                                          Raymond et Rémi Saure, quatre ans.                                 

     - 2 agents d’entretien : Annie Tallez, quarante trois ans, logée à la maison des forgerons.

                                       - Bernadette Réguai, vingt sept ans, au n° 15.  

 

 

      -    La Maison des Loisirs 

 

     Au rez de chaussée : Un hall d’accueil, un guichet, un vestiaire, des douches, un sauna, un hammam, une loge concierge, une infirmerie, un coin des boissons.

     A l’étage : 11 appartements. Du n° 2 au n° 12

 

     Le personnel :

     - 1 concierge : Marc Potez, vingt deux ans, Au n°1 

     - 1 hôtesse d’accueil : Myriam Bosch, vingt trois ans, Au n° 12 

     -  2 agents de service : Marie Tallez, dix neuf ans. Au n°4 

                                         Marjorie Fruscht, dix neuf ans, au n° 10

     - 2 agents d’entretien : Josette Fine, trente deux ans, chez Louis Fine, 33 ans,

                                              animateur MA Au n°5 

                                          Marguerite Fruscht, dix huit ans, au n° 9

      - 1 vigile :  Paul Frost, vingt six ans, Au n°6 

     - 2 agents des boissons : Juliette Filho, vingt trois ans, Au n°7 

                                             Julia Filho, vingt trois ans, Au n°8 

    - 2 agents de surveillance/secouristes : Adam Fruscht, vingt cinq ans, au n° 2

                                                                   Albert Fruscht, vingt trois ans, au n° 3

     - 1 buandière : Marceline Fruscht, dix huit ans, au n° 11

 

 

​​​​

  • La maison des Aînés - Sud 

  

     Au rez-de-chaussée : une loge de concierge, un appartement du concierge, n° 1, une partie technique, un office, un réfectoire, une buanderie, un salon commun, et 16 appartements, du 2 au 17.

     A l’étage : 32 appartements. Du 18 au 49.

 

     Le personnel :

     - 1 concierge : Mireille Potez, vingt quatre ans, appartement n° 1.

     - 2 buandières :  Josette Fruscht, quarante six ans, Maison des Aînés-Nord, N°1.

                                Noémie Fruscht, buandière, quarante ans, Maison des Aînés-Nord, N° 21.

     - 2 cuisiniers : Herbert Von Carax, trente-et-un ans, appartement n° 18.

                             Madeleine Rund, vingt cinq ans, appartement n° 19.

    -  8 commis de cuisine : Maria Hilfe, seize ans,

                                           Paulus Tessai, dix sept ans, appartement n° 20,

                                           Elise Bell, dix sept ans,

                                           Fabien Shure, quinze ans, appartement n° 21,

                                           Joëlle Stern, quinze ans, appartement n° 22,

                                           Josiane Stern, quinze ans, appartement n° 23, 

                                           Edmonde Stick, dix sept ans,

                                           Eveline Reno, quinze ans, appartement n°24

     - 3 agents de service : Pascal Presle, quarante trois ans, appartement n°25,

                                         Mireille Presle, quarante-et-un ans, appartement n°25,

                                         Nicolas Presle, vingt trois ans, appartement n° 43,

     - 2 agents de boissons :  Franz Bosch, vingt-et-un ans, appartement n° 31.

                                            Paul Réguai, vingt neuf ans, Maison des Gens d’arme, n° 15.

     - 2 techniciens : Romuald Durette, vingt deux ans, appartement n° 27

                               Arno Durette, vingt ans, appartement n° 28,   

    - 6 agents d’entretien : Edmonde Renard, dix neuf ans, sourde et muette, n° 38

                                         Adélaïde Foral, vingt ans, sourde et muette, n° 38

                                         Bernadette de Theux, vingt-et-un ans, sourde muette, n° 39

                                         Charlotte Rampa, vingt deux ans, sourde et muette, n° 39

                                         Louise d’Atta, vingt trois ans, sourde et muette, n° 40.

                                         Norbert Pott, vingt quatre ans, sourd et muet, n° 40  

 - 6 Animateurs : Josiane Presle, vingt deux ans, appartement n° 29,

                             Joëlle Presle, vingt deux ans, appartement n° 30,

                             Lucien Presle, vingt-et-un ans, appartement n° 31,

                             Alexandre Mage, trente cinq ans, appartement n° 32,

                                                       avec Marie-Claude Mage, agent d’entretien à la Résidence.

                              Baltazar Hyphe, trente huit ans, appartement n° 33,

                                                                 avec Justine Hyphe, agent d’entretien à la Résidence.

                               Gérard Manvu, trente quatre ans, appartement n° 34,

                                                                   avec Elyse Manvu, agent d’entretien à la Résidence.             

     - 5 Infirmiers : Annie le Page, dix neuf ans appartement n°23,

                                  Annette le Page, dix neuf ans, appartement n°24,

                                  Claudine Sistre, vingt sept ans, Résidence III n°13,

                             Guy Séguy, vingt cinq ans, appartement n°28,

                                  Sylvette Houry, vingt trois ans, appartement n°28

     - 4 Jardiniers : Nicolas Filho, jardinier, vingt-et-un ans, appartement n° 36,

                             Gildas Filho jardinier, vingt ans, appartement n° 37.

                            Amedé Virt, vingt six ans, 

                            Angèle Virt, vingt cinq ans, appartement n° 35,

     

 

 

  • La maison des Aînés -Nord 

 

     Au rez-de-chaussée : une loge de concierge, un appartement du concierge, n° 1, une partie technique, une buanderie, une infirmerie, un cabinet médical, un hôpital de 10 lits, et 16 appartements. Du 2 au 17.

     A l’étage : 32 appartements. Du 18 au 49.

 

     Le personnel :

     - 1 concierge :  Roger Fruscht, quarante cinq ans, Appartement n° 1

   

     - 4 techniciens :  Robert Jidaille, vingt trois ans, appartement n° 18,

                                 Norbert Jidaille, vingt deux ans, appartement n° 19,

                                 Albert Jidaille, vingt six ans, appartement n°20,

                                 Roland Fruscht, quarante deux ans, appartement n°21,

     - 3 médecins : Isabelle le Page, trente six ans, appartement n°21,

                            Claude Pars, trente cinq ans, appartement n°22,

                            Jean Dörm, trente sept ans, appartement n°27

    - 5 Infirmiers : Sylvain Séguy, vingt quatre ans, la Garderie n° 9

                            Amandine Sistre, trente ans, appartement n°22,

                            Bernadette Houry, vingt trois ans, appartement n°31,

                            Georges Séguy, vingt quatre ans, appartement n°29

                            Albert de Sangle, trente huit ans, appartement n°33

     - 2 buandières : Isabelle de Sangle, vingt-et-un ans, appartement n°35

                               Fabienne de Sangle, trente huit ans, appartement n°33

     -  2 agents de service : Emilie Tallez, dix neuf ans, appartement n° 30,

                                          Elodie Tallez, vingt-et-un ans, appartement n° 29.

 

     -  6 agents d’entretien : Emma Perl, dix huit ans, sourde et muette, n° 38

                                          Marie Perl, dix huit ans, sourde et muette, n° 39

                                          Josette Curna, dix huit ans, sourde et muette, n° 40

                                          Berny Frost, dix huit ans, sourd et muet, n° 38

                                          Hyppolite Erat, dix huit ans, sourd et muet, n° 39

                                          Gérôme Joly, vingt ans, sourd et muet, n° 40

 

 

 

  • La Maison du Village 

 

     Le personnel :

     - 1 concierge : Denis Potez, vingt-et-un ans, Maison du Village, n° 1.

     - 1 agent d’accueil : Adèle Réguai, trente ans, Maison du Village, n° 7.

     - 1 secrétaire :

     - 1 agent de service : Jacques Réguai, vingt neuf ans, La Garderie III, n° 12   

     - 1 agent d’entretien : Elise Manvu, trente quatre ans, Maison des Aînés-Sud, n° 34.

     - 1 technicien : Alfred Jidaille, vingt cinq ans, Maison du Village, n° 6.

     - 1 vigile : Pierre Réguai, vingt neuf ans, Maison du Village, n° 7

       

 

  • La manufacture de flèches 

 

     Le personnel :

     - 3 forgerons : Robert Tallez, quarante cinq ans, forgeron, Maison des forgerons.

                             Gildas Ferrant, vingt deux ans, La Résidence III, appartement 50,

                             Georges Ferrant, vingt-et-un ans, La Résidence III, appartement 49.

     -  3 menuisiers-ébénistes : Jacques Filho, quarante cinq ans, La Résidence III,

                                                 appartement 51

                                                Benoît Vit, vingt deux ans, , La Résidence III, appartement 48

                                                André Vit, quarante cinq ans, La Résidence III, appartement 15

L’attribution des logements 

    

     Les anciens logements :

 

  • La Forge :    

    1 logement. Vacant

 

  • La Maison des forgerons :

     six appartements :

     N° 1 : Ariston Schmit, serveuse à l’auberge, Jérémoy Mayer, forgeron.

     N° 2 : Jenny Stein, musicienne,  Benami Schmit, musicien.

     N° 3 : Agathe Stein, éducatrice, Gérôme Hune, volailler           

     N° 4 : Nathan Mayer, forgeron, Valérie Burg, Ambassadrice, herboriste. Robert Mayer,

                Pascal Mayer.             

     N° 5 : Léo Mayer, forgeron, Léa Fart, buandière Aux Thermes. Manuel Mayer,

                Emma Mayer.

     N° 6 : Robert Tallez, forgeron à la Manufacture

               Annie Tallez, agent d’entretien à la Maison des Gens d’arme.

 

  • La Menuiserie :

     2 appartements :

     N° 1 : Adèle Bella, cuisinière au Chalet. Célibataire.

     N° 2 : Mikael Thiel, bûcheron, Amandine Bardot, agent des Thermes, Eli Thiel,

               Abraham Thiel.

 

  • L’Auberge :

    1 appartement. Vacant

 

  • La Maison de l’Auberge :

     quatre appartements.

     N° 1 : Michel Hoste, vigile aux Thermes, Marion Wasch, aubergiste,  Mikael Hoste,

                 Manon Hoste.

     N° 2 : Claude Bardot, agent d’entretien des Thermes, Julie Wasch, aubergiste,

                Bernard Bardot,  Josiane Bardot,  Joëlle Bardot.

     N° 3 : Simon Schmit, barde, Célibataire.

     N° 4 : Garfield Schmit, musicien, Béatrice Spohr, musicienne, Marcel Schmit,

                Margot Schmit

     

  • Le Moulin :

     1 appartement. Vacant

   

  • La Maison du Moulin :

      six appartements.

      N° 1 : Isabeau Muller, boulanger, Manon Germain, Cuisinière à l’ancienne école.

      N° 2 : Charles Muller, meunier, Célibataire.

      N° 3 : Roger Koch, coursier,  Aline Hair, blanchisseuse à l’auberge.

      N° 4 : Louis Koch, barbier, Célibataire.

      N° 5 : Grégoire Muller, meunier,  Annie stock, pâtissière.

      N° 6 : Gustave Muller, agent de sécurité aux Thermes, Célibataire.

 

  • Les Ecuries :

     1 appartement. Vacant

 

  • La Maison des Ecuries :

     cinq appartements.

     N° 1 : Nestor Pferd, éleveur de chevaux, Josiane Welch, buandière à l’ancienne école.

     N° 2 : José Pferd, palefrenier, Célibataire.

     N° 3 : Hantz Burg, palefrenier, Joëlle Wasch, buandière à l’ancienne école.

     N° 4 : Vivien Stock, palefrenier. Célibataire.

     N° 5 : Norbert Burg, constructeur charretier, Célibataire.

 

  • La Ferme :

     1 appartement : Vacant

 

  • La Maison de la Ferme :

     huit appartements.

     N° 1 : Edouard Basin, commis de la ferme,  Jeanne Muller, éducatrice.

     N° 2 : Gildas Dor, commis de la ferme,  Judith Koch, buandière à la résidence.

     N° 3 : Jacques Basin, commis de la ferme,  Nadège Schaff, éducatrice.

     N° 4 : Le Borgne Bauer, fermier, Capitaine de l’Empire, Audrey Lemas, , fermière.

     N° 5 : François Bauer, fermier, Capitaine de l’Empire,  Isabelle Nacht, fermière.

     N° 6 : Pierre Dor, maraîcher, Célibataire.

     N° 7 : Paul Dor, maraîcher,  Joséphine Bauer, cuisinière de la ferme.

     N° 8 : Pauline Basin, maraîchère,  Francis Bauer, fermier.

 

  • La Maison de L’Eglise :

     4 appartements.

     N° 1 : Charles Higgins, curé de Durandalem.

     N° 2 : Vacant

     N° 3 : Vacant

     N° 4 : Vacant

         

  • Les Cantonniers :

     2 appartements.

     N° 1 : Pierre Prist, cantonnier, Célibataire.

     N° 2 : Paul Prist, cantonnier. Célibataire.

 

  • La Maison des cantonniers :

     4 appartements.

     N° 1 : Felix Stein, Cantonnier. Célibataire.

     N° 2 : Hercule Poiro, Cantonnier, Célibataire

     N° 3 : Vacant

     N° 4 : Vacant

 

  •  Le Volailler :

    1 appartement : Fabien Hune, volailler. Célibataire.

 

  • Le Barbier :

     1 appartement : Hubert Bour, coiffeur,  Giselle Bour, coiffeuse,  Felix Bour,  Félicie Bour,

 

  • Le Boucher :

     1 appartement : Georges Wilkinson, boucher,  Isabelle Spohr, vendeuse.

 

  • L’Apothicaire :

     1 appartement : Georges de Sangle, Apothicaire,  Marie de Sangle, apothicaire,

 

  • La maison des apothicaires :

     2 appartements.

     N° 1 : Maxime Kaas, apothicaire. Célibataire.

     N° 2 : Vacant

 

  • Le Rémouleur :

     1 appartement. Vacant

    

  • La Banque :

     Raoul Frisch, banquier,  Raymonde Frisch, orfèvre,

 

  • La Maison de la Banque :

     2 appartements.

     N° 1 : Emanuel Frisch, banquier,  Jeannette Frisch, Jeannot, Jorge,

     N° 2 : Vacant

 

  •  Cabinet médical :

     1 appartement : Marie Brett, médecin, Célibataire.

 

  • Les douches communales :

     2 appartements :

     N° 1 : Margot, fille de joie, Célibataire.

     N° 2 : Adèle, fille de joie, Célibataire.

 

  • La Garderie :

     10 appartements.    

     N° 1 : Hugues de Sangle, concierge de la Garderie. Célibataire.

     N° 2 : Vacant

     N° 3 : Vacant

     N° 4 : Alain Hahn, garde de nuit, Natacha Rich, , garde de nuit.

     N° 5 : Abel Hahn, garde de nuit, Nathalie Rich, garde de nuit.

     N° 6 : Pacôme Maigret, garde de nuit, Agnès Poly, garde de nuit.

     N° 7 : Alexandre Dumas, garde de nuit, Valérie Maigret, garde de nuit.

     N° 8 : Vacant

     N° 9 : Sylvain Winterberg, garde de nuit, Charly Chaplin, garde de nuit.

     N° 10 : Roland Ronce, garde de nuit, Georges Chaplin, garde de nuit.

 

  • La Garderie II :

     12 appartements.

     N° 1 : Armand Bardot, concierge de la Garderie II, Paulette Holz, cuisinière de la

               Garderie II, Gilles Bardot.

     N° 2 : Patrick Martinet, agent d’entretien de la Garderie II, Julie Molle, buandière de la

                Garderie II,  Marguerite Martinet,  Pétulla Martinet.

     N° 3 : Bureau de gens d’arme du village, Prison. 

     N° 4 : Bureau de la sécurité du village.

     N° 5 : Pascal Spohr, garde. Célibataire.

     N° 6 : Jean Martin, garde, Aline Spohr, garde.

     N° 7 : Johan Martinet, garde,  Alice Spohr, garde.

     N° 8 : Hankel Thiel, garde, Jeanne Martinet, garde.

     N° 9 : Christian Hahn, garde, Guenièvre Spohr, garde,  Piotr Hahn,  Georgette Hahn.

    N° 10 : Pierre Martinet, garde, Christina Hahn, garde, Christine Martinet, Christel Martinet,

     N° 11 : Georges Frisch, garde, Célibataire.

     N° 12 : Vacant

  • La résidence :

     Au rez-de-chaussée : 12 appartements.

     Au 1er étage : 16 appartements.

 

Au rez-de-chaussée : 12 appartements.

 

     N° 1 : Paul de sangle, concierge de la Résidence. Célibataire.

     N° 2 : Albert Tritz, , Cuisinier de la Résidence, Marie Blache, Cuisinière de la Résidence.

     N° 3 : Vacant

     N° 4 : Vacant

     N° 5 : Vacant

     N° 6 : Paulette Holz, cuisinière de la Garderie II, Armand Bardot, technicien communal.

     N° 7 : Agnès Hune, buandière au restaurant des Thermes. Ambassadrice. Célibataire.

     N° 8 : Angèle Hune, buandière aux  Thermes. Ambassadrice. Célibataire.

     N° 9 : Vacant

     N° 10 : Vacant

     N° 11 : Ulla Fonte, fille de joie. Célibataire.

     N° 12 : Romain Stock, Technicien communal Célibataire.

 

Au 1er étage : 16 appartements.

 

      N° 13 : Fifi Adour, fille de joie. Célibataire.

      N° 14 : Paul Frisch, garde, Georgette Fart, garde.

     N° 15 : Jacques Martin, garde,  Pénélope Field, cuisinière à l’ancienne école,

     N° 16 : Albert Fart, garde, Emilie Stone, agent de service des appartements des Thermes.

     N° 17 : Stéphane Spohr, garde, Thérèse Stone, buandière aux appartements des Thermes.

     N° 18 : Pam Suzon, fille de joie. Célibataire.

     N° 19 : Julien Stock, technicien communal,  Alexa Dumas, garde,  Jules et Julie Stock.

     N° 20 : Bernard Spohr, garde, Justine Kami, masseuse des Thermes.

     N° 21 : Joseph Spohr, garde, Julie Klein, cuisinière retraitée de l’ancienne école.

     N° 22 : Benoît Spohr, garde, Sophie Kami, masseuse retraitée des Thermes.

     N° 23 : Pierre Spohr, garde, Madeleine Stone, , buandière de la Résidence.

     N° 24 : Paul Spohr, garde, Michelle Holz, retraitée garde de nuit.

     N° 25 : Vacant

     N° 26 : Vacant

     N° 27 : salle de massage.

     N° 28 : Prune Fruscht, fille de joie. Célibataire.

 

  • la Résidence II :

     six appartements.

     N° 1 : Roger Basin, mineur, Rose Spohr, masseuse des Thermes.

     N° 2 : Georges Basin, mineur, Josie Bern, , agent des boissons aux Thermes.

     N° 3 : Louis Basin, mineur, Marianne Tritz, cuisinière au restaurant des Thermes.

     N° 4 : Fabrice Spohr, mineur, Elodie Spohr, masseuse à la résidence.

     N° 5 : Phillipe Maigret, mineur, Zoé Lombard, masseuse aux Thermes.

     N° 6 : Vacant

 

  • Les Thermes :

Au rez de chaussée :

     2 appartements concierge,

     2 appartements techniciens,

 

Au 2nd étage :

     20 appartements.

 

Au rez de chaussée :

     2 appartements concierge.

     N° C1 : Thomas Fergusson, concierge des Thermes, Brigitte Bardot, agent de service

                   des Thermes. 

    N° C2 : Marcel Potez, concierge des Thermes, Célibataire.

 

     2 appartements techniciens :

     N° T1 : Norbert Rund, technicien des Chaudières des Thermes,  Madeleine Rund,

                  cuisinière de l’école.

 

     N° T2 : Albert Rund, technicien des Chaudières des Thermes, Josette Rund, cuisinière

                  de l’Auberge.

 

Au 2nd étage :

     N° 1 : Louis Vuitton, responsable d’étage des Appartements des Thermes, Rosine Vuitton,

                responsable d’étage Appartements des Thermes. Florent Vuitton, Claude Vuitton.

     N° 2 : Georges Lang, maître-nageur au bassin des thermes. Célibataire.

     N° 3 : Denis Martinet, garde, Juliette Stone, agent de service appartements des Thermes.

     N° 4 : Francine Hoste, agent d’entretien au restaurant des Thermes. Léon Starck, agent

                d’entretien au restaurant des Thermes.

     N° 5 :  Michel Druck, agent des boissons, aux Thermes  Paulette Druck, agent des boissons

                 aux Thermes.

     N° 6 : Jeannot Rund, agent de sécurité des appartements des Thermes. Marie Rund,

                buandière au restaurant des Thermes.

     N° 7 : Augustine Barge, agent de service à la Garderie, Armand Frost, agent de sécurité

                aux appartement des Thermes.

     N° 8 : Guillaume Bardot, gérant de l’hôtel, Angèle Fergusson, cuisinière au restaurant

                des Thermes.

     N° 9 : Eugène Stark, agent d’entretien du restaurant des Thermes,  Françoise Hoste,

                 agent d’entretien du restaurant des Thermes.

     N° 10 : Josiane Lutz, cuisinière au restaurant des Thermes, Michel Bern,  retraité gérant

                  du restaurant des Thermes.

     N° 11 : Albert Holz. vigile des Thermes. Célibataire.

     N° 12 : Éric Holz. vigile des Thermes. Célibataire.

     N° 13 : Yves Holz. vigile des Thermes. Célibataire.

     N° 14 : André Vit, ébéniste, La Manufacture, Emilie Vit, buandière, Hôtel des Thermes

     N° 15 : Quentin Lang, maître-nageur aux Thermes, Emilie Lang, serveuse au restaurant

                  des Thermes.

     N° 16 : Agnès Fergusson, cuisinière au restaurant des Thermes,  Basile Bardot, gérant

                  des bains des Thermes.

     N° 17 : Martine Bardot, agent de service aux Thermes, Etienne Lombard, agent de service

                  aux Thermes.

     N° 18 : Michel Hoste, , vigile des Thermes, Amandine Bardot, vigile des Thermes.

     N° 19 : Edouard Fergusson, agent de sécurité aux Thermes. Célibataire.

     N° 20 : Gabriel Holz, , garde champêtre, Pauline Lang, , masseuse aux Thermes.

 

  • La Fonderie :

     quatre appartements.

     N° 1 : Axell Wilkinson, fondeur, Gabriele Krier, fondeuse.

     N° 2 : Charlotte Wilkinson, fondeuse, Léon Wilkinson, agent d’entretien de la maison

               de la Fonderie.

     N° 3 : Roland Martinet, garde, Helga Wilkinson, garde,

     N° 4 : Gretel Wilkinson, garde, André Martinet, garde,

 

  • L’ancienne école des soldats :

Au rez-de-chaussée :

 

     9 appartements 

     N° 1 : Christian Bosch, concierge de l’Ancienne école, Yvette Bosch, agent d’entretien

                de l’Ancienne école.

     N° 2 : Dillon d’Ortega, Chef des gardes, Esther Maigret, secrétaire des gens d’arme.

     N° 3 : Gaël Wasch, gérant de l’échoppe, Marianne Wald, masseuse de l’Ancienne école.

     N° 4 : Joël Wasch, gérant des douches,  Mariette Wald, masseuse de l’Ancienne école.

     N° 5 : Herboristerie.

     N° 6 : Nicole de Sangle, herboriste, Célibataire.

     N° 7 : Benami Filho, scientifique en herbe, Célibataire

    N° 8 : Dortoir six lits.

    N° 9 : Dortoir six lits.

 

Au 1er étage :

 

     4 appartements.

     N° 10 : Cabinet médical. Utilisé par Marie Brett.

     N° 11 : Vacant

     N° 12 : Laboratoire.

     N° 13 : Dortoir dix lits.

  • Les nouveaux logements 
  •  

         - La Maison du Village  

      Elle aura trois niveaux.

 

     Au rez de chaussée : l’accueil des habitants, et les ateliers communaux.

     Au 1er étage : les bureaux des Bourgmestre, adjoints et secrétaires, et une salle de réunion.

     Au 2nd étage : 8 appartements, du concierge, des agents de service et d’entretien,

                             et des techniciens.

 

     Au 2nd étage : 8 appartements

 

     N° 1 : Denis Potez, concierge de la Maison du Village. Célibataire.

     N° 2 : Vacant

     N° 3 : 1 secrétaire, Vacant

     N° 4 : Vacant

     N° 5 : Vacant

     N° 6 : Alfred Jidaille, technicien, Maison du Village. Célibataire.

     N° 7 :  Pierre Réguai, vigile, à la Maison du Village, Adèle Réguai, agent

                 d’accueil à la Maison du Village, Paulin Réguai,  Jacky Réguai.

     N° 8 : Vacant

 

 

  • La résidence III :

 

     3 niveaux :

     Au rez de chaussée : une loge de concierge, une partie technique, un réfectoire, une buanderie, un salon commun, 12 appartements, les n° 11 et n° 12 sont des appartements à 3 chambres.

     Au rez-de-Chaussée : appartements de 1 à 12.

     Au premier étage : appartements de 13 à 42.

     Au second étage : appartements de 43 à 72.

 

     Au rez-de-Chaussée : appartements de 1 à 12.

     N° 1 : Michèle Potez, concierge de la Résidence III, Célibataire.

     N° 2 : Alain Durette, technicien à la Résidence III, Célibataire.

     N° 3 : Théo Durette, technicien à la Résidence III, Célibataire.

     N° 4 : Arthur Schmit, cuisinier de La Résidence III,  Béa Schmit, cuisinière

               de La Résidence III

     N° 5 : Raoul Tier, commis de cuisine à la Résidence III, Marguerite Yourcene,

                commis de cuisine à la Résidence III,

     N° 6 : Georgette Maire, buandière à la Résidence III. Célibataire.

     N° 7 : François Hilt, agent d’entretien à la résidence III, Nicole Hilt, agent d’entretien

                à la Résidence III,

     N° 8 : Sylvie Môle, agent de service à la Résidence III, Adrienne Schuss, agent de service

                à la Résidence III,

     N° 9 : Bérangère Sistre, infirmière à la Maison des Loisirs,  Jacques Frost, vigile

                de La Résidence III,

     N° 10 : Vacant

     N° 11 et N° 12 : Emilie Fruscht, buandière à la Résidence III.  Célibataire.

                                Paul Fruscht, Patrick Fruscht,  Edith Fruscht,  Joséphine Fruscht,

                                Albertine Fruscht.

 

     Au 1er étage : appartements de 13 à 42.

     N° 13 : Claudine Sistre, infirmière de la Maison des Aînés-Sud,  Jean Frost, vigile

                 de La Garderie III

     N° 14 : Amélie Vit, buandière à l’Hôtel des Thermes, Célibataire.

     N° 15 : Vacant

     N° 16 : Vacant

     N° 17 : Vacant

     N° 18 : Joséphine Neck, 21 ans, agent d’entretien à l’Hôtel des Thermes, Célibataire.

     N° 19 : Vacant

     N° 20 : Vacant

     N° 21 : Vacant

     N° 22 : Vacant

     N° 23 : Rachel Bosch, 22 ans, agent d’entretien, aux Thermes, Célibataire.

     N° 24 : Aimé Bosch, 18 ans, agent d’entretien, aux Thermes, Célibataire.

     N° 25 : Elodie Tarse, 20 ans masseuse aux Thermes., Célibataire.

     N° 26 : Amandine Tarse, 18 ans, masseuse aux Thermes. Célibataire.

     N° 27 à N° 35 : Vacants      

      N° 36 : Joseph Stern, cuisinier à la Garderie, Pascale Stern, cuisinière à la Garderie.

     N° 37 : Albertine Barge, agent de service à la Maison des Gens d’arme.                

     N° 38 : Georges Séguy, infirmier à la Maison des Aînés-Nord, Berthe Prédis, agent

                 de service à la Garderie.

     N° 39 : Vacant

     N° 40 : Vacant

     N° 41 : Vacant

     N° 42 : Haggard Snörk, maçon, Célibataire.

 

     Au 2nd étage : appartements de 43 à 72.

     N° 43 : Vacant

     N° 44 : Vacant

     N° 45 : Vacant

     N° 46 : Bernard Tallez, boucher chez Georges Wilkinson, Marion Tallez, bouchère

                  chez Georges Wilkinson

     N° 47 : Gérôme Druck, boucher chez Georges Wilkinson Célibataire.

     N° 48 : Benoît Vit, ébéniste à la Manufacture. Célibataire.

     N° 49 : Georges Ferrant, forgeron à la Manufacture. Célibataire.

     N° 50 : Gildas Ferrant, forgeron à la Manufacture. Célibataire.

     N° 51 : Vacant

     N° 52 : Jacques Filho, menuisier-ébéniste à la Manufacture. Adèle Filho, agent des

                  boissons à la Maison des Loisirs,

     N° 53 : Vacant

     N° 54 : Gérard Bion, cuisinier à l’ancienne école. Célibataire.

     N° 55 : Vacant

     N° 56 : Edeltraud Bour. Ambassadrice. Célibataire.

     N° 57 : Gertrude Hoff, Ambassadrice. Célibataire.

     N° 58 : Berthe Hoff,  Ambassadrice. Célibataire.

     N° 59 : Paulette Hoff, Célibataire.

     N° 60 : Annie Hoff, Célibataire.

     N° 61 : Anne Bonté, Ambassadrice. Célibataire.

     N° 62 : Joëlle Bonté, Célibataire.

     N° 63 : Josette Bonté, Célibataire.

     N° 64 : Josiane Bonté, Célibataire.

     N° 65 : Claudine Schmit, Ambassadrice. Célibataire.

     N° 66 : Claudette Schmit, Célibataire.

     N° 67 : Claudia Schmit, Célibataire.

     N° 68 : Giselle Halot, Célibataire.

     N° 69 : Isabelle Halot, Célibataire.

     N° 70 : Anaëlle Halot, Célibataire.

     N° 71 : Vacant

      N° 72 : Vacant

  • La Garderie III :

 

     Au rez de chaussée : une loge de concierge, une partie technique, un réfectoire, une buanderie, un salon commun, 12 appartements, les n° 11 et n° 12 sont des appartements à 4 chambres.

 

 

     Au rez-de-Chaussée : appartements de 1 à 12

     Au 1er étage : appartements de 13 à 42

     Au 2nd étage : appartements de 43 à 72

 

     Au rez-de-chaussée : du n° 1 au n° 12

     N° 1 : Martine Potez, concierge de la Garderie III. Célibataire

     N° 2 : Jean-Marc Jidaille, technicien de la Garderie III, Célibataire

     N° 3 : Alex Durette, technicien, Garderie III, Célibataire

     N° 4 : Adolf l’Actis, cuisinier à la Garderie III Edeltraud l’Actis, cuisinière

                à la Garderie III

     N° 5 : Roger Nacht, commis de cuisine à la Garderie III,  Raymonde James, commis

                de cuisine à la Garderie III

     N° 6 : Berthe Schuetz, buandière. Garderie III, Célibataire

     N° 7 : Malou Tallez, buandière à la Garderie III, Célibataire

     N° 8 : Manon tallez, agent d’entretien à la Garderie III, Célibataire

     N° 9 : Sylvain Séguy, infirmier à la Maison des Aînés-Nord, Germaine Ladanz, agent

                de service à la Garderie III.

     N° 10 : Edith Piat, agent de service, Garderie III, Pierre Frost, vigile de la Garderie III.

     N° 11 et N° 12 : Emilie Réguai, agent d’entretien à la Garderie III. Jacques Réguai, agent

                                de service à la Maison du Village, Anne Réguai, Jeanne Réguai,

                                Jeannette Réguai,

 

 Au 1er étage : du n° 13 au n° 42.

     N° 13 : Vacant

     N° 14 : Armand Dale, chef des gardes de nuit, Célibataire

     N° 15 : Vacant

     N° 16 : Vacant

     N° 17 : Simon Vénus, Garde de nuit,  Berthe Vénus, Garde de nuit

     N° 18 : Abraham Lingon, Garde de nuit, Judith Lingon, Garde de nuit

     N° 19 : Léo Parleur, Garde de nuit, Elisabeth de Reine, Garde de nuit

     N° 20 : Vacant

     N° 21 : Paul Percy, Garde de nuit, Pénélope Percy, Garde de nuit.

     N° 22 : Vacant

     N° 23 : Roger Rabbin, Garde de nuit, Célibataire.

     N° 24 : Albert Turk, Garde de nuit, Célibataire.

     N° 25 : Théophile de Fer, Garde de nuit, Célibataire.

     N° 26 : Joseph de Mang, Garde de nuit, Célibataire.

     N° 27 : Jacques de Compost, Garde de nuit, Célibataire.

     N° 28 : Fernand Lègue, garde de nuit. Célibataire.

     N° 29 : Oscar Patter, garde de nuit. Célibataire.

     N° 30 : Alexandre la Goi, garde de nuit. Célibataire.

     N° 31 : Jules de Songe, garde de jour, Célibataire.

     N° 32 : Noel Walter, garde de jour, Célibataire.

     N° 33 : Bernard Dissone, garde de jour, Célibataire.

     N° 34 : Jeanne Vénus, 20, Garde de jour, Célibataire.

     N° 35 : Anne Vénus, Garde de jour, Célibataire.

     N° 36 : Hector Vénus, Garde de jour, Célibataire.

     N° 37 : Bernard Jost, garde de jour. Célibataire.

     N° 38 : Raymond Jost, garde de jour. Célibataire.

     N° 39 : Albert Jost, garde de jour. Célibataire.

     N° 40 : Justine Parleur, Garde de jour, Célibataire.

     N° 41 : Patrick Lingon, Garde de jour, Célibataire.

     N° 42 : Giselle Percy, Garde de jour, Célibataire.

 

     Au 2nd étage : du n° 43 au n° 72 :

 

     N° 43 : Christian Geler, Garde de jour. Célibataire.

     N° 44 : Armand Dicit, Garde de jour. Célibataire.

     N° 45 à N° 72 : Vacants

 

  • La Maison des Gens d’arme :

 

     au rez de chaussée : une loge de concierge, une partie technique, un réfectoire, une buanderie, un salon commun, 12 appartements, les n° 11 et n° 12 sont des appartements à 3 chambres.

     A l’étage, du n° 13 au n° 43.

 

     Au rez de chaussée : du n°1 au n° 12 :

     N° 1 : Daniel Potez, concierge de la Maison des gens d’arme, Célibataire.

     N° 2 : Jean-Claude Jidaille, technicien à la Maison des Gens d’arme, Célibataire.

     N° 3 : Jean-Marie Jidaille, technicien à la Maison des Gens d’arme, Célibataire.

     N° 4 : Gédéon Bion, cuisinier à la Maison des Gens d’arme, Célibataire.

     N° 5 : Georges Stern, , cuisinier au restaurant Thermes, Célibataire.

     N° 6 : Pascal Bissa, commis de cuisine à la Maison des Gens d’arme,

                Michèle Blau, commis de cuisine à la Maison des Gens d’arme

     N° 7 : Vacant

     N° 8 : Vacant

     N° 9 : Claudius Spencer, vigile de la Maison des Gens d’arme, Célibataire.

     N° 10 : Margot Fruscht, buandière à la Maison des Gens d’arme. Célibataire.

     N° 11et N° 12 : Adrien Saure, agent de service à la Maison des Gens d’armes,

                               Babette Saure, , agent de service à la Maison des Gens d’armes,

                               Sophie Saure,

                               Julie Saure,

                               Raymond Saure,

                               Rémi Saure,

 

     A l’étage, du n° 13 au n° 43 :

     N° 13 : Bernadette Houry, infirmière à la Maison des Aînés-Nord,

                  Edouard Frost, Gens d’arme.

     N° 14 : Charles Frost, gens d’arme, Célibataire.

 

     N° 15 : Bernadette Réguai, agent d’entretien à la Maison des Gens d’arme,

                  Paul Réguai, , agent des boissons à la Maison des Aînés-Sud

                  Axel Réguai,

     N° 16 à N° 43 : Vacants

 

  • La maison des Loisirs :

 

     Au rez de chaussée : Un hall d’accueil, un guichet, un vestiaire, des douches, un sauna, un hammam, une loge concierge, une infirmerie, un coin des boissons.

     A l’étage : 11 appartements. Du n° 2 au n° 12.

 

     Au rez-de-chaussée :

     N° 1 : Marc Potez, concierge de la Maison des Loisirs, Célibataire.

 

     Au 1er étage : Du n° 2 au n° 12.

     N° 2 : Adam Fruscht, agent de surveillance/secouriste de la Maison des Loisirs,

                Célibataire.

     N° 3 : Albert Fruscht, , agent de surveillance/secouriste de la Maison des Loisirs,

                Célibataire.

     N° 4 : Marie tallez, agent de service à la Maison des Loisirs. Célibataire.

     N° 5 : Louis Fine, animateur à la Maison des Aînés-Sud,

                Josette Fine, agent d’entretien à la Maison des Loisirs,

     N° 6 : Paul Frost, vigile de la Maison des Loisirs, Célibataire.

     N° 7 : Juliette Filho agent des boissons à la Maison des Loisirs, Célibataire.

     N° 8 : Julia Filho, agent des boissons à la Maison des Loisirs, Célibataire.

     N° 9 : Marguerite Fruscht, agent d’entretien à la Maison des Loisirs, Célibataire.

     N° 10 : Marjorie Fruscht, agent de service à la Maison des Loisirs, Célibataire.

     N° 11 : Marceline Fruscht, buandière à la Maison des Loisirs, Célibataire.

     N° 12 : Myriam Bosch, Hôtesse d’accueil à la Maison des Loisirs, Célibataire.

 

  • La Maison des Aîné-Nord :

 

     Au rez-de-chaussée : une loge de concierge, un appartement du concierge, n° 1, une partie technique, une buanderie, une infirmerie, un cabinet médical, un hôpital de 10 lits, et 16 appartements. Du 2 au 17. Ils sont occupés par les retraités.

     A l’étage : 32 appartements. Du 18 au 49.

Au rez-de-chaussée :

 

     N° 1 : Roger Fruscht, concierge de la Maison des Aînés-Nord, Josette Fruscht, buandière

                à la Maison des Aînés-Sud.

     N° 2 : Child Germain, soixante dix neuf ans,

     N° 3 : Moi, Robert Schmit, soixante-et-onze ans.  Esther, 67 ans.

     N° 4 : Yvette Welch, soixante trois ans,

     N° 5 : P’tit Louis Muller, soixante treize ans,  Bertha, soixante douze ans,

     N° 6 : Émile Pferd, soixante treize ans,  Adèle Pferd, soixante douze ans.

     N° 7 : Le Fernand Bauer, soixante treize ans,

     N° 8 :  Clovis Hune, soixante treize ans,  Clothilde, soixante douze ans,

     N° 9 : Pierrot Stein, soixante trois ans,  Gisèle, soixante deux ans,

     N° 10 : Claude Stein, soixante deux ans,   Marie, soixante-et-un ans.

     N° 11 : Georges Hair, soixante-et-onze ans,  Line, soixante dix ans.

     N° 12 : Denis Pépin, soixante treize ans,   Béatrice, soixante quatorze ans.

     N° 13 : Claude Kaas, soixante trois ans,  Rosine, soixante trois ans,

     N° 14 : Florent Molle, soixante trois ans,  Joëlle Tritz, soixante deux ans,

     N° 15 : Elysa Lévy, soixante-et-un ans,

     N° 16 : Sophie Maigret, soixante trois ans   Jenny Tell, soixante trois ans,

     N° 17 : Nissa Lévy, soixante-et-un ans,

 

Au 1er étage : Du n° 18 au n° 49.

 

     N° 18 : Robert Jidaille, technicien, Maison des Aînés-Nord, Célibataire.

     N° 19 : Norbert Jidaille, technicien de la Maison des Aînés-Nord, Célibataire.

     N° 20 : Albert Jidaille, technicien, de la Maison des Aînés-Nord, Célibataire.

     N° 21 : Roland Fruscht, technicien de la Maison des Aînés-Nord

                  Noémie Fruscht, buandière de la Maison des Aînés-Sud

     N° 22 : Amandine Sistre, infirmière de la Maison des Aînés-Nord,

                 Claude Pars, médecin de la Maison des Aînés-Nord

     N° 23 : Vacant

     N° 24 : Vacant

     N° 25 : Vacant

     N° 26 : Vacant

     N° 27 : Jean Dörm, médecin de la Maison des Aînés-Nord, Célibataire.

     N° 28 : Elodie Tallez, agent de services à la Maison des Aînés-Nord, Célibataire.

     N° 29 : Berthe Prédis, agent de service à La Garderie. Célibataire.

     N° 30 : Emilie Tallez, agent de services à la Maison des Aînés-Nord, Célibataire.

     N° 31 : Vacant

     N° 32 : Vacant

     N° 33 : Albert de Sangle, agent de santé à la Maison des Aînés-Nord,

                  Fabienne de Sangle, agent de santé à la Maison des Aînés-Nord,

     N° 34 : Sylvie de Sangle, Célibataire.

                  Valérie de Sangle,

                  Pierre de sangle

                  Jean de Sangle.

     N° 35 : Fabienne de Sangle, agent de santé à la Maison des Aînés-Nord,  Célibataire.

     N° 36 : Vacant

     N° 37 : Anne de Sinclair, accompagnatrice à la Maison des Aînés-Nord,

                  Pénélope de Chaire, accompagnatrice à la Maison des Aînés-Nord,

                  Eudes de Croix, accompagnateur à la Maison des Aînés-Nord,

     N° 38 : Emma Perl, sourde et muette, agent d’entretien à la Maison des Aînés-Nord,

                  Berny Frost, sourd et muet, agent d’entretien à la Maison des Aînés-Nord,

     N° 39 : Marie Perl, sourde et muette, agent d’entretien à la Maison des  Aînés-Nord,

                 Hyppolite Erat, sourd et muet, agent d’entretien à la Maison des  Aînés-Nord,

     N° 40 : Josette Curna, sourde et muette, agent d’entretien à la Maison des  Aînés-Nord,

                 Gérôme Joly, sourd et muet, agent d’entretien à la Maison des Aînés-Nord,

     N° 41 à N° 49 : Vacants

    

  

  • La Maison des Aînés-Sud :

 

     Au rez-de-chaussée : une loge de concierge, un appartement du concierge, n° 1, une partie technique, un office, un réfectoire, une buanderie, un salon commun, et 16 appartements, du 2 au 17. Ils sont occupés par les retraités.

 

     Au 1er étage : 32 appartements. Du 18 au 49.

 

Au rez-de-chaussée :

 

     N° 1 : Mireille Potez, concierge de la Maison des Aînés-Sud, Célibataire.

     N° 2 : Adrien Molle, soixante trois ans, Sylvie Spar, soixante trois ans,

     N° 3 : Fleur Martinet, soixante treize ans,

     N° 4 : René Martinet, soixante quinze ans, Delphine Martinet, soixante treize ans,

      N° 5 : David Martinet, soixante treize ans,  Alice Martinet, soixante douze ans,

     N° 6 : Joshua Levy, soixante trois ans    Gisèle Levy, soixante deux ans,

     N° 7 : Joséphine Basin, soixante trois ans,   Émile Lutz, soixante trois ans,

     N° 8 : Rémi Stock, soixante trois ans   Nina Stock, soixante deux ans                 

     N° 9 : Raymond Stock, soixante-et-un ans  Paulette Stock, soixante-et-un ans                 

     N° 10 : Alphonse Holz, soixante-et-un ans

     N° 11 : Olivier Stone, soixante huit ans,   Alice Stone, soixante sept ans

     N° 12 : Oscar Stone, soixante neuf ans,    Lydie Stone, soixante huit ans

     N° 13 : Louis Hoste, soixante-et-un ans  Bérengère Stark, cinquante trois ans,

     N° 14 : Joëlle Lutz, soixante-et-un ans   Joseph Wirth, soixante deux ans,

     N° 15 : Anatole Brett, soixante trois ans,   Chantal Iser, soixante quatre ans,

     N° 16 : Vacant

     N° 17 : Apollinaire de Valz, soixante treize ans,

 

 

 

Au 1er étage : Du n° 18 au n° 49 :

 

     N° 18 : Herbert Von Carax, cuisinier à la Maison des Aînés-Sud, Berthe Von Carax,

                  cuisinière à La Résidence

     N° 19 : Paulus Tessai, commis de cuisine à la Maison des Aînés-Sud,  Maria Hilfe,

                  commis de cuisine à la Maison des Aînés-Sud,

     N° 20 : Fabien Shure, commis de cuisine à la, Maison des Aînés-Sud, Elise Bell, commis

                  de cuisine à la Maison des Aînés-Sud,

     N° 21 : Isabelle le Page, médecin à la Maison des Aînés-Sud, Célibataire.

     N° 22 : Joëlle Stern, commis de cuisine au restaurant des Thermes, Célibataire.

     N° 23 : Josiane Stern, commis de cuisine au restaurant des Thermes, Célibataire.

     N° 24 : Annette le Page, infirmière à la Maison des Aînés-Sud, Célibataire.

     N° 25 : Annie le Page, infirmière à la Maison des Aînés-Sud, Célibataire.

     N° 26 : Vacant

     N° 27 : Romuald Durette, , technicien à la Maison des Aînés-Sud, Célibataire.

     N° 28 : Arno Durette, technicien à la Maison des Aînés-Sud, Célibataire.

     N° 29 : Guy Séguy, infirmier à la Maison des Aînés-Sud,  Sylvette Houry, infirmière à

                  la Maison des Aînés-Sud

     N° 30 : Vacant

     N° 31 : Vacant

     N° 32 : Alexandre Mage, animateur à la Maison des Aînés-Sud, Marie-Claude  Mage,

                  agent d’entretien à la Résidence

     N° 33 : Baltazar Hyphe, animateur à la Maison des Aînés-Sud, Justine Hyphe, agent

                  d’entretien à la Résidence

     N° 34 : Gérard Manvu, animateur à la Maison des Aînés-Sud, Elise Manvu, , agent

                  d’entretien à la Maison du Village.

     N° 35 : Amedé Virt, jardinier à la Maison des Aînés, Angèle Virt, jardinière à la Maison

                  des Aînés, Marie Virt, Joseph Virt,

     N° 36 : Nicolas Filho, jardinier à la Maison des Aînés-Sud, Célibataire.

     N° 37 : Gildas Filho jardinier à la Maison des Aînés-Sud, Célibataire.

     N° 38 : Edmonde Renard, sourde muette, agent d’entretien à la Maison des  Aînés-Sud,

                 Adélaïde Foral, sourde et muette, agent d’entretien à la Maison des  Aînés-Sud,

     N° 39 : Bernadette de Theux, sourd muet, agent d’entretien à la Maison des  Aînés-Sud,

                 Charlotte Rampa, sourde muette, agent d’entretien à la Maison des  Aînés-Sud,

     N° 40 : Louise d’Atta, sourde et muette, agent d’entretien à la Maison des  Aînés-Sud,

                  Norbert Pott, sourd et muet, agent d’entretien à la Maison des Aînés-Sud,

     N° 41 : Vacant

     N° 42 : Vacant

     N° 43 : Nicolas Presle, agent de service à la Maison des Aînés-Sud, Célibataire.

     N° 44 : Edmonde Stick, commis de cuisine à la Maison des Aînés-Sud,

                  Eveline Reno, commis de cuisine à la Maison des Aînés-Sud

     N° 45 : Franz Bosch, tenancier des boissons à la Maison des Aînés-Sud  Célibataire.

     N° 46 : Pascal Presle, agent de services à la Maison des Aînés-Sud,

                  Mireille Presle, , agent de services à la Maison des Aînés-Sud

     N° 47 : Josiane Presle, animatrice des aînés à la Maison des Aînés-Sud, Célibataire.

     N° 48 : Joëlle Presle, animatrice des aînés à la Maison des Aînés-Sud, Célibataire.

     N° 49 : Lucien Presle, animateur des aînés à la Maison des Aînés-Sud, Célibataire.

Nous sommes en l’an 805

 

     vendredi 28 avril

     Le village s’est stabilisé en population adulte, mais des naissances sont arrivées et beaucoup sont à venir.

     Nombreux sont les mariages et les unions entre les habitants

     Avec Jacou, Child, Apollinaire, installés sur la terrasse devant la Maison des Aînés, nous parlons souvent des temps des découvertes, et de mes trouvailles, et de l’or et du charbon. Je ne me lasse pas des récits de Child, ses voyages de par le Monde alors qu’il était un adolescent, ses années auprès du roi Pépin, sa rencontre avec Jacou qui a déterminé son avenir, et des aventures de Jacou, palpitantes depuis son enfance avec son maître Sirius et ses deux condisciples Mayas Akna et Itzel, ses voyages, ses découvertes de la trémulonde, de la cicatrisante, de la frigidaire, avec son assistante Chantal, ses rencontres de peuplades, après les Mayas, les Maoris, les Fujiens, les Aborigènes…et d’êtres venus d’ailleurs, les Xantarèsiens, les guerres galactiques qu’il a livré avec Sirius et Jean d’Ortega, le père adoptif de Dillon, les procréations d’espèces humaines nouvelles, sur Terre et sur Xantarès…

     Apollinaire prend des notes des récits de Jacou, de Child, et des miens, afin de laisser un témoignage de ce qu’était la vie en Austrasie pour les générations futures.

 

     La patrouille régionale est toujours opérationnelle, bien que cela fasse plus de trois ans qu’il n’y ai pas eu d’agression signalée sur les chemins de l’Austrasie !

     Huit patrouilleurs, quatre femmes et quatre hommes se présentent aux douches, en volant ! Une des patrouilles a sa base ici, à l’ancienne école. Chantal Légauries, Carmen Ladanz, Ingrid York, Olaf York,  Albert Jamot, Georges Touret, Sylvestre Stalon et Monique Trulli.

     Ils ont salué mentalement les gardes au portail, en les survolant, les gardes les avaient reconnus de loin, ils portent la tunique avec l’emblème de Durandalem. Il fait frais dans les airs en cette saison !

     Après une bonne douche, les voici à l’auberge, nus, narrant leurs parcours calme sans aucune anicroche.

     «  Nous venons de l’Ouest, vers Nancy, et là, nous allons à Mettis. dit Ingrid York, une des patrouilleuses.

     Nous mangeons un morceau et nous repartons ! Nous serons de retour dans la soirée. »

 

     Un cavalier se présente vers seize heures au portail Est.

     « Qui va là ? demande Justine Parleur, nue, penchée à la fenêtre, les seins en avant… Elle est de garde avec Patrick Lingon.

     - Ouvrez ! Au nom de l’Empereur !

     Justine actionne le portail, tandis que Patrick, nu,  descend réceptionner le cheval

     - Qui êtes-vous ? Que voulez-vous? demande Patrick.

     - Je suis Jean d’Atton, Garde de sa Majesté l’Empereur. Je dois voir Jacou Artz, le bourgmestre, j’ai un message pour lui !

     - Il n’est plus bourgmestre ! C’est Axell Wilkinson le nouveau bourgmestre !

     Je les fais appeler à l’auberge ! Jacou Artz aussi !

     -Très bien ! Les douches à côté de l’auberge fonctionnent toujours ?

     - Je vois que vous connaissez le village !

     - Oui-da ! Nous étions venus avec Charlemagne, il y a quelques années.

     Je vais donc prendre une douche avant d’arriver à l’auberge !

     - Bien ! Laissez votre cheval ici, on va s’en occuper. Bon séjour ! »

     Et Patrick communique alors le message à Jacou et Axell, et fait venir un palefrenier des écuries à côté.

     Peu de temps plus tard, Child, Apollinaire et moi accompagnons Jacou à l’auberge, Axell arrive aussi, et nous nous installons sur la terrasse, il fait bien bon en cette fin de printemps.

     Jean d’Atton arrive, nu, une douche bienfaitrice l’a remis de la route depuis Oche.

     « Bien le bonjour, Nobles Durandalémois !

     -Je te salue, Jean d’Atton ! dit Jacou. Voici Axell Wilkinson, le bourgmestre de Durandalem, Apollinaire, notre barde vétéran, et Robert, que tu connais. Joins-toi à nous et raconte !

    - L’Empereur vous invite, pour la consécration de la Grande Chapelle du palais. Il voudrait que vous veniez avec la musique, et les ambassadrices ! Il aimerait aussi que sa glorieuse Garde de Durandalem soit là !

     Sont appelés Jacou Artz, Robert Schmit, Chantal Iser, Dillon d’Ortega et les dix Capitaines de l’Empire, les musiciens, ainsi que leurs compagnes et compagnons. Le bourgmestre lui aussi est invité !

     - Et quand a lieu cette consécration ? demande Jacou.

     - A la Pentecôte, le 21 mai prochain.

     - Bien ! dit Jacou. Nous allons nous organiser !

     - Je dois aussi inviter les abbés des Glandières ! L’archiprêtre et son second.

     - Nous nous en chargeons ! dit Axell.

     - L’empereur me charge de vous dire que vos quartiers nudistes vous sont à nouveau réservés .

     - Alors Jean, demande Jacou, tu repars tantôt ?

     - Je vais rester ce soir à Durandalem ! Les Thermes fonctionnent toujours ?

     - Pas de soucis !

     - Et…serait-il possible d’avoir de la compagnie, ce soir ? demande Jean discrètement.

     - Oui ! Nous avons deux recrues que tu ne connais pas ! Je te les fait envoyer dans ta chambre à l’hôtel !

     - Ne pourraient-elles pas partager mon diner ?

     - Ma foi, vas leur demander, elles habitent aux douches !

Sans se dégonfler, Jean se lève et va aux douches rencontrer les deux filles de joie. Il revient, le sourire aux lèvres.

     « Elles sont charmantes, ces deux filles ! Margot et Adèle, elles sont d’accord de diner avec moi ce soir, rendez-vous à vingt heures au restaurant des Thermes ! Car elles m’ont appris que le restaurant est ouvert le vendredi soir !

     - Oui, nous faisons des nocturnes le vendredi ! Jusqu’à vingt trois heures.

     - Me ferez-vous l’honneur de partager mon diner ? Jacou, Robert, Axell, Apollinaire…et si vous pouviez faire venir aussi Dillon…

     Soit ! Nous acceptons avec joie ! Promène-toi dans le village, ou accroches-toi au bar, tu es chez toi, Jean ! Rendez-vous à vingt heures aux Thermes !

     Au restaurant des Thermes, plusieurs couples dinent en tête-à-tête, une table est réservée pour Jean d’Atton et ses invités. Il raconte les demandes de l’Empereur, qui voudra à nouveau faire honneur aux ambassadrices. Il voudra aussi une démonstration de ses Capitaines vétérans !

 

     Après le repas, copieux et bien arrosé, Jean et ses hôtesses Margot et Adèle se retirent dans la suite donnée à Jean pour l’occasion.

 

 

     Le lendemain matin, Margot et Adèle profitent d’un petit déjeuner gourmand, puis prennent congé auprès de jean d’Atton. Il repartira aussitôt pour rejoindre Oche.

     « Je pense que l’empereur appréciera les talents de vos deux jeunes rousses ! Pourraient-elles aussi faire partie du voyage ?

     - Pas de soucis, elles viendront ! » promet Axell.

     Dans le village, Gabriel, toujours garde champêtre, fait le tour des invités afin qu’ils prennent leurs dispositions.

     Une liste est établie.

  • Jacou Artz
  • Child Germain
  • Axell Wilkinson et Gabriele Krier
  • Chantal Iser et Anatole Brett
  • Robert Schmit et Esther Schmit
  • Dillon d’Ortega et Esther Maigret
  • Les dix Capitaines et leurs conjoints
  • Les bardes et les musiciens : Apollinaire de Waltz, barde vétéran,  Simon Schmit, barde, en couple avec Juliette Filho, vingt-sept ans, Garfield Schmit, musicien et Béatrice Spohr, musicienne et leurs enfants Marcel Schmit et Margot Schmit, Jenny Stein, musicienne, Benami Schmit, musicien
  • Les ambassadrices : Valérie Burg, Agnès et Angèle Hune, Edeltraud Bour, Gertrude Hoff, Berthe Hoff, Anne Bonte, Claudine Schmit, ainsi que leurs sœurs Paulette et Annie Hoff, les triplées Joëlle, Josette et Josiane Bonté, et les sœurs Claudette et Claudia Schmit
  • Les filles Margot et Adèle.

 

     Le coursier  Roger Koch s’envole vers l’abbaye des Glandières, accompagné par deux ravissantes créatures volantes, Jeanne et Anne Vénus, des jumelles de vingt-quatre ans.

     Arrivant devant les murs de l’Abbaye, Roger enfile une tunique et crie « Message de l’Empereur ! »

     Les gardiens des remparts ont reconnu le messager et son escorte, seuls celles et ceux de Durandalem voyagent ainsi !

     « Ouvrez ! crie le garde sur la tour. » 

     Roger pénètre dans l’enceinte, les filles restent dehors, nues, et viennent discuter avec les gardes en faction, en vol stationnaire à hauteur des remparts. Ils sont surpris, mais ravis de la vue que montrent ces deux anges ! Jamais ils n’avaient vu un corps nu de femme, voletant devant eux …

     Roger est présenté devant l’archiprêtre dirigeant l’abbaye, Monseigneur Enguerrand Tanplan, nommé par l’Évêché de Mettis à la mort de Simon de Beauvoir, à quatre-vingt-deux ans.

     Il lui transmet alors l’invitation de l’Empereur à la consécration de la Grande Chapelle du palais que l’architecte Eude de Metz a enfin achevée.

     « Nous partirons le vendredi 19 mai au matin, afin d’être à Oche le samedi matin.

     Bien sûr, vous êtes nos invités pour le voyage, vous, votre second, et votre garde. Venez passer la soirée aux Thermes, jeudi, nous partirons de bonne heure !

     - Ce sera un honneur que d’assister à cette consécration ! Et de voyager avec les âmes de Durandalem est réjouissant !

     Nous viendrons jeudi, nous serons quatre, nous avons de jeunes jumeaux à former !

     -  Soit ! Je retourne donc à Durandalem ! A bientôt ! Prenez soin de vous !

     - Que le seigneur vous protège ! »

 

     Et Roger ressort, se défait de sa tunique et l’enroule autour de son carquois. Les filles sont toujours devant les remparts à faire saliver les gardes, elles y prennent du plaisir, et eux aussi !

     Ils repartent alors, par la colline et arrivent rapidement au village par la muraille Nord.

     Les gardes de faction, Justine Parleur, Patrick Lingon et Giselle Percy les saluent, ils se sont reconnus mentalement.

     A l’auberge, Roger annonce : «  Mission accomplie ! ils seront quatre de l’abbaye le jeudi soir ! Et maintenant trois cervoises bien fraîches , aubergiste ! »

 

     L’organisation du départ va bon train ! six grands chariots de quatre chevaux !

 

  • Un chariot pour Jacou Artz, Child Germain, Axell Wilkinson et Gabriele Krier, Chantal Iser et Anatole Brett, Robert Schmit et Esther Schmit, Dillon d’Ortega et Esther Maigret. Les conducteurs sont Bernard Jost et Raymond Jost.
  • Un chariot pour les Capitaines et leurs conjoints. Les conducteurs sont Noel Walter et Bernard Dissone.
  • Un chariot pour les musiciens. Apollinaire de Waltz, Simon Schmit et Juliette Filho, trente-et-un ans, Garfield Schmit, Béatrice Spohr et les enfants, Marcel Schmit et Margot Schmit, Jenny Stein, Benami Schmit. Conduit par les frères d’Ortega, Jean et Aimé.
  • Un chariot pour les filles. Les ambassadrices Valérie Burg, Agnès et Angèle Hune, Edeltraud Bour, Gertrude Hoff, Berthe Hoff, Anne Bonte, Claudine Schmit, ainsi que leurs sœurs Paulette et Annie Hoff, les triplées Joëlle, Josette et Josiane Bonté, et ses sœurs Claudette et Claudia Bonte, âgées maintenant de dix huit et dix neuf ans et sont de ravissantes rousses à forte poitrine ! Et comme elles aiment le sexe, l’Empereur va être ravi ! Les filles Margot et Adèle sont là aussi. Le chariot est conduit par Justine Parleur et Patrick Lingon.
  • Un chariot intendance avec un muid d’eau, une chaudière et un générateur de vapeur pour les douches en chemin, et une réserve de charbon et de bois, ainsi que le nécessaire de nourriture pour la route et le bivouac en chemin. Vivien Stock est aux rênes.
  • Un chariot Pour les ecclésiastiques de l’abbaye des Glandières, et notre curé, et Margot et Adèle ! Du bon temps en perspective durant le voyage !  Norbert Burg le palefrenier tiendra les brides.
  • Une escorte à cheval de quatre gardes,  Hector Vénus, vingt trois ans, Pénélope Percy, quarante deux ans, Christian Geler, trente deux ans et Albert Jost, vingt cinq ans, suivra à cheval.

 

     En attendant le jour du départ, la vie s’écoule paisiblement dans le village. La base de plein air attire du monde ! La maison des loisirs ne désemplit pas !

     Le concierge  Marc Potez, a fort à faire, pour chauffer l’eau de la base ! Heureusement, deux nouveaux techniciens, Walter Hoffil et Casimir Liflor sont affectés à cette tâche, ainsi que du chauffage et des douches réparties sur la base !

     L’ hôtesse d’accueil, Myriam Bosch, est aidée par les agents de service  Marie Tallez, et Marjorie Fruscht.

     Les agents d’entretien  Josette Fine et Marguerite Fruscht, s’assurent de la propreté des lieux, et nettoient les sols glissants. Sous les yeux attentifs des Agents de surveillance-secouristes, Adam et Albert Fruscht.

     Le vigile Paul Frost, veille à la quiétude des estivants.

Les agents des boissons, les jumelles Juliette et Julia Filho, distribuent des boissons fraîches sans discontinuer !

     Les serviettes de bains sont fournies, la buandière Marceline Fruscht, veille à l’approvisionnement et au lavage de celles-ci.

 

     Du coté de la Manufacture de flèches, la production bat son plein ! Les trois forgerons, Robert Tallez, Gildas et Georges Ferrant produisent des pointes de toutes sortes, et les trois menuisiers-ébénistes, Jacques Filho, Benoît et André Vit sont passés maîtres dans la taille des fûts. Leurs talents conjugués produisent des centaines de flèches, et un stock important est déjà établi, à la Manufacture, et à l’échoppe de Gaël Wasch !

 

     Le conseil du village se réunit dans la maison du village. Axell, le bourgmestre, passe les consignes à ses adjoints concernant la gouvernance du village en son absence. L’affaire est vite bouclée.

 

    Voici le départ pour Oche ! Le convoi s’élance, en musique, six chariots et une escorte, en route pour Oche !

     Et la vie se déroule paisiblement au village, les aînés profite de leurs temps ensemble, assistés s’il le faut par le personnel des maisons des aînés.

 

     Le voyage à Oche s’est passé pour le mieux, les prières dans le chariot des abbés allaient bon train avec les filles Margot et Adèle. Nous avons retrouvé nos quartiers nudistes, avec le personnel déjà présent lors de notre premier passage.

     Charlemagne a bien profité des faveurs des ambassadrices et des filles invitées, Jacou l’a aidé avec ses potions !

     Les capitaines et leur général ont à nouveau fait sensation avec les démonstrations de leurs pouvoirs et leur habilité au tir à l’arc !

     l’Empereur a nommé Eudes de Metz Grand Architecte de l’Empire, après qu’il ait achevé la chapelle, inaugurée en grandes pompes par le Clergé de toute l’Europe. La cérémonie est mise en musique par Apollinaire, Benami et ses musiciens.

     Charlemagne et sa cour étaient enchantés des soirées passées avec les ambassadrices, et leurs sœurs, ainsi que les filles de joie qui ont tant plu à Jean d’Atton. Elles ont toutes été nommées soldates de l’Empire !

     Le retour aussi s’est déroulé sans soucis, les routes sont sûres, de temps en temps une patrouille passe en volant et salue le convoi.

 

 

     L’avenir de Durandalem est assuré pour de nombreuses décennies grâce à la mine d’or qui fournit encore l’or de ses entrailles, ainsi que celle de charbon, même s’il faut descendre bien bas pour trouver les veines.

J'ai encore amélioré la ventillation dans la mine, des tuyaux amènent de l'air frais tout au fond

La population du village tout entière glorifie Jacou Artz, Robert Schmit, et tous les aînés.

 

 

     Ainsi se termine ma narration. Au crépuscule de mon existence, je me dis que je n’aurais pu avoir une meilleure vie !

Robert Schmit.