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Le blog de Robert
tranches de vie, mode de vie, travail et passion, vie...

Durandalem livre 5. Les voyages des gens de Durandalem

robertditsch

Chapitre I     La Chapelle d’Oche

 

 

- L’invitation

- La liste

- Les maçons de Manderen

- Massons les maçons

- Préparatifs pour Oche

- Le voyage vers Oche

- Les tailleurs de Lugdon

- L’arrivée à Oche

- Le personnel du palais

- L’arrivée de Charlemagne

- La soirée avec l’Empereur 

- Les festivités d’Oche

- Ultimes préparatifs

- Le discours de Charlemagne

- La nudité à Oche

- Le banquet

- Le bal

- La consécration de la  Chapelle d’Oche

- Les massages du Clergé

- Les soldates de l’empereur

- Le retour à Durandalem

- En route pour Durandalem

- Les compagnons d’Alésia

- La guérison des Alésiens

- Le retour en chantant

- L’arrivée du convoi

- L’arrivée de Jacou et des compagnons

- Du renfort pour la soirée

- La saga du voyage

- La nuit aux Thermes

- Les départs

- Les gardes de Naborum

- La formation des gardes de Naborum

 

 

L’invitation de l'Empereur

 

   Durandalem, dix heures. Trois cavaliers en armes se présentent au portail Est.  Albert Fart et Guenièvre Spohr sont dans la salle de garde.

     Guenièvre ouvre la fenêtre, se penche, et lance la phrase rituelle :

     « Qui va là ? »

     Les cavaliers sont éblouis par cette grande rousse nue à forte poitrine.

     « Ouvrez, au nom de l’Empereur Charlemagne ! »

     Guenièvre actionne le levier, tandis qu'Albert Fart descend accueillir les émissaires.

      « Mais vous aussi, vous êtes nu ! s'étonne Pierre Balmont, un des cavaliers.

 -  Eh oui...  Ici, par décret de l’Empereur lui-même, tout le village est nudiste ! Qu'est-ce qui nous vaut l’honneur de votre visite ?

- Nous apportons une invitation à Maître Artz... De la part de l’Empereur lui-même ! »
 

Albert prévient mentalement Jacou.

     « Vous trouverez Maître Artz à l’ancienne école, le dernier bâtiment sur votre droite, au bout du village. Il vous attend ! »

     Les soldats se demandent bien comment il peut déjà les attendre, alors qu'il ignorait leur venue ! Mais ils y vont, et effectivement, Jacou est bien devant le portail. Anatole l’ouvre en grand, et les cavaliers pénètrent dans l’enceinte.

     « Bienvenue, soldats ! Je suis Jacou Artz ! »

     Les soldats mettent pied à terre.

    « Je me présente : Pierre Balmont, émissaire de Sa Majesté l’Empereur Charlemagne. Et voici Jean Trille et Simon Grand, mes assistants.  Charlemagne nous envoie pour vous inviter à la bénédiction de la Chapelle d’Oche, qui aura lieu le dimanche de Pâques, le quatorze avril prochain. L'Empereur a établi lui-même la liste des personnes qui devront vous accompagner.

     - Venez, entrons dans l’école. Vous y trouverez un peu de repos, et de quoi vous désaltérer après votre longue chevauchée...

     - Bien volontiers, nous sommes assoiffés ! »

     Et ils montent à l’étage. Les soldats saluent au passage les rousses étudiantes, plongées dans leurs études sous la direction d’Apollinaire. Ces beautés, nues bien évidemment, ravissent leurs regards.

     Jacou les emmène au coin des boissons, et leur sert des cervoises bien fraîches.

      « Mais comment faites-vous donc pour avoir de la cervoise aussi fraîche ? s'étonne Pierre.

  - Nous disposons d'une machine réfrigérante, mise au point par notre Maître Forgeron de l’Empire, Robert Schmit, et par la savante botaniste Chantal Iser. »

   - Oh, il me semble bien que ces deux noms figurent sur la liste que voici... »

Et Pierre tend le parchemin à Jacou, qui peut lire :

 

 

LISTE DES INVITÉS

     - Maître Jacou Artz et sa famille.

     - Le Maître forgeron de l’Empire Robert Schmit et sa famille.

     - La botaniste Chantal Iser et sa famille.

     - Le Maître d’arme Dillon d’Ortega et sa famille.

     - Les dix soldats vétérans de la garde de l’Empereur et leurs familles.

     - Le barde Apollinaire de Valz, et les musiciens de Durandalem et leurs familles.

     - L’abbé Charles Higgins, curé de Durandalem.

     - Quelques notables de Durandalem et leurs familles. 

     - L’abbé Simon de Beauvoir, archiprêtre de l’abbaye des Glandières.

     - L’abbé Jean Christian, adjoint à l’abbaye.

     - Pierre Gross, chef de la garde de l’abbaye.

      « Eh bien, c’est une liste conséquente !  Nous allons devoir nous organiser pour nous rendre tous à Oche en temps voulu...

     - Les soldats de retour il y a deux jours nous ont narré les prouesses de vos gardes, comment ils ont vaincu Khan le terrible ! L’empereur tient absolument à leur présence, pour les féliciter.   Il organisera une fête en leur honneur le samedi 13 avril, et tous les invités de Sa Majesté y sont conviés !

     - Ce sera un honneur pour nous...Maintenant, venez tous trois prendre du bon temps dans nos Thermes.  Ils valent bien ceux d’Oche, croyez-moi !

    - Hum, dit Simon curieux... J'ai des doutes, je demande à voir ! »

     Et les quatre hommes quittent l’école pour se rendre aux Thermes.

     À peine ont-ils franchi le pas de porte qu’une douce chaleur les envahit.

     « Vous prenez d'abord une douche, leur indique Jacou. Puis vous vous séchez, et vous restez nus tout le temps de votre séjour ici. Les agents de service vont venir s’occuper de vous, laissez-vous guider ! »

     Les soldats se retrouvent nus à la sortie des douches. Comme ils fréquentent les Thermes d’Oche, la nudité en commun, ils connaissent déjà.

        Pierre Balmont, trente cinq ans, est grand, très musclé. Jean Trille, trente deux ans, est bien musclé aussi. Simon Grand, trente ans, est très large d’épaules. Le personnel des Thermes est aux petits soins pour eux.

     Les masseuses Pauline Lang, Rose Spohr et Zoé Lombard leur proposent de passer un agréable moment sous leurs mains. Ce qu'ils acceptent volontiers, comme on s'en doute.

     Quand ils ressortent des massages, ils sont transformés. Toute la fatigue de leur longue chevauchée est effacée. Et ils aspirent maintenant à un moment de repos, pour récupérer pleinement.

 

     Il est midi. Une table est dressée pour les trois émissaires de l’Empereur.  Jacou et Dillon mangent avec eux.

     Les enfants des trois classes sont également attablés, avec leurs éducatrices.

     Après le repas, Jeanne s'adresse aux élèves.

    « Cet après-midi, au programme : des séances d’apprentissage de natation !  Vous allez apprendre à nager. Il y aura des séances pour chaque classe, avec nos maîtres-nageurs, Quentin et Georges Lang.

      Avec deux séances par semaine, vous saurez bientôt nager aussi bien qu'un poisson !  Alors, nous pourrons aller passer la journée à l’étang d’Oderfang... Mais d’abord, il faut connaître quelques règles.

     Ainsi, vous devez savoir, que juste après manger, comme nous venons de le faire, il est dangereux de se baigner. On risque de faire un malaise et de se noyer. Il faut d'abord digérer. C’est pour cela qu'avant les séances, nous allons tous ensemble, faire une promenade sur les remparts de Durandalem ! 

     Au retour, les grands iront avec moi à la piscine. La semaine prochaine, ce sera le tour des moyens, et ensuite celui des petits. »

     Et les voilà donc partis à l’assaut des escaliers menant à la salle de garde du portail Ouest. Il est quatorze heures. Joseph Spohr et Roland Martinet sont en poste. Comme tous les autres gardes sur les remparts, ils ont été prévenus du passage des enfants. À chaque tour de guet, des points de boissons ont été installés à leur intention.

    Les enfants remarquent qu’il fait très chaud dans la salle de garde ! Vite, ils ressortent, et gravissent le rempart Ouest en direction du Nord. Arrivés en haut, il admirent la grande étendue d’eau qui fait toute la longueur de la muraille Nord.

     « On pourra aussi se baigner ici ?  demandent quelques élèves.

     - Ah non ! Ici, est la réserve d’eau de Durandalem, pour toutes les maisons, pour les douches, et aussi pour boire. Elle doit rester propre ! »

     En une heure, les enfants ont fait le tour. Sur le rempart Sud, ils s'amusent à crier dans le puits de la mine, pour entendre l’écho ! En fait d'écho, ce sont juste les mineurs qui, d'en bas, s’amusent à répondre, et à répéter leurs cris.

     Ils descendent à l’angle Sud-Ouest, et reviennent aux Thermes par le chemin qui longe la ferme. Tous les fermiers sont dans les champs à préparer la saison.  Le printemps s'annonce magnifique, ce qui augure d’une bonne récolte de légumes !

     Arrivés aux Thermes, les petits et les moyens retournent en classe, et les grands reprennent une douche et se retrouvent à la piscine.

 

     Pendant ce temps, à Naborum, Alice Spohr arrive au-dessus des cantonniers, toujours épatés de voir une belle créature nue arriver par les airs, telle une elfe !

     Elle se pose à côté de Georges Bour, et lui annonce que cinq chariots de pierres arrivent de l’Est.

     Les voilà bientôt, conduits par Sylvain et Léo Cohen, par Fleur la fille de Léo, et par Annie et Annette, deux des filles de Théo Cohen.

     Les gardes qui les escortent, Christian Hahn et Jeanne Martinet, se posent à leur tour.

     Sur place, les cantonniers ont fini leurs travaux de tranchées. Ils attendent encore les pierres de Tenquin, Après quoi auront fini leur journée.

     Et justement, Armand survient en volant, annonçant que les trois chariots de Tenquin arrivent.

     Rapidement, les cinq premiers chariots sont vides, et ils retournent alors à Durandalem. Ils sont déposés chez Émile avec les vingt chevaux. Les palefreniers vont s’en occuper. Tous les voyageurs passent chez Joël prendre une douche, contents de pouvoir enfin se débarrasser de leurs frusques, qu’ils étaient obligés de porter pour traverser la contrée.

     Et contents aussi d’aller se rafraîchir à l’auberge... Ariston leur montre une table libre, et les huit voyageurs commandent des pintes de cervoise.

    À Naborum, Gabin, Armand et les frères d’Ortega ont vite fait de décharger les pierres des trois nouveaux chariots. Lundi, les maçons pourront commencer les murailles.

     Puis les quatre garçons retournent à Durandalem, et laissent eux aussi leurs attelages chez Émile. Nestor se retrouve maintenant avec cinquante-deux chevaux pour la fin de semaine ! Heureusement, comme à leur habitude, les gardes de nuit, qui habitent les Garderies juste à côté, viennent prêter main forte pour étriller les bêtes.

     Gabin, Armand et les frères d’Ortega se retrouvent à l’auberge, et se joignent aux voyageurs du Blauersland.

     Il est dix-huit heures. Les gardes du portail Ouest, Bernard Spohr et André Martinet, et ceux du rempart Nord, Paul Frisch, Benoît et Paul Spohr se sont fait relever. Ils viennent eux aussi boire un canon à l’auberge.

La liste

 

       Dans l’auberge, Jacou vient d'afficher une liste de personnes convoquées par l’Empereur :

     « C’est la liste de ceux qui se rendront à Oche pour les festivités de Pâques, L’empereur nous invite ! Cette liste a été établie par l’Empereur lui-même, nous nous y tiendrons. »

     Sur la liste figure en tête Jacou Artz. Puis Chantal, puis ma famille Schmit au grand complet, puis les musiciens et les bardes, les gardes vétérans et leurs familles, les rescapées de Khan le terrible... Quelques notables de Durandalem : le banquier, le bûcheron, le fondeur, l'apothicaire, les responsables des Thermes et leurs familles, le personnel de l'intendance, cuisinières, palefreniers, et les représentants du culte de Durandalem et de l'abbaye des Glandières. Cela représente quand même cent treize adultes et vingt enfants !

   Jacou a fait venir Gabriel et Roger.

    « Vous voyez cette liste ? Toi, Roger, tu vas prévenir toutes les personnes de cette liste qui ne sont pas du village, afin qu’elles soient présentes à Durandalem dès le mercredi 10 avril au soir.  Et toi, Gabriel, tu as la charge de prévenir ceux de Durandalem ! Nous ferons le voyage en deux jours. Nous partirons jeudi 11 avril le matin, et nous devrions arriver à Oche le lendemain vendredi dans la journée. Pendant notre absence, le village sera bien vide !  Néanmoins, il devra rester sous bonne garde... »

 

 

Les maçons de Manderen

 

     À Naborum, on s’organise pour construire les murs de la ville.

     Les dix maçons de Manderen devraient arriver aujourd’hui, en fin de matinée. Charles Kauf leur a fait préparer des hébergements dans les locaux des thermes d’Oderfang.

     Il est onze heures quand deux chariots se présentent à l’entrée de la ville, qui est gardée par deux gens d’armes. L'un d'eux interpelle les arrivants :

     « Qui êtes-vous ?

     - Je suis Adrien Wirth, et voici mes compagnons maçons. Comme convenu, nous venons construire les murs des remparts !

     « Entrez, je vais vous mener à Oderfang.  Notre bourgmestre vous y attend ! »

Et effectivement...

     « Soyez les bienvenus ! Je suis Charles Kauf, le bourgmestre, et voici Hugues Schaff, le chef des gens d’arme. Je vais tout de suite vous montrer votre logement pour la durée de votre séjour dans nos murs ! Nous vous avons aménagé un grand dortoir.

      - Merci, Charles ! Moi, je suis Adrien Wirth, le maître compagnon. Voici Joseph, mon fils. Bertrand, mon frère, et son fils Paulin. Maurice Storm et ses fils Georges et Claude.  Et enfin Constant Bour, ses fils jumeaux Pierre et Paul, et sa fille Isabelle. C'est elle notre architecte.

     - Nous n’avions pas prévu qu’une fille soit parmi vous ! Nous allons monter une séparation dans le dortoir...

     - Ne vous donnez pas cette peine... Aucun problème. Isabelle est la compagne de mon fils Joseph !

    - Dans ce cas, c’est parfait ! »

     Aussitôt, Charles sort un grand plan pour le soumettre aux maçons.

     « Alors, qu’en pensez-vous ? 

     - À première vue, c’est bien ! dit Isabelle, vingt quatre pieds de haut sur six de large, c’est le bon rapport !   En revanche, les remparts ne sont pas assez larges au niveau des tours pour monter à trente cinq pieds... Il faudra rajouter trois pieds dès les fondations pour les tours ! »

     Charles est épaté.

     « Tu as l’air de vraiment bien connaître ton affaire, Isabelle. Nous ferons comme tu le demandes !

    - Oui... Allons sur le terrain pour nous rendre compte ! »

     Et la troupe arrive au niveau du futur portail Ouest. Pierrot et Claude Stein sont là à donner des directives. Ils sont tout contents de revoir les anciens compagnons qu’ils ont connus tout jeunots, lors de la construction des Thermes de Durandalem. Des jeunots à qui ils ont appris bien des choses, voici plus de trente ans. Et aujourd'hui, ils font connaissance avec les enfants des anciens jeunots...

     « Pierrot et Claude, leur dit Adrien, je vous présente mon fils Joseph, sa compagne Isabelle notre architecte, Paulin, le fils de Bertrand, et Georges et Claude, les fils de Maurice, et Pierre et Paul, les fils de Constant !

  - Il est midi, allons manger, propose Charles. Nous ferons le tour d'inspection cet après-midi. Nous prévoyons deux lieues de murailles...

  - Ça va faire beaucoup de pierres, tout ça !

 - Certes, mais la carrière de Tenquin nous livrera trois charrettes par jour, auxquelles s'ajouteront, par semaine, dix grands chariots venus du Blauersland, non loin de Strateburgo.

- Ah oui, je m’en souviens.... Les compagnons du Blauersland ! Et le village est toujours nudiste ?  J’y suis passé il y a quelques années, tout le monde était tout nu !

- Oui, à Durandalem, tout le monde vit nu.  Mais ici, à Naborum, nous n’avons pas encore opté pour la nudité...  Cela dit, si vous le désirez, vous pourrez travailler nus sans problème.

   -  S’il fait chaud, nous le ferons ! Pas vrai, les gars ?

     - Et la fille le fera aussi !  précise Isabelle avec un grand sourire. Mais qui sont tous ces gens qui nous dévisagent en parlant une langue étrangère ? 

 - Ce sont des prisonniers, dit Hugues. Des pillards Germains nous ont attaqués en nombre la semaine dernière. Presque tous ont péri, sauf ceux-là, qui nous ont juré fidélité ! »

     Après le repas, tous se retrouvent au niveau des remparts. Puis ils parcourent en charrette les deux lieues du périmètre, s’arrêtant quand Isabelle remarque une anomalie à corriger.

     Le circuit terminé, ils se mettent à l’ouvrage.

     Pierrot leur distribue la potion de Jacou. C’est un plaisir de construire les murs comme cela, en faisant voltiger des pierres aussi légères que des feuilles !

     Hugues réunit les prisonniers germains.

    « Messieurs, voici votre moment de vérité !  Je vais vous distribuer la potion qui vous permettra, à vous aussi, de faire voler les pierres. Votre travail sera bien plus facile et bien plus efficace !

    Certes, vous pourriez utiliser ce pouvoir pour tenter de vous enfuir ou essayer de nous nuire, mais nous voulons espérer que vous l’utiliserez pour nous montrer que vous voulez vraiment faire partie de la cité !

 - Merci de votre confiance, Maître Hugues ! Nous en serons dignes... »

    Une fois la potion bue, les prisonniers s’organisent pour amener les pierres aux maçons.  Et les remparts se montent à une vitesse spectaculaire.

     Bientôt, le coin Sud-Ouest est fini, avec sa béquille de renfort, et le portail Ouest se retrouve flanqué de deux tours de guet, accessibles par deux escaliers qui mènent aux remparts.

     Charles convoque les menuisiers et les forgerons de la cité.

     « Vous pouvez installer le premier portail ! »

     Et s’adressant à Pierrot :

     « Tu pourras dire à Jérémoy que le premier portail va être installé, et qu’il peut venir pour l’automatiser !  

- L’automatiser ?  interroge Isabelle.

- Oui, les forgerons de Durandalem ont inventé des systèmes qui fonctionnent à la vapeur, et qui, à l’aide de vérins, ouvrent et ferment le portail automatiquement !  À 18 heures, je vous emmène à Durandalem pour y rencontrer les anciens. Vous pourrez voir les technologies dont disposent les habitants. »

     À Durandalem, la vie suit son cours.

     Il est bientôt dix heures. Les gardes en pause, Alexa Dumas, Gretel Wilkinson, Georgette Fart, et Pierre et Bernard Spohr s’apprêtent à reprendre leurs postes, et s’envolent vers le portail Est et le mur Nord.

     De leur côté, les gardes relevés, Albert Fart, Christina Hahn, Stéphane Joseph et Guenièvre Spohr arrivent à l’auberge boire un canon.

     Au portail est, Bernard et Alexa voient arriver une grande charrette. Certes, ils reconnaissent Charles et Hugues, ainsi que les frères Stein à cheval. Mais les autres sont des inconnus.

Alexa se penche, nue, et c'est le protocole habituel :

     « Qui êtes-vous ?

     - Charles Kauf, bourgmestre de Naborum, et les maçons de Manderen. Je demande à voir Jacou. »

     Alexa manœuvre le portail. Il s’ouvre tout seul, à l’admiration des maçons et d’Isabelle. La charrette pénètre dans l’enceinte du village, et le portail se referme comme par magie.

    « Vous trouverez Jacou à l’auberge, il vous attend ! »

     Et la charrette s’arrête devant l’auberge. Jacou est devant la porte, nu comme il se doit.

    « Bienvenue, compagnons maçons ! Et bienvenue, Charles !

     - Salut à toi, Maître Jacou !  Voici l’équipe de compagnons maçons que tu as fait mander. Je les laisse se présenter...

     - Je suis Adrien Wirth, le maître compagnon. Voici Joseph, mon fils. Voici Bertrand, mon frère, et son fils Paulin. Et Maurice Storm. Et Constant Bour, ses fils jumeaux Pierre et Paul, et sa fille Isabelle, notre architecte, compagne de mon fils. 

    - Voudriez-vous prendre une douche ? La journée a été chaude ! »

     - Volontiers, cela nous fera du bien ! 

     - Joël va vous y emmener. En sortant, vous pourrez rester nus si vous le désirez. Je vous attend ici, à l’auberge !

     « Si vous voulez bien me suivre, leur dit Joël, c’est juste à côté ! »

     Charles et les onze maçons pénètrent alors dans les douches.

     « Il n’y a que six douches, mais assez vastes pour y aller à deux ! »

     Isabelle et Joseph pénètrent alors dans une douche. Joël leur explique le fonctionnement, et la porte se ferme. Il fait de même avec les autres, et donne à chacun une grande serviette pour se sécher.

   Quand ils ressortent, les anciens restent nus. Les jeunes se sont couverts de leur serviettes.

     « Voici des serviettes sèches pour vous asseoir, si vous voulez rester nus, et des tuniques propres, si vous voulez vous habiller un peu… »

     Finalement, comme Isabelle a tombé la serviette, tous les autres décident d'en faire autant, et toute la troupe entre nue dans l’auberge.

     Ariston leur montre une grande table.

     « Asseyez-vous ! Que puis-je vous servir à boire ?

    - Des cervoises pour tout le monde ! »

     Jacou au comptoir s'informe :

     « Alors, comment ça se passe, avec ces remparts ?

    - On avance très vite, on a déjà fait en une demi-journée tout le rempart Ouest et le portail, ainsi que les cinq tours de garde Ouest !

    - Et grâce à votre potion !  précise Isabelle.

     « Isabelle est notre architecte, rappelle Adrien, et aussi la compagne de mon fils Joseph ! » 

Joseph se lève et salue l’assemblée.

  -  Et nous disposons d'une main d’œuvre très motivée, des prisonniers désormais tout acquis à la cité !

     - Ah oui ! les pillards qui ont voulu notre or ! Mal leur en a pris ! » 

    «  Ils étaient cinq cents, dit fièrement Christina Hahn, mais on les a quasiment tous exterminés !

     - Cinq cents ! s'étonne Joseph, mais alors, comment avez-vous pu ? 

 - Nous disposions de soldats volants. À dix, il les ont abattus de leurs flèches par les airs, puis par la terre, en les prenant à revers. Seuls les premiers, ceux qui se sont rendus, ont eu la vie sauve !

 - Incroyable !  s’exclame Isabelle, épatée. Et qu'avez-vous fait des corps des autres ?

 - Ils sont enterrés dans une grande fosse, dit Charles. Vous avez dû voir un grand tumulus de terre au coin est de la ville. Ils sont tous là, quatre cent quatre-vingt-douze pour être précis, y compris Khan le terrible.

    - Vous aussi, vous y étiez ? 

    - Je suis un des dix soldats volants !

    - Alors, respect !  disent en chœur les maçons.

    - Au rythme où nous avançons, dit alors Pierre, nous pourrions finir dans la semaine, si nous avons assez de pierres ! Trois chariots sont arrivés cet après-midi, nous avons de quoi faire tout le côté Sud.

    - Demain, précise Jacou, arriveront encore cinq grands chariots de pierres, plus trois comme ceux d’aujourd’hui.  Charles, tes maçons, tu les héberges à Naborum ?

    - Oui Jacou, c'était prévu.  Mais si tu pouvais... Je pense qu'ils seraient mieux dans tes Thermes que dans le dortoir d’Oderfang !

    - Nous avons déjà laissé quelques effets dans le dortoir, mais rien d’important, nous les récupérerions demain...

    - Soit !  C’est dit ! Vous êtes ici chez vous. Quand vous voudrez, les jeunes, je vous emmène aux Thermes que vos parents ont construits. »

Et Jacou aussitôt contacte le gérant de l’hôtel des Thermes pour qu’il prépare dix chambres.  Et il prévient le restaurant qu’il y aura onze personnes de plus tous les soirs et tous les matins.

      « Charles, veux-tu un cheval pour être rentré à Naborum avant la nuit ?

       - Non, pas la peine, Jacou, j'y file à tire-d’aile ! Merci pour ton hospitalité, merci pour eux ! »

      Et sortant de l’auberge, à peine le seuil franchi, Charles s’envole et s'éloigne sous les regards ahuris des maçons.

     - Un soldat volant ! s'exclame Isabelle. Ce n'étaient donc pas des bobards...

    - Mais, demande Claude, d’où lui vient donc ce pouvoir ? 

     - Charles est l'un des dix soldats que nous avons formés ici à Durandalem pour le compte du roi Charles, maintenant nommé Charlemagne, Empereur de l’Empire Romain d’Occident.  Hugues, le chef des gens d’arme de Naborum, que vous avez rencontré, est lui aussi l'un de ces soldats !

     Chantal et moi, nous avons réussi à créer des potions à base de plantes qui permettent - après initiation - diverses choses pouvant vous paraître incroyables : communiquer par la pensée, déplacer des pierres par la pensée, et aussi voler.  Chantal est une savante herboriste et une chercheuse experte ! Si vous voulez, nous pouvons monter aux Thermes. Vous y mangerez, et je vous la présenterai.

     - Bien volontiers, allons-y ! Mais que fait-on de la charrette ?

     - Emmenez-la aux Thermes, des palefreniers s’en chargeront. Et vous aurez un véhicule pour rentrer demain à Naborum. »

     Les maçons remontent à bord de la charrette avec Jacou, et arrivent devant les Thermes. Les vigiles ouvrent la porte.

    « Nous avons quelques règles. Dans le bâtiment, la nudité est obligatoire pour tous.  Ici, tout le monde doit prendre une douche en entrant. Même vous qui en avez pris une il y a une heure. C’est la règle, personne n’y déroge. Même l’Empereur le mois dernier a dû s'y plier.

   - L’Empereur est venu ici ? 

    - Oui, pour se reposer quelques jours.  Et pendant tout son séjour, il est resté nu, ainsi que tous ses soldats. »

     À la sortie des douches, ils reçoivent une serviette sèche, et montent à l’étage, dans la salle de restaurant.

     Michel Bern les accueille :

     « Bienvenue, les maçons !  Les filles, Marlène et Hélène Basin, vont vous conduire à vos chambres, au-dessus. Et vous pourrez ensuite descendre ici pour le repas du soir. 

     Arrivés au niveau des chambres, ils remercient les filles. Et les filles redescendent, sous les yeux intéressés des jeunes maçons.

    - Bienvenue ! Je suis Guillaume Bardot le gérant. Voici donc vos chambres, elles disposent de tout le confort que vous pouvez espérer ! Si vous avez besoin de quoi que ce soit, voici Léa Fart, qui se fera un plaisir de vous le procurer ! »

     Une fois pris possession de leurs chambres respectives, les maçons redescendent au restaurant.

Massons les maçons

 

     Le plan de Jacou est simple :  il compte offrir un agréable moment de sexe aux maçons, avec l’aide volontaire des filles, et de quelques-uns de ses onguents et potions.  Les serveuses Marlène et Hélène Basin participeront aussi, et s’occuperont plus spécialement du couple Isabelle et Joseph. Mais n'anticipons pas. Pour l’instant, l’heure n’est pas à la gaudriole, Jacou fait les présentations...

     « Voici Chantal, notre savante herboriste, qui vous étonnera avec ses potions, onguents et pommades !  Valérie, son assistante. Marie, notre médecin. Josiane et Josette, nos couturières. Elles vous fourniront des habits propres et fonctionnels pour travailler… si vous ne travaillez pas nus, bien sûr !

- Charles nous a dit qu’on pouvait si on voulait !  l'informe Isabelle.

- Rose et Zoé sont les masseuses des Thermes, reprend Jacou. Et Marianne et Mariette sont celles de l’école d'à côté. Josie Bern est serveuse ici, au coin des boissons. Marlène et Hélène sont nos serveuses à table. Et voici enfin Dillon, notre chef de la garde, qui a si magistralement mené la riposte lors de l’attaque des pillards. 

   Après le repas, toutes les filles ici présentes viendront vous faire des massages dans vos chambres, afin de vous relaxer de cette dure journée de trajet et de travail.  C’est là que vous apprécierez les onguents, pommades, et potions de Chantal ! Pour votre confort, les filles de service viendront changer les draps tachés par les huiles et autres pommades, et nettoieront les chambres. Mais pour l'instant, mangeons !  Bon appétit à tout le monde... »

     Après le repas, Jacou propose à ses invités de regagner leurs chambres, ce qu'ils font bien volontiers. Et les masseuses se préparent.

 

      Isabelle et Joseph attendent. On frappe à la porte, Joseph ouvre. Ce sont les deux jeunes serveuses, Marlène et Hélène, qui viennent s'occuper de leur bien-être...

      Adrien est étendu sur le lit, il attend une masseuse.

     C'est Josette qui se présente devant lui. Il se lève pour la saluer…

 

 

     Bertrand attend tranquillement, allongé sur le ventre. Il a laissé la porte ouverte. Josiane entre.

  « C'est moi qui vais te masser... Tu es bien installé, on y va ! »

     Elle verse sur Bertrand une huile tiède, puis l’étale de ses deux mains sur la nuque, le dos, les fesses, les cuisses, les jambes, ce qui chauffe tout le corps du maçon…

 

      Maurice attend, assis sur son lit, qu’une masseuse arrive.

        Elle ne tarde pas.

     « Bonsoir, je suis Marianne. Je vais te faire un massage particulier, tu vas voir ! Couche toi sur le dos, place tes bras derrière la tête... »

     Maurice fait comme elle dit, se demandant à quel genre de massage il va avoir droit !

     Marianne prend de l’huile tiède, qu'elle répand sur le torse, le ventre et les cuisses de Maurice, et qu'elle frotte avec ses mains enduites de pommade pour bien l’étaler, graissant toute la surface...

     Puis elle enduit son propre corps, du cou jusqu’aux cuisses, monte sur Maurice, et se couche à plat ventre sur lui.

     Elle commence alors à faire glisser son corps contre le sien. Ses seins frottent ceux de Maurice, descendent jusqu’aux cuisses. Puis elle remonte jusqu’à frotter son entre-jambe contre celui du garçon…

 

     Mariette est occupée par Constant.

    « Allonge-toi sur le dos, lui dit Mariette qui vient d'arriver. Je vais te faire un massage partiel ! »

     Constant obéit, et Mariette, après s’être enduit les mains de pommade, commence à masser le ventre de Constant...

     Paulin attend patiemment une masseuse.

     La voici qui arrive.

     « Bonsoir Paulin.  Je suis Marie Brett, le médecin du village. Je vais te faire un massage qui va te faire du bien... Allonge-toi sur le dos. »

     Paulin est allongé.  Marie, debout à côté de lui, enduit son corps d’huile odorante, l'étale sur le cou, le poitrail, le ventre, le bas-ventre, l’entre-jambe, les cuisses, les jambes, et termine par les pieds.

      Marie alors s’installe à califourchon sur le ventre de Paulin, et les mains enduites de pommade, commence à masser le cou et les épaules.

    Paulin ressent une douce chaleur envahir le haut de son corps.

     Elle passe ensuite à la poitrine, décrivant des cercles autour des tétons qui se gonflent et se dressent, tout durs.

     Ensuite, c'est au tour du ventre, puis elle glisse une main sous elle pour masser le pubis, et elle arrive à l’entre-jambe...

 

      Georges est assis sur le lit, il attend.

      Valérie entre et s’assoit à califourchon sur ses cuisses, tout en s’enduisant les mains de pommade.

     « Je vais te faire un massage des cervicales ! »

      Georges est un peu gêné...  Il n’a pas l’habitude d’avoir une fille nue sur ses genoux, pour un massage !

      Valérie commence à masser les épaules, puis les mains se rapprochent, et le cou est massé en long, en large, et de haut en bas, faisant ressentir à Georges des frissons dans tout le corps.

      Lui poussant doucement la tête en arrière, elle masse ensuite la base du cou. Elle arrive aux tétons, qu’elle titille doucement, en décrivant des cercles tout autour.  Georges sent monter en lui le désir d’aller plus loin.  Mais, bien que son entre-jambe réagisse, il n’ose pas bouger...

      Valérie alors se lève et se met à genoux devant lui, qui est toujours assis sur le lit. S’enduisant à nouveau les mains, elle lui masse doucement le poitrail, le ventre, et le pubis…

 

      Claude Storm attend. La masseuse se présente :

     « Je m’appelle Rose, et je viens pour ton plaisir ! Si tu le désires, je peux te masser une partie de ton corps ou tout ton corps !...

    

     Les jumeaux Pierre et Paul Bour ont l’habitude de dormir ensemble. Alors ils se retrouvent dans la chambre 10, qui a un grand lit.

     Zoé et Josie arrivent, et invitent les deux garçons à se faire masser…

 

    Une fois toutes les portes fermées, les filles étant prêtes à intervenir pour nettoyer, Chantal propose à Dillon d’essayer une nouvelle pommade, qu’elle n’a pas encore expérimentée...

     Dillon est très intéressé, et Jacou aussi !

     « Elle fait quel effet ? demandent-ils.

     - Venez, dit Chantal, on va dans la chambre 20 à l’autre bout, et on teste ça ! »

     Jacou, encore émoustillé par les prouesses de son aîné Maître Clément Sandre, accepte volontiers…

Préparatifs pour Oche

 

     Pierre et Johan Martinet, Alexa Dumas et Guenièvre Spohr sont chargés d’escorter les convois de pierres du Blauersland pour encore quelques voyages. Ils doivent arriver cet après-midi, et repartiront demain pour le deuxième voyage de la semaine. Il est prévu deux livraisons de cinq chariots par semaine. Pour les pierres de Tenquin, trois chariots par jour, dont deux sont convoyés par les frères Holz, qui en temps ordinaire sont les vigiles des Thermes.

     Le temps de l’absence des élus, qui vont se rendre à Oche à l'invitation de l'Empereur, ce sont Gaël et Joël Wasch qui occuperont par intérim les fonctions de bourgmestre et de bourgmestre adjoint.

     Les invités arrivent les uns après les autres, de Hombourg, de Tenquin, de Laudrefang... Une charrette arrive de l’abbaye des Glandières. Pierre est aux rênes, avec l’archiprêtre Simon de Beauvoir et son second, l’abbé Jean Christian.

     Bientôt, l'effectif des invités à Oche est au complet.

     Les gardes, leurs familles, et les abbés de l’abbaye des Glandières seront logés pour la nuit à l’hôtel des Thermes.

     On s'active pour préparer le voyage. Il faudra quinze attelages pour transporter cent treize adultes, vingt enfants, ainsi que toute la nourriture et toute la boisson pour le voyage aller-retour.

     Les quinze chariots seront agencés comme suit :

  - Deux chariots pour nous les Schmit et pour quelques autres, soit dix-huit adultes, dont Jacou, Chantal, Anatole, Marie et Apollinaire, et six enfants. Chariots conduits par les membres de la famille Schmit.

  - Quatre chariots pour les gardes vétérans et leurs familles, soit quarante adultes. Deux conduits par les gardes vétérans, et deux par leurs enfants.

 - Un chariot conduit par un palefrenier, pour la famille Deir et pour les filles rescapées de Khan, soit six adultes et neuf enfants.

 - Trois chariots pour les notables - vingt-cinq adultes et six enfants - conduits par les familles des notables.

 - Deux chariots pour le clergé et pour l’intendance, soit seize adultes, conduits par les gardes.

     - Un chariot pour la famille des palefreniers - quatre adultes - et pour les outils, les armes, les deux muids d’eau et la chaudière. Conduit par la famille.

     - Deux chariots conduits par les palefreniers pour les bagages, la nourriture, la boisson.

 Dans les écuries d’Émile, on prépare donc trente chevaux, qui demain à l'aube seront attelés aux chariots.

     Chacun prépare ses bagages, toutes les affaires nécessaires pour le voyage et pour le séjour à Oche.  Les gardes emportent leurs costumes d’apparat, ceux-là mêmes de leur première parade lors des portes ouvertes de l’école, il y a trente-deux ans. Mais ils ont eu droit à une bonne séance de retouches par Josiane et Josette, à la buanderie de l’école.  Dame, depuis cette première parade, ils ont quelque peu grandi et forci !

     Les enfants des vétérans ont négocié deux chariots pour eux, et deux pour leurs parents. Les frères d’Ortega sont préposés aux chariots des enfants. Ils sont heureux de se revoir si vite , ils n’avaient prévu de se revoir que cet été... Pendant le voyage, ils auront sûrement l'occasion de s’amuser encore !

    Vers dix sept heures, cinq chariots vides arrivent à la porte est. Albert Fart et Paul Spohr sont de garde.

      Ils reconnaissent, malgré leurs habits, les gardes Pierre Martinet, Alexa Dumas, Johan Martinet et Guenièvre Spohr.

     Les charretiers sont les compagnons du Blauersland, les enfants de Georges Stand, Valentine, Roger, Isabelle, Piot et Mousse. C’est leur première visite à Durandalem. Ils sont épatés par ces murailles, par ces portails qui s’ouvrent tout seuls, et aussi par ces quinze chariots dans le pré, avec une multitude de gens tout nus qui y chargent des affaires... On leur avait dit que le Blauersland n’était pas la seule communauté à vivre nue, ils en ont aujourd’hui la confirmation !

     Les gardes les aident à déposer leurs chariots vides. Les palefreniers étant occupés à préparer le voyage vers Oche, ce sont les gardes de nuit de la Garderie qui prennent en charge leurs chevaux.

     Puis ils les emmènent aux douches communales chez Joël, et ensuite à l’auberge pour se désaltérer. Il fait déjà chaud en ce printemps. Leurs habits leur collaient à la peau... Ils sont bien contents de rester nus après cette bonne douche !

     Quand, à dix huit heures, les gardes en pause s’envolent nus prendre leurs postes, les compagnons sont étonnés, bien qu'ils aient été témoins de quelques envols de leur escorte, qui allait parfois en reconnaissance sur le trajet. Et quand les quatre gardes relevés arrivent eux aussi nus, en volant, les compagnons sont de plus en plus intrigués par tous ces pouvoirs  !

     « - Et vous volez tous comme cela, au village ?  dit Roger Stand.

     - Oui, nous avons tous ce pouvoir, répond Christina, mais seuls les gardes l’utilisent tous les jours...

     - Mais comment est-ce possible de voler ainsi ? demande Isabelle.

    - C'est grâce à une potion spéciale que sait préparer notre savante herboriste Chantal !

     - Oh, dites, on pourrait en avoir ?  demande Mousse, le plus jeune.

     - Je ne sais pas... Mais vous verrez Chantal ce soir, vous pourrez lui poser la question. »

    L’escorte des compagnons leur propose alors de monter aux Thermes, où ils rencontreront Jacou, qui effectuera le paiement des pierres.

      « Vous pourrez vous reposer, dit Alexa, vous aurez chacun une chambre à l’hôtel.  Et ce soir vous mangerez au restaurant, avec les gardes vétérans qui partent demain pour Oche. »

      Le soir au restaurant, les enfants des vétérans se sont retrouvés. Ils ont formé les couples pressentis lors de leur rencontre le mois dernier : Alex Holz avec Juliette Kauf, Théo Gouvy avec Marie Schaff, Georges Gouvy avec Anne Schaff, Roméo Kauf avec Sylvie Stamm, Benoît Kauf avec Mia Gouvy, Pierre Schaff avec Sophie Stamm, Paul Schaff avec Marie Gouvy.

      Quant à Charlotte et Claudette Brett, elles attendront demain pour retrouver leurs amants, Jean d’Ortega et Aimé d’Ortega.

     Les enfants des deux vétérans Bauer, Joséphine Bauer et Francis Bauer, les rejoindront demain avec leurs conjointe et conjoint, Paul Dor et Pauline Basin.

     Cette nuit, ils dormiront en couple dans les chambres. Mais demain, pendant le voyage, ils prévoient déjà de se mélanger !

     Le soir, une fois que toutes et tous ont regagné leurs chambres à l’étage de l’hôtel, on discerne comme un brouhaha feutré. Mais il n’y a pas que les jeunes : les vétérans profitent eux aussi de ces instants tranquilles pour se livrer à d'agréables ébats !

     Au bout d’un moment, les vétérans sont redevenus calmes. Quelques jeunes batifolent encore, puis c’est le silence. Les concierges font le tour pour éteindre les luminaires. Les Thermes s’endorment...

Le voyage d’Oche

 

  • Le départ vers Oche

     Jeudi 11 avril

     Christina Hahn est en réserve aujourd’hui.

     Tout le monde est debout de bonne heure. Les gardes de nuit, une fois relevés par les gardes de jour, donnent un coup de main pour atteler les trente chevaux du convoi.

     Aux Thermes, le petit déjeuner est pris, et toutes les villageoises et tous les villageois se retrouvent dans le pré, à côté des écuries d’Émile, pour dire au revoir aux voyageurs en partance réunis autour de Jacou.

     Jacou prend la parole.

     « Chères Durandalemoises, chers Durandalemois, chers soldats vétérans, vous et vos familles, soyez les bienvenus pour ce voyage ! Nous arriverons à Oche demain vendredi, dans l’après-midi. L’Empereur Charlemagne, qu'il n'est pas besoin de vous présenter, nous y attend.

     Je vois que pour le moment, nous sommes tous vêtus. C'est vrai qu'il fait encore frais, le matin ! Durant le voyage, je vous demanderai de ne pas vous montrer nus. Ainsi les conducteurs, toujours visibles, devront être habillés. Nous traversons l’Austrasie, et ce territoire est loin d’admettre et d'autoriser la simple nudité !

     Il vous reste un court moment pour vérifier que vous n’oubliez rien, et nous pourrons embarquer.  Chantal va distribuer la potion qui permet de communiquer mentalement, afin que nous puissions communiquer entre les chariots sans arrêter la marche du convoi. »

     Chacun s’installe dans le chariot qui lui est attribué, et bientôt, le départ est donné !

     Dans le chariot de tête, où ont pris place les musiciens, la musique accompagne le départ. Le deuxième chariot est occupé par ma famille et moi, et par Jacou, entre autres.  Les trois suivants sont ceux des notables et de leurs familles. Puis deux chariots de vétérans. Deux chariots pour l’intendance.  Un chariot pour les rescapées de Khan. Un chariot pour les outils et les armes, pour une chaudière et deux muids d’eau. Deux chariots pour les bagages et la nourriture. Et enfin les deux chariots des jeunes ferment la marche.

      Benoît Spohr et Paul Frisch, de garde au portail est, nous ouvrent le passage. Tous les villageois qui restent nous saluent.

     Dans le premier chariot des jeunes, les couples ont pris place : Alex Holz avec Juliette Kauf, Théo Gouvy avec Marie Schaff, Roméo Kauf avec Sylvie Stamm, Paul Dor avec Joséphine Basin, Francis Bauer avec Pauline Basin, et Aimé d’Ortega avec Claudette Brett.

     C'est Aimé d’Ortega qui tient les rênes.

     Dans le deuxième chariot des jeunes : Georges Gouvy avec Anne Schaff, Benoît Kauf avec Mia Gouvy, Pierre Schaff avec Sophie Stamm, Paul Schaff avec Marie Gouvy, et Jean d’Ortega avec Charlotte Brett.

     C’est Jean d’Ortega qui tient les rênes.

      Les frères d’Ortega sont aux rênes, mais très vite, ils se font remplacer par d’autres jeunes, afin de pouvoir eux aussi fêter les retrouvailles avec leurs amantes respectives.

     Francis Bauer prend les rênes, et Aimé se rend à l’arrière du chariot. Il est aussitôt déshabillé par Claudette, déjà nue. Elle attendait vraiment ce moment avec impatience !

       Même scène dans le deuxième chariot. Benoît Kauf prend les rênes, et Jean d’Ortega, tiré à l’intérieur du chariot, est aussitôt accaparé par Charlotte Brett.

     Dans les deux chariots, seuls les frères d'Ortega sont en forme. Les autres ont déjà beaucoup donné de leur personne la nuit dernière... Mais cela ne les empêche pas de participer aux ébats...

 

    Mentalement, Jacou demande à Armand Capes et Gabin Fleich de se vêtir et d'aller faire une reconnaissance par les airs, afin de trouver un endroit assez vaste pour y contenir les quinze chariots disposés en cercle.

     Les deux vétérans décollent alors de leurs chariots, et montent très haut pour ne pas se faire trop remarquer. D’en bas, avec leurs habits flottant au vent, on pourra les prendre pour de gros oiseaux !

     Ils repèrent un bel endroit, à la sortie de la grande forêt, et reviennent prévenir Jacou.

     « Les chariots pourront y être d’ici une heure ! estime Armand.

     -  Parfait... Nous y ferons halte pour le déjeuner. Tu guideras le chariot de tête, c’est Benami Schmit qui tient les rênes. »

     Une heure plus tard, nous y sommes. On place les chariots en cercle, on dételle les chevaux pour qu'ils se reposent.  Plusieurs feux sont allumés, les cuisinières se mettent à l’œuvre. Les tréteaux et les planches sont sortis, et bientôt, toute la communauté peut s'attabler.

     Il fait bien chaud. Beaucoup se sont mis à l’aise, nus, protégés de la vue d'éventuels passants par les chariots. Mais il ne passe pas grand monde…

Pendant le repas, quelques jeunes ont sympathisé avec les orphelines rousses.

     Afin de faire plus ample connaissance, et avec l’approbation de Jacou et de Marie Brett, les cinq plus grandes, Gertrude et Berthe Hoff, Anne Bonté, Claudine Schmit, et Edeltraud Bour vont se réunir avec Jean et Jacky Muller, Simon Schmit, Léon Wilkinson, Charles Muller, Norbert Burg et  José Pferd, tous célibataires.

     Sur les conseils de Marie Brett, et en sa compagnie, les garçons vont leur faire découvrir les plaisir sensuels, bien loin des viols qu'elles ont subis avec Khan et ses lieutenants. Tout en participant aux initiations, Norbert Burg et José Pferd se relaieront pour conduire le chariot.

De leur côté, les plus jeunes, Paulette et Annie Hoff, Joëlle, Josette et Josiane Bonté, Claudette et Claudia Schmit auront droit à une initiation musicale, dans le chariot des musiciens.

     Quant à Jeannette Deir, elle rejoint l'un des chariots des notables, en compagnie d'Emanuel Frisch, qui est célibataire, par un heureux hasard...

 

     L’ordonnancement des chariots est changé :

      Agathe Stein, éducatrice des enfants, propose de prendre tous les petits de huit à douze ans, soit dix enfants, à l'avant d'un chariot.  Agnès et Angèle Hune se proposent pour faire faire la sieste aux quatre tout-petits d’un et deux ans, à l’arrière du même chariot. Du coup, pour accueillir tout ce petit monde, on décide de vider un des chariots de victuailles pour l’aménager avec des coussins et des petites couches.

     Le convoi se remet en marche. Des notes de musique et des chants s'élèvent du premier chariot. En revanche, en fin de convoi, dans les trois derniers chariots, c’est une mélodie d'un tout autre genre qui se fait entendre... Dans le chariot des orphelines rousses, Marie a pris la direction des opérations !...

 

     Après, le calme revient dans le chariot, on n’entend plus que les respirations haletantes des partenaires qui reprennent leur souffle, sans un mot.

     Marie rompt le silence :

     « Alors les filles ! ne vous ai-je pas dit que vous auriez du plaisir ! 

     - Oh oui ! » disent les cinq rousses.

 

     Après ces découvertes ô combien jouissives, tout le monde se repose. Les garçons s’endorment, vidés. Les filles commentent ce qu’elles viennent de vivre...

Les tailleurs de Lugdon

    

     Pendant le trajet, en fin d’après-midi, un sérieux incident perturbe le rythme paisible du convoi.

     Voilà qu'une bande de pillards à cheval, sortis des bois, surgit devant le premier chariot conduit par Benami !

      Aussitôt, tout en prévenant mentalement Dillon et les soldats, il leur demande :

     « Qui êtes-vous, et que voulez-vous ?

      - Donnez-nous votre or et vos marchandises ! »

    Les bandits sont dix, et quatre d’entre eux commencent à galoper le long du convoi, de chaque côté.

     Une volée de flèches les terrassent, d’un coup !

     « Rendez-vous tout de suite ! », crie Dillon, qui a surgi nu au-dessus du convoi, avec quatre vétérans nus.

     Les bandits, voyant cela, tentent de fuir. Mais Dillon et ses hommes sont vite devant eux, leur coupant la retraite.

     Les autres soldats sont là, tous nus, onze arcs sont prêts à tirer.

     « Rendez-vous, sinon vous mourrez ! »

     Alors, les bandits veulent riposter, empoignent leurs propres arcs…

      Erreur fatale ! Ils n’ont pas le temps de charger une flèche qu’ils sont immédiatement transpercés des traits des soldats.

     Le convoi fait une pause, le temps de creuser un trou pour ensevelir ces pillards, après les avoir dépouillés. Leurs vêtements sont brûlés.

     Dillon envoie ensuite ses soldats en repérage aux alentours. Il y en a peut-être d’autres. Ceux-là n’avaient guère de butin avec eux...

     Alix revient. De l’autre côté de la forêt, il a repéré deux grands chariots, sans chevaux, avec quatre hommes à proximité.

     Dillon décide alors d’aller au-devant d’eux, toujours nu, avec six de ses soldats.

     « Les quatre autres, faites le tour de la forêt pour les prendre à revers ! »

     En chevauchant sur sept des chevaux des pillards, Dillon et sa troupe aperçoivent les quatre hommes qui tentent de se cacher derrière les chariots.

     « Sortez de votre cachette ! »

Les quatre hommes se montrent, tout tremblants devant ces soldats nus et menaçants. Ce sont quatre hommes jeunes, la trentaine ou un peu moins.

     « Pitié ! nous ne sommes que des marchands ! »

     Dillon descend alors de cheval. Ses soldats gardent les quatre hommes en joue. D’en haut, les quatre soldats sont prêts eux aussi à intervenir.

     « Qui êtes-vous, demande Dillon, et où sont les chevaux de ces chariots ? .

 - Nous sommes des marchands de Lugdon, dit l'un d'eux. Nous allions vendre nos étoffes à Oche, à l'occasion des grandes festivités qui sont prévues. Et nos chevaux, eh bien, ce sont ceux que vous montez ! Les pillards nous sont tombés dessus, et nous les ont volés...

    - Combien étaient-ils ?

     - Ils étaient dix, nous ne pouvions rien faire contre eux ! Ils voulaient de l’or, mais nous n’en avons pas ! Toute notre fortune se trouve dans ces deux chariots. Notre échoppe a brûlé à Lugdon... Nous n’avons plus rien, hormis ce que nous avons pu sauver des flammes. Nous espérions pouvoir ouvrir un commerce à Oche.

 - Vous ne craignez plus rien, les pillards sont morts et déjà enterrés, vous voilà à nouveau libres... Nous allons vous rendre vos chevaux ! Comment vous appelez-vous, et d’où venez-vous ?

- Je suis Jean d’Istres, voici mon frère Paul, et nos cousins, les jumeaux Albert et Alfred Einstein. Comme je vous l'ai dit, nous venons de Lugdon, la grande ville au Sud. Nous avions un commerce de tissus et d'étoffes, à l’entrée de la ville. Hélas, quelqu’un y a mis le feu.  Un concurrent probablement... »

     Dillon envoie alors Le Borgne et Alix pour récupérer les chevaux restés avec le convoi.

     « Le Borgne, tu expliqueras ce qui se passe, vous reviendrez avec les chevaux et nous les attellerons !  Que le convoi reprenne sa route sans nous, nous le rattraperons ! »

Les marchands ont un moment de stupeur en voyant les soldats s’envoler. Dillon se tourne vers Jean d’Istres :

     « Vous n'avez besoin que de huit chevaux...Les deux autres étaient aux pillards ?

   - Non ! Les pillards étaient à pied ! Les chevaux nous appartiennent tous. Nous avons deux chevaux de secours.

     « Bien ! dit Dillon, dès qu’ils seront là, nous rejoindrons le convoi, Nous sommes des villageois invités par Charlemagne, et je vous invite à vous joindre à nous pour le voyage, nous allons aussi à Oche !

     - Ce sera avec la plus grande joie... Nus tels des dieux ! Vous nous sauvez la vie ! »

     Le Borgne et Alix ramènent les trois chevaux, puis les soldats retournent rejoindre le convoi. Seuls Le Borgne et Dillon restent avec les marchands.

     Une fois les huit chevaux attelés, et les deux autres attachés derrière les chariots, ils repartent vers le convoi au pas forcé, et ne tardent pas à le rejoindre.

     Le soir venu, le convoi - dix-sept chariots maintenant - s’installe pour passer la nuit.

    « La région semble peu sûre, dit Jacou. Dillon, tu organiseras des tours de garde toute la nuit !  Maintenant, faisons des feux et préparons le repas du soir. Vous les forgerons, installez la chaudière pour les douches. Que chacun aille ramasser du bois pour les feux... Mais prenez vos armes, on ne sait jamais ! »

     Puis, s’adressant aux nouveaux venus :

     « Venez, joignez-vous à nous. Notre nudité ne doit pas vous effrayer ! Nous sommes des nudistes, dotés certes de quelques pouvoirs, mais nous ne sommes ni des dieux, ni des êtres surnaturels ! Asseyons-nous ensemble, et racontez-nous votre histoire... »

     Jean d’Istres, son frère Paul et les cousins Albert et Alfred Einstein se présentent à nouveau.

     « Nous venons de Lugdon, la grande ville au Sud. Nous allons vendre nos tissus à Oche, à l’occasion de la grande fête prévue ce dimanche. Nous faisions route depuis quatre jours, quand les bandits nous sont tombés dessus ! »

    J'interviens sur ces entrefaites.

     « Il y a de l’eau chaude, dis-je à Jacou en souriant, je pense que nos nouveaux amis apprécieront une bonne douche... Et nos nez seront soulagés, si tu vois ce que je veux dire !

   - Tu as raison Robert, emmène-les !

   - Suivez-moi, vous allez vous laver, et nous vous donnerons des vêtements propres. Sans vouloir vous vexer... vous puez !

- C’est vrai ! Cela fait quatre jours que nous sommes sur la route, et nous avons bien transpiré... Les journées sont déjà chaudes !

 - Déshabillez-vous, mouillez-vous. Nos buandières vont vous frotter, puis vous rincer. Il faut économiser l’eau...

    Et je laisse les marchands entre les mains d'Agnès et d'Angèle Hune. Je retourne avec Jacou attendre le repas du soir.

  Les quatre marchands, abasourdis, se laissent faire. Agnès et Angèle Hune les frottent énergiquement au savon, puis les rincent plusieurs fois, avec l’eau récupérée dans un grand baquet. À la vue de ces jouvencelles nues, les marchands ont bien sûr des réactions ostentatoires ! Agnès et Angèle pouffent de rire. Une fois qu'ils sont séchés, elles demandent à visiter leur chariot en leur compagnie.  Elles meurent d'envie de voir et de caresser leurs belles étoffes...

 

      Après un petit moment de récupération, les marchands offrent aux jumelles quelques magnifiques étoffes de Lugdon. Elles acceptent volontiers, se drapent dans des soies chatoyantes, et ils vont tous ensemble rejoindre le groupe.

Les tréteaux sont en place, tout le monde est attablé.

     Les cuisinières, Manon, Pénélope, Angèle, Paulette, Josiane ont concocté un superbe repas, et toutes et tous se restaurent à leur faim. Les jeunes des trois derniers chariots sont particulièrement affamés ! Il faut dire qu’ils ont beaucoup donné de leur personne tout au long de cet après-midi...

      Ce soir, comme le temps est clair, tout le monde dormira à la belle étoile. Dillon a réuni les gardes, afin d'organiser le plan de garde du campement pour la nuit.  Bien sûr, les dix vétérans sont de la partie. Il y a aussi Amandine Bardot, la vigile, Jeannot Muller, Jacky Muller, Jacques Martin, Jean Martin et Aline Spohr, ce qui permet de constituer quatre équipes de quatre gardes.

     Il y aura donc quatre tours de garde, de trois heures chacun, de ce soir vingt heures à demain matin huit heures.  En l’absence du clocher du village pour donner l’heure, c'est une clepsydre qui est de service.

  Les gardes de faction sont aussi chargés d’entretenir les feux autour du campement, pour mieux éclairer l’ensemble. Quand on se tient debout sur les muids d’eau, la visibilité est parfaite, et l'on peut surveiller toute la zone.

L’arrivée à Oche   

 

       Le jour se lève sur le campement. Dillon transmet à Jacou le rapport des gardes. Cette nuit, aucun événement à signaler, hormis une horde de loups qui, effrayés par les feux, ont fait un grand détour.

     Après un petit déjeuner consistant, le convoi se remet en route.

     Jean d’Istres, son frère Paul et les cousins Einstein se sont mis d’accord pour récompenser ceux qui les ont sauvés d’une mort certaine : leurs étoffes appartiennent maintenant à Jacou et à ses hommes !

     Mais Jacou ne l’entend pas de cette oreille.

     « Non, non...Vos étoffes vous appartiennent... Mais puisque vous tenez tant à nous remercier, aidez-nous donc à parer nos filles, pour l'arrivée à Oche cet après-midi. De belles tuniques en soie pour toutes les filles ! Josette et Josiane feront les retouches...

     - Excellente idée, nous nous y attelons sur l’heure ! »

     Et les chariots d’étoffes roulent à côté des autres chariots, conduits par les frères d’Ortega. On embarque les filles au fur et à mesure. Josiane et Josette, chacune dans un chariot avec les marchands, parachèvent les tenues.

     Quand arrive la pause de la mi-journée, il ne reste plus que le chariot de tête à pourvoir. L'on décide de parer musiciennes, musiciens et vétérans d’un costume décoré du blason de Durandalem.

     Le convoi repart vers quatorze heures, les chariots d’étoffe roulant devant et derrière le chariot des musiciens.

     Un moment de pause. Jacou demande à Dillon de s'envoler en repérage avec deux vétérans pour voir si la ville d’Oche est encore loin.

    Dillon, Le Borgne et François partent nus dans les airs, en longeant les forêts. Ils sont rapidement de retour, et Dillon informe Jacou.

    « Nous sommes à peine à une lieue de l’entrée de la ville !

     - Alors, habillez-vous de vos beaux costumes d’apparat, et repartez là-bas annoncer notre arrivée. Mais pas en volant, bien sûr... à cheval !

       Une fois vêtus, les trois soldats galopent vers la ville.

      « Que tout le monde s’habille, dit Jacou. Pas de nudité publique ici ! »

      Et le convoi se remet en marche.

      Entre-temps, Dillon et ses soldats arrivent aux portes de la ville.

      Les gardes en faction les arrêtent.

       « Qui êtes-vous ?  demande l’un d’eux.

      - Je suis Dillon d’Ortega, et voici mon escorte.  Nous sommes l’avant-garde du grand convoi qui vient de Durandalem, suite à l'invitation de Sa Majesté l’Empereur Charlemagne ! »

     Celui qui paraît être le chef envoie alors l'un de ses gardes dans la cité. Il revient peu de temps après, accompagné de deux gardes richement vêtus. L'un d'eux est Jean d’Atton, l'un des gardes personnels de l’empereur.

     « Sois le bienvenu, Dillon d’Ortega ! Où sont tous les autres invités ?

    - Ils arrivent d'un moment à l'autre, Jean !... Nous sommes nombreux !

    - Oui, je m'en doute, vu que l’Empereur nous a dit de réserver pour vous toute une aile du palais.  Venez, je vais vous montrer ! »

     Et une fois mis pied à terre, les quatre gardes se dirigent vers le palais impérial.

     « Voilà ! tout ce grand bâtiment sur trois niveaux vous est réservé, ainsi que toute cette cour, qui sera clôturée une fois que vous y serez. L’Empereur, soucieux votre confort, vous permet de vivre ici suivant vos préceptes de nudité. Et au bout du bâtiment, des thermes privés sont à votre disposition... Mais j’entends le signal d'un cor, c'est sûrement votre convoi qui arrive. Allons à sa rencontre ! »

      Le convoi arrive, effectivement. Devant le chariot de tête, Jacou, en tenue d’apparat, se tient majestueusement sur son cheval.

     « Bienvenue, Maître Jacou !  dit Jean.

     - Merci, Maître d’Atton !

     - Vous allez suivre Dillon, il va vous montrer vos quartiers. »

      Dillon remonte sur son cheval et dit au convoi de le suivre.

      Le convoi s’ébranle, et le voilà bientôt dans la grande cour devant le bâtiment. On range les chariots le long du bâtiment, on dételle les chevaux.

      Sitôt les chariots rangés, une brigade d’ouvriers glissent d’immenses panneaux qui occultent la cour à la vue de la cité.

    « Que signifie ceci, Dillon ? s'inquiète Jacou. On nous enferme ? 

     - Non, rassure-toi, il n’y a rien à craindre. Sur ordre de l’Empereur, nous sommes ici chez nous, tout le bâtiment est pour nous, et nous pouvons vivre nus ici dans cette cour et dans tout le bâtiment ! »

     -  Superbe ! Allons visiter notre domaine... »

     Et il pénètre dans le bâtiment. Au rez-de-chaussée, un grand office équipé pour nourrir plus de cent personnes. Une brigade de personnel attend. Et à côté, de grandes écuries, largement suffisantes pour loger tous les chevaux ! Là aussi, du personnel attend.

     Au premier niveau, des grandes salles meublées, et trente appartements confortables. Au deuxième niveau, rien que des appartements. Il y en a soixante, assez pour loger tout le monde. Et toute une équipe de filles de salle...

       Alors, Jacou redescend et se déshabille devant les villageois.

      « Eh oui, ici, nous allons pouvoir vivre nus ! Vous allez décharger tous les chariots. Les offices sont ici à droite. Vous prendrez chacun un appartement, un par couple, les petits enfants avec leurs parents. Guillaume et Alphonse vont vous donner vos appartements. Les enfants des vétérans, deux par chambre. Les orphelines aussi. Une fois tout le monde installé, rendez-vous dans la cour !

       Jean d’Atton arrive, nu lui aussi. Il annonce aux invités que d'ici une heure, l'Empereur va venir les saluer.

      « Ici au fond, précise Jean, vous avez un sas d’habillage-déshabillage qui communique avec le reste du palais. La porte est gardée jour et nuit par nos gardes, et nul ne peut entrer habillé sans votre consentement.  Ce serait bien que vous ayez aussi des gardes de votre côté. Nous allons en désigner quatre, qui seront à vos ordres !

       - Vous nous avez vraiment bien installés, le remercie Jacou. Nous préparons le repas de ce soir. Crois-tu que l’Empereur et ses gardes pourraient y participer ?

     - Je vais lui en parler... Ce sera sûrement avec joie qu’il acceptera !  Je vous signale qu'à l’office vous trouverez une réserve de vins d’Oche, des coteaux de Mosel, ainsi que quelques alcools des abbayes environnantes. Bon, je vais voir l’Empereur, et je reviens avec lui ! »

Le personnel du palais de l’Empereur

 

     Dans les écuries, les chevaux seront bien traités. Pour s’occuper d’eux, l’empereur a mis des palefrenières et des palefreniers à disposition de ceux du village, qui sont enchantés d’avoir de l’aide !

     Les palefrenières et palefreniers d’Oche se présentent.

  « Joséphine de Beauharnais... Paulette d’Emplette... Émilie de Prusse...  Gaëlle de Monfils... Georges de Latour... Didier d'Airdeux...

 - Enchantés ! Je suis Hantz Burg, et voici Nestor Pferd, Vivien Stock, José Pferd et Norbert Burg. Comme vous le voyez, nous sommes nus, et vous aussi, vous pouvez être nus. Cela ne pose pas de problème, mesdemoiselles, vous verrez qu’ici tout le monde est nu! »

Alors, les Ochoises et les Ochois laissent tomber leurs vêtements, et se regardent les uns les autres, un peu troublés. Jamais les garçons n’avaient vu les filles nues ! Ils se sentent déjà tout excités...

     « Rassurez-vous, les garçons, dit Hantz, voici une boisson qui efface toute érection  sexuelle pour un temps. Une gorgée chacun, et vous pourrez travailler sereins. Nous aussi, nous sommes des hommes, et nous devons nous tenir correctement devant les dames ! »

    Dans l’office, là aussi, c'est la rencontre avec le personnel mis à disposition...

     « Mais vous êtes toutes nues ! s'étonne celui qui semble le plus âgé.

     - Eh oui, répond Manon, nous sommes toujours nues !

     - Bon, heu, je... Je me présente : Roger Bacchus, chef cuisinier. Et voici mon équipe. Deux cuisinières : Angéla Merkel et Maria Hilfe. Trois commis : Bernadette Soubirou, Jeannot Lapin et Jean Transenne. Et les deux jumelles filles de salle, Marie et Jeanne Masse.

      - Enchantée ! Moi, je suis Manon Germain. Et voici les personnes de mon village qui vont participer à l’élaboration des repas :  Esther Schmit, Josiane Lutz, Pénélope Field, Agnès Fergusson, Ariston Mayer et Paulette Holz. Oui, comme vous le constatez, nous sommes toutes nues. Tout le monde vit nu dans notre village, et sans aucun problème. Et vous aussi, vous pouvez vous mettre nus... N’hésitez pas, vous verrez, c’est très agréable de travailler ainsi ! 

     - Ah, si vous le dites... dit Roger Bacchus. Eh bien, on va essayer ça !

     Et joignant le geste à la parole, il montre aussitôt l’exemple en se mettant tout nu.

     Les trois commis n’osent pas... Depuis qu’ils ont vu les filles de Durandalem arriver nues, ils sont perturbés par des érections incontrôlées. Manon leur donne alors à chacun une rasade de sa potion qui éteint les envies. Aussitôt, les jeunes garçons sentent leur pénis redevenir bien sage.  Ils se risquent alors à tomber les habits. Les voilà nus devant les filles pour la première fois !

     Elles aussi franchissent le pas, et tout le monde sourit de se voir ainsi, en toute simplicité...

     De leur côté, Alphonse Holz et Guillaume Bardot ont pris en charge la distribution des appartements. Ils rencontrent le personnel de service des deux étages.  Les filles de chambre sont huit. Elles aussi, bien sûr, sont très étonnées de voir arriver tout ce monde tout nu !

    « Bonjour mesdames ! Je suis Alphonse Holz, et voici Guillaume Bardot...

     - Enchantées, messieurs !  dit l'une des filles. Mais nous sommes un peu gênées d’être habillées, alors que vous...

    - Ne soyez plus gênées, dit Alphonse, enlevez-les, vos habits. N'hésitez pas, c'est votre Empereur lui-même qui vous y encourage ! » .

     Elles se déshabillent et se présentent :

     « Innés de la Frésange. chef d'équipe... Madeleine de Commercy... Marguerite du Raz... Line de Renauld... Josette de Fine... Nathalie d’Hospital... Georgette le Maire... Fine de Champe... »

    Le technicien en charge des appartements, qui n’a encore rien dit, ne peut s'empêcher de rougir devant ses collègues qu’il voit pour la première fois nues, toutes plus belles les unes que les autres ! Et comme il se doit, ses braies se tendent quelque peu à l'entre-jambe.

     Alphonse sourit, se dirige vers lui, et lui tend la fiole de potion.

     « Bois, tu vas voir... Rien de tel pour soigner les bosses sous les braies ! »

     Le garçon boit, et effectivement, son membre reprend tranquillement sa position de repos.

     « Comment t’appelles-tu ? demande Guillaume.

   - Jacques de Compostelle... Je suis le technicien du bâtiment.

    - Enchanté, Jacques. Maintenant, tu peux te déshabiller...

    Timidement, il enlève ses braies, dévoilant ainsi son anatomie avantageuse aux filles qui lui sourient.

    « Eh bien, c’est parfait. Certes, nous sommes nombreux, près de cent vingt invités.  Mais nous autres Durandalémois, nous sommes très propres, nous avons une hygiène irréprochable ! Vous n’aurez donc pas beaucoup de travail avec nous... »

    Jacou sonne le rappel, conviant tout le monde à descendre dans la cour. L'arrivée de l’Empereur est imminente !

L’arrivée de Charlemagne

 

     Charlemagne fait son entrée par le sas...

   Et au grand étonnement du personnel du bâtiment, il n'est vêtu que de sa couronne ! Jean d’Atton, Pierre de la Lande, Louis de Piennes et Georges de Caunes, les quatre gardes personnels qui l'accompagnent, sont aussi nus que lui, juste parés d'un ceinturon soutenant leur épée.

Quand l’Empereur arrive sur le perron du bâtiment, Jacou s’incline devant lui, imité par tous les habitants du village.

    « Relève-toi, Maître Jacou ! Toi aussi, Robert Schmit, Maître Forgeron de l’Empire !  Et vous toutes, et vous tous, nobles et fiers villageois de Durandalem ! Relevez-vous, relevez-vous ! »

     Sur un signe convenu de Jacou, les musiciens entonnent alors un hymne cher à l’Empereur. Un hymne qu’il avait fort apprécié et applaudi lors de sa visite à Durandalem.

     « Oh, c’est formidable... Tes musiciens sont là ! »

     Dillon à son tour fait un signe... Et les dix soldats vétérans et leur chef s’envolent, se posent, et viennent se placer devant Charlemagne, un genou à terre.

     « Ah, mes braves soldats... Vous qui avez remporté tant de batailles...Soyez honorés !  Demain, en la salle de garde du palais, nous vous rendrons les honneurs qui vous sont dus !  Relevez-vous, braves soldats ! Mais j'aimerais voir si mes invités sont installés correctement ! »

     Et il se dirige vers le bâtiment, suivi de ses gardes, de Jacou et de Dillon.

     Les voici à l’office.  Charlemagne est content de voir que tout son personnel est nu.

     « Merci à vous d’avoir, comme moi, adopté les préceptes de nos invités !

     - C’est un honneur que de vous servir, Majesté, dit le chef cuisinier, et c'est un honneur d’accueillir ces braves de Durandalem ! 

     - Bravo, bravo ! 

      Puis il se dirige vers les écuries, où les palefreniers nus étrillent les chevaux. Étonnés de le voir nu parmi eux, ils s’arrêtent et s’inclinent devant leur Empereur.

     - Très bien, jeunes gens. Bravo pour votre respect des préceptes de nudité de nos hôtes !

    - C’est un honneur que de vous servir nus, Votre Majesté !

    - Très bien ! Continuez...

     Puis il monte aux étages, et rencontre les filles de salle. De ravissantes créatures, auxquelles l’Empereur n’avait jamais accordé jusque-là la moindre attention...

      Bravo, mesdemoiselles ! Cela me fait grand plaisir de vous voir ainsi... Je vous félicite pour votre dévouement !

   - Votre plaisir est le nôtre, Majesté, répond Innés de la Frésange en s’inclinant.

   -  J'ignorais que d’aussi belles jeunes filles travaillaient ici... Je reviendrai tantôt vous voir !

   -  Mais ce sera un honneur que de vous accueillir, Majesté !

     Et Innés s'incline à nouveau.

     Il repart alors, toujours flanqué de ses quatre gardes.

     - Jean d’Atton m'a dit que vous m’invitiez pour le repas du soir...

    - C'est exact, répond Jacou. Ce sera un honneur que de vous avoir à notre table, Votre Majesté !

  - Soit ! j’accepte volontiers...  Mes gardes et moi, nous serons là dans une heure !

 - Eh bien, c’est parfait ! Nous vous attendrons... »

     L’Empereur ressort par le sas, enfile la tunique qu’il avait retirée. Ses gardes se rhabillent aussi, et le sas se referme.

     Dans la grande salle, Jacou donne ses consignes :

     « Vous allez dresser les tables pour cent vingt convives. 

    La table d’honneur sera bien sûr présidée par l’Empereur, deux de ses gardes à sa gauche, les deux autres à sa droite. Moi, je serai en face de lui, avec Robert à ma droite et Dillon à ma gauche. De chaque côté, nos vétérans, avec chacun son épouse ou son compagnon en face de lui.

    Nous procéderons de la même manière avec les notables.

     Une grande table parallèle accueillera les vingt enfants des vétérans et les dix enfants des notables.

      Une table de douze pour les musiciens et leurs familles.

     Une table pour les célibataires : les tailleurs, Jeannette Deir, les orphelines rousses.

     Une table pour les quinze jeunes enfants d’un an à onze ans.

     Une table pour l’intendance : Chantal Iser et Anatole Brett, Marie Brett, Manon Germain et Isabeau, Charles, Jeannot et Jacky Muller, Pénélope Field, Jacques et Jean Martin, Aline Spohr. Les filles de salle et le technicien. Et les cuisiniers et les commis.

     Une table de quatre pour les membres du clergé.

     Une table de douze, enfin, pour le personnel des écuries.

      Voilà, on gardera cet agencement durant tout notre séjour ! »

 

La soirée avec l’Empereur

 

     Le soir venu, l’Empereur arrive, toujours accompagné de ses fidèles gardes.

     Tout le monde est debout devant sa place, et attend que Charlemagne et ses soldats soient installés pour s’asseoir.

  Concocté par les cuisiniers du palais, le repas est un banquet digne de ce nom. De nombreux plats appétissants se succèdent : des hors-d’œuvre, des plats de viandes de gibier et de volaille, des entremets divers, des tourtes et autres quiches farcies. Le tout accompagné de vins de Mosel et de pétillant des régions de Neustrie.

     Charlemagne est enchanté ! Nu à table, loin du lourd protocole qu’un Empereur se devrait d’appliquer, il plaisante, il rit, il boit, il trinque avec les petites gens, ce qu’il ne fait pas d’habitude. Il fait le tour des autres tables pour discuter avec les notables, avec les jeunes...

La table des rousses rescapées de Khan le ravit tout particulièrement. Quelles magnifiques créatures ! Il invite les cinq plus grandes, Gertrude, Berthe, Anne, Claudine et Edeltraud, dans ses appartements ce soir, après le repas.  Si elles le veulent, bien sûr ! Mais elles ne disent pas non...

     « Ce sera un grand honneur que d’être reçues dans vos appartements, Votre Majesté ! »

     Puis il continue son tour des tables, et arrive à celle des huit filles de salle qui lui ont tant plu tout à l'heure.

     « - Je serais ravi de votre visite demain soir !

     - Quel honneur pour nous, qui sommes de petites gens...  dit en s'inclinant Innés de la Frésange.  Soyez assuré que nous n’y manquerons pas !  Mais pour l'heure, nous n’avons pas de vêtements qui soient dignes de votre palais... »

     Jean d’Istres, attablé à côté avec son frère et ses cousins, intervient alors.

     « Si votre Majesté me permet de leur parler…

      - Dites !

     - Demain matin, les filles, vous viendrez à notre chariot, et nous vous confectionnerons des tenues dignes d'une visite à Sa Majesté ! »

   - Je ne crois pas vous connaître, messieurs, l'interrompt Charlemagne. Vous êtes de Durandalem ? »

     - Non, votre Majesté. Nous sommes des marchands d’étoffes de Lugdon.  Nous venions faire commerce à Oche quand des pillards nous ont attaqués.  Ils ont voulu aussi attaquer le convoi de Durandalem ! 

     - Ils ont dû le regretter, ça ! rigole Charlemagne.

     - Certes, mais ils n'ont pas eu le temps le regretter longtemps, ils ont tous péri ! Puis Maître Jacou et toute la communauté nous ont recueillis, ils nous ont sauvé la vie ! Nous sommes éternellement redevables, et ce sera un honneur que d’habiller ces jeunes filles afin qu'elles visitent Votre Majesté !  Si Votre Majesté nous le permet, nous voudrions aussi vous offrir une tenue digne d'un Empereur. Nous pourrions venir vous suggérer quelques étoffes de Lugdon...

   - Pourquoi pas ? Venez donc me voir demain, quand vous en aurez fini avec les habits de ces demoiselles.

     - Votre Majesté sera pleinement satisfaite, nous vous l'assurons. »

     Le repas se poursuit, l’Empereur retourne à sa place et les musiciens s’installent en face de lui.

     Apollinaire a écrit quelques vers en son honneur, et toute la troupe les a mis en musique. Le moment est venu de les lui chanter !

     « Vous nous avez tous invités
     Dans votre si belle cité
     Tous vos invités sont venus
     Fiers d'être ici, fiers d'être nus !

 

     O grand Empereur sans pareil
     Dans votre plus simple appareil
     Vous avez su nous accueillir
     Cela mérite un air de lyre !

     Nous apprécions ce grand honneur
     Nous savourons notre bonheur
     Sujets comblés de la fierté
     De charmer Votre Majesté !

     Vous savez si bien recevoir
     Nous aimerions tant vous revoir
     Alors chez nous en Austrasie
     Quand vous voulez, revenez-y
     Vous serez chez vous, comme ici ! »

 

       L’Empereur applaudit chaleureusement.

     « Bravo Apollinaire ! Bravo mesdames et messieurs les artistes ! Me ferez-vous l'honneur d’animer le bal que nous donnons demain soir, après les cérémonies officielles d’honneur de vos vétérans ?

     - Votre Majesté, l’honneur, ce sera pour nous... L'honneur de vous divertir et de vous faire danser ! chante alors Benami, accompagné de sa lyre à huit cordes.

     - Splendide ! Ah, Jacou, quel beau peuple nous as-tu amené là ! »

     Le repas se termine. Charlemagne prend congé, suivi de ses gardes, et se tourne vers la table des jolies rousses :

     « Mesdemoiselles, n'oubliez pas, je vous attends dans mes appartements, après ma visite aux gens du palais !

     - Je les y conduirai moi-même, Votre Majesté ! promet Dillon. Dans une heure, elles seront chez vous ! »

  - Merci, Maître d’Ortega ! »

     Et l'Empereur descend et ressort par le sas.

     « Mesdemoiselles, dit alors Dillon, il est temps pour vous de revêtir vos beaux habits confectionnés par nos tailleurs... Rendez-vous en bas devant le sas ! »

     Et il va lui-même revêtir son habit d’apparat de chef de la garde de Charles, embelli par les frères d’Istres et les frères Einstein.

 

 

    Les cinq rousses arrivent en bas, somptueusement vêtues, arborant des ornements d’or dans leur chevelure. Elles ont été subtilement parfumées par Chantal, qui sait bien quel effet ce parfum va faire sur l’Empereur...

     Dillon arrive à son tour. Il a fière allure dans son habit magnifique !

     Ils franchissent le sas. Jean d’Atton les attend pour les guider dans cet immense palais. Sans lui, on se perdrait facilement.

     Les voici devant la grande porte donnant accès aux appartements privés de l’Empereur.

     Jean frappe trois coups du pommeau de son épée. La porte s’ouvre, manœuvrée par deux gardes.

    Charlemagne est là, debout, simplement vêtu d'une ample tunique d’hermine. Quand il voit les filles, il est aussitôt subjugué par leur beauté !

     « Quels somptueux habits ! Comme ils vous subliment ! Vous êtes des créatures de rêve...

     - Ce sont les tailleurs que nous avons recueillis en route qui les ont habillées, précise Dillon.

    - Elles sont merveilleuses ! Et dans ces vêtements elles sont superbes, elles sont, elles sont...

    - Bon, eh bien, je vais prendre congé !  dit Dillon. Jean, viens par-là, j’ai quelques petites choses à te donner...

     Et l’emmenant à l’écart :

   « Je te laisse quelques pommades… Mais rejoignons le groupe... Pourras-tu raccompagner ces demoiselles dans leurs quartiers ?

      - Avec plaisir, Maître d’Ortega ! Et toi, tu vas retrouver seul ton chemin pour le retour ?

     - Oui-da ! Merci ! Eh bien, je vous souhaite une agréable soirée... »

     Et il sort des appartements, et les gardes referment la lourde porte.

     « Maintenant, venez, mes belles, venez avec moi sur ce divan, venez, vous asseoir avec votre Empereur ! »

     Elle s’exécutent. Charlemagne, encore ébloui par leur beauté, hume voluptueusement leur parfum envoûtant. La réaction de son membre est immédiate !...

 

 

     Charles appelle, et tout un bataillon de servantes accourt aussitôt. Équipées de serpillières, de serviettes, de seaux, elles commencent par essuyer les dix participants, quelque peu souillés par leurs ébats, avec des lingettes nettoyantes et parfumées.  Puis elles nettoient les alentours, toutes les taches qui parsèment la pièce. Et elles repartent comme elles sont venues.

     Nouvel appel de Charlemagne. D’autres servantes apportent alors des boissons et des en-cas pour réconforter tout le monde.

     « Et maintenant, dit l’Empereur, je vous invite au bain ! »

     Et ils se rendent dans une grande pièce où un bassin d’eau chaude les attend.

     Ils apprécient cette douce chaleur, immergés jusqu’au cou. Au sortir du bain, il se font sécher par des femmes équipées de serviettes. Pour enfin revêtir, les hommes comme les filles, une épaisse tunique chaude.

     « Mesdemoiselles, vous nous avez donné, à mes gardes et à moi, du bon temps comme rarement nous en avons connu... Soyez-en grandement remerciées !

      - Ce fut un réel plaisir pour nous aussi, dit Edeltraud. Nous avons follement joui... Qu'ils nous paraissent loin, maintenant, tous ces viols infâmes que nous avons dû subir ! Néanmoins, nos intimités ont été quelque peu bousculées... Et nous irons consulter nos médecins afin de calmer les élancements que toutes nous ressentons !

     - Croyez bien que j’en suis sincèrement désolé...

     - Oh, vous ne devez pas, dit Berthe. C’était vraiment trop bon ! Et si c’était à refaire, nous serions bien évidemment prêtes à recommencer ! »

     Et les autres filles d'acquiescer.

     « Vous êtes des chouettes brins de filles, les rousses ! dit alors Jean d’Atton. Si vous le voulez bien, je vais maintenant vous raccompagner dans vos quartiers.

     - Volontiers ! Le temps de nous rhabiller... »

     Charlemagne alors embrasse chacune d'elles sur le front.

     « Allez, mes belles, vous êtes soldates de l’Empire, maintenant, et nul ne pourra désormais vous faire du mal... Ainsi ai-je décrété ! »

     Une fois rhabillées, elles suivent Jean d’Atton, qui les guide jusqu’au sas. Les voilà de retour dans le bâtiment des Durandalémois.

     Sitôt dans leurs appartements, elles font venir Marie et Chantal qui savent déjà quoi faire avant même de les ausculter. Les pommades de Chantal les soulagent immédiatement.

     Marie dit alors :

     « Vous devriez maintenant faire abstinence pour un ou deux jours.

     Chantal leur donne une potion à boire.

     « Cela va vous aider à dormir.  Demain, vous vous sentirez en pleine forme...  Bonne nuit, les filles ! »

     Et chacune s’en retourne dans son appartement.  Tout le bâtiment est calme, on n’entend que le bruit des pas de Marie et de Chantal sur le gravier de la cour. Les gardes de Charlemagne veillent au repos des invités...

Les festivités d’Oche

 

  • Les tailleurs à l'honneur

 

     C'est ce soir que les filles de salle doivent rendre visite à l'Empereur !

     Ce matin, elles vont essayer leurs nouvelles tenues.

    Les huit filles, Innés de la Frésange en tête, se présentent donc chez les tailleurs. Elles se sont enveloppées dans des tuniques. Il fait un peu frisquet ce matin.

     Les deux frères d’Istres les accueillent. Leurs cousins Einstein sont dans l’autre chariot, occupés à faire du rangement et à préparer l’atelier de couture.

     « Bienvenue, mesdemoiselles ! Nous allons vous draper comme il se doit ! Vous allez entrer, l’une après l’autre, et nous ferons des essais sur chacune, par rapport à votre peau, à vos cheveux, à vos yeux… »

     Innés entre la première.

     Jean d’Istres la déshabille.  Il résiste à grand-peine à l'envie de palper ces seins qui lui font gonfler les braies ! Il se reprend vite, trouve l’étoffe assortie à Innés, place quelques aiguilles pour faire une couture…

       Même rituel pour chaque fille.  Et quelque temps plus tard, les huit costumes sont terminés.

     Il ne reste qu’à coudre, les cousins Einstein vont s'en charger tantôt.

     Les filles attendent dehors dans la cour. Il y fait bon, maintenant. Certaines en profitent et se sont mises nues.

     Une fois cousus tous les vêtements, les deux Einstein sortent de leur chariot.

     « Si ces demoiselles veulent bien s’approcher… »

     Et à l’appel de leur prénom, qui est épinglé sur chaque habit, les filles prennent tour à tour possession de leurs tenues.

     Toutes sont ravies ! Jamais elles n’avaient porté d’aussi beaux tissus, d'aussi beaux vêtements ! Elles sont enchantées, et remercient les quatre tailleurs.

     Les frères d’Istres et les frères Einstein sont contents du résultat.

     « Pour sûr, l’Empereur va les trouver magnifiques, ce soir !  dit Jean. Mais n'oublions pas qu'il nous a accordé une entrevue. Allons le voir ! »

     Ils passent le sas et s'annoncent.

     « Nous sommes les tailleurs. L'Empereur nous attend !

     Un des gardes en faction va se renseigner. Il confirme.

     - C'est exact, l’Empereur va vous recevoir dans la grande salle. Pour l'heure, il reçoit ses conseillers, et vous demande d’être discrets. »

     Ils y vont donc tous les quatre, les bras chargés d’étoffes de soies rutilantes, attendant un signe de Charlemagne.

     « Maintenant, mes chers conseillers, dit soudain Charles, veuillez patienter. J’ai une petite séance d’essayage avec mes tailleurs !  Mais nous avons déjà discuté de l’essentiel... »

    Faisant signe aux tailleurs de s’approcher, il donne sa couronne à un valet, laisse tomber sa tunique d’hermine, et la tend à un autre valet.

     L’Empereur nu devant eux ! Ses conseillers sont choqués...

    L'un d'eux ose un timide « Votre Majesté n’est pas culottée... »  tout en baissant son regard vers le sol. Mais d'un geste de la main, Charles balaie cette remarque.

     « Allons, approchez, mes tailleurs, habillez-moi comme il sied à un Empereur ! »

     Et tandis que les conseillers détournent leurs regards, les cousins ont tôt fait de trouver les couleurs et les motifs qui vont le sublimer. Après quelques coups d’aiguille rapides et quelques coups de ciseaux, l’Empereur se retrouve magnifiquement habillé de soie.

     « Alors, mes conseillers... Regardez, maintenant. Ne tournez plus la tête ! Comment me trouvez-vous ? »

    Risquant un œil, ils sont aussitôt éblouis par un Empereur à barbe blanche plus rayonnant que jamais. 

    « Votre Majesté, vous êtes, vous êtes…balbutie un conseiller admiratif.

    - Sire, s'extasie un autre, vous êtes… resplendissant de grâce et de beauté !... Vous êtes le soleil d’Oche ! Le soleil de l’Empire ! »

     - Merci, mes chers conseillers, merci ! Je vous rappelle que nous revoyons demain pour la cérémonie de la chapelle... »

     Puis se tournant vers les tailleurs :

  « C’est de la belle ouvrage, messieurs ...Vous êtes vraiment des magiciens des étoffes !

   - Votre Majesté est trop bonne !  C’est notre métier que de mettre en valeur nos clients, et nous sommes honorés d’avoir pu le faire avec l’Empereur en personne !

   - J’ai pu aussi apprécier votre travail sur les costumes des filles que j’ai reçues hier au soir... Je vous nomme Maîtres Tailleurs de l’Empire, et de l’Empereur ! Si vous voulez, vous pouvez vous établir ici, au palais, et ouvrir une échoppe impériale. Je vous donnerai tous les blancs-seings pour le faire. »

     Les quatre cousins n’en espéraient pas tant...  Les voilà Tailleurs de l’Empereur !

     « Ah ! dit Jean, heureux destin que d’avoir rencontré ceux de Durandalem !  Nous acceptons volontiers, nous comptions justement nous installer à Oche…

  - Vous voilà  maintenant installés au palais ! Suivez mes gardes, il vont vous montrer une échoppe vide que vous aménagerez à votre guise.  En outre, vous dînerez tous les jours à la grande table du palais ! 

     - Vraiment, nous ne savons pas comment vous remercier, Votre Majesté...

     - C’est déjà fait, messieurs ! Vous avez merveilleusement paré les jeunes rousses d'hier soir, et aussi Dillon... Et je pense que vous avez habillé aussi les vétérans, et les gens de Durandalem ! Ainsi que les filles de salle du palais qui viendront me visiter cette nuit...

    Oui, vous êtes de véritables magiciens ! Et c’est moi qui vous remercie d’accepter de rester... En tant que Tailleurs de l’Empire vous allez toucher une rente,  de douze deniers, soit un sou par jour et par personne.  Cela compensera toutes les faveurs vestimentaires que je vous ai demandées, et que je vous demanderai encore ! »

     « Une fortune ! se disent les tailleurs.  Vous vous rendez compte... Douze deniers par jour pour chacun d’entre nous... Dire qu'à Lugdon, à nous quatre, nous gagnions péniblement vingt deniers par mois ! »

      La cloche du beffroi de la tour du palais sonne midi.

     « Messieurs mes tailleurs, vous êtes invités à ma table !

     - Mais ceux du village vont nous attendre, dit Paul, il nous faut aller les prévenir...

     - Que nenni, Jean d’Atton va s'en charger ! »

     Et Jean aussitôt prend la direction du sas pour annoncer la nouvelle aux Durandalémois.  Jacou et Dillon sont évidemment ravis pour les tailleurs... Un honneur amplement mérité !

Ultimes préparatifs

 

    Après le repas de midi, les musiciens répètent dans la cour.

     Dillon prépare la soirée et donne ses instructions aux vétérans.

     « Il va falloir être brillants, nous serons à l’honneur !  Que chacun se repose, mais se repose vraiment. Pas de gaudriole ou d’abus d’aucune sorte ! Face à l’Empire tout entier, que dis-je, face au Monde, vous devrez donner le meilleur de vous-mêmes... Nous sommes attendus pour dix huit heures. Soyez prêts, habillés en tenue. Vos armes doivent êtres brillantes !

À ce soir, donc ! »

    Dillon rend ensuite visite aux rousses qu’il avait laissées hier soir chez l’Empereur.

     « Nous allons bien... C’était une sacré soirée ! lui dit Edeltraud. C'est très gentil de te soucier de nous ! 

     - Mais c’est normal, vous êtes nos anges, nous nous devons de vous protéger ! »

     Puis il monte voir les filles de salle à l’étage.

     « Mesdemoiselles, ce soir, vous êtes les invitées de l’Empereur, pendant le bal. Il s’agira de donner le meilleur de vous-mêmes, et de votre corps ! Avant de vous rendre chez l’Empereur, vous passerez voir Marie, notre médecin, et Chantal, notre herboriste. Elles vous donneront des potions et onguents pour passer une excellente soirée. Vous en garderez sans nul doute un excellent souvenir ! »

      Innés le remercie, un peu troublée par la longueur de son membre au repos...

     Dans la grande salle du palais, les choses vont bon train. On a prévu pas moins de mille convives, ce soir !

     De grandes tables sont dressées. Pour ceux de Durandalem, village privilégié, mais aussi pour les délégations de grandes cités de Neustrie et d’Austrasie, Mettis, Strateburgo, et pour d’autres encore…

     Une grande table accueillera tous les membres du clergé, y compris ceux de la délégation de Durandalem. Elle sera présidée par l’archevêque d’Oche, Monseigneur Michel Mabel.

    Devant les tables, un grand espace est réservé. Pour les hommages, d'abord, et ensuite pour le bal.

    Dans l’office du bâtiment des Durandalémois, Manon s'adresse aux cuisinières et cuisiniers Ochois :

     « Ce soir, nous autres Durandalémois sommes invités à la grande fête au cours de laquelle nos soldats seront honorés par l’Empereur. Vous pouvez bien sûr y assister vous aussi, mais vous êtes libres ce soir de vaquer selon vos envies ! Nous nous revoyons demain matin pour le petit déjeuner. Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne soirée. Dernière chose, conclut-elle en rigolant, pensez quand même à vous habiller si vous quittez le bâtiment ! »

     Et toute l’équipe éclate de rire... Il est vrai que toutes et tous se sont si bien habitués à vivre nus qu'ils pourraient bien oublier de se vêtir !

     Le chef cuisinier décide d'assister aux festivités. Quant à ses aides, ils projettent d'aller boire un coup dans les écuries avec les palefreniers...

       Dans les écuries, Hantz tient le même discours.

   Plutôt que de se rendre à la fête, les cinq palefrenières et palefreniers préfèrent rester dans les écuries.

     « Nous grignoterons des choses que nous prendrons à l’office, dit Joséphine, puis nous passerons un gentil petit moment avec les commis de cuisine, bien tranquillement, parmi nos amis les chevaux... ».

     Le clin d’œil qu'elle lui adresse laisse comprendre à Hantz que ce soir, ils joueront sans doute à autre chose qu'aux dés !  Il s'en va donc voir Chantal, lui explique la chose, et revient aux écuries avec tout un assortiment de fioles et d'onguents.

     Il est bientôt dix huit heures. Parées comme des princesses, toutes les Durandalemoises arrivent au palais en montant les grands escaliers d’honneur, au son éclatant des buccins, cors et trompettes.

      Elles sont guidées vers les tables où elles s’installent. Suivent leurs époux et leurs enfants, qui eux aussi sont installés à table.

     Les enfants seront pris en charge par le personnel du palais, permettant ainsi aux mamans de participer pleinement à la fête.

     Puis viennent les délégations des villes de l’Empire, toujours annoncées une à une à grand renfort de trompettes.

     Toutes les tables sont occupées, mis à part la dernière, celle de la délégation du clergé, encore incomplète.

     En coulisse, les vétérans en costumes d’apparat, Jacou, Chantal et moi-même, dans nos costumes confectionnés par les tailleurs pour la circonstance, nous attendons d’être appelés.

     Les rousses qui ont fait tant de bien hier au soir à l’Empereur sont là aussi, dans de somptueuses tenues, ainsi que nos nouveaux Tailleurs de l'Empire, tout aussi somptueux... Bref, la soirée s'annonce somptueuse !

 

Le discours de Charlemagne

 

    Soudain, une sonnerie de trompette plus forte que les autres interrompt le brouhaha ambiant.

    Puis Apollinaire et ses musiciens prennent le relais. Une musique lyrique s'élève, assortie de chœurs chantés. Charlemagne, Empereur de l’Empire Romain d’Occident, fait son apparition. Il s'avance, majestueux, encadré par ses gardes magnifiquement vêtus. Béate d’admiration, toute l’assistance s’est levée.

     S'installant sur son trône, il fait signe à tout le monde de se rasseoir.

     Il se penche vers son majordome qui lui murmure le programme, se lève, et dit :

     « Sujets de l’Empire, je vous présente... l'avenir ! »

     Sur un signe, les cinq rousses avancent et mettent un genou à terre devant lui.  Il remarque la magnificence de leurs vêtements.

    « Mesdemoiselles, debout ! »

     Elles se lèvent.

    « Tournez-vous vers l’assistance ! »

    Elles se tournent alors. Impressionnées, elles regardent l’assistance, près de mille personnes !

   « Sujets de l’Empire, voici cinq des douze filles qui ont été délivrées du joug d’un guerrier farouche, sanguinaire et redouté, Khan le terrible !  Elles étaient ses esclaves ! Leurs petites sœurs sont parmi l’assistance... »

     Et les sept jouvencelles rousses de Durandalem se lèvent.

   « Elles ont été libérées par des héros !  Des héros qui jadis étaient ma garde personnelle ! Des héros qui, à eux seuls, ont décimé toute l’armée de Khan... Leur chef, Dillon d’Ortega, était aussi le chef de ma garde personnelle lors de nos conquêtes. Sujets de l’Empire, ces héros... Les voici ! »

    Dillon entre dans la salle, sous les applaudissements de l’assistance.

      « Et voici Alix Holz, Xavier Stamm, Charles Kauf, Achille Gouvy, Armand Capes, Le Borgne et François Bauer, Gabin Fleich, Hugues Schaff et Joseph Brett... Ses dix vaillants soldats, tous issus de milieux paysans d’Austrasie ! »

     Quand ils apparaissent dans leurs magnifiques costumes, arc et carquois de dix flèches en bandoulière, avec une couleur pour chacun, les applaudissements redoublent.

  « À eux seuls, ils ont éliminé une grande menace pour l’Empire, décimant près de cinq cents ennemis !  Sujets de l’Empire, vous vous demandez comment ils ont réussi cet exploit ?  Eh bien, ils vont vous montrer ! »

     Dix cibles passent à grande vitesse au-dessus des tables.

     Les onze vétérans, comme un seul homme, s’élèvent alors dans les airs, suscitant un « Hoooooo ! » général. Ils décochent chacun leurs dix flèches, à très grande vitesse, dans chacune des dix cibles qui passent.

     Puis, leurs carquois vides, ils redescendent sur le sol, ensemble, sans bruit. Les dix cibles sont amenées au centre de la pièce. Dans chacune sont fichées onze flèches, toutes de couleurs différentes. Après un moment de silence, l’assistance applaudit à tout rompre ces merveilleux soldats volants !

    « Sujets de l’Empire ! Par ma volonté, ces dix soldats sont nommés Capitaines d’Honneur de l’Empire Romain d’Occident ! Et leur chef Dillon d’Ortega est nommé Général Honoraire de l’Empire Romain d’Occident ! »

    « Sujets de l’Empire ! L'homme qui a permis à ces soldats de voler, non, ce n’est pas un sorcier comme vous pourriez le penser. Non, rien de surnaturel dans tout cela... Cet homme est un savant, un médecin, un chercheur, qui a su tirer de la nature tout ce qu’elle pouvait offrir ! Et avec l’aide de sa fidèle herboriste, la savante Chantal Iser, il a trouvé le moyen de vaincre les forces qui nous retiennent au sol ! Sujets de l’Empire ! Je vous présente le grand médecin Maître Jacou Artz et l’herboriste Chantal Iser ! »

     Jacou s’avance dans son costume somptueux, suivi par Chantal tout émue d’être sous les regards de tant de personnes.

     Les applaudissements n’en finissent plus !

    « Sujets de l’Empire, Par ma volonté, Maître Jacou Artz est nommé Grand Maître Médecin de l’Empire Romain d’Occident.  Chantal Iser est promue au titre de Maîtresse Erudite des Sciences de l’Empire Romain d’Occident.  Elle est la première femme à accéder à un si haut niveau de reconnaissance de l’Empire ! »

    « Sujets de l’Empire ! Ce village, Durandalem, dont le Grand Maître Médecin Jacou Artz est le bourgmestre depuis quarante ans, est aussi le berceau d’une arme que j’ai chérie pendant de nombreuses années... Et cette arme, c'est la Durandal !  L'épée magique qui m’a permis de remporter tant de victoires... Durandal forgée dans un matériau céleste tombé à Durandalem... Durandal a été conçue et réalisée par un génie ! Sujets de l’Empire, je vous présente Robert Schmit, le Grand Maître Forgeron de l’Empire Romain d’Occident ! »

     Je m’avance en saluant la foule qui m’applaudit sans faiblir.

   « Sujets de l’Empire, cet homme a conçu et construit, dans son village de Durandalem, d’innombrables machines et dispositifs qui ont grandement amélioré la vie des habitants... De l’eau courante et des douches d’eau chaude dans chaque foyer... Des thermes à rendre jalouse notre ville d’Oche, pourtant réputée pour ses thermes... Des machines automatiques qui ouvrent et ferment les portails des remparts du village, ou qui pompent l’eau, ou qui moulent le grain du meunier !

     Une chariote autonome à vapeur, qui m’a transporté sans effort en plein hiver au chaud sur des lieues, et qui peut transporter quinze personnes à l’abri des intempéries, même nues ! Un clocher qui sonne les heures sans assistance d’un sonneur...  Des machines qui lavent le linge, la vaisselle... Des chambres froides qui, même en été, font de la glace ! Des systèmes de pompage et de chauffage, garantissant de l’eau toute l’année, et du chauffage dans toutes les demeures, même quand il gèle à pierre fendre !  Oui, sujets de l’Empire, je le répète... Cet homme est un génie ! Je vous demande de faire un ban pour Durandalem et pour ses habitants ! »

     Les villageois se lèvent.

     Les applaudissements ne s’arrêtent pas, et quand l’Empereur lui-même se lève pour applaudir, tout le monde l'imite !

La nudité à Oche

 

     Charlemagne poursuit...

« Sujets de l’Empire, des rumeurs courent, m'a-t-on rapporté, selon lesquelles des gens seraient nus dans le palais impérial ! Eh bien oui, je confirme. C'est la stricte vérité !  

     Sachez que le peuple de Durandalem vit nu chez lui toute l’année, et qu'ils font de même ici, dans les quartiers que je leur ai réservés ! C'est moi qui ai déclaré officiellement ce village nudiste, voici déjà trente-deux ans, alors que je n’étais encore que roi des Francs de Neustrie et d’Austrasie...

     En revenant de Rome cet hiver, je suis repassé à Durandalem. J’ai été reçu mieux qu’un Empereur. Et j’y ai séjourné, nu, ainsi que toute mon armée ! Nous avons appris l’hygiène corporelle, nous l'avons pratiquée. Une hygiène indispensable pour vivre nu, et pas seulement dans les thermes... Nous avons aussi appris à maîtriser nos pulsions, nous sommes devenus plus humains ! Oui, la nudité en commun est saine ! 

     En conséquence, sujets de l’Empire, je déclare aujourd’hui que la nudité publique, associée à une hygiène correcte, n’est plus interdite dans la cité d'Oche, et dépassera dorénavant les limites des thermes. Sa pratique sera réglementée par décret, et nul ne pourra blâmer ou brimer quelqu’un sous prétexte de nudité ! 

     Par contre, les exhibitions sexuelles les actes ou signes ostentatoire sexuels seront sévèrement réprimés... Les agressions sexuelles, les viols, seront punis d’émasculation ! 

     Ce soir, vous avez pu constater que les habitants de Durandalem se sont vêtus, pour ne point vous offusquer... Et vous avez sans doute admiré leurs costumes rutilants, tous plus beaux les uns que les autres, ainsi que mon impérial vêtement ! 

     Eh bien, apprenez que tous ces merveilleux habits sont les œuvres de quatre hommes, de quatre tailleurs sauvés des pillards voici deux jours sur la route d'Oche. Quatre tailleurs sauvés par le Général et les Capitaines d’Honneur de l’Empire Romain d’Occident... Sujets de l’Empire, je vous présente Pierre et Paul d’Istres et Albert et Alfred Einstein, que j'ai nommés Maîtres Tailleurs de l’Empire Romain d’Occident, et qui sont désormais établis dans le palais impérial... »

     Les quatre hommes s'avancent alors, sous des bravos sans fin.

 

Le banquet

  

      Une fois calmés les applaudissements, Charlemagne conclut :

     « Chers sujets de l’Empire, assez parlé. J’ai soif, j'ai faim, et vous aussi, sans nul doute ! Alors, maintenant... buvons et mangeons ! »

     C’est le signal pour Apollinaire et ses musiciens. Ils viennent s’installer devant Charlemagne et commencent à jouer des airs légers, agréables à l’oreille, plus doux que les trompettes et autres buccins !

     « Sujets de l’Empire, pour notre plaisir... voici les musiciens de Durandalem ! »

     Et une nouvelle ovation s'élève de l’assistance épatée.  Décidément, que de ressources humaines dans ce village...

     Le banquet est grandiose ! Des centaines de plats arrivent et repartent, le vin coule à flot. Tout le monde est vite rassasié !

     Certes, quelques-uns sont trop vite soûls... Mais Jacou a fait distribuer par les soldats des potions qui dessoûlent. Ils ont rétabli ceux qui partaient en vrille !

 

     Pendant ce temps, dans les écuries, on s’organise au mieux.

      Tandis que les palefrenières dressent la table, les garçons préparent de grandes litières de paille, et les commis de cuisine apportent la nourriture qu’ils trouvent dans l’office.

      Les neuf filles et les cinq garçons s’installent autour de la table. Bientôt rassasiés, ils aspirent à d’autres nourritures, plus intimes !...

 

Le bal

 

     Au Palais, le bal a débuté.

     Apollinaire et sa troupe entraînent les sujets de l’Empire dans de folles rondes et farandoles endiablées qui amusent tout le monde.

     L’Empereur est heureux, sa soirée d'hommage est une réussite !

     Il attend maintenant des nouvelles des filles de salle. Elles devaient être là dès le début du bal. Les voici justement qui arrivent, drapées dans leurs somptueux costumes de soie. Charlemagne est ébloui par tant de grâce et de beauté ! Comment a-t-il pu ignorer si longtemps ces trésors dans son propre palais ?

       Innés et ses sept compagnes se prosternent devant Charlemagne.

     « Bonsoir, Votre Majesté !

     - Relevez-vous, mes anges... Vous êtes ravissantes... Ah, les Maîtres Tailleurs de l’Empire ont bien fait les choses ! Vous allez suivre mes gardes. Ils vont vous conduire dans mes appartement privés, où une collation vous sera servie. Je vous rejoindrai tantôt ! »

      Et, emboîtant le pas des quatre gardes, les filles arrivent dans les appartements impériaux.

    « Mesdemoiselles, leur dit Georges de Caunes, installez-vous à cette table, mettez-vous à l’aise, ... Vous pouvez enlever vos vêtements ! 

     - Si cela ne gêne pas Sa Majesté, répond la jeune rousse Fine de Champe, nous aimerions que ce soit lui qui les enlève !

    - Je vois que vous savez à quoi vous attendre, dit Louis de Piennes.  Soit ! mais nous l’aiderons à vous déshabiller ! »

    - Oh, vous savez, lui répond Madeleine, il suffit d’un bouton ! » 

Joignant le geste à la parole, d’une main, elle défait le bouton dans son cou... Et la belle tunique de soie tombe à ses pieds, dévoilant un corps magnifique. De beaux seins gros et ronds, et une toison dorée qui cache à peine les grandes lèvres de sa vulve.  Puis elle ramasse la tunique, et la reboutonne sur son cou.

     « Ah ! Il va sûrement aimer cela ! » dit Pierre de la Londe.

     Après avoir donné des directives à ses conseillers et à son majordome au sujet du bal, Charlemagne s’en retourne dans ses appartements. Les filles sont en train de déguster un nectar de vin qu’elles n’auraient jamais espérer goûter ! Jean d’Atton emplit un verre et le tend à l'Empereur.

     Alors Innés lève son verre et s'écrie :

     « Longue vie à l’Empereur ! »

     Et toutes et tous répètent en chœur : « Longue vie à l’Empereur ! »

     « Merci mesdemoiselles, merci messieurs !  Mais cessons là les formules protocolaires...  Je suis un homme, vous êtes des femmes.  Et bien évidemment, la nature veut que nous les hommes soyons attirés par les femmes ! N’est-ce pas, messieurs mes gardes ?

      - C’est vrai, acquiescent-ils tous les quatre, il en est ainsi !

     - Venez, mesdemoiselles. Videz votre verre et approchez... »

     Les filles alors vident leurs verres, les posent sur la table, et s’approchent, entourant l’Empereur.

     « Messieurs, ordonne Charlemagne, déshabillez-les ! ».

     Et les gardes passent derrière les filles, et leur main sur un bouton, ouvrent ensemble les tuniques qui chutent au sol, dévoilant d’un coup les huit corps.

   L’Empereur est ébloui et pousse un « Wouahou ! » admiratif.

   Innés la rousse, a des gros seins pointus, des tétons tout pointus aussi, et une minuscule toison rouge coupée ras.

     Madeleine, qui s’est déjà montrée tout à l'heure aux gardes, montre à Charlemagne ses beaux seins ronds et sa toison dorée.

     Marguerite, rousse aussi, a des petits seins bien fermes, et le pubis bien épilé.

     Line, de longs cheveux bruns couvrant ses seins ronds, a une belle toison brune très dense, très fournie, qui descend entre les jambes et dissimule toute son intimité.

     Nathalie est une grande blonde avec de gros seins, des tétons larges et rouges, et une toison dorée sculptée en V.

     Georgette est une rousse bien potelée, avec de gros seins, une toison rousse abondante, un fessier généreusement rebondi et de bonnes cuisses dodues mais fermes.

     Josette, elle, est très fine, ce qui la fait paraître encore plus grande que ses six pieds deux pouces. Cheveux bruns coupés courts, toison brune tondue très rase.

…Et les corps se rapprochent…

 

     Une fois les derniers soubresauts terminés, les gardes, toujours debout, disent au filles de les emmener au bain, à côté. Elles les aident alors à marcher, ils n’y arrivent plus tout seuls ! Dans l’eau bien chaude, elles les nettoient, et se nettoient aussi, sortant moult matière gluante qui coagule dans l’eau chaude.

      Enfin, une fois bien savonnées, elles sortent du bain, et après avoir aussi bien savonné les gardes, elles les sèchent et les frottent énergiquement, les revigorant quelque peu.

     Puis elles changent l’eau du bassin, le nettoient, le remplissent à nouveau d’eau bien chaude, et vont chercher l’Empereur, toujours endormi. Et à huit, elles le portent jusque dans le bassin pour le laver lui aussi. Il gémit un « Mmmh !» de plaisir dans l’eau chaude, et se réveille doucement, entouré des huit filles qui le frottent délicatement.

     Puis elles le mettent debout, l’aident à sortir du bassin, et chacune, munie d’une serviette chaude, le frotte pour le sécher. Une fois l'Empereur sec, elles le rhabillent, et l’emmènent s’asseoir à table, pour qu'il se sustente quelque peu et reprenne des forces.

     Les gardes toujours nus sont déjà attablés, et dévorent... Jamais ils n’ont été aussi agréablement affamés ! Charlemagne lui aussi mange et boit de fort bon appétit. Les filles toujours nues trinquent avec lui.

 

     Au palais, le bal touche à sa fin, les musiciens ont annoncé leur dernier morceau.

     Un majordome vient frapper à la porte des appartements de l’Empereur. Il annonce à Sa Majesté que le bal va s'achever, puis repart.

     Les filles et les gardes alors se rhabillent, et tous ensemble, Charlemagne en tête, ils descendent dans la grande salle.

L’Empereur s'adresse une dernière fois à l'assistance.

     « Chers sujets de l’Empire, dormez bien...  Je vous rappelle que demain nous inaugurons la nouvelle chapelle. Soyez présents pour ce grand hommage à Dieu ! »

     Les uns après les autres, les convives quittent la salle. Les Durandalémois repassent par le sas pour regagner leurs appartements.

     Leurs costumes sont certes magnifiques, mais toutes et tous sont bien contents de retrouver leur tenue de peau !

     Hantz descend aux écuries, mais ne voit que des garçons et des filles endormis. Il les laisse ainsi, les protège avec des couvertures pour la nuit, et souffle les bougies. 

     Les filles ont pris congé de l’Empereur, qui a tenu à les accompagner jusqu’au sas. Elles demandent à Marie et Chantal des potions calmantes, et s’en retournent dans leurs chambres, tout au bout des appartements.

     Chantal passe les voir et leur donne à boire une tisane qui les endormira et les remettra d’aplomb.

La consécration de la Chapelle

 

     Un peu avant quatorze heures, l’Empereur arrive. Du regard, il interroge Jacou. Avec un sourire, Jacou opine du chef. Charlemagne est ravi ! Il entre dans la chapelle. La musique commence, les chœurs entonnent des chants célestes.

     Charlemagne s’installe sur son trône sur le côté de la nef, et le clergé fait son entrée.

     L’Archevêque de la cité d’Oche, Monseigneur Michel Mabel, préside la consécration, qui est ordonnée par le Cardinal Dété, en tête du cortège.  Il est secondé par les abbés Paul Nédictine et Georges Résina.

   Suivent Monseigneur Denis Dyver l'évêque de Mettis, les abbés Marc de Frisko, et Sylvain Cédère, ainsi que l’évêque de Strateburgo, Monseigneur Michel Ekha, avec les abbés Stéphane Yrod et Noel Tisumène... Ils s'installent de chaque côté du chœur de la chapelle.

   Ferment la marche l’archiprêtre Léon Lélène, dirigeant de l’Abbaye d’Oche, l’abbé Benoît Cassine, l’archiprêtre Simon de Beauvoir et l’abbé Jean Christian, de l’Abbaye des Glandières, et Charles Higgins de Durandalem. Ils se placent en éventail devant l’autel.

     Les musiciens entament un morceau de musique en fond sonore. Le cardinal déclame des textes en latin ponctués par les "amen" des évêques.

     L’archevêque, muni d’un seau et d’un goupillon, fait alors le tour des murs de la chapelle, aspergeant de-ci de-là, récitant à voix basse des incantations auxquelles répondent les abbés Nédictine et Résina, qui le suivent pas à pas.

     Puis il retourne au fond du chœur, et les chants recommencent, tandis que le cardinal prend le goupillon, et fait mine d’asperger les fidèles réunis dans la chapelle, qui psalmodient un ’’amen’’.

     Puis tout le monde s’assoit. L’Empereur désigne un lecteur, chargé de raconter l’histoire de cette chapelle, première étape d’une plus grande église qui fera partie intégrante du palais.

     Après ce discours - un peu long et lassant il faut bien le dire - l’Empereur fait signe à la chorale de chanter l’hymne de fin de cérémonie. Les membres du clergé, cardinal en tête, sortent de la chapelle et se dirigent vers le palais, accompagnés par les chants et la musique d’Apollinaire et de ses musiciens.

     Charlemagne ferme la marche, suivi de ses gardes, des vétérans, et des notables.

     Les sujets de l’Empire qui les attendaient à la sortie les acclament :

     « Vive le pape ! Vive le cardinal ! vive les évêques ! vive l’Empereur ! »

  

Les massages du clergé

 

  L'envoyé du pape, le cardinal Monseigneur Dété, est fort satisfait de la cérémonie. Suivi des autres ecclésiastiques, il gravit les marches du palais, le sourire aux lèvres.  Il ne sait pas encore que l’Empereur leur réserve une belle surprise !

     Jacou fait signe à Innès de passer par le sas, et d’attendre devant la salle.

     Charlemagne, devant la salle, s’adresse alors au clergé.

     « Vos corps ont été sûrement fort éprouvés par tous les longs trajets que vous avez dû faire pour venir jusqu'ici... Réparons cela. Voici des masseuses qui vont en prendre soin. Entrez, elles sont prêtes à s’occuper de vous ! »

    L'Empereur, le cardinal, les évêques et les abbés, la mine toute réjouie, pénètrent dans la grande pièce où sont disposées seize tables de massages.

  « Votre Majesté, dit Madeleine, déshabillez-vous, allongez-vous ! Je vais vous masser…»

     « Allongez-vous, messieurs, dit Innés, retirez vos vêtements sacerdotaux, nous allons vous masser ! »

   Pour faire le compte, elles sont rejointes par Agnès et Angèle Hune, Valérie Burg, Gertrude, Berthe, Anne, Claudine et Edeltraud.

    À l’aide d’une pommade préparée par Chantal, elles s’enduisent les mains, et commencent toutes ensemble à masser les cous, les poitrails et les ventres.

 

     « Messieurs, propose l’Empereur. je vous convie maintenant au bain, cela nous fera le plus grand bien ! »

     Les filles aident les hommes à se lever, et les emmènent dans le grand bain, où elles entreprennent de les nettoyer avec beaucoup d'application !

     Une fois tout le monde propre et séché, Charlemagne convie ces messieurs à une collation reconstituante dans la pièce juste à côté. On y a dressé une grande table garnie de victuailles et de vins fins.  Ils se remettent, ils mangent et boivent de bon appétit. Les filles bien sûr se régalent aussi, tout en faisant le service. Elles sont restées nues, pour le plus grand plaisir des yeux de ces hommes, qui n’ont certes pas beaucoup d’occasions de ce genre dans l'exercice de leurs sacerdoces !

     Puis le clergé, l’Empereur et les filles se rhabillent. Charlemagne salue les hommes du clergé, qui un à un prennent congé en remerciant grandement l’Empereur pour ces massages on ne peut plus impériaux.

Au moment où les filles s'apprêtent à sortir à leur tour pour regagner le bâtiment, Charlemagne les rappelle.

     « Restez, mesdemoiselles, j'ai encore des choses importantes à vous dire... Mesdemoiselles, vous venez de rendre un grand service à l’Empire ! Grâce à vous toutes, le cardinal ne va pas manquer de m’encenser auprès du pape, qui à coup sûr m'accordera ses saintes grâces pour toutes les années à venir.

     Vous avez eu l’honneur de servir l’Empire. En conséquence, j'ai décidé de vous octroyer dès maintenant tous les droits et privilèges accordés aux soldats de l’Empereur.  Où que vous alliez dans l’Empire, vous aurez toujours droit au respect dû à des Soldates de L’Empire ! 

     Je sais votre situation financière de résidentes de Durandalem, et n’ai donc point de rente à vous verser. Sachez toutefois que si la situation tournait en votre défaveur, l’Empire sera toujours votre obligé.

- C’est un beau cadeau que vous nous faites là, Votre Majesté, dit alors Valérie, et nous vous en serons toujours reconnaissantes ! Vous serez toujours le bienvenu à Durandalem, toujours accueilli avec les honneurs dus à votre rang ! »

     Puis Charles s’adresse aux filles de salle :

     « Mesdemoiselles d’Oche, je vous nomme gouvernantes du palais, des annexes et des dépendances. Vous êtes dorénavant maîtresses de ces lieux, et j'y suis désormais le seul à vous dépasser en grade ! 

     J'octroie à chacune une rente de douze deniers par jour, pour vous permettre de faire vivre décemment vos proches et vos familles. Je vous adjoins aussi une brigade de dix filles que vous formerez aux tâches que vous accomplissiez jusqu’à présent ! Quand nos amis seront repartis, vous prendrez les logements du premier niveau du bâtiment... Mesdemoiselles, encore merci !

     - Votre majesté, répond Innés en s'inclinant, c’est vraiment beaucoup d’honneur ! Sachez que nous resterons à votre service et à votre disposition comme il vous plaira ! »

Les autres filles acquiescent en hochant la tête.

     « Maintenant, Mesdemoiselles, je dois m’occuper des affaires de l’Empire, que j’ai un peu laissées en suspens... Mes conseillers m’attendent !  Allez, et que Dieu vous bénisse ! »

Les Soldates de l’Empire

 

     Et les filles sortent de la salle, passent par le sas, et se retrouvent dans le bâtiment, où elles se dévêtent.

     Dans la cour, elles vont voir Jacou et lui racontent ce que l’Empereur leur a octroyé.

     « C’est magnifique, sourit Jacou.  Nouvelles gouvernantes...Voilà qui va changer vos vies !

     - Oh oui ! répondent les filles. »

     Les rousses aussi sont fières ...

     « Nous sommes des Soldates de l’Empire !  dit Edeltraud.

     - Bravo, braves Soldates... Vous l’avez mérité !

     - Grâce à vous tous de Durandalem !  dit Berthe.

     - Oui, dit Edeltraud, mais maintenant que nous sommes Soldates, il va falloir apprendre à tirer à l’arc ! »

     Dillon, qui a eu vent de leur promotion, accourt et crie soudain, de sa plus grosse voix : « Gaaarrrde à vous, Soldates ! »

     Elles obéissent et se raidissent, quelque peu surprises !

     « Allons, allons, détendez-vous, rigole-t-il.  Et rassurez-vous, ce n’est pas ça que je vais vous apprendre, non  ! Mais je vais vous apprendre...à tirer à l’arc, oui ! Et à vous défendre en cas d’agression, oui, oui  ! 

     Jacou, lui, va vous apprendre à être des ambassadrices du village ! vous accompagnerez les visites officielles de nos représentants dans les autres cités...

    « Oui, dit Jacou, avec votre jeunesse, votre beauté et votre grade de Soldates de l’Empire , vous êtes toutes désignés pour ces missions !

      Quant à vous, Agnès Angèle et Valérie, grand merci pour votre dévouement sans faille. Vous voilà donc vous aussi Soldates de l’Empire. Nous verrons comment officialiser cela aux Thermes... Nous vous trouverons des responsabilités en accord avec votre nouveau titre ! 

     Vous serez vous aussi élèves de Dillon, avec les autres filles. Vous aussi serez ambassadrices, et c'est vous qui accueillerez les grands de ce monde au village et aux Thermes ! Mais pour l’heure, allez toutes vous reposer, et passez voir Chantal et Marie, pour vous faire examiner…» Il conclut en s’esclaffant : « On ne sait jamais, avec les curés ! »

     Et les filles et Dillon rient de bon cœur.

 

Le retour à Durandalem

 

  • Les préparatifs du retour

 

     Lundi 15 avril . La cité d’Oche se réveille dans la joie. La nouvelle chapelle est dotée d’un clocher qui sonne les heures. Ce sont deux préposés aux cloches désignés par l’archevêque qui s'en chargent.

     Après un moment de recueillement dans la chapelle, les membres du clergé invités se préparent à retourner dans leurs diocèses respectifs. Sur le parvis du palais, l’Empereur s'adresse aux protagonistes de la cérémonie.

     « Monseigneur Dété, vous saluerez Sa Sainteté Léon III de ma part !

     - Je n’y manquerai pas, et je lui dirai comment vous avez su nous recevoir.  Cette consécration était une belle cérémonie ! Merci à toi, Charlemagne, et à tes fidèles sujets de l’Empire... Je les bénis ! »

Et il fait le signe de croix en direction du palais.

    Puis les hommes d’église repartent alors vers leurs villes, Mettis, Strateburgo, Rome...

    

Dans la cour du bâtiment, Jacou donne ses directives pour le retour :

     « Nous partirons demain dès l’aube ! Préparez vos affaires, et ce soir vous chargerez tous les chariots. Nous les attellerons au dernier moment. Les chariots des Maîtres Tailleurs sont à nous, ils nous les ont offerts, ainsi que les dix chevaux qu’ils possédaient. Les tailleurs sont maintenant installés au palais, et n’en ont plus besoin... L’Empereur, lui,  nous offre un muid de vin de Mosel, qui prendra place dans un de ces chariots. Aujourd’hui, vous avez quartier libre, pour visiter la cité, les thermes, ou pour vous reposer. Le repas sera servi à midi. Soyez à l’heure. La cloche de la chapelle sonne les heures,  dorénavant ! »

 

     Après le repas, Dillon et ses Capitaines font venir les Soldates fraîchement promues.

     « Mesdemoiselles, nous allons commencer à faire de vous de vraies Soldates ! »

     Agnès, Angèle, Valérie, Gertrude, Berthe, Anne, Claudine et Edeltraud sont tout excitées à l'idée de tirer à l’arc !

     Agnès, Angèle, et Valérie savent déjà bien manier l’arc, elles ont appris lors des séances de tir du dimanche à Durandalem. Mais un exercice de plus ne leur fera pas de mal !

     Les Capitaines ont apporté des arcs et des cibles.

     « Pour commencer, annonce Dillon, nous allons vous apprendre les bonnes postures pour tirer ! »

     Il s’aperçoit vite que les gros seins des rousses les gênent quelque peu pour tirer à l’arc.

      Placé derrière Gertrude, Dillon lui explique comment engager une flèche, et comment bander son arc. Alix fait de même avec Anne, Joseph avec Berthe, François avec Claudine et le Borgne avec Edeltraud.

     Xavier, Charles, Armand, Gabin, Hugues et Achille admirent ces filles qui dressent leurs fortes poitrines pour bander leurs arcs, et essayent de penser à autre chose... Mais leurs verges se gonflent ostensiblement !  Alors, ils s’assoient sur des bancs et tiennent des cibles devant eux pour cacher leur excitation, le temps de revenir à la normale.

     D’essai en essai, les rousses parviennent peu à peu à bander leurs arcs sans forcément toucher leurs seins. Finalement, elles peuvent tirer quelques flèches, dont certaines atteignent les cibles. Mais, de temps en temps, les seins sont quand même fouettés par la corde de l’arc...

     Valérie, Angèle et Agnès s’exercent elles aussi à tirer. Déjà entraînées,  elles arrivent à ficher leurs flèches à chaque fois dans les cibles, et souvent même au centre !  Néanmoins, bien qu'elles n’aient pas des poitrines aussi généreuses que celles des rousses, elles s’effleurent parfois les seins.

     Dillon s'adresse aux rousses.

     « Vous aussi, mesdemoiselles, vous arriverez vite à tirer aussi bien qu'elles !

- Hé bé,  répond  Claudine, on n’est pas prêtes à égaler votre exploit de samedi dans le palais ! 

     - Oh, ce n’est qu’une question d’entraînement...  Mais pour atteindre ce niveau, il vous faudrait des années.  Dites-vous que lorsque les Capitaines ont commencé à s'entraîner, ils avaient votre âge ! Et après tout, ce n’est pas votre but. Vous êtes des Soldates ambassadrices, pas des guerrières !  Une fois de retour à Durandalem, nous essaierons avec des arbalètes. Il y en a dans l’échoppe de Gaël. Cela vous conviendra mieux et vous évitera des coups de fouet sur vos rondeurs ! »

     Valérie va voir Chantal, et revient avec une pommade pour calmer les rougeurs laissées par les cordes.

     « Bien ! dit Dillon. Nous allons maintenant essayer les glaives !

     - Les glaives ?  demande Edeltraud.

    - Ce sont des épées courtes, des armes de la légion romaine. Les Capitaines, vous pouvez ranger les arcs, les flèches et les cibles dans le chariot d’armement, et rapporter seize glaives. Nous allons vous entraîner au maniement ! »

     Une fois les filles munies de glaives, Dillon explique :

     « Vous devez sentir le pommeau dans votre main, et ne pas le lâcher. Je vais vous montrer. Viens ici, Achille, et tiens ton glaive droit ! »

      Dillon frappe alors le glaive d’Achille, qui le lâche sous la force du coup.

     « Maintenant, Achille, tiens-le correctement ! »

     Et Dillon refrappe, avec la même force. Mais ce coup-ci, Achille ne lâche pas le glaive. Il l’incline et fait glisser la lame de Dillon vers l’extérieur.

     « Vous voyez, vous devez pouvoir résister à une frappe forte sur le glaive.  Essayez entre vous !  Mais pour bien y parvenir, vous aurez aussi besoin de muscles... Nous ferons des séances de musculation ! »

     Les filles échangent alors des coups de glaive.

     Les Capitaines, stimulés, s’entraînent alors aussi entre eux, mais les échanges sont bien plus violents !

     « Ouch ! gémit Anne, ça fait mal aux poignets !

     - Ne forcez pas... Si cela vous fait mal, arrêtez. Ne risquez pas l’accident. Ce n’est qu’une prise de contact ! Je pense que cela sera suffisant pour aujourd’hui. Je propose à tout le monde d'aller prendre une douche.  On se sentira mieux, pour le repas du soir ! »

     Et la troupe quitte la cour, dépose les glaives dans le chariot d’armement, et se rend au bout du bâtiment, à côté des bains des thermes, là où les forgerons ont installé des douches.

     Après la douche, ils se retrouvent dans le grand bain, dans une eau bien chaude, qui détend les muscles sollicités cet après-midi. Les garçons se proposent de masser les épaules des filles dans le bain, ce qu’elles acceptent volontiers.

   Les Capitaines préposés aux massages des rousses, corps contre corps, sont visiblement émoustillés, et leurs membres se manifestent durement !

     Edeltraud réagit la première :

      « Merci, nobles Capitaines, de vous occuper de nous, mais nous ne pouvons pas vous remercier comme vous le souhaiteriez. Nos intimités ont été trop sollicitées ces derniers temps, elles ont besoin de repos ! 

  - Nous serons bien plus disponibles prochainement, ajoute Gertrude, plus ouvertes à vos désirs... que nous comblerons avec joie ! »

     Les Capitaines sourient à cette perspective !

     « Ce sera avec le plus grand plaisir ! se réjouit le Borgne, en pleine érection. »

     Dillon lui conseille, ainsi qu’à plusieurs autres, de prendre une douche bien froide, pour calmer leurs bandaisons intempestives.

     Ce qu’ils font sur-le-champ, en balbutiant des excuses à mi-voix.

     Puis ils sortent du bain, et, quand tout le monde est sec, le groupe retourne dans le bâtiment. Il est l’heure du repas du soir.

     Après le repas, toutes et tous s’affairent à charger les chariots pour le retour. Dans les écuries, on donne les derniers soins aux chevaux. Ceux des tailleurs sont bien fatigués. Dans l’office, on range aussi, et on prépare des plats pour les deux jours à venir, pour tout le monde ! Et ça en fait, du monde...

 

     À l’étage, les nouvelles gouvernantes établissent leur plan de gouvernance.

     Innès et Madeleine prendront en charge les appartements privés de l’Empereur et leurs dépendances.  Marguerite se chargera de l’intendance des cuisines du palais.  Line gérera les filles des appartements du bâtiment. Josette s’occupera de l’intendance de l’office. Nathalie gérera les quartiers des soldats. Georgette sera responsable des cérémonies. Fine, enfin, s’occupera des thermes du palais.

     Jacques de Compostelle, le technicien, vient féliciter les gouvernantes pour leur promotion.

« Mais tu n’es même pas nu !  lui fait remarquer Fine.

 -  Je ne voudrais pas vous choquer...

 - Nous choquer ! ?  Ne sais-tu pas que l’Empereur a décrété que la nudité est désormais possible partout à Oche, même dans le palais ?

   - Allez hop ! dit Georgette, à poil ! »

     Une fois qu'il est nu, elles apprécient la vue de sa longue verge qui pend. Elles l'avaient déjà remarquée le vendredi, quand il s’était déshabillé devant elles et devant Guillaume.

    Saisie d'une soudaine envie, Josette s'exclame :

    « Nous voudrions bien voir comment elle se comporte en action ! 

     - Oh oui ! dit Marguerite, viens donc un peu par ici ...»

En route pour Durandalem

 

     Le jour n’est pas encore levé. Mais, déjà, que d'agitation dans la cour du bâtiment !

   Avec l’aide de quelques villageois,  les palefrenières et les palefreniers, attellent les dix-sept chariots, dont les deux offerts par les tailleurs.

     À l’aube, tout le monde est réveillé. Les gouvernantes ont fait le tour des chambres, afin que personne ne soit oublié. Les derniers chargements s’opèrent, et les Durandalémois embarquent dans les chariots. Les petits enfants dorment encore, on les transporte doucement.

     L’Empereur a tenu à assister au départ. Tout le monde est vêtu, il fait encore un peu frais de si bon matin. Les Maîtres Tailleurs sont là aussi, pour saluer leurs sauveurs ! Toute l’équipe de cuisine est présente, ainsi que les gouvernantes et le technicien, et les filles et garçons des écuries.

     « Durandalemoises,  Durandalemois, dit Charlemagne, nous vous souhaitons un excellent voyage ! »

     Face à lui, Jacou, flanqué de Dillon et de Joseph, tous les trois à cheval.

     « Au nom de tous, grand merci , Votre Majesté ! »

     Le convoi est prêt à partir.  Mais les ouvriers qui devaient ouvrir les cloisons occultant la cour ont un peu de retard.

     « Qu'à cela ne tienne, dit alors Jacou... Dillon, Joseph, ouvrez-nous donc ! »

     Et sous les yeux ébahis de l’Empereur et des résidents du palais, les deux hommes, d’un simple geste de la main, sans descendre de leur monture, font glisser à distance les lourds panneaux sur le côté.

     Et le convoi se met en marche, sous les vivats, les applaudissements, et les adieux de l’Empereur et de ses sujets.

     Dans le chariot de tête, sous la direction d’Apollinaire, les musiciens entonnent une mélodie d’adieu.

     Au loin, Jacou, Dillon et Joseph aperçoivent les ouvriers en retard qui accourent, tout essoufflés. Ils rient de bon cœur à la bonne blague qu’ils viennent de leur faire !

    Le convoi avance vers l’Ouest. Le soleil est maintenant bien levé. il éclaire les chariots par l’arrière, faisant profiter les occupants de sa douce chaleur. Ils se sont remis nus pour en profiter...

 

Les compagnons d’Alesia

 

     Peu avant midi, le soleil est haut dans le ciel, une troupe de dix cavaliers arrive devant le convoi.

     Les Capitaines, instantanément prévenus, sont aux aguets, prêt à tirer.

     « Nous sommes à la recherche de Jacou Artz !  dit un des cavaliers, se rangeant du côté et marchant le long du convoi, étonné de voir des soldats en armes, tout nus.

     - Que lui voulez-vous ?  demande alors Dillon, une main tenant l’arc et la flèche prête à être tirée.

     - Nous avons besoin de lui pour guérir une épidémie ! 

     - Qui vous envoie ? 

     - Des marchands de vin de Lugdon nous ont parlé de l’épidémie qui a fait des ravages dans la région et que Jacou Artz a éradiqué ! 

     - D’où venez-vous ?  demande alors Jacou qui arrive nu à cheval.

     - Nous venons de la région d’Alésia, ou l’épidémie fait rage ! Nous-mêmes sommes touchés ! 

     Nous nous sommes rendu à Durandalem, sur les indications des marchands, les gardes sur les remparts nous ont dit que Jacou Artz est à Oche, et qu’il ne devrait pas tarder à rentrer. 

     Nous sommes alors venu à sa rencontre. 

     Jacou alors fait venir Chantal qui arrive nue elle aussi.

     - As-tu, par hasard, encore de ce sérum que nous avons fabriqué ? Peut-être est-ce la même bestiole ! 

      Chantal confirme, dans sa réserve de potions, celle -là y figure encore, bien que cela fasse des années qu’elle n’a plus servi !

     Puis il dit à Dillon :

      Continuez, je vous rejoindrai ! 

     Chantal, tu vas chercher cette potion et tu nous retrouve ici ! 

     Dillon, désigne trois Capitaines pour nous garder. »

     Dillon ordonne alors à Gabin, Joseph et Armand, nus, de rester avec Jacou.

     Le convoi continue, les dix cavaliers restent à l’écart Jacou leur demande de mettre pied-à-terre, et dit :

      Je suis Jacou Artz. Quels sont vos symptômes ? 

     - Nous avons des démangeaisons dans les mains, et des rougeurs qui s’étendent sur les avant-bras. 

     Nous avons vu des pauvres bougres paralysés et mourir sous nos yeux. Aucune médecine n’a servi à quoi que ce soit ! 

     Ce sont les vieux frères Horn, Armand et Achille, qui nous ont parlé de cette maladie.

    Apparemment ils sont immunisés contre ce fléau ! 

     - Effectivement, ils ont eu droit à un remède, il y a plus de trente ans !  dit Jacou et ajoute :

      Très intéressant ! au bout de plus de trente ans, ils sont encore immunisés ! » 

     Chantal arrive, avec une fiole, et un parchemin.

     «  Voici le remède, Jacou. Est-ce le même fléau qu’il y a trente ans ? 

    - Oui Chantal ! regarde leurs mains et leur bras ! ils sont infectés ! Il ont rencontré les frères Horn, tu te souviens, les marchands de vin, ils sont encore immunisés maintenant ! 

     - Alors, messieurs, buvez une lichette de ce produit ! Il a macéré trente ans, il pue, mais vous guérira sûrement ! dit Chantal.

     Les cavaliers boivent, et petit à petit, comme par miracle, les rougeurs sur les bras disparaissent, puis les démangaïsons sur les mains aussi.

     - C’est formidable ! Sommes-nous guéris ?  demande le cavalier à Chantal.

     - Probablement ! 

     - Jacou, voici la formule pour en confectionner ! on trouve cela dans les apothèques des villes, et aussi dans la nature en cherchant un peu.

     - Nous pouvons trouver ces ingrédients sûrement à Lugdon ! C’est à trois jours de Cheval !

     - Beaucoup d’infectés seront morts d’ici-là !  Il faut agir vite ! 

     - Mais comment ?  dit le cavalier, toujours étonné de voir ces gens nus qui les ont guéris.

     - il n’y a qu’un moyen ! dit Jacou. Chantal, as-tu emporté la potion de la trémulonde ? 

     - Bien sûr ! dit Chantal qui croit comprendre le plan de Jacou.

     - Gabin, vole arrêter le convoi, qu’il fasse la pause de midi, et faire chauffer l’eau des douches, nous arrivons ! 

     Joseph et Armand, vous retournez à Oche trouver une bonne quantité de ces ingrédients.

     L’empereur se fera une joie de vous les procurer, et revenez vite ! » 

     Alors les trois Capitaines s’envolent, nus sous les yeux des dix cavaliers, qui se demandent s’ils sont en train d’halluciner ! Peut-être cette potion !

      « Messieurs, à cheval, nous rejoignons le convoi ! 

     Et les dix cavaliers, Jacou et Chantal galopent vers le convoi qui s’est arrêté pour la pause de midi.

     Arrivés sur place, Jacou donne des ordres :

     Préparez les douches pour ces gens ! Les anciens, prenez leurs habits et brûlez-les !

     Les jeunes et les enfants, restez à l’écart !

     Une fois nus, les cavaliers posent des questions :

     - Que se passe-t-il ? 

     - Je vais tout vous expliquer !  dit Jacou. Comment vous appelez-vous ? 

     - Je suis Fernand de Lesseps, j’ai trente ans.  dit le cavalier qui parlait.

     - Bernard de Lesseps, frère de Fernand. Vingt huit ans. 

     - José Flint, vingt huit ans. 

     - Pierre, Paul et Jacques Réguai, nous sommes des triplés. Vingt neuf ans. 

     - Jo Kari, trente ans 

     - Jack Addie, trente deux ans, 

     - Alain et Alex Terrieure, jumeaux de vingt sept ans. 

 

     - Les douches sont prêtes ! annonce Jérémoy.

     - Merci Jérémoy ! Messieurs, venez, vous laver ! 

     Les dix hommes sont surpris de trouver des douches d’eau chaude en rase campagne !

     - Ah ! Ça fait du bien cette douche !  dit Jack.

     - Voilà du savon, pour tuer tout germe qui pourrait courir dans vos cheveux et sur votre peau ! Savonnez-vous bien !  dit Chantal

     Les hommes se savonnent, se rincent, puis on leur donne des serviettes pour se sécher.

     - La table est prête ! vient dire Manon.

     - Aaaah ! Alors tout le monde à table ! vous restez nus, ou voulez-vous une tunique ? demande Jacou.

     - Tout le monde est nu, nous restons nus !  dit Fernand.

     Asseyez-vous en face de moi, et écoutez bien ! Mais vous pouvez boire et manger en écoutant ! dit Jacou en rigolant.

     Nos Capitaines seront bientôt de retour avec les ingrédients pour fabriquer l’antidote. Nous allons les attendre ici ! 

     - J’ai une bonne nouvelle !  dit Valérie à Jacou. J’avais un peu de tous les ingrédients de la formule, je l’ai confectionnée, bue, et distribuée aux jeunes et aux enfants. Tout le monde ici est maintenant immunisé ! »

     - Bravo Soldate de l’Empire ! Je suis fier de toi ! Voilà déjà un soucis de moins ! 

      Donc, nous allons fabriquer un bonne quantité d’antidote, et l’apporter au cœur de l’épidémie, à Alesia ! 

    - Mais Alésia est à trois jours de cheval !  dit Jack.

     - Trois jours à cheval ! mais nous allons vous faire bénéficier de notre technologie ! 

     - Comment cela ?  demande alors Pierre.

     - Nous allons vous doter du pouvoir de voler, et en une demi-journée, c’est-à-dire ce soir, nous serons avec vous à Alésia ! 

     - C’est possible, ça ? demande Jacques.

     - Oui ! Mangez, Chantal vous initiera ensuite, et vous vous entraînerez à voler le temps de préparer la potion. 

     Peu de temps après, Joseph et Gabin sont de retour, avec une bonne quantité d’ingrédients, qu’ils remettent aussitôt à Valérie, elle commence alors à fabriquer l’antidote.

     - Vous allez boire ce philtre, qui va vous endormir pour une demi-heure. A votre réveil vous saurez voler !  leur dit Chantal, en emmenant les dix hommes dans le champ. »

     Puis elle rejoint Valérie pour l’aider à fabriquer une bonne quantité d’antidote.

     Tout le monde est rassasié, les tables sont débarrassées, les douches sont rangées, le convoi est prêt à repartir.

     Les dix Alésiens émergent, sans trop croire ce qu’on leur a dit.

     - Vous avez maintenant le pouvoir de télékinésie ! essayez de soulever votre compagnon !  Et Fernand fait un geste vers Jack, lève le bras, et Jack décolle du sol en criant « Wouuuuahhhh !  Arrête tes conneries, pose-moi ! »  et tout le monde rigole.

     Après quelques essais, ils arrivent tous à s’élever dans les airs, et s’entraînent à rejoindre la forêt, et revenir, à une vitesse inouïe !

La guérison des Alésiens

 

     Jacou prend la parole.

     « Braves Durandalémois, reprenez la route, et arrivez à bon port ! Moi, je pars pour Alésia porter l'antidote, avec Gabin, Armand et nos dix amis. Emmenez leurs chevaux avec vous, ils viendront les récupérer à Durandalem ! »

     Décollage de la troupe aérienne. Les Alésiens hurlent de joie, à voler ainsi comme des oiseaux !

     Le convoi, quant à lui, repart tranquillement.  Dans la soirée, il fait halte pour la nuit, Dillon organise les tours de garde. 

     « Non, mesdemoiselles les Soldates de l’Empire, vous n’êtes pas de garde cette nuit ! » dit-il en rigolant aux rousses qui lui posaient la question. 

 

     La troupe aérienne arrive en vue d’Alésia.  Ils se posent pour enfiler des tuniques.  Il ne faudrait pas effaroucher les gens par leur nudité... Ils repartent et arrivent sur la place de la ville. Beaucoup de personnes sont bien infectées ! Les treize hommes distribuent à toutes et à tous des petites fioles.  Fernand fait apporter tout plein de bouteilles pour qu'on les distribue dans les familles. Bientôt la place est saine.

     La nouvelle de l'arrivée d'un remède se répand vite.  De plus en plus de personnes affluent, reçoivent le remède, puis repartent souriantes et guéries, en remerciant grandement Fernand et ses compagnons !

     Jacou demande à Jack d’aller quérir tous les hommes de science, les médecins, les apothicaires, afin de leur laisser la formule du remède.

     Le père de Jo, Adam Kari, qui est médecin, prend bien note de la formule, et charge immédiatement son assistante Yvette Horner de  fabriquer cet antidote en quantité.

     Des centaines de personnes affluent sur la place en criant joyeusement : 

     « Je suis guéri ! On est guéri ! »

     Sans le remède, ces personnes seraient probablement mortes dans quelques jours, comme des dizaines d'autres hélas depuis le début de ce fléau.

     Le bourgmestre d’Alésia, Jean Terrieure,  père d’Alex et Alain, arrive sur la place.

     « Bravo à vous, compagnons volontaires ! Vous avez retrouvé Maître Jacou Artz...Soyez-en  remerciés !  Mes fils, je suis fiers de vous !

     Bienvenue maître Artz ! Merci d’être venu si rapidement ! 

     Deux petits hommes s’avancent alors derrière Jacou.

     - Salut à toi, Jacou ! 

     Jacou se retourne, et bien qu’ils aient trente ans de plus, il reconnaît les frères Horn.

     - Achille et Armand ! Quel bonheur de vous retrouver ici ! Grâce à vous, la ville est sauvée !  Mais dites-moi, avez-vous toujours de ce délicieux vin que vous nous avez livré jadis ? 

    - Oui-da ! Nous étions venus pour faire du négoce à Alésia.  Nous savions bien que vous viendriez, et nous avons attendu jusqu'à votre arrivée ! »

      Ils font un signe. Aussitôt, deux ravissantes rousses arrivent sur la place, apportant des pintes et des verres.

     - Ah, je reconnais bien là votre sens du commerce ! Toujours au fait !  

     - Eh oui ! répond Achille. Je vous présente les sœurs Jeannette et Paulette d’Or, vingt cinq ans, que nous avons recueillies voici dix ans, et qui sont maintenant nos compagnes et fidèles assistantes à tout faire... Elles sont devenues des vraies œnologues ! »

     Les deux rousses servent alors Jacou, les Capitaines et les compagnons.

     « Ce soir, décide  Jean Terrieure, nous faisons la fête, nous fêtons la fin du fléau et nous glorifions nos sauveurs ! Jacou, où étiez-vous donc quand nos émissaires vous ont trouvé ?

     - Nous étions partis d’Oche, que nous avons quitté ce matin de bonne heure.

     - Oche ? Mais c’est à trois jours de cheval d’Alésia ! Comment avez-vous pu venir aussi vite ? 

     - En volant, père ! dit Alex.

      - Oui, c’est vrai, père ! confirme Alain.

     - Oui, les gens de Durandalem savent voler ! confirment Achille et Armand.

     - Mais enfin, c’est impossible...

     Fernand demande alors à Jacou :

     - On peut leur montrer ? 

     - Oui, allez-y, sinon ils ne vous croiront jamais ! »

     Fernand réunit ses compagnons. Se tenant par la main, les dix hommes montent dans les airs, et font le tour de la place, l’un derrière l’autre, pour revenir se poser devant le bourgmestre qui n’en croit pas ses yeux ! Toute la population est ébahie par ces sauveurs venus du ciel !

     « Nous allons six fois plus vite qu’à cheval, précise Alex à son père. Il ne nous a fallu que quelques heures pour le trajet...

     - C’est un grand jour pour Alésia ... Musique ! »

     Et la fête dure toute la nuit.

     De son côté, Yvette Horner travaille sans relâche, et fabrique le remède en grande quantité.

     Les gens continuent d'affluer sans arrêt pour avoir cet antidote, et repartent le distribuer dans la campagne environnante.

 

Le retour en chantant

 

     Au matin, sur la place d’Alésia, beaucoup sont comme morts. Non pas à cause de la bestiole, mais bien pour  avoir abusé du vin des frères Horn ! Tout le monde est trop heureux d’être débarrassé du fléau...

   «  Nous allons repartir vers Durandalem avant midi, annonce Jacou à Jean Terrieure. Les compagnons vont venir  avec moi, pour récupérer leurs chevaux qui seront tantôt au village. Et vous, les frères Horn, repassez donc chez nous un de ces jours,  pour nous rapporter encore de votre vin !  Nous organisons une grosse fête pour le solstice d’été. Un muid de votre nectar ne sera pas superflu...

     - Promis, Jacou. En juin, nous revenons vous voir ! »

Il est temps de décoller. Les treize sauveurs de la ville repartent en volant, sous les yeux émerveillés des Alésiens.  « Vers seize heures, estime Jacou, nous serons à Durandalem. le convoi devrait arriver en même temps ! »

    

      Pendant ce temps, sur la route du retour, le convoi des villageois s’est mis en route, après une nuit sans histoire. L'arrivée est prévue dans l’après-midi.

    Les jeunes filles rousses apprennent à conduire les chariots. Le jeune Simon Schmit, le barde, est leur moniteur.  Elles ont eu droit à un chariot pour elles, les grandes et leurs petites sœurs.  Elles prennent les rênes l’une après l’autre, sous les directives de Simon.

    Il entreprend aussi de les initier au chant. Toutes ont un timbre intéressant. Il se dit qu'il pourra former une belle chorale avec elles...

     Mais les rousses, du moins les plus jeunes, voudraient apprendre en plus une autre mélodie...  La mélodie de l’amour ! Elles suggèrent aux grandes de les initier, avec Simon dans le rôle du garçon !  Edeltraud transmet leur demande à Simon. Il trouve cela incongru, mais accepte.

     « Comment procédons-nous ?  demande Simon.

     - D’abord,  dit Edeltraud, on leur montre comment faire ! »

    Sur la route du retour vers Durandalem, la pause de midi arrive. Tout le monde est content de se dégourdir les jambes.

     « Les filles du dernier chariot sont bien silencieuses ! » s'étonne Dillon, qui va voir de quoi il retourne. Sur le banc de conduite, Simon dort…

     « Eh bien, Soldates de l’Empire, vous ne voulez pas profiter de ce beau soleil ?

      - Oh, dit Berthe, nous avons chanté toute la matinée, avec Simon. Nous sommes bien fatiguées ! »

     Avisant les yeux encore brillants des plus jeunes, Dillon comprend vite en quoi ces chants ont été épuisants, surtout pour Simon ! Et il rigole de bon cœur.

     « Réveillez-le, il faut qu’il mange pour se retaper ! »

     Le repas est vite servi. De nombreux plats froids avaient été préparés à Oche à l’office en prévision du retour.

     Tout le monde mange de bon appétit. En supplément, Simon a droit à une potion de Chantal qui achève de le remettre en forme.

     Puis, une fois la table débarrassée et les tréteaux pliés et rechargés, le convoi reprend la route. Plus que deux heures avant d’arriver à Durandalem !

 

L'arrivée du convoi

 

    À Durandalem, les villageois attendent le retour des voyageurs. La garde est en place, et tout le monde vaque à ses occupations.  Les gardes, Pierre Martinet, Alexa Dumas, Johan Martinet et Guenièvre Spohr sont en réserve;  Jacques Martin est à Oche.

 

   Émile a embauché les gardes de réserve, Pierre Martinet, Alexa Dumas, Johan Martinet et Guenièvre Spohr afin de préparer les écuries pour les chevaux du convoi. Ils sont aidés par quelques gardes de nuit. Gabriel Holz aussi est de la partie.

 

     Dans l’auberge,  on se prépare à accueillir les voyageurs ! Marion Wasch, qui a assuré toute seule le service pendant le voyage à Oche, est aidée par Aline Hair, Gaël et Joël Wasch. Même le doyen Child Germain participe pour préparer toutes les denrées et boissons. C'est qu’il va en falloir pour la nombreuse assistance, quand les voyageurs vont venir ici raconter leurs aventures !

     Aux Thermes, le personnel resté sur place assure le fonctionnement. Mais plusieurs décisions  touchant aux stocks ne seront prises qu'au  retour des gérants.

 

     Les maçons, eux profitent bien de l’établissement, le soir, après leur journée de construction des remparts !

     À Naborum, les pierres affluent. Avec encore deux livraisons, dont une de cinq grands chariots qui vient  du Blauersland, et une de trois chariots de Tenquin, Pierrot estime que les remparts devraient sûrement être finis, en fin de semaine. Aidés par les cantonniers de Durandalem et par les prisonniers pillards repentis, les maçons de Manderen  travaillent à vive allure !

     Quant aux forgerons de Naborum, ils attendent le retour de ceux de Durandalem, qui doivent les initier aux automatismes à vapeur.

 

     Il est seize heures passées. Benoît Spohr aperçoit de loin  le grand nuage de poussière qui s’élève derrière le convoi de chariots, et s'écrie : « Les voilà ! » Il ouvre alors en grand le portail.

 

Juste à ce moment, Dillon apparaît nu dans le ciel et lui demande :

 

     « Jacou est arrivé ? 

     - Ah non...  Il n’est pas avec vous ?

     - Il est parti pour Alésia, répond Dillon en se posant sur le rempart. On vous expliquera...  Mais il ne devrait plus tarder ! »

 

     Les chariots entrent dans le village, et vont dans le grand champ à côté des écuries, sur les indications des gardes de réserve.

 

     Émile remarque les deux grands chariots à quatre chevaux, et les deux chevaux accrochés derrière. Il voit tout de suite  que ce ne sont pas des chevaux d’ici !  Nestor arrive, et lui explique la rencontre avec les tailleurs et leurs cadeaux : deux grands chariots, et dix chevaux.

     « Les dix autres chevaux sanglés ensemble sont aussi à des hommes qui vont probablement  venir aujourd’hui avec Jacou pour les récupérer. »

     Tout le monde descend des chariots, et les palefreniers, aidés par les gardes, amènent les cinquante chevaux aux écuries.

     « Restez tous ici dans le pré ! dit Chantal. Je vais d’abord distribuer la potion !

     - Mais quelle potion ? demande Émile.

     - Celle qui guérit du fléau, de cette épidémie de bestioles qui circulent sous la peau... rappelle-toi... il y a trente ans !

     - Ah oui , je me souviens...  Jacou était même allé guérir le maître des Compagnons du Blaumachin, là !

    - Oui ! Et là, il est parti à Alésia pour la même chose... Les bestioles circulent à nouveau.  Mais toi tu es immunisé, comme tous ceux de plus de trente ans. Je vais distribuer, avec l’aide des Capitaines, le contre-poison qu’il me reste en réserve à l’école. Tous  les moins de trente ans devront en boire.

    - Les Capitaines ? Quels Capitaines ?

     « Oui, Émile, intervient Dillon. Figure-toi que l’Empereur a nommé mes soldats vétérans Capitaines honoraires de l’Empire Romain d’Occident.. Et moi, se rengorge-t-il, j'ai été nommé  Général honoraire de l’Empereur, et de l’Empire ! »

     Chantal, son assistante Valérie et les Capitaines s'envolent vers l’école en volant. Là-bas, dans le laboratoire, Chantal et Valérie récupèrent quelques flacons qui dormaient là depuis des dizaines d’années.

    Puis elles remplissent le plus de fioles possible. Elles en confient aux garçons, qui partent faire le tour du village. Elles descendent à l’école, où les enfants étudient, et administrent le remède à tout ce petit monde..

     Bientôt, villageois et villageoises sont tous immunisés !

     Charles et Hugues font une bonne provision de fioles, et partent sur le champ à Naborum pour faire distribuer le remède à tout le monde, et donner la formule aux médecins et aux apothicaires pour le fabriquer en grande quantité.  Le fléau doit être endigué ! 

 

Arrivée de Jacou et des Compagnons

 

     Soudain, Benoît Spohr s'écrie : « Du monde dans le ciel ! Au moins une douzaine... Ils sont nus ! »

     Il n'a pas tout de suite reconnu Jacou, Gabin et Armand, et il ne connaît pas les autres... Alors, il applique les consignes. Il bande un arc menaçant en direction des inconnus, et hurle : « Alerte aux intrus  ! » Roland Martinet fait de même, et quelques gardes de nuit sortent de la Garderie, en armes, prêts eux aussi à en découdre !

« Ce sont des amis d' Alésia, rangez vos armes ! » dit alors Jacou à haute voix et en pensées. Et les arrivants peuvent se poser tranquillement sur le pré. Tous sont maintenant rassurés. Mais sur ce coup, les frères Terrieure ont bien cru que leur dernière heure était venue... Alex rigole de la frousse  qu'il a eue. « Hé ben ! on ne rentre pas chez vous comme dans un moulin ! »

   Jacou salue tout le monde. Il confirme qu'Alésia est sauvée du fléau, et que tous les habitants sont guéris.

     Chantal vient informer Jacou : « Les Capitaines de Naborum sont partis là-bas faire une distribution du remède... Ici, au village c’est déjà fait ! Tous l'ont eu. Vous pouvez maintenant rentrer dans vos demeures, il n’y a plus de risques ! »

    Puis Jacou annonce :

     « Ce soir, tout le village est convié aux Thermes dans la grande salle du restaurant, pour entendre le récit de notre saga. Allez donc prendre une bonne douche, et à ce soir !  Nous rangerons les chariots demain.  Maintenant, Compagnons d’Alésia, allons boire un coup ! »

     Et ils se dirigent vers l’auberge.

     Des gardes sont en pause : Christiane Hahn, Paul Frisch, Bernard Spohr, Georgette Fart, et André Martinet.

     Jacou va vers Christiane avec une fiole à la main.

     « Bois ceci ! c’est un remède contre un fléau qui traîne !

     - Un fléau ? s'inquiète  Bernard Spohr.

    - Eh oui, le même qui a tué tes pauvres parents il y a trente-deux ans ! Heureusement ,vous les anciens, vous êtes toujours immunisés. Et toi aussi maintenant, Christiane. Tiens, Marion, toi aussi, protège-toi, bois ceci !  Tu donneras une rasade de cette fiole à tous les jeunes gardes quand ils viendront...

 - Alors, il est de retour ici, le fléau ?

       - Non, Bernard. Le nouveau foyer était à Alésia ! Mais nous l’avons combattu et éradiqué hier soir, sans plus attendre. Cela n'a pas traîné ! Je vous présente les dix Compagnons d’Alésia, qui sont venus ici avec moi en volant pour récupérer leurs chevaux dans le convoi... Et à propos, Child, tu as le bonjour des frères Horn, tu te souviens...les marchands de vin. Ce sont eux qui ont envoyé les Compagnons vers moi. Ils nous ont trouvés sur la route du retour !

     - Oui, dit Christiane, ces jeunes gens sont passés ici il y a quelques jours. Ils te cherchaient, mais ils étaient habillés ! rigole-t-elle.

       - Et moi, s'amuse Fernand,  j’ai cru que je rêvais, en voyant une garde, une jolie femme, poitrine à l’air comme ça !

      - Eh non, tu ne rêvais pas !

     Et ce disant, Christiane secoue ses seins, comme pour aguicher le jeune homme.

     - Attention Christiane ! tu es à la limite de l’exhibition ! dit alors Jacou en rigolant.

      Ce soir, nous vous raconterons tout cela en détail, et bien d’autres choses encore! Venez pour vingt heures. »

     Puis, s’adressant à Gabriel :

    «  Tu iras annoncer la soirée aux habitants du village, qui ne sont pas encore tous  au courant !  Quant à vous, messieurs les Compagnons, vous passerez la nuit chez nous. Vous verrez, nous avons un hôtel très confortable ! »

     Et Jacou emmène les Compagnons aux Thermes.

     Ils sont sidérés par la taille du bâtiment. Une fois entrés, ils passent par la douche obligatoire, qu’ils apprécient grandement ! Puis Jacou les accompagne à l’hôtel, où Guillaume Bardot a repris ses fonctions de gérant.

     « Vous dormirez dans ce dortoir équipé de vingt lits. Vous avez des douches et des coins d’aisance. Des chambres sont occupées par les maçons de Manderen, et par les livreurs de pierre de Strateburgo. Vous descendrez pour manger à dix neuf heures ! »

Du renfort pour la soirée...

 

    Pendant ce temps, à Naborum, le bourgmestre et le chef des gens d’arme procèdent à la distribution du remède et expliquent aux médecins de quoi il retourne : «  Toute la population ! N’oubliez personne...  Les anciens prisonniers aussi ! »

     Les pierres du Blauersland sont arrivées. Cinq grands chariots tirés chacun par quatre chevaux, et deux compagnons par chariot. Ou plutôt deux compagnes : ce sont  toutes des filles ! Pierrette, Annette, Annie , Anne-Marie, et Fleur Cohen, Pauline et Paulette Jost, Valentine et Isabelle Stand, et enfin Anne Blum.

     Elles ont eu bien chaud, sur la route, et se mettent à l’aise sans plus attendre. Les voilà nues. Charles, nu lui aussi, va au-devant d’elles et leur tend la potion :

     « Je suis le bourgmestre de la ville... Buvez ceci, je vous prie !

   - Qu’est-ce que c’est ? demande Pierrette.

  -  Le remède qui a guéri votre Grand Maître Sandre, il y a plus de trente ans. Le fléau a réapparu...  Alors, nous prenons les devants !   Mais comment se fait-il que vous ne soyez que des femmes ? C'est curieux...

   - Notre Grand Maître trouve que les garçons sont trop portés sur le sexe ces derniers temps, répond Anne en rigolant. Alors, il nous envoie toutes loin d’eux, pour qu’ils fassent un peu abstinence et travaillent à nouveau !

- Mais n’avez-vous pas peur d’être attaquées ?

 - Nous sommes toutes des archères confirmées, et nos arcs sont prêts !  dit Anne-Marie, la cadette du groupe. Qu’ils y viennent un peu, qu'ils y viennent, pour voir ! »

Et toutes éclatent de rire. 

     « Je vous propose de rentrer à Durandalem pour y passer la nuit. Nous y allons, Hugues et moi. Nous vous accompagnerons ! »

     Charles donne encore quelques consignes.

     « Nous serons de retour demain matin. Nous ferons le point sur l’avancement des travaux ! »

     Les voici à Durandalem. Christiane Hahn et Paul Frisch sont de garde.

     « Qui va là ? » demande Christiane, étonnée de voir des filles nues conduire les chariots.

     « Les livreuses de pierre du Blauersland ! précise Charles. Accompagnées  par Charles et Hugues, Capitaines de l’Empire ! »

     Christiane ouvre le portail et demande mentalement à Hantz où doivent aller les chevaux. Les écuries chez Émile étant pleines, les filles devront mener les chariots aux écuries des Thermes.

     Hantz Burg et ses palefreniers vont dételer les chevaux et les étriller. Quelques gardes de nuit, qui adorent ces tâches, montent aux écuries des Thermes pour les aider.

   Maintenant, il va falloir loger tout le monde !

     Il y a quatre dortoirs. Les compagnons d’Alésia en ont un, les filles du Blauersland en auront un autre, et les enfants des Capitaines auront les deux dortoirs qui restent : un pour les filles et un pour les garçons. Quant aux Capitaines et à leurs épouses, ils dormiront dans les chambres. Avec les maçons de Manderen, l’hôtel est complet !

     Les filles prennent alors une bonne douche, puis descendent nues rejoindre tout le monde qui va passer à table. 

     Des grandes tables sont dressées. Chacun mange avec appétit. Beaucoup ont voyagé, et les voyages, ça creuse !

 

 

La saga du voyage d’Oche

 

      Jacou enfin prend la parole, imitant en riant les intonations de l'Empereur...

      « Sujets de l’Empire et de Durandalem... Sujets de l’Empire et de Durandalem ! Oyez, oyez ! Comme promis, nous allons sur l'heure vous conter par le menu nos pérégrinations !

     Or donc,  le premier jour, nous sommes cent quinze adultes et vingt enfants, dans quinze chariots tirés par trente chevaux, et trois chevaux seuls. Le convoi avance bien, la matinée se déroule tranquillement. Un peu moins de calme toutefois dans les chariots des jeunes... Cela chahute, cela rigole... Et il y a d’autres bruits,  heureusement un peu couverts par le bruit des roues sur les pavés ! »

     Toute l’assistance éclate de rire, sachant fort bien de quels bruits il s’agit !

     Jacou poursuit  :

   «  La matinée s’achève. Il fait beau. À midi, nous faisons une pause déjeuner. Tous tout nus comme il se doit. Puis nous repartons vers Oche. Dans un chariot nous avons des volontaires qui se dévouent pour initier nos vaillantes jouvencelles rousses... Elles sont devenues de vraies jeunes filles épanouies, à mille lieues des souvenirs horribles qui les hantaient avant ! »

     Là encore, l’assistance sourit, et fait des remarques…salaces…

   «  Nous roulons bon train, quand soudain nous sommes attaqués... Dix pillards à cheval nous menacent, et réclament notre or ! Ils n’ont pas reçu d’or, mais quelques volées de flèches de nos vaillants vétérans, qui les ont sur-le-champ rayés du monde des vivants !  Et voilà que dans le bois, peu après, nous rencontrons quatre marchands, qui viennent d'être détroussés de leurs chevaux par les pillards ... Ces marchands, des tailleurs très doués, ont encore avec eux, dans deux chariots, toutes les étoffes les plus belles et les plus soyeuses ! Nous les  recueillons, et pendant le voyage, pour nous remercier, ils nous confectionnent les plus beaux vêtements qu’on ait jamais eus ! La nuit est belle. Les marchands passent avec nos hôtesses de très bons moments, pour leur faire oublier les soucis de la journée… »

     Encore un moment de sourires dans l’assistance.

  «   Le lendemain, dans l’après-midi, nous arrivons à Oche.  Nous sommes gâtés ! Tout un bâtiment attenant au palais nous est réservé. La cour du bâtiment a été occultée, afin que nous puissions vivre nus dans le bâtiment et en dehors ! 

     Et ce n'est pas tout, du personnel est mis à notre service ! Des gens de cuisines, qui aident nos cuisinières. Des filles de salles, qui ne s’occupent que de nous et de nos chambres. Et aussi des gens d’écurie pour s’occuper de nos chevaux, Tous ces gens sont trop heureux de travailler tout nus avec nous et pour nous !

     Charlemagne en personne vient voir comment ses gens se comportent. Il arrive nu !  Quand il constate que tout son personnel est aussi nu que lui, cela le ravit... D'autant  que dans son personnel, il y a huit filles de salle ravissantes auxquelles il n'a jamais prêté attention auparavant. Et il les convie aussitôt dans ses appartements pour le lendemain. Les tailleurs leur promettent des habits de circonstance...

      Nous invitons l’Empereur et sa garde personnelle pour le dîner.  Il est enchanté, et il invite nos charmantes rousses à lui tenir compagnie après le repas !

      - Ah, pour sûr, dit Claudine, nous avons passé une superbe soirée, dans ses appartements ! »

     Encore une fois, l’assistance rigole....

     « Le samedi matin, continue Jacou, les tailleurs ont donc habillé les filles de salle, puis sont allés habiller l’Empereur. Lequel pour l'occasion s’est mis nu dans la grande salle du palais, au grand dam de ses conseillers choqués de le voir  ainsi !

     L’après-midi a été consacré à la préparation de la soirée prévue par l’Empereur en l'honneur des gens du village. Vers dix huit heures, nous sommes tous allés  dans la grande salle du palais, où étaient conviées près de mille personnes ! 

     L’Empereur n’a pas tari d’éloges,  et n'a pas été avare de nominations... Il a d’abord complimenté nos charmantes rousses, qui selon ses propres dires lui ont fait passer une superbe soirée.

     - Oh oui, dit Berthe, c’était magnifique ! Lui et ses gardes nous ont comblées ! »

Rires du public.

     Jacou poursuit :

     -  Puis il a exalté nos vétérans,  leurs faits de guerre, leurs exploits divers. Il avait prévu une démonstration de leurs talents, à laquelle nos soldats se sont pliés bien volontiers : voler au-dessus des convives en décochant des volées de flèches dans des cibles qui circulaient à vive allure... Ce fut un sans-faute ! Il a élevé Dillon au rang de Général Honoraire de l’Empire Romain d’Occident,  et les dix soldats de Durandalem ont été nommés Capitaines d’Honneur de l’Empire Romain d’Occident ! 

     Puis ce fut notre tour, à Chantal et à moi... Après les éloges, il m’a nommé Grand Maître Médecin de l’Empire Romain d’Occident et Chantal est devenue Maîtresse Érudite des Sciences de l’Empire Romain d’Occident. Jamais une femme n’avait eu droit à une telle distinction  !

     Ensuite, ce fut le tour de Robert. Charlemagne l’a longuement glorifié, le confirmant dans le titre de Grand Maître Forgeron de l’Empire Romain d’Occident. 

     Un grand moment, quand il a décidé que la nudité serait désormais autorisée dans toute la cité d’Oche, et non plus dans les seuls thermes !

     Il a ensuite honoré les quatre tailleurs que nous avions sauvés sur la route, en leur octroyant une rente  et une échoppe dans le palais même. Et les a nommés Maîtres Tailleurs de l’Empire Romain d’Occident.

      Enfin, l’Empereur a décrété qu’il avait assez parlé...  Et nous avons  enfin mangé et bu à satiété !   Les musiciens de Durandalem ont eu l’honneur d’accompagner le repas de leurs musiques, puis d’animer le bal. 

      Quant au personnel du palais à notre service, il était resté dans le bâtiment. Les jeunes palefrenières, palefreniers, commis de cuisine se sont retrouvés aux écuries pour faire une petite fête privée, et ils se sont quelque peu mélangés... Tout le monde aura compris qu’ils n’ont pas joué à la marelle... Mais à dada ! »

     Toutes et tous rigolent de bon cœur !

       Et puis, pendant le bal, qu’Apo et nos virtuoses ont animé avec maestria,  les filles de salles sont allées visiter l’Empereur… Non, non... Là non plus,  pas pour jouer à la marelle ! »

      Et toute la salle redouble de rires.

 

     Jacou reprend son récit.

      Le lendemain dimanche, comme prévu, c’est la consécration de la chapelle d'Oche. Enfin, de la petite chapelle seulement... La grande ne sera achevée que dans quelques années. Il ne travaille pas vite, l’Architecte Eudes de Mettis... Et ça agace un peu l’Empereur ! 

     La cérémonie a commencé après le repas de midi. Tout le gratin du clergé était là : un cardinal dépêché par le pape, l’archevêque d’Oche, les évêques de Mettis et de Strateburgo, les représentants de l’abbaye d’Oche,  avec ceux que nous avions emmenés, à savoir les représentants de l’Abbaye des Glandières... et bien sûr notre cher curé, Charles Higgins !

     Belle cérémonie. Certes un peu ennuyante, mais belle cérémonie ! 

     Ensuite, tandis que nous regagnions nos quartiers, l’Empereur a invité tous les gens du clergé dans ses appartements pour une séance de massages… Avec, dans le rôle des masseuses, les filles de salle du bâtiment, nos belles rousses, et trois de nos filles du village !  Des massages qui ne se sont pas limités aux bras…»

     Encore une fois, l’assistance a saisi  l’allusion.

     - Oooh, demande Marianne,  vous aussi, monsieur l’abbé ? »

     Rires et gloussements dans toute la salle. Charles Higgins devient tout rouge, et balbutie - Je... Nous étions en mimi... en mission pour le Seigneur ! 

     Et il sourit en se remémorant ces doux instants…

     Jacou continue :

   - Pour ces grands services rendus à Dieu et à l’Empire, Charlemagne a nommé les filles de Durandalem Soldates de l’Empire Romain d’Occident !  Mais connaissant l'aisance financière du village, il n’a pas jugé nécessaire de leur octroyer une rente.  De notre côté, Dillon et moi avons décidé de faire de ces filles les ambassadrices de notre village lors de voyages ou de négoces avec d’autres cités ! Dillon a déjà commencé à leur donner une formation de soldat, afin qu’elles puissent se défendre, face à des hommes sans scrupules.

     - Mais quelles sont ces filles ? demande Child, du fond de la salle.

    - Je vous présente donc les futures jeunes ambassadrices de Durandalem : Valérie Burg, Agnès et Angèle Hune, Anne Bonté, Gertrude et Berthe Hoff, Claudine Schmit,  et Edeltraud Bour. Les rousses n’ont pas encore de métier, mais vu leurs aptitudes, elles vont sans doute vite en trouver un...

     - J’ai déjà prévu une chorale avec elles ! intervient Simon le barde.

     -  Oui da !  dit Jacou. On m’a conté ta répétition avec elles et avec leurs sœurs dans le chariot de queue sur la route du retour. Tu avais tellement chanté que tu t’étais endormi sur le banc de conduite...

     - Oui, Jacou, c'est vrai, elles m’ont épuisé ! Mais je tiens à dire que cela m'a permis de trouver des timbres de voix extraordinaires...

     Rires des rousses et de toute l’assemblée !

     «  Bon, je continue.  L’Empereur a ensuite nommé les huit filles de salles gouvernantes du palais et de ses dépendances... Et nos toutes fraîches gouvernantes, qui avaient enfin le pouvoir de commander,  en ont profité pour  demander au technicien du bâtiment de se mettre nu.

     Elles savaient qu'il était fort bien doté par Dame Nature... Et elles l'ont fait profiter toutes ensemble de leurs charmes... Le pauvre ! Heureusement, Chantal avait un peu préparé la chose, et il s’en est sorti haut la main ! Enfin, bon, quand je dis " la main "… »

     Et la salle s’esclaffe encore une fois.

     «  Nous avons ensuite passé le lundi à préparer notre retour. L’Empereur nous a offert un muid de vin de Mosel, que nous allons bien sûr partager dans les offices du village et à l’auberge.  Et comme déjà précisé, Dillon a commencé l’entraînement des nouvelles Soldates !

     - Eh oui, répond  Dillon.  Mais nous avons rencontré des problèmes de frottement lors du tir à l’arc. Nos vaillantes Soldates ont des poitrines qui ne s’accommodent guère de ce genre d’arme ! Alors nous avons décidé d'essayer plutôt l’arbalète... »

     Et les rousses confirment, en montrant les traces qui subsistent encore sur leurs seins.

     Jacou reprend :

     «  Mardi matin de bonne heure, nous avons quitté Oche. Le convoi était encore plus grand, avec deux grands chariots offerts avec dix chevaux par les Maîtres Tailleurs reconnaissants. C’est d'ailleurs dans un de ces chariots qu’a eu lieu la répétition de Simon ! »

      La salle tout entière explose de rire, et les douze rousses ensemble poussent un « Aaaaahaaaahaaaa ! » à l’unisson, pour montrer le concret de la répétition. Et l’intégration au village ! Ce qui fait redoubler l'hilarité générale.

    « Puis nous avons été rejoints par des cavaliers qui venaient d’Alésia, et qui me cherchaient. Ils étaient victimes du fléau qui avait frappé la région il y a trente-deux ans, la bête qui vit sous la peau ! Bête minuscule, mais qui avait tué beaucoup de monde à l'époque, notamment les parents  de nos gardes, les frères Spohr... Les cavaliers savaient que nous connaissions le remède.

     En volant, nos Capitaines sont  retournés à Oche quérir les ingrédients qui nous manquaient. À leur retour, une fois le remède fabriqué par Chantal et Valérie, il fallait le faire parvenir au plus vite à Alésia. 

     Heureusement, Chantal avait encore la potion à base de trémulonde, et elle a pu initier les compagnons d'Alésia. Je me suis envolé avec eux dans l'après-midi, escorté par Armand et Gabin. Nous sommes arrivés là-bas le soir, et toute la population a pu bénéficier très vite du remède.

      - Nous avons ensuite fait la fête toute la nuit !  précise Armand.

      - Oui... Et nous sommes tous repartis d'Alésia le lendemain en fin de matinée, pour arriver ici à peu près en même temps que le convoi !

     Je vous présente ces jeunes compagnons d’Alésia : Jack Addie, Jo Kari, Fernand et Bernard de Lesseps, Pierre, Paul et Jacques Réguai,  José Flint, et enfin Alain et Alex Terrieure.  Ils sont revenus avec nous pour récupérer leurs chevaux qu'ils nous avaient confiés.

     Tel est donc, mes amis, le résumé de notre mémorable voyage à Oche ! »

       Et pour les personnes qui ne seraient pas encore au courant, je vous présente les maçons de Manderen, qui construisent les murailles de Naborum !  Voici les quatre vétérans Adrien et Bertrand Wirth, Maurice Storm et Constant Bour. Et les jeunes Joseph et Paulin  Wirth, Georges et Claude Storm, Pierre, Paul et Isabelle Bour... Alors, les maçons, où en êtes-vous ? 

     - Nous avons presque fini, lui répond Adrien. Sur les deux lieues de murailles, les seize tours de garde, et les quatre portails, il ne  nous reste à construire que deux tours et quelques pas de murailles.  Nous avons été bien aidés par Pierrot, Claude et Félix Stein, ainsi que par les ex prisonniers,  qui ont montré leur volonté de s’intégrer !

     - Oui, dit Pierrot, je crois qu’ils feront de bons gardes.

     - J’en prends bonne note ! lui répond Hugues.

     - Bravo à vous ! dit Jacou. Et je vois que les chariots de pierres du Blauersland sont arrivés aussi, avec de charmantes conductrices et une escorte ! 

Et d'un geste, il désigne la table où se sont installées les filles de Strateburgo. Ce qui fait rire ces dernières :

       - Oui,  c’est le Grand Maître Clément Sandre qui en a décidé ainsi...  Il voulait nous soustraire aux ardeurs trop accaparantes des garçons, qui ne pensaient plus qu’à la gaudriole, et délaissaient quelque peu leurs tâches !  Moi, je suis Pierrette Cohen, et voici mes cousines Annette, Annie, Anne-Marie et Fleur. Et puis les jumelles Pauline et Paulette Jost, les sœurs Valentine et Isabelle Stand, et enfin Anne Blum.  Eh oui, toutes ces jeunes filles du Blauersland vont rester à Durandalem pour cette nuit, dans un dortoir... Un dortoir juste à côté de celui des charmants compagnons d’Alésia ! 

     Et ce disant, elle adresse un large sourire aux Alésiens.

     Tout le monde rigole, comprenant fort bien le sous-entendu de Pierrette...

 

       - Avec les pierres que nous avons reçues aujourd’hui, reprend Adrien, nous devrions pouvoir achever le chantier !  

      -  Oui, dit Annette, mais il y a encore un convoi de prévu. Il part demain de Strateburgo, et devrait arriver vendredi ! 

     - Nous, à Durandalem, intervient  Jérémoy, il nous faudrait des pierres pour renforcer le mur Nord, pour le protéger du gel ! Ce n’est pas urgent, mais si on les avait, on pourrait le faire sans plus  attendre...

      - Bonne idée, conclut Jacou.  On va donc récupérer les cinq chariots du Blauersland et ceux de Tenquin pour notre mur... Bien ! assez parlé  travaux. Maintenant, il est grand temps de trinquer ! »

     Et tout le monde lève son verre. On le lève à la joie de se retrouver, on le lève à l’amitié, au nouveau Général, aux Capitaines et aux Gardes de l’Empire... On le lève aux filles ambassadrices et à la chorale, aux maçons, aux Compagnons d’Alésia, aux filles du Blauersland...   Cela fait beaucoup d’occasions de lever son verre  !

     Avant que tout le monde s’en aille, l’orfèvre et bourgmestre adjoint, Raoul Frisch, tient à faire une annonce importante...

     « Mesdames et messieurs, j’ai l’honneur de déclarer devant vous mon amour pour Jeannette Deir. Elle et moi,  nous allons nous marier ! »

     Et une immense clameur de joie et de joyeux bravos s’élèvent de la salle.

Une fois les ultimes pintes éclusées, les villageois ravis s’en retournent chez eux, chacun va regagner sa maison.

La nuit aux Thermes

 

     Les invités de l’hôtel aussi s’installent dans leurs pièces de couchage respectives... Enfin, presque !

     En effet, les deux dortoirs des enfants des Capitaines -  l’un pour les garçons et l’autre pour les filles - se sont quelque peu mélangés et sont devenus mixtes ! C'est ainsi que...

     Théo Gouvy et Marie Schaff se sont couchés dans le lit de Marie.

     Georges Gouvy dort avec Anne Schaff dans le lit de Georges.

     Mia Gouvy, a rejoint Benoît Kauf dans son lit.

     Paul Schaff et Marie Gouvy dorment dans le lit de Paul.

     Roméo Kauf, a invité Sylvie Stamm.

     Pierre Schaff, est dans le lit de Sophie Stamm.

     Alex Holz est avec Juliette Kauf dans le lit d’Alex.

     Jean d’Ortega et Charlotte Brett, ainsi qu'Aimé d’Ortega et Claudette Brett occupent deux lits rapprochés, pour une expérience à quatre…

    Quant aux filles du Blauersland, comme on le devine, elles ne veulent pas dormir tout de suite, ni toutes seules. Et elles ont investi le dortoir des compagnons d’Alésia. Et pendant que les dortoirs des enfants des Capitaines bruissent des bruits de l’amour, celui des compagnons est le théâtre de découvertes, les jeunes gens ne se connaissant pas encore. Cela n’empêche rien, les filles ont fait leur choix !

 

 

     Le dortoir des filles du Blauersland, déserté par ses occupantes, est bien sûr toujours resté silencieux.  Et dans le dortoir des maçons, mis à part des petits bruits du côté du lit d’Isabelle, calme plat. Les hommes étaient bien fatigués de leur journée !

    En revanche,  dans les dortoirs des enfants des Capitaines comme dans celui des compagnons d'Alésia, ambiance fort bruyante, cris divers... Mais tout cela s'atténue peu à peu. Retour progressif au calme, jusqu’au silence final.  Dans leurs chambres, les Capitaines ont un peu batifolé avec leurs épouses, mais là aussi, cela s’est calmé. Silence propice à un sommeil réparateur.

 Les concierges ont éteint les chandeliers...  Les Thermes dorment !

Les départs

    

     Le soleil se lève sur un village retrouvé avec plaisir par ses habitants. Le voyage à Oche a laissé d’excellents souvenirs à tous les participants.

     La vie continue, et la garde de jour a été désignée. Paul Frisch et Georgette Fart, ainsi que Stéphane, Pierre et Paul Spohr, sont les gardes en réserve aujourd’hui.

      Ce matin, les compagnons d’Alésia doivent reprendre la route, sur leurs chevaux. Ils en ont pour deux jours de voyage. Ils émergent tant bien que mal des dortoirs. Hélène et Marlène Basin  leur servent le petit déjeuner. Elles s'étonnent un peu de leurs mines défaites. « Oh, rien de grave, ce sont les filles du Blauersland qui nous ont mis le grappin dessus ! »

     Ce qui fait rigoler lesdites filles, qui arrivent juste à cet instant.

     « Mais ce fut une belle soirée ! dit Paulette. Merci à vous, compagnons ! »

     Marlène appelle Chantal mentalement. Elle lui demande d'apporter un élixir pour remettre en forme les compagnons, quelque peu mis à plat par les filles.

    Voici les enfants des Capitaines. Ils arborent une aussi piètre mine. Les filles comme les garçons !  Marlène rappelle Chantal pour qu’elle y remédie aussi. Tous ces gens doivent voyager aujourd’hui !

     Chantal arrive et leur distribue une potion. Elle les renvoie  aux dortoirs, afin qu’ils se douchent et boivent cet élixir.  En remontant, les enfants des Capitaines, un flacon à la  main, croisent leur parents, qui les regardent intrigués. Chantal explique tout aux Capitaines.

     « Rien de grave, ils vont aller beaucoup mieux d’ici peu ! »

     Les maçons descendent à leur tour pour le petit déjeuner, Bientôt la salle de restaurant est pleine !  Les enfants sont requinqués, et mangent d’un bon appétit les fruits pleins de vitamines que leur servent Marlène et Hélène.

     Dans les écuries, en bas chez Émile et dans celles des Thermes, on prépare les départs. Chez Émile, les chevaux des compagnons sont prêts. Nestor les attache ensemble et monte aux Thermes avec eux.

     Chaque compagnon est doté d’un sac contenant des vivres pour deux jours, qu’ils chargent sur les chevaux. Josiane et Josette leur donnent aussi des tenues pour chevaucher. « Si vous restiez tout nus, dit Josiane en rigolant, vous vous feriez peut-être remarquer ! »

     En partance pour Tenquin, Hombourg, Laudrefang et Naborum, les calèches des Capitaines sont prêtes également.

     Et c’est le moment des adieux !

     Les compagnons partent les premiers. Ils saluent les villageois, et remercient encore Jacou de ce qu’il a fait pour Alésia.

     « Notre cité te sera éternellement reconnaissante ! dit Alex. Toi et toutes les villageoises et villageois, vous serez toujours les bienvenus chez nous ! 

    - Un grand merci aussi aux filles du Blauersland ! disent en chœur les triplés  Réguai.

    - Merci à vous de nous avoir accueillies dans votre dortoir ! »  répond en souriant  Annie.

     Il est neuf heures quand les compagnons, habillés, se mettent en marche.

     Les gardes Benoît Spohr et Alexa Dumas, du haut de leur salle de garde du portail est, ouvrent les portes et les saluent.

     Peu de temps plus tard, c'est au tour de la charrette des maçons et des cantonniers. Ils partent terminer le chantier des murailles de Naborum.

 « Tu diras aux gens de Naborum que nous arrivons ! » dit Charles à Pierrot Stein. 

 

     Les Capitaines sont aussi en partance, avec leurs familles.

     Les jeunes ont décidé de faire la fête aux Thermes, pour l’été. Ils ont réservé le bâtiment pour le vendredi 21 juin.

     Après des adieux fort émouvants, les enfants remontent dans leurs calèches respectives.  Au portail est, gardé par Benoît Spohr et Alexa Dumas , c’est le départ vers Tenquin, Naborum et Hombourg.

   

     Au portail Ouest, sous les saluts de Bernard Spohr et de Christina Hahn, départ des Laudrefangeois.  Une fois leurs grands chariots attelés, les filles du Blauersland partent aussi.

 

     « Le  Grand Maître Clément Sandre ayant décide d’isoler les filles quelque temps, demain, pour changer, ce sont les garçons qui vous livreront les pierres !  dit Pierrette Cohen, en rigolant.

      - Bonne route ! répond Jacou. Saluez le Grand Maître de ma part !

     -  Nous n’y manquerons point... Et nous reviendrons ! Pour l’été !

     - Vous serez toujours les bienvenues ! » se réjouit Dillon.

    Il aurait bien aimé être à la place de ses fils hier au soir...

     Le convoi des cinq chariots se met en route.  Au portail Est, Alexa Dumas descend pour saluer les filles du Blauersland, qui l’avaient si bien accueillie avec ses compagnons, lors de leur visite le mois dernier.

     « Avant que vous ne franchissiez le portail, leur dit Alexa, il serait bon de vous vêtir un peu ! »

     Des gros rires sont de mises...  Et les dix filles enfilent des tuniques pour voiler leur nudité.

 

     Une fois tout le monde parti, le village retrouve du calme. Plus un seul cheval dans l’écurie des Thermes, et dix chevaux de plus dans les écuries d’Émile !

 

    Aux Thermes, l’heure est au nettoyage !  Dans les chambres de l’hôtel, ainsi que dans les dortoirs, il y a de quoi faire...

     Guillaume Bardot, le responsable de l’hôtel, demande que les agents de service des appartements, avec l’aval d’Alphonse Holz, le responsable de l’étage, aident les buandières et les agents d’entretien à nettoyer l’hôtel.

      Les six buandières des deux buanderies ont tôt fait de retirer tous les draps, les serviettes, les tapis de bains, et de les laver. Les maçons, eux aussi, auront des draps propres. Les six agents de service et d’entretien nettoient les chambres et les dortoirs. Les sols, sales et collants, ont besoin d’un vrai lavage, de même que les douches.

     Dans les chambres aussi, un lavage n’est pas superflu. Les dortoirs des enfants des Capitaines sont juste un peu souillés, mais celui des compagnons est dans un état pitoyable !  Dans tous les sens du terme, filles et garçons se sont vraiment lâchés ! 

     Certains matelas ont besoin d’un lavage à grande eau et d’un frottage vigoureux, pour effacer les traces diverses qui les imbibent. Les jeunes agents de sécurité Jean et Jacky Muller se sont portés volontaires. Ils vont s'en charger, dans le patio à côté de la buanderie du restaurant.

     Dans la salle de restaurant, le grand ménage est en cours ! Les buandières nettoient les nappes, tapis, serviettes et autres linges de cuisine, et les deux agents de service, les  Soldates Marlène et Hélène Basin, réagencent les tables après la soirée d’hier et les nombreux petits déjeuners.

     Au rez-de-chaussée, les douches sont lavées, les serviettes sont changées, les sols sont briqués. Le sauna, le hammam, le bain de Kaolin, la salle de repos, ainsi que les salles de massages et les abords de la piscine bénéficient d’un grand nettoyage.

     Tout le personnel s’y met : Brigitte et Martine Bardot, Étienne et Zoé Lombard, Mia Fart, Nina et Paulette Stock, Sophie et Justine Kami, Pauline Lang, Rose Spohr, toutes et tous  travaillent d’arrache-pied pour terminer vite et bien.

     Et enfin, vers midi, les Thermes sont à nouveaux pimpants et accueillants.

 

 

    À Naborum, les murs des remparts sont presque achevés. Les tours sont en place, tous les escaliers sont finis, et les quatre portails avec leurs salles de garde sont opérationnels.

     Il faut songer maintenant au personnel qui va gérer ces portails, et surveiller et garder la ville sur ces remparts !

     Il y a deux lieues de chemin de ronde derrière les remparts. Pour en faire le tour à pied, il faut deux heures !

     Charles a réuni le conseil de la ville.

     Sont présents :

     Le bourgmestre Charles Kauf, Hugues Schaff le chef des gens d’armes, Étienne Maigret, garde champêtre et shérif de la ville, les médecins Benoît Krier, le vieux médecin de Naborum, retraité et remplacé par Denis Collem, et son épouse Pierrette, médecin elle aussi.

     Les forgerons Nicolas Lemas et Georges Clounet sont à la retraite et font partie du conseil en tant que vétérans. Le Maître forgeron est Jean Schuss, les jumeaux Jean-Paul et Jean-Pierre Schuss, qui sont ses assistants, et deux apprentis, Luc et Dan Lemas. Ce sont les fils d’Alban Lemas, le notaire de la ville, présent, et de Jeanne Paulin, secrétaire du bourgmestre, présente aussi.

     Emanuel Frisch le vieux banquier et Serge Lemas, l’ancien bourgmestre, sont là en tant que consultants. C’est la fille d’Emanuel, Isabelle Frisch, qui a repris la banque, avec son compagnon, Joseph Zirn, Ils sont présents également.

     Présents également, les cantonniers Georges Bour, son frère Alain, et Paul le fils de Georges. L’aubergiste, Daniel Dullin, est aussi présent, ainsi que son épouse Émilie et ses enfants Émile et Josette.

      Hugues le chef des gens d’armes prend la parole.

     « Mesdames, messieurs, nos remparts sont en cours d’achèvement. bientôt nous serons protégés des assauts des pillards et autres bandits.  Mais pour que cela soit efficace, nous avons besoin de gardes sur les remparts et de guetteurs sur les tours. Pour commencer, nous allons recruter au sein de la population de Naborum !  Tous les garçons et toutes les filles à partir de seize ans pourront postuler cet emploi.

      - Pour financer ces emplois, dit Charles, nous allons devoir lever des fonds  ! Un impôt sera donc instauré, sur la base des revenus de chaque habitant de la cité.

      - Mais cela va faire des mécontents ! objecte Jean Schuss.

     - J’ai une autre  idée ! intervient  Paul Bour. Nous pourrions former toute la population à la garde de la cité, Plutôt que de payer un impôt, chacune et chacun devraient assurer des tours de garde. Cela nécessiterait moins de gardes permanents...  Donc un coût moindre !

     - Ton idée est intéressante, admet Hugues. Nous demanderons de l’aide à Jacou Artz et à ses villageoises  et villageois, tous aguerris au maniement d’un arc.

     - Mais nous devons quand même disposer d'une force armée pour nous défendre en permanence ! dit Jean-Paul Schuss.

     - Pour ce faire, répond Hugues, nous avons déjà nos dix gens d’arme. Sans compter les prisonniers, qui nous ont juré allégeance, et qui ont montré de la bonne volonté lors de la construction des remparts. seize hommes jeunes et robustes . Nous pourrions en faire une compagnie de gens d’arme efficace ! »

      Charles ajoute :

     « Dillon d’Ortega, ainsi que Le Borgne et François Bauer, de Durandalem, viendront former les gens d’armes.

    - Ont-ils la compétence nécessaire ? demande Dan Lemas.

    - Dillon d’Ortega a été nommé Général de l’Empire Romain d’Occident par l’Empereur, répond Charles en souriant. Et Le Borgne et François Bauer ont été nommés, comme d'ailleurs Hugues et moi, Capitaines des gardes de l’Empire Romain d’Occident ! Alors, vois-tu, Dan, tu pourras le répéter... L’Empereur nous a déclarés  les meilleurs soldats de l’Empire !

     - C'est sûr, conclut Hugues, nous aurons les meilleurs gens d’arme d’Austrasie !

     - Voici la liste des gens d’arme, dit Jeanne Paulin. »

     Et elle fait circuler le parchemin :

     Christian Schein, trente cinq ans 

     Claude Schein, trente deux ans,  

     Richard Deir, trente ans,

     Marcel Show, trente-et-un ans,

     Patrick Limes, trente six ans,

     Paul Limes, trente six ans, 

     Georges Dufour, trente ans,

     Gérard Dort, vingt neuf ans,

     José Flaine, vingt cinq ans,

     Jean Dart, vingt quatre ans,

 

      Puis Jeanne fait circuler un second parchemin, la liste des prisonniers.

 

     Les futurs gens d’arme de Naborum.

 

     Helmut Schon, vingt ans,

     Jork Villar, vingt-et-un ans,

     Hantz Berg vingt quatre ans,

     Jorge Berg vingt deux ans,

     Peter Milk, vingt trois ans,

     Childéric Kolb, vingt deux ans,

     Marcus Reich, vingt ans,

     Paulus Reich, vingt ans,

     Kurt Kob, dix neuf ans,

     Willy Kraus, vingt ans,

     Billy Kraus, vingt ans,

     Josef Hamel, dix huit ans,

     Youp Zimme, vingt ans,

     Bert Karr, vingt-et-un ans,

     Klaus Rund, dix sept ans,

     Kristof Rund, dix sept ans.

 

     « Ce ne sont pas des noms de chez nous, ça,  dit Étienne Maigret. Je vais les avoir à l’œil, ces gaillards ! »

La formation des gardes de Naborum

 

     Lundi 28 avril

     Roland Martinet, André Martinet, Paul Frisch, Paul Spohr et Pierre Spohr sont les gardes en réserve aujourd’hui à Durandalem.

      Comme convenu entre les bourgmestres Jacou Artz de Durandalem et Charles Kauf de Naborum, les gens d’arme et les futurs gardes de Naborum  seront formés à compter d’aujourd’hui. Les formateurs sont Dillon d’Ortega, Hantz Burg, Le Borgne et François Bauer, Gaël et Joël Wasch. Ils vont partir de bonne heure, dans un chariot rempli des armes en tout genre nécessaires à leurs leçons.

       Il est à peine huit heures quand les gardes Jacques Martin et Guenièvre Spohr les saluent en ouvrant le portail Est. Une fois arrivés à Naborum, ils se dirigent vers Oderfang, lieu prévu pour les cours. Hugues les accueille et présente les élèves.

     « Il y a onze gens d’armes et seize futurs gardes.  Les gens d’armes sont déjà formés, mais un peu de révision ne leur fera pas de mal. Quant aux Germains, ils sont pressés d’apprendre, m’a dit Helmut Schon, celui qui parle notre langue. Voilà. Je vous laisse avec eux.  Nous devons préparer l’inauguration de nos remparts. »

     Hantz Burg, qui parle le germain, a commencé l’enseignement du maniement d’épée à la moitié du groupe des Germains. Beaucoup de ces huit apprentis soldats ne savent pas manier l'arme correctement.

     Hantz les fait s’affronter en duel. Quatre paires de duellistes.  Son œil vigilant les observe. Il rectifie les postures, conseille des positions d’équilibre, et leur explique comment tenir l'épée de façon à ne pas la perdre. 

     « Si vous perdez votre épée, vous êtes morts ! » leur dit-il.

     Puis les Germains s’affrontent, affrontent Hantz...  Et cela dure jusqu’à midi. Les apprentis gardes sont épuisés, et leurs poignets sont douloureux !

     Les huit autres Germains s'entraînent au maniement de l'arc avec Gaël et Joël.

     « Nous avons déjà appris de nous-même ! tient à préciser Helmut Schon, celui qui parle notre langue.

- Pourtant,  dit Joël, vous ne tenez pas votre arc correctement ! Tout dépend si vous êtes gaucher ou droitier.  Si vous êtes droitier, tenez l’arc de la main gauche. Bien au milieu, au centre de gravité de l’arc. 

      - Comment sait-on où il est, ce centre de gravité ? demande Helmut.  

     - Pour le trouver , explique Gaël, posez l’arc sur l’index tendu, et faites- glisser dessus jusqu’à l’équilibre. Le centre de gravité est là, sur votre doigt. Je vous montre. Vous devez tenir l’arc verticalement, deux doigts au-dessus du centre de gravité, et deux doigts au-dessous. Le pouce sert à fermer l’étau pour maintenir l’arc bien plaqué contre les premières phalanges des quatre doigts.

      - Les premières quoi ? !  interroge Helmut Schon.

      - Les phalanges... Ce sont les os des doigts, là, ceux que je vous montre... Maintenant que votre arc est bien calé, vous prenez une flèche, vous la posez sur votre index, le doigt du dessus tenant votre arc, et l’encoche de la flèche dans la corde. Avec votre main droite, pour les droitiers, vous tirez sur la corde, en plaçant l’index au-dessus de la flèche, le majeur sous la flèche, et la corde dans le pli de la dernière phalange.  Essayez ! »

     Et les Germains essaient, guidés par leurs instructeurs.

 - C’est pas mal, les jeunes !  dit Joël. Cet après-midi, nous ferons du tir sur cible. Vous apprendrez la balistique ! 

     - La bali...quoi ? ! s'étonne encore Helmut.

     - La balistique... C'est la science qui étudie le mouvement des projectiles. Vous apprendrez à estimer les distances pour bien faire arriver vos flèches où elles doivent arriver ! »

    Dillon, François et le Borgne s’occupent des gens d’arme, leur enseignant les esquives lors de combats rapprochés, le lancer de couteau, les bons gestes du maniement de la lance, et de l’arc, le tir de plusieurs flèches simultanément, la balistique…

     Les gens d’armes sont studieux, avides d’apprendre ! Hugues, leur chef, passe voir comment se déroulent les cours. Il est content de voir que tous, même les Germains, s’appliquent et retiennent bien les conseils des Capitaines et des gens de Durandalem.

     À midi, après une bonne douche, tout le monde se retrouve au restaurant des thermes de Naborum, à Oderfang, .

     Tous mangent de bon appétit. Dame, l’exercice, ça creuse !

 

     À Durandalem, avec l’aide des gardes en réserve, les cantonniers Pierrot, Claude et Félix érigent le mur d’isolement de la réserve d’eau, afin de la protéger du gel en hiver, et de la chaleur en été.

     Les cinq grands chariots de pierres du Blauersland et quelques charrettes de Tenquin, cela suffira pour terminer le chantier.

     Avec l’aide des forgerons de Durandalem, de mon gendre Jérémoy Mayer et de mes petits-fils Nathan et Léo Mayer, j’installe un circuit de chauffage dans le mur au fur et à mesure de sa construction.

     À midi, le mur est fini ! Nous remballons nos outils.

     « Cet après-midi, leur dis-je, nous mettrons la pression et nous ferons circuler la vapeur, afin de vérifier l’étanchéité du système !  Mais pour l’heure, je vous invite au restaurant des Thermes. Jacou nous y attend. »

     Au restaurant des Thermes, les enfants des trois classes sont surexcités ! Leurs éducatrices leur ont annoncé que cet après-midi, vu qu’il fait beau et chaud, ils iront se baigner à l’étang d’Oderfang, accompagnés par les gens d’armes de Durandalem...

 

Chapitre II      Le chantier de Pont-de-Sarre

 

- Préparation du nouveau chantier

- Vigilance

- Attaques sur la route de Manderen

- Les prisonniers de la route d’Oche

- Les voyages pour pont de Sarre

- Les escortes

- Le chantier de Pont-de-Sarre

- Pont-de-Sarre cité nudiste !

- Rapports du soir

- La cité en chantier

- L’attaque du convoi de mousson

- Les options des thermes de Pont-de-Sarra

- Du charbon sur la colline

- Pont-de-Sarre s’organise

- Les nouvelles douches

- Les nouvelles embauches

- Jeudi 8 mai

- Vendredi 9 mai

- Les Germains du Nord

- Les prisonnières des Germains

- La suite des embauches

- La missive

- L’embauche des douches

- La milice des parents

- Rapports du soir

- Samedi 10 mai

- L’embauche

- Les frelons

- Le premier jour d’ouverture des thermes de Pont-de-Sarre

- L’attaque du convoi de prisonniers

- Les nouveaux embauchés des Thermes de Pont-de-Sarre

-  L’or de Durandalem

- Le dernier repas

- L’inauguration des thermes de Pont-de-Sarre

- Le retour à Durandalem

      

Préparation du futur chantier

 

     Aujourd'hui,  Guenièvre Spohr, Johan et  Pierre Martinet, Alexa Dumas et Christina Hahn, sont les gardes en réserve.

     À Naborum, l’entraînement aux armes des gardes de la cité s'est poursuivi avec intensité ! Tous, à force de persévérance, arrivent maintenant à boucler le tour des remparts en courant sans s’arrêter ! Deux lieues, tout de même...

     Par ailleurs, ils maîtrisent les armes, l’épée, la lance, l’arc, le combat à mains nues, et bénéficient maintenant de tous les pouvoirs que les gardes de Durandalem maîtrisent depuis des décennies : le pouvoir de déplacer à distance les objets, le pouvoir de communiquer par la pensée, le pouvoir de voler...

     Les potions de Chantal ont favorisé l’apprentissage de notre langue. Ce qui permet aux Germains de bien se faire comprendre et de mieux s’assimiler à la population de Naborum.

    À Durandalem, Jacou a convoqué les protagonistes du futur chantier de Pont-de-Sarre au restaurant des Thermes, pour le déjeuner.

     Les cinq rousses Soldates de l'Empire sont là. Je suis également présent, ainsi que Jérémoy, Nathan et Léo. Quant aux gardes présents, ce ne sont pas ceux qui étaient pressentis ! Ce sont Guenièvre Spohr, Johan et Pierre Martinet, Alexa Dumas, et Christina Hahn qui ont été choisis parmi les gardes, d’un commun accord !

      « Eh oui, des gardes jeunes seront sans doute mieux reçus, affirme Alexa Dumas. C'est nous que Helga a désignés, plutôt que ceux qui étaient initialement prévus !  Elle nous a mis en réserve pour ne pas nuire à l’ordre de la garde du jour.

     - Fort bien,  acquiesce  Jacou.  Vous, les gardes, vous êtes donc partants tous les cinq pour cette mission à Pont-de-Sarre ... Nous partirons lundi ! 

     - Oui, Jacou !  Prêts !  dit Pierre Martinet. 

     - Nous aurons le renfort des deux forgerons de Naborum, Jean-Paul et Jean-Pierre Schuss,  précise Jacou.

     - Léa m'a dit que cela lui fera des vacances !  dit Léo.

Et tout le monde rigole.

     Nathan, lui, est encore indécis, par rapport à Valérie son épouse et à ses enfants Robert et Pascal.

      - Et nos ambassadrices ?  demande Jacou.

     - Pour ma part, dit Valérie Burg, partir quinze jours en laissant mes petits seuls sans leur mère ni leur père me paraît difficile. 

     - J’y ai pensé ! répond Jacou. C’est sûr que séparer une famille n’est pas l'idéal ! J’ai demandé à Hélène Basin, ici présente, de venir avec nous s’occuper de tes enfants Pascal et Robert Mayer, pendant notre séjour à Pont-de-Sarre. Elle a accepté. Ainsi, la famille restera ensemble. Dans ces conditions, acceptes-tu de venir ? 

    - C’était une des éventualités que j’avais envisagées. Bien volontiers... Je suis des vôtres, alors ! 

    - Et moi aussi, évidemment !  dit Nathan.

     Les sœurs Hune, Angèle et Agnès, sont partantes, sans souci.

     Les cinq Soldates de l’Empire sont également enthousiastes à l'idée de partir à Pont-de-Sarre.

      - J’ai fait venir une dame de la haute société naborienne, leur dit Jacou. Carole de Saint-Saëns, une grande dame, qui vous inculquera toutes les notions de bienséance et de savoir-vivre qui vous seront nécessaires là-bas.  Vous, les ambassadrices, vous passerez du temps avec elle jusqu’à notre départ.  Cette dame  sera assistée par Apollinaire de Valz, notre barde retraité, féru des mondanités et des mondains de ce monde ! 

     Puis Jacou explique le détail des opérations :

     - Les plans sont établis. En fait, ce sont des copies des infrastructures de Durandalem. Leurs thermes seront bâtis sur le modèle des nôtres, mais sans le restaurant, l’hôtel et les appartements. Les douches communales seront identiques à celle de Durandalem. Il y aura quatre bâtiments ! Deux hôtels déjà existants seront équipés en douches et coins d’aisances.

     Deux grands immeubles seront également construits, sur le modèle de notre résidence, avec un étage de plus !  Et bien sûr, tout le confort que nous connaissons chez nous : les buanderies, les chambres froides, les saunas… 

     Au niveau technique, l’eau sera extraite de la rivière Sarre. Robert s’est déjà penché sur le problème, et plusieurs machines sont déjà prêtes dans les ateliers de la grande forge de Jérémoy.

    Nous devrions avoir des nouvelles des verriers de Meisenthal, qui participeront aussi au projet. Ils nous rejoindront à Pont-de-Sarre, et envoient dimanche un émissaire pour nous le confirmer.  Ils ont une grande réserve de vitres qu’ils emmèneront avec eux. 

     Le Blauersland fournit des pierres depuis une semaine à Pont-de-Sarre.  Les Sarrois ont affrété des chariots qui tous les jours rapportent des pierres. 

   Six des maçons de Manderen, Joseph et Paulin Wirth, Georges et Claude Storm et Paul Bour, seront sur place pour construire les édifices. Ils seront dirigés par leur architecte Isabelle Bour, compagne de Joseph. C'est elle qui a dirigé la construction des remparts de Naborum. Un autre émissaire devrait également nous le confirmer dimanche.

     Les menuisiers d’Oche  seront eux aussi du nombre ! Ils ont eu toutes les cotes nécessaires, et ramènent le personnel et le bois la semaine prochaine. Ils seront six.

    - Et je serai avec eux !  dit Mikael Thiel, le menuisier du village.

 - Nous monterons un village de toile aux abords de la ville, avec nos systèmes d’eau que nous avions à Oche. Certes, ce ne sera pas un hôtel grand luxe, mais nous y serons chez nous, avec nos règles, notamment la nudité ! Nous y hébergerons les verriers, les maçons  et les menuisiers.

     Votre rôle, les gardes, sera de veiller à notre sécurité et à la quiétude de notre campement. Vous serez secondés par des gardes de Pont-de-Sarre, que vous dirigerez. 

   Voilà ! Y a-t-il des questions ? 

     - Qu’en est-il de la nourriture ?  demande Johan Martinet.

     - C’est vrai,  dit Jacou. J’ai oublié de vous en parler. Rassurez-vous, c’est prévu !

     Nous emmenons avec nous des cuisinières !  Manon Germain, de l’ancienne école. Marianne Tritz, des Thermes. Paulette Holz, de la Garderie II. Plus Marlène Basin et Josie Bern pour le service. 

     La viande nous sera fournie par les bouchers de la cité, et nos fermiers de Durandalem nous livreront les légumes tous les jours.

     Bien... S’il n’y a plus de questions... Je vous donne rendez-vous à toutes et à tous dimanche soir, ici même, à dix huit heures, pour notre départ. »

 

      Il est quinze heures.  Au portail Est, une carriole se présente.

     « Qui êtes-vous ?  demande Joseph Spohr.

     - Carole de Saint-Saëns, mandée par Jacou Artz ! 

     - Entrez !  Jacou est aux Thermes, il vous attend ! 

     Prévenu par Joseph, Jacou se rend aux portes des Thermes.

     La carriole arrive. Dame Carole en descend, avec difficulté. Elle a un problème de dos… Jacou connaît bien la vieille dame de soixante-dix-huit ans.

     - Bienvenue Carole !  Je constate que ton dos te fait des misères... Viens, entre. Tu vas prendre une douche chaude, et nous allons voir cela de plus près ! »

    Prévenu par Jacou, Hantz est là, pour prendre en charge la carriole.

     Une fois la douche prise, Jacou emmène Carole dans la salle de massage de Rose Spohr, qui l’aide à s’allonger sur le ventre  afin de se faire palper le dos.

     Son corps n’est plus aussi lisse et bronzé, mais elle a toujours cette croupe que Jacou avait bien appréciée il y a plus de trente ans de cela !

    « Effectivement, tu as une vertèbre déplacée...  Je fais venir Chantal, qui a un bon remède pour que tu ne souffres plus ! »

     Et Chantal arrive et lui fait boire une potion  qui endort instantanément la douleur.

    Alors que Carole est un peu dans les nuages, d’un geste sec, Jacou lui remet la vertèbre en place.  Une petite inhalation d’un autre philtre de Chantal la réveille. Et d’un coup, elle se sent bien!

   « Tu m’avais soignée autrement, jadis !  Tu m'avais massée un peu plus bas que le dos...

     - Oui, je me souviens, sourit-il, de bien doux instants... Mais là, cela n’aurait pas suffi !   Je t’héberge chez moi ce soir et les suivants, je te masserai correctement ! »

     Cela ravit Carole... Et Chantal pressent qu' elle va devoir préparer certaines potions de circonstance pour elle et pour lui !

    Jacou lève Carole et l’emmène nue au restaurant à l’étage.

    « Viens,  je vais te présenter tes élèves !  Ce sont nos futures ambassadrices... »

    Toutes les filles sont nues, et Carole est ravie de voir ces jeunes corps resplendissants de santé.

     « Je te présente Valérie Burg, herboriste aux côtés de Chantal, que tu connais. Agnès et Angèle Hune, buandières aux Thermes. Anne Bonté, Gertrude et Berthe Hoff, Claudine Schmidt et Edeltraud Bour, cinq des douze filles libérées des griffes de Khan le Terrible.

     Dernièrement,  l’Empereur Charlemagne a nommé ces huit filles  Soldates de l’Empire Romain d’Occident. Et c'est à ce titre qu'elles seront les ambassadrices de Durandalem auprès des instances de tous les pays. Nous commencerons par Pont-de-Sarre, qui est en Austrasie, à l’est d'ici. Là-bas, la semaine prochaine, nous allons faire un gros chantier, et nos ambassadrices nous présenteront aux Sarrois. J’attends de toi que tu leur enseignes les bons gestes, les révérences devant les grands, et aussi les bons arguments face à la population. »

     À ce moment Carole voit arriver un homme nu de son âge, avec un corps de son âge....

     « Carole, je te présente Apollinaire de Valz, qui t’assistera dans cette démarche. Il connaît bien le milieu de la noblesse, notamment la noblesse sarroise.

     - Enchantée, Apollinaire !

     - Je suis honoré de vous seconder, Dame de Saint-Saëns ! 

     - L’honneur est pour moi... Votre réputation de barde est arrivée jusqu'à mes oreilles, et j’ai grande hâte de vous entendre chanter ! 

    - Ce sera un grand plaisir de vous distraire, chère Carole, et tantôt, je m‘entourerai de quelques musiciens pour vous charmer ! 

   - Ce sera avec joie ! Les ambassadrices pourraient participer aussi, il est toujours de bon aloi de voir et d’entendre de belles filles chanter...

  - Un de mes musiciens a déjà commencé à les former dans ce sens... N’est-ce pas, mesdemoiselles ? 

     - Oui-da ! dit Edeltraud en riant et en faisant rire toute la troupe, Simon Schmit nous a déjà fait chanter de belle façon, bien haut et bien fort ! 

    - Soit ! Eh bien, commençons...»

     Et les cours de bienséance, de maintien, de révérences s’enchaînent. Les filles sont très appliquées. Elles doivent assimiler sans retard le B-A-BA de toute ambassadrice de qualité.

     De son côté, Apollinaire s’occupe de leur voix, de leur diction, et les fait chanter pour parfaire leur timbre.

Vigilance

 

     Guenièvre Spohr, Johan Martinet, Alexa Dumas, Pierre Martinet et Christina Hahn, sont les gardes en réserve aujourd’hui.

     Un cavalier se présente de bon matin devant le portail est. Gretel Wilkinson et André Martinet sont de garde.

     « Qui va là ?  demande Gretel.

     - Paul Bour, maçon de Manderen, accompagné d'un garde.  Je viens voir Jacou Artz ! 

     - Entrez...  Jacou est aux Thermes, c'est au bout du village ! 

     - Merci Gretel ! Je connais ! » répond Paul, au grand étonnement de la rousse, qui ne l’avait pas reconnu.

     Prévenu par Gretel, Jacou accueille les deux visiteurs. Ils se rendent au coin des boissons, après être passés par la douche traditionnelle en ces lieux.

     «  Les maçons se mettent en route, dit Paul, ils seront là ce soir et partiront avec vous demain matin ! Nous serons sept, avec Isabelle, comme prévu ! 

     - Parfait, dit Jacou  Je réserve des chambres pour eux à l’hôtel. À notre retour de Pont-de-Sarre, nous inaugurerons ensemble les fortifications de Naborum ! 

     - Ce sera avec plaisir ! ».

 

     Un chariot se présente au portail est, deux cavaliers en armes sur les côtés.

     Gretel se penche à la fenêtre de la salle de garde, les seins pendant dans le vide. Ce qui ne manque d'émoustiller le conducteur du chariot :

     « Wouhahou !

     - Mais à part ça, qui êtes-vous ? .

     - Je suis Alphonse Bach, vitrier de Meisenthal, et je viens voir Jacou. 

     - Et ces deux soldats ?  s'enquiert Gretel, l’arc déjà à la main.

     - Ce sont mes gardes!  Les routes ne sont plus sûres, du côté de Meisenthal...

     - Entrez, dit André Martinet, Jacou  est aux Thermes, au bout du village ! 

     - Oui, merci, je me souviens...

     À leur arrivée aux Thermes, les vigiles, prévenus par André , sont déjà en position, arcs bandés, prêts à tirer..

     - Posez vos armes, les rassure Jacou, ce sont des amis !  Mais pourquoi venir avec des gardes ?  Venez, messieurs, vous me direz tout à l’intérieur ! 

     Une fois passées les douches, Alphonse explique :

    - Du côté de Meisenthal, des pillards sévissent sur les routes, et attaquent les voyageurs !  Ce n'est que grâce à nos deux gardes, qui ont tiré toutes leurs flèches, que nous avons pu leur échapper. Demain, un convoi de six chariots doit partir de Meisenthal pour Pont-de-Sarre, pour sûr ils se feront attaquer aussi...

     - Pas de panique, assure Jacou, nous allons les escorter ! »

     Et convoquant Dillon, Jacou organise une défense qui ira rejoindre Meisenthal aujourd’hui même.

     Dillon fait venir les gens d’armes Christian Hahn, Alice , Aline  et Pascal Spohr, et leur explique leur mission :

     « Vous allez à Meisenthal, à 20 lieues d’ici, pour protéger le convoi de verre qui part demain pour Pont-de-Sarre. Vous trouverez le patron, comment s’appelle-t-il ?  demande Dillon à Alphonse.

     - C’est Helmut Bour, notre vétéran.

     - Vous accompagnerez les chariots jusqu’à Pont-de-Sarre. Il y a des pillards sur la route, n’ayez aucune pitié pour eux ! 

     Et aussitôt, les gens d’armes s’envolent, vite rappelés par Dillon.

     « Mais vous devriez vous habiller un minimum ! » dit-il en riant.

     Et, une fois vêtus d’une tunique, leur carquois et arc en bandoulière, les gens d’armes s’envolent vers Meisenthal, qu’ils atteindront en deux heures.

     Jacou alors invite les émissaires de Meisenthal à profiter des Thermes, et des bienfaits qu’ils apportent.

     Alphonse Bach est accompagné par Henri Quat et par François Pommier.

 

Attaques sur la route de Manderen

 

       Dillon, de son côté, appelle les frères Bauer, et leur demande d’aller à la rencontre des maçons partis de Manderen vers Durandalem. On ne sait jamais, les routes ne sont pas sûres.

     Aussitôt, Le Borgne et François Bauer s’élancent, nus, en direction de Manderen, arc et carquois en bandoulière.

     Au bout d'une heure de vol, ils aperçoivent, à l’orée d’un bois, une poignée de marauds en embuscade, guettant un convoi de deux chariots. Il s’agit bien des chariots des maçons de Manderen ! François reconnaît leur marque sur la toile. Alors ils se postent devant les chariots, avant d’être à portée de tir des marauds.

      Les maçons reconnaissent les soldats nus dans les airs... Ce sont les gardes de Durandalem !!!  Un danger est donc imminent.... Ils font halte. Les marauds jaillissent soudain de leur cachette et galopent vers les chariots, mais ils sont aussitôt fauchés dans leur élan par les deux Capitaines. Leurs  flèches meurtrières ne pardonnent pas !

     Six corps sans vie gisent, que les maçons enterrent sans tarder. Ils récupèrent leurs chevaux, leurs armes, leurs effets, et aussi des médailles qui laissent supposer, hélas, des meurtres de religieux. Ils brûlent ensuite les habits des marauds, creusent un grand trou afin d’enterrer les corps, et continuent leur chemin, les frères Bauer étant assis à côté des charretiers.

     Peu avant Téterchen, ils sont à nouveau attaqués par une bande de pillards à cheval. Une dizaine de gaillards hirsutes, qui hurlent en chargeant ! Mais nos deux Capitaines sont loin de paniquer pour autant. Tranquillement assis sur les bancs de conduite, sans essuyer la moindre riposte, deux flèches par arc, en trois tirs, ils déciment sept des assaillants.

     Voyant cela, le groupe de trois cavaliers restant s’enfuit affolé. Mais les deux frères ont tôt fait de les dépasser par les airs, et  leur ordonnent de s’arrêter, sous peine de mort ! Devant ces démons nus surgis du ciel devant eux, les trois cavaliers, jetant leurs armes, descendent de cheval, et implorent leur pitié.

   Un groupe de villageois à cheval arrive alors. Ils voient les trois hommes à genoux.  Ils reconnaissent les chefs des hommes qui ont pillé leur village. Et sans aucune forme de procès, ils les mettent à mort de leurs épées, fourches, faux, et autres bâtons.

     « Qui êtes-vous ? Des dieux nus, des justiciers du ciel ?  demande un des villageois.

    - Nous ne sommes pas des dieux, dit Le Borgne, juste des soldats qui maîtrisent le vol !  Prenez leurs chevaux et leurs rapines, ils vous appartiennent désormais !   Et enterrez ces malheureux, avant qu’ils ne répandent la peste... »

Puis les chariots continuent leur route vers Durandalem, sous les acclamations des habitants de Téterchen,  qui se trouvent débarrassés de ce fléau. 

    « Espérons, soupire François, que la fin du voyage sera plus calme ! » .

     Ils arrivent enfin au portail est de Durandalem.

     Gretel vient juste de prendre son poste de 18 heures. Nos Capitaines sont ravis de leur vision de la fenêtre de la salle de garde, d'où dépassent deux beaux seins encore fermes...

     « Qui va là ? 

       - Les Capitaines François et le Borgne ! » .

      Gretel ouvre le portail, et les deux chariots suivis de six chevaux, entrent dans le village, et s’arrêtent à l’auberge. Dillon s’y trouve, avec Gabriel.

      « Riche idée que de nous avoir envoyés à la rencontre des maçons ! dit le Borgne. Nous avons essuyé deux attaques !

     - La première non loin de Manderen, précise François. Six marauds voulaient tendre une embuscade, nous sommes arrivés juste à temps ! Et nous avons récupéré leurs six chevaux ! 

     - La deuxième, près de Téterchen, complète le Borgne. Dix pillards à cheval avaient attaqué le village, et voulaient s’en prendre à nous ! Mal leur en prit ! Nous en avons liquidé sept sur leurs chevaux ! Les trois qui restaient se sont rendus, mais les villageois furieux sont arrivés, et les ont mis à mort sur-le-champ ! Nous leur avons laissé les dix chevaux. 

     - Grand merci à vous ! dit alors le chef d’équipe des maçons. Sans vous, nous ne serions plus de ce monde  ! »

       Dillon en réfère à Jacou, qui décide alors d’envoyer une patrouille à la rencontre des menuisiers d’Oche.

       Il convoque alors les jeunes Aimé et Jean d’Ortega, Jeannot  et Jacky Muller.

      « Je vous confie une mission : partez à la rencontre des six menuisiers d’Oche, qui sont sur la route de Pont-de-Sarre, au Sud d’Oche. Ils sont en chariots, quatre ou cinq chariots, vous les trouverez facilement. Allez-y en volant, le plus rapidement possible. Vous les défendrez contre d’éventuels bandits, et les convoierez jusqu’à Pont-de-Sarre demain. Nous, nous y serons déjà, nous partons demain de bonne heure.  Allez, braves vigiles, et bon vol ! »

     Et les quatre vigiles s’envolent vers Oche, pour rejoindre la route du Sud.

 

   Arrivés à  Meisenthal, les gens d’armes Christian Hahn, Alice, Aline et Pascal Spohr  se présentent à Helmut Bour, le vétéran des verriers :

      « Nous sommes envoyés par Jacou Artz, le bourgmestre de Durandalem. Aujourd'hui,  vos émissaires ont été attaqués sur la route , mais ils ont pu arriver sains et saufs à Durandalem.  Demain, c'est nous qui  vous escorterons jusqu’à Pont-de-Sarre ! »

     Les verriers sont bien rassurés d’avoir une escorte. Il est déjà arrivé à  plusieurs des leurs de se faire attaquer par des pillards !

Les prisonniers de la route d’Oche

 

     Sur la route de Pont-de-Sarre, en venant d’Oche, les vigiles aperçoivent au loin les cinq chariots des menuisiers, arrêtés. Manifestement, ils sont prisonniers d’une horde de guerriers, une bonne trentaine d'hommes sur de petits chevaux. Les vigiles alors se posent dans un bois, et élaborent un plan.

      Ils vont attendre la nuit pour délivrer les menuisiers, puis ils s’occuperont des bandits. Ils profitent du fait que les bandits bâfrent presque tous autour d’un grand feu. Ils n'ont laissé que trois hommes pour garder les prisonniers.

    Les trois sont abattus en silence, d’en haut, d’une flèche dans l’œil, sans qu'ils aient le temps de pousser un cri ! Les vigiles alors libèrent les menuisiers. Deux sont blessés et ne peuvent pas marcher. Ils sont portés par leurs compagnons. et, en silence, ils s’éloignent du camp des bandits.

     Ils sont mis en sécurité, hors de portée, cachés dans le bois.

     « Restez ici, dit Aimé. Faites silence, nous allons nous occuper d’eux ! »

    Les vigiles alors s'en retournent au-dessus du camp et font fuir les chevaux. Ce qui alerte les bandits qui courent derrière leurs montures dans la nuit.

    Ils sont abattus, un par un... Ils ne comprennent pas ce qui se passe, et voient leurs comparses tomber comme des mouches.

    Jean d’Ortega retourne alors au camp. Les bandits ont découvert leurs gardiens abattus, et leurs prisonniers ne sont plus là ! Ils se munissent alors de lances enflammées... Cibles bien éclairées sur lesquelles Jean fait un carton !

    De leur côté, les trois autres vigiles, invisibles dans le ciel noir, éliminent tous les bandits qui courent derrière les chevaux. Bientôt, tous les bandits sont à terre. Il était temps. Les vigiles sont à court  de flèches ! Ils descendent alors, achèvent les blessés avec leurs propres armes, et récupèrent les flèches sur les cadavres.

    À la lueur des torches, ils découvrent le faciès des bandits. Yeux bridés, teint jaune.  Ils ne sont pas grands, 5 pieds tout au plus, tout comme leurs petites montures.

    En fouillant dans leurs affaires, à défaut de vrais remèdes, ils trouvent de quoi soulager les menuisiers blessés à la cuisse par des flèches.

    Ils trouvent aussi des outils, et commencent à creuser un trou pour ensevelir les bandits.

 

     À présent, à Durandalem, les leçons de maintien de Carole de Saint Saëns et d'Apollinaire de Valz sont finies.

     Apollinaire propose à Carole de venir boire un verre chez lui, dans son appartement des cantonniers.

     Carole accepte volontiers, et les voilà, bras dessus bras dessous, se dirigeant vers le nid d'amour d'Apo.

     Apollinaire a pris soin auparavant de demander à Chantal de quoi leur faire passer à tous deux une bonne soirée !

Et il a prévenu discrètement Jacou que cette nuit, Carole ne viendra pas dormir à l’école ...

     Une fois sur place, Apollinaire, qui s'est mis à l'aise,  offre à Carole un verre d'une liqueur de Child.

    « Quel bel homme nu...Quelle prestance...Tu es vraiment bien conservé pour ton âge, Apollinaire ! 

     - Oh, mais tu peux m’appeler Apo, voyons... Et toi, et toi... Cette tunique légère... Permets donc que je t'en débarrasse... Eh, tu n'es pas mal conservée toi non plus, ma Carole ! »

    Et les presque octogénaires  trinquent tout émus à leur rencontre. Rencontre tardive certes, mais toute la nuit est à eux ! Versée dans le verre de liqueur, la potion de Chantal va donner de la pêche et bien des envies aux deux vieux mondains...

 

... Et les deux amants s’embrassent encore longuement, longuement... comme pour rattraper des dizaines d’années de retard !

Les voyages pour Pont-de-Sarre

 

     Lundi 5 mai

     À Meisenthal, dès l’aube, quatre chariots sont attelés, et les voilà partis pour Pont-de-Sarre.

     Hantz Schmitt, soixante deux ans, Ludwig Beet, soixante ans, Wolfgang Mose, cinquante neuf ans, et Adolf Gleb, cinquante trois ans, sont aux rênes. Helmut Bour, soixante trois ans, est avec les gens d’armes à l’arrière du premier chariot.

 

       À Durandalem, les préparatifs sont terminés. Tout le monde embarque à bord des chariots. Deux cavaliers se présentent devant le portail est.

     « Qui êtes-vous ? demande Gretel Wilkinson, de garde avec Hankel Thiel.

     - Jean-Paul et Jean-Pierre Schuss, forgerons de Naborum. Nous sommes mandés par Robert Schmit !

     - Entrez, Robert est juste à côté, à l’écurie ! »

     Il y a là plusieurs chariots. Un chariot transporte les ambassadrices Soldats de l’Empire ainsi que les enfants de Valérie Burg et leur nounou, Hélène Basin.  C'est Hantz Burg qui est aux rênes.  Il a laissé les frères Walsch continuer l’entraînement des gardes de Naborum.

      Un autre chariot est occupé par les cuisinières, Manon Germain, Marianne Tritz, Paulette Holz, Marlène Basin, Josie Bern, et par tout le nécessaire en matériel et en denrées. C'est Albert Tritz, cuisinier de la résidence, qui tient les rênes.

      Nous, les forgerons, c'est-à-dire moi-même, Jérémoy, Nathan, Léo et les deux frères Schuss de Naborum,  nous occupons un troisième chariot, le plus grand, tiré par quatre chevaux. Nous emportons nos outils, de quoi installer des douches dans le campement, et des générateurs de vapeur de toutes tailles pour les douches communales, pour celles des thermes et des hôtels. Ce sont Nathan et Léo qui conduisent.

      Deux autres chariots transportent les maçons et leur matériel.

      Enfin, un dernier chariot transporte Jacou, avec moult fioles et remèdes en tous genres pour parer à toute éventualité. Marie Brett, le médecin, est elle aussi à bord, ainsi que les gardes Guenièvre Spohr, Johan et Pierre Martinet, Alexa Dumas,  et Christina Hahn .C'est Pierre Martinet qui tient les rênes.

      Et c’est le départ. Gretel ouvre grand le portail, et salue Jacou qui ferme la marche, assis à l’arrière du dernier chariot.

 

Les escortes 

 

       Quand le jour se lève, sur la route Sud venant d’Oche, des cadavres jonchent le sol dans les champs.

       Les vigiles ont récupéré toutes leurs flèches, et ramènent les corps des bandits à distance. Ils en dénombrent trente-deux au total.

       Aidés par les menuisiers valides, ils dévêtent les bandits, et les jettent nus dans la fosse qu’ils ont creusée. Ils mettent le feu aux habits et balancent les cendres dans la fosse, avant de la refermer.

       Puis ils rassemblent les chevaux éparpillés dans la prairie. Ils n’avaient jamais vu cette race !

       Entreposées sur un tas, les selles  sont équipées de sacoches remplies de monnaies diverses, de bijoux, d’argent et d’or que les bandits ont pillés sur leur chemin.

       Des parchemins dans une langue inconnue sont aussi découverts. Pour sûr, cela intéressera Jacou !

       Enfin, le convoi de chariots reprend la route,  les chevaux accrochés derrière. Les blessés sont confortablement installés dans l'un des chariots, Jean les informe qu'ils seront soignés en arrivant à Pont-de-Sarre.

       Pendant le voyage, ils font plus ample connaissance.

       « Je m’appelle Victor Rous, je suis le maître compagnon menuisier. Et voici Amédée Kris, mon second, qui est blessé.  Bertrand Schenk et Aloïs Prist sont menuisiers, ainsi que les jumeaux Hantz et Ludwig Tramp, des convoyeurs que nous avons embauchés pour l’occasion. Hantz est l’autre blessé. 

     - Enchantés ! Moi, je suis Jean d’Ortega, voici mon frère jumeau Aimé, et les jumeaux Jacky et Jeannot Muller. Nous sommes des vigiles des Thermes de Durandalem.

     - Vous paraissez bien jeunes pour être vigiles !  s'étonne Bertrand Schenk. 

     - Nous avons vingt-et-un ans, mon frère Aimé et moi, et les Muller dix huit ans.

     - Mais nous sommes aguerris aux armes depuis l’âge de quinze ans, comme tous les jeunes de Durandalem ! ajoute son frère.

     - Les Thermes de Durandalem, je connais ! dit Victor Rous. Avec Amédée, nous avons livré le bois pour les construire, il y a plus de trente ans de cela ! Nous avions à l’époque déjà découvert vos super-pouvoirs...  Et grâce à ces pouvoirs, vous venez de nous sauver la vie ! Grand merci ! 

     - C’est Jacou qu’il faudra remercier, précise Jean. Il pressentait ce genre de problème, et nous a envoyés à votre rencontre !  Nous devrions arriver en fin d’après-midi... » 

 

       Sur la route en venant de Meisenthal, des bandits ont barré le passage en abattant un gros tronc d’arbre.

     « Ce sont probablement les mêmes que ceux qui ont attaqué notre compagnon, hier !  dit Helmut Bour.

     Le convoi s’arrête, et sept bandits sortent des fourrés, armés d’arcs. Ils se postent derrière le tronc, et l’un d’eux vocifère :

     - Donnez-nous votre or, et vous aurez la vie sauve ! »

     Caché dans le chariot,  Christian Hahn , par la pensée, fait alors rouler l’énorme tronc vers eux, écrasant les jambes de trois des bandits, qui hurlent de douleur. Les trois autres gens d’arme, Alice, Aline, et Pascal Spohr, jaillissent aussitôt du chariot, et avant que les bandits ne comprennent ce qui se passe, éliminent ceux qui étaient encore debout.

     Puis, s'approchant des trois prisonniers du tronc, ils les achèvent d’une flèche dans l’oreille.

     Christian dégage alors le tronc, et les gens d’arme creusent un trou pour y enfouir les corps dénudés des bandits, avoir récupéré leurs flèches et brûlé leurs hardes puantes.

     Un peu plus loin, ils récupèrent en plus six chevaux, et une charrette attelé de deux chevaux, chargée du butin des pillages.

      « Voilà une affaire rudement bien menée ! se réjouit Helmut Bour. Je plains les prochains qui oseront vous attaquer !

      - Ils subiront le même sort ! dit Pascal. Pas de pitié ! La région doit redevenir sûre ! »

     Et le convoi reprend la route pour Pont-de-Sarre.

     Un peu plus loin, cinq cavaliers, arcs tendus, les arrêtent ! Les malfrats ont manifestement reconnu la charrette chargée de butin.

     « Où sont les propriétaires de cette charrette ? s'enquiert celui qui avance en tête. Qu’avez-vous fait d’eux ?

     - Ceci ! 

     Sur ces mots, les quatre gens d’arme, décochant simultanément leurs flèches, deux par arc, tuent net les cinq cavaliers, qui tombent de leurs montures, une flèche entre les deux yeux.

     - Bon, ben, à force, on va devenir  fossoyeurs professionnels! remarque Alice  en riant et en sortant déjà la pelle.

     Une fois les cavaliers enterrés et leurs braies brûlées, le convoi repart.

     - Cela va nous mettre en retard !  regrette à demi Adolf Gleb. 

 

     Alice propose d’aller par les airs reconnaître la route.

     - Bonne idée, je t’accompagne !  dit sa sœur Aline.

     Et les deux filles s’envolent et observent la route au loin.

     Elles reviennent peu de temps après.

      - Il y a une troupe d'au moins vingt hommes à pied, prévient Alice, avec deux chariots et dix cavaliers. Ils viennent par ici...  Ils n’ont pas l’air amicaux ! 

      - Ils sont à une lieue, confirme Aline. Ils nous ont tiré dessus ! 

      - On va leur tendre un piège !  dit alors Pascal. On va leur envoyer des plaques de verre ! 

      - Bonne idée, acquiesce Adolf. On en a qui n'ont pas été polies, et tranchent comme des rasoirs ! »

      Alors les gens d’armes sortent en lévitation les plaques de quatre pieds par quatre, et les maintiennent à cinq pieds du sol.

     Quand les hommes à pied aperçoivent les chariots, ils se mettent à courir vers eux l’épée à la main, tandis que les cavaliers restent derrière, armés d’arcs.

       Pascal lance alors la première plaque vers les bandits en la faisant tourner sur elle-même. Elle arrive parmi eux, tranchant des têtes, des bras, puis  des jambes, pour enfin exploser sur le sol, projetant des débris de verre qui atteignent les cavaliers.

      La deuxième plaque, plus haute, décapite trois chevaux, et coupe en deux les trois cavaliers derrière.

       La troisième plaque arrive à son tour, coupant des bras des jambes, des troncs, tournoyant sur place et descendant, coupant en rondelles les malheureux bandits, avant d’exploser elle aussi, envoyant ses débris de verre tranchants partout à la ronde.

       Bientôt la route n’est plus qu’un charnier. Des débris humains jonchent la route, rouge de sang, parmi les débris de verre.

       Quelques hommes s’enfuient, mutilés. Les cavaliers aussi tentent de fuir.

      Alors Aline et Pascal montent dans les airs, dépassent les fuyards, et leur faisant face, les mitraillent d’en haut de leurs flèches, ne leur laissant aucune chance !

       Quelques hommes blessés gémissent, les gens d’arme les achèvent d’un coup d’épée.

       Il ne reste aucun survivant. Deux chevaux criblés d’éclats de verre sont abattus. Les gens d’arme récupèrent quatre chevaux en bonne santé, avec simplement quelques éclats de verre, qui pourront être soignés.

       Les deux chariots restés derrière, quant à eux, sont intacts. Les quatre chevaux aussi. Les charretiers, voulant riposter, sont abattus sans sommation.

       Dans l'un des chariots, les gens d’arme trouvent trois filles en haillons, des jouvencelles blondes, tremblantes de peur.

       « Ne craignez rien ! leur dit Aline. Nous sommes des amis, vous êtes sauvées maintenant ! 

       - Qui êtes-vous ? demande Alice. D’où venez-vous ? 

       - Nous sommes les sœurs Halot, Giselle et Isabelle, nous sommes jumelles de quinze ans, et notre petite sœur Anaëlle a quatorze ans.

      Nous venons des environ de Gmunden, les bandits ont attaqué la ferme de nos parents, et les ont tués !  dit Giselle, fondant en larmes.

      - Toute nos condoléances pour vos malheureux parents ! dit Pascal. Mais maintenant, vous êtes avec nous, et nul ne vous fera jamais plus de mal !  Nous allons à Pont-de-Sarre, non loin de Gmunden. Avez-vous de la famille par là-bas ? 

       - Hélas non, répond Giselle, nous ne sommes pas originaires de la région. Nos parents viennent de Lugdon. »

       Après un nettoyage du carnage sur la route, tous les débris sont ensevelis. Les cadavres humains et les chevaux, les restes d'habits marqués d’un emblème de chauve-souris, tout cela est brûlé, et l’énorme trou est rebouché.

     « La pluie se chargera de parfaire le nettoyage ! »  conclut Ludwig Beet.  

 

     Et le convoi repart, de plus en plus long.

     En plus des quatre chariots présents au départ, il y a maintenant six chevaux et une charrette attelée de deux chevaux, récupérés lors de la première attaque, cinq chevaux récupérés à la deuxième, et deux chariots attelés à quatre chevaux, ainsi que quatre chevaux légèrement blessés, et bien sûr, les trois sœurs Halot, rescapées de la troisième !

       Pascal part devant pour estimer la sûreté de la route. Mais il ne rencontre plus de nouvelle entrave à leur marche.

       Les voici à Pont-de-Sarre. Jacou les accueille.

       « Bienvenue, les verriers de Meisenthal ! 

       - Merci Maître Artz ! dit Helmut Bour.  Riche idée de nous doter d’une escorte ! 

       - Pour ça oui, dit Alice... Nous avons été attaqués trois fois !  

       - Et nous avons sauvé trois jouvencelles, poursuit Aline. S’il y a un médecin parmi vous, cela serait bien de les examiner ! »

       Aussitôt Jacou appelle Marie, et les sœurs Halot lui sont aussitôt confiées.

      « Nous avons aussi quatre chevaux blessés par des coupures de verre, rajoute Pascal. Il faudrait les soigner ! »

       Jacou appelle Hantz et lui dit de s’en charger.

       « Maintenant, messieurs les verriers,  racontez-moi votre voyage, qui semble avoir été mouvementé ! » 

       Wolfgang Mose raconte dans le détail les embuscades, les attaques, le tronc, les plaques de verre…

     « Ce fut un massacre !  dit-il en rigolant.

     - La première fois, récapitule Christian, nous avons abattu sept bandits. La deuxième fois,  cinq. Et la troisième, ce fut carrément l’hécatombe, avec trente-quatre éliminés ! .

     - Et en sus, précise Pascal, nous avons récupéré vingt et un chevaux et trois chariots... Gageons que la route de Meisenthal sera plus sûre, maintenant ! 

     - Je n’en doute pas !  acquiesce Jacou. Bravo à vous, fiers gardes !  Le campement est en place. Allez vous doucher et vous restaurer, puis vous reposez-vous, vous en avez besoin ! Je passerai vous donner des remontants dans la soirée. »

    Peu de temps après, le convoi venant d’Oche  arrive à son tour au camp.

    « Nous avons des blessés ! annonce Jean d’Ortega.

    - Graves ?  demande Jacou.

    - Deux blessés d'une flèche dans la cuisse. Depuis hier, nous n’avons pas pu les extraire...

    - Amenez-les chez Marie, dans sa tente. Elle va s’en occuper ! Racontez, comment est-ce arrivé ? 

    - Quand les vigiles sont arrivés en vue du convoi, les hordes barbares avaient déjà blessé Amédée et Hantz, et nous avaient fait prisonniers, raconte Victor Rous.

    - Les vigiles ont attendu la nuit pour agir !  continue Aloïs Prist. 

    - Ils étaient plus d’une trentaine, précise Jean. C’eût été risqué de les attaquer de front le jour. Nous avons donc profité de leur dîner. Ils n’étaient que trois gardes à surveiller les prisonniers. Nous les avons tués et délivré ces messieurs, sans bruit ! 

    - Nous avons ensuite fait fuir leurs chevaux, dit Aimé. Et pendant qu’ils leur couraient derrière, nous les avons abattus un à un ! Nous avons récupéré leurs chevaux.  Une race que je n’ai jamais vue... De petits étalons à grande crinière. Voyez, il y en a trente-deux ! 

    - Et voilà des parchemins trouvés sur eux, dit Jean, mais je ne comprends pas ce qui est écrit ! 

     Et il tend les parchemins à Jacou.

     - Hum, très intéressant...  Je vais regarder cela de près ! Merci d’avoir sauvé les menuisiers d’Oche.  Allez maintenant prendre un repos bien mérité...»

 

     Il fait déjà nuit quand le convoi venant de Mousson arrive au camp de Pont-de-Sarre.

     « Nous avons subi une attaque, annonce Léonard de Wendel, mais les archers de l’Empereur ne leur ont laissé aucune chance... Dix bandits  éliminés ! 

     - Et nous avons récupéré leurs chevaux !  dit l'un des soldats.

     - Messieurs les soldats de l’Empereur, merci...  Allez donc vous restaurer à la tente de l’office !  Bienvenue Léonard... Je vois que tu as amené du renfort !  Qui sont ces six jeunes gaillards qui descendent des chariots ?

     - Je te les présente : les quatre fondeurs  Paul Nagel, Georges Stand,  Venceslas Dörm et Agar Dörm,  et les deux forgerons Michel Pilna et Roger Mour.  Mercredi arriveront six autres chariots conduits par des soldats de l’Empereur, avec des canalisations, plus deux qui iront à Oche. »

 

     Et voilà les chariots de pierres du Blauersland, qui arrivent sous bonne escorte !

     « Bienvenue ! Pas de problèmes, messieurs ?  demande Jacou au premier charretier, Helmut Fritz.

     - Oh, comme d'habitude, rigole Helmut Fritz.  Une attaque, trois morts, et deux chevaux de plus. La routine, quoi !

     Les quatre gardes, Adolf Rimmel, Paulus Kern, Gorg Pietra et Boris Elsie confirment ! Les pillards se sont quasiment suicidés... »

    « Décidément, rigole Helmut de plus belle, les routes deviennent trop sûres !  Nous finirons par ne plus trouver de nouveaux chevaux en cadeau...

      - Aussi, dit Peter Glome, le deuxième charretier, quelle idée d'avoir attaqué quatre gardes armés à trois... Il ne fallait pas qu'ils soient malins ! 

     Tous sont maintenant arrivés à bon port. Jacou réunit tout le monde.

     « Mesdames et Messieurs, après cette journée mouvementée pour beaucoup d’entre vous, cette nuit vous apportera toute la quiétude souhaitable.  Comme vous le constatez, l’espace qu’on nous a alloué. est clos, Donc, ici, nous pourrons vivre nus.

     Permettez que je vous présente trois nouvelles recrues, Giselle Halot, 15 ans, sa sœur jumelle Isabelle, et leur petite sœur Anaëlle Halot, 14 ans. Orphelines... Leurs parents ont été tués par les bandits, qui les ont faites prisonnières. Ils voulaient les vendre comme vierges, ce qui leur a épargné des sévices sexuels de leur part.

     Dorénavant, elles vont vivre avec nos Soldates ambassadrices. Elles sont d’office citoyennes de Durandalem ! 

     - Bienvenue, les filles ! clament alors toutes les personnes présentes ».

     Jacou continue.

     -  Nos vaillants soldats, gardes et vigiles nous ont débarrassé aujourd’hui d’un grand nombre de bandits qui infestaient les chemins de l’Austrasie. Ils en ont tué au total cent dix-neuf !  Oui, cent dix-neuf, vous avez bien entendu !  Et récupéré trente-sept chevaux ! Sans eux, point de verriers, de maçons, de fondeurs, de menuisiers et de tailleurs de pierres... Aucun ne serait arrivé à bon port !

     Mais ici, nous ne risquons plus rien. Les soldats de Pont-de-Sarre surveillent les alentours, et nous avons nos gardes qui veillent sur votre quiétude ! Reposez-vous, mangez, buvez, mais pas de trop, et couchez vous tôt. Demain, début des choses sérieuses !  Nous commencerons nos travaux. Le bourgmestre de la ville Oscar Fontaine et ses conseillers viendront ici nous expliquer ce qu’ils attendent de nous. »

 

     Se retirant sur sa couche, Jacou examine à la lueur d’une torche les étranges parchemins trouvés sur les bandits.

     Il reconnaît l’écriture de haut en bas des provinces de l’Orient, au bout de la mer d’Orient...  À l’Ouest des terres mayas qu’il a visitées jadis avec son Maître Sirius, alors qu’il n’était qu’un adolescent, et qui lui avait appris à déchiffrer cette écriture.

     Un de ces parchemins raconte une légende. Cela parle d'un trésor, et de pouvoirs de vie éternelle.  Ce serait situé dans un archipel au large de la Grande Mer d’Ouest, et qui, selon le parchemin, s’appellerait l’Atlantide.

     Jacou en avait entendu parler par son Maître, qui lui avait avoué ne jamais avoir réussi à trouver cet archipel, se demandait si ces Atlantes n’étaient pas plutôt originaires de l’Atlas, montagne du Nord de l’Afrique et qui dans les temps anciens étaient fertiles et prospères. Il se demandait quel était le bien-fondé de cette légende.

     Sur un autre parchemin est rédigé un ordre de mission, l'ordre de trouver et de ramener ce trésor, ces pouvoirs et ceux qui les détiennent... Tout au bout des terres d’Orient, sur une grande île dénommée Pays du Soleil Levant.

     Jacou se souvient avoir visité une île, Fuji, aux environs de celle du Pays du Soleil Levant, en compagnie de Maître Sirius et de ses disciples les Mayas jumelles Itzel et Akna, ainsi que le jeune chaman Eadrich et sa compagne Chillán. Ils avaient dû quitter Fuji précipitamment, un volcan crachait des cendres incandescentes sur toute l’île et l’a entièrement brulée.

     Ce soir, que de souvenirs d’un temps lointain se sont réveillés ! Il n’avait alors que douze ans... Il finit par s’endormir, la tête remplie de ces images de ses jeunes années.

Le chantier

 

     Mardi 6 mai

     Le soleil se lève sur le camp des travailleurs, à Pont-de-Sarre.

     Les soldats de l’escorte de Mousson s'apprêtent à rejoindre l’Empereur à Oche.

     « Merci d’avoir escorté nos fondeurs ! dit Jacou. Vous donnerez le salut à l’Empereur ! 

     - Nous n’y manquerons pas ! »

     Et les voilà partis.

     Les deux charrettes sont reparties pour le Blauersland, avec les quatre gardes. Ils seront de retour vendredi.

     Cinq autres charrettes arrivent aujourd’hui, amenant les pierres pour la réserve d’eau. L’emplacement n’est pas encore défini, mais il le sera dans la journée. C'est l'architecte Isabelle Bour qui en décidera.

    Le bourgmestre de la ville a annoncé sa venue.  Pour ce premier contact, Jacou a demandé à tout le monde de s’habiller. Voici l'édile, accompagné par tout un groupe.

     « Je suis Oscar Fontaine, le bourgmestre, et voici mon adjoint, Petrus Kroll ; mon conseiller aux bâtiments, l’architecte Josef Beth ; le chef-forgeron de la ville, Rudy Ferrent ; le maître-compagnon menuisier, Edmond Tanne ; le patron de l’hôtel Victor, Jack Victor, et celui du Majestic, Peter Penh. 

     - Enchanté, messieurs. Je suis Jacou Artz,  bourgmestre de Durandalem, et chef de ce camp. Parlons peu, mais parlons bien ! Si j’ai bien compris, il vous faut donc des douches, une piscine et un sauna dans les hôtels, des douches communales, et des thermes.  

     - C’est bien ça !  dit Petrus Kroll, qui supervise les travaux.

     - Monsieur Beth, voici mon équipe ,  Joseph Wirth, le maître maçon, les maçons Paulin Wirth, Georges Storm, Claude Storm, Paul et Pierre Bour.  Et notre architecte, Isabelle Bour. 

     - Une femme architecte... jeune et belle, de surcroît ! s'étonne Joseph Beth. Ce n’est pas commun ! Bienvenue à toi, Isabelle, et bienvenue à vous, maîtres maçons !

     - Monsieur Ferrent, je vous présente notre Maître forgeron de l’Empire, Robert Schmit, et les forgerons Jérémoy, Nathan et Léo Mayer, et Jean-Paul et Jean-Pierre Schuss. 

    - C’est un honneur que de travailler avec le Maître des maîtres forgerons ! Bienvenue à toi et à ton équipe.

    - Merci Rudy ! dis-je. Tu viendras avec moi au fond du camp tout à l’heure. 

    - Monsieur Tanne, je vous présente les maîtres menuisiers Victor Rous, Bertrand Schenk et Aloïs Prist, l’assistant menuisier Ludwig Tramp, et notre menuisier de Durandalem, Mikael Thiel.

   - Suite à l'attaque des pillards, dit Victor Rous, nous avons hélas deux blessés : Amédée Kris et Hantz Tramp, maître menuisier et assistant. Rassurez-vous, ce n'est pas grave, ils seront opérationnels dans quelques jours. 

     - J’espère que vos camarades se remettront vite de leurs blessures ! répond Edmond Tanne. Quelles sont-elles ? 

       - Une flèche dans la cuisse...

       - Alors ils guériront ! Et c’est tant mieux.  Bienvenue à vous, maîtres du bois ! 

      - Et voici notre équipe de verriers : Hantz Schmitt, Ludwig Beet, Wolfgang Mose, Adolf Gleb, Helmut Bour et Alphonse Bach. Notre menuisier, Mikael Thiel, s’occupera de l’encadrement des vitres. Henri Quat et François Pommier sont leurs gardes et ils protégeront les verriers sur le chantier. 

     Nous avons aussi des gardes pour protéger tous les chantiers : Jean et Aimé d’Ortega, Jeannot et Jacky Muller, Alice, Aline, Pascal et Guenièvre Spohr, Christian et  Christina Hahn, Johan et Pierre Martinet, et Alexa Dumas. »

     Petrus Kroll les toise, et grommelle d'un ton dédaigneux :

     - Hum, ils sont bien jeunes...  Et en plus, pfff... il y a même des filles ! 

     Oscar Fontaine  regarde son adjoint, un peu étonné par ce dédain.

    C'en est trop pour Alexa Dumas, qui s’énerve et rétorque avec véhémence :

       - Apprenez ceci, monsieur Kroll... Ce ne sont ni l’âge ni le sexe qui font les bons soldats, mais leurs qualités et leurs capacités ! Vous souvenez-vous du passage de Khan le terrible qui a dévasté votre ville ?  Oui, bien sûr... Eh bien c'est nous, les gardes de Durandalem, qui l’avons vaincu,  et qui avons tué toute son armée ! Nous étions vingt contre cinq cents, et ils ont tous péri ! Et ce jour-là, face à lui, où étaient-ils donc, vos vaillants gardes ? 

     - Houlà, quel aplomb... Mais tu as raison, jeune blonde pleine d’énergie ! se reprend  Petrus Kroll tout embarrassé. Je ne voulais certes pas offenser les glorieux vainqueurs de Khan...  Je te prie, je vous prie d’accepter toutes mes excuses pour ces paroles irréfléchies et si méprisantes pour les femmes...   Je suis certain maintenant qu'avec vous, nos chantiers seront très bien protégés ! 

      - Nous acceptons vos excuses, se radoucit Alexa.  Pardonnez mon ton un peu vif... Je ne voulais pas non plus blâmer vos gardes qui ont subi cette attaque... Après tout, ils n'avaient pas les pouvoirs que nous avons ! 

     - Alors, cet intermède est fini, conclut Oscar Fontaine. Sachez que nous apprécions toutes et tous votre présence...  

    - Bon, dit Jacou, ça au moins, c’est réglé ! »

Et tout le monde, Alexa et Petrus les premiers, rigole de bon cœur.

 

    Jacou poursuit...

     « Nous avons nos cuisiniers pour nourrir les ouvriers. Bien sûr, vos gens qui travaillent sur les chantiers seront les bienvenus à tous les repas ! Je vous présente l’équipe :  Albert et Marianne Tritz, Paulette Holz, Marlène Basin, et Josie Bern pour le service. 

     Nous avons aussi un médecin, notre médecin de Durandalem, que voici . Je vous présente Marie Brett ! Elle est là pour vous,  elle soignera tous vos maux. N’hésitez pas à venir la consulter, même pour la moindre écorchure. Cela peut s'aggraver , alors ne traînez pas ! Voilà ! Je pense que vous savez l’essentiel...

       Ah, j'allais oublier une chose importante ! Marie Brett vous distribuera une potion qui vous permettra de transporter les charges les plus lourdes sans effort, par la simple pensée. Toutes les ouvrières et tous les ouvriers du chantier pourront en avoir.  C’est même recommandé ! 

     Et une dernière chose tout aussi importante, messieurs de Pont-de-Sarre : Nous sommes toutes et tous nudistes, et nous vivons généralement nus. Nous travaillons nus aussi, et c’est donc nus que nous travaillerons dans votre cité. Évidemment, si vos gens pouvaient suivre notre exemple, ce serait encore mieux !

     Pour celles et ceux qui auraient quelques craintes, je vous signale que nous disposons d'une potion qui annihile momentanément toute pulsion sexuelle. Ce qui permet à tout le monde de travailler plus sereinement ! Marie vous en distribuera sur demande.

     Bien, bien... Cette fois-ci, je crois que c'est vraiment tout. Mesdames et messieurs, au travail ! »

     Et chacun suit le responsable de son corps de métier. Les travailleurs se déshabillent, et les chantiers démarrent.

      Jacou entraîne le bourgmestre.

     « Oscar, je te présente nos ambassadrices :  Valérie Burg, Agnès et Angèle Hune, Anne Bonte, Gertrude et Berthe Hoff,  Claudine Schmidt et Edeltraud Bour.  Elles vont parcourir la contrée pour annoncer partout l’inauguration des thermes de Pont-de-Sarre, comme tu me l’as suggéré.

    - Vous êtes ravissantes !  s'exclame Oscar, admiratif. Jacou, tu n’aurais pas pu mieux choisir ! 

     - Ces ambassadrices sont Soldates de l’Empire, précise Jacou. Nommées par l’Empereur en personne, en son Palais d’Oche ! Et c’est nues qu’elles vont accomplir leur mission... Mesdemoiselles les ambassadrices, vous pouvez vous déshabiller ! »

     Oscar, bien entendu, est subjugué par la beauté plastique de leurs corps...

     Dans les hôtels,  des brigades de forgerons chaudronniers s’activent pour tirer les tuyaux dans les chambres.

      À l'hôtel Victor, Jérémoy est assisté par Bouvi et Gilbert Har, des jumeaux chaudronniers, et par les forgerons Peter Stiouv et Harry Cove. Ils doivent équiper les trois étages de vingt chambres, ce qui fera soixante chambres en tout. Ils commencent par le troisième étage.

      Au Majestic, avec Nathan et Léo, Gaby Korn et Sylvain Aibon, les chaudronniers, sont aidés par les forgerons Raoul Eck et Chris Tamboul pour installer les deux étages de quarante chambres chacun, soit quatre-vingts chambres ! Le deuxième étage est donc fermé pour cause de travaux.

     Les maçons se sont répartis sur  les deux hôtels. Paulin Wirth et Georges Storm, assistés des maçons de Pont-de-Sarre Jésus et Hantz Vorm, se chargeront de l'hôtel Victor, et Claude Storm et Paul Bour, assistés de Hubert et Albert Vorm s'occuperont du Majestic.

     Derrière les deux hôtels, on monte des tours supportant les cuves et les chaudières.

     Isabelle définit les fondations des quatre douches communales. Une fois les tracés réalisés.   Les maçons Joseph Wirth et Pierre Bour, assistés d' Antoine Binz et de Josef Pouls  et de quatre apprentis construiront les bâtiments les uns après les autres.

    Puis elle s’occupe de tracer les fondations des thermes, avec l’aide de deux terrassiers de Pont-de-Sarre, Félix Pot et Nestor Venis.

     Les verriers, Hantz Schmitt, Ludwig Beet, Wolfgang Mose, Adolf Gleb, Helmut Bour et Alphonse Bach se sont installés dans une grange. Ils préparent les vitres pour les douches communales, les annexes des hôtels et les Thermes.

     Mikael Thiel, s’occupera de l’encadrement des vitres, avec Fulbert Dejeu et Gauthier Payan, les menuisiers de la ville.

     Les bâtiments annexes des hôtels auront eux aussi des grandes baies vitrées.

 

     Les menuisiers d’Oche sont  installés dans un hangar.  Ils préparent les planchers et les charpentes pour les bâtiments. Sont avec eux deux charpentiers et trois charpentières de Pont-de-Sarre : Alex Miot, André Tourdy, Philomène Tabark, Louise Atak, et Germaine Ladanz.

 

     Quant à moi, je suis avec Rudy Ferrent, le maître forgeron, dans un coin du camp, sous une tente où sont remisées mes inventions. Les fondeurs de Mousson, Léonard de Wendel, Paul Nagel, Georges Stand, Venceslas Dörm, et Agar Dörm, et les forgerons Michel Pilna et Roger Mour préparent les tuyaux, les pommeaux, les raccords. Dans le coin, une grande forge est installée. L’âtre flamboie.

      J’explique mes mécanismes qui fonctionnent à la vapeur : les générateurs de vapeur, les machines à laver le linge ou la vaisselle, les chaudières pour l'eau des douches, pour le sauna, le chauffage, les monte-personnes, les systèmes de fermeture et d'ouverture des portes, et les chambres froides fonctionnant grâce à la plante frigidaire dont on extrait le gaz naturium.

     « Nous avons suffisamment de matériel pour finir tous les chantiers, leur dis-je. Mais cela va nécessiter du charbon, beaucoup de charbon, pour chauffer toute l’eau  ! 

     - J’en ai déjà parlé avec Oscar, dit Rudy. Chaque semaine, des grands chariots viennent de la mine de Baumholder, au Nord de l’Austrasie, au-delà d’Oche, . Et ils sont toujours accompagnés de quelques soldats, qui sont déjà intervenus plusieurs fois ! Et vous, où vous procurez-vous le charbon ? 

    - Durandalem est privilégié.  Nous disposons sous notre village d’immenses réserves de charbon. Et nous avons notre propre mine et toute une équipe de mineurs !   Cela facilite grandement l’approvisionnement... Et à Durandalem, toutes les maisons - une bonne centaine de foyers -  sont équipées de chaudières. Et des générateurs de vapeur  nous protègent du gel dans toute la colline .

     - Oui, cela doit nécessiter énormément de charbon !  fait remarquer Rudy.

    - Et beaucoup de main-d’œuvre ! En plus des mineurs, des hommes sont embauchés pour s’occuper des générateurs. 

   - Mais cela doit coûter une fortune, de payer tous ces hommes ! 

   - Oh, de ce côté, pas de problème non plus ! Notre sous-sol regorge d’or, et nos mineurs alternent les extractions : un jour l’or, l’autre jour le charbon. Et nous avons notre propre fonderie pour fabriquer des lingots et des livres-or. 

     - Cela doit attirer bien des convoitises ! 

     - Ils sont pas mal à avoir essayé depuis trente ans, dis-je en riant. Mais les abords du village sont remplis de fosses où gisent les malheureux qui s'y sont risqués ! Le dernier qui a essayé de voler notre or s’appelait Khan le terrible... Mais même avec son armée de cinq cents soldats, il n’y est pas arrivé ! 

     Nous avons un système de garde à toute épreuve. Plus de quarante hommes et femmes veillent sur le village jour et nuit. Et tous les habitants du village, hommes, femmes, et jeunes gens dès 15 ans, tous sont formés pour prendre les armes et se défendre ! 

     Et grâce à Jacou,  à Chantal, et aux merveilleuses plantes de notre belle Austrasie, nous avons acquis des pouvoirs qui nous facilitent bien la vie.  Et pas seulement pour garder le village ! »

 

       Au camp, Jacou désigne Marlène Basin pour dresser la liste des travailleurs, afin de prévoir le nombre de convives à table.

     « Tu vas faire le tour des chantiers, mais tu seras accompagnée par les frères Muller ! Nous devons montrer que nous sommes là, et que nous sommes forts ! »

      Et les trois jeunes gens partent vers les chantiers. Nus, bien sûr.

      Ils commencent par les hôtels :

     Au Victor :  Bouvi et Gilbert Har, Peter Stiouv, Harry Cove et Jérémoy, soit cinq personnes.

     Au Majestic :  Nathan, Léo, Gaby Korn, Sylvain Aibon, Raoul Eck et Chris Tamboul, soit six personnes.

      Derrière les hôtels :  Paulin Wirth, Paul Bour, Claude Storm,, Georges, Jésus, Hantz, Hubert et Albert Vorm, soit huit  personnes.

      Pour les douches communales : Isabelle, Joseph Wirth, Pierre Bour, Antoine Binz, Josef Pouls, Benny Hile, Artémus Gord, Hilda Börg, Helga Börg, soit neuf personnes.

      Pour la grange des verriers : Hantz Schmitt, Ludwig Beet, Wolfgang Mose, Adolf Gleb, Helmut Bour, Alphonse Bach, Mikael Thiel, Fulbert Dejeu, Gauthier Payan, soit également neuf personnes.

      Pour le hangar des menuisiers : Victor Rous, Bertrand Schenk, Aloïs Prist, Ludwig Tramp, Alex Miot, André Tourdy, Philomène Tabark, Louise Atak, Germaine Ladanz, soit là aussi neuf personnes.

     De son côté, bien que le Bourgmestre en ait parlé auparavant, la population de Pont-de-Sarre est intriguée par ces nouveaux venus tout nus qui travaillent sur plusieurs chantiers ! C'est l'attraction de la ville, et les remarques fusent... Ils n'ont pas manqué de remarquer l'architecte Isabelle.

     «  C’est une fille qui commande ! Jeune, belle, et toute nue en plus !

     - Ils ont des pouvoirs extraordinaires !

     - Moi, j’en ai vu qui volaient !

    - Et ils soulèvent les plus grosses pierres comme des fétus de paille !  »

     Marlène et ses gardes reviennent bientôt au camp avec la liste. Cela fait donc : neuf + neuf + neuf + huit + cinq = quarante personnes sur les chantiers. 

     Mais il faut encore ajouter  les fondeurs de Mousson : Léonard de Wendel, Paul Nagel, Georges Stand, Venceslas et Agar Dörm, Michel Pilna et Roger Mour, soit sept personnes. 

     Et aussi les gardes, Aimé et Jean d’Ortega, Jeannot et Jacky Muller, Alice, Aline, Pascal et  Guenièvre Spohr, Christian Hahn, Johan et Pierre Martinet, Alexa Dumas et Christina  Hahn. Sans oublier ceux des verriers, Henri Quat et François Pommier. Quinze personnes de plus.

     Nous en sommes donc à quarante + sept + quinze  = soixante deux personnes ! 

    Plus les dirigeants, Jacou, Robert, Oscar Fontaine, Petrus Kroll, Josef Beth, Rudy Ferrent, Edmond Tanne, jack Victor, Peter Penh, soit encore neuf personnes.

       N'oublions pas les ambassadrices : Valérie Burg, Agnès et Angèle Hune, Anne Bonté, Gertrude et Berthe Hoff, Claudine Schmidt et Edeltraud Bour,  plus les trois nouvelles, Giselle , Isabelle et Anaëlle Halot. Encore onze de plus.

     Ajoutons-y encore la nounou et les deux enfants de Valérie, Hantz Burg, Marie Brett, les deux blessés, le personnel de cuisine Albert et Marianne Tritz, Manon Germain, , Paulette Holz, Josie Bern, sans oublier celle qui compte tout le monde :  Marlène Basin.  Treize  de mieux !

   « Voilà, Jacou. Cela nous fait donc en tout : soixante deux + neuf + onze + treize = quatre-vingt quinze convives  !

  - Beau calcul, merci Marlène ! Il va falloir demander du renfort aux hôteliers ! »

     Et Jack Victor fait mander deux de ses cuisiniers, le chef Augustin Thuin et Germain Suhr, et deux de ses filles de salle, Béatrice Tamboul et Émilie Daifet. Peter Penh peut fournir trois cuisiniers, Médard Tycho, Landry Logie et le chef Igor Egon, et deux filles de salle, Birgit Ali et Edith d’Onk.

     Avec l’aide des gardes et de Hantz, les tables sont installées, et en cuisine les plats se préparent. En quantité, comme on s'en doute.

    Il est bientôt midi. Jacou demande à Oscar si ses soldats peuvent surveiller les chantiers pendant la pause. Oscar envoie son adjoint donner les consignes.

     Une fois tout le monde attablé, Jacou prend la parole :

     « Chers amis travailleurs de Pont-de-Sarre, soyez les bienvenus à cette table ! Les cuisiniers, ceux de Durandalem et ceux de Pont-de-Sarre, nous ont concocté un festin... Profitons de ce repas pour reprendre des forces, afin de parfaire les installations que nous sommes en train de mettre en place...  Bon appétit ! Chacun va me dire où il en est sur son chantier.

      - Les fondations des douches sont tracées, dit Isabelle. Celles des annexes des hôtels aussi. Je dois encore discuter de celles des thermes, vu la nature du terrain, qui est inégal. 

     - Au rythme où on va, annonce Jérémoy, l’hôtel Victor sera achevé pour la fin de la semaine. Du moins la partie des chambres. Les chaudronniers et les forgerons font vraiment du bon boulot !  Et la semaine prochaine, nous nous occuperons de la salle annexe. 

      - Pareil pour le Majestic !  dit Nathan. A la fin de la semaine prochaine, tout sera opérationnel ! Ici aussi, les chaudronniers et les forgerons sont très efficaces...

      - Pour les douches, cela avance vite,  précise Pierre Bour. Nous avons presque fini les murs et la tour de la première bâtisse. Les maçons de Pont-de-Sarre et leurs apprentis et  apprenties sont véloces. Ils apprécient vraiment la potion et ses pouvoirs ! 

     - Chez les verriers, tout se passe à merveille ! dit Alphonse Bach. Les vitres pour les douches sont prêtes, et nous attaquons celles des annexes des hôtels. Elles seront montées dès la fin de la construction. Ensuite, nous nous attellerons aux vitres des thermes, dès qu’Isabelle nous aura communiqué la version définitive !  L’équipe d’encadrement des vitres travaille bien. Ils  ont encadré les vitres des douches, et commencent les baies vitrées des hôtels. 

       - Dans le hangar des charpentiers, précise Victor Rous, nous travaillons de concert avec Alex Miot, André Tourdy, Philomène Tabark, Louise Atak, et Germaine Ladanz, 

      - Et c’est un vrai plaisir d’avoir des filles dans l’équipe ! Elles m’apprennent plein de choses !  se réjouit Ludwig Tramp.

 

     - Nous avons posé le plancher du premier bâtiment des douches, nous sommes en train de monter les cloisons des douches. dit Louise Atak. La charpente est prête. Les planchers pour les tours des hôtels sont prêts aussi. 

       - Bravo à toutes et à tous ! applaudit Jacou. Je suis heureux que ce chantier démarre aussi bien ! Ce soir, nous ferons un bilan de la première journée. »

 

      Une charrette avec trois hommes se présente au portail du camp.

      Christina Hahn, de garde, reconnaît Le Fernand et ses fils, Le Borgne et François.

     « Entrez, entrez...  Ils sont tous à table, ils vous feront bien une petite place ! 

     Et elle prévient mentalement Jacou, qui annonce alors leur arrivée :

     - Mesdames et messieurs, voici nos livreurs de fruits et légumes de Durandalem ! 

     - Vous êtes venus de Durandalem sans escorte ? s'étonne Oscar Fontaine.

     - Héhé,  rigole Le Borgne... L’escorte, c’est nous ! »

     Et il le montre  en s’élevant dans les airs, son arc bandé, prêt à décocher.

     « Je vous présente donc  Fernand Bauer, notre fermier et bouilleur de cru. Le Borgne et François sont ses fils, tous deux nommés Capitaines de l’Empire Romain d’Occident  par l’Empereur, à Oche, le mois dernier ! Ce sont eux qui ont sauvé la semaine dernière nos maçons de Manderen des attaques des pillards...

        - Et aucun  pillard n’a survécu ! tient à préciser François.

         Les maçons se lèvent en applaudissant leurs héros : 

        - Encore merci ! 

        Le Fernand sort deux amphores de la charrette.

       - Je vous ai apporté une gnôle faite spécialement pour ce chantier !   Elle vous donnera des forces dès le premier verre... et vous anéantira dès le troisième !  

         Il s'esclaffe ... Et toute la tablée éclate de rire avec lui.

        - Venez tous les trois, installez-vous...Les cuisiniers nous ont préparé un banquet. Tes légumes sont bien sûr au menu, Le Fernand ! »

         Et tout le monde mange de bon appétit tous ces plats plus savoureux les uns que les autres, tandis que chacun raconte les exploits des gardes.

        Les verriers relatent les trois attaques, le tronc qui écrase les malfrats, et les plaques de verres volantes qui découpent tout sur leur passage. Les gens d’armes ont fait place nette !

       « Grand merci à vous, les gens d’armes... Sans vous, nous ne serions pas arrivés vivants  !

  Les menuisiers de Manderen, quant à eux,  racontent la nuit où ils étaient prisonniers de plus d’une trentaine de barbares...Les vigiles les ont massacrés ! Ils remercient leurs sauveurs.

      - Nous vous devons la vie ! »

      Et ils se lèvent avec respect.  Les deux menuisiers blessés tentent de se redresser tout seuls, mais leur blessure à la cuisse, malgré les soins de Marie Brett et la cicatrisante, les gêne encore beaucoup, et les autres les soutiennent.  

     Le Fernand sort de la charrette une caisse remplie d'une centaine de petits godets, qui sont aussitôt distribués. Le Borgne et François, chacun avec une amphore en lévitation devant eux, font le tour des convives qui tendent leur verre. Une fois tout le monde servi, Jacou s'adresse à l'assemblée.

      « Mesdames et Messieurs, trinquons à la réussite de notre chantier, et au bel avenir de la cité de Pont-de-Sarre ! »

     Oscar Fontaine alors se met debout :

    « Je lève mon verre à vous toutes et à vous tous, qui nous apportez tant d'extraordinaires progrès... Prost !

      Et toute la tablée l'imite, répond - Prost ! » en écho, et avale d’une gorgée la gnôle du Fernand.

     Certains en rougissent, d’autres toussent... Mais toutes et tous rigolent de bon cœur. Effet euphorique du breuvage !

Pont-de-Sarre, cité nudiste !

 

      « Jacou m’a parlé de votre mode de vie habituel. dit alors Oscar. Et on m'a relaté des visions de travailleurs nus et de travailleuses nues ! Dès votre arrivée, vous avez pu vivre et travailler nus dans la cité...

     Eh bien, chères concitoyennes et chers concitoyens,  je vous propose de faire comme ces travailleuses et ces travailleurs, et de vous dévêtir dès maintenant !  »

    Pour montrer l’exemple, le Bourgmestre se déshabille et se présente nu à l’assemblée. Les Sarrois hésitent. Les filles sont les premières à se dévoiler, puis ce sont les jeunes, et enfin les plus âgés. Tout le monde finit par l'imiter.  Seul Petrus Kroll est encore hésitant.

« Mais non... Cela ne se fait pas ... Que vont dire les gens ? 

- Eh bien, rigole Alexa, ils vont dire : "Ah ! Enfin ! nous pouvons vivre nus !" Allez, allez, Petrus, à poil ! »

     Souriant, il s’exécute alors, sous les applaudissements de toute l'assistance.

Jacou approuve :

     - Merci Oscar, pour cette initiative courageuse... Gageons que la population admettra le fait et suivra l’exemple !  Mais tu devrais éditer un décret officiel qui réglementera tout cela, notamment par rapport aux risques de déviances, d'abus sexuels, de viols ...

     - Tu as raison, Jacou. Avec Petrus, nous nous y attelons sur-le-champ ! 

     - Je vous signale, poursuit Jacou, que nous disposons d'une potion qui éteint momentanément les pulsions sexuelles. Marie en a dans sa tente médicale, et Manon en a aussi à l’office. Nous pouvons vous en fournir à volonté. Cette potion pourra aider ceux qui  contrôlent mal leurs pensées et qui craignent d'arborer un signe ostentatoire de désir. Elle est efficace quelques heures, et ne nuit pas aux rapports amoureux tant qu’il y a consentement mutuel. 

     Oscar, je t’enverrai un peu plus tard nos ambassadrices, qui informeront les habitants de la cité de ce nouveau décret. Par prudence, elles seront accompagnées par les gens d’armes.

    - Bien Jacou, assure Oscar, d’ici une heure, nous aurons rédigé ce décret. 

    - Et maintenant, au travail ! Soyez nus, ne vous cachez pas  !

     - Nous sortons les premiers, nous allons à la Maison de la Ville éditer ce décret... »

      Et il sort nu, suivi de Petrus, de Josef Beth, de Rudy Ferrent, d'Edmond Tanne, de Jack Victor  de Peter Penh, nus eux aussi, et des ouvriers qui retournent sur les chantiers tout aussi nus. Grand étonnement de la population, qui voit le Bourgmestre, son adjoint et ses conseillers nus pour la première fois !

     Le Fernand et les deux Capitaines ont repris le chemin de Durandalem. Ils ont décidé de repartir nus eux aussi, ils se couvriront si nécessaire. Ils reviendront demain.

       Une fois à la Maison de la Ville, Oscar convoque sur l’heure les autres notables du conseil.

     Sont ainsi réunis  :

     - l’adjoint du bourgmestre, Petrus Kroll, le conseiller aux bâtiments, l’architecte Josef Beth, le chef-forgeron, Rudy Ferrent, le maître-compagnon menuisier Edmond Tanne, le patron de l’hôtel Victor, Jack Victor, le patron de l’hôtel Majestic, Peter Penh, les deux médecins, Edmond Dantès et Mercedes Benz, le notaire, Alban Publi, l’apothicaire, Bernhardt Ticule, les deux banquiers, Claudia Rich et Bertrand Lamoné, la joaillière Edmée Dor, les deux restaurateurs, Alvin Kōshien et Sergius Tenshil, le chef des gens d’armes, Paul Isse,  le Capitaine des soldats, Pierre Martin, les trois aubergistes, Roger Hann, Pierre Khiroul, et Léon Niva, le boucher, Nicolaus Petrus,  le maraîcher, Georges Pfalz, l’éleveur de chevaux du haras de Sant-Inberg, Quentin Tamar, l’archiprêtre de l’abbaye du Winterberg, l’abbé Isidore de Somme, le curé de la paroisse, l’abbé Côme Douin.

       Les notables arrivants sont stupéfaits de voir tout nus le Bourgmestre, et ses conseillers, et les soldats qui gardent la Maison de la ville.

      « Mais que se passe-t-il donc à Pont-de-Sarre ? demande Edmond Dantès . J’ai rencontré des ouvriers nus... Nus comme vous...Peut-on savoir à quoi ça rime ?  

      - Certes, dit Oscar, cela mérite quelques explications. Eh bien, mesdames et messieurs, nous sommes ici pour faire appliquer un décret de notre Empereur Charlemagne, qui souhaite que la nudité simple soit autorisée et commune dans son Empire. Il a déjà décrété cela à Oche, à Durandalem... Et à Naborum, c’est en passe de se faire. 

       Comme vous le savez, nous entreprenons des travaux pour donner à notre cité une hygiène de vie, pour combattre les maladies dues à la crasse et à la mauvaise hygiène corporelle.  Ces travaux sont menés par les artisans de Durandalem, berceau de l’hygiénisme urbain grâce à son bourgmestre Jacou Artz, Grand Maître Médecin de l’Empire, et grâce au Maître Forgeron de l’Empire Robert Schmit. 

     - Vous avez voté lors de la dernière séance du conseil pour entreprendre ces travaux ! rappelle Petrus Kroll. Nous aurons quatre bâtiments de douches communales, et des thermes modernes. 

     - Et en ce moment, rajoute Jack Victor, ils équipent nos hôtels de douches dans chaque chambre !  

     - Il y aura une piscine et un sauna dans les hôtels, conclut Peter Penh. 

     - Ils viennent tous de Durandalem ?  questionne Mercedes Benz. 

    - Non, Mercedes, répond Oscar. Ils ont fait venir les meilleurs spécialistes, les menuisiers d’Oche, les verriers de Meisenthal, les maçons de Manderen, et le renfort de ceux de Durandalem et aussi nos ouvriers spécialisés de Pont-de-Sarre. 

      - Nos forgerons se forment à ces techniques, confirme Rudy Ferrent. Ils seront capables sous peu d’installer des douches dans tous les foyers de la ville ... Les auberges aussi seront dotées de ces douches ! 

      - Mais, demande Edmée Dor, comment chaufferons-nous l’eau pour ces douches ?

     - L’eau sera pompée dans la rivière, répond Rudy Ferrent. Par un procédé de pistons qui fonctionnent à la vapeur, . Elle sera chauffée par une chaudière  située sous une cuve, en hauteur, pour créer une pression dans les pommeaux de douche. Avec un réglage pour le mélange chaud-froid... 

      - Je me souviens, raconte Pierre Martin, Capitaine des soldats. J’avais 9 ans quand nous sommes passés à Durandalem. Nous avons pris une douche dans le bâtiment communal, c’était un vrai délice ! Le mois dernier,  nous sommes retournés à Durandalem récupérer les chariots des barbares de Khan le terrible. Et nous avons profité de l'occasion pour reprendre une douche au même endroit, plus de trente ans plus tard... Avec toujours autant de plaisir ! Là-bas, tout le monde se douche au moins une fois par jour, et toutes et tous vivent nus, pour leur plus grand bonheur ! »

      - Mais qui va financer tous ces gros travaux ?  demande sournoisement Claudia Rich. 

     - Ne vous tracassez pas ! la rassure Oscar. Le banquier de Durandalem nous a donné suffisamment d’or pour financer les premiers travaux. Il viendra cette semaine vous voir, et déposer des réserves d’or dans vos banques, afin de pourvoir aux besoins de la ville. Le village de Durandalem financera tous les travaux d’ordre hygiénique dans la cité !

      Mesdames et messieurs, je vais maintenant vous lire le décret que nous faisons paraître aujourd’hui :

      "Par décret de l’Empereur Charlemagne, Empereur du Saint Empire Romain Germanique,

     et par décision du conseil de la Ville de Pont-de-Sarre, présidé par son bourgmestre, Sieur Oscar Fontaine,

      il est décidé, dit et écrit à date du 6 mai de l’an 801 que dorénavant :

  •  La nudité pour toutes les habitantes et tous les habitants sur tout le territoire de Pont-de-Sarre est autorisée, sous condition d’hygiène stricte.
  •  La nudité pour les personnes extérieures à la cité est autorisée, dans les mêmes conditions d’hygiène stricte.
  •  La nudité n’est pas obligatoire sur le territoire de Pont-de-Sarre, sauf aux thermes, mais elle est fortement recommandée.
  •  La douche à l’entrée des thermes est obligatoire.
  •  Nul ne peut être, d’aucune manière, obligé ou sollicité de se mettre nu, sauf  aux thermes.
  •  Nul ne peut se voir reprocher d’être nu, sur le territoire de la commune, sous réserve d’hygiène stricte.  
  •  Les douches sont ouvertes gratuitement pour tous les habitants de Pont-de-Sarre et les visiteurs de l’extérieur.
  •  En attendant la mise à disposition des douches, le bain en rivière est possible. Différents postes sont installés pour se baigner et se sécher.
  •  Les moqueries quant à la nudité, à la non-nudité, ou à l’aspect physique des corps, sont proscrites. Quiconque ne respectera pas ces règles sera puni. 
  •  Les actes sexuels sont interdits sur la voie publique. 
  •  Les abus sexuels, les tentatives de viol, ou l'exhibitionnisme  seront   sévèrement punis. Les peines iront de coups de fouets jusqu’au bannissement de la cité, pour les plus graves, et jusqu'à l’émasculation en cas de viol avéré.
  •  Ce décret entre en vigueur aujourd’hui mardi 6 mai de l’an 801.
  •  Les gens d’armes, ainsi que les soldats de Pont-de-Sarre, ont autorité pour faire appliquer ce décret. "

 

     Oscar poursuit :

     «Voilà,  mesdames et messieurs...  Y a-t-il, parmi ce conseil, des personnes qui sont contre ? 

     - Moi ! proteste l'abbé Douin. Je ne laisserai personne pénétrer au sein de la maison du Seigneur en état de péché ! »

     Pierre Martin, qui s’est mis nu, s’approche de l’abbé, qui  recule d’un pas.

     « Voyons, Côme, réfléchis un peu ! dit-il en ouvrant les bras. Le Seigneur nous a bien faits à son image, non ? Alors, arrêtons de cacher l’image de Notre Seigneur, et montrons au Monde l’image de Dieu ! Sais-tu qu'à Durandalem, le curé officie nu ? Et c'est tout nus que ses fidèles viennent aux offices  ! Sont-ils pécheurs pour autant ? Que nenni... Ils honorent l’image de Dieu !  »

     L’abbé Isidore de Somme, archiprêtre de l’abbaye du Winterberg, renchérit :

     «  Apprenez qu'à Oche, l’Empereur de l’Empire Romain d’Occident lui-même, notre bon Charlemagne, est nu sur son trône ! Et quand il est venu à Durandalem, il a fait le voyage nu, m’a-t-on rapporté. Et même quand le pape Léon III l’a sacré Empereur, il était nu ! »

    Côme Douin se radoucit :

     « Bon... Eh bien soit....Je me rallie à la décision de l’Empereur ! Je ne sais encore si j’officierai nu, mais les paroissiens pourront venir au sein de l’église nus.  Et à confesse aussi. 

     - Bien, dit Oscar.  Plus personne contre ce décret ?   Alors je vous demande à tous de signer en bas de ce parchemin... Votre nom lisible et votre signature.  Et ce parchemin va être immédiatement recopié par les scribes que j'ai fait mander. Maintenant, et conformément au décret, ceux qui le désirent peuvent se dévêtir immédiatement ! »

     Et quelques membres du conseil se déshabillent...

      C'est à ce moment qu'entre dans la salle une troupe de personnes toutes nues.  

       « Mesdames et messieurs, je vous présente les ambassadrices de l’hygiène de la cité !  Valérie Burg, Agnès et Angèle Hune, de Durandalem, et Anne Bonté, Gertrude et Berthe Hoff, Claudine Schmidt, et Edeltraud Bour, anciennes esclaves libérées des griffes de Khan par les soldats de Durandalem, et désormais Durandalemoises.

     Ces huit filles ont été nommées Soldates de l’Empire, par Charlemagne lui-même, lors des festivités d’Oche, pour service rendu à l’Empereur.  Elles sont chargées de faire le tour de la ville, et d'informer la population de la teneur du décret.

     Et ces huit autres personnes juste vêtues d'un ceinturon et armées d'un arc et d’une épée, ce sont les gardes qui les escorteront, afin de prévenir tout dérapage : Alice, Aline et  Guenièvre Spohr, Alexa Dumas, Christina Hahn, Jeannot et Jacky Muller, et Jean d’Ortega. »

      Puis, se tournant vers les huit rousses  :

      « Mes chères ambassadrices, je vous demande encore un petit moment, le temps que soit recopié le décret que toutes les personnes ici présentes viennent de signer. 

     - Que voici de bien jeunes ambassadrices !  fait remarquer Paul Isse, l'air sceptique. 

     - Certes, concède Edmée Dor, mais reconnaissez que ces charmantes  personnes rayonnent de grâce et de beauté ! 

      - Ne vous avisez pas de parler aussi de la très grande jeunesse et de la féminité de leurs gardes !  les prévient Petrus Kroll. 

     Les gardes éclatent aussitôt de rire, ce qui intrigue les membres du conseil.

     - Mais qu'est-ce qui les fait rire comme ça ?  s'enquiert Sergius Tenshil.

     - Eh bien, explique Petrus en riant lui aussi, je me suis permis ce matin une remarque désobligeante à ce propos, et l'une des gardes ici présente, Alexa Dumas,  m'a rabattu le caquet de belle façon !

      Les scribes ont maintenant terminé. Oscar distribue les copies du décret aux Soldates de l'Empire.

     - Allez-y, chères ambassadrices, allez gaiement prêcher la joie et la santé par la nudité à nos habitantes et à nos habitants ! »

Rapports du soir

 

    La journée se termine.

    La plupart des ambassadrices sont de retour. Il manque encore Agnès et Angèle Hune, escortées par les frères Muller. Mais elles ne sauraient tarder.

     Le repas est prêt. Après avoir transpiré sous la chaleur de l’après-midi, les ouvriers font la queue pour prendre une douche.

     Puis tout le monde s’installe à table.

     Jacou prend la parole :

     « Mes chers amis, comme vous avez dû le constater, Pont-de-Sarre est devenue nudiste ! Nos ambassadrices, escortées par nos gardes, ont fait le tour des maisons de la ville pour annoncer la bonne nouvelle à la population . Ah ! Voilà justement les dernières... Alors ? Vos conclusions ? 

     - Mission accomplie ! dit Agnès Hune. À part quelques foyers de résistance, tout le monde est enchanté de ce nouveau décret, et nous l’avons vu placardé dans plusieurs endroits de la cité. 

     - Les Sarrois sont avides d’hygiène, dit Angèle, ils attendent avec impatience l’ouverture des douches et des thermes ! 

     - Où en est-on, sur les chantiers, Isabelle ?  demande alors Jacou.

    - Les fondations des thermes sont tracées. Les terrassiers sont en train de préparer le terrain, il faut un support de pierre plus profond, le sol est sableux par endroits.  Mais du coup, il y aura deux piscines.  Une de quatre pieds de profondeur et de trente pieds par trente, et une autre de soixante pieds par trente, plus profonde, allant de trois pieds d’un côté à douze pieds de l’autre, ce qui permettra d’y plonger depuis une bonne hauteur. Un plongeoir sur deux niveaux sera d'ailleurs installé.

     Les plans sont établis, les verriers disposent des cotes pour les baies vitrées.  Demain nous commencerons à installer le réseau d’eau.  Nous avons le renfort des terrassiers Hantz Mauss et Paul Starck, des cantonniers Jean Frisch et Bert Nagel, et des deux fossoyeurs Alan et Alex Loch. 

     Demain, parallèlement à la pose des canalisations, dès que le convoi de Mousson sera là, leurs fondeurs installeront les tracés vapeur pour la mise hors gel de l’eau.  Et dès demain matin, avec l’aide des compagnons du Blauersland, nous construirons la réserve d’eau sur la colline. 

   - Merci pour toutes ces précisions, Isabelle ! 

   - Quant à nous, enchaîne Jérémoy, nous avons fini les vingt chambres du deuxième étage de l’hôtel Victor... Les douches ne sont pas encore en fonction. Nous attendons que l’eau soit pompée dans la cuve aménagée derrière l’hôtel.  Les coins d’aisance sont installés et branchés, la fosse est creusée, elle est opérationnelle. Les chaudières et les générateurs de vapeur sont en place. Demain, nous pourrons mettre les douches en fonction.

     Nous avons aussi installé la buanderie, les tambours sont prêts à tourner. Dans l’office, la chambre froide est en fonction ! Et la machine à laver la vaisselle sera opérationnelle demain !  Les chaudronniers Bouvi Har et Gilbert Har, et les forgerons Peter Stiouv et Harry Cove ont tout à fait assimilé nos techniques. Ils ont bien travaillé !  Ils sont rentrés chez eux, et seront à nouveau là dès huit heures demain matin. »

     Nathan et Léo aussi ont fini l’étage au Majestic. Les douches et les coins d’aisances des trente chambres sont installés et branchés. 

     «  Demain, nous nous occuperons de l’office et de la buanderie, complète Léo. Les chaudronniers Gaby Korn et Sylvain Aibon, et les forgerons Raoul Eck et Chris Tamboul sont très efficaces ! Eux aussi seront de retour demain à huit heures. 

      - Le premier bâtiment des douches est fini, annonce Pierre Bour. Le toit est posé, les portes et fenêtres aussi, les tuyaux sont branchés, et la cuve sur la tour est pleine. Une fois la chaudière installée, les huit douches seront opérationnelles ! 

     - Ce sera demain !  confirme Léo.

    - Nous avons fait deux équipes, et nous montons les murs des deuxième et troisième bâtiment, continue Pierre. Les maçons de Pont-de-Sarre et leurs apprentis et apprenties sont contents, et reviendront eux aussi demain matin. 

      - Les vitres pour les douches sont prêtes, celles des annexes des hôtels aussi. dit Alphonse Bach. Elles seront montées dès la fin de la construction.  Isabelle nous a communiqué la version définitive. Nous sommes en train de préparer les vitres des thermes ! »

      L’équipe d’encadrement des vitres travaille bien. Mikael Thiel, avec le renfort des menuisiers Fulbert Dejeu et Gauthière Payan, a monté les vitres du premier bâtiment des douches, et a fini la préparation des baies vitrées des hôtels. 

      «  Dans le hangar des charpentiers, dit Victor Rous,  nous travaillons de concert avec Alex Miot, André Tourdy, Philomène Tabark, Louise Atak, et Germaine Ladanz. 

     - Travailler nue est un bonheur ! poursuit Louise Atak.  Les planchers pour les bâtiments 2 et 3 des douches sont posés, les cloisons sont en cours de montage. Les charpentes pour les trois bâtiments restants sont prêtes. 

     - Hé bien mesdames et messieurs, félicitations !  se réjouit Jacou. Vous avancez bien plus vite que prévu ! À ce rythme, nous aurons fini au cours de la semaine prochaine...  Et maintenant, bon appétit ! »

     Après le repas, quelques-uns restent à discuter, à goûter encore une fois la gnôle du Fernand. Mais la plupart vont se coucher tôt, pour être debout demain matin de bonne heure !

     Les compagnons du Blauersland ont regagné l’hôtel Victor. Et, comme décidé, ils se sont installés par couples mixtes dans les chambres. Une fort agréable nuit en perspective...

La cité en chantiers

 

Mercredi 7 mai

     Une belle journée s’annonce sur Pont-de-Sarre.

     Les habitants sortent nus pour profiter un peu de la fraîcheur matinale.

     Tôt le matin, les forgerons ont installé la chaudière des douches communales, l’ont chargée de charbon et allumée.

     Dans quelques heures, toute la cuve d’eau sera chaude, mais dès maintenant, une douche tiède est possible.

     Oscar Fontaine a embauché du monde pour gérer ces douches.

     Alban Cory est le responsable du bâtiment 1. Il peut emménager dans l’appartement installé devant, dans le bâtiment.  L’hôtel Majestic a fourni les serviettes pour débuter.

     Léo explique à Alban comment fonctionne le système, et Alban teste alors la douche, déjà bien tiède. La cheminée au fond sert à chauffer les compartiments des douches, et à se sécher les cheveux.

    « Tu devras veiller à avoir du stock de charbon pour la chaudière, qui ne doit pas s’éteindre, et du bois pour alimenter l’âtre, dit Léo. Ne mets pas de charbon dans la cheminée, cela chaufferait trop,  et ça encrasserait le tuyau d’évacuation des fumées ! Un système à piston à vapeur alimente en eau la cuve. Tu dois aussi veiller à ce que le générateur de vapeur ait suffisamment de charbon et d’eau pour fonctionner. Par la suite, la cuve sera reliée au réseau d’eau, et on pourra démonter ce système. 

     Voilà. Tu peux accueillir les gens. Tu dois, après chaque douche, nettoyer la douche et le sol. Surtout si des couples y pénètrent... Les douches sont propices à certains ébats, et le nettoyage est primordial ! Tu as des outils pour cela. Si tu as un problème, tu me trouveras au Majestic, soit en haut, soit en bas. »

     Et Léo retourne rejoindre les autres forgerons au Majestic, où ils installent la buanderie et l’office.

     Sur la colline, Isabelle  et les vingt compagnons sont arrivés par le chemin qui mène à l’abbaye.

     Isabelle trace les limites des murs à bâtir, mesure les longueurs et largeurs, et décide de bâtir un réservoir de 300 pieds de long, de la longueur de la paroi rocheuse au fond,  et de 60 pieds de large. C'est la largeur du plateau devant la paroi.

     Le plateau étant incliné vers la paroi, le réservoir s’y appuiera, ne risquant pas de tomber en avant. La hauteur sera de vingt quatre pieds, ce qui fera une capacité totale de quatre cent trente deux mille pieds cubes, soit neuf mille muids.

     Le mur commence à être érigé.

     Les gardes de Durandalem, avec un grand chariot, ont fait le tour de la ville pour récolter toutes les scories.  Mélangées au sable de la Sarre, elles feront un excellent ciment.

     Le mur, à la base, fait six pieds d’épaisseur. Il se rétrécit progressivement, pour ne plus faire que deux pieds d’épaisseur tout en haut, à vingt quatre pieds de hauteur.

     Isabelle s’assure que les compagnons ont bien compris comment ériger les murs. Elle les laisse continuer seuls, et va voir les terrassiers. Ils ont commencé à creuser pour installer la crémaillère qui amènera l’eau au réservoir, et la canalisation qui arrivera en ville pour alimenter les structures et les habitations.

     Les terrassiers sont ravis de voir arriver cette belle blonde, jeune plantureuse, et nue ! Un peu trop ravis... Comme ils sont nus, leur émoi est très visible.  Isabelle sourit à la vue de ces verges qui se dressent.  Certaines sont de belle taille !

   De sa sacoche en bandoulière,  elle sort une gourde que lui a donnée Marie Brett le médecin. C'est la potion qui calme les ardeurs mâles. Elle la leur tend  :

     « Buvez-en une gorgée, cela va passer ! »

     Les terrassiers s’exécutent. Et, penauds, ils s’excusent.

   « Ce n’est pas grave ! D’ici quelque temps. vous arriverez à mieux contrôler vos pensées et vos réactions...  »

     Elle leur précise qu’ils doivent poser une plate-forme tous les 100 pieds le long de la tranchée. On y installera les générateurs de vapeur qui alimenteront la crémaillère et mettront hors gel la canalisation.

     Puis elle va au camp prendre des nouvelles des chariots de Mousson. Comme ils ne sont pas encore arrivés, en les attendant, avec Jacou, Oscar et l’architecte Josef Beth, elle discute des projets futurs.

     Des douches seront installés aux portes de la ville, ainsi que des garde-vêtements. Cela permettra aux visiteurs de se sentir à l’aise, nus dans la cité. Il est prévu aussi des buanderies communales, où chacun pourra venir laver son linge.

     Dans chaque bâtiment de douches, ainsi qu’aux thermes, seront mis à disposition  des stocks de serviettes. Une laverie communale s’occupera du nettoyage de toutes les serviettes de la ville.

 

 

L’attaque du convoi de Mousson

 

     Le convoi des huit chariots de Mousson arrive enfin.

     Deux chariots continueront vers Oche.

     Les dix soldats du convoi, qui conduisaient les chariots, ont été attaqués durant le trajet. Deux d'entre eux ont été blessés par des flèches : Philibert d’Argenteuil à l'épaule, et Eudes d’Allier au flanc droit. Immédiatement, Marie accourt pour les prendre en charge, et avec l’aide des gardes, elle les porte dans sa tente.

     Le chef du convoi, le, Capitaine Joseph Ikast, raconte :

   « Ils nous ont surpris, il y a une heure. Ils étaient une vingtaine en embuscade, et ils nous attendaient ! Nous avons subi une volée de traits, qui a blessé à mort trois de nos chevaux, et blessé deux de nos soldats. Nous avons aussitôt riposté. Notre tir fut bien plus précis que le leur : nous avons d’abord atteint huit bandits, et puis huit autres ! 

     Les bandits, dont certains étaient blessés, se sont enfuis, en laissant quatorze des leurs. Nous avons alors achevé les blessés de nos épées, et récupéré dix chevaux. Quatre se sont enfuis dans les bois.  Nous avons creusé une fosse pour ensevelir nos trois chevaux et les corps des quatorze bandits, que nous avons dépouillés. Ils avaient tous des pièces d’or dans des bourses et dans les sacoches sur leurs chevaux. Une fortune ! »

      Marie revient, porteuse de bonnes nouvelles :

      « Ils ont eu de la chance !  Philibert, qui a eu l’épaule transpercée, s’en sort bien. La flèche a ricoché sur l’omoplate sans la briser. J’ai recousu les trous. Avec la cicatrisante, Il guérira vite. Eudes, qui a eu le flanc percé, n’a apparemment aucun organe vital touché ! Juste une déchirure au niveau des boyaux, que j’ai recousue, et c’est tout. Sa cicatrisation, grâce à la plante cicatrisante,  va bien se passer, j’ai suturé la plaie.  Ils sont tous deux sous sédatifs, et maintenant, ils dorment. »

      Hantz Burg envoie au haras une des gardes, Christina Hahn, pour faire mander les palefreniers.

     « Tu leur diras que trente-neuf chevaux sont arrivés.  S’ils voulaient bien venir s’en occuper.... » Et Christina prend son arc et son carquois en bandoulière, enfourche un cheval, et part au galop vers le Nord.

      Isabelle demande aux soldats de bien vouloir conduire les six chariots de canalisations au pied de la colline, là où se trouvent les terrassiers.  Ils le font volontiers, et reviennent  peu après avec les chariots vides, épatés par la rapidité des terrassiers ! Il faut dire que ces messieurs ont bénéficié de la potion permettant la lévitation des objets... Le déchargement était facile !

      « Bien ! dit Isabelle, je retourne sur le chantier de la réserve, les compagnons ont l’air de progresser rapidement, vu d’ici ! »

     Il est vrai qu’en haut de la colline, on voit les murs s’élever à vue d’œil, méthodiquement, de gauche à droite, puis de droite à gauche. Et vu du camp, cela semble atteindre déjà au moins vingt pieds de haut !

     Jacou dit aux soldats :

     « Venez vous reposer, prendre une douche et vous mettre à l’aise ! Vous passerez la nuit ici, et vous pourrez repartir demain matin. Vos compagnons blessés vont rester avec nous, le temps de guérir. Ils ne peuvent pas voyager pour l’instant, leurs plaies doivent d’abord se cicatriser ! 

     - Merci Maître Artz ! dit Joseph Ikast, nous repartirons avec tous les chariots. Nous vous laissons sept des chevaux des bandits. »

     Les soldats arrivent, et Joseph fait les présentations :

      «  Voici mes soldats :  Audebert d’Auster, Firmin de Conté, Paulin Surcouf, Georges de Chaumes, Brice de Niss, Albert Erstein et Apollinaire de Bœuf. Messieurs, voici Jacou Artz, Grand Maître Médecin de l’Empire Romain d’Occident. 

     - Merci de nous héberger et de prendre soin de nos compagnons !  dit Apollinaire de Bœuf. 

    - C’est la moindre des choses que nous puissions faire... Demain, je vous donnerai une potion qui vous permettra de vous défendre plus efficacement contre d’éventuelles attaques, et même de les anticiper ! Je vous expliquerai cela demain. Maintenant, messieurs, bienvenue chez vous ! »

      Et les soldats vont prendre une douche, et reviennent nus s’attabler et boire des canons de vin de Mosel en attendant le repas.

     « Oh, mais je reconnais ce vin !  remarque Albert Erstein.

     - Oui-da ! répond  Manon. Ce vin vient d’Oche, c’est un cadeau de l’Empereur.

     - Un bien agréable cadeau ! dit Georges de Chaumes. »

Les options des thermes

 

     Manon agite la grosse cloche et crie :

     « Il est midi ! A table ! A table ! »

     Elles se font entendre, la cloche et Manon,  jusqu’en haut de la colline... Les compagnons, affamés, cessent leur construction pour vite revenir au camp.

     Les chantiers des hôtels et des douches, des thermes, et de la tranchée s’arrêtent eux aussi pour la pause de midi.

     Oscar s’est invité à la table de Jacou.

     « Combien de personnes as-tu embauchées  pour tes Thermes à Durandalem ?  lui demande-t-il.

    - Tout dépend de ce que toi tu cherches !  Au total, à Durandalem, soixante-trois personnes travaillent directement pour les Thermes. Mais il y a d’autres personnes qui gèrent les appartements, les concierges, les buandières, les personnels de ménage, d’entretien… 

     - Oh, tant que cela !  »

     Jacou  appelle Isabelle.

     « Dis-nous ce que tu prévois pour les thermes de Pont-de-Sarre. 

      - Eh bien,  répond la belle blonde, j’ai prévu plusieurs options : 

     Les bains tout seuls, ou avec un restaurant, ou avec un hôtel, ou avec des appartements, ou deux ou trois des quatre options. 

     Première option : juste les bains, avec une terrasse de solarium à l’étage.  Pour les bains : à l’entrée, vingt douches pour les clients. 

     - Avec du personnel qui les fait entrer, précise Jacou, du personnel qui leur donne des serviettes, qui les récupère, qui nettoie, et fait l’entretien ! 

     - Deux piscines ; une petite de quatre pieds de profondeur, et une grande de trois à douze pieds. 

     - Avec du personnel de surveillance, ajoute Jacou. Un maître-nageur au moins par bassin, ainsi que du personnel de nettoyage, les sols mouillés sont glissants.

     - Un grand sauna, et un hammam...

     - Avec du personnel qui les gère, dit encore Jacou. Qui surveille les temps de présence, un quart d’heure au plus, du personnel qui remplace les serviettes, et nettoie les salles régulièrement.  Et avec des douches à proximité pour les sorties du sauna et du hammam.  Et aussi une salle de repos !

     - Et des salles de massage...

     - Avec autant de masseurs et de masseuses que de salles ! 

      - N'oublions pas un coin des boissons pour se réhydrater...

       - Avec du personnel qui gère le service ! 

     - Voilà pour le rez de chaussée. dit Isabelle.

      - Il faut, précise enfin Jacou, un concierge, un médecin, des vigiles, et aussi des techniciens qui s’occupent des chaudières pour l’eau des douches, de la piscine de la chaleur du sauna et du hammam… À Durandalem, nous avons trente personnes pour cela.

 - Mais est-ce rentable ?  demande Oscar.

  - Sûrement pas... C'est le village qui prend en charge les salaires de tout ce  personnel. Mais il est vrai que nous en avons les moyens ! 

  - Deuxième option, dit Isabelle : un restaurant à l’étage, avec un solarium au-dessus. 

     - Avec bien sûr une cuisine, du personnel de cuisine, un service de nettoyage et d’entretien, et des vigiles ! ajoute Jacou.

     - Pour l’instant, c’est la version que nous construisons : un bâtiment à deux niveaux. Nous pouvons ajouter un troisième niveau qui serait composé d’un hôtel et d’appartements pour le personnel.     

     - Ce qui suppose du personnel de chambre et des vigiles pour l’hôtel et  pour les appartements. C’est la version Durandalem, avec des suites impériales en plus. 

   - Oh là-là ! gémit Oscar... Mais Pont-de-Sarre va crouler sous les dépenses ! »  .

 

Du charbon sur la colline

 

      Isabelle alors annonce :

     « Tu sais, Oscar... En faisant les études de terrain pour installer la réserve d’eau, j’ai découvert derrière la colline, du côté est, en grattant le sol, des veines de charbon qui affleurent la surface. Peut-être y a-t-il moyen d’extraire ce charbon ? Plus besoin alors d'en acheter pour toutes les chaudières... Et qui sait ? Peut-être même y en a-t-il assez pour en vendre... Ça ferait une belle rentrée de trésorerie pour la ville ! 

     - Ça alors  ! s'exclame Oscar sidéré, il y aurait du charbon à Pont-de-Sarre !?

    - Tout cela est très bien, Oscar, l'interrompt Jacou, mais moi j'ai faim. Assez de questions... Nous irons voir ça de près... Mais après le repas ! »

     Léo vient alors annoncer à Oscar et à Jacou que les clients affluent aux douches communales. Alban Cory, le responsable nommé par Oscar, assure ! Cela marche du tonnerre !

     - Merci Léo pour cette bonne nouvelle ! Ça y est, c’est parti ! dit Jacou tout gai à Oscar, qui lui serre les deux mains fraternellement.

    - Demain, annonce Isabelle entre deux bouchées, le réservoir d’eau sera fini, et la crémaillère pourra pomper l’eau pour le remplir. Nous pourrons alors commencer notre réseau d’eau dans la ville ! .Et les forgerons de Mousson ont commencé à installer les tracés-vapeur et les générateurs. »

     L’après-midi, Jacou, Isabelle, Oscar, Petrus Kroll et Joseph Bet, munis de pics,  gravissent la colline.

     Ils admirent au passage le magnifique réservoir que les compagnons du Blauersland achèvent de construire, et les félicitent pour leur travail. Vite fait, mais bien fait !

     Ils arrivent ensuite sur le versant est de la colline, en pente douce. Isabelle montre alors l’endroit qu’elle a gratté.

     Quelques coups de pic, et un bloc se détache.

    Jacou le confirme : c’est bien du charbon !  

     En observant les alentours, ils trouvent une fissure dans le sol. Ils décident alors de creuser plus profond, et atteignent une veine de charbon qui plonge dans la colline.

    « Apparemment,  dit Jacou, il y a pas mal de charbon ici !  .

    - Oui, répond Oscar, mais nos terrassiers et nos cantonniers sont occupés... Pour en être sûrs, il faudra attendre la fin des travaux ! » . 

     À ce moment, Paulin Cohen, compagnon du Blauersland, vient annoncer au groupe :

   «  Nous avons fini le réservoir... Tel que tu le désirais, Isabelle ! Avec la potion, c’était facile !

     - Ça tombe bien, dit Jacou souriant...Il me vient une idée... Les compagnons, un peu d’exercice, ça vous dirait ? 

     - Oh ben oui, répond Paulin, nous avons prévu de ne repartir qu'en fin de semaine... Nous avons donc du temps devant nous !  De quel exercice s’agit-il ? 

   - Eh bien, tu vois cette fissure ? Il faudrait l’agrandir, pour pouvoir pénétrer... Voir si une cavité se trouve derrière, et si la veine de charbon que l’on voit d’ici se prolonge  loin sous terre.

    - Pas de problème... Passe-moi ton pic ! 

     Et Paulin commence à taper la roche. Il détache rapidement des blocs de charbon, et parvient à se glisser dans le trou qu’il a creusé.

      Oui, cela s’élargit, mais on n’y voit guère ! 

     Alors Jacou, par la pensée, demande des torches et des pioches au camp.  Bientôt arrive une charrette avec des outils, conduite par Jean d’Ortega.

     Paulin est allé chercher ses compagnons, et ils commencent à agrandir le trou. Bientôt, le trou est assez grand pour y entrer debout, avec torches. Jacou, Oscar, Isabelle et Joseph y pénètrent. Seul Petrus reste dehors, il est claustrophobe...

     Ce qu’ils découvrent les émerveille !

     Sur le mur fraîchement creusé apparaissent des veines de charbon entrecoupées de stries brillantes. À l’aide d’un pic, Jacou détache un fragment de ce minerai brillant, et ressort l'examiner à l’air libre. Oscar le suit.

« Je crois que tes soucis de rentabilité sont résolus, lui dit Jacou... Ce qui brille là, c’est de l’or ! »

On imagine la joie d'Oscar !

Pont-de-Sarre s'organise

 

  • La mine d'or

 

     Du charbon et de l’or ! Comme à Durandalem !

     Annie et Anne-Marie Cohen, Pierre Pinot, et Mousse Stand ressortent, en portant par lévitation des gros blocs qu’ils ont détachés.

     Isabelle observe ces blocs, et dit :

     « Je n’ai jamais vu autant de minerais différents réunis : il y a du charbon de l’or, du cuivre...  Et ça, ça pourrait être du plomb ! 

    - Oscar, claironne Jacou, tu dois exploiter ces minerais ! La fortune de ta ville est faite ! 

    - On va pouvoir annoncer la bonne nouvelle au conseil ! » se réjouit Petrus.

     Jacou réagit tout de suite :

    « Non, surtout pas ! Pas encore...Tant que ce site ne sera pas protégé et gardé, il ne faut pas ébruiter cette découverte... Même au camp ! Ce genre de nouvelle se répand comme des flèches sifflant dans les airs ! Dites, compagnons, il reste des pierres sur la colline ? 

    - Plus beaucoup,  répond Annie Cohen.

    - Oscar, tu dois faire sécuriser ce site, si tu veux l’exploiter ! Des hautes murailles et des gardes en permanence, il te faut réaliser cela au plus vite ! 

    Isabelle, tu vas prendre les mesures et préparer un camp fortifié pour construire une mine, ici. Assez grand, pour y installer un chevalement, des bâtiments pour trier et fondre les minerais, des logements pour les gardes et les mineurs, et des salles de gardes.  Les compagnons, pouvez-vous retourner au Blauersland et ramener des pierres ici ? Il en faudra bien cinq grands chariots ! 

     - Nous allons vous envoyer ça, répond Paulin. Les dix compagnons restants vont creuser en attendant...  N’est-ce pas, compagnons ? 

     - Oui Paulin, allons-y !  dit Mousse.

     - Superbe ! »  se réjouit Jacou.

     Il demande mentalement à Hantz d’atteler cinq grands chariots de quatre chevaux, qui partiront sur l’heure.

     Il demande aussi à Manon de préparer un pique-nique pour quinze personnes, pour deux jours, et demande à Jean d’Ortega de retourner au camp et de former une escorte de cinq gens d’armes et vigiles pour un aller-retour au Blauersland.

     « Et puisque tu as une charrette, dit encore Jacou, chargeons ces blocs et emmenons-les au camp pour les étudier plus avant. »

     Et une fois le terrain nettoyé toute la troupe redescend vers le camp.

     Paulin et ses compagnons se mettent d’accord pour désigner dix d’entre eux pour faire le voyage.

     Ce seront Pierrette, Annette, Annie, Anne-Marie et Fleur Cohen, Jacques, Paul  et Pierre Pinot,  Mousse et Piot Stand.

     Oscar et ses conseillers Petrus et Joseph sont épatés par la rapidité d’action de Jacou ! Oscar s'extasie : « Quelle organisation ! »

     

    Une charrette se présente devant le portail du camp. Deux hommes nus sont à bord. Christina les interpelle :

     « Qui va là ?

     - Les Capitaines Bauer ! dit Le Borgne.

     - Entrez, Capitaines ! répond-elle en ouvrant le portail.

     Jacou arrive et demande :

    « Bon voyage ?  

     - Des malfrats voulaient nous attaquer... Mais quand ils ont vu qu’on était nus, ils se sont sauvés ! dit le Borgne en rigolant. On devient une légende ! 

    - Eh oui, s’esclaffe François, toute la région sait maintenant que les gens nus sont dangereux !  .

    - Quoi de neuf au village ? 

     - Rien de neuf... Nous t’apportons des légumes, et les Muller ont fait pour vous plein de pain et de pâtisseries  ! 

    - Merci François...Venez donc boire un verre ! 

     - Que nenni ! Ce soir on fait la fête à la ferme... C’est l’anniversaire du père, le Fernand ! 

     - Pour l’instant, il fête déjà ça à l’auberge avec les villageois ! ajoute le Borgne. Voici quelques pintes de sa fabrication, pour trinquer à sa santé...

     - Vous le remercierez, et vous lui souhaiterez un bon anniversaire de notre part.  Et n’oubliez pas que Chantal a des remèdes, si jamais vous buvez trop ! Vous direz aussi aux frères Stein de venir vendredi, et aux mineurs, qu’ils en désignent deux qui viendront aussi ! Et il faudra aussi que le fondeur Axell les accompagne.  Ils resteront quelques jours, j’ai besoin d’eux ici... Ils rapporteront les légumes avec eux !  ajoute-t-il.

     - Bien enregistré, dit François : les Stein, deux mineurs et Axell !.

     - Qu’ils viennent nus, précise Jacou, mais avec des gardes ! 

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