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Le blog de Robert
tranches de vie, mode de vie, travail et passion, vie...

Durandalem livre 2. Aventures en Austrasie

robertditsch

Chapitre I     Retour au royaume de Charles

 

- La visite chez les Artz

- La trémulonde

- Durandalem

- Séjour à Mettis

 

 

La visite chez les Artz

 

     Nous sommes en 737.

     Le vaisseau est en orbite basse au dessus de la ville de Mettis .

     Nous attendons la nuit pour atterrir dans la forêt au Nord de Mettis, sans être vus !

     J’ai maintenant quatorze ans, je suis un grand jeune homme, grâce aux accélérations de croissance, notamment sexuelle, que m’a prodigué Xon, puis Xioro.

     Je suis excité à la pensée de revoir mes parents, ma mère, Adélaïde Bount, et mon père, le médecin Joseph Artz. Me reconnaitront-t-ils après cinq années d’absence ? Sont ils seulement rentrés de Poitiers ? Sont-ils seulement vivants ?

     La nuit tombée, le vaisseau descend dans l’obscurité, Nous sommes déposés par un rayon de lumière, Sirius, Itzel, Akna et moi, en tuniques, armés de nos arcs et de nos carquois de flèches. Sirius emmène une sacoche, et une deuxième sacoche contenant des protections pour les leevancliffus à crètes, qu’il me confie, et le vaisseau remonte silencieusement et disparaît dans la nuit.

     Sirius doit revoir Xioro pour lui donner un échantillon de trémulonde austrasienne.

     Nous avons ensuite rendez-vous dans deux ans, au solstice d’été, ici même à minuit, sauf décision urgente...

     Par le chemin que je reconnais malgré l’obscurité, nous nous dirigeons vers Mettis, ma ville natale.

     Le cœur serré, je reconnais la rue, l’échoppe d’apothicaire de ma mère, le cabinet de mon père, et, à côté, notre maison où je suis né.

     Il y a de la lumière à l’intérieur.

     Je frappe à la porte.

     « Qui est-ce ? dit une voix que je reconnais être celle de ma mère ! Mon cœur fait un bon, et je bégaie :

     - C’est… C’est Jacou ! Votre fils !

     - Jacou ! C’est vrai ? La porte s’ouvre. Ma mère, Adélaïde, sort sur le pas.

     - Bonsoir maman !

     - Jacou ! C’est bien toi ! Oh ! Quel bonheur ! Jo ! Jo ! Regarde ! Jacou est de retour !

     Et elle me serre dans ses bras, en pleurs. Mon père, Joseph Artz arrive, et lui aussi me serre dans ses bras, submergé par l’émotion.

     - Entrez, entrez ! Vous me l’avez ramené vivant ! Merci Maître ! dit-il en s’adressant à Sirius. Vous aussi, mesdames, merci d’avoir veillé sur lui !

     Mais asseyez-vous ! Vous devez avoir fait un long voyage ! Déla, apporte-nous à boire, le meilleur vin que nous ayons ! Nous fêtons le retour de notre fils, ce soir !

     Elle descend à la cave avec une lanterne, et remonte, une bouteille à la main.

     Elle ramène des verres pour tout le monde, et Joseph ouvre la bouteille et sert ce nectar qui coule comme de l’huile.

     - Comme tu as grandi, Jacou ! Tu es devenu un grand et beau jeune homme ! dit Déla.

     C’est ainsi que Joseph appelle ma mère Adélaïde, dans l’intimité : Déla.

    Tu dois faire chavirer les sens de tes amies, ici présentes !

     - Oh que oui ! dit Itzel, il est trop beau ! Akna confirme !

     Nous trinquons à mon retour.

     - Raconte-nous tes aventures Jacou ! dit alors Joseph, intrigué par ce que j’ai bien pu faire toutes ces années.

     - Ce sera plutôt long ! Permettez d’abord que nous nous mettions à l’aise, il fait chaud, ici l’âtre est rayonnant, et nous voudrions nous déshabiller ! J’ai vécu nu ces années dans la montagne !

     - Mais oui, Jacou ! tu es chez toi ! fais comme bon te semble, et tes amis aussi ! dit ma mère.

     Aussitôt, nous enlevons nos tuniques, et nus nous levons une nouvelle fois nos verres à mon retour.

     - Comme tu as un corps de dieu ! dit ma mère, émerveillée, en me voyant nu, avec ma toison abondante et mon membre viril bien présent.

     - Contez-nous plutôt vos exploit avec Charles Martel à Poitiers ! dis-je. Quand je vous ai quitté, vous partiez pour je ne sais où préparer des pansements et autres remèdes pour l’armée de Charles.

     - Oui-da ! dit mon père. Nous avons établi notre base à l’abbaye fortifiée de Surgères, sur le chemin de Poitiers. Nous avons confectionné des centaines et des centaines de bandages, de prothèses, d’onguents en tous genres pour soigner l’armée de Charles. Des chariots partaient tous les jours de l’abbaye pour amener le matériel au Nord de Poitiers, où un hôpital de campagne a été installé.

     Nous nous y sommes enfin rendu, et avons commencé à soigner les blessés qui arrivaient, la bataille au Sud de la ville faisait rage !

     - Des centaines de blessés, atteints de flèches, des membres amputés, des yeux crevés, enfin toute l’horreur d’une guerre ! dit ma mère.

     - Nous avons sauvé plus d’un millier de soldats de la mort, reprend Joseph, et certains sont même retournés au combat après nos soins !

     Pendant des jours et des nuits, nous n’avons que peu dormi, guettant les arrivées de blessés que des équipes allaient chercher au péril de leur vie.

     Enfin, Abd al-Rahman , le gouverneur Arabe, est tué dans la bataille, et les Arabes alors s’enfuient et retournent vers le Sud. Charles et Eudes sont vainqueurs !

     Nous avons pu aller sur le champ de bataille, et sauver encore quelques soldats intransportables en l’état, qui ont survécu grâce à nos soins.

     - Mais des centaines de soldats sont rentrés estropiés ! dit ma mère. Charles est venu nous voir, et nous a élevé au grade de Grands Médecins du royaume !

     - Nous avons ensuite eu une escorte qui nous a ramené jusqu’à Mettis, dit mon père. Nous avions rempli notre devoir. Et la vie a repris, tranquillement, Déla s’occupe de son apothèque, et moi des malades de Mettis et des environs.

     - Et vous savez ce que devient Charles ? dit Sirius.

     - Il est en train de repousser les Arabes dans la vallée du grand fleuve, il a passé Avignon, aux dernières nouvelles, et continue vers le Sud, vers Massilia.

     Bon ! Maintenant, à toi Jacou ! Mais mangeons d’abord un morceau ! Vous devez être affamés !

     - Ne t’inquiètes pas, père, dis-je, nous avons mangé tantôt en chemin.

     Alors, voilà mon histoire.

     Nous avons traversé la Grande Mer de l’Ouest, pendant trois semaines, toujours vers l’Ouest. Nous avons accosté sur une côte, des gens nous attendaient, ils étaient nus, et armés.

     - Mais comment se fait-il qu’ils vous attendaient ? demande Joseph.

     - Attends, père, tu vas comprendre !

     Ces gens sont de la tribu des Mayas, la tribu d’où viennent mon maître Sirius et ses deux disciples ici présentes, Itzel et Akna. Pendant le voyage, ils m’ont enseigné la Langue Maya, que je parle couramment depuis. Nous sommes allés avec eux dans la montagne , ce sont des chamans, qui communiquent avec les Forces Cosmiques, et qui ont réfuté les dieux traditionnels des Mayas.

     Grâce à une plante, la trémulonde, ils peuvent faire fi de la gravité et transporter des objets à distance. Ils m’ont aussi enseigné la communication par la pensée, c’est comme cela que mon maître Sirius les a prévenu de notre arrivée. Et ensemble nous avons découvert le pouvoir de voler, comme les oiseaux !

     - Tu te moques de moi, fils ! dit Joseph.

     - Non père ! Et devant lui, je m’élève, fait le tour de la pièce, et à distance, toujours en l’air, je prends une bûche que je pose dans l’âtre.

     Nous sommes venu jusqu’ici en volant ! ajouté-je, ce qui n’est pas faux, et fait sourire Sirius.

     Joseph est sidéré !

     - Incroyable ! Mais continue, c’est extraordinaire !

     - Dans les cités mayas, il y a des prêtres qui font des offrandes aux dieux en sacrifiant des êtres humains ! Mon maitre Sirius était prêtre dans une de ces cités, il s’est rebellé contre ces pratiques et a été banni ! Il a réussi à sauver Akna et Itzel, qui étaient condamnées à être sacrifiées !

     - Ces rites sont inhumains ! dit ma mère, Horrifiée.

     - Nous avons, les chamans, mon maître et moi mis fin à ces pratiques !

     - Toi, Jacou ? mais tu n’es qu’un enfant ! dit mon père.

      - Un enfant très mature, comme vous le savez, dit Sirius, il n’est plus un enfant, comme vous le constatez, en montrant mon anatomie. Il a de nombreuses victoires contre les forces du mal à son actif ! Continue, Jacou !

     - Nous avons sauvé de la mort des dizaines de personnes dans toutes les cité mayas, et nous avons libéré les peuples mayas du joug des prêtres qui les exploitaient et s’enrichissaient à leurs dépens ! Dorénavant, les Mayas sont gouvernés par des démocraties dans chaque ville, et nous avons redonné une nouvelle chance, un nouvel espoir à ces gens qui devaient mourir sacrifiés aux dieux.

     - Mais comment avez-vous fait ? demande Joseph.

     - Nous nous sommes fait passer pour leurs dieux, dit Sirius, volant dans les airs, couverts de peinture dorée, au dessus de la population apeurée, et nous avons tué leurs gouverneurs, leur grands prêtres, leurs soldats qui ne voulaient pas se ranger à nos cotés , avec des sarbacanes aux flèches trempées de curare !

     - Oh ! dit Joseph, qui connaît le curare et ses effets !

     - Pendant ce temps, dit Akna, nous étions plusieurs du village, dont Jacou, et nous enlevions les condamnés et les transportions dans les airs jusqu’à notre village dans les montagnes.

     - C’est formidable ! Vous aussi vous avez sauvé des vies ! dit Joseph.

     - Tous ces gens, dit Itzel, des hommes, des femmes, des enfants, sont devenus des citoyens Mayas dans notre village et vivent en paix avec nous toutes et tous !

     - Je continue, dis-je. Nous sommes allé de l’autre côté de la montagne, dans un village au bord de la mer.

     - Il y a donc encore une mer derrière ces terres mayas ! dit Joseph.

     - Oui, père ! La Grande Mer du Sud, truffée d’îles, et des terres au bout de cette mer ! Ce sont les terres d’Orient, auxquelles nous accédons par la terre par l’Est. La Terre est ronde, père !

     Dans ce village il y a d’excellents charpentiers, et nous avons commandé un gros bateau pour partir sur la mer !

     - Ce village, Semillero, a aussi accueilli nombres de personnes destinées à être sacrifiées ! dit Akna. Et elles sont maintenant intégrées dans le village !

     - Nous sommes parti sur le bateau, continué-je. Nous quatre, avec un jeune chaman et sa fiancée. Nous avons accosté sur une île où vit un peuple, les Maoris. Nous sommes resté plus d’un an sur cette île, et nous avons enfanté les filles de l’île !

     - Quelles salades nous contes-tu la ! dit ma mère.

     - C’est la vérité ! dit Sirius. Les garçons étaient tous stériles, et nous avons enfanté toutes les filles de la tribu, quinze filles en tout !

     - Toi aussi Jacou ! dit ma mère, outrée !

     - Oui mère, et toutes les filles ont accouchée de bébé blonds ! dis-je en rigolant.

     - J’ai réussi à trouver pourquoi ils étaient stériles ! dit Sirius.

     - Pourquoi ? demande Joseph.

     - Ils mangeaient la chair de tortues qui se nourrissaient de plantes empoisonnées, ce qui rendait les hommes stériles.

     - Et maintenant, ils ne sont plus stériles ? demande encore Joseph.

     - Si, mais ils arrêtent de se nourrir de ces tortues, et ils redeviendront féconds, sûrement !

     - Et tu as abandonné ces femmes et leurs bébés, mes petits enfants, à leur sort ! dit encore ma mère, horrifiée à cette pensée.

     - Non, mère ! Toutes ces femmes sont mariées, et voulaient être enfantées, tous ces enfants ont des pères, trop contents que leurs épouses aient des enfants, certes ce ne sont pas les pères biologiques, mais ils assument la paternité avec leurs épouses.

     - Ensuite, dis-je, nous avons embarqué pour une île au Nord pour y trouver une plante rare, qui poussait sur un volcan.

     - D’après nos chamans, cette plante a des vertus guérissantes ! dit Sirius. Vous sachant médecin, et votre épouse apothicaire et herboriste, j’ai amené avec moi quelques plantes que je vous montrerai, la trémulonde, et cette plante, que j’ai nommé la cicatrisante, quand nous reviendrons de Durandalem. Nous aurons besoin de votre laboratoire, Adélaïde !

     - Nous avons cueilli cette plante juste à temps, dis-je, le volcan a craché de la lave et des cendres, et a complétement détruit l’île ! Nous avons juste eu le temps de nous sauver !

     Nous avons navigué pendant des semaines vers le Sud, et on est arrivé sur l’île des Aborigènes. Mon maître Sirius connaît leur Langue et nous l’avons donc apprise sur le bateau.

     Sur cette Île nous avons trouvé la même plante que celle qui nous fait voler ! Nous devons encore trouver la troisième plante et nous aurons encore d’autres pouvoirs !

     - lesquels ? demande Joseph.

     - L’invisibilité !

     - Fantastique ! Et dans quelles contrées merveilleuses se trouve cette troisième plante ?

     - Ici, en Austrasie, dit Sirius, non loin de Mettis, dans un village qui s’appelle Durandalem !

     - Je connais ce village, à côté de Naborum, à une dizaine de lieues d’ici ! Mais comment savez-vous cela ?

     - Ce sont des révélations des Forces Cosmiques que les chamans ont le pouvoir de recevoir !

     - Et vous allez y aller, à Durandalem ? demande Déla.

     - Dès demain, madame ! dit Sirius.

     - C’est incroyable ! Jacou, tu as vécu des choses fantastiques ! dit-elle.

     Je me garde bien de lui parler des Xantarèsiens, cela dépasse son entendement.

     - Oui, mon fils ! Que d’aventures ! acquiesce Joseph.

     Mais il se fait tard ! La nuit est déjà bien avancée ! Vous ne voulez rien manger ?

     - Non ! Merci joseph ! dit Sirius.

     - Alors je vous propose de vous reposer, si vous partez demain vers Durandalem, la route est longue et dangereuse !

     - Merci pour votre hospitalité ! Joseph et Déla,  demain, nous irons en volant ! Cela ne nous prendra qu’une heure de vol !

     - Je vous propose des couches dans mon cabinet, à côté, vous y serez bien ! Jacou, tu as toujours ta chambre ! Terminons ce bon vin, et allons nous coucher ! »

     Et chacune et chacun boit une dernière gorgée du nectar, et va se coucher.

     Je me retrouve dans ma chambre d’enfant, que de souvenirs y sont restés, et les livres que m’avaient confiés les moines de l’abbaye de Mettis ! J’irai les saluer bientôt !

La trémulonde

 

     Le lendemain, après un copieux petit déjeuner, ma mère est une fine cuisinière, nous partons à pied vers l’Est, vers Durandalem. Sirius a prit sa sacoche, dans laquelle se trouvent des chausses protectrices et un sac pour cueillir la trémulonde.

     « Mais vous partez à pied ! dit Joseph.

     - Oui, Joseph, dit Sirius, nous marcherons jusqu’à la forêt et nous nous envolerons discrètement, hors de vue des habitants de Mettis ! Si l’on nous voyait voler, nous aurions des ennuis, et vous aussi !

     - C’est vrai, le bûcher, la potence et le pal sont souvent les remèdes aux choses que l’on ne s’explique pas ! » dit Joseph. 

     Une fois dans la forêt, nous nous envolons, le ciel est clair, nous sommes en tuniques, malgré la douceur du temps.

     Nous arrivons en vue de l’abbaye des Glandières, dont nous avaient parlé les moines précepteurs de Jacou, et nous atterrissons non loin de là.

     « Allons nous renseigner, dit Sirius. Attendez ici, les filles, je ne sais pas quelles sont les dispositions des moines par rapport aux femmes !

     - PFFF ! Les hommes ! dit Akna. Pas de soucis, Sirius ! Nous restons ici, au soleil !

     Nous entrons dans la cour de l’abbaye, et rencontrons un moine qui nous emmène chez l’archiprêtre dirigeant l’abbaye.

     - Bienvenue messieurs ! Que Dieu vous bénisse ! Que peut-on faire pour vous ?

     - Nous recherchons une plante, dit Sirius, qui serait non loin de l’abbaye.

     - Et quelle est donc cette plante ?

     - Elle se trouve devant une grotte, et tremble quand nous nous en approchons !

     - Quoi ! Mais ce que vous me décrivez est l’entrée de l’antre du Démon ! Surtout ne vous approchez pas de cet endroit maudit ! Pourquoi cherchez-vous cette plante ? demande-t-il, méfiant, d’une voix craintive.

     - Un moine de Mettis, au chevet de ma mère mourante, a fait un songe, avancé-je, il a vu Jésus-Christ en songe qui lui a dit qu’une infusion de cette plante guérirait ma mère, qui se meurt d’un mal mystérieux ! Dites-nous où se trouve cette plante, par pitié !

     - Soit ! je vais accéder à votre demande ! L’abbé Cédair va vous montrer le chemin ! Mais si vous cueillez cette plante, ne venez plus ici avec elle !

     - Merci Monseigneur ! Nous sommes vos obligés, et vous sauverez ma mère !

     - Faites venir l’abbé Cédair ! dit alors l’archiprêtre.

     L’abbé arrive, et le dirigeant, après lui avoir expliqué ce que je lui ai dit, lui dit :

     Tu vas montrer à ces voyageurs où se trouve la plante qui tremble, sur le flanc de la colline, au Sud. Tu leur montreras, mais ne t’en approches pas ! Rentre vite et évite leur contact après !

     - Nous vous attendons dehors ! dit Sirius. Et nous sortons de l’abbaye.

     Tu as été bien fin, Jacou ! Bravo ! Je n’aurai pas fait mieux !

     - Merci maître ! C’était un pieux mensonge ! » dis-je en rigolant avec lui.

     Le moine arrive et nous nous mettons en marche.

     Sirius aperçoit Akna et Itzel qui s’étaient mises à l’aise au soleil, nues. Le moine ne les a pas vues.

     «  Rhabillez-vous, disciples, un moine arrive ! leur dit-il en pensées.

     Précipitamment, elles enfilent leurs tuniques, juste à temps.

     Ces filles sont mes servantes, elles nous accompagnent.

     - Fort bien ! dit l’abbé. Nous allons au Sud, par ce chemin !

     Peu de temps plus tard, nous arrivons au pied d’une colline.

     Voyez, au milieu de la colline, ce bouquet vert. Ce sont les plantes qui tremblent ! Je ne vous accompagne pas ! Adieu, voyageurs !

     - Adieu, l’abbé Cédair ! merci pour votre indication ! dit Sirius.

     - Je prierai pour votre mère, Jeune homme !

     - Merci ! Que Dieu vous garde ! lui dis-je.

     Et tandis que l’abbé fait demi-tour, nous gravissons la colline, et arrivons devant le bosquet.

     A l’aide de son arc, Sirius écarte les plantes qui s’agitent à son approche.

     Il enfile alors les chausses, et pénètre dans l’obscurité de la grotte avec le sac, cueille les herbes, et ressort.

     « C’est le même accueil que dans les deux autres grottes, avec les même bestioles ! dit-il. J’ai fait ma cueillette, nous pouvons partir d’ici ! »

Durandalem

 

     « Nous sommes à côté du village de Durandalem ! dit mon Maître. J’aimerai savoir ce qu’eux pensent de cette trémulonde ! Il se trouve juste de l’autre côté de cette colline ! Grimpons, et allons à la rencontre des habitants ! »

     Nous arrivons en bas de la colline, le village est un petit hameau tranquille, traversé par un ruisseau, dans une vallée entre deux collines, une au Nord, que nous venons de gravir et descendre, et une au Sud. La vallée s’étend vers l’Est.

     Il y a une forge, dans le village, de la fumée sort de la cheminée, le forgeron doit y être.

     « Bonjour forgeron ! dit Sirius.

     - Bonjour étranger ! répond celui-ci . Vous cherchez quelqu’un ?

     - Non, je voulais juste savoir quelque chose…

     - Quoi donc, étranger ?

     - Je m’appelle Sirius ! et Voici Akna, Itzel, et Jacou.

     - Enchanté ! Moi je suis Roger le Schmit, et voici mon fils de sept ans, Robert.

     Que voulez-vous savoir ?

     -Voilà. Nous venons de la colline, au Nord, et nous somme passé près d’un fourré qui a bougé à notre passage ! Connaissez-vous cet endroit ?

     - Moi pas ! Mais le Ferdinand Bauer doit savoir ! Robert ! vas le chercher !

     Et Robert court vers la ferme du Ferdinand, et revient bientôt avec un homme grand et robuste, accompagné d’un petit garçon.

     - Je suis Ferdinand Bauer ! que me veux-tu, étranger ?

     - Je voulais savoir ce que tu connais des fourrés qui bougent quand on passe à côté sur la colline au Nord.

     - Oui-Da ! Ces fourrés sont l’entrée d’un monde maléfique ! Des créatures monstrueuses y vivent ! Mon frère Edmond a failli y laisser sa vie en y pénétrant, il y a des années. Il en est resté fou ! Depuis, personne ne s’approche de ces fourrés !

     - Mais ces fourrés qui bougent, ont-ils un pouvoir ?

     - Dame ! Tu dois demander cela au vieux sorcier qui habite au bout du village, sur la colline Sud ! Mais il n’est point commode !

     - Vers le bout du village, dis-tu !

     - Oui ! mon fils Fernand va vous y emmener ! Fernand, montre à ces étrangers où habite le sorcier !

     - Oui p’pa ! et nous suivons Fernand, je lui demande quel est son âge.

     - J’ai neuf ans !  et toi ?

      - moi j’ai quatorze ans !

     - Quatorze ans ? Tu parais plus vieux !

     - Oui, on le dit souvent…

     - Nous sommes arrivé ! Attendez, il n’aime pas les gens, mais moi, il me connaît ! Merlin ! Merlin !

     - Qui m’appelle ? demande une voix grave.

     - C’est moi, le Fernand Bauer !

     - Que veux tu, le Fernand ? dit Merlin en sortant. C’est un viel homme, avec une barbe blanche, il se déplace difficilement avec une canne.

     - Ces gens veulent te parler !

     - De quoi ?

     - De la plante dans la grotte sur la colline Nord ! répond Sirius.

     Merlin le regarde, étonné.

     - Entrez ! Merci le Fernand ! Tu peux y aller !

     Nous entrons dans la hutte du sorcier. Elle est remplie d’objets bizarres, en grand désordre.

     Pourquoi me parlez-vous de cette plante ?

     - Nous connaissons les vertus de cette plante, et nous nous demandions si vous aussi vous les connaissez !

     - Oui, je connais les pouvoirs qu’elle délivre, mais vous comment les connaissez-vous, vous n’êtes pas d’ici, diantre !

     - Que nenni ! Nous venons d’un pays au-delà de la grande mer, et là-bas, nous avons la même plante ! Nous avons expérimenté et nous arrivons à communiquer par la pensée, en buvant une décoction de cette plante.

     - Je n’en crois rien ! dit alors Merlin en pensée.

     - C’est pourtant vrai ! Lui réponds-je toujours par la pensée.

     Merlin me regarde alors, et me demande mentalement quoi d’autre peut faire cette plante.

     - Ne réponds pas, Jacou, me dit Sirius mentalement, Le sorcier n’a pas entendu ce que mon maître a dit.

     - Je ne sais pas, vous savez ? Quoi d’autre peut-elle faire ? réponds-je, toujours mentalement.

     Mon maître incline la tête. C’est ce qu’il fallait dire.

     - Je ne sais pas encore, dit le sorcier à voix haute, je cherche…

     - Avez-vous pénétré dans la grotte ? demande Sirius.

     - Oui-da ! Mais des monstres nous ont attaqués et nous sommes vite sorti ! Edmond Bauer, l’oncle du jeune Fernand qui vous a amené à moi a failli y laisser sa vie ! Il aurait mieux fait, d’ailleurs, il est resté fou ! J’ai pu arracher quelques plantes et je suis sorti précipitamment. Depuis ce jour, ma jambe droite est morte. Mais vous, pourquoi voulez-vous cette plante, puisque vous avez ses pouvoirs ?

     - Nous voulons donner ces pouvoirs à des personnes qui nous aideront dans nos tâches.

     - Ah ça ! si vous voulez mourir, entrez dans cette grotte ! Mais les plantes qui tremblent devant la grotte possèdent les même propriétés, mais bien moindres ! Leur effet ne dure que quelques jours. Vous pouvez cueillir ces plantes !

     - Merci maître Merlin ! Nous allons suivre votre conseil !

     Nous allons prendre congé, maintenant ! Au revoir, Merlin !

     - Oh ! Au revoir, c’est pas sûr ! je suis mourant, d’ici quelques jours, je n’existerai plus !

     Mais j’ai bien vécu, j’ai cent deux ans, une belle vie bien remplie ! il est temps de tirer ma révérence ! Je suis enchanté d’avoir parlé par la pensée avec vous ! Cela faisait longtemps ! Edmond était le seul à communiquer avec moi ainsi ! C’est lui qui a voulu entrer dans la grotte ! Avant, nous nous contentions des fourrés de l’entrée !

     - Merci pour votre accueil, maître Merlin. Nous partons maintenant ! dit Sirius.

     Nous quittons Merlin, qui avec peine nous accompagne sur le pas de la porte, et nous regarde nous éloigner.

     - Tu as bien fait, Jacou de ne rien dire ! La trémulonde ne permet les pouvoirs que nous avons, que si elle est coupée et inhalée dans le noir total ! Néanmoins, elle permet la transmission de pensée même si elle est coupé à la lumière, Merlin nous l’a confirmé ! »

     Nous retournons vers le village, et la forge de Roger le Schmit. Tandis que Sirius, Akna et Itzel discutent de Merlin avec Roger et Ferdinand, qui est resté chez Roger, la compagnie des jumelles Mayas n’y étant pas étrangère, quelque chose en moi me dit d’aller vers des enfants qui jouent non loin de là, des jeunes garçons et des jeunes filles. Il y a le Fernand, le fils du fermier, Robert, le fils du forgeron…

     Je m’approche d’eux, et dit :

     « Bonjour, je m’appelle Jacou ! Je viens de Mettis, j’ai quatorze ans.

     - Le Fernand et Robert arrivent, le Fernand dit :

     - Voici ma grande sœur Berthe ! elle a quatorze ans, comme toi !

     - Bonjour, Jacou ! dit Berthe. Tu es un beau garçon, dis-donc !

     - Moi c’est P’tit Louis, j’ai neuf ans, mon papa est le Muller, le meunier du village. C’est aussi lui qui cuit le pain !

     - Moi c’est Clovis Hune. J’ai neuf ans aussi ! Chez nous, on a des poules et des canards !

     - Émile Pferd ! Et mon frère jumeau Éric. On a aussi neuf ans. Notre papa élève des chevaux.

     - Moi, c’est Michel Wald, j’ai quatorze ans, et ma sœur Béatrice, elle a treize ans. Notre père est bûcheron !

     - Et nous, nous sommes les sœurs Warndt ! je suis Elvire, j’ai quatorze ans, ma sœur Berthe, neuf ans et ma sœur Clothilde, qui a huit ans. Nos parents, Victor et Adèle, sont les aubergistes du village !

     - Et moi, c’est Denis ! Denis Pépin, j’ai douze ans. Et je serai rémouleur, comme mon père !

     Un groupe d’adolescents viens vers moi.

     - Tu n’as que quatorze ans ! Mais tu as un arc ! dit un garçon roux.

     - Oui ! et je sais m’en servir ! Tu vois la pomme dans l’arbre là-bas ? celle qui est tout en haut ?

     Je décoche ma flèche et j’atteins la cible, à deux cents pas de là !

     Sous les applaudissements des enfants, épatés de mon adresse, le garçon roux dit :

     - Enchanté ! Moi je m’appelle Alvin Koch, le fils du boucher, et j’ai dix sept ans !

     - Moi, j’ai dix sept ans aussi ! Je m’appelle Paul Angst. Je serai curé ! J’étudie au séminaire de Gemund.

     Une jeune fille aux longs cheveux noirs arrive, et me dit :

     - Bonjour Jacou ! Moi, c’est Germaine Beten, j’ai dix neuf ans, et voici ma petite sœur Gertrude, elle a dix sept ans ! Nous aussi nous voulons consacrer notre vie à Dieu !

     - Enchanté de vous connaître toutes et tous! Je vais partir avec mon maître Sirius et ses disciples qui sont en train de discuter dans la forge, mais je suis sûr que je reviendrai ! Votre village me plaît bien !

     - Tu seras le bienvenu, Jacou ! dit Alvin.

     - Tu nous apprendras à nous servir d’un arc ! dit Michel Wald.

     - Ce sera avec plaisir ! dis-je en les saluant.

     Je rejoins les Mayas à la forge, Ils sont en train de prendre congé.

     - Mais où allez-vous maintenant ? demande Ferdinand.

     - Nous retournons à Mettis, par la campagne.

     - La campagne peut être dangereuse ! dit alors Roger.

     - Ne vous inquiétez pas pour nous, nous sommes armés, et savons nous servir de nos arcs ! dit Sirius.

     - Les filles aussi ? demande Ferdinand.

     - Montrez-leur, les filles !

     Aussitôt, Akna et Itzel prennent leur arc, et décochent chacune et simultanément une flèche dans la même pomme de l’arbre à cent cinquante pas de là !

     - Vous voyez ! Même les filles ! dit Sirius, en rigolant. Nous n’avons pas de craintes ! même notre jeune disciple, Jacou, sait aussi bien se servir de son arc ! 

     - Oui ! J’ai fait une démonstration avant ! Demandez aux enfants ! La première flèche est de moi ! »

     Et nous partons à pied vers l’Ouest vers les collines. Dès que nous arrivons dans le bois, hors de vue, nous nous envolons vers Mettis.

     La campagne austrasienne est bien belle, vue d’en haut !

Séjour à Mettis

 

  • Le laboratoire d’Adélaïde Artz

 

     Le vol se passe sans problème, avec le vent d’est, en moins d’une heure nous arrivons à Mettis.

     Il est midi passé, nous sommes vite attablés, Déla nous attendait avec un ragoût sur le feu !

     « Cet après-midi, nous avons besoin de votre apothèque, Déla, dit Sirius. Pouvons-nous y compter ? Il ne faudra pas nous déranger, nous devons avoir du calme et de l’obscurité pour ce que nous voulons faire !

     - Vous avez trouvé la plante à Durandalem ? demande Joseph.

     - Oui père ! Et nous avons fait la connaissance de quelques villageois, et de leurs enfants !

     - Les filles, dit Sirius, vous pouvez vaquer cet après-midi ! Avec Jacou, et Joseph s’il le veut bien, nous serons trois, cela suffira !

     - Bien Maître ! répondent en chœur les jumelles.

     - Ce sera avec le plus grand intérêt que je vous assisterai ! dit Joseph.

     - Si vous voulez, les filles, nous irons au marché faire quelques emplettes, et je vous ferai visiter la ville !

     - Avec plaisir, Déla ! répondent en chœur Akna et Itzel.

     Joseph sort une bouteille de gnole.

     - C’est fait avec nos mirabelles sur la butte ! C’est un peu fort peut-être ?

     - Non, elles sont habituées ! dis-je. Moi aussi ! Dans les montagnes mayas, il y a aussi des gnoles comme celle-là !

     Et nous buvons chacune et chacun un verre de cette gnole, excellente au demeurant !

     - C’est la première fois que je goûte ta gnole, père ! Elle est douce ! Si j’avais su, j’y aurais goûté plus tôt !

     Et tout le monde rigole de bon cœur.

     Joseph nous en met une deuxième rasade, que nous dégustons.

     - Bien, dit Sirius. Jacou, va me chercher ma sacoche, derrière la porte du cabinet de Joseph. Déla, nous allons maintenant dans votre domaine ! Nous aurons besoin de quelques ingrédients que vous avez sûrement ! Pouvez-vous venir avec nous pour nous les donner ?

     - Avec plaisir ! »

     Et Sirius, Joseph et moi, nous nous installons dans l’apothèque, après avoir occulté les fenêtres et verrouillé la porte extérieure.

     Mon maître alors dans le noir, prépare la décoction de la trémulonde de Durandalem, nous ne voyons rien mais je sais que ses gestes sont très précis ! Il nous raconte ce qu’il fait.

     « Voilà, j’ai haché les feuilles de la trémulonde, je la met avec l’eau bouillie dans ce récipient que je ferme hermétiquement, et je remet dans le sac étanche à la lumière les feuilles que je n’ai pas utilisées.

     Maintenant, Joseph, tu peux allumer les bougies qui vont chauffer le récipient. Ca va prendre du temps, Jacou, tu peux nous faire un peu de lumière !

     - Et ensuite, Maître, que vas-tu faire ?

     - Je vais mélanger les trois potions que j’aurai, celle de nos montagnes, celle du pays Aborigène, et celle qui se prépare actuellement, j’y ajouterai un peu de cette poudre de sommeil que m’a donné Déla. Mais je devrai faire cela dans le noir. Je boirai ce mélange, et m’allongerai pour dormir une heure. Vous sortirez avant que je ne commence.

     Au bout d’un moment, l’eau bout dans le récipient.

     - C’est le signal pour que nous sortions !  dis-je à mon père.

     J’occulte à nouveau la fenêtre, et nous sortons, laissant Sirius dans le noir.

     - Nous avons une heure devant nous ! dit mon père. Parle moi de tes voyages, des habitants que tu a rencontré, sans omettre un détail !

     - Oui père !

     Et je recommence mon récit, plus détaillé, surtout les passages sexuels !

     - Ma mère n’est pas là pour être offusquée ! » dis-je, en rigolant.

  • L’attaque de la banque d’Ortega

 

     Adélaïde et les jumelles sont parties en ville faire des emplettes.

     « Vous voulez vraiment emmener vos arcs ? dit Adélaïde, Vous ne craignez rien, il y a des gardes en ville, pour notre sécurité !

     - Oui Déla, mais nous sommes toujours prêtes à nous battre ! Nous sommes ainsi, les Mayas ! ce qui fait rire Déla.

     Elles font le tour du marché, où elles trouvent de tout, des légumes, des fruits, de la viande, et même des tissus pour confectionner des tuniques.

     - Voici la banque de Charles d’Ortega. C’est lui qui gérait notre affaire pendant que nous étions au service de Charles, il y a cinq ans !

     A peine a-t-elle dit cela, que des hommes masqués sortent de la banque, tenant un garçon par le cou, un glaive prêt à lui trancher la gorge !

     Déla s’exclame !

     - Mon Dieu ! C’est Jean, le fils de Charles ! Il saigne du bras !

     Les jumelles ont déjà bandé leurs arcs !

     - Laissez-nous partir ! Sinon je lui tranche la gorge ! dit un des bandits.

     Ce furent ses dernières paroles ! deux flèches pénètrent dans leurs oreilles pour ressortir de l’autre côté. Les deux bandits s’effondrent, foudroyés, et Jean est sauf.

     Adélaïde se précipite et le prend dans ses bras.

     - Je le ramène chez Joseph ! Tu arrives à marcher, Jean , alors viens on va te soigner !

     Les parents de Jean, Charles et Marie, sortent à cet instant, et voient les bandits gisant au sol, morts !

     Charles ramasse le butin, le met en sécurité dans la banque, verrouille les portes, puis suit Adélaïde et Marie qui se précipitent au cabinet de Joseph Artz. En route, Adélaïde explique ce qu’il s’est passé dehors.

     Itzel et Akna, vigilantes, ont deux flèches engagées, au cas où ces bandits ne seraient pas seuls.

     - Nous restons ici, jusqu’à l’arrivée de la garde ! dit Itzel.

     La garde arrive, trois soldats glaives en mains, et deux archers, arcs bandés.

     - Baissez vos armes ! ordonne Pierre d’Ac, le chef de la garde, aux Jumelles.

     Les filles sont dos à dos, se méfient et restent arcs bandés, flèches engagées.

     Les témoins alors expliquent ce qu’il s’est passé.

     - Ces filles sont des héroïnes ! elles ont sauvé le jeune d’Ortega ! Elles ont abattu les bandits !

     - Gardes, baissez vos armes ! dit alors Pierre d’ac. Et les jumelles alors baissent aussi leurs arcs, et rangent les flèches dans les carquois.

     - Qui êtes-vous ? demande -t-il.

     - Nous nous nommons Itzel et Akna ! Nous sommes des amies de la famille d’Ortega ! nous venions leur rendre visite quand ces bandits les ont attaqués !

     - Et où est elle, la famille d’Ortega ?

     - Chez Joseph Artz le médecin ! Leur fils Jean est blessé au bras ! Venez avec nous, nous y allons !

     - Volontiers, je veux le témoignage de Charles !

     Gardes ! vous deux, occupez-vous de faire disparaître ces cadavres ! Faites venir le croque-mort ! dit-il aux archers. Qu’il les dépouille et les enterre rapidement ! Vous trois, vous me suivez !

     - Oui chef ! »  disent les cinq gardes.

     Et la petite troupe se rend chez Joseph Artz.

     Joseph est dans son cabinet, en train de soigner le bras de Jean. Je suis à côté de lui. Il est content de me voir, nous avons bien grandi tous les deux ! Lui a quinze ans maintenant.

     - C’est une belle entaille ! dit Joseph. Mais le muscle se réparera vite ! en attendant, tu ne pourras plus tirer à l’arc ! tu devras garder le bras en écharpe quelques semaines !

    Pierre d’Ac reçoit les détails de l’attaque dont Charles a été victime.

     - Ils sont entrés dans la banque, mon épouse Marie était en train de nettoyer le comptoir. Un des bandits l’a prise par le cou, mais mon fils est intervenu et lui a donné un coup de pied dans le tibia, alors il a lâché Marie. Mais l’autre a donné un coup de glaive que Jean a détourné en se protégeant de son bras, ce qui l’a blessé ! Ils se sont fait remettre l’or que j'avais en caisse, menaçant d’égorger Jean, et sont sortis avec lui. Puis je les ai vu tomber tous les deux, une flèche en travers de la tête !

     Grand merci Akna et Itzel, vous avez sauvé Jean et récupéré le butin !

     - Vous avez eu une riche idée de garder vos arcs ! La garde serait arrivée trop tard ! dit Adélaïde.

     - Si vous voulez, dit le chef des gardes, j’ai du travail pour vous !

     - Merci Chef, mais nous ne sommes que de passage ! dit Akna.

     Et après lui avoir anesthésié le bras, avec une pommade, Joseph recoud la plaie avec du fil fin qu’il a fait bouillir.

  • Les plantes de Sirius

 

     - Jacou ! avec tout ça, il est l’heure de réveiller Sirius ! Tu veux y aller, je termine avec Jean. »

     Je me rend dans l’Apothèque, pour réveiller mon maître, j’enlève l’occultation des fenêtres et Ô surprise, mon maître n’est plus là ! seule sa tunique et ses chausse sont au sol, à côté de la couche !

     « Ne crains rien, Jacou ! Je suis là, mais invisible ! Et il réapparaît devant moi, nu.

     - Maître ! C’est formidable ! La potion est un succès !

     - Oui, Jacou, et il y a même une surprise ! Quand je suis invisible, je peux voir dans le noir ! je t’ai vu entrer dans la pièce !

     - Splendide ! Et tu contrôles quand tu peux être invisible ?

     - Oui ! Regarde ! Et il disparaît devant moi, et réapparaît. Mais ? dit-il,  il y a du monde dans le cabinet de Joseph, à coté !

     - Oui ! nous avons eu des ennuis ! Les filles en ville ont dû tuer deux bandits qui s’en prenaient à Jean d’Ortega et avaient dévalisé son père ! Jean est blessé au bras, d’un coup de glaive ! Joseph le soigne. Les gardes de la ville sont là pour avoir des explications.

     - Voilà l’occasion d’essayer la cicatrisante, la plante du volcan ! Regarde dans ma sacoche, il y a un tissu de lin. Déroule-le, et prends une feuille ! Nous allons mettre en pratique immédiatement ce que nous croyons savoir ! Allons-y !

     - Heu, Maître…

     - Oui Jacou ?

     - Tu es tout nu ! dis-je en rigolant.

     - C’est ma foi vrai ! dit-il en s’esclaffant. Donne moi ma tunique et mes chausses !

     Et nous arrivons dans le cabinet de Joseph. Les gardes sont en train de partir.

     - Nous allons chez le croque mort, pour voir si ces bandits avaient des affaires sur eux ! dit Pierre d’Ac en partant.

     Et bravo les filles, vous fûtes promptes !

     - Joseph ! dit Sirius, mets cette feuille sur la plaie ! Cela devrait accélérer la guérison !

     Le médecin s’exécute, il sait que Sirius a ramené des plantes qu’il voulait lui montrer. Il donne une potion à boire à jean, pour qu’il ne souffre pas de sa blessure.

     - Ce soir, les d’Ortega, dit alors Adélaïde, vous êtes nos invités ! Nous revenons du marché, et nous avons tout ce qu’il faut pour faire un bon repas ! Nous allons fêter la victoire du bien sur le mal ! Itzel et Akna, pourrai-je demander de l’aide à deux héroïnes ?

     - Bien volontiers, Déla ! » répondent ensemble les jumelles.

     Et ce qui devait être un bon repas s’est transformé en un banquet, où les mets les plus finement cuisinés côtoient les meilleurs vins, Charles est retourné chercher quelques trésors vinicoles dans le coffre de la banque…

     La soirée est égayée par les récits de Sirius, Akna et Itzel, pour ma part j’évite de parler, le bon vin risque de me faire dire des choses que je ne dois pas dire, en l’occurrence sur les Xantarèsiens !

     Mais on en arrive aux pouvoirs que nous avons, et Sirius me demande de montrer ce que je peux faire.

     Alors, tout en restant assis, je dis :

     - Comme ce vin est délicieux, je vais m’en resservir un verre !

     Et la bouteille de vin quitte la table, vole dans les airs, et, au dessus de mon verre, s’incline pour le remplir, puis elle retourne à sa place initiale.

     Les d’Ortega sont subjugués !

     - Et tu dis que c’est une plante qui vous donne ce pouvoir ! dit Charles.

     - Oui Charles ! dis-je, et il y a mieux !

     Et tout en restant assis, je décolle avec ma chaise, et vient m’installer à côté de Charles.

     Charles reste bouche bée !

     - Nous pouvons aussi communiquer par la pensée ! ajouté-je.

     Je ne parle pas des derniers pouvoirs qu’a acquis Sirius, s’il le veut, il le fera lui-même.

     Jean un moment prend une fourchette et un couteau, et coupe la viande dans son assiette, sans aucune gène au bras !

     Voyant cela, Joseph lui demande de venir le voir. Il ouvre alors le pansement autour de la plaie, elle a disparu ! Il n’y a plus qu’un filet de chair rose qui indique qu’il y a eu une coupure à cet endroit, comme une fine cicatrice ! Les fils qu’il a posé tantôt se sont désagrégés, et se retirent en tirant dessus !

     Jean montre son bras à son père, à sa mère, et à toutes et tous ceux qui sont à table !

     - Je suis guéri ! C’est fantastique ! Jacou ! Prête-moi ton arc !

     Je vais chercher mon arc et une flèche, et Jean bande l’arc sans aucune gène et décoche la flèche qui transperce le mur de la pièce !

     - Je suis désolé joseph ! Je ne voulais pas détruire ta maison !

     - Je suis heureux que tu sois guéri ! dit Joseph. Ca vaut bien un trou dans le mur ! Et tout le monde rigole.

     - Voilà encore une plante extraordinaire, dit Sirius. C’est la première utilisation que j’en fais ! Incroyable ! Je l’ai appelé la cicatrisante, mais il faut rajouter « miraculeuse » !

     - Maître Sirius ! dit Jean. Pourrais-je moi aussi bénéficier des pouvoirs que possède Jacou ?

     - Et pourquoi ?

     - Parce que Jacou est mon ami, et que je suis jaloux de ses pouvoirs !

     - Ce sont deux bonnes raisons ! dit Sirius en riant. Soit ! Demain, tu viendras ici, et tu seras initié !

     - Merci beaucoup, Maître !

     Le banquet touche à sa fin, quelques douceurs et alcools divers achèvent les papilles des attablés, j’apprécie encore quelques verres de la gnole familiale, et les d’Ortega se préparent à quitter le domicile des Artz, dans un état euphorique certain !

     - Itzel et moi allons les accompagner ! dit Akna. Des fois qu’on puisse encore s’exercer au tir à l’arc ! Ce qui fait encore rigoler tout le monde !

     - Soyez tout de même prudentes ! dit Sirius.

     - Il a raison, dit Charles ! Même dans la cité, les rodeurs sont légions, la nuit !

     - Je vais avec elles ! dis-je. Des faibles femmes ont besoin d’un garde du corps !

     - Les faibles femmes pensent que tu as trop caressé la dive amphore pour les accompagner ! dit alors Itzel.

     - Je le crois aussi ! dit Sirius.

     - Bon ! dis-je, me résignant. La prochaine fois alors ! Faisant rire tout le monde.

     Les d’Ortega s’en vont donc, accompagnés par les jumelles et leurs arcs. Heureusement, leur domicile n’est pas loin !

     Mes parents, avec mon aide titubante, rangent la table.

     - Nous ferons le ménage demain ! dit Déla, maintenant, je suis fatiguée ! Viens Jo, allons nous coucher !

     - Allez-y, dit Sirius, je vais attendre le retour de mes disciples, et nous aussi nous irons nous coucher ! Merci pour cette superbe soirée ! »

     Une fois les Artz couchés, Sirius sort dans la nuit, et s’élève invisible au dessus de la ville, bien haut, là où se trouve le vaisseau des Xantarèsiens et leur remet la trémulonde de Durandalem, leur explique comment il a fait le mélange, puis redescend chez les Artz tandis que le vaisseau disparait dans la nuit.

     « Je reste déshabillé invisible, pour faire une surprise aux filles ! Tu ne diras rien, Jacou,  je veux voir leurs têtes !

     - Je ne dirai mot !

     Peu de temps plus tard, la porte s’ouvre, Sirius est invisible, Itzel et Akna entrent, sans avoir eu de problème en raccompagnant les d’Ortega.

     Itzel et Akna me demandent si Sirius est déjà allé se coucher.

     - Non ! Je suis là ! dit une voix qu’elles reconnaissent, mais ne voient rien.

     - Où es tu, Maître ?

     - Là ! Juste devant vous ! Et il réapparaît souriant !

     - C’est formidable ! dit Akna. Ces voyages ont vraiment été fructueux ! quelle plante magique que cette trémulonde !

     - Oui, mes chères disciples ! Maintenant nous savons tout de la trémulonde ! En plus, j’ai testé que quand je suis invisible, et seulement là, je peux voir dans la nuit comme en plein jour ! Nous pourrons donc voler de nuit comme bon nous semble !

     Maintenant, nous pouvons aller nous coucher ! Bonne nuit les filles, bonne nuit Jacou ! Et il disparaît, sa tunique qu’il ramasse semble flotter dans les airs.

     - Bonne nuit, Maître ! répondons-nous en chœur.

     - J’ai encore une chose à vous demander : Mon ami Jean est encore vierge ! Pourriez-vous le …

     - Avec toi, bien sûr, hein ! dit Itzel en riant. Nous ferons cela demain, quand il viendra !

     - Grand merci ! Vous êtes vraiment de chouettes filles ! Bon ! Je vais cuver ma gnole ! Bonne nuit les filles !

     - Bonne nuit Jacou ! » répondent les sœurs ensemble. Et elles aussi vont se coucher.

  • L’initiation de Jean d’Ortega

 

     Le lendemain matin, un beau soleil éclaire la cité de Mettis.

     Jean d’Ortega est pressé d’aller me retrouver, son ami, mais surtout d’être initié aux pouvoir que je possède et que Sirius a promis de lui donner.

     Sa blessure n’est plus qu’un mauvais souvenir, grâce aux soins de Joseph Artz et à la plante de Sirius !

     Nous sommes en train de prendre le petit déjeuner chez les Artz quand Jean arrive.

     « Tu es bien matinal, Jean ! dit Sirius . Bon ! Viens, faisons cela tout de suite ! Montons dans la chambre de Jacou, il n’y a qu’une fenêtre à occulter ! Jacou, peux-tu t’en occuper ?

     - Oui Maître ! Je le fais tout de suite ! Et je monte l’étoffe que j’avais mise hier sur la fenêtre de l’apothèque, pour l’installer dans ma chambre.

     Sirius arrive avec deux fioles.

     - Jacou, tu vas aussi dormir, après avoir bu cette fiole ! Mes disciples Akna et Itzel l’on déjà bu cette nuit ! Jean, tu boiras celle-là ! »

     Nous nous allongeons côte à côte sur la couche, Sirius sort et ferme la porte, et après avoir bu nos fioles dans le noir, nous nous endormons.

     Sirius est en grande conversation avec Joseph.

     « Ton fils est un être exceptionnel ! Nos chamans, qui conversent avec les Forces cosmiques, l’on remarqué ! Moi-même, il y a cinq ans, souviens-toi, à la Rochelle, j’ai su que c’était lui l’élu des Forces Cosmiques !

     - C’est vrai qu’il a toujours été précoce ! il savait lire et compter à quatre ans ! Et il a une mémoire extraordinaire ! Ses moines précepteurs en étaient effrayés !

     - Il est aussi celui qui a enfanté notre Grand Chaman ! C’est une volonté des Forces Cosmiques, une prophétie était dite depuis longtemps !

     ’’Celui qui viendra des terres de l’Est enfantera le Grand Chaman ! Il sera blond !’’

     La prophétie s’est réalisée ! Ton fils a aussi crée une nouvelle espèce humanoïde !

     - Que dis-tu, Sirius ? Une nouvelle espèce ?

     - Oui ! Dans nos montagnes, nous avons eu la visite d’êtres extraterrestres ! De forme humanoïde, ils ont beaucoup de points communs avec les humains ! Et quelques différences.

     - Des extraterrestres ! Tu ne me mènes pas en bateau, là, Sirius ?

     - Non ! Je t’assure que tout ce que je dis est la vérité ! Écoute !

     Sept filles et sept garçons d’une autre planète, Xantarès, dans un autre système solaire, sont venus sur la Terre. Les filles ont été fécondées par Jacou et un garçon extraterrestre chacune ! Il y a eu quatorze naissances, deux par filles ! Alors que les Xantarèsiens sont imberbes, sans aucun poil ni cheveu sur leur corps, tous les bébés sont blonds ! Une nouvelle espèce est née, et ce grâce à ton fils Jacou. Ce n’est pas lui qui assume et assure la paternité de ces enfants, mais les compagnons de celles qu’il a enfantées ! La volonté des Forces Cosmique est réalisée !

     - Mais Jacou ! Il n’avait que neuf ans quand il est parti ! Il n’était pas mature, sexuellement !

     - Il est précoce dans ce domaine aussi ! J’ai moi-même été étonné quand pendant le voyage il a copulé avec mes disciples Akna et Itzel ! Les Xantarèsiens, bien plus avancés que nous, lui ont fait accélérer sa puberté, et à onze ans il était mature sexuellement.

     - Je suis abasourdi ! Jacou ! Mon fils ! Géniteur d’une nouvelle espèce ! J’avais déjà du mal à assimiler l’épisode des Maoris, mais alors là !

     - Ce n’est pas fini ! dit alors Sirius. Il va aussi ramener la paix sur la planète Xantarès, puis en royaume de France, en combattant !

     - Comment cela ? Jacou est un scientifique, pas un soldat !

     - Oui, Joseph, et tu l’enseigneras pendant les ans qui viennent à la médecine, il en aura besoin, comme toi sur le champ de bataille, plus tard. Il deviendra un des plus grand érudit médecin de sa génération, grâce à toi ! Il fondera aussi une école de soldats où ses élèves serviront le roi, le petit-fils de Charles, qui deviendra empereur ! Il instaurera la nudité dans plusieurs villes de l’Austrasie, et même à la cour de l’empereur !

     - Mais aura-t-il des enfants ? demande alors Joseph, qui se verrait bien grand-père !

     - Non, Joseph ! il n’aura aucune descendance, bien qu’il ait enfanté beaucoup de filles !

     - Tu as tracé son destin, mais lui, qu’en pense-t-il ? Est-il d’accord de ne pas choisir son avenir ?

     - Ce n’est pas moi, mais les Forces Cosmiques qui l’ont fait, comme elles le font pour chacun d’entre nous ! Mais son avenir lui appartient ! les prophéties ne se réalisent pas toujours ! Et crois bien qu’il saura ce qu’il devra faire au moment des choix de sa vie ! Jacou est un érudit !

     - Soit ! je me range à ta sagesse ! Restez-vous ici longtemps ?

     - Non ! dit Sirius. Avec mes disciples Akna et Itzel nous allons voyager, rencontrer les chamans du grand Est, le peuple des Sarmates, où la nuit dure plusieurs lunes…

     Jacou restera ici dans sa famille, afin de bénéficier des enseignement de médecine de son père et de botanique de sa mère !

     Nous reviendrons, mes disciples et moi, d’ici deux ans, au solstice d’été ! Nous avons rendez-vous avec les extraterrestres ici à Mettis, dans le bois au Nord de la ville. Oui, Joseph ! Je peux te le dire maintenant ! Nous sommes venus en vaisseau spatial depuis mes montagnes mayas. En une heure, nous avons fait la moitié du tour de la planète ! Et c’est eux qui nous ramèneront chez nous. Vous les rencontrerez à cette occasion ! Bien ! Il est temps d’aller réveiller Jean, qui doit être nanti de ses nouveaux pouvoirs !

     Et Sirius monte à ma chambre, ouvre la porte enlève l’occultation sur la fenêtre, ce qui nous réveille.

     « Jacou ! Contrôle-toi, tu as de nouveaux pouvoirs ! Apparais ! me dit Sirius en pensées. Et avant que Jean se tourne vers moi, j’ai repris mon apparence visible.

     Manifestement, il maîtrise déjà cela ! se dit Sirius.

     - Alors Jean ! dit Sirius mentalement. Tu me comprends !

     Jean est tout étonné d’entendre Sirius dans sa tête. Il pense alors que oui, il l’entend !

     C’est bien ! dit Sirius. Maintenant, essaie de soulever le chevet à côté de toi !

     Et Jean essaie, et y arrive ! Il le redépose et dit :

     - C’est fantastique !

     - Passe au dessus de moi sans me toucher ! dis-je.

     Et Jean décolle et passe au dessus du lit ! Il n’en revient pas !

     - Bien, dit Sirius. Tu iras montrer tes pouvoirs à tes parents, et tu leur diras que je vais venir chez eux, après la fermeture de la banque, pour leur donner ces mêmes pouvoirs ! Ils pourront se défendre si une nouvelle attaque a lieu !

     Mais pour ce midi, je les invite à l’auberge du coq d’or ! dis-leur cela !

     -  Avec moi ?

     - Mais oui ! Avec toi ! Vas !

     - Et si tu veux, lui dis-je, nous irons dans les bois où tu pourras voler à ton aise à l’abri des regards ! Itzel et Akna nous accompagneront ! Disons après le repas de midi !

     - D’accord Jacou ! j’ai hâte ! Je vais prévenir mes parents ! On se revoit donc après le déjeuner !

    - Jean ! dit Sirius, fais attention, ne montre pas tes pouvoirs dans la rue ! tu risques la potence, ou le bûcher !

     - Nous serons de retour avant midi, dit Sirius à mes parents. Nous vous invitons aussi à l’auberge du Coq d’Or, on m’a dit que du bien sur cette auberge ! Nous réserverons une table au passage en allant au monastère !  

     Nous allons, Sirius et ses disciples, à l’Évêché de Mettis saluer les moines qui étaient mes précepteurs, il y a déjà cinq ans. Mais vu ce qu’il s’est passé la veille, nous sommes tous armés !

     Grand merci Sirius ! Nous y serons pour midi, le temps de fermer nos échoppes ! » dit Adélaïde.

     Puis, Adélaïde a ouvert son apothèque, et Joseph est à son cabinet.

     Nous passons à l’auberge du Coq d’Or, et Sirius réserve une table pour neuf, pour midi,  et donne un Denier d’or en acompte pour certifier la réservation. Cela se fait dans les bonnes maisons, parait-il.

     Puis, nous prenons le chemin de l’Évêché, sur la colline.

Albert Dupont

 

 

     En arrivant à l’Évêché, je reconnais un des moines !

     « Salut frère Tok !

     - On se connaît, jeune homme ?

     - Oui, frère Tok ! avec frère Igor et frère Suro, vous avez été mes précepteurs jusqu’à l’âge de neuf ans !

     - Le jeune Artz ! Jacou Artz ! Oui ! Maintenant je reconnais les marins avec qui tu as embarqué ! Je suis heureux que vous ne soyez pas tombés au bout de la mer ! 

    Nous sourions tous les quatre en constatant qu’ils sont toujours ignorants de la chose, et qu’ils croient toujours que la Terre est plate !

     Comme tu as grandi ! Tu es un jeune homme maintenant !

     - Oui, frère Tok ! j’ai déjà quatorze ans ! Mais mes deux autres précepteurs, ne sont -ils point ici ?

     - Non, Jacou, frère Igor et frère Suro sont partis en mission avec Monseigneur Daizano, l’évêque de Mettis, en mission d’évangélisation sur les frontières du Nord.

     - Je voulais vous remercier encore pour votre enseignement ! Il m’a bien servi ces années ! J’aurais aimé les saluer ! Vous le ferez pour moi à leur retour !

     - Je n’y manquerai pas ! Que Dieu vous ait en sa sainte garde !

     - Qu’il veille sur toi, frère Tok ! »

     Et nous quittons l’Évêché de Mettis, et retournons vers la ville.

 

     Nous nous promenons dans les rues de Mettis, quelques pécheurs jettent leurs filets depuis le pont sur la rivière Moselle.

     Un peu plus loin, une patrouille a arrêté un homme, accusé d’être un voleur à la tire. Il n’en mène pas large ! ils s’apprêtent à lui couper la main !

 

     Aussitôt, Itzel intervient !

     « Arrêtez ! Qu’allez-vous faire ? retenant à distance le bras du garde.

     Les deux autres gardes aussitôt sortent leur glaive, mais Akna, Sirius et moi avons déjà nos arcs prêts à tirer !

     - Cet homme a volé les dames que voilà ! dit le garde qu’Itzel a bloqué.

     - Non ! Je le jure ! Cette dame a laissé choir sa bourse en sortant son mouchoir ! Elle ne s’en est pas rendue compte ! Je l’ai ramassée, et j’ai voulu lui rendre, c’est là qu’elle a crié au voleur ! Mais je ne suis pas un voleur !

     - Cet homme dit la vérité ! dit un homme vêtu de riches habits.

     - Qui êtes-vous pour intervenir ainsi ? dit un garde menaçant le nouvel arrivant de son glaive.

     Sirius alors crie :

     - Je vous conseille vivement de ranger vos armes ! Chaque garde se retrouve avec une flèche pointée à quelques pouces de son œil. Et les glaives rentrent dans leur fourreau, les arcs alors s’abaissent.

     - Je suis Georges Delatur, le mari de Charlotte, une de ces dames ! Je les rejoignais quand j’ai vu Madeleine faire choir sa bourse, comme l’a raconté cet homme ! Ce n’est pas une main tranchée mais bien une récompense pour son honnêteté que cet homme mérite !

     - Oh ! Je suis confuse, dit Madeleine ! J’étais sûre que cet homme me volait !

     Une autre patrouille, voyant les gardes en joue au loin, accourt.

     Entretemps, les armes sont rangées.

     Leur chef n’est autre que Pierre d’Ac, le chef des gardes, qui est intervenu la veille quand les jumelles ont abattu les bandits devant chez d’Ortega.

     - Encore vous ! dit-il aux filles ! Vous vous en prenez aux gardes, maintenant ?

     - Elles ont bien fait ! dit un garde. Nous allions commettre une faute grave !

     Et le garde raconte au chef ce qu’il s’est passé.

     - Heureusement que vous étiez là ! dit celui-ci. Je réitère mon offre ! Nous avons besoin de soldats prompts et efficaces !

     - Merci chef ! Mais nous devons partir bientôt ! dit Itzel.

     - Comment te nommes-tu, brave homme ? demande Madeleine au pauvre bougre qui a failli perdre sa main.

     - Je me nomme Albert Dupont.

     - Et quel est ton métier ? demande Georges Delatur.

     - Je suis jardinier, mais là, je n’ai pas de travail.

     - Alors, tu seras mon jardinier ! J’ai une propriété au Sud de Mettis, un bon jardinier manque ! Es-tu d’accord ?

     - Oh oui ! J’ai besoin d’un travail pour sortir ma famille de la misère ! Nous habitons dans une masure, au bord de la rivière Moselle !

     - Alors tu habiteras le pavillon de chasse dans ma propriété, avec ta famille ! Tu as des enfants ?

     - Oui ! Un garçon de douze ans et une fille de dix ans. Mon épouse, Paulette, est cuisinière.

     - Superbe ! Elle entrera à mon service comme cuisinière au manoir !

     - Et voici cette bourse que tu as méritée ! dit Madeleine.

     - Oui Madeleine ! dit Charlotte Delatur. Tu as bien fait ! Il la mérite !

     - C’est vraiment généreux de votre part ! Avec cette bourse, je vais pouvoir payer les dettes et les intérêts que je n’arrivais pas à acquitter ! Merci beaucoup !

     - Tu dois des sous à la banque ? demandé-je.

      - Non ! C’est notre bailleur ! Pour une masure il a augmenté les prix et les intérêts sur les retards de paiement !

     - Où habite-t-il ? demande Sirius.

     - A côté de chez nous, il a une propriété au bord de la rivière .

     - Bien ! dit Georges Delatur, vas chercher les tiens, et viens au manoir t’installer sur l’heure ! Toi et ta femme commencez demain à travailler pour moi, et serez payés comme il se doit !

     - Nous t’accompagnons ! dit Sirius. Je veux voir ton bailleur !

     Arrivés en bord de rivière, nous nous rendons chez le bailleur.

     Albert frappe à la porte.

     - Allez-vous en ! dit une voix à l’intérieur.

     - J’amène des sous ! dit alors Albert.

     Aussitôt, la porte s’entrouvre et un homme à la mine patibulaire apparaît.

     - Tu me dois dix deniers ! Les as-tu ?

     - Oui ! Les voilà !

     - Tu les as volé ! Tu es un voleur ! Je les confisque !

     Mais Sirius a déjà une flèche tout prêt de son œil, et dit :

     - Cet homme paie sa dette ! Il ne te doit plus rien ! Es-tu d’accord ?

     Le vieux pingre, tremblant, acquiesce !

     - Oui ! oui ! Tu es quitte ! Tu ne dois plus rien ! Mais le mois prochain, tu me devras à nouveau un loyer !

     - Que nenni ! Je quitte ta maison pourrie ! Je ne te devrai plus jamais rien ! Adieu !

     Et nous passons par la masure occupée par sa femme et ses enfants. Il rassemble ses quelques affaires, des frusques et des guenilles, c’est tout ce qu’ils ont !

     - Nous vous accompagnons chez Delatur ! dit Sirius.

     Une fois arrivés à la propriété, des domestiques attendent les Dupont, et les prennent en charge.

     - Venez, dit un majordome. Vous allez vous laver et enfiler ces habits propres ! Jetez vos vieilles frusques, vous aurez tout ce qu’il vous faut ici ! Soyez les bienvenus ! »

     Nous laissons cette famille qui pleure de joie aux mains du majordome, et repartons pour la cité, il va être midi, ne ratons pas l’auberge du Coq d’Or !

     Joseph et Adélaïde arrivent accompagnés de Charles, Marie et Jean d’Ortega.

     Nous arrivons peu après, et nous sommes installés à une belle table ronde, au milieu de l’auberge. Nous rangeons discrètement nos armes sous la table.

     Un amuse-bouche nous est servi, un délice qui augure de la suite !

     Sirius commande une excellente bouteille de vin.

     Peu de temps plus tard, trois clients arrivent à l’auberge, et s’installent non loin de notre table.

     « Je vous salue ! Maître Artz ! Madame Artz ! Maître d’Ortega ! Madame d’Ortega ! Jeune homme !

     - Salut à vous, Maître Delatur ! Mesdames ! répond Joseph.

     Et là, Georges Delatur reconnait Itzel Akna Sirius et moi !

     - Je vous présente notre fils Jacou, revenu d’un long voyage ! dit Joseph.

     - Oui ! Nous nous sommes rencontrés ce matin ! Ce jeune homme, avec son arc, tenait en respect un garde qui me menaçait !

     - C’est de ma faute ! dit une dame à côté de Georges Delatur.

     - Je vous présente Madeleine, la sœur de Charlotte, ma femme. Je vous raconte, j’ai tout vu !

     Et Georges raconte cette improbable aventure, les gardes, l’intervention d’Itzel, nous et nos arcs, l’histoire d’Albert Dupont, et l’heureux dénouement qui s’en est suivi !

     - Nous avons accompagné Albert récupérer sa femme et ses enfants, dis-je, il a payé ses dettes au vieux pingre qui le harcelait, et nous l’avons accompagné jusque chez vous où votre majordome l’a accueilli avec bienveillance !

     - J'avais donné des ordres dans ce sens ! dit Georges.

     Hé bien ! dit Charles. Fêtons cet heureux dénouement ! Aubergiste ! apportez-nous votre meilleur vin ! Le pétillant des coteaux de Durocortorum.  Il en faudra bien deux bouteilles !

     Le repas qui suit est un délice ! arrosé des meilleurs crus, l’aubergiste est ravi d’avoir le banquier, le médecin et un riche propriétaire terrien dans son auberge ! Bonne journée !

     Sirius paie en pièces d’or la totalité de ce que les douze convives ont consommé !

     - Il ne fallait pas ! dit Georges Delatur.

     - Vous avez beaucoup fait aujourd’hui pour cette famille ! dit Sirius. Je suis sûr que vous ne le regretterez pas ! Laissez- moi participer un peu à ce bonheur !

     -Vous êtes un sage, maître Sirius ! Nous serons enchanté de vous recevoir dans notre demeure, à votre convenance.

Les bandits

 

     Après ce délicieux repas, nous décidons, Itzel, Akna, Jean et moi d’aller vers le bois, Jean peut s’exercer à voler à son aise, puis Itzel et Akna, sur une couverture, s’emploient à éduquer le jeune homme aux choses de la chair, éducation à laquelle je participe avec envie !...

Après ces ébats ô combien jouissifs nous rentrons vers la ville, et nous nous arrêtons pour boire un verre dans une taverne, à l’entrée de Mettis.

     Nous nous installons sur la terrasse, une serveuse arrive et prend notre commande. Une pinte de vin rouge et quatre verres. Nous dégustons le vin, ma foi assez agréable à boire, quand une bande de cinq jeunes gens, sales et hirsutes, nous aborde.

     « Regardez-moi ces jolies filles avec ces jouvenceaux ! Ils sont trop jeunes pour vous, mes chéries ! Venez plutôt apprécier des vrais mâles !

     - Passez votre chemin ! dis-je à celui qui a parlé.

     - Mais c’est qu’il défend ces beautés, ce jeune freluquet ! Je vais te couper en deux !

     Il s’approche alors de moi, sort un glaive et me menace de me trancher la gorge ! Erreur !

     Je lui fait , d’un geste de la main, tourner son glaive, et le porter à son propre cou.

     - Veux-tu bien dire à tes amis puants qu’ils s’ôtent de notre air, ça devient irrespirable !

     Itzel et Akna, toujours assises, ont leurs arcs chargés de deux flèches chacun et restent impassibles.

     Mais l’imbécile ne veut pas comprendre, et dit à ses quatre compères :

     - Tuez-les !

     - Aussitôt ils sortent leurs glaives, et prennent chacun une flèche dans l’épaule droite, tandis que le premier se mutile le bras gauche de son propre glaive.

     Les filles ont à nouveau deux flèches chacune, prêtes à tirer.

     Je prends mon arc, et envoie deux flèches simultanément dans chaque épaule du malfrat, qui se retrouve à terre.

     Mais plein de haine, il hurle :

     - Tuez-les ! Tuez-les !

     Ses compères,  bien handicapés, veulent alors frapper, et se prennent eux aussi une flèche dans l’autre épaule.

     - Encore une fois, et vous êtes tous morts !

     Mais les quatre malfrats derrière leur chef préfèrent rebrousser chemin, en titubant, les bras ballants et dégoulinant de sang.

     - Lâches ! hurle-t-il vers ses compères qui fuient. Se retournant vers nous, il beugle :

     Je vous tuerai tous ! Juste avant de se prendre une flèche dans la gorge qui le foudroie net, lui explosant les vertèbres cervicales..

     Je le soulève alors et comme s’il rampait au sol, je le fais se traîner jusqu’à la rivière, et il tombe dedans.

     Jean est effaré par ce qu’il vient de voir ! Plus jamais il ne sortira sans son arc !

     Nous terminons alors nos verres, les clients sont sortis de l’auberge, et nous félicitent pour notre sang-froid, ces malfrats terrorisaient le quartier !

     Le tavernier sort à son tour.

     - La pinte est pour moi ! Je le savais ! Il ne faut jamais embêter des filles qui ont des arcs !

     Et toute la clientèle rigole, et nous avec !

     - En tous cas, s’ils survivent, ils ne viendrons plus par ici !

     Nous partons alors vers la cité, la rumeur se répand vite que deux femmes et un jeune homme ont fait la peau des bandits qui terrorisaient la ville.

     En chemin, nous croisons la patrouille et le chef des gardes, Pierre d’Ac, rencontrés ce matin.

     - C’est vous, les pourfendeurs de ces bandits ! Je m’en doutais ! Ils sont neuf, d’habitude, mais je crois qu’ils ne sont plus que sept depuis hier !

     - Six ! dis-je. Je crois que celui dans la rivière n’est plus guère vaillant !

     - Ils viennent de temps en temps, et ont déjà tué trois de mes hommes ! Nous allons les poursuivre !

     - Nous venons avec vous ! disent les jumelles en chœur.

     - Blessés comme ils sont, ils n’ont pas pu aller bien loin ! précisé-je.

     Nous retournons sur nos pas.

     - Jean ! Va prévenir mon père et Sirius de ce que nous faisons avec la garde de la cité !

     - Oui Jacou, j’y vais !

     Nous suivons les traces de sang, abondantes, des huit bras qui saignent, et arrivons non loin d’une cabane. Manifestement, ils sont entrés là dedans !

     Des hurlements indiquent que quelqu’un essaie de retirer les flèches, eux ne le peuvent surement pas !

     - Je vais aller voir ! dis-je.

     Et discrètement, je m’avance vers la cabane, pour arriver sous une fenêtre. Je les entends parler. Manifestement, il y a deux bandits non blessés, qui essaient de retirer les flèches de quatre autres.

     Je reviens vers la garde, posté dans le sous bois.

     - Ils sont six, avec les quatre qu’on a blessé ! On va les faire sortir !

     Aussitôt les filles ont compris ! Elles préparent des flèches qu’elles entourent des chiffons que nous avons dans les carquois, je trouve de la paille sèche, et en cherchant un peu, deux pierres dont un silex qui feront l’affaire.

     Après quelques essais, j’arrive à allumer la paille, j’obtiens un feu avec des brindilles puis des branches, puis les chiffons enroulés autour des flèches sont embrasés, et nous tirons trois flèches enflammées dans les fenêtres de la masure de chaume.

     Puis trois autres dans la toiture, qui s’embrase aussitôt !

     Les six bandits n’ont d’autre solution que de sortir en courant s’ils ne veulent pas rôtir, le toit s’effondre déjà ! Cinq sont sortis, un sixième, surement trop faible, ou touché par une flèche, est resté et le toit en flamme lui est tombé dessus.

     Ils sont cueillis par les gardes qui les font prisonniers.

     Les cinq survivants, dont trois sont mal en point, continuent de menacer les gardes.

     - Nous vous tuerons ! Vous ne nous aurez pas ! Nous nous échapperons !

     Alors Pierre d’Ac, le chef des gardes prend une décision.

     Il sort son glaive, et d’un coup dans le cœur, l’un après l’autre il les tue de sang-froid.

     Il envoie deux gardes chercher des pelles, pour ensevelir les bandits. Les gardes les dépouillent, ils avaient sur eux une petite fortune ! Les habits sont brûlés et les cadavres nus sont jetés dans la fosse que les gardes ont creusé.

     - Ce pactole reviendra aux veuves de mes gardes tués. dit-il. En tous cas, vous alors, vous êtes efficaces ! Bravo Jacou pour ce feu ! Tu as épaté mes gardes ! Tu as obtenu le respect de toute la garnison ! Sois en sûr !

     - C’est pas tout ! dit Akna. Il nous faut à nouveau des flèches ! Allons trouver un armurier, il doit bien en avoir un dans la ville !

     - Exact ! dit Pierre d’Ac, non loin de la banque ! Je vous accompagne, nous prenons en charge ce que vous achèterez chez l’armurier !

     - Grand merci Chef !

     - Ce n’est que normal ! dit-il.

     Tout le monde va donc chez l’armurier, Les jumelles choisissent des flèches à plumes colorées.

     Sous les sourires des gardes, Itzel précise :

     - C’est pour mourir avec le sourire ! Et c’est l’esclaffée générale.

     Arrivés chez Joseph, elles racontent ce qu’elles ont vécu à Mettis.

     - … Et Jacou a allumé un feu pour enflammer la masure des bandits ! dit Akna.

     - Bravo, mes disciples ! dit Sirius. Bon, maintenant, j’ai une mission chez les d’Ortega. Je serai de retour d’ici un peu plus d’une heure ! Toi, Jacou, tu vas prendre ces deux fioles, et tu vas coucher tes parents ! eux aussi bénéficieront de nos pouvoirs !

     - Merci Sirius ! dit Joseph. Déla ! Viens , on va se coucher !

     - Déjà ? s’étonne Déla, Mais il fait encore jour !

     - Pour ça, dis-je alors, je m’en occupe ! Et je vais dans la chambre parentale et occulte la fenêtre.

     - Venez, Père et mère ! Allongez-vous, et quand je serai sorti, dans le noir vous boirez la fiole que je vous donne. Vous allez dormir une heure, Ne vous en faîtes pas, Les filles et moi restons ici pour surveiller !

     Mais nous allons nous mettre à l’aise ! » Et nous tombons nos tuniques, et c’est nu que j’accompagne mes parents vers leur chambre.

     De retour, Itzel et Akna ont disparu !

     Je me rend invisible, et j’aperçoit leur halo, que je ne voyait pas tant que j’étais visible !

     - Je vous vois ! En tous cas, votre halo !

     - Nous aussi, Jacou on te voit ! Il faudra qu’on en parle au maître !

     Ce soir, nous aurons manifestement des tests d’invisibilité à faire Itzel, Akna et moi, et peut-être bien avec notre maître Sirius !

     Au bout d’une heure, nu et visible, je vais réveiller les parents, qui émergeaient doucement.

     Je les incite à essayer leurs nouvelles aptitudes, en leur disant mentalement ce qu’il doivent faire pour tester leurs pouvoirs.

     Puis Déla va en cuisine préparer le souper, Les filles, nues,  vont lui prêter main forte, du coup, elle se met nue aussi ! Elle rigole de prendre une casserole à distance et la remplir d’eau sur le feu, à quatre pas d’elle !

     « Je sens que ça va me plaire, ce pouvoir ! » dit elle.

     Sur ces entrefaites, Sirius est de retour, mission accomplie !

Chapitre II      La Communauté du Blauersland

 

- En route pour le Blauersland

- La saga de notre périple

- Les pirates du Grand Fleuve Rhin

- La fête de l’Equinoxe

- Les nouveaux compagnons du Blauersland

- La fête des compagnons du Blauersland

- La hutte de Sudation

- Nouvelles technologies

- Le dragon de la forêt

- Le sauna des jeunes

- Les chasse-neige

- Les récits des déneigeurs

 

 

En route pour le Blauersland

 

      Nous nous installons à table, mon père sort trois verres pour nous, et trois pour les filles, puis ramène une bouteille qu’il avait à la cave, du nectar de raisin qu’il dit, mais c’est vraiment de la gnole !

     Nous dégustons ce nectar en parlant de choses et d’autres, notamment de la sécurité dans la cité.

     Puis je pose une question à Joseph, mon père :

     « Tu te souviens de Clément Sandre, qui vous a accompagné à Poitiers ?

     - Oui Jacou, bien sûr ! Il nous a aussi accompagné jusqu’à Mettis quand nous sommes revenus, il y a cinq ans. Il est resté quelques jours ici, chez nous, puis il est parti vers Strateburgo, à l’Est ! Mais j’y pense maintenant ! Il m’a laissé une lettre pour toi ! Je vais la chercher ! »

     Et il revient avec un pli cacheté qu’il me remet. Dessus il y précise l’endroit où il se rend à Strateburgo. Une communauté qui vit en harmonie avec la nature, au bord du grand fleuve Rhin. Elle s’appelle la communauté du Blauersland.

     «  Il m’invite à le rejoindre à Strateburgo quand je lirai cette lettre. Mon Maître ! Puis-je m’y rendre ?

     - Tu viens seulement de revenir que tu veux déjà repartir ! dit ma mère en arrivant à table avec un plat de grignoteries que les jumelles ont composées.

     - Oui, mère, mais je reviendrai ! 

     - Venez, les filles, goûter ce nectar ! » dit Joseph en servant les verres des filles, deux fois plus petits que les nôtres. Il en profite pour nous resservir.

     Nous faisons honneur aux grignoteries servies, des petits délices en bouche !

     « Bien, dit Sirius, je consens à ce que tu voyages sans moi ! Mais mes disciples ne sauraient se séparer ! Qu’en pensez-vous, Akna et Itzel ? Ca vous dirait un voyage vers Strateburgo avec Jacou ?

     - Avec Jacou, nous irons partout, nous étions déjà au bout du monde ! disent les jumelles à l’unisson, ce qui fait rire tout le monde.

     - Soit ! dit Sirius. Mais n’oubliez pas, le deuxième solstice d’été à venir, nous devons impérativement être ici ! Je vais rester quelques temps ici, avec vous, Déla et Jo, si vous voulez bien de moi !

     - Ce sera un honneur ! dit Joseph.

     - Cela me permettra de faire quelques expériences avec vous ! Des expériences botaniques, s’entend ! N’ayez pas de craintes ! faisant rigoler tout le monde.

     - Mes disciples, vous partirez demain, quand vous serez prêts. Je vous donnerai quelques potions diverses qui pourront vous servir, le cas échéant. Le voyage pour le Grand Est, chez les Sarmates, se fera en voyage astral !

     - En voyage astral ? questionne Déla.

     - Oui, nos corps ne bougent pas, seuls nos esprits parcourent de grandes distances très rapidement, c’est un des pouvoirs qu’ont les chamans, qu’ils soient Maya, Aborigènes ou Sarmates ! Je voulais les rencontrer, je le ferai de cette manière !

     - Strateburgo est à quarante lieues d’ici, dit Joseph. A cheval, vous en avez pour bien pour douze heures, en trottant bien.

     - Nous irons en volant ! dis-je, il nous faudra deux heures au plus ! Crois-tu que Jean d’Ortega pourrait nous accompagner ?

     - Non Jacou ! Vos aptitudes à l’arc l’ont décidé ! Il va intégrer l’école des archers de la place militaire de Divodurum. Il veut devenir un des meilleurs archers de Mettis !

     - Soit ! Nous irons le saluer avant de partir !

     - Bien ! Si cela ne te dérange pas, Joseph, dit Sirius, nous passerons cette nuit ensemble, mes disciples et moi !

     - Pas de soucis ! dit Joseph. Je vais installer des couches dans l’apothèque, Vous y serez tranquilles pour discuter sans craindre de nous déranger, Déla et moi ! »

 

     Après un repas encore bien copieux et délicieux, bien arrosé, nous décidons de gagner nos couches respectives.

     Une fois installés dans l’apothèque, nus, nous racontons nos tests d’invisibilité, Et nous nous adonnons à la copulation invisibles, avec parfois des franches rigolades, nos fluides, bien que l’on soit invisibles sont eux bien visibles dès qu’ils quittent notre corps !

Mais même les ébats les plus fous ont une fin, et nous nous endormons, repus.

 

     Le lendemain matin, il fait encore beau pour la saison. Nous sommes en automne, mais la température matinale est déjà agréable.

     Une fois habillé, le petit déjeuné avalé, nous allons, Itzel Akna et moi faire nos adieux à la famille D’Ortega.

     Jean est content d’intégrer l’école des archers, mais triste de me voir repartir. Et déçu de ne pas avoir plus expérimenté sa sexualité avec les jumelles !

     « Te reverrai-je un jour ? dit-il.

     - Oui, Jean ! lui dis-je, avant deux ans nous serons de retour !

 

     De retour à la maison familiale, Sirius nous donne un sac contenant des fioles diverses.

     - Partagez-vous la charge ! dit-il. Vous savez ce que contiennent ces fioles ! Certaines sont à base de trémulonde, d’autres sont plus…subtiles ! » dit-il avec un sourire. Nous savons tous les trois que celles-ci seront appréciées !

     Après avoir embrassé mes parents, ainsi que mon Maître, les jumelles ayant fait également leurs adieux, nous sortons de la ville en marchant vers la forêt la plus proche.

     Nous passons devant l’auberge où nous avions fait du grabuge, la veille, et, nous reconnaissant, le patron nous invite à goûter une gnole de son cru.

     Nous ne refusons pas, notre voyage commence bien !

     « Où allez-vous ainsi ? demande-t-il.

     - A Strateburgo ! dis-je en dégustant sa nouvelle gnole, il me ressert un verre.

     - Mais vous en avez pour quatre jours de marche ! dit-il.

     - Oui ! Nous aimons marcher !

     - Il y a des bandits dans les forêts que vous allez traverser !

     - Tant pis pour eux ! dit Akna en brandissant son arc. Nos carquois sont pleins ! »  Cela fait sourire le patron de l’auberge.

     Effectivement, nous avons chacun quinze flèches dans nos carquois !

     A peine sommes nous dans le sous bois, après avoir vérifié que personne ne puisse nous voir, nous nous envolons vers l’Est, direction Strateburgo.

     Le vol se fait sans problème, nous sommes bien habillés pour voler haut, où il fait plus frais, et nous arrivons en vue de la cité.

     Nous nous posons dans un bois, et enlevons quelques vêtements, il fait bien bon maintenant.

     Nous rencontrons un paysan revenant des champs, et nous lui demandons si il connaît le Blauersland.

     Il nous dit que cela se trouve de l’autre coté de la ville, à une heure de marche.

     Nous entamons alors la traversée de Strateburgo, ville cosmopolite ou toutes sortes de gens se côtoient, venant de tous les recoins du Monde, et sûrement s’étripent parfois. Nous nous tenons sur nos gardes, arc en main et flèche prête !

     Au bout d’une petite heure de marche, nous arrivons au bord du grand fleuve Rhin, on nous indique que le Blauersland est une gravière, un peu plus au Sud.

     Nous arrivons dans une clairière au bord d’un étang, des jeunes gens batifolent dans l’eau, nus.

     Ils nous indiquent la maison de Clément Sandre, nous nous y rendons.

     « Clément Sandre ! crié-je.

     - Qui me demande ? dit une voix, un homme assez musclé sort de la maison, nu.

     Il me voit, se demande sûrement qui je suis, puis voit Akna et Itzel, qui elles, n’ont pas beaucoup changé, et les reconnaît tout de suite !

     - Les navigateurs de la Rochelle ! Alors toi, tu es…Jacou ! Jacou Artz ! Comme tu as grandi ! Tu es un homme ! Et vous les filles ! vous êtes encore plus belles que dans mes rêves !

     Mais entrez ! Venez vous reposer, vous devez être fatigués de la route ! Venez boire quelque chose, et vous mettre à l’aise !

     Nous rentrons chez Clément, et nous nous déshabillons alors.

     Clément ne peut s’empêcher d’avoir une érection en voyant ces deux anges nues devant lui !

     - Désolé ! mais j’ai le souvenir de la nuit sur le bateau qui me remonte comme un éclair !

     - Ne t’excuse pas, Clément ! Nous sommes ravies de te faire bander ! Toi aussi tu nous a laissé de doux souvenirs ! disent les deux Mayas.

     - Et moi je n’ai rien vu ! dis-je sur un ton simulé de reproche, et nous rigolons toutes et tous de cela.

     - Tu étais trop jeune Jacou ! dit Clément.

     - Oh ! Ca n’a pas trainé ! dit Itzel. Jacou est un précoce en tout ! Oui ! Tout ! Et les jumelles éclatent de rire.

     - Tu as bien reçu ma lettre, alors chez ton père !

     - Oui Clément ! Et me voilà ! Avec mes condisciples !

     - Et votre maître, qui t’avait pris pour disciple, où est-il ?

     - Maître Sirius. Il est resté chez mon père, à Mettis.

     Il va être midi. Je ne vous attendais pas, je n’ai pas grand-chose à manger ! Venez, je vous emmène dans un endroit où nous pourrons manger ! Inutile de vous habiller ! La communauté du Blauersland vit nue !

     Et nous partons vers le Nord, en longeant la gravière, nous arrivons dans un village où effectivement, hommes, femmes, enfants, vieillards, tous sont nus.

 

     - Je vous présente Adrien Rung, notre doyen et président de notre communauté.

     Adrien, âgé de soixante ans, est un homme grand, six pieds dix pouces, bien charpenté.

     Adrien ! Je te présente Jacou, Akna et Itzel, dont je t’ai déjà parlé, qui sont partis vers l’Ouest sur la grande mer ! Ils sont revenus vivants de leur périple !

     - Bienvenue, courageux aventurières et aventurier ! Installez-vous, nous passons à table ! Ingrid ! Rajoute quatre couverts pour nos invités !

 

     Ingrid, une plantureuse femme, âgée de cinquante ans, aux cheveux roux et aux seins proéminents, arrive.

     - Je salue vous ! Nobles étrangers ! Assoir vous et manger !

     - Ingrid est une Viking, elle parle notre langue, avec un touchant accent ! Mais c’est la reine des cuisinières !

     - Et lui, mari de moi ! dit-elle en s’adressant aux jumelles qui ont remarqué la virilité du doyen ! Cela veut sûrement dire que c’est une chasse gardée !

     Le repas est excellent, nous buvons de la cervoise fabriqué ici-même, il y a des barriques pleines, à profusion.

     Après le repas, Clément nous propose d’aller faire une sieste chez lui, les jumelles sont ravies, une sieste sera surement profitable à toutes les deux, à Clément et moi aussi !

Arrivés chez lui, il installe des paillasses dans sa salle de séjour, et nous nous installons dessus les filles au milieu et nous de chaque côté…

 

 

     Après des ébats énergiques, Akna se couche à coté de Clément, je m’installe à coté d’elle, et Itzel s’installe de l’autre côté. Nous restons ainsi, sans un mot, le souffle court, puis, apaisés, nous nous endormons tous les quatre.

      Après cette sieste Ô combien agréable, nous retournons chez Adrien Rung, il est impatient de connaître notre histoire ! La façon dont Sirius a écarté le bateau en partant de la Rochelle, comme lui a conté Clément, l’avait grandement intéressé, il veut tout savoir de ces pouvoirs !

 

La saga de notre périple

 

 

     Nous sommes assis autour de la table, Ingrid nous sert des boissons diverses, et je commence à raconter mon histoire.

 

     « Ce périple a commencé en 732, avec le voyage avec mes parents, mandés par le roi Charles Martel pour soigner les soldats blessés à Poitiers, accompagné par mes trois précepteurs, des moines de l’Évêché  de Mettis. J’avais neuf ans.

     Nous avons rencontré le roi Charles, en compagnie d’Eudes d’Aquitaine aux Marches de Bretagne.

       C’est là que j’ai fait la connaissance de Clément Sandre, qui nous a accompagné avec le capitaine Armand Troille jusqu’à la Rochelle.

Dans l’hôtel où nous étions descendu, j’ai fait la connaissance de Sirius, qui m’a pris comme disciple avec ses disciples Akna et Itzel.

      Nous avons embarqué pour Rochefort, sur le bateau de Sirius, mes précepteurs sont rentrés à Mettis, puis ce fut l’embarquement alors que les Arabes étaient aux portes de la ville, Clément accompagna mes parents jusqu’à Poitiers.

 

     Puis ce fut la traversée de la grande mer, pendant trois semaines, les Mayas qui nous attendaient, nus comme vous, et nous nous sommes rendus dans le village maya, caché dans la montagne.

 

     Nous avons vu l’horreur des cités mayas qui sacrifiaient des humains, nous avons procédé à la délivrance des citoyens mayas du joug de leurs K’uhul Ajaw, les rois des cités, et de leurs grand prêtres, qui en fait n’étaient que des escrocs qui ne faisaient que s’enrichir aux dépens de la population. Nous avons tué tous ces renégats. Nous avons aussi éliminé les pirates de la côte et effectué le sauvetage de leurs prisonniers.

 

     Nous avons reçu la visite des Xantarèsiens, un peuple extraterrestre qui vient de la planète Xantarès, dans une autre galaxie, ils ont séjourné parmi la communauté maya, nous avons appris de la science de Xon, leur entité artificielle, qui m’a permis d’être mature sexuellement à dix ans.

 

     J’ai connu la grotte de la trémulonde, cette plante que l’on doit couper dans l’obscurité, parmi des espèces de gros lézards qui défendent la plante, cela nous a permis de communiquer par la pensée, de pratiquer la télékinésie, puis de voler comme les oiseaux. Il existe trois grottes identique sur Terre, nous irons les visiter toutes les trois ! Leurs herbes conjuguées nous donnent d’autres pouvoirs, la vision de nuit, et l’invisibilité !

 

     Nous avons vu et tué le tigre à dent de sabre, un fauve gigantesque, qui sortait par un arbre abattu par la foudre, d’un monde perdu au fond d’un ravin ou la lumière n’arrivait pas !          Lors d’une promenade à cheval, une fille Maya est tombé avec son cheval dans le ravin. Nous y sommes descendu pour la secourir, malgré la pénombre, nous avons vu des montres avec des cous gigantesques, et des mâchoires énormes, capables d’engloutir un cheval entier ! Nous avons été attaqués par un oiseau géant, de bien trente pieds d’envergure, et un bec denté qui m’aurait coupé en deux. Nous avons eu du mal à l’abattre avec nos flèches qui ne pénétraient même pas son cuir ! Il n’avait pas de plumes ! Nous avons visé les yeux pour le terrasser ! Finalement, la fille Maya a été secourue, elle est saine et sauve ! son cheval s’est rompu le cou, et a été aussitôt dévoré par les fauves dans le ravin.

 

     Nous avons trouvé un vaisseau xantarèsien  échoué dans la forêt, et avons découvert la survie de Xoxan, le seul rescapé du naufrage, grâce à son entité artificielle Xioro. Avec nos pouvoirs, nous avons transporté le vaisseau, de bien cent pas de diamètre, et d’un poids de plusieurs centaines de milliers de livres, jusqu’à notre village.

 

     Nous sommes allé au village de Semillero, de l’autre coté des terres des Mayas, au bord d’une autre grande mer, nous avons fait connaissance des charpentiers qui nous ont construit le bateau qui nous emmènera sur la Grande Mer du Sud, et nous avons déjoué une attaque pirate du village, en éliminant tous les pirates, en volant et les abattant en vol.

    Le village a accueilli tous les rescapés des pirates et des sacrifices des cité mayas. Il y a eu huit cités délivrées, des milliers de personnes libérées, et plus d’une trentaine de rescapés !

 

     Puis nous avons embarqué, Sirius, Akna, Itzel, le jeune Chaman Eadrich et sa fiancée Chillán, que j’enfanterai pour donner naissance au Grand Chaman, et moi.

 

     Nous sommes d’abord passé par l’île des Maoris, J’ai appris leur Langue et je l’ai enseignée à mes compagnes et compagnons. Sur l’île, tous les hommes étaient stériles depuis dix ans, et nous avons, sur demande expresse du chef Ari’i, fécondé toutes les filles de l’île. Sirius a fait la découverte du mal qui rendait les Maoris stériles, un plante que mangeaient les tortues, dont les Maori mangeaient la chair. Les mâles Maoris guériront et pourront à leur tour féconder  leurs femmes. Nous avons eu des naissances de pleins de maoris dont certains, ceux issus de filles que j’ai moi-même fécondées, à tête blonde, y compris les enfants de Ahu’ura, la femme du chef Ari’i.

 

     Puis, nous avons repris la mer vers le Nord, et l’île Fuji, nous avons découvert les Fujiens et leurs rites érotiques, dans des grands bassins d’eau aux propriétés aphrodisiaques, chauffée par le volcan, où nous nous sommes mélangés, les uns dans les autres sans discrimination de genre ! Nous avons trouvé, suite à une vision de Babajide, notre chaman visionnaire au village maya, la plante qui pousse sur le flan du volcan, la cicatrisante, qui a guéri le bras de Jean d’Ortega en quelques heures, suite à une attaque de bandits à Mettis. Puis il y eut l’éruption du volcan et la destruction de toute l’île, nous nous sommes sauvés juste à temps.

 

     Nous avons à nouveau pris la mer pendant des semaines, plein Sud, nous sommes arrivés à l’île des Aborigènes, et avons trouvé la grotte au milieu de l’île où pousse aussi la trémulonde, nous avons aussi déterminé la contamination de l’eau de la source au pied de la grotte, au cyanure, et le chef immunisé, Nous avons vu les animaux endémiques qui ont des poches sur le ventre pour y loger leurs bébés.

 

      Et nous sommes à nouveau sur la mer, j’ai, suivant les desseins des Forces Cosmiques, que les chamans interprètent, fécondé Chillán, qui enfantera du Grand Chaman, comme le disait la prophétie.

     Nous sommes retournés par l’île des Maoris, nous avons embarqué un nouveau disciple de Sirius, Siféroho le Maori, qui sera le père des enfants issus des Xantarèsiens, et le compagnon des deux filles Mayas qui les mettront au monde.

      Et retour ensuite à Semillero, puis au village maya, l’accouchement de Chillán, et la naissance de Atahualpa, le Grand Chaman.

 

     J’ai fécondé, en accord avec les Forces Cosmiques, les sept Xantarèsiennes pour créer une nouvelle espèce, hybride des humains et des extraterrestres. Quatorze bébé sont nés, tous blonds, bien que les Xantarèsiennes soient imberbes, une Espèce à dominante humaine ! Il y a eu la fécondation des deux filles Mayas par les extraterrestres aussi, avec un mélange de sperme des Xantarèsiens et de Siféroho, bien que stérile, mais avec des gènes actifs, puis la naissance des enfants hybrides, un mélange des deux espèces, à dominante Xantarèsienne..

 

      Et ce fut  notre voyage en vaisseau pour arriver à Mettis, ce qui nous a pris moins de deux heures, alors que par la mer et la terre, il nous aurait fallu dix semaines !

 

     Il y a eu les bandits qui ont attaqué la banque de d’Ortega et que Akna et Itzel ont tués, la troisième grotte de la trémulonde et le village de Durandalem, où je retournerai sûrement, peut-être pour y vivre, je me sens attiré par ce village, le retour à Mettis et l’attaque des bandits pendant que nous buvions un verre en terrasse à une auberge, puis la chasse au bandits que finalement Pierre d’Ac, le chef de la garde de Mettis  a mis à mort, et notre voyage jusqu’ici pour retrouver Clément.

   Voilà Adrien mon histoire ! Cela s’est passé en cinq ans, j’en ai quatorze maintenant ! 

 

     - C’est fantastique ! Que d’aventures et d’expériences heureuses as-tu déjà vécues malgré ton jeune âge ! Clément avait ressenti en toi un être exceptionnel, il ne s’était pas trompé !

     Et comment as-tu acquis ces pouvoirs ?

     - En buvant la potion préparé par Sirius, et synthétisée en grande quantité par Xon et Xioro, j’en ai ramené, et suis en mesure de te faire aussi acquérir ces pouvoirs, ainsi que Clément.

     - Toi pas soif ? dit Ingrid. Toi parler beaucoup ! Toi boire maintenant ! Et elle me tend une pinte de cervoise, et dit : Boire ! »

     Je la remercie, et sens bien qu’il ne faut pas aller contre sa volonté !

     Je bois d’une traite la moitié de la pinte, et lâche un énorme rôt qui faire rire toute la tablée ! Nous trinquons à nos voyages, aux filles que j’ai enfantées, à celles que j’ai honorées, aux extraterrestres, aux compagnons du Blauersland, et à Ingrid, joyeuse de trinquer avec nous.

     Puis nous allons un peu prendre l’air, la tête dans le brouillard de la cervoise.

     Je propose à Adrien et Clément de boire cette potion maintenant, ils acceptent volontiers, et je vais donc chercher la fiole en question, et reviens à la maison d’Adrien.

     Une fois installés, je leur donne leur ration à boire, ferme la porte et les laisse dans le noir.

     Ingrid est inquiète, mais je la rassure en lui affirmant qu’ils ne courent aucun danger, et que dans une heure, ils seront à nouveau parmi nous ! Effectivement, pendant que nous sirotons une cervoise sous le soleil, les deux compagnons se réveillent et nous rejoignent, un peu vaseux.

     Itzel leur fait comprendre le B-A-Ba des pouvoirs qu'ils viennent d’acquérir, et ils essaient, et arrivent à voler !

     «  C’est fantastique ! crie Adrien en voletant au dessus de la maison.

     Ingrid lui crie :

     - Adrien ! Toi descendre ! Tout de suite ! Adrien !

     Ce qui nous fait éclater de rire.

     Adrien et Clément nous rejoignent, Adrien fait voler une barrique de deux cents livres jusqu’à nous, il n’en revient pas lui-même !

     Puis il me demande comment faire pour être invisible.

     - Cela n’est pas possible pour vous, il faut avoir ingurgité une plante qui ne pousse que dans les montagnes mayas !

     - Mais toi, Jacou, comment fais-tu cela ? Demande Clément.

     - J’y pense, simplement ! Et je disparais au yeux de tous, et réapparaît de l’autre côté de Clément.

     Tu vois ! Le faisant sursauter, et rigoler les autres.

     - C’est incroyable ! dit Clément. Même en le voyant, j’ai du mal à le croire !

     Et si tu es habillé, tes habits disparaissent ?

     - Non, Clément, seul notre corps disparaît ! Quand j’urine, invisible, on ne voit que le jet !

     - Et quand tu fais l’amour ?

     - On voit mon sexe dans le vagin si je suis visible et elle invisible. Si on est invisibles tous les deux, on ne voit rien ! Jusqu’à l’éjaculation, et là on voit la semence qui gicle ! dis-je en rigolant.

     - Bien ! dit alors Adrien. C’est bien beau, mais j’ai à faire ! On se revoit ce soir pour le diner ! »

Les pirates du grand fleuve Rhin

 

     Nous restons là, une cervoise en main, quand un cavalier arrive et crie :

     «  Des pirates ! Les pirates ! Ils attaquent Haegen, le village en amont ! »

     Aussitôt, nous nous précipitons en volant à la maison de Clément, prenons nos arcs et nos carquois, Clément sort son arc aussi, et nous volons prestement vers le Sud, sans prendre la peine de nous vêtir, le long du grand fleuve Rhin.

     Bientôt nous apercevons une troupe à cheval de bien vingt cavaliers qui pillent les huttes, les incendient, et tuent tous ceux qui s’opposent à eux !

     Une première salve de flèches terrasse les quatre premiers pirates, puis quatre autres tombent, ce qui fait s’arrêter les suivants, qui cherchent d’où viennent ces flèches, avant de se rendre compte qu’elles viennent d’en haut.

     « Là haut ! » crie un des pirates, avant de tomber, une flèche dans l’œil. 

     Les pirates mettent pied- à terre et sortent des arcs pour riposter, mais nous montons hors de portée de leurs flèches. Par contre, les nôtres, la gravité aidant, atteignent leur cible, et, un après l’autre, les pirates sont éliminés.

     Un chariot qui suivait les pirates opère précipitamment un demi-tour, je dis à Clément en pensée de s’occuper de ce chariot !

     Clément s’envole à la poursuite des fuyards, ils sont trois sur le chariot. Le premier tente de riposter, mais une flèche dans le sternum l’en empêche définitivement !

     Clément alors vole devant eux, et les abat l’un après l’autre, ils tombent du chariot alors que les chevaux sont lancés au galop !

     Il aperçoit des gens couchés dans le chariot, il descend alors sur le chariot, prend les rênes, et arrête le chariot. Il constate que ce sont quatre jeunes filles, ligotées et bâillonnées qui sont couchées dans le chariot.

      Les filles sont mortes de peur. Cet être nu qui vient du ciel ne les rassure pas !

     « N’ayez aucune crainte ! Vous êtes sauvées ! dit Clément en les délivrant de leurs liens et leurs baillons.

     - Qui êtes-vous ? Des anges ? ose une des filles.

     - Je m’appelle Clément Sandre ! Je suis un compagnon du Blauersland ! Nous savons voler, mais nous ne sommes pas des anges, ni des démons ! On nous a prévenu de l’attaque des pirates, et avec mes compagnes et compagnons, nous sommes intervenus ! Vous n’avez plus de crainte à avoir, tous les pirates sont morts ! Mais vous, qui êtes-vous, et comment vous êtes- vous retrouvées prisonnières dans ce chariot ?

     - Je m’appelle Jeanne Britach, dit une des filles, elle porte des traces de coups au visage et sur les épaules, voici ma sœur Anne, et les sœurs Klein, Adèle et Marie. Nous habitons dans le village de Rouffach, à quelques lieues d’ici. Ils sont venus, et nous ont faites  prisonnières nous disant que nous serons le dessert de ce soir !

     - Ils ont tué nos parents, dit Adèle Klein, elle aussi, comme les autres, battue par les pirates, ils nous ont pris en otages, pillé nos maisons, et ont menacé de nous égorger s’ils sont poursuivis ! Mais pourquoi êtes vous tout nu ?

     - C’est notre façon de vivre, nous sommes toutes et tous nus si le temps le permet, chez les compagnons du Blauersland !

     - J’en ai entendu parler, à Rouffach, de cette communauté qui vit nue dans les gravières ! dit Anne Britach. Nous pensions tous que vous étiez des doux dingues adorateurs de la nature !

     - C’est ma foi vrai ! nous respectons la nature, c’est elle notre dieu ! Mais nous sommes des êtres humains comme vous, les filles ! Venez, je vous conduit à Haegen, où mes compagnons doivent être en train d’enterrer les pirates à cette heure ! »

     Et Clément prend les rênes du chariot, et retourne vers le lieu du combat. En chemin, il me croise, je viens aux nouvelles et lui demande mentalement de quoi il retourne.

     « Tout va bien ! me répond par la pensée Clément, ces filles sont des otages des pirates, elles viennent de Rouffach. Elles sont saines et sauves ! Et de votre côté ?

     - Nous avons éliminé les pirates, lui dis-je, la population est en train de les enterrer. Ils nous attendent pour faire la fête, nous sommes des sauveurs ! »

     A Haegen, c’est l’effervescence ! Malgré les morts, trois hommes se sont opposés bravement aux pirates et l’on payé de leur vie ! Les habitants se réjouissent de notre intervention, et quant à notre nudité, personne ne trouve à y redire !

     Il faut dire que Itzel et Akna, avec leur chevelure rousse, leur plastique de femmes musclées et leurs arcs, en imposent ! Et pas un n’a osé ne serait-ce que siffler en les voyant nues !

     Eux aussi connaissent l’existence des compagnons du Blauersland, qu’ils pensaient être des illuminés, Mais maintenant, ils se rendent compte que ce sont aussi des guerrières et guerriers farouches, avec des pouvoirs extraordinaires ! Tous ont vu l’attaque menée depuis le ciel, et les pirates anéantis les uns après les autres !

     Le bourgmestre du village, maître Alfred Georget, médecin de son état, arrive, et après avoir donné l’ordre de dépouiller et enterrer les cadavres des pirates, nous invite a fêter la victoire, qui sans nous n’aurait été qu’un bain de sang. Les filles du chariot sont prises en charges par les femmes du village, et sont soignées et réconfortées.

     Le chariot est rempli des rapines des pirates. Alfred Georget envoie un cavalier vers le village de Rouffach pour annoncer que les filles sont saines et sauves, et que les pirates sont morts. Les filles seront raccompagnées plus tard par ses hommes !

       Pendant que nous festoyons le cavalier revient nous annoncer que les pirates sont venus en bateau, qu’ils ont débarqué en amont de Rouffach, que le bateau descend le cours du Rhin, et qu’il sera bientôt ici ! Ils cherchent sûrement les pirates qui devraient probablement embarquer !

     Nous établissons un plan d’attaque !

     « Tous les chevaux des pirates doivent être mis à l’abri, cachés ! dis-je. Le forgeron , ramène-nous des braises, que nous puissions faire des flèches enflammées ! Nous allons brûler et couler leur bateau ! Amenez-nous des étoffes pour enrouler autour des flèches !

     - Alfred ! il y a t-il des archers ici ? demande Clément, qui a compris la manœuvre.

     - Oui ! Et trois jeunes gens arrivent, avec des arcs.

     - Parfait ! dit Clément. Vous restez ici, à l’abri, et quand le bateau arrive, vous envoyez les flèches enflammées sur lui ! Nous on va là-haut, et on descend tout ce qui bouge ! »

     Peu de temps après, le bateau est en vue. C’est un voilier, avec un banc de nage de chaque côté. Ils rament, il n’y a pas de vent !

     Sur l’ordre de Clément, les archers commencent à tirer. La voilure prend feu, et plusieurs flèches embrasent le bateau. Les rameurs montent sur le pont, armés d’arcs, et Itzel, Akna, Clément et moi, d’en haut, faisons des cartons sur ces archers mal entrainés, qui se font tuer les uns après les autres !

     Bientôt, le bateau n’est plus qu’un gigantesque brasier, quelques personnes sautent du bateau, manifestement les mains liées, aussitôt tous les quatre nous les sortons de l’eau par lévitation et les ramenons sur la berge. Des pirates aussi gagnent la berge, du côté opposé, des chevaux affolés par l’incendie ont entravé la coque, et nagent vers la rive.

     Nous avons sauvé six personnes prisonnières du bateau, sept chevaux sont sortis, quand le bateau sombre et disparaît dans les eaux du grand fleuve Rhin.

     Akna apprend qu’elles n’étaient que six personnes prisonnières sur le bateau, toutes des femmes, et que donc tout le monde est sauf !

     Nous partons à la chasse aux rescapés, qui courent dans la lande, et nous les éliminons sans sommation. Nous abattons six pirates qui avaient gagné la rive opposée.

     Un des pirates, une flèche dans la cuisse, parvient à gagner la rive, un peu en aval. Je le pêche alors, et le soulève pour le ramener sur la berge ou nous avons recueilli les prisonnières.

     Nous menons alors un interrogatoire rapide.

     Les pirates viennent d’Helvétie, leur bateau vient de Basel, ils l’ont volé dans un entrepôt du port. Ils étaient quarante sur le bateau, avec trente-deux chevaux, ils se rendaient au port de Hambourg, sur la Grande Mer du Nord, vendre les filles comme esclaves, et avaient déjà deux villages pillés à leur actif ! Les cales regorgent de leurs rapines !

     Les filles rescapées sont libérées, quelques unes ont des brûlures qu’Alfred soigne par des onguents et des bandelettes. Puis il envoie des hommes plonger sur l’épave, et sortir tout ce qu’ils peuvent des cales. Trois chevaux doivent encore y être, noyés.

     Ils devront aussi sortir les cadavres des pirates, afin de ne pas polluer le grand fleuve. Un grand trou se creuse déjà pour ensevelir tous ces cadavres.

     Une femme s’approche du pirate blessé. 

     « Tu as, toi et tes pirates, tué mon fils ! Tu dois mourir ! » lui dit-elle.

     Et aussitôt, elle sort un glaive, et avant que quiconque ne puisse intervenir, elle lui tranche la gorge !

     Les filles libérées viennent de deux villages en amont, Sasbach et Brizach.

     Elles se présentent.

     Nous venons de Sasbach, nous sommes les sœurs Kahlm, Marie, j’ai vingt cinq ans, ma sœur Madeleine, elle a vingt trois ans, et nos sœurs jumelles Margot et Marion qui ont vingt ans. Les pirates nous ont capturées alors que nous lavions le linge au bord du Grand fleuve. Le temps que le village réagisse, nous étions déjà prisonnières sur le bateau !

     Nous, nous sommes les sœurs Maire, nous venons de Brizach. Je suis Charlotte, et voici ma sœur Béatrice. Notre père a été tué en essayant d’empêcher les pirates de nous emmener.

 

     Les rapines repéchées sont disposées dans le chariot, Nous conduirons les filles chez elles une fois la pêche terminée.

     En attendant, nous faisons un aller-retour au Blauersland, informons Alfred de ce qui se passe, et nous prenons nos vêtements et repartons vers Haegen.

     Un chariot a récupéré les trois fuyards abattus par Clément, et les Haegenois les jettent dans le trou après les avoir dépouillés.

     Une fois la pêche terminée, nous entassons les cadavres des pirates et ceux des chevaux dans le trou. Un grand feu brûle toutes les frusques puantes des pirates, les cendres sont jetées dans le trou et celui-ci est rebouché.

     Puis nous nous habillons, et partons vers l’amont, Clément conduit le chariot, un cheval accroché derrière suit, ainsi que nous, montés sur trois chevaux des pirates. avec dans le chariot des pirates, les filles de Rouffach, de Sasbach et de Brizach, et les rapines des trois villages.

     Il est déjà tard, en cette journée d’automne, et bientôt le jour va décliner.

     Nous arrivons à Rouffach, les villageois nous attendent, et les Hourra ! Les bravo ! Et les merci ! Pleuvent quand nous ramenons les filles Britach et Klein.

     Le bourgmestre de Rouffach, Charles Chapel, veut nous inviter pour la nuit, mais nous devons ramener les autres filles. Les villageois déchargent les rapines qui viennent du village, puis nous continuons notre route vers Sasbach. Nous arrivons à la nuit tombante, heureusement, la lune est pleine et nous éclaire suffisamment.

     Les habitants sont heureux de retrouver leurs filles, leurs parents, André et Alice Kahlm,  pensaient ne jamais les revoir ! Le bourgmestre de Sasbach, Léon Ziter, est sidéré de l’histoire que nous lui contons, et encore plus quand les filles racontent comment elles ont été sauvées !

     Il nous reste à faire les deux lieues qui nous séparent de Brizach, et nous ne nous attardons pas à Sasbach. Quand nous arrivons enfin à Brizach, la nuit est déjà avancée !

 

     Le forgeron est encore au travail, il confectionne des pointes de flèches. Il est surpris de nous voir, à cette heure tardive, mais encore plus de voir les deux filles qu’il croyait perdues !

 

     « Charlotte ! Béatrice ! Vous êtes vivantes ! Mais comment se fait-il ?

     - Ce sont ces gens nos sauveurs, Jean ! Ils ont tué les pirates et coulé leur bateau ! Ils ont aussi récupéré tout ce que les pirates avaient volé !

     - Je suis Jean Maire, le forgeron du village. Ces filles sont mes nièces, les pirates ont tué leur père, mon frère Jacques. Leur mère est hélas décédée il y a quelques années déjà.

     Je préparais des flèches pour aller combattre les pirates ! Nous devions partir demain matin, avec une dizaine de villageois, pour les attaquer. Venez, je vous emmène à l’auberge, vous pourrez y manger, et dormir ! Vous n’allez pas prendre la route cette nuit ! »

 

     Dans l’auberge, quelques couche-tard sont encore attablés, il nous font la fête quand ils apprennent la joyeuse nouvelle ! Et plus besoin de partir à la chasse aux pirates ! Ils étaient d’accord, mais avec la peur au ventre !

 

     « Merci ! Merci ! dis-je, Mais nous avons des pouvoirs qui nous ont facilité les choses !

     - Ils nous ont sortis de l’eau quand le bateau a coulé, et nous avons survolé le grand fleuve jusqu’à la rive, dit Charlotte Maire.

     - Oui, nous avons le pouvoir de déplacer les choses – et les gens ! – à distance. dit Akna. Ce n’est ni de la magie, ni de la sorcellerie, ni un pouvoir divin ! Juste l’utilisation judicieuse de quelques plantes dont nous avons le secret !

     - Maintenant, venez manger ! dit Joseph Dacise l’aubergiste. vous devez être affamées, les filles ! Et vous aussi, nos sauveurs ! Venez vous assoir !

     - Oui, cela fait deux jours que nous n’avons pas mangé, a part un fortifiant que nous a donné le médecin de Haegen !

     - Vous voulez dire le bourgmestre ? Maitre Alfred Georget ? Je le connais ! dit un client de l’auberge. Il m’a déjà soigné, quand un jour j’ai pris une flèche dans l’épaule. C’était un accident. Mais que faisiez-vous à Haegen ?

 

     - C’est là que nous avons attaqué et coulé le bateau des pirates, dit Itzel. Les filles étaient prisonnières à bord. Elles ont eu de la chance de s’en sortir vivantes !

 

     - Mais comment êtes-vous arrivés là au bon moment ? demande Jean Maire.

     - Nous sommes des compagnons du Blauersland, dit Clément. Nous étions tranquillement en train de siroter une cervoise dans notre gravière quand un cavalier est venu nous prévenir de l’attaque de Haegen par des pirates. Nous avons aussitôt pris nos arcs et sommes partis tuer ces pirates ! Quarante en tout !

     - Quarante, à quatre ? dit l’aubergiste, en ramenant un grand plat de victuailles.

     - Oui, mais avec nos aptitude, et nos pouvoirs, nous avions un avantage certain ! Ils n’avaient aucune chance !

     - Mais les compagnons du Blauersland vivent nus, non ? dit alors un autre client de l’auberge.

     - Oh ! Mais elles et ils étaient tout nus quand ils ont attaqué les pirates ! dit Béatrice Maire. Ils se sont habillés pour nous ramener !

     - Bien ! mangez maintenant, dit Joseph Dacise, je vous apporte du vin de la côte de Rhin. Vous m’en direz des nouvelles !

     Puis je vous montrerai vos chambres, une pour les filles, et une pour les garçons.

     - Nous avons l’habitude de rester ensemble, si vous avez une chambre assez grande ! dit Akna.

     - Pas de problème, j’ai ! Vous aussi, Béatrice et Charlotte, vous dormirez ici, vous avez besoin de repos ! »

     Les deux sœurs sont ravies ! elles ne sont pas restées indifférentes en voyant ce bel homme et ce jeune homme nus, leurs attributs les ont émoustillées ! Peut-être que cette nuit…

     Après le repas, Joseph va fermer l’auberge, Jean retourne à sa forge, et les derniers clients quitte l’auberge.

      Joseph nous montre la chambre qu’il nous propose, nous sommes satisfaits ! deux grands lits feront l’affaire !

     Puis Joseph montre une chambre contiguë aux sœurs Maire, qui s’en satisferont aussi.

    Elles décident alors de faire un tour par la chambre des compagnons. Nous sommes déjà toutes et tous nus, et leur regard en dit long sur leurs envies !

     «  Nous sommes venues vous souhaiter une bonne nuit ! » dit Charlotte, sans quitter du regard le membre de Clément.

      Akna et Itzel, comprenant leur jeu, prennent les filles, les assoient sur les lit, et les déshabillent.

     Charlotte est une rousse de trente ans, grande , six pieds six pouces, avec une toison rouge bien abondante, et des seins comme des melons.

     Sa sœur Béatrice, vingt six ans, rousse, est plus petite, six pieds, mais tout aussi fournie en poitrine et en toison !...

 

     Enfin, après un repos sur les lits, les sœurs s’en retournent dans leur chambre, bien épuisées. Nous aussi nous nous couchons, je partage le lit avec Akna, et Clément celui d’Itzel. Et nous nous endormons, épuisés par cette journée !

 

     Le lendemain, tout le village bruit de nos exploits de la veille, et quand nous nous levons, l’auberge est pleine de curieux qui veulent voir ces héros qui ont tué les pirates et coulé leur bateau ! Nous apparaissons, tous les quatre nus, les gens sont bouche bée en nous voyant. Nous enfilons nos tuniques, Charlotte et Béatrice apparaissent à leur tour, et après les vivats et les bravos, nous déjeunons, avant de nous préparer pour repartir.

     Le bourgmestre du village, Paul Hanka, vient nous féliciter pour notre action.

     Ce n’est pas nécessaire, dit Clément. Nous avons fait ce que nous devions faire ! Et nous le referons, le cas échéant ! Si d’aventure vous avez des soucis de cet ordre, envoyez un émissaire au Blauersland !

     - C’est bien noté ! dit Paul Hanka.

     - Nous vous laissons le chariot des pirates, avec les deux chevaux, dis-je. Les rapines dans le chariot sont les vôtres ! Nous repartons avec nos chevaux ! »

Et nous montons tous les quatre à cheval, nos arcs en bandoulière, pour retourner au Blauersland.

     En chemin , nous faisons une halte à Sasbach, où nous rencontrons les époux Kahlm, les parents des quatre filles Marie, Madeleine, Margot et Marion, sauvées la veille.

     « Nous vous devons tant ! dit Léon Ziter, le bourgmestre. Acceptez-vous d’être nos citoyens d’honneur, lors de notre fête d’équinoxe, dans quelques jours ? Nous vous invitons, tous les compagnons du Blauersland !

     - Nous sommes une bonne trentaine, au Blauersland ! précise Clément.

     - Ce sera un honneur que de vous recevoir tous, et de vous connaitre en vrai ! Nous avons entendu beaucoup de choses sur vous, et tous les contraires !

     - Soit, dit Clément, j’en parle à notre doyen et vous ferai savoir sa réponse ! Nous reprenons notre route, maintenant ! »

     Et nous repartons vers Haegen, où nous laissons nos chevaux, que nous offrons comme les autres aux habitants du village.

     Alors, enfin, nous nous mettons nus, et sous les saluts et les applaudissements de la population, nous nous envolons vers le Blauersland, que nous atteignons juste pour passer à table !

     Ingrid était déjà énervée de ne pas nous avoir à sa table !

La fête de l’équinoxe

 

     Après avoir raconté notre périple avec les pirates, et les filles que nous avons ramenées à leurs villages respectifs, Clément pose la question à Adrien :

     « Les gens de Sasbach invitent tous les membres de notre communauté à venir fêter avec eux l’équinoxe d’automne, dans trois jours dans leur village. Ils veulent nous nommer, Akna, Itzel, Jacou et moi citoyens d’honneur, pour avoir sauvé une famille de quatre filles des pirates. Que penses-tu de cette proposition ? Ils ne nous connaissent que de nom, et ne savent rien de véritable sur nous, à part le fait que nous vivons nus. Cela aussi les fait fantasmer !

     - Soit ! Nous irons, toutes et tous ! Et nous irons nus, si le temps le permet ! Je vais envoyer un cavalier pour leur annoncer cela !

 

     Et il appelle un jeune compagnon, Roger Pinot, un garçon de dix neuf ans, roux.

     Roger, tu vas prendre un cheval et tu iras annoncer au bourgmestre de Sasbach, Léon Ziter, que nous viendrons ce dimanche pour la fête de l’équinoxe ! Tu lui diras que nous serons plus de trente !  En plus des quatre héros ! Et tu lui demanderas à quelle heure nous serons attendus ! Vas ! »

     Et Roger Pinot enfile une tunique, prend un cheval, se munit de son arc et d’un carquois, et part vers Sasbach au galop.

     Puis Adrien a une requête a formuler aux disciples de Sirius.

     « Jacou, crois-tu que tu pourrais initier tous les compagnons ?

     - Et Ingrid ?

     - Et Ingrid ! Cela nous permettra de voyager plus facilement !

     - Oui, je pense que c’est possible !

     - Et les enfants ? nous avons des ados de douze ans.

     - Pas de soucis ! Convoque-les pour ce soir, après le repas, nous pourrons procéder !

     - Sont donc convoqués pour ce soir : trente personnes ! As-tu assez de potion pour cela ?

     - Oui, dis-je. une petite quantité suffit !

     -Voici la liste , dit Adrien. 

     Ingrid Grühl, cinquante ans,

     Pierre Kirou, cinquante ans, célibataire, notre médecin ;

     Jacques Kirou, quarante huit ans, apothicaire et Martine Kirou, quarante ans, son épouse, herboriste, Jeannette et Jean Kirou, dix neuf ans, leurs jumeaux, férus de botanique ;

     Georges Muscat, quarante ans, vigneron,  et Marie Muscat, trente huit ans, son épouse, vigneronne, Babette Muscat, dix huit ans, et Alfred Muscat, quatorze ans, leurs enfants, futurs vignerons ;

     Albert Schwartz, trente huit ans, menuisier, et Isabelle Schwartz, trente cinq ans, son épouse, ébéniste, et leurs enfants Marion Schwartz, dix huit ans, sculpteuse sur bois, et les jumeaux Victor et Raoul Schwartz, douze ans apprentis menuisiers ;

      Jeannot Pinot, trente six ans, éleveur de chevaux, époux de  Berthe Pinot, trente neuf ans, sculpteuse sur pierre, et leurs enfants Roger Pinot, dix neuf ans et Adèle Pinot, dix sept ans, tous deux apprentis palefreniers ; 

     Hector Strass, quarante cinq ans, forgeron, Anne Strass, quarante ans, son épouse, orfèvre, et leurs deux enfants Sylvain Strass, dix neuf ans, orfèvre et Ignace Strass, dix sept ans, apprenti orfèvre ;

     Émile Pourse, trente sept ans, tailleur de pierres, époux de Monique Pourse, trente sept ans, sculpteuse sur pierre, et leurs quatre enfants les jumelles Josiane et Josette Pourse, dix huit ans, José Pourse, dix sept ans et Jérémie Pourse, quinze ans, tous les quatre apprentis tailleurs de pierre ;

     Bernard Dawes, trente ans, garde du Blauersland, Isabelle Dawes, vingt neuf ans, son épouse, garde du Blauersland et Henri Dawes, neuf ans, futur garde. » 

 

 

     Dans l’après-midi, Roger est de retour, mission accomplie !

     « Ils nous attendent déjà le matin, vers dix heures. Ils ont aussi invité les filles de Rouffach, et les notables du village, celles de Brizach, et aussi les notables, et les notables de Haegen. Ce sera une grande fête !

     - Merci Roger ! Tu es aussi convoqué ce soir après le souper ! Comme toutes et tous les compagnons ! Pour la fête, nous ramènerons notre cervoise ! quelques barriques seront nécessaires ! Il faut prévoir les chariots et les chevaux pour transporter tout le monde et toutes les marchandises ! »

 

     Le soir venu, une fois que nous avons mangé, j’invite tout le monde à se coucher au sol dans la hutte du doyen. Tout le monde a enfilé une tunique, les frimas de l’équinoxe s’annoncent !

     « Serrez-vous ! Il faut de la place pour tout le monde ! dit Clément.

     - Quoi veut dire ? demande Ingrid, réticente à s’allonger au sol.

     - Viens Ingrid, dit Adrien. Moi aussi je m’allonge.

     Dans ces conditions, elle veut bien !

     - Je vais faire le noir, et passer ensuite chez chacune et chacun pour lui donner un verre à boire, Vous dormirez une heure, et ensuite vous aurez les pouvoirs que nous avons ! Vous pourrez faire voler les objets, et voler vous-même ! Maintenant restez allongés, je ferme les portes et fenêtres ! »

     Dans le noir, je me rend invisible, ce qui me permet de voir dans l’obscurité, et fais le tour de tout le monde pour distribuer la potion. Même Ingrid boit ma rasade, et tout le monde s’endort.

     Dehors, la nuit est tombée, je peux sortir discrètement pour rejoindre Clément et les jumelles. Nous buvons quelques cervoises, en attendant que l’heure soir passée. La nuit la température baisse, on supporte une tunique !

     L’heure est passée, je retourne réveiller tout le monde, et les nouveaux initiés sortent de la hutte du doyen. Nous prenons en charge chacun et chacune, et bientôt, toutes et tous peuvent voler, et déplacer les objets.

     Je leur dit en pensée que la nuit, il est dangereux de voler, on peut rencontrer un obstacle et se blesser ! Je leur conseille d’aller dormir dans leurs maisons.

     Adrien sort à son tour, avec Ingrid.

     « Voilà, Adrien ! Toute ta communauté est maintenant apte à voler !

     - Grand merci Jacou ! Cela va changer nos vies ! Nous allons transporter nos pierres bien plus facilement, sans se fatiguer ! C’est un grand progrès ! Trinquons à ce progrès ! »

     Et il fait venir par les airs un tonnelet de cervoise, Ingrid, qui a vite assimilé ses nouveaux pouvoirs, nous envoie des pintes  à distance en rigolant.

 

     Le dimanche arrive, et nous embarquons tous dans les chariots à destination de Sasbach. Il fait un peu frais, ce matin, tout le monde est habillé.

     Dans les chariots sont aussi, outre les barriques de cervoise, entreposées les armes des compagnons, les rives du grand fleuve ont montré récemment leur potentiel de danger !

     Nous mêmes, Itzel, Akna, Clément et moi, sommes avec nos arcs en bandoulière, prêts à toute intervention.

     Nous arrivons à Sasbach, notre chariot est celui de tête, les trois autres derrière transportent les compagnons.

     Nous arrivons comme prévu vers dix heures, Un comité d’accueil est en place, des bardes jouent des airs enjoués, des musiques festives.

     Les filles que nous avons sauvées, Jeanne et Anne Britach, Adèle et Marie Klein, de Rouffach, Marie, Madeleine, Margot et Marion Kahlm, de Sasbach, un peu à l’écart, Charlotte et Béatrice Maire, de Brizach sont toutes là, souriantes, les bourgmestres,  Léon Ziter, de Sasbach,  Alfred Georget de Haegen, Charles Chapel, de Rouffach, et Paul Hanka, de Brizach sont aux premières loges.

     Les notables des quatre villages sont là aussi, les jeunes des villages aussi sont invités, tout le monde est joyeux, bien que des filles aient perdu des êtres chers.

     A Brizach, le forgeron Jean Maire a adopté ses deux nièces Charlotte et Béatrice.

     A Rouffach, c’est le bourgmestre Charles Chapel qui a pris en charge Jeanne et Anne Britach, le médecin Bruno Lepair a pris les filles Adèle et Marie Klein sous sa tutelle.

     Les compagnons ont amené le chariot chargé de barriques de cervoise sur la place, ainsi que des centaines de godets en grès de la montagne vosgienne, non loin du Blauersland. La distribution se fait, et la population en liesse entoure maintenant la source de cervoise, et les compagnons.

     Adrien Rung , le doyen des compagnons du Blauersland monte sur le chariot, et demande la parole. Le bourgmestre Leon Ziter lève le bras, et la musique s’arrête.

 

     « Mes chers amis de Sasbach, de Haegen, de Rouffach et de Brizach, Bonjour ! dit Adrien.

     Et tout le monde rend le bonjour en chœur :

     - Bonjour compagnons !

     - Nous sommes venus sur l’invitation du bourgmestre Leon Ziter et les habitants du village de Sasbach fêter avec vous cet équinoxe, qui marque non seulement le fait que maintenant, les nuits seront plus longues que les jours, Mais aussi l’heureux dénouement et la fin des pirates du grand fleuve Rhin !

     Vous connaissez les circonstances de cette journée dramatique, je n’y reviendrai pas !

     Laissez-moi vous présenter, les héros qui ont permis cet heureux  dénouement!

     Voici Clément Sandre, vingt six ans, compagnon du Blauersland, soldat de Charles Martel à la bataille de Poitiers en 732, et garde du Blauersland.

     Voilà les sœurs Mayas, un peuple qui vit au-delà de la Grande Mer de l’Ouest, Itzel et Akna, invitées par Clément au Blauersland,

     Et voici Jacou Artz, jeune prodige qui vient de Mettis, la cité de la garnison de Divodurum, et qui a su organiser le combat contre les pirates, malgré son jeune âge ! Il n’a que quatorze ans !

     Je me nomme Adrien Rung, j’ai soixante ans, je suis tailleur de pierres. Je suis le doyen de la communauté des compagnons du Blauersland. Nous vivons dans les gravières du bord du grand fleuve Rhin, du commerce des pierres de la gravière, et du sculptage des grès des montagnes vosgiennes, comme les godets que vous avez en main, que nous expédions dans tout le royaume et au-delà.

     Nous sommes en phase avec la Nature, et nous vivons nus la plupart du temps ! Nous sommes aujourd’hui habillés car les matins sont frais ! Mais dès que le soleil aura chauffé quelque peu l’air, nous nous mettrons nus si vous le permettez ! C’est ainsi que nous vivons ! Nous avons des lois qui régissent la nudité, qui n’est en aucun cas sexuelle, comme l’on entend parfois les fantasmes des ignorants.

     La cervoise que vous buvez est fabriquée par les compagnons dans la gravière ! Profitez-en, il y en a beaucoup !

     Si vous le permettez, je voudrais vous présenter mes compagnons, Léon Ziter a tenu à ce que nous venions toutes et tous.

     Voici  Ingrid Grühl, cinquante ans, mon épouse ; 

     Pierre Kirou, cinquante ans, célibataire, notre médecin ; 

     Jacques Kirou, quarante huit ans, apothicaire et Martine Kirou, quarante ans, son épouse, herboriste, Jeannette et Jean Kirou, dix neuf ans, leurs jumeaux, férus de botanique ;

     Georges Muscat, quarante ans, vigneron,  et Marie Muscat, trente huit ans, son épouse, vigneronne, Babette Muscat, dix huit ans, et Alfred Muscat, quatorze ans, leurs enfants, futurs vignerons ;

     Albert Schwartz, trente huit ans, menuisier, et Isabelle Schwartz, trente cinq ans, son épouse, ébéniste, et leurs enfants Marion Schwartz, dix huit ans, sculpteuse sur bois, et les jumeaux Victor et Raoul Schwartz, douze ans, apprentis menuisiers ;

     Jeannot Pinot, trente six ans, éleveur de chevaux, époux de  Berthe Pinot, trente neuf ans, palefrenière, et leurs enfants Roger Pinot, dix neuf ans et Adèle Pinot, dix sept ans, tous deux apprentis palefreniers ;

     Hector Strass, quarante cinq ans, forgeron, Anne Strass, quarante ans, son épouse, orfèvre, et leurs deux enfants Sylvain Strass, dix neuf ans, orfèvre, Ignace Strass, dix sept ans, apprenti orfèvre ;

     Émile Pourse, trente sept ans, tailleur de pierres, époux de Monique Pourse, trente sept ans, sculpteuse sur pierre, et leurs enfants les jumelles Josiane et Josette Pourse, dix huit ans, José Pourse, dix sept ans et Jérémie Pourse, quinze ans, tous les quatre apprentis tailleurs de pierre ;

     Bernard Dawes, trente ans, garde du Blauersland, Isabelle Dawes, vingt neuf ans, son épouse, garde du Blauersland, Henri Dawes, neuf ans, futur garde.

 

     Voilà ! Toutes et tous les compagnons sont là ! Plus d’une trentaine ! »

     Tout le monde applaudit, les gens viennent saluer les compagnons, les jeunes se mêlent…

     La musique reprend et c’est la fête !

     L’ambiance, la musique, la fête, la cervoise, tout ceci incite les compagnons à se dévêtir, mais c’est le bourgmestre qui décide ! Le soleil étant aussi de la partie, Adrien demande alors à Léon s’ils peuvent le faire.

     Alors Léon Ziter monte sur le chariot, lève le bras, la musique s’arrête à nouveau. Il prend la parole.

     « Mes chers amis, nos compagnons du Blauersland désirent se mettre nus ! Qu’en pensez-vous ?

     - Oui ! Vivent les compagnons ! Nus ! Nus ! Clament les invités de la fête.

     - Bien que cela ne soit pas dans nos mœurs, je crois que, en l’honneur des compagnons du Blauersland, et pour leur montrer notre amitié, nous pouvons aussi, pour celles et ceux qui le désirent, nous mettre nus et profiter comme eux des rayons du soleil d’équinoxe sur tout notre corps ! Allez ! Déshabillons-nous ! Mais dans le respect l’un de l’autre ! Cela nous rendra plus fort ! Plus humain ! »

     Et aussitôt, le bourgmestre, sur le chariot se dévêt, et apparaît nu pour la première fois à ses administrés et ses invités. Les autres bourgmestres alors le rejoignent, et eux aussi se montrent nus, faisant fi de la pudeur normalement exercée en public.

     « Et maintenant ! Musique ! »

      Les bardes montrent l’exemple, et défilent en jouant nus de leurs instruments ! Nous suivons évidemment et bientôt, toutes et tous les compagnons sont nus.

     Les filles aussi suivent le mouvement, et c’est un joyeux brouhaha de joies et de bonheur de se côtoyer, danser nus. Ingrid s’amuse, comme elle ne s’est pas amusé depuis longtemps ! Nue, elle danse comme une folle.

     Et même l’abbé Paul Blum, un homme de bien cinquante ans, qui aurait crié au diable en d’autres circonstances, s’est mis nu après que je lui ai susurré à l’oreille, que Dieu a fait les hommes à son image, et que ce serait blasphème que de cacher l’image de Dieu !

     Cela a décidé les plus récalcitrants ! Si l’abbé se met nu, c’est que Dieu le veut !

     Des grandes tables sont dressées sur la place, les femmes et les filles du village, dont la plupart sont déjà nues, amènent des grandes quantités de denrées de toutes sortes et les disposent sur les tables, les barriques de cervoises côtoient les fûts de vin de la vallée, et chacun se sert à sa guise, suivant sa faim ou sa soif, ou les deux !

 

     Parmi les jeunes, quelques couples se forment, ils disparaissent un moment dans les granges avoisinantes, et réapparaissent les yeux brillants, assoiffés et heureux.

 

     « Les filles ont toutes raconté que vous avez des pouvoirs extraordinaires ! dit alors le bourgmestre Léon Ziter. C’est dû à votre nudité ? me demande-t-il.

     - Non, dis-je. C’est dû à une plante que nous avons étudiée et qui a des pouvoirs antigravitationnels !

     - Ce terme ne veut rien dire à mes oreilles ! retorque Léon Ziter.

     - Cette plante permet de s’affranchir des forces qui nous attirent au sol ! Cela nous permet de déplacer des objets, ou des personnes, telles les filles que nous avons sorties de l’eau. Mais cela n’est pas sorcier, ni magique, ni divin ! C’est une application de ce que la Nature nous offre !

     - Vous pourriez nous faire une démonstration ? demande-t-il alors.

     - Est-ce bien nécessaire ? dis-je. La fête bat son plein, tout le monde est heureux, la cervoise et le vin coulent à flots ! N’inquiétons pas les invités ! Mais en aparté, je vais vous montrer ! Je peux voler : je décolle de deux pieds et lui tourne autour, puis je me repose, Je peux aussi vous soulever : et le bourgmestre se sent décoller et monter, puis redescendre doucement, sans que personne ne l’ai vu. Nous pouvons aussi, pour ceux qui possèdent ce pouvoir, communiquer mentalement entre nous sur des grandes distances, de plusieurs lieues !

     - C’est fantastique ! Mais vous avez raison ! La pudeur et la nudité sont deux choses,  mais vos pouvoirs pourraient vous envoyer au bûcher !

     - Je ne vous le fais pas dire !

     - Nous allons nous réunir tantôt, entre bourgmestre, vous consentiriez à vous joindre à nous, avec vos trois compagnes et compagnon ? Nous allons discuter d’unir nos forces.

     - Volontiers ! Je les contacte… Voilà ! Ils arrivent, allons rejoindre les autres bourgmestres. Nous allons utiliser un chariot ! »

 

     La réunion se fait sur le chariot, les bourgmestres sont d’accord de renforcer leurs défenses contre ce qui pourrait encore leur arriver.

     Clément leur propose de venir régulièrement les former à se défendre, et à tirer à l’arc !

     Les jumelles aussi se proposent, tant qu’elles sont au Blauersland.

     « Tous les villageois devraient savoir tirer à l’arc ! dit Akna. C’est ainsi que vous serez forts ! Et vous pourrez prêter main forte aux autres villages sur la rive du grand fleuve Rhin ! 

     - Et surtout ! dit Clément, sachez que les compagnons du Blauersland seront toujours là pour vous venir en aide ! »

 

     La réunion se termine, nous allons boire un canon pour fêter cet accord. Le soleil commence à se coucher, certains se sont déjà rhabillé, la fraicheur du soir ne va pas tarder à rhabiller tout le monde !

     Paul Blum, l’abbé de Sasbach est venu bénir les chariots du Blauersland, Lui aussi a profité du soleil, du vin et de la cervoise, tout nu et a pris de belles couleurs de peau !

     Peu à peu, les invités des villages avoisinants prennent congé, remercient vivement les habitants de Sasbach pour leur accueil et la fête de l’Equinoxe, qui était une réussite ! Rendez-vous est pris pour la fête du Solstice d’hiver, juste avant Noël. Le lieu n’est pas encore défini, mais tous les bourgmestres sont prêts à la faire dans leur village !

     Les compagnons du Blauersland, rhabillés, prennent congé aussi, les chariots s’en retournent vers la gravière, la nuit commence à tomber.

     Nous restons encore un peu, les jumelles, Clément et moi, et discutons avec Léon Ziter, de la nécessité de se battre contre les pirates, les bandits, les envahisseurs, et pour cela d’apprendre à se défendre !

Les nouveaux compagnons du Blauersland

 

     Les sœurs Kahlm, Marie, Madeleine, Margot et Marion, sont restées aussi, et veulent nous demander une faveur, elles entrainent Clément dans un coin.

     Clément les écoute.

     « Voilà ! Nous avons vu et discuté avec des beaux jeunes hommes parmi vos compagnons ! Nous voudrions savoir s’ils sont mariés, ou fiancés.

     - Au Blauersland, dit Clément, les hommes et les femmes sont libres de choisir leur compagne, compagnon, ou pas. L’amour entre deux êtres est toujours partant d’un consentement mutuel, mais il n’y a pas de possession ! chacune et chacun est libre de forniquer avec qui il ou elle veut ! Même les époux et épouses peuvent forniquer avec un ou une autre, sans problème ! leur sexualité leur appartient ! Les enfants sont éduqués par les deux parents, d’un commun accord. Qui avez-vous repéré, les filles ? dit-il alors en souriant.

     - Jean Kirou ! Dit Marie.

     - Roger Pinot ! Dit Madeleine, et toi, Clément !

     - Sylvain et Ignace Strass ! Disent les jumelles Marion et Margot. Et Jacou aussi !

     - José Pourse aussi, rajoute Marie.

     - Bien ! dit Clément. Voulez-vous que nous vous invitions au Blauersland afin que vous fassiez plus ample connaissance avec ces jeunes hommes ?

     - Nous espérions bien que vous y consentiriez !

     - Mais n’avez-vous pas de jeunes gens qui vous tentent ou qui sont intéressés par vous dans votre village ?

     - C’est là le fond de notre demande ! raconte alors Marie. Nos parents sont arrivés dans ce village il y a vingt ans, venant de Germanie, qu’ils fuyaient pour nous protéger. Les Germains prenaient tous les garçons pour en faire des soldats, et toutes les filles pour amuser l’armée de soldats qu’ils formaient. Même les enfants, comme Madeleine et moi, nous n’avions que cinq et trois ans !

     Mes sœurs jumelles Marion et Margot sont nées l’année de notre arrivée, ici. Mes parents ont changé nos prénoms, je m’appelais Maria, et ma sœur Magdalena. La population nous a tolérés, mais en tant que Germains, nous n’avons jamais été intégré comme citoyens du village. Nous n’avions pas le droit de jouer avec les autres enfants, et eux n’avaient pas le droit de nous fréquenter ! Nous sommes taboues, même pour les gens de passage, et cela fait que maintenant encore, nous sommes toutes vierges !

     Aujourd’hui, les compagnons du Blauersland nous ont montré une grande ouverture d’esprit, et une grande liberté chez vous. Nous nous sommes dit que voilà notre chance, et nous voudrions venir habiter chez vous, si des Germains ne vous rebutent pas !

     Nos parents pensent depuis longtemps à partir, mais n’ont pas assez d’argent pour cela, ils gagnent une misère à faire des petits boulots dans le village, et cela suffit à peine à nous nourrir.

     - Nous lavions le linge des habitants du village, dit Madeleine, sur la rive du grand fleuve Rhin, pour gagner quelques as, quand les pirates nous ont pris ! Notre mère ramenait à ce moment-là un panier de linge lavé au village, sinon elle aurait probablement été tuée ! Ils ne s’intéressaient qu’aux jeunes filles !

     - Pas un citoyen n’a bougé, dit Marion, quand ma mère a appelé au secours ! Nos parents n’ont rien pu faire.

     - Et vos parents ? Ils sont au courant de votre demande ? demande-t-il alors.

      - Non, pas encore, répond Marie, nous ne voulions pas leur donner de faux espoirs, mais si vous nous acceptez, soyez certains qu’ils viendront !

    - Bien ! Je plaiderai en votre faveur !

     - Merci ! Vous nous sauverez une deuxième fois ! dit Margot.

     - Je reviendrai vous dire ce qu’il en est ! Moi ou un compagnon ! »

     Le sourire aux lèvres, et l’espoir dans les yeux, les quatre filles regagnent leur cabane, près du bois, auprès de leurs parents.

     La nuit est tombée, Léon nous propose de dormir sur place, mais nous déclinons, nous voulons rentrer.

     « Vous voulez rentrer de nuit ? Mais vous n’avez même plus de chariot ! dit Léon.

     - Ne vous inquiétez pas, dis-je, je vous ai montré nos pouvoirs tantôt, nous allons nous en servir pour rentrer ! Dans dix minutes, nous serons au Blauersland, en volant !

     Nous prenons congé de Léon Ziter, et partons en volant, sous le regard effaré du Bourgmestre.

     Une fois cachés par l’obscurité, nous nous rendons invisibles, les jumelles Maya et moi, et nous voyons alors où nous allons, sans soucis. Clément nous suit de près, tenant la main invisible d’Itzel.

     Nous arrivons au Blauersland sans problème, les compagnons terminent les cervoises des barriques en rigolant. Quelques uns sont bien gais ! Demain, il y aura des têtes lourdes !

     Clément parle des filles de Sasbach à Adrien.

     « Oui, dit Adrien, des nouveaux membres, du sang neuf, des futures unions et des enfants à venir, ce sera tout bénéfice pour nous ! Nous pouvons les accueillir au sein de la communauté, nous avons une maison disponible, pour les parents, et nous avons de la place pour construire des maisons à côté pour loger les filles.

     Tu iras demain, avec un chariot, ramener tout ce beau monde ici ! Nous commencerons les travaux pour construire les maisons ! Avec nos nouveaux pouvoirs, cela sera vite fait bien fait ! »

     Nous allons nous coucher après cette belle journée festive, Clément nous raconte alors ce que lui ont conté les filles, à Sasbach. Puis, nous nous mélangeons, Akna, Itzel, Clément et moi, et après une satisfaction jouissante de chacune et chacun, nous nous endormons.

 

     Le lendemain matin, le temps est couvert, nous sommes en tunique pour prendre le petit déjeuner.

     Adrien expose ses directives, quant à construire des logements pour les quatre filles que la communauté va accueillir.

     Clément est chargé d’aller les chercher. Je me propose d’aller avec lui, et nous partons, armés, avec un grand chariot de quatre chevaux, pour trimbaler les six personnes et éventuellement leurs affaires, et leur mobilier.

     Nous arrivons à Sasbach, La famille Kahlm, Alice Kahlm,  Marie, Madeleine, Margot et Marion sont au grand fleuve Rhin, à laver le linge, comme à l’accoutumé. André Kahlm est aux aguets, avec un arc, il ne faudrait pas que la mésaventure de l’autre jour se reproduise ! Ce coup-ci, il sera là pour défendre ses filles !

     « Elles sont là ! » dit Clément, les apercevant sur la rive du grand fleuve Rhin.

     Nous voyant arriver, les filles comprennent tout de suite que c’est elles que nous venons chercher et sautent de joie ! Alice et André ne comprennent pas, Marie leur explique :

     «  Nous avons demandé aux compagnons du Blauersland de nous accueillir chez eux, Ils viennent nous chercher !

     - C’est exact ! dis-je, Alice et André, êtes-vous d’accord pour venir au Blauersland, nous avons du travail pour vous !

     - Ca c’est une surprise ! Vous avez comploté cela hier, mes filles ! dit André.

     - Oui père, nous ne voulions pas vous en parler avant d’en être sûres !

     - Nous sommes bien sûr d’accord ! Elles vous ont expliqués la situation ici ? ajoute André.

     - Oui, dis-je, nous savons vos problèmes, nous sommes ici pour y mettre fin !

     Ramenez ce linge à leur propriétaires, et prenez vos affaires que vous chargerez dans le chariot ! Où est votre maison ?

     - Au bout du village, la cabane près du bois ! dit Marie.

     - Bien ! je vais amener le chariot là-bas.

     - Je vais discuter avec le bourgmestre, dit Clément. 

     Prévenu par un villageois qu’un chariot est arrivé, Léon Ziter vient à notre rencontre.

     - Que se passe-t-il, compagnons du Blauersland, auriez-vous oublié quelque chose ?

     - Non pas, Léon ! dit Clément, tandis que je mène le chariot, avec André et Alice à leur demeure, et que les filles ramassent le linge et vont le restituer aux habitants.

     Nous venons chercher la famille Kahlm, qui a souhaité rejoindre la communauté du Blauersland.  Elle quitte Sasbach aujourd’hui même !

     - Comment ? Mais elle ne peut pas nous quitter comme cela !

     - A-t-elle des obligations envers le village, ou ses habitants ?

     - Que nenni, Mais nous les avons accueilli il y a vingt ans !

     - Et jamais vous ne les avez considérés comme des citoyens de Sasbach, et jamais vous ne leur avez montrés de l’empathie, de l’affection, ou même de la camaraderie, vous les avez déclarés impurs et indignes de fréquentation, et les avez isolés, m’ont rapporté les filles.

     - C’est ma foi vrai ! Il y a vingt ans, nous avions eu mal à parti avec les Germains, et ceux-là n’étaient pas les bienvenus ! Seul le curé, l’abbé Blum, a insisté pour qu’ils restent ici, Alice était sur le point d’accoucher, et ne pouvait aller plus loin. Nous leur avons fourni la cabane qu’ils habitent toujours. Personne ne voulait de ces gens au village, beaucoup avaient perdu des êtres chers lors d’attaques de Germains, et nous consentions juste à ce qu’ils lavent notre linge, et qu’André fasse quelques tâches pour les villageois, mais sans plus de relations.

     - Vous comprenez qu’après une enfance loin d’être heureuse, les filles aspirent à une vie plus joyeuse, que de laver le linge de toute la population du village pour deux ou trois as !

     - Je le conçois ! S’ils nous quittent, cela fera un sujet de moins à discuter…Mais qu’ils partent ! Bon vent, Nous ne portons pas les Germains dans nos cœurs !

     - Cela, nous l’avons compris ! Cela dit, soyez sûrs que vous êtes toujours les bienvenus au Blauersland ! Au nom de tous les compagnons, je réitère nos remerciements pour la journée de l’Equinoxe. Et si vous avez besoins de nous , nous serons là !

     - Merci, compagnon ! Je souhaite à la famille Kahlm tout le bonheur qui leur a manqué à Sasbach.  Oui, il y a des blessures que même le temps ne peut pas refermer. L’oubli est un remède ! »

     Et Clément et le bourgmestre nous rejoignent à la cabane, je suis en train de sortir par lévitation les meubles : des lits, une table, deux armoires, quelques chaises et bancs et un buffet rempli de diverses choses. Les Kahlm et Léon Ziter sont épatés de la façon dont je m’y prends !

     Quelques vêtements aussi… le chariot est rempli, la cabane est vide.

     « Voilà. dis-je. Nous avons tout pris. Nous pouvons partir !

     Les filles arrivent du village, elles ont restitué le linge, et annoncé leur départ, les villageois s’attroupent autour de la cabane. Elles montent dans le chariot, avec leurs parents.

     - Vous ne nous regretterez pas ! dit André. Merci à vous de nous avoir toléré malgré tout ces vingt années, mais vous devrez trouver d’autres lavandières, dorénavant !

     - Allez en paix ! dit alors l’abbé Blum, le seul qui parlait avec la famille, et qui leur avait appris la Langue.

     - Merci pour tout ce que vous avez fait pour nous, l’abbé ! dit Alice. Que Dieu vous bénisse ! »

     Et nous traversons le village que les Kahlm regardent une dernière fois, et partons d’un bon pas vers le Blauersland.

 

     Quand nous arrivons à la gravière, tout le monde est affairé à construire les logements pour les filles.

     Les nouvelles aptitudes des compagnons font merveille ! Le menuisier,  Albert Schwartz, avec l’aide du vigneron Georges Muscat, a fini la toiture, les fenêtres, et les portes.

     Les huisseries sont fournies par Hector Strass, le forgeron, tandis que les murs sont montés avec célérité par les compagnons.

     Ce soir, les filles auront chacune leur maison ! Un rêve, après avoir vécu à quatre dans la même chambre !

 

     « Je faire repas de bienvenue ! dit Ingrid. Besoin aide !

     Aussitôt, les femmes et les filles du Blauersland viennent à son secours.

     - Hommes, mettre tables, couverts, cervoise, vin !

     Et tous les hommes, vieux, jeunes, enfants, participent à l’installation d’une grande table de banquet, pour faire la fête aux nouveaux arrivants !

     Et, de toute façon, on ne discute pas les ordres d’Ingrid ! Même son doyen de mari se plie à sa volonté ! Le Blauersland, c’est Ingrid et les compagnons !

     Tout le monde est attablé. La famille Kahlm est présentée aux compagnons.

 

     André Kahlm prend la parole :

     - Madame Ingrid, Maître Adrien Rung, Compagnons du Blauersland, Bonsoir !

     Je suis Adrien Kahlm. J’ai quarante huit ans. Vous imaginez dans quel état nous sommes !

     Nous avons vécu ces vingt années moroses, proscrits, parias, et en finalité nos filles enlevées par les pirates ! Notre monde, déjà pas joyeux, s’est écroulé ! Les compagnons nous ont sauvé la vie ! Vous pouvez vous imaginer quelle était notre joie à Alice et moi quand nous avons revu vivantes nos filles qu’on croyait perdues, ou mortes !

     Et bien qu’ils n’aient rien fait pour sauver nos filles, les habitants ont organisé la fête autour de ce sauvetage et de l’élimination des pirates. Nous étions à l’honneur, du moins nos filles, alors que nous étions des parias à leurs yeux.

     Grande a été la surprise que nos filles nous avaient préparée ! Quand Jacou et Clément sont arrivés à Sasbach, elles nous ont informé de leur projet de venir au Blauersland ! Un rêve ! Qui devient ce soir réalité ! Nous ne vous remercierons jamais assez de l’espoir de vie que vous nous donnez !

 

     - Alors ! dit Ingrid. Qui être ?

     - Oui, pardon Ingrid, je cause, je cause… Je vous Présente ma famille : Mon épouse Alice, quarante cinq ans, notre fille de vingt cinq ans, Marie, notre fille Madeleine, vingt trois ans, et nos jumelles de vingt ans, Marion et Margot.

     - Bon ! Enchantée ! Manger maintenant ! » dit Ingrid qui a faim.  Et tout le monde s’esclaffe, et mange de bon appétit !

     Les plats se succèdent, des mets délicieux et surprenants côtoient des vins du pays de la gravière,  ‘des Muscats !’ dit le vigneron. 

     Les entremets et les desserts sont succulents, les femmes du Blauersland ont des recettes connues d’elles seules, et les Mayas ont elles aussi des recettes secrètes !

     Les jumelles Marion et Margot se rapprochent de moi, et me demandent où j’habite.

     Quand je leur dit que je suis logé chez Clément, elles me demandent de les y emmener, afin qu’elles voient comment je suis hébergé !

     Je crois comprendre où elles veulent en venir, et j’envoie un message mental à mes colocataires, Itzel, Akna et Clément, leur demandant de ne pas rentrer maintenant, j’ai des apprenties à former !

     Nous quittons la table, et les jeunes jumelles me suivent jusqu’à la maison de Clément.

     Une fois dans la maison, je leur propose de réchauffer un peu la pièce. J’allume l’âtre et y place quatre bûches qui réchauffent vite l’atmosphère, ce qui nous incite à enlever nos tuniques.

     Marion et Margot me voient nu de près, elles sont excitées et cela m’émoustille de les voir dans cet état, nues avec les tétons qui pointent, tout durs ! Mon membre se dresse devant elle, ce qui les fait pouffer ! Elles n’avaient jamais vu ça ! Clément m’a dit qu’elles sont encore vierges !

     Je me rends dans la cuisine, ou je prends une fiole j’en avale une rasade, et ramène une autre fiole aux filles en leur disant d’en boire une gorgée.

     « Venez vous installer sur la couche, Marion et Margot, je vais vous enseigner les plaisirs de la fornication ! »

     Les jumelles alors s’allongent sur la couche, et je m’installe entre elles. Je commence à les caresser, d’abord le ventre, puis les seins, les tétons, puis à nouveau le ventre, chaque main sur une fille...

 

     Après ces ébats, Marion et Margot disent en chœur que jamais elles n’avaient éprouvé une telle satisfaction et elles regrettent de ne pas avoir eu l’occasion de découvrir cela plus tôt !

     L’orgasme, c’est quelque chose de fantastique ! Elles voudraient encore avoir un orgasme , maintenant !

 

     Mais les meilleures choses ont une fin, et les deux filles s’endorment.

     Je les couvre, puis je jette une bûche dans l’âtre pour maintenir la chaleur dans la maison, et retourne à la table du banquet, après avoir enfilé une tunique chaude, que j’ai trouvé dans la maison.

     A la table, les parents sont toujours là, à discuter avec qui veut bien, ils n’avaient pas parlé avec d’autres depuis longtemps ! Leurs deux filles aînées, sont parties avec des jeunes compagnons, se promener, et découvrir le bonheur d’avoir des amis !

     Quand j’arrive, Alice me demande où sont passées ses dernières, Marion et Margot. Je la rassure, elles se sentaient fatiguées, je leur ai proposé ma couche au chaud, et elles se sont endormies !

     « Mais où vas-tu dormir, Jacou ? Demande alors André.

     - Ne t’inquiète pas, la maison est grande, il y a de la place !

     - Toute cette histoire nous a bien secoués quand-même ! dit alors André. Avec Alice, nous allons dormir un peu ! Nous sommes tranquilles, nos filles ne risquent rien, ici !

     - Je vous le garantie ! dit alors Adrien. Allez vous reposer, nous nous voyons pour le petit déjeuner ! Je vous souhaite une bonne nuit ! Et toutes et tous celles et ceux qui sont encore attablés souhaitent la bonne nuit aux nouveaux compagnons.

     - Merci beaucoup, dit Alice, et elle se lève, avec André, et ils vont dans leur nouvelle demeure, où l’âtre a déjà réchauffé la maison, après une bonne aération, la maison était inoccupée depuis longtemps, je les accompagne avec une lanterne, que je leur laisse pour se coucher, et dépose deux bûches sur les braises de l’âtre, pour la nuit.

     - Merci Jacou pour tout ça ! dit encore Alice. Nous ne vous remercierons jamais assez !

     - Votre bonheur est notre récompense ! Et vos filles cadettes m’on déjà remercié ! dis-je, souriant, ce qui fait naître un sourire sur le visage d’Alice.

     - Tu veux dire que…elles… toutes les deux…

     - Oui ! Toutes les deux ! Elles dorment d’un sommeil paisible après notre soirée entre nous ! » 

     Alice a compris.  « Bonne nuit Jacou ! »

     Je retourne à la table, et nous décidons, Akna, Itzel, Clément et moi d’aller nous coucher nous aussi.

     Arrivés à la maison de Clément, nous voyons les deux jeunes filles Marion et Margot, endormies, leur corps nus découverts, il fait une bonne chaleur.

     Je me couche avec Akna, mais m’endors très vite.

     Clément passe un bon moment avec Itzel, puis eux aussi s’endorment, et le silence règne. 

 

La fête des compagnons du Blauersland

 

     Le lendemain, nous nous retrouvons à la table, Ingrid est là à diriger les opérations !

     « Toi ! Prendre tasses ! Toi ! Prendre eau chaude ! Toi ! Prendre pot miel ! » sous le regard amusé d’Adrien.

     La famille Kahlm se rassemble.

     « Où avez-vous dormi, mes filles ? demande Alice.

     - J’ai été invitée par Jean Kirou ! dit Marie. Dans son lit ! Avec sa sœur jumelle Jeannette ! J’ai découvert le corps des garçons, en tout cas de Jean, et sa verge toute dure ! Avec Jeannette, il m’ont appris comment faire l’amour, j’ai perdu ma virginité et j’ai joui comme une folle ! Elle et lui aussi !

     - Et moi, j’ai passé la nuit chez les Pinot ! Avec Roger ! dit Madeleine. Dans son lit ! Il m’a enseigné la bonne méthode ! Nous explorons nos corps ! Moi aussi, j’ai perdu ma virginité hier soir ! Et nous avons joui ensemble ! Plusieurs fois ! Et nous continuerons !

     - Et nous avec Jacou ! disent ensemble Marion et Margot ! Nous étions vierges, mais Jacou a su y faire ! C’était fantastique ! Nous avons tellement joui que nous nous sommes endormies en jouissant ! Ce matin, nous étions toutes engluées ! dit en riant Marion. Nous avons dû nous frotter mutuellement pour nous laver !

     - Et vous, Mère et père ! dit Marie, n’en avez-vous pas profité en étant enfin seuls pour vous adonner aux plaisirs de la chair ?

     Alice et André sont effarés ! Leurs filles encore innocentes hier sont devenues de vraies femmes qui parlent librement de sexe ! Ils n’auraient jamais pensé qu’elles en parleraient un jour ! C’était un sujet tabou à leurs yeux !

     - Oui-da ! Avoue Alice, rougissante ! Mais nous ne devons pas en parler, voyons !

     Adrien alors explique aux parents Kahlm :

     - Il n’y a pas de honte à en parler et nous en parlons librement, de la sexualité des compagnons au Blauersland. Il n’y a pas de tabou dans le sexe, ce n’est ni sale ni honteux ! Nous n’avons pas d’exclusivité, ni de propriété sur les corps. Cela n’empêche nullement d’être amoureux !

     Le mariage existe, pour élever les enfants dans l’amour réciproque, mais chacun et chacune sont propriétaires de leur corps, et libres de forniquer avec qui ils veulent, d’un mutuel consentement, s’entend !

     Nous racontons volontiers nos ébats, c’est plaisant et festif ! La fornication est un des grands plaisirs de notre communauté ! Et les jeunes sont initiés dès qu’ils se sentent prêts !

     Nous avons en notre sein des nouveaux membres, Vous, la famille Kahlm, et nos invités de Mettis, Akna, Itzel et Jacou ! Vos corps vous appartiennent, mais nous aurons plaisir à les découvrir, et vous faire découvrir les nôtres ! »

     Puis, une fois que toutes et tous sont présents, le doyen fait une annonce :

     « Ce soir, nous ferons une grande partie, où le repas sera copieux et riche en énergie, car nous allons en user après le repas, de l’énergie !

     Le dessert sera pris au milieu de la table, il sera de sucre et de sexe ! Où toutes et tous pourront copuler avec chacune et chacun ! Vous vous découvrirez, pour celles et ceux qui ne se connaissent pas encore, et vous apprendrez de nouvelles variantes de plaisir, pour notre joie et notre plus grand plaisir à toutes et tous ! Nous initierons aussi nos jeunes, chez les filles, les jumelles Josiane et Josette Pourse, dix huit ans, et chez les garçons, José Pourse, dix sept ans, Jérémie Pourse, quinze ans, Alfred Muscat, quatorze ans, et les jeunes jumeaux Victor et Raoul Schwartz, qui n’ont que douze ans, mais sont précoces ! Notre spécialiste herboriste nous préparera des boissons chaudes qui nous stimulerons ! n’est-ce pas Martine !

     - Tout-à-fait ! dit Martine. Nous avons avec mes jumeaux concocté une tisane qui fait perdurer le plaisir ! N’est-ce pas mes enfants ! dit-elle en rigolant.

     - Oui ! disent les jumeaux Jeannette et Jean en chœur. Nous l’avons testée pendant des heures ensemble, sans faiblir ! Sous les rires de chacune et chacun.

     - J’ai moi aussi quelques potions qui nous aiderons ! dis-je.

     - Ô que oui ! disent en chœur Marion et Margot, faisant faire des gros yeux à leurs parents.

     - Et, ajouté-je,  j’ai aussi, pour les filles, une potion qui empêche l’ovulation !

     - Nous allons construire un toit et des murs autour de cette grande table, et nous aurons une grande salle pour nous ébattre ce soir !

     Il faudra prêter main forte à Albert et Isabelle pour monter les cloisons et le toit !

     Hector ! Tu nous installeras un âtre pour avoir de la bonne chaleur, afin d’être à l’aise !

     - Pas de soucis, dit le forgeron, ce sera fait ! J’en mettrai deux !

     - Moi pas faire avec ! dit Ingrid. Moi pas vouloir voir Adrien faire ! Moi pas vouloir savoir qui ! Moi rester avec enfant Henri Dawes, dans maison !

     - C’est gentil à toi, Ingrid, dit Isabelle Dawes, sa mère.

     Adrien, par là-même, vient d’obtenir un blanc-seing pour la soirée, il en est ravi !

     - Bon ! Maintenant, tout le monde au boulot ! dit-il. Ingrid a besoin d’aide en cuisine ! »

 

     La journée se passe essentiellement à la préparation de la soirée.

     La grande hutte communautaire est dressée, à midi, seize poteaux de quinze pieds de haut ont été préparés par Albert et Isabelle Schwartz, avec l’aide des jeunes compagnons, et plantés tout autour de la grande table, formant une pièce ronde de cinquante pieds de diamètre !

     Un pilier central de vingt pieds de haut supportera la couverture de chaume que les compagnons tressent depuis ce matin.

     Un déjeuner rapide  est vite expédié, il faut couvrir, mettre les murs, les âtres, et chauffer le tout afin d’avoir une bonne température pour manger nu !

     Après ce repas rapide, tandis que les cloisons se montent, Hector Strass installe les âtres et les conduits de fumée, et les compagnons commencent déjà a faire du feu pour sécher et réchauffer la grande pièce.

     Le toit, grâce aux aptitudes de vol de chacun, est mis en place facilement et rapidement.

     Bientôt, la grande pièce est terminée ! Il faut maintenant installer les couches afin que toutes et tous y trouvent leur confort ! Tous les matelas, paillasses, coussins, couvertures, étoffes, qui ne servent pas dans les habitations, sont réunis dans la grande pièce. Des points d’eau, avec de quoi se laver et s’essuyer sont installés à côté des âtres.

     En fin d’après-midi, la température à l’intérieur de la grande pièce est celle d’un bel après-midi d’été ! Toutes et tous ceux qui œuvrent à l’intérieur pour terminer les aménagements sont maintenant nus.

     Pierre Kirou, le médecin, avec l’apothicaire Jacques, son frère, et l’herboriste Martine, l’épouse de Jacques, ont installé un coin de potions en tous genres, qui devraient faciliter les ébats de ce soir ! J’ai ramené à Pierre quelques unes des potions que j’ai, en lui expliquant bien que quelques gouttes suffisent à chacun ! Les enfants de Jacques et Martine, Jean et Jeannette, ont aussi installé un coin de boissons réconfortantes et revitalisantes. Pierre a aussi quelques médecines, en cas de fatigue ou d’étourdissements.

     Le soir arrive, et l’excitation monte au sein de la communauté du Blauersland !

     Ingrid, aidée par les femmes des compagnons, dresse la grande table, afin que toutes et tous aient accès à toutes les victuailles préparées, tout autour de la table.

     Des pintes de cervoise, de vins divers, et de boissons à l’eau sont disposées tout autour sur la table, où quarante-et-un convives sont attendus !

     Le plan de table est fait par âge, un garçon, une fille ! des étiquettes sont disposées afin que tout le monde trouve sa place.

     Des attaches sont prévues pour accrocher les vêtements des convives derrière leur place attitrée. Un stock de bûches est établi à côté de chaque âtre. Les âtres sont chargé au maximum, ils chauffent et rayonnent bien !

     Dix chandeliers de trois bougies sont placés sur les tables, Jean et Jeannette Kirou sont chargés d’allumer les bougies.

     Enfin, tout est en place, la fête peut commencer !

     Un par un, les compagnons entrent dans la grande pièce, il y fait une chaleur bien agréable, qui incite aussitôt à se mettre nu, ce que font tous les compagnons en arrivant. Une fois tous les convives attablés, nus, chacun et chacune discute avec ses voisins de table, Adrien arrive enfin, avec Ingrid. Tout le monde se lève, Adrien se place en tête de table, et Ingrid va rejoindre Henri, en face.

     Un grand silence règne, tout-à-coup.

     « Assis ! » dit enfin Ingrid, donnant le signal du début des festivités et tout le monde s’assoit et se sert à manger, les hommes servent leurs dames de compagnie, les plaisanteries fusent, tout le monde s’amuse en mangeant ces mets qu’Ingrid, les femmes du Blauersland et les jumelles Mayas ont concoctés toute la journée. La cervoise et le vin coulent à flots, tout le monde boit et mange ces mets énergisants avec plaisir ! Les discussions s’orientent naturellement sur les préférences sexuelles de chacune et chacun, sur les prouesses des vantards et les plus gros orgasmes de ces dames !

     La plus grande partie de la nourriture a été consommée, je me lève et vais prendre une pinte que j’ai préparé, je fais le tour des garçons, chacun reçoit une petite gorgée d’une boisson spéciale !

     Akna fait de même avec une pinte destinée aux femmes.

     Une fois que les potions ont été distribuées, Adrien prend la parole.

     « Chers compagnons du Blauersland, nous voici à la phase jouissante de notre soirée !

     - Moi quitter vous avec Henri, dit alors Ingrid, aller nous coucher, Vous pas trop de bruit !

     Et Ingrid se lève, et quitte la pièce avec le jeune Henri.

     Toute l’assemblée s’est levée par respect, saluant la Maitresse du Blauersland.

     Les jeux et ébats vont bon train…

 

     …Et le silence revient, les hommes , épuisés, se sont endormis pour la plupart.

La hutte de sudation   Le sauna a dit Ingrid 

 

     Le lendemain, dans la matinée, la pluie s’est invitée au Blauersland.

     Les compagnons émergent difficilement ! La grande pièce sert de local pour le petit déjeuner, le toit est à peu près étanche, et les quelques braises restantes dans les âtres ont suffi à ranimer les flammes avec quelques bûches rapportées.

     Dehors, il fait froid, humide, l’automne s’annonce plus difficile que prévu.

     Adrien décide de garder cette pièce pour se réunir en hiver ou par temps de pluie.

     «  Il suffira d’étancher le toit, dit-il, et d’isoler plus l’intérieur, et nous aurons une chouette pièce où nous retrouver !

     - Et copuler ! dit alors Raoul Schwartz, qui a vraiment apprécié la fête de la veille !

     - Raoul, dit Adrien, tu vas donc faire en sorte que l’on puisse vivre nu ici ! N’est-ce pas !

     - Oui Adrien ! Je vais isoler tout cela ! Vivement qu’on refasse une fête !

     - Mais tu ne penses plus qu’à ça ! dit sa mère Isabelle.

     - Soit ! Raoul ! dit Adrien. Quand ce sera fait, nous ferons une petite fête pour inaugurer notre nouveau foyer ! Mais pour l’heure, il faut ranger, nettoyer cette pièce ! Tout le monde va s’y mettre, et ce sera vite fait !

     - Les tables peuvent être empilées au fond ! dit Albert Schwartz, nous les utiliserons suivant nos besoins ! »

      « Je voudrais dire quelque chose ! dis-je alors.

     Je ne suis que de passage dans votre communauté, mais j’apprécie beaucoup votre mode de vie et votre esprit de groupe. Je voudrais vous soumettre une idée pour une réalisation qui pourra vous plaire ! J’ai eu cette idée cette nuit, quand j’ai rechargé les âtres dans cette pièce.

      Il s’agit d’une hutte de sudation. Une telle hutte existe dans le village d’Akna et Itzel, là où j’ai résidé quelques années. Il s’agit d’une pièce ou nous nous installons pour transpirer, cela élimine nos toxines du corps et nous rend plus sains ! La température y est très élevée, mais le corps supporte des hautes températures, quelques minutes si l’air est sec ! Même une chaleur capable de faire bouillir l’eau est supportable ! Quelques minutes, deux  fois, espacées de temps de repos, suffisent pour nettoyer le corps pour un bon moment !

     Bien sûr, sans faire bouillir d’eau ! avec une atmosphère humide, nous supportons beaucoup moins la chaleur ! Que penses-tu de cela, Pierre, toi qui es médecin, ne serait-ce pas bénéfique à tout le monde ?

     - Si fait ! L’élimination des toxines bénéficie à la santé de toutes et tous ! C’est une bonne idée, Jacou, et je soutiens ce projet !

     - Adrien ! Peut-on se lancer dans ce projet ?

     - Oui Jacou ! Vas-y ! Tu as toute l’aide dont tu auras besoin, demande, les compagnons sont avec toi !

     - Merci Adrien !

     Albert ! Puis-je te soumettre des plans pour réaliser une telle hutte ? Une base en pierres, des murs et des bancs en bois…, le bois est un mauvais conducteur de chaleur, nous pourrons nous assoir ou nous allonger nus dessus dans une ambiance très chaude, avec juste une serviette sous notre corps pour ne pas pourrir le bois ! Nous pourrions y accoler une pièce où l’on pourra se laver, avec de l’eau chaude ! Elle sera chauffé par un âtre situé au centre de la pièce qui chauffera la pièce, mais aussi une cuve en hauteur au dessus du feu…

     - Oui Jacou ! Dessine- moi les plans, et avec ma femme, ma fille et mes fils, nous concrétiserons ton projet !

     - Hector ! Je peux te solliciter aussi sur ce projet ? Pour construire l’âtre et la cuve au dessus, et les systèmes de douches de la pièce annexe ?

     - Volontiers Jacou ! Ce sera un progrès pour la communauté !

     - Et on fera une fête dedans, hein, Jacou ! dit Raoul, qui a déjà senti le potentiel d’une telle hutte, ou tout le monde sera nu… Et tout le monde rigole de l’obstination du jeune garçon.

 

     - Moi connaître ça dans pays à moi ! dit alors Ingrid. Nous appeler ça  ‘sauna’ dans Langue à nous ! Cela dire pièce à suer !

     Moi d’accord pour construire sauna ! Moi aime sauna ! Allez ! Travail ! Hop !

     - Alors, c’est dit ! dit Adrien, dès qu’on aura rangé ici, nous pourrons nous atteler à ton projet, Jacou ! J’ai encore une demande ! La famille Kahlm, André, Alice, Marie, Madeleine, Margot et Marion , maintenant qu’ils sont membres de notre communauté, ce serait bien qu’il acquièrent les mêmes pouvoir que nous autres !

     - C’est ma foi vrai ! dis-je. Venez avec moi à la maison de Clément, s’il le permet !

     - Bien sûr Jacou ! répond Clément. Ma maison est la tienne !

     - Bien ! Dans une heure, vous aurez vous aussi les pouvoirs que nous avons ! Suivez-moi ! »

     Et toute la famille s’habille pour se protéger de la pluie qui tombe à verse, et me suit jusqu’à la maison de Clément.

     « Veuillez vous coucher sur cette couche et sur celle -là ! Je vais faire l’obscurité et vous donnerai une rasade de potion. Vous allez vous endormir, et quand vous vous réveillerez, vous pourrez communiquer par la pensée, déplacer les objets à distance, et voler !

     - Ce sera merveilleux ! disent les jumelles en chœur. »

     Ils boivent la potion, je fais le noir et sors rapidement de la maison.

 

     Des trombes d’eau dégringolent, le sol est détrempé, je peux à peine voler, et j’arrive à la grande pièce trempé jusqu’aux os ! Je me déshabille prestement près d’un âtre, et me sèche avec une serviette de tissu propre qui était encore là depuis hier soir.

     Avec Albert, nous installons une table non loin de l’âtre, qui nous servira de table de travail. Je demande à Jacques Kirou de me fournir des fusains et de quoi dessiner dessus.

      « Nous allons élaborer le plan de la future, pardon ! Du futur sauna ! dis-je. On n’a pas intérêt à l’appeler autrement ! Sinon gare ! sous l’hilarité générale.

     Adrien et Hector nous rejoignent autour de la table.

     Où va-t-on construire ce sauna, demandé-je à Adrien. Il faudrait qu’il ne soit pas trop loin de l’eau, afin de l’acheminer facilement.

     - On va l’installer au bord de la gravière, à coté de la forge ! dit Adrien.

     - il y a un courant d’eau, dans la gravière, demandé-je.

     - Non, pourquoi cette question ?

     - S’il y avait un courant, nous pourrions installer une roue à aube qui permettrait d’entrainer une crémaillère qui remplirait automatiquement la cuve d’eau !

     - Bonne idée ! dit Hector. On peut faire un courant en ouvrant la gravière en amont et en aval, et faire passer une partie de l’eau du grand fleuve Rhin par là !

     - Mais oui ! dis-je. Bonne idée ! Hector, tu pourras aussi bénéficier de l’énergie de la roue à aube pour actionner ton soufflet !

     - Superbe idée ! dit alors Albert. Dessinons aussi le plan de la roue à aube ! Je vais m’atteler à sa construction tout de suite ! »

     Mes vêtements ont séché près de l’âtre. Je me rhabille, et vais chercher la famille Kahlm qui dort à la maison.

     Je sors, sous un crachin qui a remplacé les trombes d’eaux d’il y a une heure, et vole jusqu'à la maison.

     Les Kahlm sont en train d’émerger. Je les aide à s’assoir, et leur demande mentalement comment ça va.

     Surpris, André et Alice me répondent à haute voix.

     « Nous allons bien ! Hein Alice !

     - Oui ! répond -elle.

     - Moi aussi ! répond alors Marie par la pensée, ainsi que Madeleine.

     - Nous aussi Jacou, on va bien ! répondent les jumelles qui pensent en chœur aussi !

     - Bien ! dis-je à haute voix. Venez, nous sortons, il ne pleut presque plus, nous allons à la grande pièce en volant !

     La famille sort, et se lance alors, titubantes pour certaines, mais vite rétablies, et tout le monde vole à ma suite jusqu’à la grande pièce.

     Prenez chacune une bûche à distance, et rentrons les déposer devant l’âtre ! »

     Et la famille Kahlm arrive, avec une bûche qui flotte dans les airs devant chacune des filles, la mère et le père, et sont déposées devant le feu avec la mienne.

     Adrien veut leur parler.

     « Maintenant, vous êtes vraiment compagnons du Blauersland ! Nous vous remercions de votre participation hier soir, c’était pas évident de faire fi des tabous que vous aviez ! Mais vous vous en êtes sortis haut la main ! Enfin, si je puis dire ! Faisant rire tout le monde.

     Bien ! Que savez-vous faire ?

     - Nous savons laver le linge ! dit Marie. Nous le faisions pour tout le village de Sasbach !

     - Je suis bûcheron ! dit André, je coupais souvent des arbres pour les villageois.

     - Je sais faire la cuisine ! dit Alice.

     - Nous savons aussi jardiner ! dit Madeleine. Nous avions un lopin de terre que le curé nous avait donné.

     - Bien ! Nous avons au Blauersland des terres cultivées, nous n’y plantons que des herbes servant à Jacques l’apothicaire et Martine l’herboriste, qui s’en occupent avec leurs enfants Jean et Jeannette. Voulez-vous vous joindre à eux pour créer un potager, et cultiver les herbes ?

     - Ce sera un plaisir que de cultiver avec vous ! dit Jacques.

     - Oui ! Et cela nous prenait du temps, dit Martine, avec votre aide, nous pourrions progresser dans nos recherches et nos remèdes !

     - Ce sera avec joie ! N’est-ce pas les filles ! dit Marie. Et Madeleine et les jumelles acquiescent. Jean et Jeannette sont ravis ! il y aura surement encore des moments intimes entre elles, sa sœur et lui !

     - C’est parfait ! Alice, crois-tu pouvoir travailler avec Ingrid à la cuisine ? Tu as dû remarquer qu’elle est autoritaire !

     - Oui, j’ai vu ! dit Alice en rigolant. Mais si je fais bien mon travail, elle m’appréciera ! Je veux bien travailler avec elle !

     - Bon ! Alors, veux-tu aller te présenter à elle, ou veux-tu que je le fasse ?

     - Non, j’y vais ! Cela va bien se passer !

     Et Alice sort de la grande pièce, et va rejoindre Ingrid dans la cuisine communautaire, dans la maison du doyen.

     - André ! Nous n’avions pas de bûcherons au Blauersland ! Maintenant, nous en avons un ! Les compagnons t’expliqueront où nous prenons le bois, et Albert t’aidera à te familiariser avec le métier de menuisier. Tout cela est parfait ! Mettons-nous au travail ! »

 

     Alice arrive dans la cuisine d’Ingrid.

     « Bonjour Ingrid ! Je suis Alice Kahlm, l’épouse d’André et la mère des quatre filles Marie, Madeleine, Marion et Margot !

     - Moi savoir toi qui ! Toi quoi faire ici ?

     - Je suis venue t’aider, je suis cuisinière, et les compagnons m’ont dit que tu avais besoin d’aide !

     - Oui aide besoin ! Toi pas née ici ! Toi accent Germain !

     - Oui, je suis Germaine ! Nous avons quitté la Germanie car les Germains voulaient prendre mes filles !

     - Toi paria ici ! Comme moi Viking ! Paria aussi !

     - Oh non ! Les compagnons ont sauvé la vie de mes filles, et ils nous ont accueillis ici, nous ne sommes plus des parias, mais des compagnons du Blauersland ! Toi non plus tu n’es pas une paria ! Tu es respectée par tous les compagnons ! Tu es une vraie compagnon du Blauersland !

     - Toi parler juste ! Moi aime ça ! Toi être ma disciple alors, et faire comme je dire !

     - Oh oui ! Je suis ta disciple, Maîtresse Ingrid !

     - Oublie maîtresse ! Ingrid mon nom ! Moi femme Adrien ! Moi chef cuisine ! Et moi chef Adrien ! Gare ! Cela fait sourire Alice.

     Moi contente aide ! Toi aider tout le temps ?

     - Oui Ingrid, je suis ta disciple, je ferai tout ce que tu me diras de faire ! Si je ne suis pas contente, je te le dirai aussi !

     - Moi aime femme comme ça ! Caractère ! Bien !

     Viens, travail maintenant ! »

     La pluie a cessé. Les travaux commencent tous azimuts pour construire le sauna ! Les compagnons creusent la gravière près de la forge, afin d’y faire circuler l’eau du grand fleuve Rhin, avec facilité, leurs nouveaux pouvoirs permettent de déplacer d’énormes rochers comme des fétus de paille !

     Bientôt , le grand fleuve Rhin a un nouveau bras !

     Dans la menuiserie, toute la famille Schwartz s’est mis à l’ouvrage, avec l’aide d’André Kahlm, le nouveau bûcheron, pour confectionner la roue à aube. Hector Strass est là pour sertir les pièces métalliques de la roue, son épouse Anne sertit les pièces avec une méthode dont elle a le secret, aidée par ses fils, Sylvain et Ignace. Bientôt, la roue est prête.

     Les compagnons creusent la rive de la gravière pour installer les poteaux qui supporteront l’axe de la roue. D’autres œuvrent pour le terrassement du sauna, et commencent à monter les murs de pierre, suivant le plan que j’ai dessiné. C’est une affaire qui roule !

     Vers midi, Ingrid apparaît dans la grande pièce, qui est appelée le foyer, dorénavant.

     « Mettre table ! manger maintenant ! »

     Et les femmes des compagnons dressent les tables en ligne cette fois, quatre grandes tables pour quarante-trois personnes.

     Bientôt elle revient avec des grands plats, qu’elle porte à distance devant elle, Alice souriante derrière elle téléporte aussi des plats et elles les posent sur les tables.

     Quatre voyages sont nécessaires pour amener toutes les denrées, les boissons les couverts, les assiettes, le tout en téléportation.

     Dans le Blauersland, les chantiers s’arrêtent, il n’est pas question de faire traîner le début du repas !

     Ingrid veut dire un mot, et attend que tout le monde soit là.

     « Alice ! Disciple ! Brave Alice ! Sait faire ! Bravo Alice ! » Et tout le monde applaudit Alice, qui a réussi l’exploit de se faire admettre par Ingrid !

     « Maintenant, manger ! » dit Ingrid.  Alice et elle s’attablent parmi les compagnons.

 

     Après le repas, tandis que les femmes aident les cuisinières à débarrasser les tables, faire la vaisselle et ranger la cuisine communautaire, les compagnons retournent à leurs chantiers.

     Dans la menuiserie, la roue à aube est prête, les hommes préfabriquent les bancs et les murs en bois qui viendront superposer ceux en pierre. Le toit aussi est prêt à être assemblé.

     Ce soir, le sauna sera prêt !

     Hector Strass, le forgeron, travaille à l’âtre qui sera installé au milieu du sauna, et construit la cuve qui le surplombera. Il a une idée qu’il me soumet.

     « Jacou, que penses-tu de mon idée : j’ai installé une cuve dans la pièce contiguë, la cuve est plus grande, et j’ai installé un grand âtre dessous pour chauffer plus d’eau ! Cela permettra à tous les compagnons de prendre des douches chaudes ! même sans chauffer le sauna ! La cuve dans le sauna servira à se rincer de ses suées.

     - Oui ! Bonne idée ! Mais il faudra trouver un moyen pour que l’eau ne soit pas trop chaude ! dis-je.

     - Pour ça, j’ai aussi eu une idée ! Regarde ! J’ai mis une deuxième cuve froide à coté de la cuve chauffée, deux tuyaux qui arrivent sur une manette qu’on tourne plus ou moins vers le coté froid pour mélanger l’eau chaude et l’eau froide. Chacun pourra ainsi doser la chaleur qu’il veut !

     J’ai pensé aussi à installer trois de ces manettes, afin de pouvoir prendre trois douches simultanément !

     - Tu es génial, Hector ! dis-je. Bravo ! Cela va être apprécié par la communauté ! »

 

     En fin d’après-midi, la roue est installée, et elle tourne ! La crémaillère aussi est posée, les godets d’eau arrivent jusqu'aux cuves, et par un système de flotteur la crémaillère est désactivée sur chaque cuve quand celle-ci est pleine.

     Enfin, après les murs, le toit du sauna est posé.

     Hector termine l’installation des âtres, et allume les feux. La chaleur emplit rapidement le sauna, alors qu’Albert et ses jeunes apprentis de fils,  les jumeaux Victor et Raoul, terminent d’installer les bancs.

     La fin de l’installation se fait nus, la chaleur est conséquente, maintenant !

     Dans la soirée, le sauna est opérationnel. La pièce de douche aussi ! Le feu ronronne et l’eau chauffe vite !

     Tout le monde est prévenu de se rendre au foyer.

 

     Adrien alors décide !

 

     « Nous allons l’inaugurer, ce sauna ! Mais pas tous les compagnons ensemble , il n’y a pas la place pour tout le monde en même temps !

      Nous allons en profiter chacune et chacun, à tour de rôle !

     Honneur à Ingrid ! dit-il. Alice sera avec elle, afin d’avoir fini pour préparer le repas, sa famille en profitera plus tard.

     Je viendrai aussi, ainsi que Hector et la famille Strass, et Albert et la famille Schwartz. Jacou, tu seras aussi des nôtres ainsi qu’Itzel et Akna, et Clément.

     Ensuite, ce sera le tour de la famille Kirou, ainsi que Pierre, la famille Muscat et la famille Pinot.

     Puis le tour viendra de la famille Pourse, la famille Dawes, et la famille Kahlm.

     Hector ! L’eau sera suffisante pour nous doucher tous ensuite ?

     - Il vaudra mieux se doucher derrière ! dit Hector, il y a plus d’eau et elle chauffe vite, avec l’âtre juste en dessous ! 

     - Une pile de serviettes est posée à l’entrée du sauna, afin que chacune et chacun en prenne une pour s’assoir dessus.

     Jacques Kirou a fourni des sabliers afin de ne pas rester trop longtemps, ils ont une durée de quinze minutes. »

 

     Adrien Rung va chercher Ingrid, c’est elle qui aura l’honneur de rentrer la première, nue, dans le sauna !

     « Ingrid ! Claironne Adrien. Bienvenue dans ton sauna ! Alice, tu viens aussi ! Ta famille viendra plus tard ! »

 

     Nous arrivons, Itzel, Akna, Clément et moi, en volant nus depuis la maison de Clément. Il ne fait pas chaud, bien que la pluie ait cessé depuis un bon moment, l’air est humide !

     Nous entrons dans le sauna, la chaleur est intense, et nous réchauffe instantanément, Clément a du mal, au début, à respirer ! Ingrid, Adrien et Alice sont déjà assis.

     Les familles Strass et Schwartz arrivent ensemble, ils se déshabillent hâtivement sous la chaleur du sauna ! ils prennent une serviette et écoutent les recommandations d’Akna.

     Le temps d’un sablier plus tard, nous sortons avec nos serviettes. Nos corps fument comme s’ils se consumaient ! Un grand nuage de vapeur en monte. Nous allons derrière le sauna tester les douches, elles fonctionnent très bien, mais gare aux brûlures si l’on ne rajoute pas d’eau froide ! L’eau chaude, elle, l’est vraiment ! 

     Pendant ce temps, les Kirou et les Muscat investissent les lieux, Akna va leur donner quelques conseils, notamment de prendre une serviette pour s’assoir dessus, et de ne pas rester plus que le temps d’écoulement d’un sablier !

     Que de découvertes, de surprises, quant à la transpiration générale du corps !

     Une fois sorties de l’enfer, comme l’a nommé Raoul qui n’a plus envie de copuler en ce lieu, les deux familles se sont relayées aux douches, l’eau est encore assez chaude !

     Les familles Pourse, Dawes et Kahlm  attendent leur tour dans le foyer, où les âtres sont maintenus en chaleur , elles prennent la suite au sauna, une fois que les précédents en sont sortis.

     La sortie de la dernière vague, un sablier plus tard, nous incite à y retourner, après avoir quand même ventilé le local, nous sommes resté nus dans la pièce de douches, grâce à l’âtre qui diffuse une belle chaleur en chauffant l’eau des douches.

     Avec les jumelles Mayas et Clément, nous y retournons pour une deuxième transpiration !

     Les autres, les familles Schwartz et Strass ont goûté, ont apprécié, mais une séance leur a suffit !

     Ingrid a apprécié, elle reviendra, dit-elle.

     « Maintenant, faire manger avec Adèle ! Table mise dans une heure ! » dit-elle encore. 

 

    Tout le monde se retrouve au foyer, chacun et chacune constate que sa peau est toute lisse, soyeuse, suite à la sudation !

    Tous les compagnons apprécient ce nouveau mode de vie, nu en cours d’automne !

    Un foyer, un sauna, de l’eau chaude pour se doucher, les compagnons sont ébahis et heureux de cette évolution !

     Le repas du soir est vite englouti, le sauna, ça creuse !

     Ingrid se lève, et un verre à la main, prend la parole.

     « Terveys ! dit-elle en levant le verre.

     Et tout le monde se lève, verre en main, et répète : « Terveys ! »

     Moi contente ! Sauna bien ! Kiitos compagnons ! Bravo !

     - Ca veut dire merci ! » traduit Adrien.

     Une fois débarrassées, les tables servent encore pour boire un verre, et discuter entre compagnons.

     Les jeunes, Marie Kahlm, Madeleine Kahlm, Marion Kahlm, Margot Kahlm, Jeannette  Kirou, Babette Muscat, Marion Schwartz, Josiane Pourse, Josette Pourse, Adèle Pinot, Clément Sandre, Jean Kirou, Roger Pinot, Sylvain Strass, Ignace Strass, José Pourse, Jérémie Pourse, Alfred Muscat, moi-même, Jacou Artz, Victor Schwartz, Raoul Schwartz, se sont réunis au fond près de l’âtre, et font des projets, notamment d’occupation lubrique du sauna !

     « On peut modérer la chaleur du sauna, dis-je, trop chaud, les efforts physiques seront vite exténuants ! Dans le village d’Itzel et Akna, nous l’avons fait, nous y avons passé la nuit entre jeunes ! »

     - Oh oui ! Oh oui ! » dit Raoul, déjà impatient… 

     A une autre table, Hector Strass et Albert Schwartz discutent de l’opportunité de mécaniser le soufflet de la forge avec l’énergie mécanique fournie par la roue à aube.

     Plus loin, attablés aussi, Adrien demande à André Kahlm s’il veut prendre une charge régulière.

     « Volontiers, Adrien ! Dis moi…

     - Tu seras responsable des âtres du foyer, ainsi que l’âtre des douches, que tu allumeras tous les matins. Tu t’occuperas de sortir les cendres aussi. Tu feras aussi des réserves de bois pour une utilisation journalière. Cela est dans tes capacités ?

     - Pas de soucis ! J’accepte avec plaisir ! Merci de me donner un beau rôle dans la communauté ! »

 

     Au fur et à mesure de la soirée, les compagnons prennent congé, et vont se coucher. Dehors, il fait frais ! Bientôt, les nuits seront glaciales !

Nouvelles technologies

 

     Le jour commence seulement à poindre. La nuit a été fraîche, le temps est encore humide de la pluie de la veille, et nous ne sommes plus loin de l’eau qui gèle !

     André Kahlm est déjà au boulot ! Il allume l’âtre de la salle de douche, puis ceux du foyer, les compagnons s’y donnent rendez-vous pour le petit déjeuner. André a quelques réserves de bois, il peut fournir quelques jours de chauffage pour les âtres, mais il va falloir trouver du bois de chauffe pour l’avenir.

     Tandis que ses filles Marie, Madeleine, Marion et Margot s’installent encore dans leurs nouvelles demeures, un appartement pour chacune d’elles, Alice, leur mère, est allée rejoindre Ingrid en cuisine.

     « Toi tôt ! Bien ! » dit Ingrid qui apprécie de plus en plus Alice. 

     Alice, en arrivant, allume aussitôt le fourneau de la cuisine, tempérant ainsi déjà le local, et leur permettant d’enlever leurs tuniques. Elles préfèrent travailler nues, elles se sentent plus à l’aise !

     Hector Strass et Albert Schwartz se sont donné rendez-vous pour construire un système qui actionnera le soufflet de la forge. En voyant l’installation en train de se construire, André soumet à Hector un système pour couper le bois en petits rondins, directement exploitables dans les âtres. Une scie qui sera animée par le mécanisme de la roue, comme le soufflet.

     Avec l’aide de quelques compagnons, il installe alors sa découpeuse de bûches, qui scie toute seule des rondins d’un pied, et selon la longueur de la lame, peut scier deux ou trois troncs simultanément.

     Albert y voit le potentiel pour couper des planches ! Il suffit de tourner la lame d’un quart de tour et de la faire osciller horizontalement.

     Il décide alors de monter au bord de la gravière, près de la roue à aube, un nouvel atelier de menuiserie, mécanique, celui-là ! Aussitôt dit, aussitôt fait ! Les compagnons montent des cloisons et un toit pour l’atelier de menuiserie.

     Au foyer, je suis en discussion avec mes condisciples et Clément. Nous proposons à Adrien, après en avoir parlé avec André, d’aller acheter du bois, dans les abattages forestiers du Nord de l’Austrasie, à Confluentes, Clément s’y est déjà rendu, il y a quelques temps, en revenant de Poitiers.

     En effet, le bois du Blauersland ne suffit plus à la vue de l’explosion de consommation, les âtres du sauna, des douches et du foyer, en plus des foyers des maisons.

     Les coupes pour cette année sont finies, il n’y aura pas assez de bois pour passer l’hiver, surtout s’il est aussi rude que ce qu’en disent les anciens.

 

     Adrien est d’accord.

     « Vous irez à Confluentes, et achèterez du bois pour cet hiver !

     - Il pourrait être acheminé par le grand fleuve Rhin, dis-je, en remorquant des barges depuis la rive ! »

     Nous nous préparons aussitôt pour ce voyage. Nous irons en volant, bien habillés avec nos arcs, évidemment !

Le dragon de la forêt

 

     Le moment du départ est arrivé, et nous nous envolons vers le Nord, Clément en tête, Akna et Itzel suivent, et je ferme la formation.

     Nous avons quelques monnaies d’or pour négocier avec les bûcherons de Confluentes.

     Le vol ne dure qu’un peu plus d’une heure, mais nous sommes content de nous poser, nous somme gelés !

     Nous arrivons au dessus de la forêt de Confluentes, et nous posons discrètement dans les futaies du sous-bois.

     Nous marchons jusqu’au bourg, au confluent de la rivière Moselle et du grand fleuve Rhin, et nous entrons dans une auberge pour nous renseigner, et boire de quoi nous réchauffer.

     Deux bûcherons sont là, et nous voyant, viennent vers nous.

     « Nous avons besoin de bras pour charger des grumes, notre grue est cassée ! dit l’un des bûcherons. A deux, nous n’y arrivons pas ! Pouvez-vous nous aider ? Nous vous payerons !

     - Oui, nous pouvons ! dit Clément. Et mieux que vous le pensez ! Mais d’abord, nous devons nous réchauffer !

     - Vous venez d’où ?

     - De Strateburgo !

     - A cheval ?

     - Non , à pied, et nous sommes gelés !

     - A pieds par la forêt ! Vous avez de la chance d’être encore vivants ! C’est là que vit le… la bête !

     L’aubergiste, Joseph Lefan,  nous ramène des boissons chaudes, sucrées, qui nous font le plus grand bien !

     - Que venez-vous faire en venant d’aussi loin à pied ? demande le deuxième bûcheron.

     - Nous venons acheter du bois !

     - Nous en avons ! Si vous payez bien, nous pouvons vous en fournir ! Combien en voulez-vous ?

     - Une centaine de muids !

     - Tant que ça ? Soit ! Mais cela fera…deux livres-or !

     - C’est cher ! Pour quand ?

     - Ils sont là, dehors. Venez !

     Et les compagnons sortent à la suite des bucherons. Effectivement il y a là des centaines de grumes, et plusieurs barges à charger.

     Aidez-nous à charger cette barge, il y va quinze grumes.

     -Vous allez voir ! dis-je.

     Et d’une main, je fais un geste qui décolle la grume du dessus de la pile, et je vais la poser sur la barge. Itzel en prend une aussi, Akna suit le mouvement, et Clément fait de même. En deux minutes, la barge est pleine, il n’y a qu’à la laisser partir et elle descendra le grand fleuve Rhin en suivant le courant.

     Les bûcherons n’en croient pas leurs yeux !

     « Vous êtes des sorciers ! Des mages ! Ou des druides aux pouvoirs inconnus !

     - C’est un peu cela ! dit Clément en souriant. Nous sommes les compagnons du Blauersland, au Sud de Strateburgo. Mais nous ne sommes ni des sorciers, ni des mages ! Nous avons ce pouvoir grâce à certaines plantes rares qui ne poussent pas par ici ! Mais il ne faut pas le répéter !

     - C’est incroyable ! Vous nous avez fait gagner une journée de travail éreintant ! Nous garderons votre secret !

     - Bien ! Alors, ces cent muids ?

     - Servez-vous !

     - C’est parfait ! Nous allons charger ces barges, nous vous les ramènerons une fois déchargées chez nous ! Voici deux livres-or pour le bois !

     Et nous chargeons six barges de quinze grumes, cela fait bien cent muids de bois !

     - Comment vous appelez-vous ? demande un des bûcherons.

     - Je suis Jacou Artz, voici Akna et Itzel Paca, et Clément Sandre.

     Et vous ?

     - Nous sommes les frères Chtauss, je suis Aloïs et voici Alfred.

     - Enchanté ! dis-je . Nous allons vous laisser, nous partons avec nos grumes !

     - Vous n’arriverez jamais à tirer les barges, dit Aloïs Chtauss, pour remonter le courant ! depuis les dernières pluies, il a doublé de force !

     - Nous n’allons pas tirer, mais pousser !

     Toutes les barges sont reliées ensemble, Nous montons sur la deuxième barge, et, de concert, nous poussons toutes et tous la première, qui flotte et remonte le courant, entrainant les autres.

     Sous les yeux ébahis des deux frères Chtauss, nous voguons ainsi en évitant les obstacles, des bateaux amarrés, des petites îles…

     Cela ne manque pas de me rappeler les traversées de la mer avec mes condisciples Itzel et Akna, et mon maître Sirius !

     Tranquillement, après quelques heures de poussage de barge, nous arrivons en vue du Blauersland.

     Je vais prévenir de notre arrivée, et bientôt les compagnons s’attèlent à décharger les barges.

     André est satisfait, cela fera une belle réserve de bois ! Il a déjà prévu un abri à côté du nouvel atelier de menuiserie, pour stocker ces cent muids de bois !

     « Tous les compagnons pourront prendre une douche chaude chaque jour ! » annonce-t-il à Adrien Rung. 

     Je dis à Adrien que je ramène les barges aux bucherons de Confluentes, et je voudrais en savoir plus sur cette bête dans la forêt, dont m’ont parlée les bûcherons.

     «  Emmène les filles avec toi, on ne sais jamais !

     - D’accord ! Itzel et Akna, venez, nous ramenons les barges ! »

     Nous empilons les six barges l’une sur l’autre, et montons dessus, laissant le courant nous emporter.

     Nous naviguons doucement, au gré du courant, pour arriver en début d’après-midi à Confluentes. Nous nous apercevons que nous n’avons pas encore mangé !

     Nous arrivons à l’auberge après avoir accosté, l’aubergiste, Joseph Lefan,  nous reconnait, et nous houspille :

     « Vous êtes partis sans payer, ce matin ! 

     - C’est ma foi vrai ! Nous voulions aller aider les bûcherons, et nous ne sommes pas revenus !

     Sortant ma bourse de la poche intérieure de ma tunique, je sors un denier d’argent, largement de quoi payer nos boissons de tantôt !

     Et maintenant, Joseph, pourrais-tu nous servir un repas, nous n’avons pas encore mangé !

     - Volontiers, nobles étrangers ! Asseyez-vous, je vous ramène déjà une pinte de vin pour patienter ! »

     Et nous goûtons ce vin, excellent au demeurant !

     L’aubergiste nous sert un bon repas. A la fin, il nous ramène une sucrerie, avec un verre de gnole.

 

     « Puis-je vous poser une question ?

     - Oui mon garçon, vas-y ! dit Joseph.

     - Que pouvez-vous nous dire de la bête qui est dans la forêt ? Il paraît que c’est un dragon ?

     - C’est tabou ! il ne faut pas prononcer son nom ! ça porte malheur !

     - Bien ! alors répondez juste à mes questions, d’accord ?

     - Vas-y ! Mais je ne dirai pas son nom !

     - Depuis quand est-il dans la forêt ?

     - Depuis cet été !

     - Qui l’a vu ?

     - Ceux qui l’ont vu sont morts ! Trois hommes de Confluentes y sont allés, ils ne sont jamais revenus !

     - Alors, qui vous l’a dit que le… qu’il était dans la forêt ?

     - On a aperçu son ombre !

     - Est-ce qu’il y a quelque chose dans la forêt, demande Akna, à part des arbres et ce… et lui ?

     - Il y a la vielle mine, dit alors Joseph Lefan. Il parait qu’il y aurait de l’or, mais personne n’ose le vérifier !

     - Ah ! Voilà la clef du mystère !

     - Vous n’allez pas y aller ! Il vous rôtira !

     - Non, dis-je en souriant. Mais nous sommes fatigués ! Pouvez-vous nous louer une chambre pour la journée ?

     - Oui, ça peut se faire ! »

     Et je paye les repas, le vin, les gnoles, et la chambre, l’aubergiste nous y emmène.

     Une fois seuls, nous nous déshabillons, nous faisons un baluchon de nos tuniques, puis, nus et invisibles, malgré le froid nous nous envolons discrètement par la fenêtre de la chambre, avec nos baluchons et nos armes, et gagnons la forêt.

     Nous cachons nos baluchons et nos armes sous un tronc, et nous commençons à explorer la forêt. Bientôt, nous trouvons l’entrée de la mine, il y a six chevaux dont trois sont sellés, accrochés à l’entrée de la mine, des braises d’un feu sont encore rouges, il a servi il y a peu de temps !

     Une grosse structure en bois, ressemblant bien à l’image qu’on peut se faire d’un dragon est posée là, probablement pour faire fuir les intrus !

     Nous pénétrons dans la mine, nos visions nocturnes sont efficaces, nous voyons clair.

     Trois hommes sont là, assis près d’une lanterne, à côté d’une pinte de vin, deux arcs et une arbalète à côté d’eux. Six autres hommes, en guenilles, creusent la roche, des chaines aux pieds, éclairés par des lanternes posées derrière eux. Manifestement, ils sont prisonniers et esclaves des trois hommes !

Mentalement, nous tenons conseil.

     « Nous devons liquider ces hommes et libérer les prisonniers !

     - J’ai une idée ! dit Itzel, sortons !

     Une fois dehors, Itzel expose son plan !

     - Nous allons animer le dragon ! Jacou ! Vas chercher nos armes et nos baluchons ! Akna et moi allons faire un bon feu !

     Nous allons les forcer à sortir ! Nous mettons le feu au dragon et le faisons hurler ! Etant invisibles, on peut approcher sans craintes !

     Je reviens, les arcs et les baluchons sont cachés non loin de l’entrée.

     Et la mise en scène commence.

     D’abord, les filles hurlent vers l’entrée de la mine .

     « Le dragon ! Aaaaah ! Au secours ! »

     Les trois bandits accourent, armes en mains pour voir ce qu’il se passe, et tombent en face du dragon qui hurle et crache du feu, des braises sortent de sa bouche.

     Les bandits sont terrifiés, et tirent sur la bête en bois, qui s’enflamme alors !

     « Mais qui a crié ? demande un des bandits.

     - C’est moi, dit Itzel , à gauche, invisible. Non, c’est moi dit Akna, à droite !

     - Non ! c’est moi ! » dis-je, au dessus des bandits.

     Ils tirent alors leurs flèches dans tous les sens, nous récupérons nos arcs, et les tuons sans sommation, d’une flèche en pleine tête !

     Le dragon n’est plus qu’un tas de bois qui brûle !

     « Habillons-nous, et allons délivrer ces pauvres bougres ! »

     Nous confectionnons des torches, et pénétrons à nouveau dans la mine. Visibles, cette fois ! Les prisonniers, nous voyant revenir, croient que ce sont leurs bourreaux et se remettent fébrilement à piquer la roche et casser les cailloux.

     « N’ayez aucune crainte ! Nous sommes venus vous délivrer ! Savez-vous où sont les clefs des chaines ?

     - Oui ! C’est Harold, leur chef qui les a !

     - Et où est-il, Harold ?

     - En ville, pour vendre l’or !

     - Bien ! Vous pouvez marcher, à petits pas, pour sortir d’ici ?

     - Oui, sortons ! »

     Quand ils arrivent à la sortie de la mine, ils sont aveuglés par la lumière, cela faisait des jours qu’ils n’étaient pas sortis !

     - Bon, vos chaines sont solides, dis-je, à moins d’avoir des outils, nous n’y arriverons pas !

     Décrivez-moi Harold !

     - Harold est un grand gaillard, il vient du Nord ! Il a une tignasse rousse et des bracelets de force aux poignets. Il porte une hache à la ceinture !

     - Quel personnage sympathique ! dit Akna.

     - Itzel et Akna ! Vous voulez bien rester là, avec eux, dis-je, je vais chercher un chariot pour les ramener chez le forgeron ! Si je vois Harold, je le ramène aussi ! S’il vient entretemps, vous savez quoi faire !

     - Il est très dangereux ! Vous n’aurez aucune chance contre lui ! dit un des prisonniers.

     - Nous savons nous servir de ça !  dit Itzel en soulevant son arc en direction des trois trépanés. »

 

     Je prends mon arc et m’en vais à pied, jusqu’au prochain fourré. Là, je m’envole, et arrive sur le quai des barges. Je me pose derrière les piles de grumes, et arrive devant.

     Les deux bûcherons, Aloïs et Alfred Chtauss, sont là, étonnés de voir leurs barges empilées et amarrées au quai.

     « Bonjour ! dis-je. Je vous ai ramené vos barges !

     - C’est gentil, mais cela n’était pas urgent !

     Je cherche un chariot. Où pourrais-je en trouver un ?

     - Chez Émile, l’éleveur de chevaux ! Derrière la forge, à côté de l’orfèvre !

     - Merci les frangins ! Je reviendrai défaire cette pile de barges ! Et les charger pour vous, si vous le voulez ! »

     J’arrive chez Émile, et pendant que je discute du prix d’un chariot, que je ne veux que louer pour une heure, je vois sortir Harold de chez le joailler, monter à cheval, et partir au galop.

     Je préviens mentalement Les filles, qui mettent les prisonniers à l’abri, et s’embusquent ensuite, nues et invisibles.

     Seuls deux arcs bandés d’une flèche trahissent leur présence.

     Harold arrive effectivement, voit le dragon réduit en cendre et ses trois compère raides avec une flèche dans la tête, il rentre dans une rage folle mais se calme aussitôt, deux flèches viennent de lui transpercer la poitrine.

     Il tombe lourdement en arrière, les yeux grand ouverts, mort.

     Itzel s’approche de lui, le fouille et trouve une bourse rempli d’argent et d’or, ainsi que les clefs des chaines.

     Elle se rend visible, et dit aux prisonniers de sortir de leur cachette ! Elle s’approche d’eux, leur ouvre les chaines qui les entravaient, ils sont immobiles, avec les yeux tout ronds ! ils ont récupéré, voient à nouveau clair, et constatent qu’Itzel est complètement nue , mais ne mouftent pas mot !

     J’arrive à ce moment-là, avec un chariot, et dis à Itzel :

     « Tu pourrais t’habiller en présence de ces hommes ! 

     - Je n’y ai pas prêté attention ! Nous avons liquidé Harold et récupéré les clefs des chaines !

     Akna arrive, dans la même tenue de peau. Les six hommes sont éblouis par ces deux beautés identiques !

     -Allons ! Habillez-vous, et ramenons ces hommes à la civilisation ! »

     Les jumelles se rhabillent, et aident les hommes à grimper dans les chariots. Ils sont faibles, avec les stigmates de coups qu’ils ont reçus des bandits.

     Puis elles pénètrent dans la mine, et sortent avec deux pelles, et creusent vite fait un trou dans lequel elles  ensevelissent les quatre cadavres, après les avoir dépouillés. Leurs frusques sont brulées, et avec des seaux d’eau qu’elles ont trouvés en réserve dans la mine, elle éteignent les braises du dragon. Et nous voilà partis, les chevaux attachés derrière le chariot.

 

     Pendant le voyage, nous faisons connaissance de nos passagers.

     « je suis Fernand Delle, j’ai trente cinq ans, voici mes frères Armand et Yvon, des jumeaux de trente deux ans.

     Fernand est un grand homme, de six pieds six pouces, blond, ses frères sont comme lui.

     Nous habitons à Confluentes, avec nos épouses et nos enfants ! Elles vont être contentes de nous voir ! Cela fait dix jours que nous avons été capturés par les bandits. Nous voulions prendre des bois souples dans les futaies au bord de la forêt, pour confectionner des paniers…

     - Nous, nous venons de Fürst, un village en amont, nous venions acheter des denrées quand ces bandits nous sont tombés dessus dans la forêt. Trois de ces chevaux sont les nôtres ! Je suis Jean Mèhre, quarante ans, voici mon cousin Paul Mèhre, trente six ans, et son compagnon Georges Marchet, trente cinq ans.

     Jean est un grand brun de six pieds huit pouces, Paul est brun aussi, six pieds sept pouces, et Georges est blond, de six pieds six pouces.

     - Enchantés messieurs ! Voici Akna et Itzel, mes compagnes, moi je suis Jacou Artz, j’ai quatorze ans.

     - Tu as bien de la chance d’avoir deux compagnes comme elles, à ton âge ! dit Jean Mèhre.

     - Je le concède, je suis un garçon comblé !

     Nous arrivons devant l’auberge, tandis qu’Itzel et Akna aident les six infortunés à descendre, je m’enquiers de faire venir les familles Delle, et le médecin du bourg.

     Joseph Lefan est étonné de nous voir arriver par la porte d’entrée, il nous croyait au lit, en train de forniquer, ou de dormir !

     « Aubergiste, ces hommes ont besoin de soins ! Le médecin arrive ! Mais ils ont grand soif, aussi, et nous itou ! Amène-nous ton meilleur vin !

     - Tout de suite ! Et il ramène deux pintes de vin et des godets pour tout le monde.

     - On vous croyait morts, grillés par le… mais il n’en dit pas plus !

     - Vous pouvez dire le dragon ! dis-je alors.  Nous l’avons brulé, et libéré ces hommes ! Il n’y a jamais eu de dragon dans cette forêt ! C’étaient quatre bandits qui ont fait creuser le filon d’or de la mine par ces hommes, et qui ont inventé cette histoire de dragon pour être tranquilles ! Ils avaient construit un dragon de bois, nous l’avons brulé ! Et nous avons tué et enterré les bandits ! »

     Le médecin, Hector Franklin, arrive et examine les hommes un par un. Il a avec lui une assistante, Genièvre Siste, qui s’occupe de nettoyer et panser les plaies.

     Les familles Delle arrivent en pleurant, les femmes avec leurs enfants sont folles de joie à revoir leurs maris et pères ! L’auberge se remplit à l’annonce de ces faits d’armes, je dis à Joseph de mettre des pintes et des godets à disposition de tout le monde gracieusement, je lui paierai grassement ces dépenses ! Il n’hésite pas sachant que je suis plutôt bon payeur !

     Les frères Aloïs et Alfred Chtauss arrivent aussi à l’auberge.

     « Je savais que c’était toi, me dit alors Aloïs. Mais je ne dirai rien ! Peux-tu venir charger les barges comme tu l’as dit ?

     - Ce sera fait ! Nous nous en occuperons avant de partir ! Buvez un verre ! C’est la maison qui offre !

     Aubergiste ! Tu vas fournir un repas à ces gens, et leurs familles ! Nous mangerons aussi, mes compagnes et moi !

     - Mais qui êtes-vous ? demande un client de l’auberge.

     - Nous sommes des compagnons de la liberté, dis-je, nous parcourons le Monde, et combattons les injustices et les crimes ! Nous sommes en ce moment les invités des Compagnons du Blauersland, en amont, à côté de Strateburgo ! »

     Et pendant que tout le monde mange et boit à satiété, je sors avec les frères Chtauss, je prends mon arc, et nous allons nous occuper des barges.

     Une fois les barges dépilées, avec les quatre déjà sur la berge, il y a dix barges à charger. Je m’y attèle, un fût après l’autre, les frères Chtauss s’occupent à lier les troncs une fois les barges chargées, et bientôt, les dix barges sont chargées de quinze troncs chacune.

     Nous retournons à l’auberge, les familles Delle s’en mettent plein la panse ! Cela fait longtemps qu’ils n’ont pas bâffré de la sorte !

     La nuit est tombée, Je règle les consommations de la soirée, les repas, puis distribue, du contenu de la bourse d’Harold, une pièce d’or à chacun des six malheureux qui ont extrait le minerai d’or. Je paie aussi les chambres pour les trois hommes de Fürst, qui ne retourneront que demain chez eux.

     L’aubergiste nous propose :

     « Restez dormir ici ! dit il. Je vous invite !

     - Grand merci Joseph ! dis-je. Mais nous devons poursuivre notre route !

     - Vous allez partir, de nuit ? Mais la forêt est pleine de dangers !

     - Oh ! Plus de dragons, en tous cas ! » Et tous les clients encore à l’auberge rigolent de bon cœur ! Ils n’en menaient pas large, tantôt, avec ce dragon !

 

     Nous nous mettons en route, à pied, avec nos arcs, et disparaissons dans la nuit.

     Aussitôt, nous nous rendons invisibles dans nos vêtements, et grâce à notre vision nocturne, nous arrivons rapidement au Blauersland, bien refroidis ! Nous nous rendons aussitôt au foyer, où les âtres ronronnent, entretenus par André. Une fois réchauffé au coin de l’âtre, je raconte notre aventure, le dragon, les esclaves et leur libération, et la liesse dans l’auberge de Confluentes.

     Les filles racontent volontiers la tête qu’ont fait les prisonniers quand elles ont réapparu, nues devant eux !

 

     André nous raconte les progrès effectués et apportés par le mécanisme de la roue, le soufflet du forgeron, le bois découpé et rangé à l’abri, l’atelier de menuiserie, et le sauna qui ne désemplit pas, les compagnons ont pris goût à ce bien-être !

     « Jacou ! dit Marie Kahlm, tu te souviens nous avoir parlé des pratiques au sauna du village maya ! Nous voudrions que tu nous fasses voir de quoi il en retourne !

     - Volontiers ! Mais il y fait trop chaud ! Nous devrons attendre que la température baisse ! Pouvons-nous organiser cela plutôt demain, André modérera le chauffage !

     - Bien ! dit Marie, nous allons organiser cela !

     Dehors, la Lune est pleine, il fait de plus en plus froid ! Les flaques d’eau commencent à geler, et le vent glacial ajoute à ce ressenti de froid !

Le sauna des jeunes

 

     Le lendemain, André allume les âtres, L’eau dans les godets de la crémaillère, qui ne tourne plus quand les cuves sont pleines, a gelé ! Tout le système est figé par le gel.

     La roue à aube, elle, tourne toujours ! Le courant et les remous empêchent l’eau de se figer. Les cuves de la douche et celle du sauna n’ont pas gelé, abritées et protégées par les braises des feux de la veille. Mais s’il gèle plus fort, les cuves aussi risquent de geler ! Il va falloir entretenir un feu minimum pour éviter cela ! Ce qui signifie une garde de nuit pendant toute la saison froide !

     Les compagnons creusent alors une tranchée sous la crémaillère, et y disposent des braises qui font fondre l’eau dans les godets, pendant son transport vers les cuves. Ainsi, même en cas de gel, l’eau arrivera dans la cuve est sera chauffée pour les douches des compagnons ! Cela consommera encore plus de bois, mais la douche quotidienne est devenue un bienfait nécessaire à la communauté du Blauersland !

     Après le petit déjeuner, les compagnons se mettent d’accord pour instaurer une veille de gel toutes les nuits d’hiver. Cela consistera aussi à fournir des braises pour le chemin de la crémaillère !

     « Ne t’inquiète pas, André, dit Adrien Rung, nous allons t’aider à gérer cela ! Ensemble, nous y arriverons ! 

     - Je vais installer un âtre pour faire des braises, non loin du chemin de la crémaillère ! dit Hector Strass, cela facilitera le chauffage de la crémaillère !

     Pour la soirée des jeunes au sauna, Marie a pris les choses en mains !

     Elle convoque pour l’après-midi, après le repas, au foyer, toutes les jeunes filles :

      Marie, Madeleine, Marion Kahlm, Margot, Jeannette, Babette, Marion Schwartz, Josiane, Josette, Adèle ;

     Et tous les jeunes garçons :

     Clément, Jean, Roger, Sylvain, Ignace, José, Jérémie, Alfred, Jaco, Victor et Raoul. 

 

     Elle vient alors me solliciter, en l’occurrence pour les potions que je possède, et qui permettent des nuits sans fin! Je lui promets de faire ce qu’il faut, pour que cet après-midi nous vivions toutes et tous une superbe partie !

     A peine suis-je sorti du foyer, que la neige commence à tomber ! l’hiver est déjà là, alors que nous sommes en octobre !

     Ingrid arrive, avec Alice qui la suit, pour installer les tables pour le déjeuner.

     « Pas bien ! Neige sur moi, sur Alice, sur manger ! Froid ! Faire toit !

     - Bonne idée, Ingrid ! Nous allons construire cela tout de suite !

     - Non ! D’abord manger ! Prêt ! Après faire toit ! »

 

     Une fois le repas fini, les compagnons s’attaquent à la  construction d’un toit qui recouvrira le chemin et des parois pour faire un couloir à l’abri des intempéries entre la cuisine communautaire et le foyer.

     Les jeunes sont toutes et tous là, impatients d’aller au sauna !

     Akna et Itzel installent les couvertures et autres peaux sur le sol et les bancs du sauna, un coin des boissons est aussi aménagé.

 

     Et enfin, les jeunes peuvent accéder au sauna, après avoir pris une douche chaude. Des chandeliers sont installés en hauteur, afin d’éclairer les ébats, et la fête commence. Les jumelles Mayas sortent alors, et retournent au foyer, avec les anciens et leurs commentaires sur la sexualité débridée des jeunes.

     Tard dans la soirée, Itzel et Akna retournent au sauna. Beaucoup de jeunes garçons dorment, les filles se font du bien entre elles…

     Itzel et Akna réveillent les garçons, et les emmènent sous la douche, derrière le sauna. Puis c’est le tour des filles de se faire traîner sous la douche. La neige continue à tomber, et c’est dans un pied de neige que les jeunes se traînent jusqu’aux douches. Une bonne douche bien chaude, puis une tunique qui emmitoufle bien le corps, des chaussons chauds, et les voilà prêts à manger pour le repas du soir.

     Ils ne font pas long feu, les jeunes, et après avoir mangé, s’en vont dans leurs maisons pour y passer la nuit, au chaud sous les couvertures.

     André vient au sauna, charger l’âtre pour une séance nocturne de sauna, ses filles Marie et Madeleine sortent à ce moment-là accompagnées par Clément et moi.

     « Nous allons manger un morceau ! dit Madeleine, nue dans la neige, comme nous autres..

     - Prenez d’abord une douche! » dit André.

     Après une douche chaude, nous enfilons une tunique et allons nous restaurer.

     Nous remarquons le couloir couvert du chemin de la cuisine. Décidément, une innovation tous les jours, au Blauersland ! La trémulonde n’y est pas étrangère !

     Toute la nuit, la neige a continué de tomber. Près de deux pieds de neige recouvrent la gravière, l’eau coule toujours dans le bras du grand fleuve Rhin, et la roue tourne sans arrêt !

 

     Les jours passent, il neige presque tous les jours, et l’eau ne dégèle plus la journée.

     C’est l’hiver. Nous passons le plus clair de notre temps libre au foyer, nus, l’endroit est chauffé en permanence, André y veille !

     Le chemin de la crémaillère a été recouvert, c’est maintenant un tunnel à l’abri de la neige, avec des puits pour y glisser la braise.

     Le sauna sert tous les jours, Pierre Kirou met en garde les compagnons d’une utilisation trop fréquente, qui élimine trop de bons éléments et en finalité a un effet contraire au but recherché, car il affaiblit le corps.

     Un de mes plaisirs quand je sors du sauna, bien chaud, et de me jeter dans la neige ! le choc thermique est terrible ! Un gros nuage de vapeur s’élève alors que la neige fond sous et autour de moi. Mais il neige souvent, et les témoignages de mes bains de neige disparaissent vite.

Les chasse-neige

 

     Un jour, le matin après le petit déjeuner, Clément et moi sommes mandés par Adrien Rung. Nous y allons en volant, il y a bien trois pieds de neige maintenant !

     « Nous manquons de nourriture, nous n’avons plus de poissons, ni de farine ! Il faudrait que vous alliez faire des achats à la grande ville de Confluentes, on ne trouve plus de poisson à Strateburgo !

     - Soit ! dis-je, j’irai avec mes condisciples Akna et Itzel !

     - Je viens avec vous ! dit Clément. Nous ne serons pas trop de quatre pour porter toutes les denrées ! Allons nous entretenir avec Ingrid ! Je demande aux jumelles de nous rejoindre chez Ingrid.

     Ingrid nous dresse la liste de ce qui manque pour tenir jusqu’au printemps.

     - Ca faire lourd ! Quatre pas suffire ! Moi avec !

     - Non, Ingrid, dit Clément, c’est mieux que tu restes ici avec Alice. Nous allons demander à deux jeunes de nous accompagner !

     Jean Kirou et Roger Pinot sont donc mandés mentalement à la cuisine communautaire. Quand ils arrivent je leur explique la mission, ils sont partants, et nous allons chacun chez soi prendre des vêtements chauds et étanches pour le voyage. Il neige encore et ce sera pénible !

     Et c’est le départ vers Confluentes, que nous atteindrons dans une heure.

     En arrivant dans la forêt, non loin de la mine, nous nous posons, et confectionnons un grand chasse-neige que nous pousserons à distance !

     Et nous voilà partis à pied, un chemin s’ouvre devant nous, nous faisons le chemin jusqu'à l'auberge.

     Dans le bourg, les rues sont plus ou moins dégagées, une charrette y passe tout juste, et pas dans toutes les rues ! Souvent ce n’est qu’un sentier entre des murs de quatre à cinq pieds de neige !

     L’aubergiste, Joseph Lefan me reconnaît malgré mes vêtements qui me couvrent la moitié du visage.

     « Salut Joseph ! Six bons grogs pour six voyageurs gelés ! Tu peux nous faire ça ?

     Joseph est sidéré ! Nous ressemblons aux bonhommes de neige que confectionnent les enfants !

     « Vous êtes venus à pied ! Ce n’est Dieu pas possible !

     Il voit notre construction et le chemin dégagé derrière nous.

     Mais comment faites-vous ? demande-t-il, interloqué !

     - Montrez lui ! » dis-je en mettant mentalement au point un plan avec mes compagnons.

     Les garçons Jean, Roger et Clément, Itzel et Akna se placent derrière la structure de bois, et font semblant de la pousser.  La structure alors avance, en poussant la neige sur le côté !

     trente pieds plus loin, je les appelle !

     « Venez d’abord vous réchauffer ! »

     Et nous rentrons dans l’auberge, nous nous déshabillons pour ne garder qu’une tunique, un âtre nous rechauffe rapidement, et la gnole chauffée avec des herbes, nous ravit le gosier !

     « Vous êtes très forts, pour pousser une telle quantité de neige ! dit Joseph.

     - L’union fait la force ! dit Akna, en montrant ses biceps.

     -  Certes ! Mais que nous vaut l’honneur de votre venue ? Avez-vous eu vent d’un autre dragon ?

     - Que nenni ! dis-je. Nous venons acheter des vivres pour notre communauté ! Pouvons nous déposer nos achats dans ton auberge ? Nous mangerons ici et repartirons si tôt après.

     - Bien sûr ! Ma maison est la votre !

     Une fois réchauffés, nous nous rhabillons chaudement, et allons pousser notre chasse-neige jusqu’au port, là ou se trouvent les échoppes, dont celle du poissonnier. Nous poussons la neige dans le fleuve, dégageant la place devant les échoppes.

     Nous achetons cinquante livres de poisson séché. Tandis que Jean ramène le poisson à l’auberge, nous allons dans l’échoppe suivante, qui vend de la farine, des pois puis une troisième échoppe qui nous fournit de la mélasse, et vingt pintes de vin.

     Les filles portent le vin jusqu’à l’auberge, en tous cas en donnent l’impression de porter ces quarante livres comme si c’était une !

     Dans l’apothèque, nous achetons des bougies, quelques onguents dont Pierre Kirou nous a donné la liste, et une fiole d’acide pour l’orfèvre, Anne Strass, l’épouse d’Hector, le forgeron.

     Nous avons fini nos achats, et nous retournons à l’auberge, en poussant notre chasse-neige à vide..

     Joseph nous attend, Jean est en train de déguster un bon vin, les filles apprécient la gnole du coin, en tuniques !

     Nous mangeons de bon appétit, puis nous nous rhabillons encore une fois, pour le chemin du retour.

     Je paie grassement notre repas, puis nous accrochons nos emplètes sur le chasse-neige, et partons en le poussant.

     Arrivés à la mine, nous continuons à pied, pour dégager la neige sur notre passage. Nous arrivons à la sortie de la forêt, et abandonnons là notre structure, nous nous chargeons des denrées achetées, et nous nous envolons jusqu’au Blauersland. Nous atterrissons devant la cuisine. Mission accomplie ! Ingrid est contente ! Sa réserve est à nouveau fournie !

     Arrivés au foyer, grelottants, nous nous déshabillons prestement devant l’âtre, et nous sommes enfin nus, bien au chaud !

     « Je suggère que l’on dégage le chemin depuis le Blauersland jusqu’à Confluentes, dis-je. Pour livrer du bois, si le fleuve est gelé, pour livrer des pierres, si l’hiver perdure, et pour acheter des victuailles, en quatre heures de cheval c’est faisable.

     - Oui Jacou, on peut le faire ! dit Clément. Mais il nous faudra toute une journée de marche pour cela ! Un peu moins à cheval, mais en marchant à l’aller, on peut revenir en volant !

     - En s’y mettant à plusieurs, ce sera facile ! dit Akna !

     - Mais en volant, nous ne mettons qu’une heure ! dit alors Jean Kirou.

     - Et nous arrivons bien gelées ! dit Itzel, et il ne fait pas encore très froid ! Quand le solstice d’hiver arrivera, la glace fera jusqu’à un pied d’épaisseur, m’ont dit les compagnons !

     - Il ne neigera plus beaucoup, tant qu’il gèlera ! dit alors Adrien. Ce serait effectivement le moment, avant que la neige soit trop dure !

     Qui est volontaire pour ouvrir le chemin de Confluentes ? »

     Les jeunes sont tous volontaires. Jean Kirou, dix neuf ans, Roger Pinot, dix neuf ans, Sylvain, dix neuf ans et Ignace Strass, dix sept ans, José, dix sept ans et Jérémie Pourse, quinze ans, Alfred Muscat, quatorze ans, et même les plus jeunes, Victor et Raoul Schwartz, douze ans.

     Les filles aussi veulent participer ! Marie, vingt cinq ans, Madeleine, vingt trois ans, Marion et Margot Kahlm, vingt ans, Jeannette  Kirou, dix neuf ans, Babette Muscat, dix huit ans, Marion Schwartz, dix huit ans, Josiane, dix huit ans et Josette Pourse, dix huit ans, Adèle Pinot, dix sept ans.

     « Bien ! Très bien ! Devant l’afflux de volontaires nous allons faire trois équipes !

     Une équipe dégagera le chemin jusqu’à Confluentes, une équipe s’occupera de la route du Sud, jusqu'à Brizach, en passant par Haegen, Rouffach et Sasbach.

     La troisième équipe ira jusqu’à Strateburgo !

     - Mais nous allons nous dévoiler, à pousser à distance les chasse-neige ! dis-je. J’ai une idée ! Avec trois chevaux, et des troncs qui viennent à leur avant, nous pourrions accrocher les chasse-neige devant les chevaux, donnant l’illusion que ce sont eux qui poussent.

     - Bonne idée, Jacou ! dit Clément. Nous pourrions atteler aussi trois chariots pour d’une part transporter nos nourritures, armes, vêtements chauds, et d’autre part, revenir avec des marchandises !

     - Jeannot Pinot ! demande alors Adrien. Combien de chevaux as-tu ?

     - Suffisamment, Adrien ! Je vais les sortir tous, cela fait un moment qu’ils sont à l’écurie !  Il y en a quinze, et j’ai bien trois chariots bâchés pour y atteler deux chevaux à chacun !

     - Parfait ! Alors, compagnons, nous allons construire trois chasse-neige ! Albert ! Tu seras le maître d’œuvre pour ces constructions !

     - Pas de soucis ! dit Albert Schwartz. Pour travailler à l’aise, je propose de les construire ici au foyer, au chaud ! Nous aurons fini dans la soirée !

     - Vas-y, Albert ! Compagnons, faisons la place pour Albert !

     Nous laissons la place devant l’âtre du fond, et nous nous serrons près de la porte d’entrée.

     Jeannot, peux-tu préparer tes chevaux pour demain matin ? Ils vont passer la journée dehors ! Habille-les !

     - Oui, je m’y mets dès maintenant avec mon épouse et mes enfants !

     - Il nous reste à désigner les heureux déneigeurs !

     Nous allons tirer au sort !

     Sur les neuf chevaux, poussant les chasse-neige :

 

     Neuf personnes ! Celles qui tireront les neuf bâtons colorés seront désignées. Il y a des embouts, rouge, jaune,  bleu et blanc ! Les rouges iront à Confluentes, les jaunes au Sud et les bleus à Strateburgo ! Les blancs iront dans les chariots !

 

     Les rouges : Adèle Pinot, Alfred Muscat et Marion Schwartz.

     Les jaunes : Sylvain Strass, Margot Kahlm et Madeleine Kahlm.

     Les bleus : Josiane Pourse, Victor Schwartz et Roger Pinot.

     Bien ! Maintenant, on recommence avec les personnes qui seront dans les chariots ! Neuf bâtons, la couleur fera loi !

 

     Les rouges : Ignace Strass, Raoul Schwartz et Jeannette  Kirou.

     Les jaunes : Marion Kahlm, José Pourse et Marie Kahlm.

     Les bleus : Babette Muscat, Jérémie Pourse et Josette Pourse.

     - Vous remarquerez, dit Marie Kahlm, que le sort à décidé que les sœurs Kahlm iront toutes au Sud ! C’est un retour au sources ! dit-elle en riant. Et toutes les sœurs Kahlm rient de bon cœur avec elle.

     - Si vous voulez, dit Adrien, on peut changer !

     - Non ! Le sort en a décidé ! C’est ainsi !

 

     Bien ! nous avons encore besoin d’éclaireurs ! Jean Kirou, tu seras l’éclaireur des bleus ! Clément Sandre, tu seras celui des rouges, et Jacou Artz, si tu veux bien, celui des jaunes !

 

     - Bien, tout est dit ! Ingrid et Alice vont vous confectionner des repas froids, pour vous nourrir en route.

     - Je peux améliorer cela ! dit alors Hector Strass, le forgeron. J’ai quelques braisiers dans ma forge, je peux en installer trois dans les chariots, si tu me les mets à disposition, Jeannot !  Comme cela, il pourront manger chaud, et se réchauffer de temps en temps ! On chargera une provision de bois pour cela !

     - Nous nous occupons des chargements de bois, et des braisiers ! dis-je, avec mes condisciples ! Nous amenons les chariots à la forge !

     -Tout cela est parfait ! dit Adrien.

     Et pendant qu’Albert et ses enfants confectionnent les chasse-neige, les femmes compagnons dressent la table dans un coin, le souper va être servi !

     Le repas du soir est vite expédié ! toutes et tous ont à faire pour la mission des compagnons demain !

     Nous avons vite fait, Akna, Itzel et moi,  d’installer les braisiers dans les chariots, et une bonne quantité de bûches.

 

     Une fois les tables débarrassées, les mets pour demain préparés, la soupe d’Ingrid mixée, les femmes décident d’aller se faire suer au sauna.

     « André ! Le sauna est-il chaud ? demande Alice. Ingrid l’aime bien chaud !

     - Pas de soucis, il est à point ! » répond le bûcheron.

     Les femmes se déshabillent alors dans le foyer, Les Mayas se joignent à elles, et nues, se dirigent vers le sauna.

     Ingrid en tête, Alice, Itzel, Akna, Martine, Anne, Berthe, Marie, Monique et les deux Isabelle s’engouffrent dans le sauna, elles ne veulent pas traîner nues dehors, il gèle bien ce soir !

     Cette nuit, c’est au tour de Roger Pinot d’être de garde pour les braises du tunnel de la crémaillère.

     Après deux sorties sous la douche chaude, elles tentent une troisième séance, mais cela devient trop chaud ! Elles décident alors d’arrêter là leur séance, elles passent par la douche, et arrivent ruisselantes au foyer, heureuses et apaisées .

     Elles sont vite séchées par leurs maris, leurs enfants… Et leur condisciple ! Je me fais fort de sécher Itzel et Akna moi-même, de mes deux mains !

     « Et si nous allions terminer le séchage à la maison ? demandent les deux Mayas en chœur.

     - Bien volontiers ! » leur réponds-je. Je les couvre d’une tunique, leur mets des chaussons, et me rhabille aussi, et nous voilà partis pour une nuit à trois dans la maison de Clément.

     Arrivés sur place, je les déshabille, je les installe sous les couvertures, et m’occupe de ranimer le feu dans l’âtre, il reste heureusement quelques braises qui vont vite faire prendre le bois sec !

     Et tandis que les flammes commencent à grandir dans l’âtre, je me mets nu et me glisse sous les couvertures, entre mes deux compagnes. Aussitôt, elle entreprennent de ne pas me laisser dormir !...

 

     Le lendemain matin, Il fait bien froid, un peu plus chaque jour !

     André arrive pour chauffer le foyer, et trouve Roger assoupi, nu, devant l’âtre rougissant. L’eau des douches est chaude, et le sauna monte en température. Les braises pour la crémaillère sont aussi prêtes ! Roger s’en est occupé cette nuit, et a aussi entretenu les âtres du foyer et des douches.

     « Tu as bien travaillé, cette nuit, Roger ! dit André en le réveillant. Habille-toi, tu dois atteler les chevaux ce matin ! Rappelle- toi ! »

     Jeannot, Berthe et Adèle sont déjà en train de mener les chevaux vers la forge, afin d’en atteler six aux chariots, et neuf autres aux chasse-neige. Ils sont tous couverts d’une épaisse couverture, d’une coiffe où dépassent leurs oreilles, d’un cache col, et des chausses en peau sur leurs sabots.

     Les chasse-neige sont placé dans les trois directions prévues, et les chevaux sont accrochés derrière, recouverts d’une épaisse couverture.

     « Allons ! les jeunes, vous connaissez vos places, allez-y !

     Les chariots, déjà chargés du braisier et des rondins de bois,  sont chargés de victuailles, de pintes de soupe, mais aussi d’eau, de vin, et d’alcool. Chacun a déposé ses armes dans le chariot, les cavaliers ont leurs arcs en bandoulière.

Le chasse-neige jaune, vers le Sud

 

      Le premier convoi à partir est celui qui va vers le Sud. Sylvain Strass, Margot Kahlm et Madeleine Kahlm, bien emmitouflées dans leurs habits chauds,  montent à cheval, sur les couvertures, Marion Kahlm, José Pourse et Marie Kahlm s’installent dans le chariot.

     Clément arrive avec une bonne pelleté de braises pour démarrer le braisier à l’arrière du chariot, et le chasse-neige se met en route, poussé par les trois cavaliers.

     Une fois la bâche du chariot refermée, il fait vite bien bon dans le chariot, quelques bûches chauffent bien l’atmosphère !

     Si bien que, à part José qui est dehors à conduire le chariot, les deux autres, Marion et Marie se déshabillent et voyagent nues.

     Je suis leur éclaireur, et les précèdent dans le chemin , l’arc en bandoulière.

 

Le chasse-neige rouge, vers Confluentes

 

     Le convoi rouge, qui va vers Confluentes part aussi, Adèle Pinot, Alfred Muscat et Marion Schwartz sur les chevaux, et Ignace Strass, Raoul Schwartz et Jeannette  Kirou dans le chariot. C’est Ignace qui conduit. Les deux autres ont tôt fait de se déshabiller, et nus, Raoul et Jeannette se rapprochent, et s’embrassent…

     Clément Sandre vole devant les cavaliers.

 

Le chasse-neige bleu, vers Strateburgo

 

     Le convoi bleu part le dernier, vers Strateburgo, il y a une liste de choses à acheter là-bas, pour Pierre Kirou le médecin et Jacques Kirou l’apothicaire.

     Josiane Pourse, Victor Schwartz et Roger Pinot sont les cavaliers, Babette Muscat, Jérémie Pourse et Josette Pourse sont dans le chariot. Josette tient les rennes, et Babette et Jérémie ont vite fait de profiter de la chaleur et de leur envie pour forniquer sans préliminaires !

     Jean Kirou est devant, en hauteur, il observe.

Les chasse neige avancent avec célérité, trois pousseurs concentrés à ce qu’ils font, et essayent de trouver le chemin, il y a plus de quatre pieds de neige dans les couloirs ventés !

     Il a été décidé de faire une pause toutes les heures, afin que chacun et chacune puissent se réchauffer.

 

Le chasse-neige rouge, vers Confluentes

 

     Le convoi rouge s’arrête, Adèle Pinot, Alfred Muscat, Marion Schwartz descendent de cheval, et avec Ignace Strass soulèvent la bâche, surprenant Raoul Schwartz et Jeannette  Kirou tout nus en plein 69, et ne s’étant rendu compte de rien !

     « Contente de voir que tout le monde n’est pas gelé ! » dit Marion, à l’hilarité générale. 

     Les amants se poussent et laissent la place aux autres, qui ont besoin de se réchauffer. Des bûches sont jetés sur le braisier. Clément les rejoint et comprend, après explications, pourquoi toutes et tous ont rigolé.

     Pour repartir, après avoir ingurgité un bol de soupe chaude, ce sont Ignace Strass, Raoul Schwartz et Jeannette  Kirou qui sont les cavaliers, Adèle Pinot, Alfred Muscat et Marion Schwartz sont dans le chariot.

     « Adèle, dit Marion, c’est toi qui conduis, je viendrai te remplacer dès que j’en aurai fini avec Alfred ! »

     C’est sans ambiguïtés !

     Après avoir donné aux chevaux une rasade de picotin et de l’eau tiède, le convoi rouge repart, Clément fait une reconnaissance devant, la campagne est vide. De temps en temps, un cerf traverse la lande en sautant dans la neige haute.

 

Le chasse-neige bleu, vers Strateburgo

 

     Le convoi bleu s’arrête aussi, Josiane Pourse, Victor Schwartz et Roger Pinot descendent de cheval, et arrivent à l’arrière du chariot, avec Josette Pourse.

     Babette Muscat et Jérémie Pourse sont en train de forniquer, Babette hurle des « Encore ! Oui ! », quand ils soulèvent la bâche.

     « Hé bé ! Bravo ! » dit Jean Kirou qui arrive lui aussi pour se réchauffer.

     Un bon moment plus tard, ce sont Josette Pourse, Babette Muscat et Jérémie Pourse les cavaliers, et Josiane Pourse, Victor Schwartz et Roger Pinot dans le chariot.

     « Bon, je commence, dit Roger, je conduis, et Victor tu viens me remplacer quand tu as fini avec Josiane !

     - Fini quoi ? demande Josiane qui feint de ne pas comprendre, mais son sourire coquin en dit long !

     - Bon, Ben moi, je nourris les chevaux et je vole ! » dit Jean qui, une fois les picotins et l’eau chaude distribués,  repart en avant. 

 

Le chasse-neige jaune, vers le Sud

 

     Le convoi jaune s’arrête à son tour. Sylvain Strass, Margot Kahlm et Madeleine Kahlm descendent de cheval et vont rejoindre Marie et Marion Kahlm dans le chariot.

     Les voyant nus, le cavalier et les cavalières se déshabillent aussi, rejoints par José Pourse, qui lui aussi se met nu. Les bûches flambent avec entrain quand j’arrive, soulève la bâche et me faufile à l’intérieur. Aussitôt, moi aussi je me déshabille ! Nous faisons chauffer la soupe, et chacun et chacune en boivent un bol , qui nous réchauffe bien !

     Enfin, après une pause qui nous a fait du bien, les cavaliers seront José Pourse, Marie et Marion Kahlm, et dans le chariot Sylvain Strass, Margot Kahlm et Madeleine Kahlm.

     Margot regarde Sylvain d’un air envieux, et celui-ci, nu, lui montre à quel point elle a raison !

     Madeleine a compris !

     « Je me mets aux rênes ! » me faisant rigoler, elle aussi rigole. 

     Je nourris les chevaux et nous voila reparti.

     Bientôt nous passons à côté de Haegen, je dis au chariot de nous attendre là, et indique aux cavaliers de prendre sur la gauche et aller jusqu’au fleuve, puis revenir.

     Dans le chariot, Margot et Sylvain s’en donnent à cœur-joie. Madeleine les rejoint, a tôt fait d’être nue !...

     Le bourgmestre de Haegen, Maître Alfred Georget, me voit arriver, et me salue .

     « Bienvenue, compagnon du Blauersland ! Heureusement que vous pouvez voler ! Nous nous sommes bloqués !

     - Pas pour longtemps ! dis-je, et je lui montre le chasse-neige qui dégage un chemin de quinze pieds de large, jusqu’au grand fleuve Rhin.

     Je dis au cavaliers de faire demi-tour, et rejoindre le chariot.

     Je salue le bourgmestre, en lui disant de passer nous voir, quand il lui plaira ! Ce chemin, que les compagnons du Blauersland ont entrepris de dégager, ira de Brizach à Confluentes, et passera aussi par le Blauersland et Strateburgo !

     Une fois le convoi reformé, Sylvain Strass, épuisé, se mets aux rênes, et nous avançons jusqu’à Rouffach, où je vais voir le bourgmestre, Charles Chapel, qui a été prévenu d’un phénomène étrange dans la campagne enneigée.

     Je lui explique, maintenant qu’il m’a vu voler, que les compagnons du Blauersland maîtrise cette science, que ce n’est pas de la magie, ni de la sorcellerie !

     « Nous ouvrons la route depuis Brizach jusqu’à Confluentes, par Le Blauersland et Strateburgo. »

     Je dis mentalement aux cavaliers de dégager le chemin jusqu’au fleuve, et de retourner sur notre route. Nous allons refaire une pause.

     Nous nous installons dans le chariot, nus au chaud.

     Après la pause, nous reformons les équipes.

     José Pourse, qui était dehors jusqu'à présent sera dans le chariot, avec Marie et Marion Kahlm. Margot Kahlm et Madeleine Kahlm seront les cavalières, avec Sylvain Strass.

     Je prends les rênes ! dit Marie. José et Marion se mettent à l’aise.

     Une fois les chevaux réchauffés à l’avoine et l’eau tiède, nous repartons vers Sasbach, ou Léon Ziter, le bourgmestre, nous regarde faire, ébahi. Il a reconnu les deux cavalières, les Kahlm.

     Nous refaisons une pause, pour laisser manger les chevaux, qui en fait n’ont pas fourni d’effort, mais sont dans le froid, puis nous repartons vers Brizach, que nous atteignons au crépuscule.

     Le bourgmestre du village, Paul Hanka, nous accueille, le chemin est dégagé jusqu’au fleuve !

     « Bonjour, compagnons du Blauersland ! Je vous ai reconnu, il n’y a que vous pour entreprendre de tels travaux !

     - Salut à vous, Gens de Brizach ! Nous voudrions poser nos chevaux au chaud ! avez-vous une écurie pour nous ?

     - Bienvenue Jacou ! dit alors Joseph Dacise, l’aubergiste. Venez, vos chevaux seront bien dans mon écurie !

     - Pouvez-vous nous héberger pour cette nuit ? Nous sommes gelés !

     - Bien volontiers ! combien êtes-vous ?

     - Nous sommes sept, trois garçons et quatre filles.

     - Pas de problème ! Venez vous réchauffer ! »

     Je vais à l’arrière du chariot, Marie et José doivent interrompre leur coït !

     « Habillez-vous, nous dormons ici cette nuit ! » dis-je en rigolant.

     Nous nous installons près de la cheminée, dans la salle à manger de l’auberge.

     La bonne chaleur nous invite à nous déshabiller, mais nous gardons nos tuniques.

     Le bourgmestre Paul Hanka nous demande ce que nous faisons ici.

     « Nous ouvrons une voie pour les commerces cet hiver ! dis-je. Depuis Brizach jusqu'à Confluentes, en passant par Strateburgo et le Blauersland !

     - C’est génial ! dit Paul Hanka. Nous devons justement nous rendre à Strateburgo, mais la hauteur de neige ne nous a pas encouragé à y aller !

     - Content que cela serve ! Nous avons besoin de voies de ravitaillement pour notre communauté, alors nous avons décidé d’en faire profiter tout le monde !

     - Je vous ai donnés cinq chambres ! Vous vous arrangerez ! dit Joseph Dacise.

     - Merci Joseph ! Nous feras-tu un bon dîner ? Nous n’avons mangé que de la soupe, aujourd’hui !

     Je m’y mets sur l’heure ! Mon commis vous apporte de quoi patienter !

     Un jeune homme roux, grand, six pieds dix pouces, et costaud, apporte un grand plateau, sur lequel une pinte de vin et des godets côtoient des charcuteries et des tranches de pain.

     Nous apprécions grandement cet en-cas !

     - Comment t’appelles-tu, beau garçon ? demande Madeleine.

     - Je m’appelle Bernard ! Bernard Maire, je suis le cousin des deux filles que vous avez sauvé des pirates, Charlotte et Béatrice Maire, cet automne ! Elles m’ont raconté vos exploits ! C’est fantastique !

     - Et…tu dors sur place, à l’auberge ? Demande-t-elle.

     - Oui, j’ai une chambre dans les combles. Cette réponse ravit Madeleine, qui a des projets pour elle et lui plus tard ! Il retourne en cuisine préparer le repas.

     La porte de l’auberge s’ouvre, et Jean Maire, le forgeron, entre, accompagné des deux enfants qu’il a adopté, Charlotte et Béatrice.

     - Je suis content de vous voir, compagnons du Blauersland ! Vous vous souvenez de mes nièces, n’est-ce pas !

     - Oui ! dis-je, très bien, nous les avons réconforté cette nuit-là ! Bonsoir Charlotte ! Bonsoir Béatrice ! Vous avez l’air en bonne forme !

     - Oh oui, Maître Jacou ! Grâce à vous ! Et à Jean qui nous a prises sous son aile !

     - Je dois aller à Strateburgo, emmener mes nièces qui vont étudier la médecine, aux Hospices de Strateburgo. Si vous remontez par là-bas, pourrions-nous profiter de votre escorte ? Depuis l’histoire des pirates, nous ne sommes guère rassurés ! Maintenant que la voie est ouverte, nous pouvons y aller sans attendre le printemps !

     - Mais les bandits aussi vont profiter de cette voie ! dit alors Paul Hanka, nous devons aussi nous rendre à Strateburgo, pour prendre possession d’un héritage que mon épouse a reçu de son oncle. Une joaillerie en centre du bourg.

     - Certes, dis-je, une escorte sera nécessaire ! Nous serons volontiers cette escorte !

     - Si vous pouviez accompagner mes nièces jusqu’aux Hospices, dit Jean Maire, cela m’éviterai de faire le voyage ! J’ai beaucoup de travail à la forge.

     - Bien sûr, Jean ! Nous les prenons en charge ! Mais nous repartons demain ! Ca ira pour vous, les filles ? Et pour vous et votre épouse, Paul Hanka ?

     - Pour nous, c’est d’accord ! disent les filles.

     - Je vais de ce pas faire nos bagages, dit Paul, pour partir demain matin, pas de soucis !

     Nous viendrons mon épouse et moi demain matin dès le lever du jour.

     - C’est parfait, Paul ! dis-je. A demain !

     Bernard revient avec un grand plat de choux, cuits au vin blanc, une spécialité  de l’auberge, avec des patates douces, des cochonnailles et du vin blanc des coteaux de Mulhausen.

     - Il y en a bien assez ! Cousines ! Vous mangez avec nous ! Et tonton Jean aussi ! » dit Bernard.

     Et c’est une grande tablée qui s’installe, les compagnons du Blauersland, Sylvain Strass, Margot, Madeleine, Marie et Marion Kahlm, José Pourse et moi-même, les Maire, Jean, Charlotte, Béatrice et Bernard, l’aubergiste, Joseph Dacise, et son épouse Aglaé.

     Après cet excellent repas, nous nous rapprochons de la cheminée, et, quelques liqueurs et gnoles nous accompagnant, nous parlons de chose et d’autres, du Blauersland, bien sûr, la liberté sexuelle fait partie des discussions !

     Il est temps d’aller se coucher, même si le sommeil n’est pas tout de suite à l’ordre du jour !

     Madeleine va aider Bernard à ranger la cuisine, puis monte avec lui dans sa mansarde.

     Marie prend José par la main, pour aller finir ce qu’ils avaient commencé dans le chariot.

     Jean, Charlotte et Béatrice Maire rentrent chez eux, préparer le voyage de demain, au grand dam des filles qui se voyaient passer la nuit avec moi !

     Sylvain et Margot s’en vont dans une chambre, et Marion et moi partageons la suivante.

Le chasse-neige rouge, vers Confluentes

  

     Le convoi rouge avance avec célérité, Ignace Strass, Raoul Schwartz et Jeannette  Kirou qui étaient les cavaliers, ont a nouveau inversé avec Adèle Pinot, Alfred Muscat et Marion Schwartz, Clément est toujours l’éclaireur du convoi.

     Après une bonne avance, une nouvelle pause s’avère nécessaire. Avant de rejoindre les autres, déjà toutes et tous nus dans le chariot, devant le braisier qui donne tout ce qu’il peut, Clément voit une chose étrange, non loin de la rive, sur le grand fleuve Rhin.

     Il s’approche, survole la chose, il s’avère que c’est une embarcation, recouverte d’une bâche, et des mouvements de la bâche indiquent qu’il y a de la vie dessous !

     Il appelle mentalement Ignace à la rescousse, celui-ci s’habille en hâte, prend son arc et arrive au dessus de l’eau , à côté de Clément.

     Clément alors descend, et soulève doucement la bâche. Une femme et deux enfants apparaissent, la peur se lit sur leurs visages.

     « N’ayez pas peur ! Nous allons vous aider ! »

     Et Clément pousse mentalement la barque vers la rive.

     Les autres compagnons sont prévenus, ils s’habillent et arrivent sur la rive.

     La femme est gelée, elle arrive à peine à s’exprimer ! Clément la prend et la porte dans le chariot, attise à nouveau le feu.

     Les deux enfants, une fille et un garçon, en guenilles sont aussi amenés dans le chariot, les affaires qui trainaient dans la barque aussi. Les compagnons les recouvrent de leurs habits chauds.

     La barque est mise sur la rive, afin que l’on ne la voit pas, cette femme et ses enfants sont probablement des fuyards !

     Après un bon bol de soupe chaude, les visages se décrispent, et des sourires apparaissent sur les visages des enfants.

     La femme va mieux, et tout en buvant son bol de soupe, lâche un «  Merci ! Merci ! »

     « Qui êtes-vous ? demande alors Clément.

     - Je suis Josette Krumb, et mes enfants Marianne et Maurice, des jumeaux de dix ans.

     - Que faisiez-vous dans cette barque, sur le grand fleuve Rhin ?

     - Nous étions les esclaves de bandits, dans la plaine sur l’autre rive. Cette nuit, je me suis échappée avec mes enfants, nous avons trouvé cette barque, et nous l’avons mise à l’eau, en nous cachant sous une bâche qui trainait dedans ! C’était notre seul échappatoire ! Par la terre, dans la haute neige, ils nous auraient vite rattrapés ! Et j’ai laissé le courant nous emmener.

     - Et ces bandits ? Ils sont nombreux ? Demande Ignace.

     - Huit ou dix, avec des chevaux. Je n’étais que leur jouet sexuel, et ils me violaient tous les soirs !

     - Depuis quand étiez-vous esclave de ces monstres ? demande Marie.

     - Depuis une dizaine de jours, il nous ont capturé dans notre hameau de Munstater, les autres habitants se sont enfuis, moi je ne pouvais pas laisser mes enfants ! Et il m’ont prise, avec eux.

     Madeleine leur ressert de la soupe chaude, qu’ils boivent goulument ! Puis quelques charcuteries sont aussi avalées rapidement ! Cela fait manifestement quelques jours que ces pauvres bougres n’avaient pas mangé à leur faim !

     - Tu n’as plus rien à craindre, Josette ! Toi et tes enfants êtes maintenant sous notre protection !

     - Mais les bandits vont nous chercher !

     - Ne crains pas ! dit Clément. Nous sommes les compagnons du Blauersland, et nous les éliminerons, si d’aventure ils se montrent !

     - Les compagnons du Blauersland ! J’en ai entendu parler ! Vous êtes des héros ! C’est vous qui cet automne avaient coulé le bateau des pirates Germains ! J’avais l’espoir de vous rencontrer ! Dieu soit loué !

     - Nous allons jusqu'à Confluentes. dit Clément. Nous dégageons la route jusque là-bas. Restez tranquillement au chaud dans le chariot, Adèle et Marion vous tiennent compagnie. Ignace, tu prends les rênes, et les trois autres, Raoul, Jeannette et Alfred, sur les chevaux ! Raoul, tu nourris d’abord les chevaux ! Quant à moi, je vais voir aux alentours si je vois trace de ces bandits ! »

     Le convoi repart vers Confluentes, Clément monte haut pour scruter l’horizon, et la rive opposée, c’est là que pourraient être les bandits. Le prochain pont sur le grand fleuve Rhin se trouve à Confluentes. Ne voyant rien venir, il retourne escorter le convoi.

     Il propose mentalement aux compagnons de continuer sans s’arrêter, la forêt n’est plus loin, et après, le chemin est dégagé !

     Ils arrivent enfin à la forêt de Confluentes, et peuvent alors accélérer le pas, vers le bourg. Le jour décline à grand pas ! Dans peu de temps, il fera nuit !

     « Je vais trouver de quoi passer la nuit ! dit-il en pensées à ses compagnons. »

     Il arrive à l’auberge où les compagnons ont déjà séjourné.

     « Bonsoir Joseph Lefan ! Vous vous souvenez de moi ?

     - Oui-da ! le Blauersland !

     - Auriez-vous des chambres ? Nous sommes dix à venir, les autres arrivent en chasse-neige !

     - Oui, l’auberge est vide ! Par ce temps…

     - Mes compagnons ne devraient pas tarder !

     Vous n’avez pas entendu parler de bandits ces temps-ci ?

     - Non, depuis l’histoire du dragon, c’est calme ! 

     - Oui, répond Clément, Jacou nous a conté l’histoire du dragon ! »

 

     Le chasse-neige arrive enfin, il est temps, il fait bien nuit déjà.

     Les compagnons s’engouffrent dans l’auberge avec leurs armes, transis de froid pour la plupart, après avoir mis les chevaux à l’abri dans l’écurie de l’auberge.

     Adèle et Marion s’occupent de Josette, Marianne et Maurice, tout le monde s’installe devant la grande cheminée.

     Joseph pose quelques belles bûches dans l’âtre, aussitôt des grandes flammes viennent réchauffer l’atmosphère, permettant aux compagnons frigorifiés d’enlever leurs vêtements gelés.

     En tunique, ils s’installent alors à table, et se font servir des grogs et autres boissons chaudes.

     « Nous aimerions aussi un bon repas ! C’est faisable ?

     - Heu, oui, dit Joseph, mais je suis seul en cuisine…

     - Nous allons vous aider ! disent Adèle et Marion. Et elle suivent Joseph dans la cuisine.

 

     Josette raconte sa vie.

     - Nous étions, mon mari et moi, employés par le Comte de Reichoff, dans sa propriété au bord de la grande Forêt Noire, à l’Est.

     Un jour, c’était au printemps dernier, lors d’une partie de chasse, le Comte a reçu une flèche et en est mort.

     Mon mari a vu qui a tiré la flèche, et a tout de suite dit que ce n’était pas un accident. Il a dit avoir vu le Vicomte, le fils du Comte tirer la flèche. Mal lui en prit ! Le lendemain, lui aussi prit une flèche mortelle !

     Les héritiers du Comte m’ont chassée, moi et mes enfants, et nous avons erré dans la campagne. Nous avons atterri à Munstater, ou les quelques habitants nous ont laissé nous installer, nous aidant même à construire une hutte pour nous !

     Nous avons vécu quelques mois ainsi, je travaillais aux champs, a labourer, semer, récolter, glanant quelques sous afin de nourrir mes enfants.

     Les bandits sont venus, il neigeait, ils nous ont capturé !

     Ils se sont installés dans une maison, les villageois avaient déserté, je ne sais pas où ils sont allés, mais ils ne sont pas revenus.

     Et la nuit dernière, profitant de l’état d’ivresse des bandits, je me suis enfuie vers le fleuve, j’avais remarqué la barque en allant chercher de l’eau.

     Vous êtes arrivés, alors que nous pensions mourir de froid !

     - Maintenant, nous vous gardons avec nous ! dit Clément. Bienvenue aux nouveaux compagnons du Blauersland !

     Quel bonheur ! dit Josette, des sanglots dans sa voix, en serrant ses enfants. Quel bonheur, mes enfants ! Quel bonheur !

     Joseph, Adèle et Marion arrivent avec un chariot sur lequel fume la nourriture ! Une grande omelette, des pommes rôties, et quelques bonnes pintes de vin.

     Tout le monde se régale, et boit à satiété !

     Merci Joseph pour cet excellent repas ! dit Clément.

     Nous allons nous coucher maintenant ! »

     Et les compagnons prennent congé et montent à l’étage, où se trouvent les chambres, tandis que Joseph emmène les reliefs du repas en cuisine..

    A peine sont-ils en haut que la porte s’ouvre, et un homme hirsute entre en hurlant.

     « Aubergiste ! A boire et à manger pour moi et mes hommes !

       Josette pousse un cri étouffé !

      - Ce…ce sont eux ! Les bandits ! Ils m’ont retrouvée !

- Calme-toi, Josette, ils ne savent pas que tu es là ! Vous allez dans la chambre, Raoul et Alfred, vous restez avec eux ! Verrouillez la porte ! Nous allons nous occuper d’eux !

 

- Aubergiste ! dis à tes gens de s’occuper de nos chevaux ! dit l’hirsute.

- Je suis tout seul ! Je n’ai pas de gens avec moi !

- Alors, donne nous à boire et vas t’occuper d’eux ! Tu reviendras nous faire à manger ! »

L’aubergiste se dirige alors vers la porte, il jette un œil vers l’étage, et voit les compagnons embusqués, deux flèches par arc, le long de la rembarde.

Clément, Ignace, Jeannette, Adèle et Marion sont près à tirer.

     « Choisissez vos cibles ! dit Clément mentalement. Nous avons l’avantage de la surprise ! et comme ils sont gelés, ils n’auront pas de reflexes fulgurants !

Il y en a dix. Je prends les deux à gauche près de l’âtre.

      - Je prends les deux assis à coté de l’âtre, dit Ignace.

- Et moi les deux de dos ! dit Jeannette.

- Les deux assis à la table ronde sont pour moi ! dit Marion.

      - Et moi, les deux derniers, qui sont debout devant le feu ! dit Adèle.

      - Prêts ? deux flèches au premier jet, ensuite flèche par flèche ! prenez le temps de viser ! leurs armes sont loin d’eux.

      Maintenant !

     Les deux à gauche de l’âtre s’écroulent, une flèche chacun dans le cœur. Les deux assis sont touché aussi, un s’écroule, une flèche dans la gorge, l’autre rampe vers son arc, une flèche dans l’épaule. Mais Clément a déjà rebandé et lui loge sa flèche entre les deux yeux.

     Les deux de dos se regardent bêtement, une pointe de flèche apparente sur leur poitrail, et tombent à genoux, puis deux autres flèches les couchent sur le coté.

      Ceux assis à table se retrouvent fichés contre les chaises, ils hurlent de douleur, le temps de prendre chacun une flèche dans l’oreille !

     Les deux derniers, debout, tombent le nez dans l’âtre, une flèche dans l’arrière du crâne.

     - Allez rassurer Josette, dit Clément. Moi je vais voir ce que devient l’aubergiste !

     Et il ouvre une fenêtre du couloir de l’étage, et s’envole par là.

     Dehors, l’aubergiste range les chevaux, un onzième bandit le houspille sans arrêt.

     « Dépêche-toi, j’ai froid ! dit le bandit  juste avant qu’une flèche ne rentre par le sommet de son crâne et sorte par sa bouche.

     - Joseph, tu viens de gagner ces chevaux ! Tous les bandits sont morts ! Nous nous doutions qu’ils ne seraient pas loin, c’est pour cela que je t’ai posé la question en arrivant !

     Mais dépêchons-nous de mettre les chevaux à l’abri, avant de nous transformer en statues de glace ! »

     Une fois les chevaux à l’abri, ils les dessellent, et fouillent leurs sacoches. Ils trouvent des bijoux, de l’or, des pièces d’argent, et quelques babioles religieuses qui attestent de pillage d’église.

     Ils arrivent dans l’auberge, les compagnons sont en train de porter télépathiquement les cadavres à l’arrière de l’auberge.

     Ils jettent les sacoches sur la table.

     « Il y en a encore un devant ! Emmène-le derrière ! dit Clément à Ignace.

     Bon ! Tout ceci nous a donné soif !

     Mais que t’est-il arrivé Josette ! Tu es couverte de sang ! Josette est là, debout, un glaive à la main.

     - Je les ai tous égorgés ! Je sais qu’ils étaient morts ou mourants, et je les ai égorgés ! Tous ! Ils le méritaient !

     Je voulais les émasculer, mais les compagnons m’ont dit que cela n’en valait pas la peine !

     Et là, elle fond en larmes dans les bras de Jeannette.

     Jeannette l’assoie sur une chaise, Joseph lui apporte une gnole qui lui donne un coup de fouet.

     - Aaah ! Maintenant ça va mieux ! dit alors Josette. Où sont mes enfants ? demande-t-elle alors.

     - Ils sont restés dans la chambre, avec les garçons, ils n’ont rien vu !

     - Dieu merci ! dit-elle. Ils n’ont pas vu non plus ce que les bandits m’ont fait subir, et je n’ai jamais crié.

     Le cauchemar est bel et bien fini ! dit Jeannette.

     Joseph fait le compte des contenus des sacoches.

     - Il y a là une fortune immense ! Des kilos d’or et d’argent ! Des centaines de deniers ! Des bijoux ! Et aussi des crucifix en or, des calices… Clément ! Vous êtes riches !

     - Non Joseph ! Tu es riche ! dit Clément. Nous allons partager. Sur les onze chevaux, tu en gardes six, nous en emmenons cinq. Tu gardes la moitié des pièces d’or, d’argent, et des deniers, pour l’autre moitié, nous l’emmenons avec nous et pour les bijoux nous avons une orfèvre au Blauersland.

     Les objets du culte seront apporté demain au curé de Confluentes, je m’en occuperai !

     - Tu es très généreux, Clément ! Tu as sauvé ces gens, tu as sauvé mon auberge, tu m’as sauvé la vie aussi, ils m’auraient probablement tué ! Toi et les compagnons du Blauersland serez toujours accueillis ici gracieusement, et pour le temps qu’il vous plaira !

     - Merci Joseph ! Nous ne manquerons pas de venir te saluer quand nous passerons par ici.

     Mais maintenant, il est grand temps d’aller nous coucher !

     - Attends, Clément ! dit Jeannette. Nous nettoyons encore la salle, demain ce sera plus difficile à ôter, toutes ces tâches ! Et les compagnons s’activent, et frottent les sols, les tables, les murs. Bientôt l’auberge est aussi propre qu’à leur arrivée !

     Toutes et tous se couchent, sans plus penser à la bagatelle, ils ont eu leur part d’émotions aujourd’hui !

Le chasse-neige bleu, vers Strateburgo

  

      Il est bientôt midi quand le convoi bleu arrive non loin de Strateburgo.

     Une pause est décidée, et tout le monde se retrouve dans le chariot, bien au chaud.

     Jean Kirou fait un dernier tour d’observation, il voit au loin des gens pelleter la neige, pour dégager la route.

     Il s’approche d’eux, et se pose derrière un bosquet, puis va vers eux dans le chemin que les gens avaient dégagé.

     « Bonjour ! Nous avons un chasse-neige ! Vous voulez dégager la neige jusqu’où ?

     - Jusqu’au fleuve ! dit un homme. Pour pouvoir accéder à la ville par le fleuve !

     - Attendez ! J’ai une solution !  Et il repart vers le bosquet, et vole en rase-motte jusqu’à ce qu’il soit hors de vue, et prévient les compagnons.

      Compagnons ! On a besoin de nous et de notre chasse-neige ! Habillez-vous, et allons droit vers l’Est !

     Et la machine s’ébranle, Josiane Pourse, Victor Schwartz et Roger Pinot sont à nouveau les cavaliers et Babette Muscat et Josette Pourse dans le chariot. Jérémie Pourse le conduit.

      Rapidement, ils arrivent près des pelleteurs, qui n’en reviennent pas ! ils poussent la neige jusque dans le fleuve ! Ce qu’ils ont fait en deux heures éreintantes, la machine l’a fait en dix minutes !

     - Dites-nous où nous devons aller maintenant ! dit Jean.

     - Notre village est là-bas !

     - Allons-y, compagnons ! Messieurs, venez profiter de la chaleur dans le chariot ! Et Jean monte sur un cheval, et envoie Josiane au chaud.

     Les quatre hommes sont épatés ! une bonne chaleur les réchauffe, et il ont même droit à un bol de soupe, tandis que le chemin se fait jusqu’au village.

     - Nous arrivons au village ! dit Jean en pensée aux compagnons afin qu’ils transmettent. Nous allons le traverser ?

     - Oui, répond mentalement Babette. Et jusqu’à Strateburgo !

     Le chasse-neige avance, dans le village il fait une halte, les quatre hommes en descendent, ravis !

     - Il est midi ! Venez, on vous invite à manger !

     - Rapidement alors ! Nous devons être rentrés au Blauersland avant la nuit !

     - Vous êtes les compagnons du Blauersland ? On nous a parlé de vous ! Il parait que vous avez attaqué et coulé un bateau de pirates ?

     - C’est ma foi vrai ! Nous l’avons fait !

     - Vous êtes des braves ! Venez à l’auberge, manger un morceau et nous raconter cela !

     Femme ! J’emmène des braves !

     -Tu as déjà fini avec la neige au fleuve ?

     - Oui ! Et du fleuve au village ! Voici les compagnons du Blauersland ! Ils ont faim et froid ! Sers-leur à manger ! Ils vont ouvrir la voie jusqu’à Strateburgo !

     Je me présente : je suis Edmond Alenvere, quarante cinq ans, le propriétaire de cette auberge ! Et voici Yvonne, quarante deux ans, mon épouse, et les trois gaillards avec moi sont nos fils, Pierre et Paul, des jumeaux de vingt deux ans, et Jacques, notre cadet de dix neuf ans.

     - Enchanté !  Moi je suis Jean Kirou, j’ai dix neuf ans, voici Josiane et Josette Pourse, dix huit ans, Victor Schwartz, douze ans, Roger Pinot, dix neuf ans, Babette Muscat, dix huit ans, Jérémie Pourse, quinze ans.

     - Vous êtes bien jeunes, toutes et tous ! Je pensais qu’au Blauersland ils étaient plus âgés !

     - Oh ! Nous sommes leurs enfants ! Ils ont d’autres tâches à effectuer, pendant que nous déneigeons la région !

     - La région ? demande Yvonne Alenvere, portant des plateaux de charcuteries et des choux.

     - Oui ! répond Jean. Nous sommes trois équipes, tous les enfants du Blauersland ! Nous avons ouvert une voie qui va de Brizach, au Sud, jusqu'à Confluentes, au Nord, en passant par le Blauersland, et votre village ! Comment s’appelle-t-il ?

     - Erstein ! C’est magnifique ! Mangez, tant que les choux sont chauds ! » dit Yvonne.

     Et les compagnons se dévêtent de leurs lourds habits chauds, et s’attablent, leurs arcs en bandoulière avec un carquois plein.

      «  Vous ne vous séparez jamais de vos arcs ?

     - Oh si ! disent en chœur Josiane et Josette Pourse. Pour dormir et forniquer !

     Et l’hilarité est générale dans l’auberge.

     - Bien ! dit Jean, nous repartons ! Combien vous doit-on pour le repas ?

     - C’est moi qui offre ! Trop content de vous avoir rencontré ! » dit Edmond Alenvere.

     Et les compagnons enfilent leurs vêtements chauds, reçoivent encore de la gnole pour la route, et les voilà reparti vers Strateburgo.

     Les jumelles, Josiane et Josette, ainsi que Victor sont les cavaliers, Roger conduit le chariot, Babette et jérémie sont au chaud.

     Jean est debout à côté de Roger.

     Ils arrivent aux portes de la ville, la neige est dégagée devant les portes. Ils font alors demi-tour, et repartent vers le Blauersland, sans passer par Erstein.

     Jean Kirou dételle un cheval du chasse-neige, et le selle pour aller en ville.

     « Attendez-moi ici au chaud, je vais faire les emplètes pour mon oncle Pierre et pour mon père Jacques. »

     Il va donc rapidement à l’échoppe de l’apothicaire Georges Dumont, qu’il connaît, les rues sont dégagées dans la ville, et achète des potions et des herbes, puis, il repart et rejoint le chasse-neige.

     Il trouve ses compagnons nus dans le chariot, à se faire toutes et tous mutuellement du bien.

     « Roger, Babette et Jérémie, vous montez les chevaux, Victor, à toi l’honneur de conduire le chariot ! Quant à moi, je vais me mettre au chaud avec Josiane et Josette ! Les cavaliers, vous gardez un œil au loin, et vous me prévenez si vous voyez quelque chose de suspect !

     - Compte sur nous, Jean ! dit Roger. Réchauffe-toi un peu ! »

     Il font un petit détour vers un autre village légèrement à l’Ouest, du nom de Bischheim, dégageant bien l’entrée du village, sous les bravos des habitants, puis continuent vers le Sud.

     Ils retrouvent plus loin le chemin qu’il ont tracé à l’aller, et peuvent se déplacer plus vite maintenant.

     Une heure plus tard, Roger prévient Jean qu’ils sont en vue du Blauersland ! Jean se rhabille, au regrets des deux sœurs qui appréciaient ses ardeurs !

     Mission accomplie ! Ils décident alors de faire un sauna, et Jean demande à André si le sauna est opérationnel. Dans l’affirmative, ils se précipitent, se déshabillent devant le sauna, et nus y pénètrent pour apprécier cette chaleur après le froid de l’hiver !

Le chasse-neige jaune, vers le Sud

 

     Le matin est arrivé, blafard et gelé.

     A Brizach, Bernard Maire, le commis de cuisine,  est déjà debout, il a réactivé les âtres dans la grande salle et dans la cuisine, et avec l’aide de Madeleine Kahlm, il prépare le petit déjeuner.

 

     Marie Kahlm et José Pourse descendent nus, ils veulent faire sécher devant l’âtre leurs tuniques humidifiés par la nuit. Ils ont forniqué une bonne partie de la nuit, et ont des cernes sous les yeux !

 

     Sylvain Strass et Margot Kahlm arrivent à leur tour, eux aussi sont restés nus, Bernard a bien fait les choses !

     Et quand j’arrive avec Marion Kahlm, habillés, en voyant les autres nus, nous nous redéshabillons aussitôt !

Pour suivre l’exemple, Bernard Maire se déshabille aussi, Madeleine est déjà nue.

 

     Jean Maire arrive avec ses nièces, Béatrice et Charlotte, ils sont étonnés, mais ne sont pas surpris de nous voir nus, ils étaient nus aussi à la fête de l’équinoxe, ainsi que toute la population, ou presque ! Alors ils se déshabillent aussi et s’installent à table.

     Joseph Dacise, l’aubergiste, lui est surpris ! En arrivant il demande à son commis pourquoi il est nu.

     « Pour faire comme les compagnons du Blauersland, goûter à cette sensation de se promener nu ! C’est très agréable !

     - Tu devrais essayer aussi, Joseph, dis-je.

     Alors Joseph, un peu gêné, se met nu, mais se réfugie derrière le comptoir.

     Je souris et lui dit de venir ici près de l’âtre, il y fait bien meilleur !

     Alors, timidement, il nous rejoint et s’assoit parmi nous.

 

     Paul Hanka arrive avec son épouse, l’héritière d’une joaillerie à Strateburgo.

     « Je vous présente Émilie, mon épouse !

      Émilie regarde son mari d’un air interrogatif !

     - Oui, Émilie, je t’en ai parlé, des compagnons du Blauersland et leur mode de vie nus. Et je t’ai raconté la fête de l’Equinoxe à Sasbach, rappelle toi !

     - Oui, c’est vrai ! Bonjour messieurs-dames ! Excusez-moi, je n’ai pas l’habitude !

     - Déshabillons-nous, ma chère !

     - Avec ce froid ! Mais nous allons attraper les fièvres !

     - Vous ne risquez rien ici, c’est bien chauffé ! Et pendant le voyage pour Strateburgo, c’est chauffé aussi ! Ne soyez pas gênée ! C’est une tenue naturelle ! »

     Paul, lui, s’est mis tout nu ! Alors Émilie se déshabille aussi, montrant son anatomie à d’autres que son mari pour la première fois, et elle le dit !

     « Bravo ma chère ! » dit Paul Hanka.

 

     Nous déjeunons tranquillement, puis je me lève et dis :

     « Nous allons nous mettre en route ! Sylvain et Margot ! Attelez deux chevaux, et les trois autres derrière, pour changer à mi-chemin, José, tu vas prendre une pelle de braise dans l’âtre pour allumer le braisier !

     Mais d’abord, allez vous habiller chaudement, dehors nus, c’est pas terrible ! dis-je en riant, et tout le monde rigole de bon cœur.

     Voilà ! c’est le moment des adieux, Jean Maire !

     - Je vous ai préparé de quoi vous sustenter pendant le voyage. Des en-cas, dit Bernard, quelques fruits et des boissons diverses : cervoises, vins, gnoles…

     Merci Bernard ! dis-je. Joseph, nous allons laisser le chasse-neige ici, au cas ou de nouvelles chutes arriveraient, tu n’auras qu’à trouver des chevaux et les atteler ! ils poussent le chasse-neige !

     Pas de soucis ! Merci Jacou !

     Une fois les adieux faits, nous embarquons dans le chariot, il y fait déjà bien bon !

     Madeleine se propose pour prendre les rênes, et nous quittons l’auberge de Brizach à bon train.

     Sur le pas de porte de l’auberge, Joseph, Bernard et Jean nous saluent, nus dehors ! Ils se regardent alors, se rendent compte qu’ils sont nus, dehors, alors qu’il gèle, ils rigolent un bon coup, et se précipitent à l’intérieur devant l’âtre pour se réchauffer.

     Béatrice et Charlotte, comme tous les compagnons se sont mises nues, Paul Hanka aussi, mais cette promiscuité gène un peu Émilie, elle préfère garder une tunique.

      Les nièces Maire aimeraient bien s’occuper avec un garçon, Jacou, ou José, ou Sylvain , mais pas devant le bourgmestre et son épouse !

     Au bout d’une heure de voyage, la chaleur aidant, Émilie tombe la tunique et se blottit contre son mari. Elle a des envies, nue contre lui, et le caresse suffisamment pour qu’il ait une belle réaction ! Il est gêné, mais je lui dis que c’est normal, nu au chaud quand on s’aime !

     « Ne te laisse pas freiner par les préjugés ! Nous, au Blauersland, nous pratiquons l’amour libre, et si tu en as envie et elle aussi, il faut le faire ! »

     Entendant cela, Charlotte et Béatrice se rapprochent de José et Sylvain. Alors, Émilie fait pareil, se penche sur son mari et lui fait du bien. Les filles Kahlm alors m’entourent, et commencent à me caresser…

 

 

     Nous sommes toutes et tous rassasiés de ces ébats, et décidons de manger un morceau et boire un coup !

     Je dis à Madeleine de nous rejoindre dans le chariot, cela fait bien deux heures qu’elle tient les rênes.

     « Nous avons dépassé Sasbach ! Il y a des gens devant nous sur la route !  dit Madeleine en entrant dans le chariot. »

     Je me rhabille alors, demande à Sylvain de se rhabiller aussi, nous allons changer de chevaux, et voir qui sont ces gens sur la route. Je prends mon arc, et avec Sylvain nous descendons du chariot.

     Tandis que Sylvain dételle les deux chevaux, et les recouvre d’une couverture chaude, je m’approche de ces gens, arc et flèche en mains, bien qu’ils me semblent inoffensifs !

     « Qui êtes-vous ? demandé-je.

     - Nous sommes la famille Schmidt, Je suis Élodie, j’ai quarante ans, et voici mes enfants, Georges et Georgette, qui ont dix sept ans.

     - Mais où allez-vous comme ça ? Dans le froid !

     - Nous allons à Strateburgo ! Nous avons été jeté dehors par mon beau-frère, à Sasbach !

     J’envoie alors mentalement un message aux compagnons que tout le monde se rhabille, nous chargeons trois personnes de plus !

     - Ne vous en faîtes pas ! Nous allons vous prendre avec nous ! Venez dans le chariot, il est chauffé ! Vous nous raconterez votre histoire au chaud ! »

     Et les trois infortunés de Sasbach montent à l’arrière du chariot.

     « J’ai changé les chevaux, dit Sylvain. Je prends les rênes !

     - Très bien Sylvain ! Mais viens d’abord manger un morceau !

     - Ca ira ! je vais prendre un coup de gnole avec moi !

     - D’accord, mais pas trop ! Ne nous envoie pas dans le fleuve, hein ! dis-je en rigolant.

     - Ne t’inquiètes pas ! Je gère ! » dit-il en rigolant aussi. 

     Il prend donc une pinte de gnole, et monte devant, le chariot repart.

     Les Schmidt sont tout heureux de trouver de la chaleur, ils tombent alors leurs gros manteaux pour rester en tunique légère.

     « Je vous reconnais ! Vous êtes les Kahlm, qui laviez notre linge, et que les pirates avaient emmenées ! Et vous, vous êtes les compagnons du Blauersland, qui les avez délivré, et qui sont venus mettre tout le village tous nus ! On a bien rigolé, à poil, ce jour-là !

     Je me présente. Je suis Élodie Schmidt,  j’ai quarante ans, et voici mes enfants, Georges et Georgette, qui ont dix sept ans. J’habitais à Sasbach, chez mon beau-frère, depuis la mort de mon mari, tué par les Germains il y a quinze ans de cela.

     Mon beau-frère nous hébergeait, je le payais avec mon corps de temps en temps.  Mais aujourd’hui, il a voulu aussi Georgette, et nous nous sommes interposés, mon fils et moi ! Il y a eu bagarre, il nous a alors chassés de sa maison.

     Nous allons à Strateburgo, ou j'ai une sœur qui, si elle vit encore,  pourra peut-être nous héberger…

     « Enchanté, dis-je, voici les sœurs Kahlm , que vous connaissez, Marie, Madeleine, Marion et Margot.

     - Oui ! Mais vous êtes des Germains, des parias ! Nous n’avions pas le droit de vous parler ! Nous ne connaissons même pas vos prénoms !

     - Et voici les Sœurs Maire, poursuis-je, Charlotte et Béatrice, de Brizach, qui vont étudier la médecine à Strateburgo.

     - Oui ! Vous aussi vous étiez prisonnières des pirates ! On vous a vu à la fête à Sasbach !

     - Et Paul Hanka, le bourgmestre de Brizach, et Émilie, son épouse, qui vont à Strateburgo pour affaires.

     - Oui, nous avons hérité d’une joaillerie dans la ville !

     - Une joaillerie ? demande Élodie. J’ai travaillé avec Maître Guitton, le joaillier de Sasbach, pendant des années !

     - Vrai ! dit Paul. Alors nous aurons peut-être une situation pour vous !

     - Ce serait vraiment une chance inouïe pour moi ! dit Élodie.

     - Pour nous aussi ! Renchérit Émilie.

     - Mais mangez et buvez, profitez-en ! dis-je.

     Les jeunes, ce sont des compagnons du Blauersland, que vous avez vu nus à Sasbach le jour de la fête de l’Equinoxe, José Pourse, et Sylvain Strass, qui conduit les chevaux.

     - C’est vrai qu’il fait chaud, ici ! peut-on enlever nos tuniques ? demande Georgette.

     - Nous n’espérions que cela ! dit Marie. Nous nous sommes habillé pour vous accueillir, mais maintenant, hop ! tout le monde à poil !

     Le voyage se poursuit agréablement, nous parlons de l’été, de l’hiver, de notre mission de déneigement, qui profite à toute la région.

     Je sors la tête à l’avant du chariot, pour voir si Sylvain va bien.

     « Ca va bien ! Nous avons dépassé Haegen, nous serons au niveau du Blauersland dans une demi-heure ! On continue ou on s’arrête ?

     - On va s’arrêter chez nous pour aujourd'hui ! Nous ferons le voyage pour Strateburgo demain ! lui dis-je.

     - D’accord ! Je reste aux rênes jusque là !

     - Merci Sylvain ! Veux-tu quelque chose à manger, ou à boire ?

     - Non, ça ira ! Une gorgée de la gnole de Brizach de temps en temps, ça le fait bien ! 

     Je préviens tout le monde dans le chariot.

     - Nous allons nous arrêter et passer la nuit au Blauersland ! Nous continuerons notre voyage demain. Je pense que personne à Strateburgo ne vous attend aujourd’hui ! Et arriver de nuit, ce n’est pas facile de trouver des gens ! Demain, nous y serons à midi ! Personne n’est contre ?

     - Non ! Bonne idée, dit Paul. Vous pouvez nous héberger pour la nuit ?

     - Sans soucis ! dis-je, pareil pour vous les filles ! Et la famille Schmidt est aussi la bienvenue !

     Vous connaissez le sauna ? Non ? Vous allez découvrir, alors, dès notre arrivée ! »

     J’essaie de contacter par la pensée mes condisciples Mayas, qui me répondent.

     Je leur demande alors d’annoncer notre arrivée avec des invités, deux femmes, un homme, un adolescent et trois adolescentes, et de nous préparer le sauna.

     Elles me répondent qu’elles nous y attendront !

     Sylvain nous annonce que nous arrivons, nous nous habillons pour sortir du chariot, non loin du foyer.

     Adrien Rung nous attend, emmitouflé dans un lourd manteau. 

     « Soyez les bienvenus, courageux compagnons ! Venez vous restaurer au foyer !

     - Merci Adrien, nous avons mangé dans le chariot, nous avons commandé le sauna ! Itzel et Akna nous y attendent !

     - Soit, allons au sauna ! Vous me présenterez vos invités !

     Et nous arrivons devant le sauna, nous nous déshabillons dehors, dans le froid, et entrons nus dans la pièce surchauffée . les invités ont du mal, au début, mais se font vite à la chaleur intense qui y règne.

     Dehors, la nuit tombe.

Le chasse-neige rouge, vers Confluentes

 

 

     Dans l’auberge de Confluentes, tout le monde a bien dormi !

     Joseph Lefan, l’aubergiste n’en revient toujours pas de ce qu’il s’est passé la veille au soir !

     Il installe une grande table, pour tout le monde, et fait ronfler la cheminée !

     Tout le monde sera bien à l’aise, malgré le froid intense dehors !

     Les compagnons se réveillent, et arrivant dans le couloir, constatent qu’il y fait bien chaud, alors ils descendent nus pour le petit déjeuner.

     Josette Krumb et ses enfants ont passé la meilleure nuit depuis longtemps !

     Josette, voyant que toutes et tous descendent nus, n’ayant de toute façon pas d’habits décents, descend aussi nue, ainsi que ses enfants.

     Joseph, les voyant arriver nus, et surtout nues, est gêné.

     « Ne sois pas gêné, Joseph, lui dit Clément. Au Blauersland, nous vivons toujours nus ! Permets qu’ici nous restions ainsi, nous sommes à l’aise comme cela !

     - Oui ! bien sûr ! Vous pouvez ! balbutie-t-il.  Vous êtes chez vous, restez à votre aise ! C’est juste que…je n’ai pas vu d’aussi belle créatures nues depuis longtemps !

     - Merci Joseph ! tu vas t’habituer !

     - Mais si quelqu’un entre ?

     - Nous l’inviterons à se déshabiller ! Toi aussi, Joseph, déshabilles-toi, tu verras, ce n’est qu’un pas à franchir, et tu te sentiras vite à l’aise nu parmi les nus !

     Joseph hésite un instant, puis finalement, il va verrouiller la porte d’entrée, et se met nu lui aussi !

     - Je…je vais préparer le petit déjeuner !

     - Nous allons t’aider disent Adèle Pinot et Marion Schwartz.

     Il ne pensait pas être aussi proche de ces filles nues, qu’il n’aurait même pas imaginé en rêve !

     Et malgré sa gène, sa verge se dresse devant lui, ce qui fait rire les filles !

     «  Ne t’en fais pas, Joseph ! Tu as un beau pénis, n’en ais pas honte ! dit Marion.

     - Après le petit déjeuner, ajoute Adèle, qui a vite pris goût à la chose, nous irons dans une chambre profiter un peu encore avec toi de ton hospitalité ! »

     Et en préparant le petit déjeuner, il essaie de penser à autre chose, il pense à l’immense fortune qu’il a eu des compagnons du Blauersland, de ce qu’il va pouvoir faire avec tout cet or, embaucher des gens, rénover son auberge, et finalement, son pénis s’est remis au repos, pour son grand soulagement !

     Il arrive avec les filles, chargés de pains, de boissons chaudes diverses, de sucreries, de confitures, de charcuteries, de fromages, pour un déjeuner plus que copieux !

     Pendant que tout le monde se régale, Jeannette Kirou demande :

     « Joseph, comment se fait-il que tu sois tout seul dans cette auberge ?

     - Nous avons pris cette auberge il y a dix ans, mon épouse Claudine et moi. Nous venions de nous marier, nous avions vingt trois ans tous les deux.

     Nous voulions avoir des enfants, et mon épouse est vite tombé enceinte.

     Hélas, l’accouchement s’est mal passé, et ni mon épouse ni le bébé n’ont survécu !

     Depuis, je continue tout seul à tenir l’auberge, en mémoire de Claudine.

     - Et tu n’as pas eu de prétendantes , dit Josette, tu es un beau garçon pourtant !

     - Le travail seul dans l’auberge ne me laissait pas de temps à accorder à qui que ce soit ! Mais maintenant, j’ai de l’argent, et la situation va peut-être changer !

     - Moi aussi j’ai perdu mon mari, et depuis je suis seule avec mes jumeaux. Si tu veux, je pourrais faire la cuisine, j’étais cuisinière chez un Comte, il y a quelques temps !

     - Vrai ? Tu accepterais de travailler ici pour moi ? Magnifique ! je te paierai bien ! 

     Tu pourras profiter de la garde-robe de Claudine, j’ai tout gardé ! Et tu as les mêmes mensurations ! Mais hélas, je n’ai rien pour tes enfants ! »

     Adèle et Marion se regardent, et mentalement se disent que Josette ira profiter de Joseph plutôt qu’elles ! Elles organisent alors la chose. Mentalement, Marion parle à Clément.

     «  Clément, tu vas aller en ville, voir le curé, n’est ce pas ! Tu pourrais nous emmener avec les enfants Marianne et Maurice chez le fripier afin de leur trouver des habits décents ! Tu as vu les guenilles qu’ils avaient !

     - Et pendant ce temps, ajoute Adèle, Josette et Joseph pourraient faire plus ample connaissance, dans une chambre ! Qu’en penses-tu ?

     - C’est une excellente idée ! »  répond mentalement Clément. 

     Josette est folle de joie, et se lève pour embrasser Joseph. Son entrejambe réagit aussitôt !

     Clément se lève alors et déclare :

     « Je vais aller avec le chariot en ville, voir le curé de Confluentes, pour lui offrir ces bondieuseries. Adèle et Marion vont emmener les enfants chez le fripier pendant ce temps !

     Ignace et Raoul, vous allez rallumer le braisier dans le chariot, puis atteler deux chevaux. Vous prendrez la braise de cette cheminée pour allumer plus vite.

     Les deux compagnons s’habillent rapidement et sortent allumer le braisier.

     Joseph, tu devrais faire visiter ton auberge à Josette, et lui montrer plus avant tes atouts masculins !

     - Oh Oui ! Joseph ! Viens ! dit Josette qui voit le membre de l’aubergiste se dresser. Ca fait tellement longtemps ! Viens ! »

     Et elle l’entraine vers une chambre à l’étage.

     Adèle et Marion s’occupent déjà des enfants, elles les habillent avec des lourdes tuniques chaudes qui tombent au sol, les mains ont disparues ! Marianne et Maurice rigolent de se voir ainsi !

     « Pour vous autres, compagnons, vous surveillez l’auberge, et ne laissez entrer personne !

     Quand nous reviendrons, nous nous organiserons pour le retour au Blauersland. »

     Clément, Adèle et Marion vont s’habiller, prennent leurs arcs et leurs carquois, le chariot est attelé, et le braisier chauffe déjà à l’intérieur.

     Ignace et Raoul sont de retour, et se déshabillent prestement devant la cheminée, ils rajoutent chacun encore deux bûches.

 

     Adèle et Marion portent les enfants par lévitation jusque dans le chariot, ce qui les fascine au plus haut point ! Des « Whouah ! C’est magique ! » Ponctuent l’émerveillement dans leurs yeux !

     Clément rassemble les crucifix, calices et autres icones religieux dans un sac, prend les rênes et se dirige vers le port, là où se trouvent et le fripier, et l’église.

     Tandis que les filles entrent chez le fripier, arcs en bandoulière, avec les enfants, Clément entre dans l’église de Confluentes avec son lourd sac. Elle est déserte, apparemment.

     « Holà ! du curé ! Vous êtes là ?

     Un viel homme apparait qui demande :

     - Que lui voulez-vous, au curé ?

     - Le voir pour lui donner quelque chose.

     - Il n’est point là ! Vous le trouverez à la taverne du port ! C’est son quartier général !

     - Bien ! Merci ! » 

     Et Clément ressort de l’église et va à la taverne, à cent pas de là.

     Une fois à l’intérieur, il n’y a pas grand monde. Quelques clients debout au comptoir, dont les frères Chtauss, Aloïs et Alfred, les bûcherons, deux tables occupées par des couples, et une table avec trois personnes.

     Il repère facilement l’abbé, en calot et soutane. Celui-ci est en grande discussion avec deux individus qui n’ont pas l’air d’être de ses ouailles ! Il semble être effrayé par ces hommes !

     Clément s’approche d’eux, un des hommes lui dit de s’éloigner, sous peine de mort !

     « Je ne veux que parler à l’abbé !

     - Passe ton chemin ! Tu veux mourir ?

     Clément ne se laisse pas intimider, et insiste.

     - Je voudrais vous parler, l’abbé !

     Le curé est blême.

     Ces hommes vous importunent ?

     - Non, Non ! » balbutie-t-il.

     Un des hommes alors se lève, dégaine un glaive, et menace Clément.

     Celui-ci alors, fait deux pas en arrière, lâche le sac, et en quelques instants prend l’arc et une flèche d’une main, bande l’arc, et décoche la flèche dans l’avant-bras de l’homme, qui lâche le glaive en hurlant.

     L’autre homme alors se lève aussi mais Clément, d’un geste, l’envoie dans la cheminée pleine de braise. Les frères Chtauss alors applaudissent, il ont reconnu Clément.

     Le bandit en sort en hurlant, le tavernier lui jette un seau d’eau pour éteindre ses habits qui s’enflammaient.

     Clément salut les frères Chtauss, il a une flèche prête, et vise le brulé entre les deux yeux à un pied !

     « Maintenant, dis-moi ce que tu lui veux au curé !

     - Ne dis rien ! » hurle le blessé.

     Le curé est tétanisé !

     - Alors, curé ! Dis-moi toi ce que te veulent ces vilains !

     - Si tu parles, il sont morts ! dit alors le blessé, en se levant et prenant son glaive de l’autre main.

     Aussitôt, Clément lui décoche une flèche dans le bras, lui faisant à nouveau lâcher l’arme.

     Il veut alors se sauver, mais se prend une flèche dans la cuisse, ce qui le terrasse avant qu’il ne puisse sortir..

     L’arc à nouveau bandé vers le brûlé, Clément le somme de parler, la pointe de la flèche appuie sur l’œil du bandit..

     - Il sait où se trouve notre trésor ! dit-il enfin .

     - Votre trésor ?

     - Oui ! Notre camarade, mourant , lui a indiqué en confession où il l’a caché, et est mort dans le confessionnal.

     - Sa sœur et son mari vont mourir ! dit alors l’autre, couché au sol, et se vidant de son sang.

     - Nous avons pris sa sœur et son mari en otage dans l’église, dit le brulé, pour qu’il nous dise où est le trésor !

     - Combien êtes-vous ?

     - Ne dis rien ! Ne dis…et il tombe en pamoison.

     - Ton comparse va mourir ! dis-moi combien vous êtes !

     - Nous sommes quatre.

     - Où est votre cachette ?

     - Je ne vous le dirai pas ! Si nous ne revenons pas, nos compagnons tueront les otages !

     Clément alors demande mentalement à Ignace et Jeannette de venir à la taverne sur le port rapidement.

     Aussitôt, les deux compagnons se rhabillent et sont prestement devant la porte.

     «  Sortez celui-là ! dit Clément à ses compagnons, qu’il gèle dehors !

     Maintenant, liez les mains de celui-là, et arrachez ses habits ! On va voir s’il refuse de parler !

     Aussitôt, le bandit est mis nu, et sorti devant la taverne.

     Clément demande un seau d’eau à l’aubergiste, et s’avance vers le brûlé.

     « Tu ne veux rien dire ?

     Le bandit commence à se refroidir.

     - Je ne dirai rien !

     - Alors voilà qui va te rafraichir les idées ! »

     Et il jette le seau d’eau sur le renégat.

     Bientôt, l’eau gèle et commence a faire craqueler la peau du bandit qui finit par parler.

     « Oui ! Je vais vous dire ! Pitié ! C’est atroce !

     - Ramenez-le devant l’âtre ! dit Clément.

     - Alors ? Où sont-ils ?

     - Dans la cale d’un bateau pris dans la glace, dans le bras mort de la rivière Moselle, juste avant le confluent !

     - Bien ! J’y vais, Jeannette tu viens avec moi, Ignace, s’il fait mine de bouger, tu le tues !

     Dehors, le bandit, exsangué et gelé, est mort.

     Clément et Jeannette arrivent, arc en main, flèche engagée, en vue du bateau.

     Ils aperçoivent les deux bandits qui se réchauffent dans la cabine devant un petit braisier.

     Ils montent discrètement sur le bateau, bloqué par la glace, et s’approchent des vitres de la cabine.

 

     « Une flèche dans la tête, à travers la vitre ! dit Clément en pensée.

     D’accord ! » répond Jeannette. 

     Un bruit de verre brisé, et deux corps qui s’écroulent, puis c’est à nouveau le silence.

     Clément descend dans la cale, les deux otages sont là, ligotés, bâillonnés.

     Clément les délivre de leurs entraves, et les aide à monter sur le pont. Ils voient les deux bandits avec une pointe de flèche qui sort entre leurs yeux grand ouverts, et un sourire s’affiche sur leur visage.

 

     Venez, nous vous ramenons à la taverne, le curé y est.

     Et les deux ex otages sont soulevés et volent comme par miracle avec Clément et Jeannette jusqu’à la taverne.

     Dans la taverne, le sang est enlevé, et le cadavre devant aussi.

     Le curé les voyant passer la porte est fou de joie, et les trois s’enlacent en pleurant.

     Les clientes et clients de la taverne applaudissent à cet exploit.

     « Vous êtes des braves ! J’offre la tournée générale ! dit le tavernier . 

     - Nous n’en doutions pas ! disent Aloïs et Alfred. Ce sont les compagnons du Blauersland ! Ils ont de grands pouvoirs ! 

     - Où sont nos compagnons ? demande le prisonnier.

     - Ils se sont sauvés, en t’abandonnant lâchement ! dit Jeannette.

     - Ce n’est pas vrai ! Ils vont chercher les autres, et vont revenir me délivrer et venger mon compagnon !

     - Ah Bon ? Et où donc vont-ils trouver les autres ? demande Clément.

     - A l’auberge à l’entrée du bourg ! Ils y sont depuis hier ! Ils sont plus de dix ! Ils vont tous vous massacrer !

     En voyant les regards inquiets du tavernier et des clients, Clément les rassure.

     - Ceux du bateau sont morts ! Les autres sont effectivement venus hier soir à l’auberge. Ils étaient onze, nous les avons accueillis avec nos flèches ! Actuellement ils gèlent derrière l’auberge, une flèche chacun dans la tête !

     - C’est faux ! Tu mens !

     - Il suffit ! dit Clément qui ne veux plus entendre ce bandit.

     Il prend son arc et lui loge une flèche entre les deux yeux !

     Emmenez-le avec l’autre ! »

     Et Ignace et Jeannette soulèvent d’un geste de la main le cadavre et l’emmène derrière la taverne, avec son complice, et recouvrent les corps d’un gros tas de neige. Les clients sont sidérés de les voir faire. Seuls Aloïs et Alfred Chtauss les avaient déjà vu faire.

     « Maintenant, curé, de quel trésor parlaient -ils ?

     - Il est arrivé dans l’église, il avait une flèche plantée dans le dos. Il m’a demandé de mettre ce trésor en lieu sûr et de le confesser, sachant qu’il allait mourir. C’était aussi un bandit, mais qui avait volé les autres. Le trésor est dans un sac dans l’église. Je l’ai caché. Ce sont des pièces et des lingots d’or.

     Mais tu disais vouloir me parler ?

     - Oui l’abbé ! Les bandits de l’auberge avaient avec eux des crucifix, et autres calices et coupelles en or, qui viennent probablement d’un ou plusieurs pillages d’églises. Les voici !

     Et il tend le sac au curé.

     Son visage s’éclaire en voyant le crucifix d’or, orné de pierreries.

     - Je reconnais ces objets ! Ils viennent de l’abbaye de Fribourg, de l’autre coté du fleuve, vers le Sud. Ce crucifix a été offert par le pape Grégoire III lors de son passage l’an dernier. L’abbaye  a été pillé, et ses occupants ont été égorgés, il y a quelques mois !

     - Alors, tu sauras quoi en faire ! Le trésor aussi t’appartient, fais-en bon usage !

     A ce moment entrent Marion et Adèle, vêtues de magnifiques manteaux bien chauds, et Marianne et Maurice, eux aussi vêtus de manteaux à leur taille, de chausses fourrées et de chapeaux à oreillettes en fourrure.

     « A l’église, on nous a dit que tu est ici ! dit Marion.

     -Tu as vu les enfants ! dit Adèle.

     - Ils sont splendides ! Et vous aussi, les filles ! dit Clément.

       L’abbé ! Ces enfants, Marianne et Maurice, sont ceux de Josette, qui est aujourd’hui la fiancée de Joseph Lefan, le patron de l’auberge, à l’entrée du bourg.

     Attends-toi à célébrer un mariage bientôt !

     - Ce sera avec la plus grande joie ! Vous serez là, bien sûr !

     - Je ne sais pas ! Mais si nous sommes au Blauersland, Nous viendrons, forcément ! 

     - Nous avons fait quelques achats ! dit Marion. Des manteaux pour toutes les filles, des chausses et des chapeaux de fourrure, nous avons dévalisé la réserve de la friperie ! Nous avons mis tout cela dans le chariot.

     - C’est très bien ! Je vais encore acheter des flèches, l’armurier n’est pas loin ! »

     Et Clément sort de la taverne. L’abbé alors sort une pièce d’or, qui vient du trésor des bandits, et dit :

     « Tavernier, mets donc une tournée générale pour tout le monde ! Il lui donne la pièce, en disant :  Cela suffira-t-il ?

     - Oh ! Avec ça il y a bien de quoi payer plusieurs tournées !

     - Alors, sers-toi, sers-nous et trinque avec nous ! jusqu’à épuisement du crédit de la pièce !

     Clément revient, il a acheté un bon paquet de flèches, et rempli son carquois.

     « Compagnons, allons rejoindre les autres à l’auberge ! Nous devons encore rentrer aujourd’hui ! »

     Et aux rênes du chariot, Clément repart vers l’auberge. Dans le chariot, parmi les fourrures où se vautrent les enfants, les compagnons se racontent ce qu’il s’est passé ce matin.

     Arrivés à l’auberge, Les enfants de Josette, la voyant souriante , les yeux brillants, lui sautent au cou !

     « Maman, maman, regarde comme je suis beau ! dit Maurice.

     - Oh oui ! Et comme tu es belle Marianne ! dit Josette. Merci ! Merci ! Pour tout ce que vous faites pour nous !

     - Allons, Josette ! Intervient Joseph, sentant l’émotion monter, viens plutôt m’aider à dresser la table ! il va être midi !

     Pendant que Joseph et Josette dressent la table, et emmènent toutes sortes de nourritures, les filles déchargent le chariot, et font la distribution des manteaux, un pour Jeannette, et un pour Josette ! Les autres seront disposés au foyer du Blauersland, pour se couvrir après le sauna et la douche !

     Tout en mangeant, Clément raconte leurs aventures du matin à la taverne et sur le bateau.

     « En tout, nous avons éliminé quinze bandits de la région ! dit-il. On va nous appeler les nettoyeurs ! ajoute-t-il en rigolant, faisant rire toute la tablée. 

     L’heure du retour a sonné.

     - Nous allons laisser le chasse-neige ici, à côté de l’auberge, si cela ne te dérange pas. Si d’autres chutes se présentent, nous viendrons le chercher .

     Nous repartons toutes et tous dans le chariot, avec des chevaux reposés, les nôtres ont passé la matinée dehors ! Nous avons aussi huit chevaux derrière, les trois du chasse-neige et les cinq des bandits, attachés au chariot.

     - Bon retour, compagnons du Blauersland ! dit Joseph. Que Dieu vous garde !

     - Merci encore ! ajoute Josette, aux bras de son Joseph.

     Allez ! C’est moi qui conduit ! dit Marion, en s’équipant pour le mieux : Une tunique chaude, des braies en peau, chaudes, des chausses et des gants en fourrure, un manteau chaud en fourrure et un chapeau en fourrure avec des oreillettes qui se nouent sur le cou ! Ainsi accoutrée, elle ne risque pas de geler !

     Le chariot va bon train, le braisier est chaud , et tout le monde est nu dans le chariot.

     Adèle et Raoul batifolent dans un coin, Jeannette et Ignace se mélangent de même, Alfred  et Clément discutent de choses et d’autres, en dégustant un bon vin que Joseph leur a donné.

     Au bout de deux heures, Marion demande à changer, elle est fatiguée de tenir les rênes.

     Le chariot s’arrête, Clément s’habille et va changer les chevaux, Ignace se met aux rênes, bien emmitouflé dans le nouveau manteau des filles, et un chapeau à oreillettes .

     Le chariot repart, à vive allure.

     Marion se réchauffe, nue près du braisier, Alfred s’approche d’elle et lui fait comprendre qu’il lui ferait bien quelques gâteries, là, au fond du chariot !

     Adèle et Raoul dorment, épuisés, et Jeannette n’en n’a pas eu assez ! elle se met alors à genoux devant Clément, qui se laisse faire…

     Une dernière halte, pour changer les chevaux et le cocher, Alfred prend les rênes, et le chariot repart direction le Blauersland, il devraient arriver dans une heure. La nuit est en train de tomber, ils vont finir le voyage de nuit !

     Enfin, le Blauersland est en vue, Clément va au devant pour prévenir de leur arrivée et réserver le sauna. Pour eux aussi, mission accomplie ! Néanmoins, tandis que les compagnons gagnent le sauna, Clément amène encore les dix chevaux chez Jeannot Pinot, avec Adèle.

     Jeannot est embarrassé, il n’a pas beaucoup de place ! Mais il arrive à les caser, serrés, ils se tiendront plus chaud, bien qu’un âtre tempère l’écurie.

     Adèle et Clément vont alors rejoindre les autres au sauna. Nous y sommes déjà, Les sœurs Kahlm, Marie, Madeleine, Marion et Margot, Sylvain Strass, José Pourse, Paul Hanka, le bourgmestre de Brizach et sa femme Émilie, et les sœurs Maire, Charlotte et Béatrice, Élodie Schmidt, et ses enfants, Georges et Georgette, notre doyen Adrien Rung, Itzel et Akna, et moi.

     Nous en sortons bientôt, après deux séances de Sudation.

     « Nous nous verrons au foyer ! dis-je, après le souper, nous avons toutes et tous des choses à nous raconter, pour sûr ! »

Les récits des déneigeurs

 

     Dans le foyer, les deux âtres tournent à plein régime ! Il faut dire qu’une vague de froid intense couvre la région !

     Des couchages ont été installés pour Paul et Émilie Hanka, Charlotte et Béatrice Maire, et Élodie  Schmidt et ses enfants, Georges et Georgette.

     Mais l’heure n’est pas au couchage !

     Tous les compagnons sont réunis autour de la grande table. Les invités y sont à l’honneur, à côté du doyen.

 

     Adrien Rung prend la parole.

     « Compagnons ! Nous avons bien mangé, bien bu, nous pouvons à nouveau applaudir Ingrid et Alice qui ont encore une fois concocté des sublimes mets, pour la plus grande satisfaction de nos papilles ! Et c’est une ovation générale !

     Maintenant que vous êtes tous rentrés, je dois vous dire que je me suis fait enguirlander par Ingrid, qui m’a dit, avec raison, que j’avais laissé partir toute la jeune génération du Blauersland dans le froid de l’hiver !

     Mais heureusement, vous êtes toutes et tous rentrés sains et saufs !

     Vous avez vécu des aventures lors de vos voyages, si vous le voulez bien, vous allez maintenant nous les conter !

     Nous allons tirer au sort pour savoir qui commence, entre les bleus, les jaunes et les rouges.

     J’ai mis sous ces pots, trois bâtons colorés, en rouge, en bleu et en jaune. 

     Les plus jeunes d’entre nous, Victor et Raoul, vont a tour de rôle soulever un pot.

     Pour que le hasard fasse bien les choses, ils vont jeter un dès, et le plus grand chiffre commence !

     Les dès sont jetés, c’est Raoul avec un Cinq qui soulève le premier pot. Le bâton est bleu.

 

Les bleus. Le convoi vers Strateburgo

 

     Josiane Pourse, Victor Schwartz, Roger Pinot. Babette Muscat, Jérémie Pourse et Josette Pourse. Avec Jean Kirou comme guide et éclaireur.

 

     « Nous avons avancé sans problème, raconte Jean, en faisant plusieurs pauses, sans rencontrer âme qui vive, jusqu' à pas loin de Erstein, au Sud de Strateburgo, où des hommes déblayaient un chemin à la pelle ! Nous avons alors dégagé le chemin vers le fleuve, puis vers le village d’Erstein.

     Nous avons été invité à l’auberge du village, par le patron, Edmond Alenvere, qui était un des déneigeurs avec ses fils, puis nous avons continué vers Strateburgo, jusqu’aux portes de la ville.

     Là, les compagnons m’ont attendu, le temps que je fasse des achats pour Pierre et Jacques, à l’échoppe de l’apothicaire Georges Dumont, et nous sommes ensuite repartis vers Bischheim puis nous sommes revenus jusqu’ici.

     Il faisait bien chaud dans le chariot, et tout le monde était nu. Ce qui a entrainé quelques plaisirs partagés inévitables dans une telle promiscuité ! Nous sommes rentrés hier au soir. 

     - Merci Jean ! C’est au tour de Victor de soulever le pot. Le bâton est rouge. 

 

 

 

Les rouges. Le convoi vers Confluentes

 

     Adèle Pinot, Alfred Muscat, Marion Schwartz, Ignace Strass, Raoul Schwartz, Jeannette  Kirou. Clément Sandre est le guide et l’éclaireur du convoi.

 

     - Nous avons fait une pause, raconte Clément, pour réchauffer les cavaliers. J’ai vu sur le fleuve, une chose étrange. De plus près, c’était une barque. A bord, une femme et deux enfants, en fuite. Josette Krumb, et ses enfants Marianne et Maurice, des jumeaux de dix ans.

     Nous les avons recueillis, réchauffés dans le chariot, ils étaient gelés ! Ils s’étaient sauvés de l’esclavage que des bandits leur faisaient subir, avec des viols quotidiens de Josette ! Ils avaient été capturé dans un petit village, Munstater, sur l’autre rive du grand fleuve,  tous les habitants s’étaient sauvés, elle était à pied, avec ses deux bambins, sans cette barque providentielle, elle aurait vite été rattrapée par les bandits à cheval.

     Mais les bandits, une dizaine selon ses dires,  étaient sûrement sur leurs traces, bien qu’ils étaient sur l’eau à dériver.

     Nous avons continué vers Confluentes, sans problème, et nous nous sommes arrêtés pour la nuit dans l’auberge de Joseph Lefan, que nous connaissions déjà, quand nous sommes allé acheter du bois.

     Le soir, autour d’une bonne table devant un bon feu, Josette nous a raconté son histoire, employée d’un Comte, assassiné lors d’une partie de chasse, son mari a dit qu’il avait vu l’assassin et est mort le lendemain. Elle a été chassé par les assassins, et accueilli dans ce petit village, Munstater, quelques mois plus tard, les bandits sont venus.

     C’est au moment de nous coucher que des gens sont entrés dans l’auberge, Josette a reconnu ses tortionnaires.

     Nous nous sommes organisés sans nous faire voir, et nous les avons tués ! ils étaient onze.   Nous avons mis leurs chevaux à l’abri, ils avaient des sacoches avec une fortune en bijoux, en or et en argent, et des objets religieux en or.

     Enfin, nous sommes allé nous coucher.

     - Hé bien ! C’était mouvementé ! dit Adrien .

     - C’était pas fini ! Reprend Clément. Josette s’est éprise de Joseph, l’aubergiste, qui est veuf, lui aussi, et ils ont décidé de vivre ensemble. Je suis allé en ville avec Adèle et Marion, et les enfants, les filles pour leur trouver des vêtements chez le fripier, et moi pour donner au curé les bondieuseries en or trouvées sur les bandits.

     Je trouve le curé à la taverne du port, il était malmené par deux bandits qui en voulaient à une confession qu’un autre bandit lui aurait faite. Il s’agissait d’un trésor, et ils avaient pris la sœur du curé et son mari en otage quelque part en ville.

     Je me suis interposé, et comme ils devenaient menaçant, j’ai blessé le premier d’une flèche à l’avant-bras et envoyé valdinguer le deuxième dans la cheminée. Le premier a encore voulu me menacer, et a pris une deuxième flèche dans l’autre  bras, et une dans la cuisse quand il a voulu fuir. Le deuxième est sorti du brasier, l’aubergiste lui a jeté un seau d’eau pour éteindre ses guenilles.

     Il a fini par  avouer, je l’avais mouillé et mis dehors nu, ça n’a pas duré longtemps il a tout dit.

     Avec Ignace et Jeannette que j’ai appelé en renfort, nous sommes allé débusquer deux autres bandits qui tenaient les otages dans un bateau. Nous les avons tués tous les deux, les otages étaient encore vivants, mais grelotants, nous les avons ramené à la taverne et ils se sont réchauffés, j’ai fini par abattre le dernier bandit dans la taverne. Ils faisaient partie de la même bande qui était venue dans l’auberge ! Quinze bandits de moins ! Nous avons donné les bondieuseries au curé, qui a dit qu’elles venaient d’une abbaye que les bandits avaient pillée, massacrant tous les abbés.

     Les filles ont habillé les enfants de la tête aux pieds, et ont aussi ramené des manteaux de fourrure pour nous habiller quand nous sortons du foyer !

     J’ai aussi fait une grosse provision de flèches chez l’armurier pour remplir nos carquois.

     Nous avons partagé l’or avec l’aubergiste, et gardé cinq des chevaux que nous avons ramenés. Nous sommes repartis avec juste le chariot, et huit chevaux accrochés derrière. Nous avons laissé le chasse-neige à l’auberge, s’il neige, ils ont des chevaux pour déneiger ! Nous avons fait des pauses pour changer de chevaux, et de conducteur, et nous étions toutes et tous à batifoler pendant le voyage de retour. »

     - Que d’aventures, et d’heureux dénouements ! dit Adrien.

     Maintenant, au tour de l’équipe des jaunes !

 

 

Les jaunes. Le convoi vers le Sud

 

 

     Sylvain Strass, Margot Kahlm, Madeleine Kahlm. Marion Kahlm, José Pourse, Marie Kahlm. Le guide et éclaireur est Jacou Artz.

 

     - Après une heure de route, dis-je, Nous avons fait une pause pour nous réchauffer, nous sommes toutes et tous nus dans le chariot. Après la pause, nous avons dégagé le chemin vers Haegen, jusqu’au fleuve, dans le chariot, les garçons sont en nombre inférieur pour résister aux assauts des filles, et la fornication n’a pas traîné !

     Nous repartons et faisons la même chose, à Rouffach, puis à Sasbach, et enfin, au crépuscule, nous sommes arrivé à Brizach.

     Nous avons mis nos chevaux à l’abri à l’auberge de Joseph Dacise où nous passons la nuit.  A table, le soir à l’auberge, Le bourgmestre de Brizach, Paul Hanka, ici présent, nous demande de l’emmener lui et son épouse Émilie ici présente, à Strateburgo pour affaire. Le forgeron de Brizach, Jean Maire est arrivé avec ses deux nièces, Béatrice et Charlotte, ici présentes, que nous avions sauvées cet automne des pirates en bateau, pour que nous les menions à Strateburgo afin d’y faire des étude de médecine.

     - C’est très bien, ça ! dit Pierre Kirou, le médecin du Blauersland.

     - Nous nous sommes couchés à l’auberge, dis-je, le lendemain, il faisait bien chaud le matin dans l’auberge, nous sommes descendus nus et avons pris le petit déjeuner nus, avec le bourgmestre, même Émilie  son épouse s’est lancée !

     - C’est vrai ! confirme Émilie, je ne m’étais jamais mise nue devant des gens !

     Je continue.

     - Les nièces du forgeron, lui aussi, le commis, Bernard Maire, le cousin des nièces, toutes et tous étions nus.

     Nous sommes donc repartis ce matin sans le chasse-neige que nous avons laissé à Brizach, toutes et tous dans le chariot, avec les trois chevaux accrochés derrière. Dans le chariot, avec la chaleur, nous sommes toutes et tous nus, et évidemment ça n’a pas trainé ! Nous nous sommes adonné aux plaisir de la chair sans honte et sans gène !

     Nous faisions des haltes pour changer de chevaux et de cocher quand le cocher, Madeleine, a vu une femme et ses enfants sur la route. Il s’agit d’Élodie Schmidt, quarante ans, ici présente, et ses enfants, Georges et Georgette, dix sept ans, ici présents.

     Elle a été mise à la porte de la maison de son beau-frère parce qu’elle et son fils se sont opposés à lui quand il a voulu baiser sa fille, le garçon s’en est mêlé, ils se sont battus et le vilain les a foutu dehors ! Elle veut aller à Strateburgo, où une sœur pourrait les héberger.

     - Hors, il s’avère, dit Paul Hanka, que nous allons à Strateburgo pour prendre possession d’un héritage de mon épouse, un joaillerie au centre du bourg. Et, le hasard fait bien les choses, Élodie est joaillière, elle travaillait avec maître Guitton, le Joaillier de Sasbach. Il se pourrait bien qu’elle ait d’ores et déjà, trouvé un emploi à Strateburgo !

     - Et même un logement, au dessus de la joaillerie ! ajoute Émilie.

     - Voilà, continué-je, nous sommes arrivé juste avant Clément.

     Demain, si tu le permets, Adrien, J’irai à Strateburgo aider Paul et Émilie Hanka à prendre possession de leurs biens, installer Élodie, Georges et Georgette, et j’irai accompagner Béatrice et Charlotte Maire aux hospices pour les inscrire à leurs études.

     - Nous viendrons avec toi, Jacou ! Disent en chœur Itzel et Akna.

     - Volontiers ! Je suis toujours ravi d’être avec mes condisciples !

     - Condisciples ? demande Paul.

     - Oui, dis-je, nous sommes tous les trois les disciples de notre maître Sirius, qui nous attend à Mettis.

     - J'avais cru que vous étiez des compagnons du Blauersland ! dit Paul.

     - Mais c’est le cas ! dit Adrien. Itzel, Akna et Jacou sont des compagnons à part entière ! Ils ont beaucoup fait pour le Blauersland ! Le sauna, par exemple, c’est eux ! Ainsi que les douches ! Et ce foyer, où nous pouvons toutes et tous vivre nus, c’est eux aussi !

     - Heu, fais je remarquer, nous avons apporté l’idée, mais la réalisation est due aux compétences de toutes et tous les compagnons dans tous les domaines.

     - Et nous avons, continue Adrien, des pouvoirs qui viennent de maître Sirius, et qu’ils nous ont amené !

     - Bon ! dit Ingrid. Moi fatiguée ! Moi coucher ! Moi voir vous demain avant partir ! Moi dire bonne nuit !

     - Bonne nuit Ingrid ! disent les compagnons en chœur .

     Et Ingrid alors se lève, et sans toucher le sol, vole par la porte jusque chez elle.

     - Ce pouvoir-là, entre autre ! dit Adrien voyant les invités subjugués par ce qu’il viennent de voir.

     - Oui ! C’est comme cela qu’ils nous ont sorti de l'eau quand le bateau des pirates a coulé ! dit Charlotte . Et Béatrice confirme.

     La soirée se poursuit autour de quelques verres de gnoles, de liqueurs diverses, de cervoises aussi. Des anecdotes sur la vie des compagnons se succèdent, souvent ponctuées d’éclats de rire.

     - Bien ! Compagnons ! dit Adrien. Nous allons laisser dormir nos invités, ils dorment dans le foyer.

     Qui est de garde des âtres cette nuit ?

     - C’est moi ! dit Émile Pourse.

     - Donc, chers invités, ne craignez rien quand Émile passera au courant de la nuit pour recharger les âtres.

     Dehors, il gèle à pierre fendre ! Si vous devez sortir, il y a les manteaux et les chausses de fourrures que les compagnons ont ramenés de Confluentes. Mettez-les ! Ne sortez pas nu, même pour un court instant ! »

     Les compagnons retournent chez eux, les uns après les autres, bientôt, il ne reste plus que deux personnes attablés, Georges Schmidt, le fils d’Élodie, et Sylvain Strass, orfèvre de son métier, et qui en parle à Georges. Ce dernier est fasciné par les techniques de sertissage des bijoux, et veux en faire son métier !

     Finalement, Sylvain prend congé, et Georges se couche à côté de sa sœur, la tête pleine de projets.

     Émile fait un premier tour de charge des âtres, les deux du foyer, celui du sauna, celui des douches, et le braisier de la crémaillère. La roue à aube tourne, mais l’eau tout autour est bien gelée, une couche de bien cinq à six pouces d’épaisseur de glace atteste de la froideur de cet hiver !   

Chapitre III     La joaillerie  de Strateburgo

 

 

- Visite des lieux

- Nouveaux aménagements

- L’aide du Blauersland

- Le chantier de la joaillerie

- L’auberge du « Cheval Blanc »

- Le chantier, la suite

- Une nuit à l’auberge

- Les préparatifs de la fête

- Derniers travaux

- Préparatifs finaux de la fête

- J – 1

- La fête du solstice d’hiver

- Le service de déneigement

 

 

Visite du lieu

 

      Le matin est là, Paul Hanka et Émilie sont attablés avec Ingrid et Alice, qui ont préparé le petit déjeuner pour tout le monde. Les sœurs Maire, Charlotte et Béatrice, émergent à leur tour, suivies bientôt de la famille Schmidt.

     Les compagnons arrivent les uns après les autres, en famille, ou seuls, J’arrive avec Itzel et Akna et nous tombons les lourds manteaux qui nous protègent du froid dehors. Jeannot arrive au foyer, je lui demande s’il peut atteler deux bons chevaux à un chariot fermé, nous allons utiliser un braisier pour le voyage !

     « Pas de problème Jacou ! Ce sera le chariot que tu as utilisé hier ! Le braisier est encore dedans .

     - Parfait, je vais faire le plein de bois ! Nous emmenons aussi les deux autres braisiers, je ne sais pas si le local de la Joaillerie est chauffé, ni le logement ! Au cas ou, ils apprécieront !

     - Bonne idée ! je te les mettrai dans le chariot.

     - Merci Jeannot, mais prends le temps de déjeuner, nous ne sommes pas pressés ! »

     Une fois tous les préparatifs terminés, le plein de bois fait, et quelques provisions pour subsister quelques temps, avec une bonne chaleur dans le chariot, nous pouvons partir. Tout le monde embarque dans le chariot, Je me mets aux rênes, et nous voilà partis pour Strateburgo, une nouvelle vie commence pour les passagers.

  

    Dans la forêt d’Erstein, au Sud de Strateburgo, une troupe de cinq cavaliers nous barre la route à la sortie de la forêt. Je préviens aussitôt mentalement les jumelles, qui ne prennent pas le temps de s’habiller et sont prêtes, les arcs bandés chargés de deux flèches.

     Nous nous arrêtons à cent pas de la troupe.

     « Que voulez-vous ? demandé-je.

     - Donnez-nous votre or, et vous pourrez partir ! dit un des cavaliers.

     - Nous n’avons pas d’or, mais nous avons ça ! »

     Et je prends mon arc et engage une flèche.

     Les bandits sortent leurs glaives, veulent charger, aussitôt, les flèches sifflent, et trois cavaliers tombent de leurs montures, suivis de près par les deux autres, une flèche dans l’œil.

     « Habillez-vous les filles, nous allons voir de qui il s’agit ! »

     Akna et Itzel descendent du chariot, nous transportons à distance les cinq cadavres, après avoir récupéré nos flèches, et les avoir dépouillés, et les entassons nus sur le bas-côté du chemin, poussant la neige pour les recouvrir, avant que les loups ne les trouvent.

     Dans une heure, ils seront trop durs pour être mangés !

     Nous fouillons les chevaux, nous ne trouvons qu’un peu d’argent.

     « Nous repartirons avec les cinq chevaux des bandits, nous les vendrons à Strateburgo. 

     Le Bourgmestre et son épouse sont épatés de la façon dont nous avons géré cette attaque !

     - Mais comment avez-vous su, les filles pour prendre vos arcs si rapidement ?

     - Nous communiquons par la pensée ! dit Itzel. C’est aussi un de nos pouvoirs !

     - C’est vraiment extraordinaire ! dit Paul.

     - Je me mets aux rênes pour la fin du voyage, Jacou. Réchauffe-toi un peu !

     - Merci Itzel ! »

     Et nous repartons vers la cité, que nous atteignons quelques temps plus tard.

     « Renseignons-nous pour trouver le bourgmestre de la ville. C’est lui qui détient les clés de l’échoppe dit Paul. 

     On nous indique la maison du Bourgmestre, Maître Rudolf Hess, qui nous accueille chaleureusement.

     - Bienvenue voyageurs ! Que puis-je pour vous ?

     - Je suis Paul Hanka, le bourgmestre de Brizach, et voici Émilie, mon épouse, héritière de la joaillerie de la place du centre. Ces gens sont avec nous.

     - Oui-Da ! Je suis content de vous rencontrer ! Je suis Rudolf Hess, le bourgmestre de Strateburgo. Le Joaillier Armand Nau était votre oncle, c’est ça ?

     - Oui, répond Émilie. Je l’ai connu enfant. Il était seul dans l’échoppe ?

     - Oui. Sa compagne est décédé il y a dix ans déjà. Ils n’avaient pas d’enfants. Lui, on l’a trouvé mort sur son comptoir un après-midi, on lui connaissait des problèmes de cœur.

     Tout est resté dans l’échoppe, dans un coffre, Gaston Gaf, mon secrétaire vous montrera.

 

     Voici Gaston Gaf, mon secrétaire. Gaston, prends les clefs de la joaillerie et vas leur ouvrir. Ce sont les nouveaux propriétaires.

     - Enchanté ! Allons-y, c’est à cinq minutes à pied.

 

     Nous arrivons à l’échoppe, c’est une grande bâtisse avec un étage, et un toit pentu, flanquée de chaque coté par d’autres bâtisses, au milieu de la rue. Il y a une porte pour l’échoppe, deux fenêtres closes, et une autre porte qui donne sur un couloir, un escalier qui monte à l’étage. Une porte intérieure permet d’accéder à l’escalier depuis la boutique. Un autre escalier descend vers une cave. Au fond du couloir, une autre porte.

     Dans l’échoppe, de bien quatre-vingt pieds de façade sur quarante, un comptoir est installé au milieu de la pièce. Sous le comptoir, une arbalète et une dizaine de flèches.

Sur les murs, des lampes à huiles avec encore de l’huile.

     Derrière, séparé par une cheminée, un atelier, grand aussi, de quatre-vingt pieds sur cinquante, il y a aussi des lampes au mur,  quelques outils de Joaillier ou d’orfèvre, un établi avec un petit étau, et un coffre dont Gaston a la clé.

     Il ouvre le coffre, à l’intérieur, plusieurs bourses contenant des pièces d’argent, des pièces d’or, et quelques livres-or, une petite fortune ! Une boite contient des colliers, des bracelets, des bagues, des boucles d’oreilles, et quelques babioles en argent , en or, et en étain. Au fond du coffre, trois dagues en acier avec des poignets incrustés de pierres.

     A l’arrière de la cheminée de l’échoppe, une deuxième cheminée adossée, avec des crémaillères et du matériel pour fondre les métaux ! Dans l’atelier, une cheminée qui sera bien utile !

 

     « Akna ! Veux-tu aller chercher le chariot, qu’on sorte quelques braises et qu’on allume cette cheminée ?

     - J’y vais Jacou !

     - Georges et Georgette ! Venez, dis-je, on va voir la haut de quoi il retourne. »

     En haut de l’escalier, une porte donne sur un petit perron avec deux portes. Nous y pénétrons, et une fois les volets ouverts, nous découvrons deux pièces, l’une derrière l’autre, communicantes. Aussi grandes que celles du bas ! Une cheminée contre le mur qui sépare les deux pièces, et, une cheminée adossé de l’autre coté !

     « J’entend le chariot qui arrive ! Venez, on va prendre le bois, et allumer les cheminées. Cette maison a besoin d’être chauffée ! »

     En bas, Paul et Émilie sont contents. Il y a un beau pactole à récupérer !

     « Alors Élodie, que pensez-vous de cet endroit ?

     - Avec un petit peu de nettoyage, cela fera une échoppe respectable !

     - En haut, il y a deux chambres, avec une cheminée dans chaque ! dit Georgette.

     - Les enfants, pensez-vous que nous serons bien ici ?

     - Oh oui maman ! dit Georges. Une chambre pour toi, une pour Georgette en haut, et moi je dors dans l’atelier ! Il y a de la place pour un lit ! Nous allons allumer du feu, Viens Georgette, déchargeons les bûches du chariot ! »

     Il y a une lanterne en haut de l’escalier. Il y a encore de l’huile dedans !

     Avec une pelle, que je trouve près de la cheminée de l’échoppe, je ramène des braises rouges, qui s’enflamment sur les rondins que les jeunes ont ramené ! La cheminée a un bon tirage, et la chaleur se répand dans l’échoppe. Georges prend des braises, et allume la cheminée de l’atelier. Il trouve alors un allumeur, et fait le tour des lampes, dans l’échoppe et dans l’atelier.

     Puis il monte à l’étage, et allume toutes les lampes qu’il trouve, dans l’escalier, dans chaque pièce, en tout huit lampes éclairent la maison à l’étage !

     J’en profite pour allumer la lanterne, pour aller visiter la cave.

     Pendant ce temps, les sœurs Maire comptent les pièces qui se trouvent dans la bourse et le coffre.

     Avec Itzel nous descendons le long escalier de la cave, des lampes à huiles sont fixées au mur de l’escalier. Je les allume avec la lanterne, et nous y voyons clair.

     La cave est voûtée, soixante dix pieds de large sur cent en longueur, avec un plafond à dix pieds au moins, sur le mur côté rue, des casiers remplis de bouteilles pleines, sur le côté, deux ou trois muid de bois coupé, idéal pour les cheminées, et à coté, des amphores d’huile pour les lampes. Des étagères sont remplies de lampes, de mèches, et de verres de lampe. De quoi refaire un éclairage complet !

     Quatre autres lampes se trouvent dans cette cave, et trois au dessus de l’établi. Itzel les allume toutes.

     Au fond de la cave, Un grand établi, un brasier, un soufflet, une enclume, des outils de forgeron ! Une forge dans la cave ! Incroyable ! Un soupirail ramène de l’air, il donne derrière la bâtisse.

     Je remonte raconter ma découverte, et demande à Gaston si il y a du terrain derrière.

     « Oui, il y a une porte au fond du couloir, elle donne sur un jardin.

     Nous allons voir, et arrivons dans un jardin clos, des hauts murs l’entourent, des lampes sont placées tous les dix pieds, de quoi éclairer la nuit comme en plein jour ! Il est exposé plein Sud.

     La neige n’a que peu pénétré dans cet endroit idyllique, à, peine quelques pouces sur le sol.

     - C’est superbe ! dit Émilie qui sort à ce moment. En plein centre du bourg, cet endroit de verdure est magnifique !

     - Tu connaissais cet endroit ? Demandé-je à Gaston.

     - Non, mais j’ai entendu dire que des fêtes intimes se déroulaient ici !

     - Mais plus ces derniers temps, avec son cœur ! dit Émilie .

     Une fois les visites terminées, les recoins explorés, les cheminées allumées à l’étage, le brasier de la forge aussi, une douce chaleur envahit doucement la bâtisse, la séché peu à peu, après cette absence de chauffage. Nous nous retrouvons dans l’échoppe et décidons d’aller manger.

     « Gaston, tu es notre invité, conduis nous à la meilleure auberge de la ville !

     Et nous éteignons les lampes avec un étouffoir, laissons les cheminées bien chargées pour réchauffer les murs de la maison, rangeons les bourses d’argent dans le coffre, Paul en garde une avec lui.

     - Nous allons faire quelques achats après le repas ! Du mobilier, de la literie, de quoi entretenir cette échoppe ! »

     C’est à Élodie que revient l’honneur de fermer et verrouiller l’échoppe. Dehors, il fait toujours aussi froid !

     Nous arrivons à pied à l’auberge du « Cheval Blanc », réputée pour ses spécialités de choux-croute et de charcuteries, ses gibiers, et d’autres délicatesses variées. Nous nous installons, Paul, Émilie, Élodie, Georgette, Georges, Charlotte, Béatrice, Gaston et moi près d’une immense cheminée qui rayonne bien agréablement, et nous réchauffe rapidement.

     « Aubergiste ! dit Paul.

     L’aubergiste s’avance.

     - Ces messieurs dames veulent-ils déjà boire un apéritif ? Nous avons un excellent vin gris sucré, idéal pour une mise en bouche !

     - Va pour le vin gris ! Je vous présente la nouvelle Joaillière, Élodie Schmidt, qui va rouvrir l’échoppe de Armand Nau.

     - Enchanté ! je suis Albert Morille, le patron de cette auberge. Fort bien ! Cela va à nouveau attirer une clientèle aisée à mon auberge ! Soyez la bienvenue, Madame !

     - Merci aubergiste ! Si votre auberge mérite sa réputation, vous nous verrez souvent, mes enfants et moi à votre table !

     - J’en serai ravi !

     Il revient avec des godets en verre fin, et nous sert un nectar de vin délicieux ! Nous en éclusons deux pintes, par gourmandise.

     - Maintenant, Maître Morille, dit Élodie, nous nous fions à vous ! étonnez-nous ! »

     Le repas, hors du commun, est une suite de délices, en petites quantités, mais d’une finesse inégalée ! Le digestif qui clôt ce festin est un nectar de raisin distillé, que Bacchus jalouserait sûrement !

     Paul tient à régler la note, qu’il paie grassement, à la hauteur de la qualité du repas !

     Une promenade dans le froid de l’après midi nous emmène chez le menuisier, Hubert Felix, où Paul passe commande de quatre grand lits que le menuisier doit livrer à l’échoppe, avec quatre armoires, quatre tables, dix chaises, et bien sûr la literie pour se coucher, qu’il fera confectionner par le tailleur, avec les meilleurs tissus !

     Rendez-vous est prévu pour demain dans la matinée.

     Puis nous passons chez l’apothicaire Georges Dumont afin de nous fournir en balais, brosses, serpillères, seaux, et quelques produits pour nettoyer les locaux et les métaux, les lustrer ou les faire briller.

     Lui aussi livrera cela à l’échoppe.

     Nous repassons par l’auberge, afin de réserver quatre chambres, une pour les époux Hanka, une pour Élodie, une pour ses enfants, et une pour mes condisciples et moi. Et comme le veut la tradition, qui dort dîne, l’aubergiste est ravi de nous avoir à nouveau ce soir à sa table !

     Je lui demande d’héberger nos chevaux jusqu’à demain, il est ravi de nous être utile ! Il appelle son palefrenier, Jo Karhi, qui prend en charge notre chariot.

     « Jo, les chevaux accrochés derrière sont pour toi ! lui dis-je. Je t’en fais cadeau ! Dorénavant, ce sont les tiens ! Prends en bien soin et prends soin des nôtres ! »

 

     Posséder un cheval est une reconnaissance de statut social !

     «  Grand merci Monseigneur ! Je les soignerai au mieux ! »

     Nous nous séparons alors, tandis que Gaston, Paul, Émilie, Élodie, Georgette et Georges retournent à l’échoppe, nous accompagnons, Itzel, Akna et moi, les sœurs Maire, Béatrice et Charlotte, aux Hospices de Strateburgo, pour les inscrire aux cours de médecine.

 

     Nous sommes reçu par le doyen des Hospices, Maître Bernard Piveau, heureux d’avoir de nouvelles recrues.

     « Merci de m’avoir amené de nouvelles disciples ! Mesdemoiselles, je vous fais visiter, je vous montre vos quartiers, et vous présenterai ensuite aux autres disciples des Hospices !

     - Volontiers, Maître Piveau ! nous sommes vos disciples ! disent Béatrice et Charlotte.

     - Appelez-moi Bernard ! Comme toutes et tous ici !

     - Bien Maître Bernard !

     - Bernard suffira ! »

     Nous prenons congé des sœurs Maire, elles nous remercient encore pour tout ce que nous avons fait pour elles, et promettent de garder de bonnes relations avec la joaillière et ses enfants.

     Nous voilà de retour à l’échoppe. La neige sur le toit de la bâtisse a fondu, la toiture dégagée tranche avec les toitures voisines recouvertes d’une bonne couche de neige ! Il y fait vraiment chaud ! Les lampes sont toutes allumées, les âtres ronronnent…

     Gaston est retourné à la maison du bourgmestre.

     Les enfants se sont mis à l’aise, nus, Émilie, Paul et Élodie sont en tenue légère. Nous faisons de même, et nous nous mettons nus aussi !

     Ils se sont mis d’accord. Élodie a la gérance de l’échoppe, ses enfants sont promus au rang d’apprentis joaillier, Georges est en charge des foyers, de l’atelier et de la forge au sous-sol. S’il y a du bénéfice, il sera partagé entre elle et Émilie, la propriétaire. Le fond de commerce , ce sont les bourses d’or et d’argent.

     « Nous repartons demain, dis-je, une fois les meubles commandés arrivés et installés !

     - Nous viendrons avec vous jusqu’au Blauersland ! dit Paul. Dès demain, c’est Élodie qui s’occupera de l’échoppe. Elle a toute notre confiance ! Nous savons que la maison est entre de bonnes mains !

     Le soir venu, après quelques rangements en vue de la livraison du menuisier demain, nous éteignons tout, nous chargeons les âtres pour la nuit, et nous allons à l’auberge, où après un repas léger, mais délicieux, nous gagnons chacune et chacun la chambre pour la nuit.

 

     Le lendemain matin, un vent glacial sévit sur la ville ! L’épaisseur de la glace sur le grand fleuve Rhin est actuellement de presque treize pouces ! Plus d’un pied !

     Georges est le premier levé, il déjeune vite fait, et va déjà à l’échoppe, allumer ou réactiver les quatre âtres de la maison, les lampes murales en bas et en haut, et celles des escaliers. Aujourd’hui, il va essayer de forger une pièce, dans la forge de la cave ! Il réactive donc aussi le brasier de la forge.

     Nous déjeunons tranquillement, l’aubergiste est d’accord de garder les chevaux dans son écurie encore jusqu’à notre départ, après le repas de midi, que nous réservons bien sûr à l’auberge !

     Nous nous retrouvons à l’échoppe, dans la cave la chaleur du brasier a incité Georges à se dévêtir. Néanmoins, il porte quand-même un tablier de cuir, pour protéger ses parties d’un éclat de fer incandescent, ou d’une braise qui éclate.

     Nous attendons le chariot du menuisier, qui ne saurait tarder !

     Paul et Émilie sont allés faire des achats de bouche, des boissons, de l’eau, de la cervoise, de l’alcool aussi, des fruits à des prix exorbitants, ils veulent préparer un cocktail pour l’inauguration de la nouvelle échoppe. Le vendeur de boisson, Pascal Ghor  leur prête une charrette à bras pour emmener tout cela à l’échoppe.

     Un peu plus loin, chez Bertrand Bleupa, ils achètent aussi de la vaisselle, des verres, des couverts, quelques gamelles allant au feu, et quelques nappes et napperons , des rideaux, et quelques bibelots pour égayer la boutique. Le marchand qui aujourd’hui fait une superbe vente livrera cela sur l’heure !

     Entretemps, l’apothicaire, Georges Dumont, tient particulièrement à livrer lui-même la commande de la veille.

     Pendant qu’il s’entretient avec Élodie, Georgette et Georges commencent à nettoyer l’étage à fond, nus, tellement la chaleur est omniprésente.

     « Il fait bien chaud, chez vous ! constate George Dumont. 

     Et quand il voit Georgette qui descend, nue, en marche arrière, penchée sur les marches d’escalier, qu’elle lave une par une, offrant son entrejambe ouvert à la vue de l’apothicaire, celui-ci rougit, et détourne la tête, faisant semblant de n’avoir rien vu ! Élodie a vu le regard de l’apothicaire et son teint pourpre.

     - Je vous demande Georges et Georgette de mettre au moins une tenue légère quand il y a des gens dans la place !

     Georges Dumont explique alors à Élodie quels étaient les produits que l’ancien joaillier commandait chez lui, des acides, des bases, des onguents, et quelques potions qu’il distribuait lors des fêtes dans son jardin, et lui demande s’il doit continuer à fournir ces produits, outre ceux achetés la veille.

     - Soit, Maître Dumont ! Faites pour le mieux !

     - Je ne veux pas passer pour un profiteur, mais la dernière commande d’Armand Nau a bien été livrée, mais pas payée ! Oh ! Ce n’était pas dans ses habitudes, je lui faisais confiance, il me réglait une fois par mois. Hélas, il est parti avant.

     - Pas de problème ! Je vous règle dès maintenant, et tout ce que vous avez livré, et la commande non payé d’Armand Nau, et d’avance les produits qu’il vous prenait d’habitude, que vous livrerez par la suite, pour le solstice d’hiver !

     Un prix global de vingt deniers, une livre-or, conclue l’affaire.

     Vous y assistiez, à ces fêtes ? demande alors Élodie.

     - Oui-da ! Ces fêtes étaient des rendez-vous de parties fines !

     Tous les nantis et les notables de la ville se retrouvaient pour s’adonner à des fornications débridées, et les quelques potions qu’Armand Nau me commandait aidaient beaucoup à redonner quelques rigidités aux membres qui redevenaient virils le temps d’une soirée !

     Quelques jeunes filles de la ‘Maison de Plaisir’ étaient invités aussi !

     - La ‘Maison de Plaisir’ ? demande Georgette.

     - Oui, la maison close située derrière les Hospices, elle fournissait ces filles pour un prix conséquent ! Elle fournissait même quelques beaux garçons pour amuser ces dames pendant que leurs époux déglinguaient les filles !

     Paul et Émilie arrivent sur ces entrefaites,  et se mettent à la confection de leur cocktail surprise.

     Le menuisier Hubert Felix arrive aussi aux rênes d’un attelage de deux chevaux et un grand chariot, et avec Itzel et Akna, nous vidons le contenu du chariot, les quatre lits, que nous stockons à l’étage, tout propre, tout chaud, les quatre armoires, une par chambre en haut et une dans l’atelier, qui est aussi la chambre de Georges, et une armoire dans la boutique, une table par chambre, une table dans l’atelier, une table dans la boutique, six chaises réparties dans les trois chambres, deux par chambre, et quatre chaises autour de la table de la boutique.

     Tout cela sans toucher un meuble, au grand étonnement du menuisier Hubert Felix et de son apprenti Roger Ronimo, venu aider à décharger, ainsi que de l’apothicaire.

     Le marchand de vaisselle, Bertrand Bleupa, arrive aussi en chariot,  La même opération de vidage de chariot a été effectuée en un temps record.

     « Bien ! dit Paul Hanka. Maintenant, venez toutes et tous goûter ce cocktail de ma spécialité ! »

     Tout le monde se réunit autour de la table dans la boutique, Paul et Émilie, Élodie, Georgette et Georges, le menuisier Hubert Felix et son apprenti Roger Ronimo, l’apothicaire Georges Dumont, Bertrand Bleupa, le vaisselier, Et bien sûr Akna, Itzel et moi. Le bourgmestre Rudolf Hess et son secrétaire Gaston Gaf arrivent aussi, invités ce matin par Paul et Émilie.

     Paul Hanka prend la parole.

     « Mes amis de Strateburgo, aujourd’hui, je vous salue ! Je suis Paul Hanka, de Brizach,

     Maitre Rudolf Hess, cher Gaston Gaf, mes chers commerçants, le menuisier Hubert Felix, son apprenti Roger Ronimo, l’apothicaire Georges Dumont, Bertrand Bleupa, le vaisselier, Chers amis du Blauersland, vous les connaissez !

     Je vous présente ici, dans ce lieu qui va revivre dès aujourd’hui, vos nouveaux joailliers sur la place de Strateburgo, J’ai nommé Élodie Schmidt, Joaillère, Georges Schmidt, orfèvre, et Georgette Schmidt, joaillère. »

     Toute l’assistance applaudit chaleureusement cette nouvelle équipe de joaillers .

     « Mon épouse, Émilie Hanka, est la nièce d’Armand Nau, qui s’est éteint ici-même, travaillant à son comptoir, affairé. Émilie est l’héritière du patrimoine d’Armand Nau, c’est-à-dire cette bâtisse, et tout ce qu’elle contient, ainsi que le jardin derrière, de trois cents pieds sur cent.

     - Levons nos verres à l’avenir de cette joaillerie ! »  dit Émilie. 

     Et nous trinquons à l’avenir ! Le cocktail est délicieux ! Des nuances de fruits, de parfums de la Nature et une bonne dose d’alcool de marc de raisin distillé nous ont ravis les papilles puis les esprits ! L’alcool, la chaleur, tout est là pour égayer la journée, et dévêtir les invités, qui se dénudent de plus en plus.

     Émilie a prévu du pain, des cochonnailles pour absorber un peu dans l’estomac.

     Émilie reprend la parole.

     « Élodie est la gérante de cette échoppe, elle a toute autorité sur cette bâtisse.

     Mon mari Paul Hanka et moi repartons aujourd’hui-même pour Brizach, où mon mari exerce la fonction de bourgmestre.

     Mais procédons d’abord aux paiements dus ! Je sais les effets de ce cocktail, c’est moi qui l’ai fait ! Et elle part d’un éclat de rire, qui fait rire tout le monde, qui a de plus en plus chaud.

     Georges va venir vous voir pour vous régler la note de vos fournitures.

     - Mes amis, reprend Paul Hanka, laissez-moi vous présenter les compagnons du Blauersland, Itzel, Akna, et Jacou. Vous avez pu constater un de leurs pouvoirs, de déplacer les choses à distance. Ce sont des personnes normales, ni des druides, ni des mages, ni des envoyés de Satan ! Ils connaissent les secrets des plantes, ce sont ces plantes qui leur donnent des pouvoirs. »

     Une salve d’applaudissements ponctue ces dires.

     Georges fait le tour des marchands, avec sa bourse, et règle grassement les prix annoncés !

     On en vient au jardin, et aux fêtes qui s’y passaient.

     «  J’y ai participé, quelques fois, raconte Rudolf Hess, nous arrivions avant midi le samedi, et repartions le dimanche dans la soirée !

      C’était une partie de sexe, beaucoup, mais on y mangeait bien, c’était l’aubergiste du Cheval Blanc qui faisait le menu. Et on buvait comme bon nous semblait, le choix était vaste ! Des vins, des bières, des alcools, des jus de fruits, pressés sur demande !

     Il y avait des jeunes filles et des jeunes hommes pour agrémenter la soirée, pour ne pas trop charger les épouses des notables.

     Souvent un ou plusieurs bardes venaient agrémenter la fête.

     C’est Armand Nau qui fournissait tout cela.

     - Je lui livrais des planches, dit Hubert Felix,  des parterres, des cloisons, des tables, des bancs, des chaises, et le tailleur avec qui je travaille, Le Maitre tailleur Francis Zoh, lui fournissait les coussins, les matelas, pour s’installer dans le jardin. 

     - Je lui fournissais les potions qu’il distribuait, dit Georges Dumont, des onguents magiques, une lichette, et… Il s’arrête là , laissant à chacun deviner l’après !

     - Quelle était la fréquence de ces fêtes ? demande Paul.

     - Oh ! tous les prétextes était bons ! dit Hubert Felix. Le nouvel an, les équinoxes, les solstices, on arrivait à une fête par mois, en moyenne. Ce qui laissait du temps pour récupérer ! Surtout que certains anciens notables ne sont plus très alertes ! 

     Nous avions de grandes tentes installées dans le jardin, en hiver et quelques brasiers. »

     Une nouvelle rafale de cocktail réchauffe encore un peu.

     Georges est nu. Les invités n’ont plus que leur tunique à enlever pour être nus. Le Bourgmestre alors, voit que l’embuscade est proche, et veut prendre congé avec son secrétaire, Élodie alors lui pose discrètement une question.

     « Maître Rudolf Hess, connaissez vous Éloïse Schmidt, qui habite le bourg ? C’est ma sœur.

     - Oui, je l’ai connue ! répond-il tout aussi discrètement. Elle est devenue sénile, et a été interné aux Hospices en début d’année, elle ne reconnaissait plus personne ! Elle a rendu l’âme il y a un mois de cela. Nous ne lui connaissions pas de famille ! Elle repose au cimetière de la ville. Le peu qu’elle avait a servi à payer ses funérailles.

     Puis, en bon bourgmestre, il s’adresse à l’assemblée.

     La ville de Strateburgo est heureuse d’avoir à nouveau une joaillerie en ses murs, La disparition d’Armand Nau a laissé un vide dans la fréquentation bourgeoise de la ville !

     Bienvenue à notre nouvelle joaillière Élodie Schmidt et ses assistants, ses enfants Georgette et Georges ! Levons nos verres à la nouvelle joaillerie de Strateburgo ! Et tout le monde en chœur clame :

     -  À la nouvelle joaillerie ! »

      Puis il prend congé, en emmenant Gaston.

     Cette nouvelle de la disparition de sa sœur attriste Élodie, elle ne portait pas Éloïse dans son cœur, mais c’était sa sœur ! Ne voulant pas gâcher ces moments festifs, elle décide de n’en rien dire à ses enfants, qui ne la connaissaient pas. Elle retourne parmi les invités et boit une bonne rasade du cocktail d’Émilie, pour se contenir.

     Puis les commerçants aussi s’en vont, bien chargés, en or est en boissons, et nous sommes entre nous.

     Et aussitôt toutes et tous se mettent tout nus ! 

     Georges se demande si on ne pouvait pas relancer ces fêtes ! Alors il prend la décision.

     « Nous allons relancer les fêtes au jardin ! Le solstice d’hiver, dans deux semaines, sera l’occasion !

     - Excellente idée, dis-je. J’ai quelques idées pour faire cela dans le jardin même dans la neige ! Nous allons construire des saunas, et une grande salle, pour avoir des lieux pour accueillir au chaud trente ou quarante personnes !

     - Mais nous devrions aller manger ! dit Paul, il est largement l’heure ! »

     Nous nous rhabillons donc, l’aubergiste nous attend !

     A table, après un excellent repas, j’expose mon plan à Élodie, Georges et Georgette, ainsi qu’à Émilie et Paul.

     « Si vous êtes d’accord, Je vais voir le menuisier, tout-à-l’heure, pour installer des saunas dans le jardin, et aussi le forgeron pour trouver des braisiers.

     Itzel et Akna, si vous êtes d’accord, vous raccompagnez Paul et Émilie au Blauersland, et vous les escortez ensuite jusqu’à Brizach.

     - Oui ! Répondent en chœur les jumelles en rigolant.

Mais toi, tu restes ? demandent elles ensemble, faisant sourire l’assemblée.

     - Oui, quelques temps, et je vous retrouve au Blauersland ! À une heure de vol. »

     - Je suis d’accord ! dit Émilie. Pour les saunas, j’espère que je serai invité pour l’ouverture !

     - Moi aussi ! enchérit Élodie, je suis pour ! Et ça démarre fort !

     - Et nous aussi ! répondent les jumeaux Georges et Georgette. On va en faire un paradis !

     - Nous partons bientôt, dit Akna, si on veut arriver au Blauersland avant la nuit !

     J’appelle l’aubergiste, Albert Morille, et lui demande de préparer un attelage de deux chevaux, et le chariot. Je partirai aux rênes, dès qu’il sera prêt.

     « Je m’en occupe ! dit Albert Morille, il part et revient presque aussitôt, il a donné l’ordre !

     Dans vingt minutes, Maître Jacou, ce sera prêt !

     - Parfait, dis-je, en souriant de la situation ! Un homme d’une cinquantaine d’années, maître cuisinier, qui m’appelle Maître, moi qui ne suis qu’un jeune disciple, et qui n’ai même pas quinze ans !

     Mais laisse tomber le Maître, appelle-moi Jacou, si tu me permets de te tutoyer, Maître Albert Morille !

     - Bien sûr Jacou ! dit-il en souriant.

     - Mais moi je reste encore quelques jours. Tu auras bien une chambre pour moi !

     - Cela va de soi ! Tu es ici chez toi  !

     - Mais, Jacou ! dit Élodie, nous avons des lits, de la place, tu peux dormir à l’échoppe ! Tu es notre invité !

     - Il serait indélicat de refuser l’invitation ! J’accepte avec plaisir !

     Albert, je libère la chambre !

     - Pas de soucis ! Jacou, tu seras toujours le bien venu ! »

Nouveaux aménagements

 

     Nous quittons l’auberge, tout le monde dans le chariot, et je le mène devant l’échoppe.

     « Les filles, dis-je, je vous laisse le soin d’aménager le chariot pour votre voyage !

     Georges, tu veux bien t’occuper du braisier, tu prends une pelle de braises rouges dans l’âtre pour démarrer.

     Moi je dois vérifier quelque chose. »

     Je monte à l’étage, la chambre du fond est vaste, et la cheminée est au dessus de celle de l’atelier, contre la cloison de séparation des deux pièces. Je m’imagine bien une cuve au dessus d'une chaudière qui remplacera la cheminée, qui est chauffée aussi par la chaleur de la cheminée d’en dessous ! Un système de douche, comme au Blauersland, c’est faisable ! J’en toucherai un mot au forgeron ! Je prends rapidement des mesures, je griffonne au fusain sur un parchemin, une douche sur le mur à l’Est, pareil dessous à l’atelier, et une douche dans la chambre devant. J’inclus dans mes calculs une douche à l’extérieur, dans le jardin.

    Le problème, c’est le remplissage de la cuve !

     Je prends alors une décision ! je vais faire bénéficier les Schmidt des pouvoirs de la trémulonde ! Ils pourront facilement transporter l’eau.

     Quand je redescend, tout le monde est prêt. En tunique pour Émilie, Paul et Itzel, il fait déjà bien bon dans le chariot. Il y a une bonne provision de bois, mais aussi des vivres pour deux jours, précaution vaut sécurité ! Akna, bien engoncée dans les fourrures , prend les rênes. Les chevaux sont habillés d’une chaude couverture, ils savent faire, chez Albert Morille !

     Une fois les adieux faits, et le rendez-vous pour le solstice d’hiver prit, le chariot s’élance, dans moins d’une heure, ils seront arrivés au Blauersland. Et dans une heure, il fait nuit !

     Je me rends chez le menuisier, et nous discutons, à grands renforts de dessins, de ce que je veux dans le jardin.

          - Deux cabanes rondes de vingt pieds de diamètre, avec un sol en dur pour y installer

            un âtre.

          - Une cabane au fond du jardin, qui fera la largeur du terrain, soit cent pieds.

          - Une toiture et des murs en verre, à l’entrée du jardin, pour en faire un jardin d’hiver.

     « Je t’invite à venir voir par toi-même, l'ampleur des travaux. Tu as dix jours !

     - Je relève le défi ! dit Hubert Felix. Demain, à l’ouverture de l’échoppe, je serai là !

     - Parfait ! Maintenant, dis moi où trouver le forgeron !

     - Vers le port, il a une grande forge près des quais, il travaille beaucoup avec les chantiers navals ! Il s’appelle Victor Sadai.

     - Merci Hubert ! A demain ! » Et je me dirige vers le port, le vent est glacial, mais le manteau est en fourrure et la coiffe aussi, je suis bien emmitouflé !

     J’arrive à la forge, je me rapproche du grand foyer qui rayonne partout, un jeune homme comme moi m’aborde.

     « Salut ! Je suis Hector Sadai, le fils de Victor. Puis-je t’aider ?

     - Salut Hector ! Je suis Jacou Artz, j’ai besoin de travaux de forgeron dans une bâtisse, ici à Strateburgo. Il me faut des braisiers, des cuves, des tuyaux, maintenant !

     - Je vais chercher Victor ! Viens au bureau ! » Et il m’emmène dans une pièce chauffée, un petit braisier dans un coin suffit !

 

     Victor arrive alors, un gaillard roux de bien sept pieds ! Me voyant, là il me toise et dit :

     « Que me vaut l’honneur, jeune homme ?

     - J’ai besoin de toi, Maître forgeron ! Je suis Jacou Artz, et j’aide la nouvelle Joaillère à  s’installer.

     Il s’agit de faire des travaux qui doivent être finis au solstice d’hiver ! C’est l’inauguration du nouveau jardin de la joaillerie !

     A ces mots, le visage de Victor s’illumine !

     - J’ai participé à quelques fêtes au jardin, dit il. Explique-moi !

     Et je lui explique, les âtres dans les saunas, l’eau chaude dans une cuve, au dessus d’une chaudière, et une cuve d’eau froide, à côté, des foyers pour chauffer, et des douches au bouts de tuyaux, dont une externe !

     « Ton prix sera le mien, et je paie d’avance !

     - J’entends bien ! Voilà une belle proposition de chantier ! Viens, suis-moi, nous allons à la réserve ! »

 

     Nous traversons le long bâtiment, et arrivons dans un dépôt, ou sont rangés toutes les constructions des forges.

 

      « Ici, une belle chaudière, cela devrait te convenir ! Des brasiers, tu vois, il y en a ! Des grands, des petits…

     Voila deux cuves, qui font un demi-muid de contenance. J’en ai aussi de moindre contenance ! Et ici, j’ai des tuyaux !

     Je peux le faire ! J’attaque demain ! J’ai du temps, le port est gelé !

     - Magnifique ! dis-je. Tu connais Hubert Felix, le menuisier ! Il sera là aussi !

     - Très bien ! Nous travaillons souvent ensemble ! Ce sera un plaisir ! Je viendrai avec mon fils, Hector, et son bon-à-rien de copain, Benoît Dor.

     - Il y fera très chaud, nous travaillons nus. Cela ne vous dérange pas ?

     - Que nenni ! Nu dans le jardin, c’est un plaisir ! Quoiqu’en ce moment…dit-il en rigolant.

     - Tu connais la cave ?

     - Non, je n’y suis jamais descendu !

     - Tu vas voir ! Il y a une surprise !

     Bien ! A demain ! »

     Et je retourne  à l’échoppe, après être passé par le Cheval Blanc, et commandé un repas complet pour quatre, livré à l’échoppe, vins et liqueurs comprises !

     La nuit est tombée. Dans l’échoppe, il fait vraiment chaud ! Élodie, Georges et Georgette sont nus.

     « J’ai une surprise pour vous ! Puisque vous m’invitez à dormir ici, je vous invite à manger ici ! Albert Morille nous amène tout ce qu’il faut ! Il n’y a que la table à dresser.

     - Superbe ! dit Élodie !

     - Venez, suivez-moi, je vous explique ! Nous montons à l’étage.

     Qui a la chambre du fond ? demandé-je.

     - C’est la mienne ! répond Élodie. Il y a deux lits, un pour toi, Jacou !

     - Magnifique !

 

     Mais maintenant écoutez-moi !

     Ici, il y aura une douche, et un lavabo avec de l’eau chaude qui coule d’en haut !

     Là dans le coin, à la place de l’âtre, une chaudière, et là-haut, une cuve d’eau qui sera chauffée, et une deuxième cuve, d’eau froide, à côté ! Il y aura aussi une douche dans l’autre chambre ainsi qu’un lavabo.

     Une troisième douche sera sous celle-ci, dans l’atelier, et deux douches seront aussi installées dehors, dans le jardin d’hiver, et une autre devant.

     Je vous précède dans le jardin avec la lanterne. Pas longtemps !

     Ici, ce sera le jardin d’hiver, clos, avec des braisiers dans les coins.

     Dehors, deux cabanes rondes qui pourront être sauna, ou lieu de plaisance, et une grande cabane au fond qui peut servir de salle de restaurant ! Ou de rencontres plus chaudes ! deux braisiers et une cheminée agrémentent l’atmosphère.

     Bien. Rentrons au chaud ! On y verra clair demain, les travaux commencent tôt !

     Et vite, nous entourons les brasiers de l’échoppe et de l’atelier. Quelques bûches de plus, et la chaleur est omniprésente.

     La table est dressée, Nous dégustons une des bouteilles de la cave, c’est une excellente gnole.

     « Les autres bouteilles sont-elles du même acabit ? se demande Élodie. On verra .

     Une chariote s’arrête devant l’échoppe, L’aubergiste fait sa livraison !

     Nous enfilons une tunique, et nous prenons nos arcs. Prudence !

     C’est bien lui ! Bas les armes.

     J’avais commandé pour quatre, on pourrait être le double !

     Une fois l’aubergiste reparti, Élodie verrouille la porte et les volets, Georges verrouille la porte d’accès au couloir à côté de l’échoppe.

     « Nous sommes chez nous ! dit Élodie en se mettant nue. À table ! »

     Et nus, nous mangeons des mets succulents, buvons des vins sublimes, l’alcool aidant nous racontons nos vie, et en finalité, nous allons nous coucher, repus et fatigués !

     Georges fait le tour des braisiers, met quelques bûches pour la nuit, éteint les lampes en descendant, ainsi que celles de la boutique, puis va se coucher.

     Je m’allonge sur le lit, il fait trop chaud pour se couvrir. mais Élodie n’a pas l’intention de me laisser dormir ! Elle me grimpe sur le ventre, et m’embrasse tendrement, tout en me caressant…

    

     Je me doute bien que tout cela était prémédité ! Je leur parle alors de la trémulonde, et des pouvoirs qu’elle va leur donner. Je descends préparer trois doses de potion. Ma réserve est bien diminuée ! Mais il y a encore de quoi initier pas mal de gens !

     « Buvez ceci, quand vous êtes couchés, vous vous endormirez ! Demain, au réveil vous pourrez tester vos pouvoirs !

     - Je vais d’abord m’occuper des âtres pour la nuit ! dit Georges.

     Il descend avec sa dose, et la pose près de son lit. Il rajoute quelques bûches dans chaque foyer, éteint les lampes dans la boutique et l’atelier, puis s’allonge, nu sur le lit, et boit sa gorgée de potion. Il s’endort aussitôt.

     Élodie et Georgette aussi dorment.

     Je descends à la boutique, je rallume quelques lampes, et je continue à dessiner les plans pour demain. Mais la journée fut éprouvante, bien que loin d’être déplaisante, il est temps pour moi aussi de me coucher ! J’éteins toutes les lampes, et remonte à la lueur des âtres qui donnent des ombres mouvantes. Une fois allongé, je ne tarde pas à m’endor…..

 

     Georges est le premier à se lever, et activer les âtres, il allume les lampes partout, il fait encore nuit.

     Rapidement, il fait suffisamment bon pour qu’on puisse déjeuner nus !

     Nous descendons ensemble, Élodie, Georgette et moi, Georgette s’occupe de sortir la vaisselle, Élodie ramène de l’eau chaude, qui attendait déjà au coin de l’âtre.

     « Alors, les Schmidt ! Avez-vous testé vos pouvoirs ? dis-je.

     - On est connecté ! dit Georges en regardant Georgette. C’est dingue ! On est déjà des jumeaux, mais alors là !

     - Et ça ? L’as-tu déjà essayé ? Je soulève à distance une bûche du tas de bois, et viens la déposer doucement sur le feu dans l’âtre ! Tout en restant assis !

     Et sans me brûler ! ajouté-je, sous un rire général.

     Georges essaie à son tour, et finit par y arriver ! Une nouvelle bûche est sur le feu !

     - Mais on va avoir trop chaud ! dit Élodie, et elle retire à distance la dernière bûche, et la pose à côté de l’âtre.

     Et sans me brûler ! » dit-elle, faisant rire tout le monde.

 

     Un chariot s’arrête devant la porte.

     « Attendez, enfilez une tunique, je mets la mienne et vais voir par l’autre porte.

     J’arrive à la porte, dans le couloir des escaliers, et, arc à la main, j’entrouvre la porte pour me rendre compte.

     C’est bien le Maître forgeron Victor Sadai, avec son fils Hector Sadai, et un jeune homme, qui doit être Benoît Dor.

     Je mets mon arc en bandoulière, et les salue.

     « Bienvenus !

     Je frappe à la porte de la boutique. C’est bon ! Ce sont nos amis ! Et la porte et les volets s’ouvrent.

     Entrez ! Venez vous réchauffer ! On va s’occuper de vider le chariot !

     Je mets un gros manteau, une coiffe de fourrure, des chausses fourrées, et en avant !

      Georges, tu te mets en haut, je te les pose devant toi ! Tu les transportes dans la pièce de devant, et toi, Georgette, tu places les pièces contre les murs ! Doucement !

     J’envoie d’abord les cuves. Elles passent tout juste dans la cage, et la porte !

     Tu mets les cuves devant la cheminée !

     La chaudière aussi ! Attention ! C’est lourd ! »

     Les forgerons sont sidérés de voir passer la chaudière, qui avec ses deux cents livres, leur a donnés bien du fil à retordre, rien que pour la mettre dans le chariot !

     Après quelques braisiers, descendus dans la cave, quelques tuyaux, quelques caisses d’outils, posées en haut dans la pièce devant, le chariot est vide.

 

     «  Hector, Benoît, dit Victor Sadai, ramenez le chariot à la forge, et revenez à pied.

     Les deux jeunes s’habillent, il n’étaient pas encore nus, mais cela n’aurait pas tardé !

     - Bon ! dit Hector, on se déshabillera quand on reviendra !

     - Voilà, Victor. dis-je. Viens, suis-moi à la cave !

     Et nous descendons le grand escalier, bien éclairé par des lampes tout le long, et allons vers le fond.

     Je constate que le brasier de la forge est rouge !

     Regarde ! lui dis-je.

     - Incroyable ! Une forge ici ! Victor est sidéré !

     On peut s’en servir ? Pratique d’avoir une forge sur le chantier !

     - Bien sûr ! Viens, je te montre le chantier !

     Et nous montons directement à l’étage.

     Ici, les deux cuves.

     - Là-haut ?

     - Oui ! là-haut ! dis-je en souriant. Le menuisier nous fera un échafaudage !

     - Mais le poids ! trois cent pintes d’eau, ça fait six cents livres ! plus la cuve ça fait sept cent livres chacune !!! Le toit ne supportera pas ! le plancher non plus !

     - J’y ai pensé ! Descendons à la boutique, j’ai les plans. »

     Pendant que j’explique à Victor mes plans, un chariot s’arrête devant l’échoppe. Je reconnais Hubert Felix , le menuisier, et Roger Ronimo, son apprenti.

     Voici Georges, il veut exploiter la forge ! Si tu peux lui donner quelques bases, il est avide de ça !

     Et pendant que Victor et Georges font connaissance, je m’habille et vais accueillir Hubert.

     Nous déchargeons les panneaux, de sept pieds sur sept, je les prends devant moi et les amène dans le jardin. Georgette me rejoint, et on se passe alors les panneaux, du chariot au jardin. Puis les poutres, les bastaings, les caisses à outils, que nous laissons sous l’escalier qui monte, dans le couloir. Le chariot est vite vide !

     «  Je pensais en avoir pour la matinée ! dit Hubert Felix. Je ramène le chariot, et je reviens ! »

     Sur ces entrefaites, Hector et Benoît, les apprentis forgerons sont de retour.

     Ils s’installent alors à, la cave, ce sera plus simple pour cintrer, découper, former…

     « Je vous descends les caisses ! » dis-je, les voyant hésitants, et d’une main, j’en prends une à distance, et l’accompagne par les grands escaliers à la cave. En cinq minutes, tout leur matériel est à la cave ! Au vu de la chaleur ambiante, ils ont vite fait de se dévêtir !

 

     Hubert Felix est de retour, avec Roger Ronimo, et un jeune disciple d’une douzaine d’années, Jean Holz. Il amène avec lui Pierre Tombal, le fossoyeur, qui est aussi le terrassier.

      Ensemble , nous faisons les tracés des différentes constructions, le terrassier dit venir aussi  demain avec des aides. Ce sera fait en une journée ! dit Pierre Tombal.

     « Parfait ! dit Hubert. Nous allons placer les poutres pour le toit de la véranda !

     - Mais ça va être lourd ! dit Jean Holz.

     - Non, Jean ! Nous avons de l’aide ! »

     Et Georges alors sort une poutre, la maintient en hauteur, tandis que Hubert fixe les pieds qu’il a prévus. Trois poutres sont ainsi posées, il ne reste plus que la couverture, en tuiles que Hubert se fera livrer demain, ainsi que les parois de verre, que le vitrier Norbert Wasisdas avait en réserve, d’un chantier abandonné.

 

     Dans la cave, Victor Sadai s’est attelé à construire quatre piliers en fer, constitués de quatre montants entrelacés. Il m’explique ce qu’il prépare. Il fait très chaud, avec la forge active, et nous sommes nus.

     « Du sol de la cave, au plafond de la chambre en haut, il y a bien trente pieds !

      Et en haut, sur les piliers, pas moins de mille cinq cents livres d’eau et de cuves ! et au sol, plus de deux cents livres de chaudière ! Il faut que tout cela soit d’une rigidité absolue !

     Je ferai venir le maçon Karl Offen pour construire le mur armé de mes piliers ! »

 

     Dehors, ayant enfilé une tunique chaude, je discute avec Hubert Felix, le menuisier, des planchers pour les saunas et la grande salle.

     Je me demande ce qu’il y a de l’autre côté du mur. Je vais voir, en décollant le long du mur, et Ô surprise ! Un cours d’eau passe juste là ! Le débit est suffisant pour que malgré le froid, l’eau coule encore !

     Voilà qui va nous fournir le remplissage des cuves ! me dis-je. Comme au Blauersland, une roue à aube, et une crémaillère qui transportera l’eau jusqu’aux cuves ! Il vaut mieux faire venir ceux qui l’ont construite ! Le forgeron du Blauersland, Hector Strass, et le menuisier Albert Schwartz. Je décide d’aller les chercher !

     « Vous mangerez sans moi, je vais chercher des gens du Blauersland ! j’ai trouvé une rivière derrière le mur du fond, on va l’exploiter ! Je pars, et reviens dans l’après-midi ! »

L’aide du Blauersland 

 

      Je m’habille bien, double tunique chaude, manteau de fourrure, coiffe, gants et chausses du même acabit. Je décolle discrètement dans le jardin, et m’envole rapidement pour le Blauersland, que j’atteins une demi-heure plus tard.

     Je trouve Albert Schwartz au foyer, tranquille, nu, avec une cervoise en main.

     « Salut Albert ! Tu n’as pas trop de travail, là ?

     - Salut Jacou ! Non, comme tu vois, calme plat, ça hiberne !

     - Tu pourrais venir avec moi à Strateburgo, pour une roue à aube et une crémaillère ?

     - Là ? Maintenant ?

     - Ben oui ! Dès que tu peux ! Pour trois jours. Emmène tes jumeaux !

     - D’accord, je préviens tout le monde ! Départ demain matin ! J’ai du bois à charger ! »

 

     Je me rends ensuite à la grande forge, ou je trouve Hector Strass en plein travail.

     Le soufflet donne son maximum, activé par le mécanisme de la roue à aube.

     Il est assisté par ses fils, Sylvain et Ignace. Tous les trois sont nus. Hector a un séduisant tablier en cuir autour de la taille.

 

     « Bien le bonjour, Jacou ! De retour !

     - Salut Hector ! Salut Sylvain ! Salut Ignace ! Juste de passage ! J’ai besoin d’une roue à aube, et de toi, Hector ! Tout de suite ! A Strateburgo.

     - Regarde ! Je me suis lancé dans la fabrication des roues à aubes ! En voilà une terminée !

     J’ai aussi forgé des engrenages pour avoir un bon couple !

     Et j’ai pleins de godets pour transporter l’eau !

     - Tu peux mettre tout cela dans le chariot, et me l’emmener demain à Strateburgo ? Et aussi l’installer…J’ai même une forge sur place ! Albert sera là aussi avec ses enfants. Emmène les tiens !

     D’accord ! je vois avec Albert pour le bois, on charge tout dans un chariot et on arrive ! Je vais le voir de ce pas ! »

     Et Hector Strass s’habille, et passe par sa maison, prévient Isabelle qu’il part demain matin avec les fistons, pour trois jours à Strateburgo , qu’elle leur prépare des bagages. Lui se rend chez Albert, pour convenir de partir ensemble demain.

     Je demande mentalement où sont mes condisciples, elles me répondent et m’invitent au sauna. J’y trouve aussi Adrien, notre doyen du Blauersland, et lui touche un mot de mon projet, avec Albert et Hector.

     « Pas de soucis, Jacou ! Veille bien sur eux !

     - Nous, dit Akna, on revient juste de Brizach, pas de problème, Paul et Émilie sont bien arrivés !

     - Bien ! Mais je repars maintenant. J’ai encore à faire ce soir ! Itzel et Akna, vous voulez bien escorter Albert, Hector et leurs enfants demain, jusqu’à l’échoppe ?

     - Volontiers ! Nous allons faire ça !

     - Ils seront vite de retour ! Deux jours, voire trois.

     A bientôt, Adrien ! A demain, les filles ! »

     Après une douche et un séchage vigoureux, je m’équipe pour le vol de retour. Avec le vent du Nord, vaut mieux être bien équipé !

     Je pars alors, Les jumelles sont sorties nues pour me saluer !

     J’arrive une demi-heure plus tard, bien gelé !

     Vite, avant même de saluer tout le monde, je me déshabille, et nu, mon arc en main, je m’approche de l’âtre brûlant de la boutique.

     « Qui est cet impétueux jeune homme ? dit une voix derrière moi.

     Je me retourne et vois un homme âgé. Je me présente.

     - Je suis Jacou Artz. Excusez ma tenue, je dois me réchauffer !

     - Tu es tout excusé, jeune homme ! Je suis Louis Dor, le banquier. Mais d’où viens-tu ainsi frigorifié ?

     - Du Blauersland !

     - A cheval ! Tu dois être courageux pour affronter ainsi le froid et les dangers des bandits sur la route !

     Je n’allais pas lui dire que je suis venu en volant !

     - Je ne me sépare jamais de mon arc ! lui réponds-je, tendant l’arc et les flèches à bout de bras. 

     -  Voici le but de ma visite, dit Louis Dor. Votre prédécesseur,  Armand Nau, avait un compte et un coffre dans la banque. Mais le contenu appartient à la boutique, avait il décidé, me chargeant d’être son exécuteur testamentaire ; et apprenant, par le bourgmestre l’ouverture prochaine, je suis venu vous apporter le contenu : quelques lingots d’or, des livres-or, des deniers…

     - C’était une affaire prospère ! remarque Élodie. Puis-je  garder le compte et le coffre sous mon nom ?

     - Bien sûr ! Je reviens demain avec une notification que vous devrez signer.

     - Parfait, dit Élodie. Mettez alors ce pactole dans le coffre de la banque.

 

     - A te voir ainsi, Jacou as-tu dit t’appeler, tu me rappelles les fêtes ici dans le jardin !

     - Vous y participiez ? demande Georgette.

     - Oui-da ! L’entrée était au chapeau, mais les invités étaient toujours généreux !

     Il faut dire qu’on y retrouvait les plus jolies filles du comté ! Et nos épouses avaient des charmants jeunes hommes à leur disposition ! En été, tout le monde se promenait nu dans l’échoppe !

     - Vous savez ce qu’il s’est passé, à la mort d’Armand Nau ? demande Élodie.

     - Oui-da ! C’est la comtesse de Rikwir qui l’a trouvé, raide derrière son comptoir, elle a prévenu le bourgmestre, qui a fait enlever le corps. Personne n’a songé à fermer la boutique, la nuit-même elle a été pillée ! Ils ont pris tout le mobilier, et sûrement quelques ors qui n’étaient pas dans le coffre, mais n’ont pas réussi à ouvrir le coffre. C’est la ronde de nuit qui les a fait fuir, et aussitôt, les portes ont été verrouillées. Il y avait sûrement quelques bijoux sur le comptoir, disparus, bien sûr !

     - Et ils n’ont pas eu le temps de descendre dans la cave ! Sinon, ils auraient trouvé la réserve d’alcool, et seraient encore ici, ivres-morts ! dit Georgette en rigolant.

     - Ben tiens, Georgette, dit Élodie, vas donc chercher une bouteille qu’on trinque à mon nouveau compte à la banque Dor !

     Georgette revient avec une bouteille poussiéreuse, l’essuie, l’ouvre, et goute.

     - C’est un marc de raisin ! » dit-elle, et elle sort des verres pour tout le monde. Louis Dor, bien sûr, Hubert Felix le menuisier, et son apprenti Roger Ronimo et Jean Holz le jeune disciple. Pierre Tombal, le terrassier est là aussi, ainsi que le forgeron Victor Sadai, son fils Hector Sadai, et Benoît, le fils du banquier, qui je pense doit être le petit ami d’Hector. Élodie, Georgette, Georges et moi, nous complétons l’assemblée ! Evidemment, au bout de deux rasades, la bouteille est vide, Georgette va chercher sa voisine, et une fois ouverte, constate que c’est du même fût ! Une nouvelle rasade, pour confirmer les dires de Georgette, et les habits tombent. Georges et Georgette se mettent nus, alors les apprentis forgerons, qui n’avaient déjà que des braies courtes, enfilées en remontant de la cave, tombent les braies, contents d’être à nouveau nus ! Hector Sadai et son ami Benoît suivent le mouvement, ils sont joviaux, l’alcool aidant. Jean Holz regarde son maître qui lui dit, d’un signe de tête, de se déshabiller . il n’attendait que ça !

     « Alors ! Pierre, ces fondations ? demandé-je au fossoyeur-terrassier.

     - J’ai fini les terrassements pour les deux maisons rondes. Demain, avec mes aides,  je terminerai ceux de la grande cabane. Et je ferai aussi les évacuations des douches ! Et enfin, la fosse pour les coins d’aisance que tu veux installer.

     - Bien ! Et de ton coté Hubert ?

     - Nous avons posé le plancher dans la véranda. Nous l’avons surélevé pour être à hauteur du couloir, et nous avons prolongé l’arrivée d’air de la forge sous le plancher. Le tuyau pour l’évacuation des douches et celui pour les coins d’aisance sont posés aussi sous le plancher, les raccordements se feront dehors. Demain j’aurai les tuiles pour le toit de la véranda, de Bruno Stresa ainsi que les baies vitrées et la porte vitrée aussi, de Norbert Wasisdas. Dès lors, on pourra chauffer ce lieu aussi ! Et on pourra commencer les saunas.

     - Bien, dit Élodie, je vais fermer les volets de l’échoppe, on sera tranquille ! bien que les passants ne soient pas légion ! ajoute-elle en riant.

     - Et toi, Victor, où en es-tu ?

      -  Nous avons bien avancé ! les poutres de fer sont prêtes, demain le maçon viendra les sceller. Il faudra attendre quelques jours pour charger ! Mes apprentis ont bien travaillé aussi : Les tuyaux sont prêts à être posés. J’ai forgé, avec l’aide de Georges, des sélecteurs pour doser l’eau chaude dans les douches !

     - Parfait. Il faut aussi prévoir de l’eau aux coins d’aisance !

     - Mais comment fera-ton pour mettre l’eau dans les cuves ? demande Georges.

     - J’ai vu, dis-je, que derrière le mur au fond du jardin, il y a une rivière.

     - Oui ! répond Louis Dor, le banquier. C’est la rivière Ill, qui se jette dans le grand fleuve Rhin un peu plus loin !

     - Bien ! Je continue. Demain arrivent des renforts du Blauersland, ils vont installer une roue à aube dans la rivière, et une crémaillère qui apportera des godets d’eau automatiquement aux cuves ! Nous pourrons aussi profiter de l’énergie de la roue pour actionner le soufflet de la forge, par exemple. Tout cela pour faire une fête du solstice d’hiver, ici, renouant avec les fêtes d’Armand Nau. Vous serez évidemment invités ! »

     La nuit tombe, Le banquier, les menuisiers, le terrassier, les forgerons quittent la maison une fois rhabillés.

     « Nous voilà à nouveau entre nous ! dit Élodie en verrouillant la porte. On va installer les lits en haut dans la pièce de devant, les autres pièces sont en chantier ! »

     Georges recharge les âtres, il adore se servir de son pouvoir pour déplacer les bûches ! Très vite, il fait bien chaud dans toute la bâtisse ! Nous sommes toutes et tous nus. La table est mise, avec des denrées qui dehors étaient gelées, passées sur la plaque à gril, nous mangeons des restes excellents ! Le pain, frais du matin, remisé dehors, est dégelé aussi, son croustillant est intact, on dirait du pain fraîchement cuit !

     Une bouteille, plus sombre que les autres, cache un excellent vin rouge, que nous buvons avec plaisir. Puis, nous allons nous allonger sur nos lits, regroupés pour le temps du chantier.

     « Demain, il y aura du monde ! Albert Schwartz le menuisier et ses jumeaux Raoul et Victor, Hector Strass le forgeron, et ses fils Sylvain et Ignace, et mes condisciples Akna et Itzel.

     Nous nous mélangeons quelque peu, puis chacun sur son lit s’endort.

Le chantier de la joaillerie

 

     Le lendemain matin, le menuisier Hubert Felix, son apprenti Roger Ronimo et Jean Holz le jeune disciple sont devant la porte, un chariot rempli de bois.

     Le jour commence seulement à se lever.

     Prudent, j’entrouvre la porte du couloir, l’arc et une flèche prêts dans une main, et vois que ce sont bien eux !

     « Entrez ! Venez vous réchauffer ! dis-je en ouvrant la porte, nu. Georges allume les lampes.

     Il fait déjà bien bon ! Mettez-vous à l’aise ! »

     La famille Schmidt descend alors, nue, et prépare le petit déjeuner.

     « Avec Georgette et Georges, on va s’habiller, et on s’occupe de vider le chariot.

     - Tout cela va dans le jardin ? demande Georgette.

     - Oui ! répond Hubert. On prendra ce qu’il nous faut au fur et à mesure.

     - Alors ne bougez pas, dit Georges, mettez-vous à l’aise, nous nous en occupons !

     Je m’habille chaudement, pour décharger le chariot, je passe les madriers un par un, les planches, les poutres, les panneaux entiers de sept pieds par sept, quelques caisses remplies de quincaillerie, des caisses à outils, aussi, que je fais entreposer dans le couloir.

     Cinq minutes plus tard, nous sommes tous les trois à nouveau nus dans l’échoppe.

     Les garçons menuisiers, Roger Ronimo et Jean Holz, se sont mis à l’aise, Hubert a ramené une tunique légère.

     « Je suis impressionné ! dit Hubert. Des poutres de cent cinquante livres ! Comme une paille ! Mais mettons-nous au travail !

     - Pas tout de suite, dis-je, je veux d’abord vous faire un cadeau ! Montez déjà dans la chambre du dessus, vous pouvez rester nus ! Il fait encore plus chaud là-haut ! On attend encore les forgerons. »

     Quelques instant plus tard, je vois les forgerons arriver en chariot, le forgeron Victor Sadai, son fils Hector Sadai, et Benoît Dor le disciple, eux aussi ont du matériel à décharger !

     Je me rhabille, et avec les jumeaux Schmidt, nous déchargeons tout le matériel dans la cave. Peu de temps plus tard, le chariot est vide.

     - Hector, ramène le chariot et reviens ! dit Victor.

     - Attends Hector, dis-je, D’abord vous allez vous déshabiller, monter dans la chambre au dessus, les menuisiers y sont déjà !

     - Ne nous mettons pas en retard ! me fait remarquer Victor.

     - Je vais vous faire un cadeau ! Montez, vous ne le regretterez pas !

     Messieurs, dis-je une fois tout le monde allongé, nu, je vais vous faire bénéficier de nos pouvoirs, il suffit de dormir une heure après avoir bu une gorgée de cette potion, et vous aussi pourrez déplacer les objets, discuter mentalement, et voler !

     Buvez, et rendez-vous dans une heure, pour commencer le chantier dans les meilleures conditions !

     Et les six Strateburgois s’endorment.

     Pendant une heure, nous avons fait des plans, concernant la fête du solstice d’hiver. La grande cabane servira de restauration permanente d’un côté, et un espace intime avec des coussins de l’autre côté. Il y aura aussi un bassin pour s’y baigner. Une des deux maisons rondes sera aussi un espace intime, l’autre sera le sauna. On pourra dans cette configuration accueillir une vingtaine de couples.

     Au bout d’une heure, les artisans Strateburgois se réveillent, et descendent à la boutique.

     « Bien ! dis-je. Vous allez pouvoir constater les effets de ma potion ! Les menuisiers, habillez-vous chaudement, il fait froid, le vent s’est levé et tourne dans la cour ! Les forgerons, tout est dans la cave ! Mais vous, vous pouvez rester nus ! Il y fait bien bon, avec la forge ! Il serait bon d’enlever les chariots devant l’échoppe, d’autres vont arriver !

     - Hector  dit Victor, habille-toi et ramène le chariot au dépôt !

     - Mais évite de voler, précisé-je, il ne faut pas attirer l’attention !

     - Bon, dit Roger Ronimo, je ramène notre chariot à la menuiserie, je range les chevaux et je reviens ! Oui ! Et sans voler ! ajoute-t-il en me souriant. »

     A peine sont-ils partis, que trois autres chariots arrivent.

     le maçon Karl Offen amène un tas de briques pour construire le support des cuves, Norbert Wasisdas le verrier, et les cloisons de la véranda, Bruno Stresa le couvreur, avec des tuiles pour la même véranda, Pierre Tombal le terrassier, arrive avec des outils dans le chariot, et des aides, les frères Cohen, Sylvain et Adrien, des jeunes compagnons du devoir, jumeaux de seize ans qui œuvrent dans différentes villes.

     Ils ont fini leur contrat avec Pierre Tombal, mais sont intéressés par ce chantier ! Et pour cause ! Ils ont appris que des compagnons du Blauersland sont ici, et c’est justement leur prochaine destination ! Le Blauersland !

     Messieurs, bienvenue sur le chantier de la joaillerie ! Avant de commencer, je vais vous faire boire une potion qui vous donnera les moyens de travailler bien plus facilement ! Suivez-moi, tous les cinq, toi aussi, Karl Offen !

     Je monte avec eux, je les installe sur les lits, et leur donne la potion. Peu de temps plus tard, ils dorment ! Pendant leur sommeil, Nous déchargeons les deux chariots, la moitié des briques à la cave, et l’autre moitié répartie entre les deux niveaux. Les tuiles sont entreposées dehors, derrière la véranda. Puis le chariot de verres est aussi déchargé, avec moult précautions, et les verres entreposés debout dans l’échoppe.

     Dehors, dans le jardin, les menuisiers avancent avec célérité ! Roger Ronimo est de retour. Les panneaux tiennent debout comme par magie, à trois ils arrivent à monter tous les murs prévus pour la grande cabane et les cabanes rondes ! Ils attendent maintenant les terrassiers.

     « Allons faire une pause ! dit Hubert Felix. Nous nous attèlerons aux vitres plus tard ! »

     Et ils arrivent dans la boutique, et se déshabillent pour se réchauffer devant l’âtre.

     « Rajoute deux bûches, Jean ! dis-je à Jean Holz le jeune disciple.

     Il essaie et arrive à prendre une bûche à distance, et la poser sur les braises, puis une deuxième.

     - Vous avez vu ! C’est formidable, hein ! dit-il tout fier !

     - Une bonne cervoise, ça vous dit ?

     - Volontiers, Jacou ! dit Hubert. »

 

     Des gens à pied frappent à la porte. A travers la vitre, je reconnais mes condisciples Akna et Itzel, je vois derrière Hector Strass le forgeron et ses fils Sylvain et Ignace, et Albert Schwartz le menuisier et ses jumeaux Raoul et Victor.

     « Entrez, compagnons ! Soyez les bienvenus ! dis-je en leur ouvrant la porte, nu. Venez au chaud, et mettez-vous à l’aise !

     Je vous présenterai tout-à-l ’heure, quand les derniers initiés seront réveillés !

     - Tu as initié tout le monde ? demande Itzel.

     - Oui, ils travailleront mieux ainsi !

     - Nous avons du matériel dans le chariot, dit Hector Strass. il faudra le vider ! et mettre les chevaux à l’abri ! Mais la roue à aube est montée ! Elle ne passera pas par la porte !

     - Pas de soucis ! Nous allons passer par-dessus la bâtisse ! dis-je. Les couloirs sont encombrés, nous allons tout passer par en haut ! »

     Et nous nous habillons encore une fois, j’avance les chariots du verrier et du menuisier, et nous vidons le contenu du chariot du Blauersland, en survolant la bâtisse. Bientôt, tout se trouve dans la cour.

 

     Les terrassiers se réveillent, le verrier et le couvreur aussi, j’invite tout le monde à venir à la boutique.

 

     « Bienvenue à toutes et tous ! Vous pouvez vous dévêtir ! Je suis Jacou Artz, compagnon du Blauersland. Je vous présente les compagnons du Blauersland, venus en renfort !

     Voici Hector Strass le forgeron, et ses fils Sylvain et Ignace, qui sont aussi ses disciples.

     Albert Schwartz le menuisier et ses jumeaux apprentis Raoul et Victor.

     Et voici Itzel et Akna, deux filles Mayas qui sont aussi mes condisciples de maître Sirius, à l’origine des pouvoirs que vous possédez.

     Chers compagnes et compagnons du Blauersland, je vous présente :

     Élodie Schmidt, la patronne ici, joaillière, et ses enfants Georges et Georgette, orfèvres, que vous avez vu au Blauersland.

     Voici Pierre Tombal, le terrassier, et les frères Cohen, Sylvain et Adrien, compagnons du devoir, aides terrassiers.

     Voici Karl Offen le maçon.

     Voici le forgeron Victor Sadai, son fils Hector Sadai, et Benoît Dor son disciple, et compagnon d’Hector.

     Voici le menuisier Hubert Felix, son apprenti Roger Ronimo et Jean Holz son  jeune disciple.

     Voici Norbert Wasisdas, le verrier.

     Et voici Bruno Stresa, le couvreur.

     Bien. Il s’agit de dégager la rue de tous les chariots ! Vous aller ramener ces chariots chez vous, et vous nous rejoindrez pour midi pour manger à l’auberge du « Cheval Blanc ». Je ramènerai le chariot du Blauersland et réserverai notre table ! »

     Et Bruno Stresa ramène son chariot à la fabrique, et met ses chevaux dans l’écurie communale, Norbert Wasisdas fait de même avec le chariot de la vitrerie, Sylvain Cohen est chargé de ramener le chariot du terrassier, et Karl Offen le sien à son atelier.

     « Élodie, tu rapatrieras tout ce monde pour midi à l’auberge, dans moins d’une heure ! Allons-y ! »

L’auberge du « Cheval Blanc »

 

     Je me rhabille, et prends les rênes du chariot du Blauersland, que je mène à l’auberge. Le chariot et les chevaux mis à l’abri chez Jo Karhi, je vais voir l’aubergiste, Albert Morille, pour réserver une grande table.

     « Nous serons vingt-deux ! Pour midi, cela ira ?

     - Vingt-deux ! Vous auriez dû me prévenir plus tôt! Mais qu’à cela ne tienne ! Vous serez bien reçus !

     - Merci Maître Morille ! J’ai mis deux chevaux et un chariot dans l’écurie de l’auberge. Il nous faudra aussi des chambres, pour deux nuits ! Une pour les filles, Akna et Itzel, Une pour les menuisiers, ils sont trois, et une pour les forgerons, ils sont trois également !

     - Pas de soucis, Jacou ! Tu auras tout cela ! Il va donner des ordres en cuisine, et reviens.

     Les travaux avancent ? demande-t-il .

     - Très bien ! Les Strateburgois vont apprécier ! L’inauguration se fera le 21 décembre, jour du solstice d’hiver. Je peux d’ores et déjà te dire que tu seras, si tu le veux bien, le restaurateur de la journée ! Et de la nuit ! ajouté-je en riant. Ce sera un buffet permanent, froid et chaud, pour une cinquantaine de personnes ! Il te faudra de l’aide au service ! Ton prix sera le miens !

     - Je prends bonne note ! Et j’aurai avec moi des assistantes efficaces.

     - Peux-tu m’aider à établir la liste des invités, tu les connais tous !

     - Si tu veux ! Maintenant j’ai un peu de temps, chacun sait ce qu’il a à faire, avant midi, on aura fini !

     - Bien ! Alors commençons !

      Rudolf Hess, le bourgmestre de Strateburgo. Il a une épouse ?

         - Oui, Germaine Hess, trente huit ans, lui a quarante cinq ans.

     - Gaston Gaf, le secrétaire du bourgmestre ?

         - vingt cinq ans. Il a une concubine, Jeanne Moisel vingt quatre ans..

     - Le banquier, Louis, Dor ?

         - Non, lui il est veuf. Mais encore vert à cinquante ans ! Et il a deux filles, Anny et Annette, des jumelles inverties de vingt ans, et un fils, Benoit, de dix neuf ans.

     - L’apothicaire, Georges Dumont ?

         - quarante cinq ans. Avec une femme, Pauline, quarante ans, et une fille, Monique, 18 ans.

     - Hubert Felix , le menuisier ?

         - quarante ans. Une femme aussi, Marie, trente neuf ans.

     - Et ses disciples Roger Ronimo et Jean Holz ?

         - Roger a dix huit ans, une fiancée, Monique Dumont.  Jean a douze ans, il est novice, probablement puceau..

     - Victor Sadai , le forgeron ?

         - quarante huit ans. Marié aussi, avec Gretel, quarante ans,

     - Son fils Hector Sadai, et Benoît Dor, son disciple ?

         - Ils sont ensemble. Hector a vingt trois ans, et Benoît Dor, son compagnon, a 19 ans , c’est le fils du banquier Louis Dor.

     - Pierre Tombal ?

         - Lui, il est célibataire ! Il a trente ans.

     - Et ses jeunes compagnons, les frères Sylvain et Adrien Cohen ?

          - Je ne les connais pas.

     - Le verrier Norbert Wasisdas ?

         - Marié aussi, avec Carole, ils ont trente cinq ans.

     - Bruno Stresa, le couvreur ?

         - Célibataire ! trente deux ans. Il couvre tout ce qu’il trouve ! dit-il en s’esclaffant.

     - Le maçon Karl Offen ?

          - quarante ans. Marié avec Ingrid, la sœur jumelle de Gretel Sadai, quarante ans…

     - Le tailleur Francis Zoh ?

         - trente cinq ans. Veuf ! Il a perdu sa femme il y a dix ans. Il a une fille Isabelle, 19 ans, une belle plante !

     - Bertrand Bleupa, le droguiste ?

        - trente ans, célibataire.

     - Et l’aubergiste, Albert Morille ?

         - Je suis célibataire ! quarante ans. Mais j’ai deux nièces qui m’aident à l’auberge !

     - Bon, ça fait déjà vingt-sept personnes !

     Tu connais les notables de la ville, qui faut-il inviter encore pour que la joaillerie soit connue ?

         - Combien de personnes ?

     - Cinq ou six couples.

         - D’accord ! Je te prépare cela !

     - Et dans la cité, il y a un courrier ?

        - Oui, il est aussi garde-champêtre. Léon Dietz, tu le trouveras à la maison du bourgmestre.

     - Merci pour ces informations, Albert, il va être midi, je vais accueillir mes invités ! Peut-on avoir de cet excellent vin gris pour commencer ?

         - Je retourne aux cuisines ! Je t’envoie ça ! Installe-toi à cette table, on va l’agrandir ! »

 

     Et tandis que je sirote ce nectar, deux commis viennent avec trois longues planches, ils rapprochent une autre table, et posent les planches entre les deux. Une nappe dessus, et hop ! Une table de vingt pieds, pour accueillir tout le monde.

     Bruno Stresa, le couvreur, arrive le premier, rejoint rapidement par Norbert Wasisdas le verrier, Sylvain Cohen, le jeune compagnon aide du terrassier, arrive peu après, suivi de Karl Offen le maçon.

     Nous sommes installés à table, non loin de la cheminée, chargée au maximum, diffusant une chaleur agréable par ce froid ! Le vin gris est très apprécié !

     Sylvain Cohen s’installe à côté de moi.

     « Je suis Sylvain Cohen, avec mon frère jumeau Adrien, nous sommes des compagnons du devoir, Nous avons accompli notre mission chez Pierre Tombal, et nous voudrions faire une cession au Blauersland. Penses-tu que ce serait faisable ?

     - Oui ! Bien sûr ! dis-je. Vous êtes terrassier ?

     - Ici oui, mais nous apprenons plein de métiers ! La taille des pierres sera notre prochaine expérience, mais nous sommes aussi menuisiers, forgerons, palefreniers, cuisiniers, et bons archers !

     -Très intéressant ! J’en parlerai au doyen, Adrien Rung.

     - Grand merci, Jacou ! »

     Les travailleurs du chantier arrivent en groupe ! Victor Sadai, le forgeron, son fils Hector, et le copain du fils, Benoit Dor, le menuisier Hubert Felix, son apprenti Roger Ronimo et Jean Holz le jeune disciple, Pierre Tombal, le terrassier, et un des frères Cohen, Adrien, Norbert Wasisdas, le verrier, Élodie Schmidt, la patronne, et ses enfants Georges et Georgette, Hector Strass le forgeron, et ses fils Sylvain et Ignace, Albert Schwartz le menuisier et ses jumeaux Raoul et Victor, Itzel et Akna.

     Une belle table ! Les pintes de vin gris arrivent, avec des godets, qui viennent du Blauersland, fais je remarquer, et nous trinquons toutes et tous à la réussite du chantier, et à l’avenir de la Joaillerie.

     Après un repas encore une fois hors du commun, nous retournons ensemble vers l’échoppe !

Le chantier, la suite

  

     Et le chantier redémarre !

     Les baies vitrées sont vite posées, la porte vitrée également. Norbert Wasisdas est content, cela s’est fait promptement ! Georges est chargé de le payer, il lui donne le double de ce qu’il a demandé !

     Les menuisiers s’occupent de la toiture de la véranda, et deux brasiers sont installés dans les coins, avec pour chacun une évacuation des fumées.

     Les terrassiers ont terminé le terrassement de la grande cabane, et s’occupent maintenant des tranchées d’évacuation des eaux usées, et celles des coins d’aisances. Une grande fosse d’aisance est creusée derrière la véranda, le sol est du sable, meuble et facile à  creuser. 

     D’autant plus facile grâce aux nouvelles aptitudes des terrassiers ! Le trop plein de la fosse se répandra en sous-sol, se diffusant dans les sables. Le mur au fond de la cour est découpé, une porte sera installée pour accéder à la roue à aube. Les frères Cohen aident à la tranchée du trop plein des cuves. La roue à aube est prête à être posée, des grandes poutres ont été enfoncées dans le lit de l’Ill pour supporter la roue. La crémaillère aussi est bientôt achevée. La rampe qui permet à la crémaillère de monter en haut de l’étage est terminée.

     La construction du mur de soutènement avance, dans la cave le mur est fini, Karl Offen, le maçon, commence à l’étage au dessus, dans l’atelier. Raoul lui a découpé le plancher pour continuer à monter le mur. Il passera de chaque côté de la cheminée de l’atelier. Le mortier de scellement est fabriqué à base de cendres des âtres, et du sable de la cour. A l’étage des chambres, le plancher aussi est découpé, la chaudière est mise en place dans la chambre de derrière, en remplacement de la cheminée, pour chauffer l’eau du bac.

     De l’autre côté de la porte communicante, les cloisons du coin d’aisance et de la douche se montent. Il y aura la même chose de l’autre côté du mur, dans la chambre de devant, et aussi pareil en bas à l’atelier.

     Dans la cave, ce seront des toilettes sèches, mais il y aura aussi un point d’eau, chaude et froide.

     Dehors, la roue tourne ! L’axe et la transmission sont en acier, les engrenages moulés sur mesure, et la roue mère de la crémaillère tourne à vive allure, au rythme de la roue. La chaine est accrochée, et c’est parti ! Un tour à godets vides, un des godets est peint en rouge.

     La crémaillère fonctionne parfaitement, la partie verticale, dans la maison, est débrayable par un gros flotteur dans la cuve qui éloigne un engrenage, stoppant la montée des godets. La partie horizontale, elle tourne tout le temps, mais on peut la débrayer manuellement, au fond du jardin. La tranchée sous la crémaillère permet d’évacuer le trop-plein d’eau quand les cuves sont pleines.

     Ensuite, ouverture de l’écoulement des godets de la roue, qui se déversent dans ceux de la crémaillère. La chaine est assez puissante pour entrainer tous les godets plein d’eau, à raison de dix pintes par godets. Au bout, les godets se renversent dans ceux de la crémaillère verticale, et le trop plein retourne directement à la rivière. Tout cela fonctionne parfaitement. Un tour avec l’eau de la roue hors coulée, pour vider les godets, et l’essai s’arrête là, les cuves ne sont pas en place !

     Les compagnons du Blauersland vont alors prêter main forte aux menuisiers, et rapidement, les cloisons sont debout à tous les étages. Puis, ils vont ensemble construire les cabanes de sauna.

     Cela avance à une rapidité folle, Hector Strass, le forgeron du Blauersland, descend dans la cave et remonte avec un beau brasier, de trois pieds de diamètre !

     « Je l’installe, et je l’allume ! » dit Hector. 

     Et comme se montent les cloisons, puis les couvertures en bois, une fois l’évacuation centrale installée, le brasier remplit son office, et chauffe rapidement l’ambiance de travail !

     Je vais voir Victor Sadai, dans la cave. Le sol est jonché de tuyaux droits ou courbes, vue la chaleur ambiante, la forge a bien servi !

     Ils sont assis tous les trois, Victor, Hector et Benoît Dor, nus, en train de boire une cervoise.

     « Coté tuyaux, tout est prêt, dit Victor en me voyant, il faudra une bonne journée de raccordements, mais dès que les cuves seront en place, nous installons tout ça ! J’ai fabriqué des pommes de douche ! Et il m’en montre une, qui il est vrai, ressemble à une pomme. Trouée, certes !

     - Parfait ! dis-je. Je suis content ! tout marche à merveille ! » 

 

     Élodie a demandé et obtenu une cloison pour réduire l’espace boutique et avoir un espace repas convenable. L’âtre est transformé en cuisinière, mais chauffe toujours autant la pièce !

     En fin d’après-midi, nous nous retrouvons tous dans l’espace cuisine-atelier. Ceux qui travaillaient dehors se sont vite dévêtus, près des âtres. Nous autres sommes déjà nus.

     Georgette remonte avec deux bouteilles, toujours cet excellent marc de raisin !

     « Alors, messieurs, où en êtes-vous ? demandé-je.

     - Coté menuiserie, dit Hubert Felix, nous avons presque fini ! Les cloisons intérieures, les huttes de sauna, la véranda, c’est fait ! Grâce à l’aide énorme des compagnons du Blauersland ! Demain nous finalisons, avec la grande cabane au fond. La véranda est chauffée, et on peux utiliser le premier sauna, il y fait déjà bien chaud !

     - Le mur de soutènement est terminé ! dit Karl Offen, le maçon. Il lui faut le temps de séchage ! Vous pouvez allumer des petits feu pour tempérer. Pour ma part, j’ai fini !

     - On peut poser les cuves, sans les remplir ? Cent livres chacune ? demande Victor Sadai.

     - Oui, Victor, tu peux ! répond Karl. Tu attendras après-demain pour les remplir !

     - C’est très bien ! dit Victor, demain soir on aura bien avancé !

     - La roue à aube fonctionne, dit Albert Schwartz, les crémaillères aussi, dès le signal, je lâche le frein !

     Les jumelles Akna et Itzel arrivent nues, ruisselantes !

     « Nous avons essayé le sauna ! disent-elles en chœur. On vient se sécher ! précisent-elles toujours à l’unisson.

     - Et alors ? dit Élodie, conclusions ?

     - Conforme ! disent-elles ensemble.

     - Alors, trinquons au sauna ! Et je lève mon verre de marc de raisin. Tout le monde se ressert un verre, et trinque avec moi .

     Messieurs du Blauersland, vous avez des chambres à l’auberge du « Cheval Blanc ».  J’y dormirai aussi, avec mes condisciples !

     - Oh oui ! disent en chœur Itzel et Akna. »


     Les artisans se font payer par Georges, Karl Offen a fini sa mission, et est grassement payé pour ses fournitures. Bruno Stresa aussi a fini, et Georges le paie. Et le paie bien ! Les artisans s’en vont, après s’être habillés chaudement ! Dehors le froid s’intensifie !

     Je salue les Schmidt, qui dormiront seuls dorénavant. Avec les compagnons du Blauersland, nous allons à l’auberge.

 

 

     L’aube est là. Albert Morille est le premier à se lever. La nuit a bien rafraichi l’auberge ! Il enfile une tunique chaude, et descend jeter quelques bûches sur les braises fumantes de l’âtre de la grande cheminée.

     Nous descendons peu après, Akna, Itzel, Germaine, Adèle, vêtues aussi, et moi, avec une tunique. Germaine et Adèle vont prêter main forte à l’oncle Albert pour organiser le petit déjeuner.

     Martine se lève aussi, souriante.

     Albertine, Joséphine, Albert Schwartz et Hector Stamm arrivent à leur tour, suivis de près par Carmen, Raoul et Victor Schwartz, les yeux marqués par une nuit chaude.

     Les victuailles arrivent, accompagnées de boissons chaudes et froides.

     « Alors, dis-je, cette nuit de tests, messieurs ?

     - Pour ma part, dit Albert Morille, je serai ravi de revoir Martine pour le solstice d’hiver !

     - Nous, Carmen nous a vidé ! On est morts ! disent ensemble les jumeaux Schwartz, faisant rire toute la tablée.

     - Nous, avec Hector, dit Albert Schwartz, on a découvert ce que deux hommes peuvent faire avec deux femmes ! Ce fut fantastique ! Bravo Albertine et Joséphine !

     Jeanne, Marie, Ignace et Sylvain apparaissent à leur tour.

     - Hébé ! dit Ignace, je ne ferai pas ça tous les jours !

     - Merci Jeanne et Marie, dit Sylvain. Quelle nuit !

     - Grand merci, les filles pour votre participation active de cette nuit ! dis-je alors.

     - Ce fut un plaisir ! Non dissimulé ! dit Marie.

     - Mangeons un morceau ! Nous allons vous laisser, notre mission continue ! dit Albertine.

     Et enfin, après avoir pris un petit déjeuner copieux, Marie s’adresse à ses collègues :

     - En route, les filles ! »

     Tandis qu’elles enfilent leurs vêtements chauds, je les rémunère pour leur dévouement ! Une pièce d’or chacune, cela les ravit !

     « Merci les filles ! Nous nous revoyons le 21 décembre, toutes les six, hein ! A la joaillerie, pour la fête du solstice d’hiver.

     - Si vous avez besoin de nous entre-temps, dit Carmen, n’hésitez pas ! »

     Je les accompagne à la porte, dehors, il gèle à pierre fendre !

     Je referme vite la porte, ma tenue légère n’est pas efficace par ce froid. Je l’enlève, et nu, je vais devant l’âtre qui rayonne fort.

     « Bien ! nous allons retourner au chantier ! dis-je.

     - Mais pas comme ça ! dit Akna.

     - Pas comme ça, non ! dis-je en souriant. Nous allons chercher nos affaires dans les chambres, et venir nous habiller devant l’âtre pour emmagasiner de la chaleur pour le trajet. Il gèle fort, dehors !

     Merci Germaine et Adèle pour cette folle nuit ! dis je, repris par un «  Ooooh oui ! »  en chœur des jumelles Mayas.

     Ce sera un plaisir de vous recevoir à la fête !

     - Cette nuit fut la plus folle de ma vie ! dit Germaine.

     - Pour moi aussi ! affirme Adèle. Mais toi, tu as assuré comme un dieu ! ajoute-t-elle, à nous épuiser toutes les quatre !

     - Il a été bien éduqué ! disent ensemble Itzel et Akna.

     - C’est vrai ! Itzel et Akna vous êtes des Maîtresses en la matière ! Vous m’avez tout appris sur les secrets de l’amour ! Et je vous en remercie beaucoup Et je vous remercierai encore moult fois!

     - Oh, des mercis comme ceux de hier soir nous satisferont, hein, Akna ! dit Itzel radieuse.

     - Bon ! dis-je. Habillons-nous, nos artisans doivent déjà être à pied d’œuvre, ne trainons pas !

     Je réserve une table pour vingt pour ce midi, et je paie déjà l’hôtel pour la nuit passée.

Les préparatifs de la fête

 

     Nous arrivons à la joaillerie. Les menuisiers boivent une boisson chaude agrémentée de marc de raisin, avant d’aller affronter le froid dehors. Ce matin, ils construisent la cabane du fond. Ce sera vite fait, les panneaux de murs sont déjà prêts, ainsi que les pans de toit.

     Georges a déjà démarré les feux dans les âtres des saunas, et celui de la véranda. Bien sûr, tous les foyers de la maison sont allumés, y compris celui de la forge. Toutes les lampes aussi brillent, rechargées en huile ce matin.

Georgette est partie faire des emplettes, son arc et son carquois en bandoulière. Une précaution que lui a conseillé Hubert, les filles seules sont parfois importunées par des jeunes voyous, mais jamais si elles sont armées !

     Elle va dans la boutique du Maître tailleur Francis Zoh, lui commander quantités de coussins, draperies, tapis, matelas, tentures, et une grande réserve de serviettes en toiles de lin, et en fibres de chanvre. Tout cela devra être livré au plus tard le 20 du mois !

     « Voilà de quoi embaucher au moins deux couturières pour cette commande ! dit-elle en lui donnant deux livres-or. Je vous paie tout maintenant, je compte sur vous ! Vous avez à peine dix jours !

     - Je serai ravi de vous fournir cela en temps et en heure, chère demoiselle ! dit-il à la jeune rousse, qui, foi de Francis Zoh, a l’air de savoir ce qu’elle veut !

     Une jeune fille sort de la remise.

     - Bonjour ! Je suis Isabelle, la fille de Francis Zoh !

     C’est une belle blonde de six pieds, d’une vingtaine d’années, avec une poitrine proéminente.

     C’est pour la fête du solstice ? Toute la ville bruit de cet évennement ! J’espère que nous serons invités, mon père et moi !

     - Je suis Georgette Schmidt, la fille d’Élodie Schmidt, la nouvelle joaillière de la place. Je vous prie d’accepter cette invitation comme acquise !  Vous êtes deux, alors !

     - Oui, dit Francis, je suis veuf, et j’élève ma fille au mieux !

     - Soit ! Nous nous reverrons dans dix jours !

 

     Dans la bâtisse, les forgerons préparent leurs tuyaux, et posent les cuves en hauteur, sur le support en acier confectionné sur mesure. De travailler en hauteur sans échafaudage, sans efforts, sans risques de chute est un bonheur ! Le support de la chaudière aussi est fini, elle pourra être posée et déjà culottée.

     Le renfort des compagnons du Blauersland est une bénédiction ! La construction de la cabane n’est qu’une formalité ! En peu de temps, les murs, le toit, puis le plancher sont posés, et des braisiers sont posés à chaque coin, avec leurs évacuations de fumées. D’un coté de la cabane, une cheminée est installée, avec des grilles, des plaques pour les cuissons d’aliments.

     Puis le renfort arrive aux forgerons, qui installent alors les douches, une par une, les arrivées d’eau dans la cave, l’atelier, la boutique, et celles des coins d’aisances, dans chaque chambre du haut, et les deux pièces du bas.

     Dehors, attenant à la véranda, un point d’eau, un coin d’aisance et une douche extérieure, et un point d’eau chaude et froide dans la cabane du fond. A midi, tout est en place ! Nous allons manger à l’auberge du « Cheval Blanc ».

     Les compagnons décident de rentrer au Blauersland après le repas, ils reviendront pour la fête ! Les jumelles Mayas les accompagneront !

     «  Vous vous débrouillerez sans nous pour la roue à aube ! dit Hector Strass, j’ai bien expliqué le fonctionnement à Georges, qui gérera cela ! »

 

     Albert Morille m’apporte une liste des personnalités à inviter :

     « Il y a le Doyen de la faculté de médecine des Hospices, Maître Bernard Piveau , quarante cinq ans, veuf.

     Le droguiste Bertrand Bleupa, trente ans, célibataire.

     Le boucher Émile Naus, et son épouse Guenièvre  ils ont quarante ans.

     Le maraicher Louis Thomas, trente huit ans, son épouse Annie, trente six ans, et ses deux filles jumelles Yvette et Paulette, seize ans. 

     Le chef de la Garde de Strateburgo, le capitaine Edmond Krhel, trente huit ans, son épouse le lieutenant Marianne, trente cinq ans.

     - J’ai pris bonne note, Albert, merci ! Je vais voir le coursier, aujourd’hui encore pour qu’il amène les invitations aux gens concernés.

     Sylvain, veux-tu descendre aux écuries, sortir le chariot,  et allumer le braisier à l’arrière ?

     - Volontiers !

     - On va encore trinquer ! dis-je. J’ai ramené deux bouteilles de la cave. Je suppose que c’est du marc de raisin. On va le savoir tout de suite ! »

     Et j’ouvre la bouteille, verse une rasade dans mon godet, et j’hume, puis je goûte . C’est du marc ! Je fais passer la bouteille afin que chacun se serve, et j’ouvre la deuxième, que je goûte aussi dans un godet, c’est le même ! Alors je fait passer la bouteille dans l’autre sens.

     Une fois tous les godets pleins, Je lève le mien .

     « A la joaillerie et ses joailliers ! 

     Et toutes et tous lèvent le verre en criant !

     - A la joaillerie !

     - Et aux compagnons du Blauersland, sans qui rien de tout cela ne serait arrivé !

     Des vivats et des rires, des godets haut levés ponctuent !

     - Oui ! Bravo ! Les meilleurs ! Vive les compagnons du Blauersland ! 

     - Et à la santé d’Albert Morille, notre aubergiste, Ô combien talentueux !

     - Merci Albert ! Bravo ! Clame la tablée.

     - Alors, Albert, ce marc des Joaillers ? demandé-je

     - Excellent ! Je n’en ai pas de meilleur ! »

 

     Quelques desserts arrivent.

     Je dresse alors la liste des invités au fusain sur le parchemin que m’a donné Albert.

    

      - Rudolf Hess, le bourgmestre de Strateburgo, et son épouse, Germaine Hess

      - Gaston Gaf, le secrétaire du bourgmestre, et sa concubine, Jeanne Moisel

      - Le banquier, Louis, Dor

      - Ses deux filles, Anny et Annette, et son fils, Benoit

      - L’apothicaire, Georges Dumont, et son épouse Pauline

      - Hubert Felix , le menuisier, et son épouse Marie

      - Et ses disciples Roger Ronimo, Monique Dumont, et Jean Holz

      - Victor Sadai , le forgeron, et Gretel

      - Son fils Hector Sadai

      - Pierre Tombal le terrassier

      - Les jeunes compagnons de la route, les frères Sylvain et Adrien Cohen

      - Le verrier Norbert Wasisdas, et Carole

      - Bruno Stresa, le couvreur

      - Le maçon Karl Offen, et Ingrid

      - Le tailleur Francis Zoh, et sa fille Isabelle

      - l’aubergiste, Albert Morille, et ses deux nièces Germaine et Adèle

      - Le bourgmestre de BriZãkh, Paul Hanka, et son épouse Émilie

      - Les compagnons du Blauersland : Itzel et Akna, Clément Sandre, Hector Strass le

forgeron, son épouse Anne Strass, et ses fils Sylvain, et Ignace, Albert Schwartz,

menuisier, et Isabelle Schwartz, son épouse, et leurs enfants Marion Schwartz, et les

 jumeaux Victor et Raoul Schwartz

      - Les sœurs Maire, Charlotte et Béatrice, de la faculté de médecine des Hospices

      - Bertrand Bleupa, le droguiste

      - Le Doyen de la faculté de médecine des Hospices, Maître Bernard Piveau

      - Le boucher Émile Naus, et son épouse Guenièvre

      - Le maraicher Louis Thomas, son épouse Annie, et ses deux filles Yvette et Paulette

      - Le garde-champêtre, Léon Dietz

      - Le chef de la Garde de Strateburgo, Edmond Krhel, son épouse Marianne Krhel

 

     « Bien, je vous laisse, dis-je, je reviens vous saluer quand vous partez. Le temps que le braisier chauffe le chariot…une bonne demi-heure…

     Et je me rends à la maison du bourgmestre chez Léon Dietz le garde-champêtre coursier.

 

     Le garde-champêtre, Léon Dietz, est à la maison du bourgmestre, dans un bureau.

     C’est un homme de cinquante ans, barbu, de six pieds.

     « Bonjour Léon Dietz ! Je suis Jacou Artz, mandaté par la nouvelle joaillière, Élodie Schmidt, pour organiser une fête du solstice d’hiver dans la cour de l’échoppe.

     C’est dans dix jours ! Le 21 décembre. J’ai donc fait une liste d’invités, Voulez-vous les prévenir personnellement, pour cette date, pour l’apéritif à onze heure, le 21 décembre. Vous serez bien sûr rémunéré pour cela !

     - Bien le bonjour, jeune homme ! Faites donc voir cette liste ! Il la lit.

     Je suis honoré de figurer sur cette liste ! Soyez sûr que cela sera fait dans les règles de l’art !

     - Merci Léon, mais ne tardez pas, il faut que chacun puisse prendre ses dispositions pour cette journée.

     - J’entends bien, et je m’y attèle sur le champ ! Bon, déjà un ! Moi ! » Et il éclate de rire.

     Je retourne à l’auberge, le chariot est prêt, le palefrenier attelle deux chevaux, et Sylvain a fait un stock de bois pour le braisier.

     Tout le monde est prêt à partir, je salue mes condisciples et les compagnons.

     « Tu rentres quand ? demande Itzel.

     - Dès qu’il y a de l’eau chaude ! Je prends une douche et j’arrive ! » faisant rire tout le monde.

     C’est Ignace qui prend les rênes, et les voilà parti vers le Blauersland.

     Les autres sont retournés à la Joaillerie, je les rejoins.

     Sur le trajet, par une rue que je ne connais pas, je vois une taverne. J’entends de la musique ! Je m’y rends et arrive dans une grande salle, au fond sur une estrade, un groupe de bardes. Un grand comptoir court tout le long de la salle. Plusieurs clients y sont adossés, à regarder et écouter les bardes.

     Je commande une cervoise, et écoute moi aussi les bardes.

     Ils sont quatre, une lyre, un tambourin, une trompette, une flûte. Mais il y a d’autres instruments autour d’eux. Leur musique est gaie, envoutante parfois, les sons du tambourin me replonge chez les chamans.

     Au moment d’une pause, je les aborde et leur propose une animation à la joaillerie, ou plutôt à la fête du solstice d’hiver, le 21 décembre, dans dix jours, dans la cour de la joaillerie.

     « Oui, on connaît ! dit le lyriste. On y a joué une fois, c’était…chaud ! Ce sera du même ordre ?

     - En mieux ! La santé par le sauna ! Et vous pourrez jouer nus ! Votre prix sera le mien !

     - Tope-là ! N’est-ce pas les amis ! On sera de la fête !

     - Oui ! Oui ! Oui ! répondent les trois bardes.

     - Je nous présente : je suis Jean Dièze, je joue de la lyre, de la trompette, et même de la corne calédonienne. Je chante, aussi.

     Voici Louis Armst, le joueur de cor, il joue aussi du clairon, de la corne, de l’enclume et tout ce qui fait du bruit !

     Voici Paoula Pô, reine du tambourin et des percussions en tous genre. Sa voix est magnifique ! Elle est aussi ma compagne.

     Et voici Philomène Ladense, la phénomène qui joue de la flûte comme une déesse ! Et du joueur de cor aussi ! Ce qui fait s’esclaffer Louis Armst. Elle fait aussi les chœurs, quand elle ne souffle pas.

     - Enchanté ! Je suis Jacou Artz, j’organise la journée. Venez le matin, le temps de vous installer correctement sans être gênés. Il y aura du monde !

     - Parfait, Jacou ! nous y serons vers dix heures.

     - Magnifique ! Ce sera une belle fête ! »

     Je termine ma cervoise, je paie une tournée aux bardes, je les salue et je m’en retourne à l’échoppe.

     Il fait toujours aussi froid !

     Une fois dans l’échoppe, je me hâte de me déshabiller, et profiter de la chaleur ambiante, et de l’âtre qui chauffe !

     Victor Sadai me fait une remarque.

     « La distance entre la cuve et le point d’eau chaude dans la cabane au fond est grande ! Par ces temps de gel, cela ne marchera pas ! Et même s’il ne gèle pas, vue la distance, il va falloir attendre un bon moment avant d’avoir de l’eau chaude !

     - Que proposes-tu ? voyant bien qu’il a une idée.

     - D’installer des cuves en hauteur au dessus de la cabane. J’ai encore tout le matériel qu’il faut ! Et il reste des poutres !

     - Bonne idée ! Tu as carte blanche ! »

     Je vais reprendre les mesures intérieures de la cabane.

     Elle fait soixante quinze pieds de large, laissant la place pour la crémaillère, sur trente pieds de profondeur.

     Je crains que cela soit insuffisant ! Je vais voir Hubert Felix, et lui demande si on peut rajouter un bout sur la cabane. Disons…trente pieds !

     « Trente pieds ! Bon, je fais le tour de mes réserves, et je te dis ça demain !

     - Merci Hubert ! »

     J’essaie alors une chose que ne n’ai pas encore essayé , c’est de communiquer avec un novice, en l’occurrence un des frères Cohen, Sylvain ou Adrien.

     Ô surprise ! Ils me répondent tous les deux.

     « Salut les compagnons du devoir ! j’ai besoin de vous demain matin à la joaillerie, pour un terrassement ! C’est possible ?

     - Nous viendrons ! » pensent-ils en chœur, montrant qu’ils maîtrisent bien ce pouvoir.

     Avec soixante pieds par soixante quinze, ce sera plus confortable ! il faut loger un grand buffet, avec service traiteur, un orchestre de bardes, des tables pour cinquante personnes, un bassin de relaxation et des coins plus intimistes.

     Je retourne dans la boutique, Élodie est nue, en train d’installer son comptoir, quelques chaises…

     «  On va agrandir la salle au fond du jardin ! dis-je à Élodie. Et aménager la véranda en salle intime, enfin plus ou moins, vu le passage ! Il faudra aussi mettre l’étage à disposition, Élodie ! Vu le nombre d’invités !

     - Pas de problème ! Tu dors où, ce soir ? demande-t-elle.

     - Avec toi, si tu veux !

     - Avec joie !

 

     Le menuisier Hubert Felix est reparti avec ses disciples, il va préparer le matériel pour agrandir la salle du fond.

     Victor Sadai aussi repart avec ses aides, il sera là demain pour la mise en eau !

     J’informe les Schmidt des futures modifications.

     « Georges, tu auras une chaudière de plus à gérer, qu’on va installer dans la cabane du fond. Pour chauffer l’eau d’une deuxième cuve, située au dessus. Avec une douche, aussi, et un bassin de relaxation, rempli d’eau chaude ! On va doubler la surface de la cabane, pour accueillir tout le monde convenablement ! Il y aura un braisier dans chaque coin ! Qu’en est-il de la réserve de bois ?

     - Cela diminue vite ! dit Georges. Il faut compter un stère pour deux jours, et il ne reste qu’une douzaine de stère ! On ne fera pas l’hiver !

     - Bon ! Je m’occupe de fournir du bois avant la fête ! Ne vous inquiétez pas !

     Georges ! On se fait un sauna, après le repas ? 

     - Pas de soucis, je chauffe !»

 

     La nuit venue, je sors nu dans la rue, le froid me pique tout le corps ! Je ferme les volets, et verrouille les portes. Nous voilà tranquilles ! Nous nous retrouvons à table, nus, et goûtons les bouteilles inconnues. Georgette sort quelques plats de nourriture qu’elle a préparés. Nous nous régalons ! Un vin rouge trouvé dans la cave agrémente à souhait ces plats, et nous nous trouvons repus !

     Georges a réaménagé ses quartiers ! Un établi de travail se trouve entre les piliers de soutènement des cuves, un âtre au milieu. Devant, une table et quelques plans. Sous la table, une plaque de protection quand il est assis ! Sur l’autre mur, un coin d’aisance, et une douche ! Un grand lit prend l’angle arrière de la pièce. Sur le mur, le coffre est encastré, scellé ! Des lampes sont installées, sur la cloison du coin d’aisance, sur celle de la douche, au dessus du lit, et deux sur chaque piliers de soutènement des cuves.

     Il est l’heure du sauna ! Nous allons alors dehors, emmitouflés dans nos grandes serviettes, et pénétrons prestement dans le sauna.

     La chaleur intense nous saisit et nous ne tardons pas à transpirer à grosses gouttes !

     Georges a aussi chauffé la véranda, Au sortir du sauna, nous y allons, et nous nous frottons mutuellement pour nous sécher. Puis, nous montons dans les chambres, Élodie veut que je la rejoigne sur sa couche, alors que les jumeaux s’invitent mentalement, et se retrouvent ensemble sur une couche.

     Nous batifolons un bon moment, Puis Georges fait une dernière tournée de rondins, et nous nous couchons pour la nuit.

Derniers travaux

 

     Ce matin 12 décembre est un grand jour ! Nous testons l’eau chaude !

     Après le petit déjeuner, Le forgeron, le menuisier et leurs aides arrivent ensemble, suivis de près par les jumeaux terrassiers.

     Je m’habille chaudement, pour donner les directives aux artisans. Le chariot de bois est vite déchargé, tout est emmené dehors, pour prolonger le bâtiment du fond.

     De mon côté, je lance la crémaillère, sans faire couler l’eau, pour vérifier son bon fonctionnement, ainsi que de la partie intérieure, qui alimente les cuves.

     Tout cela semble fonctionner correctement !

     J’ouvre le système des godets, ils se remplissent et voyagent tranquillement vers la bâtisse, et bientôt, le premier godet se verse dans la cuve, tout va bien !

     Georges allume la chaudière, qui ne tarde pas à ronfler sous la cuve ! Le système de trop plein fonctionne, l’eau est écarté des cuves quand elles sont pleines, grâce à un flotteur. Les godets pleins se vident dans la rigole qui retourne directement à la rivière Ill.

     Victor Sadai vérifie ses tuyaux, il essaie les douches, encore froides, et les points d’eau dans les pièces. Il est fort satisfait de son travail, il n’y a pas une fuite ! Les arrivées d’eau dans les coins d’aisance fonctionnent aussi !

     Les terrassiers ont vite fait de niveler le terrain de soixante quinze par trente pieds, et les menuisiers alors posent le plancher, les cloisons, puis la toiture.

     Avant midi, l’extension de la salle est finie, les braisiers chauffent dans les coins, et les fumées sont évacuées par des tuyaux qui arrivent sur le toit.

     « Voilà, Jacou ! Nous avons fini ! dit Sylvain Cohen. Nous pouvons maintenant aller au Blauersland ! Nous allons trouver un chariot !

     - Ne préférez-vous pas attendre un peu, j’ai une course à faire, je serai de retour dans deux heures, et nous volerons ensemble vers le Blauersland ! Qu’en pensez-vous ?

     - Oui, bonne idée ! Nous allons faire nos adieux à Pierre Tombal, et nous t’attendrons ici ! Disent Sylvain et Adrien Cohen.

     - Parfait ! Vous êtes attendus pour manger à l’auberge à midi ! Quand je reviens, j’espère prendre une bonne douche !

     - L’eau est déjà tiède ! affirme Georges Schmidt.

     - C’est parfait ! »

 

     Je m’habille chaudement alors, double couche de manteaux, des chausses fourrées, et des moufles en peau de mouton.  Je m’envole pour Confluentes, à une heure de vol de Strateburgo, et j’arrive à l’auberge de Joseph Lefan.

     « Bonjour Joseph ! Bonjour Josette ! Bonjour les enfants !

     - Bonjour Jacou ! répondent ils. Josette Krumb, et ses enfants Marianne et Maurice, vivent maintenant à l’auberge, Josette et Joseph sont fiancés !

 

     - Je cherche les frères Chtauss, Aloïs et Alfred. Vous savez où les trouver ?

     - Je les ai vu à la taverne, ce matin ! dit Josette.

     - Merci Josette ! Tout va bien pour vous ?

     - On ne peut mieux ! dit Joseph. Grâce à vous !

     - Tant mieux ! J’en suis heureux ! Je reviens vous voir dans une semaine ! Portez-vous bien ! »

     Je prends congé, et vais à la taverne, ou je trouve mes deux bûcherons, en train de siroter des cervoises.

 

     « Salut les frangins ! dis-je en m’asseyant à leur table.

     - Salut Jacou ! Tu es de retour !

     - Oui ! j’ai besoin de vous ! En fait j’ai besoin de bois, dix muids, mais coupés en rondins d’un pied. Vous pouvez me faire cela ?

     - dix muids ! Il va nous falloir quelques jours pour cela !

     - Vous avez une semaine ! Vous chargez tout ça sur des barges, que j’emmènerai à Strateburgo.

     - D’accord ! nous n’avons pas de travail par ce froid ! Cela va nous réchauffer !

     - Voilà deux cents Deniers ! Je tends une bourse de pièces.

     - Oh, mais cela ne vaut pas autant !

     - Cela les vaut ! Vous les valez ! Merci d’avance ! Je compte sur vous !

     - Ce sera prêt ! dit Aloïs, Alfred confirme.

     - Je vous laisse ! Patron ! Leurs cervoises, je vous les paie ! » Et je lui lance une pièce d’argent, qui en paie bien dix !

     Je les salue, et sors de l’auberge, je m’envole alors et retourne à Strateburgo.

 

     Une heure plus tard, j’arrive à la joaillerie, transi !

     Je me déshabille devant l’âtre de la cuisine, puis demande si l’eau est chaude.

     «  Oui Jacou ! Tu peux tester la douche ! »

 

     Je fais couler l’eau, elle est bientôt chaude, voire trop chaude, j’actionne le mélangeur pour doser la température, cela fonctionne parfaitement, et je jubile sous l’eau chaude qui me tombe dessus ! Quel régal cette douche chaude !

     Alors Élodie veut essayer aussi ! Les jumeaux Cohen l’ont déjà essayé, et Georgette et Georges vont essayer celles de l’étage. Tout le monde se retrouve dans la cuisine, propre !

 

     « C’est un grand progrès que tu nous a offert, Jacou ! dit Élodie.

     - Je savais que ça vous plairait ! Je vais rentrer au Blauersland, Avec Sylvain et Adrien Cohen, ce n’est pas très long, en volant, mais il fait très froid ! Couvrez-vous bien !

     Je prends congé des Schmidt.

     Vous voilà livrés à vous-même !

     - Nous allons ouvrir l’échoppe demain ! Annonce Élodie. Nous avons quelques bijoux, et nous proposerons de racheter ceux que les gens veulent vendre ! Nous avons de la trésorerie pour ce faire ! Et un compte à la banque Dor.

     - Nous proposerons aussi des séances de sauna ! dit Georgette.

     - C’est une bonne nouvelle ! Soyez tout de même vigilants, et n’oubliez pas que vous avez des pouvoirs ! Servez-vous en si nécessaire !

     Je reviens dans une semaine, avec suffisamment de bois pour finir l’hiver ! il y a de la place dans la cave ! Les frères Cohen seront avec moi ! Nous préparerons correctement cet évennement !

     Au revoir, les Schmidt !

     - Au revoir Jacou ! Au revoir les frangins ! Faîtes bon vol ! »

 

Préparatifs finaux de la fête

 

      Nous arrivons au Blauersland avant la nuit. Adrien Rung est au foyer.

     « Venez, les jumeaux, je vous présente notre doyen !

     Et nous entrons dans le foyer, il y fait une bonne chaleur, et tous les occupants sont nus.

     - Adrien, je te présente Sylvain et Adrien Cohen. Ils sont compagnons du devoir, et souhaitent participer à la vie de notre communauté.

     Et je me déshabille vivement, avant d’avoir trop chaud !

     - Bienvenue, Sylvain et Adrien ! Vous êtes bien jeunes ! Quel âge avez-vous ? Quelles aptitudes avez-vous ?

     - Nous sommes jumeaux, nous avons seize ans. Nous étions terrassiers, à Strateburgo, et nous voudrions apprendre l’art de tailler les pierres.

     - Fort bien ! Vous êtes au bon endroit ! Mais il faudra attendre le printemps pour exercer dans la carrière. En attendant, faites-vous une vie tranquille ici, et faîtes connaissance des compagnons ! Ce soir, je vous présenterai à la communauté ! Nous mangeons ici ensemble tous les soirs. Mais il est de coutume de vivre nu chez nous, et ici, il fait assez chaud pour cela ! »

     Les frères Cohen ont compris, et se déshabillent aussitôt !

     « Peut-être voulez-vous prendre une douche bien chaude ? demande alors Adrien.

     - Merci Maître Rung, nous en avons prise une juste avant de venir !

     - Chaude ? demande-t-il en me regardant.

     - Chaude ! lui réponds-je en souriant. Les compagnons ont fait du bon boulot ! »

 

     Le soir, tout le monde est réuni dans le foyer, Adrien fait les présentations.

     « Chers compagnes et compagnons du Blauersland ! Nous accueillons deux nouveaux membres, Sylvain et Adrien Cohen. Ils ont seize ans, et seront parmi nous les mois à venir. Considérez-les comme vos compagnons !

     Qui d’entre vous pourrait les héberger quelques temps, le temps de leur trouver un logement ?

     - Nous, on peut ! disent en chœur les jumelles Kahlm, Marion et Margot trop heureuses de trouver deux jeunes jouvenceaux ! »

 

     Le repas est servi, délicieux.

     Ingrid s’approche des jeunes Cohen et dit :

     « Alors ? Bon manger ?

     - Oui ! Délicieux, madame ! répondent en chœur les frangins.

     - Moi pas madame ! Moi Ingrid ! Pas oublier ! » Et elle retourne en cuisine en volant, posture qu’elle affectionne.

     Les jeunes nouveaux ne savent pas trop quoi faire, alors Marion et Margot les entrainent au sauna. Puis, dans leurs appartements ! Elles décident de rester ensemble.

 

     Pour ma part, je raconte nos aventures à Strateburgo, les bandits sur la route, la découverte de la joaillerie, et des fêtes qui s’y tenaient, les travaux que j’ai initiés, et la fête prochaine pour le solstice d’hiver.

     Après quelques verres de digestifs, nous allons toutes et tous nous coucher, Je retrouve mon ami Clément, et mes deux condisciples Itzel et Akna chez Clément, et nous passons un bon moment tous les quatre. Puis, le sommeil nous emporte…

 

     Les jours suivants, Sylvain et Adrien Cohen font la connaissance des compagnons, beaucoup de la gente féminine, après les rapports détaillés des jumelles Kahlm,  veulent les essayer !

 

     Au bout d’une semaine, nous sommes le 19 décembre, il est temps de s’organiser pour la fête !

     « Je vais, avec les Cohen, en vol jusqu’à Strateburgo préparer tout cela !

     Vous deux, Itzel et Akna, pouvez-vous aller chercher les époux Hanka à Brizach, demain,  pour arriver le 21 le matin à la joaillerie ?

     - Oui Jacou, nous le ferons !

     Et toi, Clément, peux-tu amener les familles Schwartz et Strass le 21 au matin ?

     - Bien sûr Jacou, je ferai cela !

     - Parfait ! Alors, jeunes compagnons, en route !

     Et une fois bien emmitouflés, nous volons vers Confluentes pour revenir à Strateburgo avec les barges de bois.

 

     A Confluentes, Une fois passés par l’auberge de Joseph pour nous réchauffer, nous voyons les bûcherons, qui ont fini ma commande.

     « Voilà quatre barges de bois coupé, Jacou ! Que des bonnes essences, et pas trop vert !

     - Merci, les frères Chtauss, Aloïs et Alfred !

     - Au plaisir, Jacou !

     - Je vous invite à manger chez Joseph l’aubergiste à midi !

     - Tu es bien bon !

     - Soyez à l’heure ! »

     Et nous nous rendons à l’auberge, ou je commande une table pour cinq. Joseph nous sert un vin des côtes du fleuve Rhin, bien fruité !

     Après un bon repas bien arrosé, les bûcherons nous accompagnent jusqu’au port, nous attachons les barges ensembles et montons sur la deuxième, afin de pousser la première en amont.

     Il fait toujours bien froid, et des zones de glace couvrent le grand fleuve Rhin par endroit. Brisées sans difficulté au passage des lourdes barges.

     Nous arrivons dans la soirée à Strateburgo. Au port, nous trouvons une grande charrette avec quatre chevaux, nous arrivons à mettre cinq muids de bois dessus, et allons les décharger à la joaillerie.

     Je préviens mentalement Georges et Georgette, pour un coup de main pour décharger.

     Au deuxième voyage, il fait nuit noire ! Je conduis le chariot, habillé et invisible, pour bénéficier de la vision nocturne, pour arriver à bon port. Les Cohen se demandent comment je fais ! Ils n’y voient goutte dans cette nuit !

     Une fois le déchargement terminé, les Cohen restent à l’échoppe, et je ramène la charrette au port. Le charretier m’attend pour rentrer ses chevaux.

     Je reviens à pied, ne voulant pas montrer que je sais voler, il y a pas mal de gens dans les rues, malgré le froid et la nuit.

     Arrivé à la joaillerie, je me déshabille, les frères Cohen sont déjà nus devant l’âtre de la cuisine.

 

     « Alors Élodie ! Tout est prêt ?

     - Oui Jacou ! Le forgeron a fini d’installer la douche dans la grande salle, elle fonctionne bien ! Toute l’installation fonctionne à merveille, et c’est un plaisir de faire ses besoins !

     Le menuisier a ramené des bancs des tables, pour meubler la grande salle !

     Hier, nous avons testé le bain, c’est superbe ! Bien chaud, c’est un délice !

     - Cela s’annonce bien ! dis-je. Nous avons ramené dix muids de bois, coupé ! Cela devrait suffire jusqu’au printemps !

     Ce soir, dit Élodie, on va s’organiser pour la nuit ! Nous pouvons toutes et tous dormir dans la chambre de devant ! Elle est déjà équipée pour la fête ! on va donc tester !

     - Nous ne voudrions pas déranger ! disent les jumeaux Sylvain et Adrien.

     - Oh ! Mais vous ne dérangez pas ! dit Georgette. Bien au contraire ! Avec une idée en tête !

     - Bien, dis-je, allons manger à l’auberge ! Bien que je n’aie pas réservé !

     - Nous avons tout ce qu’il nous faut pour diner ici ! dit Georgette. J’ai cuisiné quelques plats, et l’aubergiste est venu hier s’inviter au sauna, avec plein de bonnes choses à manger et à boire !

     - Soit ! Alors mangeons, dis-je, car les vols, ça creuse ! »

     Nous mangeons et buvons. Une fois repus, Georgette me demande si elle pourrait bénéficier de la potion  pour elle et la potion pour les jumeaux !

     « Bien ! Je vais accéder à la demande de Georgette ! Élodie, veux-tu aussi en profiter ? cela risque d’être une soirée chaude !

     - Oh oui ! » dit Élodie ! 

     Alors les filles boivent leur potion, et les garçons, j’en fait partie,  la leur.

     Et nous montons dans la chambre, nos membres virils en avant !

     « Je fais le tour des âtres, dit Georges, et des chaudières des cuves de la maison et la cabane, et je vous rejoins.

     - Je suis la doyenne, ce soir ! dit Élodie. Vous devez faire ce que je vous dis ! Pour commencer, Sylvain et Adrien, venez par ici !

     - Georgette, viens avec moi ! » dis-je.

 

     Georgette descend et revient avec une bouteille et des godets, l’alcool de marc nous retape un peu, et nous nous attelons au nettoyage de nos fluides répandus partout.

     Puis, vannés, nous nous couchons les uns à côté des autres, et ne tardons pas à nous endormir.

J-1

 

     Nous sommes le vendredi 20 décembre. Demain, c’est le solstice d’hiver, et la fête ! Je fais le point avec Élodie des gens qui seront là.

     - Les filles de la maison close, elles sont six, avec peut-être aussi deux garçons…

Joséphine, Albertine et Martine Bloch, Carmen Krhu, Jeanne et Marie Matze. Toutes ont vingt-et-un ans.

 

     - Les bardes, ils sont quatre :

     Jean Dièze, lyre,  trompette,  corne calédonienne, chant, Louis Armst, cor, clairon,  corne, Paoula Pô, tambourin et percussions en tous genre, voix, Philomène Ladense, flûte et chœurs.

 

     - L’aubergiste et ses aides, ils sont trois :

     Albert Morille, et ses deux nièces Germaine et Adèle, jumelles de vingt ans.

 

     - Les invités :

      Les compagnons du Blauersland, ils sont douze : Itzel et Akna, Clément Sandre, Hector Strass Anne Strass, Sylvain et Ignace Strass, Albert Schwartz, Isabelle Schwartz, Marion Schwartz, Victor et Raoul Schwartz.

 

     - Les propriétaires, ils sont deux : Paul Hanka, et Émilie.

 

     - Rudolf Hess, le bourgmestre de Strateburgo, et Germaine Hess.

     - Gaston Gaf, le secrétaire du bourgmestre, et Jeanne Moisel.

    -  Louis Dor, le banquier, ses deux filles, Anny et Annette, et son fils, Benoit.

     - Georges Dumont, l’apothicaire, et Pauline.

     - Hubert Felix , le menuisier, et Marie.

     - Et ses disciples Roger Ronimo et Jean Holz, et une fiancée, Monique Dumont.

     - Victor Sadai , le forgeron, Gretel.

     - Son fils Hector Sadai.

     - Pierre Tombal, le terrassier.

     - Les frères Sylvain et Adrien Cohen, jeunes compagnons du devoir.

     - Norbert Wasisdas, le verrier, et Carole.

     - Bruno Stresa, le couvreur.

     - Karl Offen, le maçon, et Ingrid.

     - Francis Zoh, le tailleur, et sa fille Isabelle.

     - Les sœurs Maire, Charlotte et Béatrice.

     - Maître Bernard Piveau, le Doyen de la faculté de médecine de l’Hospice.

     - Bertrand Bleupa, le droguiste.

     - Émile Naus, le boucher, et Guenièvre.

     - Louis Thomas, le maraicher, avec Annie et ses deux filles jumelles Yvette et Paulette.

     - Léon Dietz, le garde-champêtre.

     - Edmond Krhel, le chef de la Garde de Strateburgo, et le lieutenant Marianne Krhel.

    -  Hugues Karpet, le médecin.

    -  Albert Morille, l’aubergiste, et ses nièces Germaine et Adèle.

 

     L’apothicaire, Georges Dumont est de passage. Il ramène les onguents, philtres, et potions que lui commandait l’ancien Joaillier Armand Nau pour ses fêtes. Il m’explique les effets de ces remèdes.

     « Celui-là, c’est pour dresser une vieille verge, et la rendre dure ! Il agit en 5 minutes.

     Celui-ci, c’est pour éjaculer ! instantané !

      Voilà le philtre d’envie pour les filles.

     Et cette potion empêche les fécondations.

     - Merci Maître Dumont pour tous ces produits ! Nous en ferons bon usage ! »

     Et après deux verre de marc de raisin, Georges Dumont repart, en disant « À demain ! »

 

 

     Le tailleur Francis Zoh, et sa fille Isabelle arrivent avec une charrette remplie de coussins, draperies, tapis, matelas, tentures, et une grande réserve de serviettes en toiles de lin, ou en fibres de chanvre.

     Nous enfilons une tunique et déchargeons tout cela dans le couloir, nous répartirons ensuite chaque chose. Nous invitons les Zoh à boire un coup de marc pour la route.

     Dans la cuisine, il fait une belle chaleur, et nous tombons nos tuniques.

     « Mettez-vous à l’aise, Maître ! dit Élodie qui apparait toute nue. »

     Il hésite, puis se laisse convaincre, c’est vrai qu’il fait très chaud !

     Isabelle alors se met nue aussi. Elle voit Georges,  il la voit, leurs regards se croisent, et son membre se dresse instinctivement.

     « Veux-tu essayer le sauna ? balbutie-t-il à Isabelle, en tenant une serviette devant lui.

     - Volontiers, dit la blonde, j’en ai entendu parler, il parait que c’est très chaud !

     - Viens, suis-moi !

     - Dehors ? Toute nue par ce froid ?

     - Enfile cette tunique, mais c’est pas loin !

     Ils sortent dans le jardin, et pénètrent dans le sauna.

     La chaleur intense fait reculer Isabelle, mais Georges la rassure, lui enlève sa tunique, et la prend dans ses bras pour l’embrasser. Sa verge droite glisse entre les jambes de la blonde, qui commence à se frotter dessus…

 

     Au bout d’un quart d’heure, ils sont épuisés, en nage, Georges emmène alors Isabelle dehors, et ils se dirigent nus vers la cabane, où un grand bassin rempli d’eau chaude les attend ! Ils s’y installent avec bonheur, et restent ainsi un bon moment, jusqu’à l’apparition de Maître Zoh, qui vient chercher sa fille.

     « Habille-toi, Isabelle, nous partons ! Tu le reverras demain ! » Ayant bien compris qu’elle a un penchant pour ce garçon ! Le fils de la joaillière, c’est un beau parti !

     Ils retournent tous les trois dans l’échoppe, Georges et Isabelle sont toujours nus.

     Isabelle se rhabille, et les Zoh prennent congé, et nous donnent rendez-vous demain pour l’apéritif !

 

     « Alors frangin, dit Georgette, t’as fait une touche !

     - Je l’aime ! répond Georges, le regard dans le vague. Puis il avale coup sur coup deux verres de marc ! « Aahhh ! » J’en avais besoin ! Bon ! Où en est-on ?

     - Nous allons installer tous ces coussins, dans la grande salle, dans les saunas, dans la véranda et dans la chambre en haut. » dis-je.

     La porte de la boutique s’ouvre, la clochette tinte.

     Élodie enfile rapidement une tunique et arrive derrière son comptoir.

     Un couple est entré, emmitouflés dans de grandes écharpes en peau de mouton.

     « Bonjour ! dit Élodie.

     - Bonjour madame ! dit l’homme. Nous voulons voir Armand Nau !

     - Hélas, Armand Nau est décédé l’automne dernier ! Mais je peux peut-être vous aider ! je suis Élodie Schmidt, la nouvelle joaillière de la place, installée dans la joaillerie par les héritiers d’Armand Nau.

     - Enchantée, Élodie ! Nous sommes les chatelains du domaine de Koenigsbourg, Henri et Antoinette de Koenigsbourg. Nous avions confié une dague à restaurer à Maître Armand, au printemps dernier, mais n’avons pu venir plus tôt !

     Cette dague, hormis la fortune qu’elle vaut, a une grande valeur sentimentale à nos yeux.

     - Elle est magique ! Mon mari Henri a repoussé les Germains, rien qu’avec cette dague, lors d’une attaque du château. Elle a dévié toutes les lames qui attaquaient mon mari, perdant quelques pierres sous les coups. Elle n’a hélas rien pu faire pour notre fille Elisabeth, tuée d’une flèche germaine. C’est ce qui nous reste de notre fille, cette dague lui appartenait.

     Élodie va au coffre, dans l’atelier, l’ouvre, et sort une dague ciselée, magnifiquement incrustées de pierres. Elle referme le coffre, et retourne à la boutique.

     - C’est celle-ci ? Manifestement, Armand avait fini ses travaux de restauration ! dit-elle en tendant la dague en question.

     - Oui ! c’est bien elle ! dit Antoinette. Elle est splendide ! Armand a bien travaillé !

     Quel est le prix de cette restauration ? Je vois qu’il a remplacé certaines pierres incrustées !

     - Cela ne vous coûte rien !

     - Mais nous pouvons payer !

     - Certes ! En mémoire de votre fille Elisabeth, et du travail d’Armand Nau, la joaillerie vous offre ces travaux de restauration.

     - Grand merci Madame la joaillière ! Nous sommes touchés par cette attention !

     - Pfou ! il fait trop chaud chez vous ! vous avez une forge, ici ? demande Henri.

     - Oui-da ! Et plein de cheminées partout !

     Mais mettez-vous à l’aise, nous vivons nus dans la maison. »

     Georgette arrive sur ces entrefaites, nue.

     Les époux De Koenigsbourg sont épatés de voir cette belle jeune fille sans pudeur aucune les saluer.

     « Bonjour monsieur-dame ! Vous n’avez pas trop chaud, ainsi fagotés ? profitez de la chaleur ambiante ! Maman, nous mangeons à l’auberge, ce midi ?

     - Si tu veux, Georgette !

     - J’ai quelques trucs à voir avec l’aubergiste pour la fête demain !

     - Alors, d’accord ! Préviens les autres !

     - Vous faites une fête ? demande Henri. Dans le genre de celles qu’organisait Armand ? Il était venu au château, et nous avait organisé une soirée et une nuit – Et quelle nuit ! –

     - Oui ! Nous fêtons le Solstice d’hiver ici-même, avec une pléthore d’invités de Strateburgo ! Si vous êtes encore là demain, vous êtes invités !

     - Nous sommes honorés de votre invitation et acceptons avec plaisir ! Les distractions sont rares, au milieu des montagnes Vosgiennes ! Nous allons prolonger notre séjour, nous logeons à l’auberge du  ‘Cheval Blanc’. 

     Les chatelains ont fini par se mettre nus, il fait vraiment trop chaud pour garder ne serait-ce qu’une nuisette !

     Henri est un homme brun, de cinquante ans, bien bâti, de six pieds six pouces, velu, avec une toison fournie sur son membre de cinq pouces.

     Antoinette, quarante cinq ans, est rousse, six pieds quatre pouces, des cheveux longs qui retombent sur des gros seins terminés par des gros tétons tout roses, un corps fin, une toison rouge abondante sur des lèvres roses qui dépassent. Des cuisses fines et un joli derrière bien rebondi.

     Il est bientôt midi, et nous nous retrouvons toutes et tous dans la boutique.

     Les époux de Koenigsbourg nous sont présentés, et nous nous présentons à eux.

     Nous nous habillons chaudement pour aller à pied à l’auberge, en compagnie des chatelains.

     Arrivés sur place, je préviens Albert Morille que nous serons huit, les châtelains sont nos invités. Il nous installe à la grande table.

     « Nous resterons deux jours de plus, aubergiste ! dit Henri de Koenigsbourg.

     - Avec plaisir, seigneur ! répond Albert Morille.

     Tandis qu’il nous sert de son excellent vin gris, Georgette lui demande :

     - Pourrais-tu passer cet après-midi, afin de régler les derniers détails ? tout doit être parfait !

     - Justement, je voulais déjà emmener des choses pour demain, quelques victuailles, le vin, les alcools, et tout cela ! C’est faisable ? Les salles sont hors gel ?

     - N’aie crainte, Albert, j’y veille ! dit Georges.

     Après le repas, nous retournons à l’échoppe, je vais faire une petite sieste ! Cela donne des idées à Georgette, qui ne veut pas me laisser dormir !

     « Bon ! Mais alors vite fait ! » lui dis-je, et je la prends sur ma couche, en levrette, très rapidement je me vide en elle, et nous nous effondrons tous les deux sur le coté.

     Je m’endors ainsi, en elle.

     Je suis réveillé par le bruit que fait Albert et ses nièces Germaine et Adèle, en trimballant des plats en métal et divers accessoire de torture culinaire.

     J’enfile une tunique, et vais les aider à amener tout cela dans la cabane au fond du jardin.

     Puis Albert demande :

     « Avez-vous encore cet excellent marc de raisin que vous aviez amené à l’auberge l’autre jour ?

     - Oui-Da ! Venez dans la cuisine, mettez-vous à l’aise, et trinquons !

     Tous les trois se déshabillent, et nus profitent de la chaleur de l’âtre de la cuisine.

     - Vous avez des douches chaudes, nous a-t-on dit !

     - Oui ! cela vous tente d’essayer ?

     - Oh oui ! dit Germaine, je veux bien !

     - Et Georges lui montre la douche de l’atelier et lui explique son fonctionnement.

     Elle revient, quelques temps plus tard, ravie ! Adèle à son tour va essayer, et revient enchantée ! Albert, pour ne pas être en reste, est le suivant. Une fois l’aubergiste et ses nièces propres, nous trinquons à la fête de demain, une nouvelle bouteille est remontée de la cave, il s’agit d’un alcool de fruit à noyau, probablement de la prune.

     Une fois Albert, Adèle et Germaine repartis, nous décidons d’aller faire un sauna, suivi d’un bon bain.

     Georges est chargé des feux, et doit s’occuper de remplir les cuves.

     Il va donc, habillé d’un gros manteau et des chausses fourrées, démarer la crémaillère au niveau de la roue à aube. La crémaillère avance doucement, la partie verticale suit.

     Il ouvre alors le circuit de remplissage des godets, et l’eau finit par se déverser dans les cuves.

     Quand elles sont pleines, la crémaillère intérieure se déconnecte, c’est le signal pour aller couper l’eau des godets.

     Georges laisse encore tourner les godets, afin que les derniers se vident, dans la rigole qui retourne à la rivière, sinon ils gèleraient dehors !

     Puis il s’occupe d’alimenter en bûches tous les âtres et chaudière de la maison, du deuxième sauna, de la grande salle, puis nous rejoint dans le premier sauna. Il ajoute encore deux bûches dans l’âtre, et tombe le manteau.

     « Dehors, il commence à neiger, ce sont des gros flocons ! »

     Après avoir bien transpiré, nous allons nus jusqu’à la grande salle sous la neige, nos corps très chauds fument dans la fraicheur du soir, et la neige n’a même pas le temps de nous toucher avant de fondre ! La couche de neige, au bout de quelques minutes est déjà impressionnante ! Si cela continue, on va avoir trois, six, voire dix pieds de neige !

     Nous pénétrons dans le grand bassin d’eau chaude. Un filet d’eau chaude coule en permanence dans le bassin, le maintenant à bonne température ! Nous entendons la crémaillère dehors qui alimente les cuves au dessus de nous. Elle tourne en permanence, et le surplus d’eau retourne à la rivière. La chaudière ronfle, l’eau est vite chaude !

     Nous nous installons alors sur les coussins tout juste installés, afin de tester le confort des invités demain.

     Nous nous couchons de bonne heure, demain il faudra assurer !

La fête du solstice d’hiver

   

     Le grand jour, si l’on peut dire cela de la journée la plus courte de l’année, est arrivé !

     La neige a cessé de tomber, il y a bien deux à trois pieds de neige par endroits sur la ville. Rudolf Hess, le bourgmestre, a mis des équipes de déneigement en route.

     Albert et ses nièces arrivent avec deux chariots remplis de victuailles, qu’il s’agit de transporter à travers la cour sur la table du buffet. Dans la cour, la hauteur de neige est d’1 pied. Les jeunes compagnons de la route Adrien et Sylvain Cohen aident aux transports, en faisant voler les plats, et bientôt, les deux chariots sont vides. Germaine et Adèle ramènent les chariots à l’auberge, et reviennent à pied, difficilement, ce n’est pas facile de marcher dans 2 pieds de neige !

     Une fois de retour à l’échoppe, elles se déshabillent complètement, se font sécher devant l’âtre de la cuisine, puis enfilent une tunique et des chausses sèches, pour rejoindre Albert Morille dans la grande salle.

     Albert est nu. La chaleur augmente encore, bientôt, ce sera bien agréable de se promener nu !

     Je confectionne une pelle à neige dans la cave, et sors pousser la neige des chemins vers les saunas et la grande salle. Les godets de la crémaillère sont remplis de neige !

     Je fais tourner la crémaillère pour les vider, avant que la neige ne se transforme en glace !

     Les bardes arrivent, Jean Dièze, Paoula Pô, Louis Armst et Philomène Ladense, chargés d’une pléthore d’instruments en tous genres ! La journée va être musicale !

     Ils s’installent sur une estrade prévue pour eux, et commencent à jouer. Un morceau qu’ils répètent encore, en hommage à la nouvelle joaillière.

     Ils s’arrêtent alors.

     « Mettons nos costumes de scène ! dit alors Jean.

     Ils posent leurs instruments, se mettent nus, enfilent des chausses bariolés en tissus, et se couvre le chef d’un chapeau avec une plume de paon.

     - Voilà ! Notre costume de scène !

     - Vous êtes parfaits ! dit Adrien Cohen, reluquant plutôt les filles Paoula et Philomène.

     La boutique est transformée en vestiaire, chacun pourra se déshabiller ici et pourra avoir une tunique s’il le désire.

     Un chariot s’arrête devant l’échoppe. Ce sont les compagnons du Blauersland, partis très tôt, de nuit, pour arriver à l’heure.

     Derrière eux, un autre chariot, avec Itzel aux rênes, ce sont les Hanka de Brizach, escortés par les Mayas.

     Tout ce joli monde arrive dans la boutique, bonjours, embrassades, saluts, déshabillages, et tout le monde se retrouve au fond de la cour, nu dans la grande salle. La musique est entraînante. Puis arrivent les Strateburgoises et Strateburgois.

     Le bourgmestre Rudolf Hess et son épouse Germaine, Gaston Gaf le secrétaire du bourgmestre et sa compagne Jeanne Moisel, Louis Dor le banquier, et ses deux filles Anny et Annette, et son fils Benoit, l’apothicaire Georges Dumont et son épouse Pauline, Hubert Felix le menuisier et son épouse Marie, ses disciples Roger Ronimo et Jean Holz, et Monique Dumont, la fille de Georges et Pauline Dumont, fiancée de Roger Ronimo, Victor Sadai le forgeron avec Gretel et son fils Hector, Pierre Tombal, le terrassier, le verrier Norbert Wasisdas avec Carole, Bruno Stresa le couvreur, le maçon Karl Offen avec Ingrid, le tailleur Francis Zoh et sa fille Isabelle.

     Les sœurs Maire Charlotte et Béatrice, sont accompagnées par Maître Bernard Piveau Doyen de la faculté de médecine des Hospices. Elles sont rayonnantes et contentes de me revoir. C’est réciproque !

     « Alors, les filles , comment se passent vos études ? demandé-je.

      - Très bien, nous sommes contentes d’apprendre !

      - Et elles sont très attentives, et apprennent très vite ! précise le doyen Maître Bernard Pivot.

     - J’en suis fort aise ! réponds-je.

 

     Arrivent ensuite : le droguiste Bertrand Bleupa, le boucher Émile Naus et son épouse Guenièvre, le maraicher Louis Thomas, son épouse Annie et ses deux filles jumelles Yvette et Paulette, le garde-champêtre, Léon Dietz, exempté de chef de corvée de déneigement pour cette fois, le chef de la Garde de Strateburgo, le capitaine Edmond Krhel et son épouse le lieutenant Marianne Krhel, Il a délégué son pouvoir au lieutenant Gérôme Suitom pour la fin de semaine, le médecin Hugues Karpet, et Henri et Antoinette de Koenigsbourg, invités de dernière minute.

     Une pause musicale permet à Élodie de prendre la parole.

     « Bienvenue à la fête du solstice d’hiver ! Je suis Élodie Schmidt la nouvelle joaillière, et voici mes enfants, Georges et Georgette. Cette fête renoue avec la tradition strateburgoise qu’avait initié Armand Nau, pour le plaisir des Strateburgois. Les nouveaux propriétaires, Emilie Hanka et Paul, m’on fait confiance et m’ont donné la gestion de la joaillerie, quelques clients sont déjà venus depuis l’ouverture en début de semaine. La gestion de la cour et de ce qu’il s’y passe a été mené de mains de maîtres par les compagnons du Blauersland, et les artisans de la cité ! Je vous présente Jacou Artz, le coordonnateur de tout ce bazar ! Sous les applaudissements chaleureux.

     Toute la bâtisse est ouverte, pour aller où bon vous semble, mais j’ai enfermé les bijoux ! Eclats de rire généraux !

     Le buffet est préparé et géré par Albert Morille, le patron de l’auberge du « Cheval Blanc ». La musique est crée par les « Joyeux Trouvers »

     Voilà ! je n’en dirai pas plus ! Ah si ! Si vous voulez des potions, voyez Jacou ! »

 

     Les jeunes se sont regroupés dans la véranda. Yvette et Paulette Thomas, Charlotte et Béatrice Maire, Isabelle Zoh, Hector Sadai, Roger Ronimo, Jean Holz, Monique Dumont, Anny, Annette et Benoit Dor, Adrien et Sylvain Cohen, Germaine et Adèle Morille, Sylvain et Ignace Stamm, Marion Schwartz, Victor et Raoul Schwartz, et votre serviteur, Jacou Artz, si je peux prendre un peu de temps de plaisir dans toute cette organisation !

     Les Schmidt, Georges et Georgette sont désignés pour chapeauter les jeunes.

     Isabelle Zoh s’approche de Georges Schmidt, et l’embrasse d’emblé ! Elle l’entraine sur les coussins dans un coin et ils s’enlacent amoureusement.

     Annie et Annette Dor ont repéré les apprenties médecins, Charlotte et Béatrice Maire. Elles se couchent ensemble dans le coin.

     « On pourrait prendre Jean Holz avec nous, il a l’air tout perdu ! dit Béatrice.

     - Bonne idée ! dit Charlotte ». Les jumelles Annie et Annette Dor ne sont pas chaudes, mais acceptent.

      Roger Ronimo et Monique Dumont, vont s’aimer sur un coussin.

     Hector Sadai et Benoit Dor sont contents de se montrer ensemble, et s’allongent aussi sur les coussins.

     Yvette et Paulette Thomas invitent les compagnons Adrien et Sylvain Cohen, et se vautrent à leur tour sur les coussins.

     Je fais le tour des garçons pour leur donner la potion, et des filles pour leur remède.

     La salle bruit de divers sons de plaisir, de contentement…

     « Bien, Georgette, à nous deux ! dis-je.

     - Oh oui, Jacou ! A nous deux ! répond-elle, excitée comme une puce.

 

     Dans la grande salle, la musique bat son plein, certains dansent, en couple ou seuls, des affinité se créent entre les habitants de Strateburgo, qui se connaissent pour la plupart, mais pas intimement.

     On vient m’annoncer qu’il y a du monde devant l’échoppe !

     Je m’excuse auprès de Georgette, je vais voir, nu, , et trouve les six filles de la maison close, accompagnées par deux garçons.

     « Bienvenue, messieurs-dames ! Entrez vite au chaud ! dis-je.

     Vous pouvez enlever vos vêtements ici, mettez-vous à l’aise !

     Je vois que vous avez trouvé des garçons !

     - Oui, je te présente Charles et Henri Quat , les jumeaux de vingt ans qui sont nos chevaliers servant auprès de ces dames quand des couples viennent à la maison.

     - Enchanté ! Moi, je suis Jacou, je vais vous donner une potion à boire, Avec elle, vous tiendrez toute la nuit !

     Et chacun des garçons boit une rasade, puis j’en offre aussi aux filles en leur expliquant les bienfaits : Jouir plus fort, plus vite, avoir des orgasmes à chaque fois, et envie de recommencer tout le temps !

     - Wouaou ! Beau programme ! dit Joséphine.

     -Venez, je vais vous présenter ! Il y a bien cinquante personnes !

     - Pourrions-nous prendre une douche, afin de sentir bon ? demande Charles.

     - Volontiers ! Ici-même, les garçons, leur montrant la douche de l’atelier, et deux en haut pour vous les filles ! je vous montre ! »

      Et nous arrivons à l’étage où chacune se délecte de cette douche chaude, qu’elles ne connaissent pas !

     Une fois bien séchés devant l’âtre, Je leur demande de me suivre.

     Nous traversons la véranda, où les jeunes sont en pleine copulation.

     « Voici les enfants des notables de cette ville ! Comme vous le voyez, ils s’amusent ! Je suis à toi bientôt, Georgette ! »

     En attendant, elle a trouvé Yvette Thomas prise par Adrien Cohen.

     Nous traversons la cour, nus malgré le froid, et arrivons dans la grande salle, où Élodie annonce justement que l’apéritif est servi !

     Je rajoute, toujours en pleine forme au niveau de l’entrejambe :

     « Voici les filles qui viennent prendre du plaisir avec vous ! Joséphine, Albertine et Martine Bloch, Carmen Krhu, Jeanne et Marie Matze.

     Et deux beaux jeunes hommes à votre disposition mesdames ! Charles et Henri Quat sauront vous satisfaire ! »

     En tout cas, grâce à la potion, leurs membres se dressent effrontément droit devant, de bien quinze pouce par trois ! Des « Houuu !, Joliiii !, Mmmmmm ! » Fusent parmi ces dames.

 

     Je retourne alors auprès de Georgette.

 

     A Strateburgo, tout le monde se connaît, et les fêtes qui ont eu lieu ici du temps d’Armand Nau ont grandement contribué à ce que tout le monde se connaisse, intimement !

     Dans la grande salle, tout le monde est nu, Les bardes distillent une musique des plus suggestives, entrainante, qui donne du cœur à l’ouvrage parmi les notables présents.

 

     Les filles sont heureuses de voir tous ces hommes qui ne veulent que leur faire du bien !

 

     Les potions que j’ai distribuées font leur effet ! Tous les hommes affichent fièrement des verges droites, raides et fermes, les femmes s’en donnent à cœur-jouie de les essayer, les plus longues sont évidemment les plus prisées !

      Les bardes aussi participent aux ébats, Philomène Ladense et Paoula Pô s’en donnent à gorges chaudes, faisant des chœurs aux rythmes des prises dont elles font l’objet, les hommes veulent tous essayer les bardes, et les faire chanter à leurs rythmes. Heureusement, nombre de femmes de Strateburgo veulent aussi essayer les verges de Jean Dièze et Louis Armst, traitées à la potion magique, et qui dépassent de loin la taille réglementaire !

     Albert Morille, délaissé par ses nièces trop occupées dans la véranda, a du mal a suivre pour le service. Itzel et Akna se portent à son secours, pour réagencer les plats, les boissons, afin que toutes et tous aient toujours de quoi manger et boire ! En prime, il a droit à leur faveurs, chacune à tour de rôle et parfois les deux ensemble ! Mes potions aidant !

     Paul Hanka veut aussi essayer Élodie, et l’emmène dans le deuxième sauna, moins chaud et plus approprié ! Il est surpris d’y rencontrer son épouse, avec Bertrand Bleupa, et après quelques hésitations, les deux couples se mélangent dans une frénésie à quatre, faisant fi du genre, à tire-larigot !

     Dehors, la neige a recommencé à tomber, à gros flocons, et très vite, un épais tapis blanc couvre tout le jardin.

     Les jeunes, une fois leurs ébats dans la véranda terminés, sont assoiffés et affamés !  Et une vague humaine arrive dans la grande salle, relançant l’ambiance. Les bardes alors arrêtent leurs ébats, et se saisissent de leurs lyre, flûte, percussions et tambourins pour faire danser tout le monde.

     Une grande fête de la danse ! Où tout le monde s’y met ! Un joyeux mélange de corps nus qui se trémoussent, se frottent, en une gesticulation débridée !

     Au bout d’un moment, Les invités n’en peuvent plus, toutes générations confondues, à se frotter et s’exciter les uns les autres, et quelques uns ont œuvré debout, d’autres se sont couchés l’un sur l’autre, la fête est réussie !

     Albert Morille, toujours assisté des jumelles Mayas, fait de la place pour cette suite de fête , en enlevant quelques tables …

     Paul Hanka et Élodie Schmidt reviennent du sauna, à cinquante pieds de là, nus mais couverts d’un épais manteau de neige, qui tombe en ce moment à gros flocons, sans vent, tout droit dans le jardin ! Dehors, la couche de neige dans la cour atteint deux pieds ! dans la rue, il y en a au moins six !

     Très vite s’est posé le problème des douches, bien insuffisantes dans la salle pour le nombre de convives.

     Avec Clément, nous avons pris une table comme chasse-neige, et on a déblayé la neige au sol jusqu’à la bâtisse, rendant les douches de la maison accessibles, et nous dégageons aussi les accès aux deux saunas.

     L’affaire s’est calmée, la musique a cessé, et les invités sont conviés à prendre une douche.

     Evidemment, il a fallu faire la file, Georgette a chargé les foyers des chaudières à fond, Georges a relancé les crémaillères de la bâtisse et de la salle du fond du jardin…

     Pendant ce temps, Albert Morille, et ses assistantes, ses nièces, réagencent le lieu pour une fin de soirée tranquille.

     Les bardes entonnent des musiques relaxantes, et les convives, au fur et à mesure de leur retour de la douche, s’installent à table, dressées avec moult denrées requinquantes.

     Dehors, c’est la fin du monde ! Près de cinq pieds dans le jardin, et sur la rue, jusqu’en haut des volets de l’échoppe ! Bien huit pieds !

     Les flocons sont énormes, et abondants !

     Nous récidivons les passages, les saunas sont courus !

     Élodie prend la parole.

     «  Mes chers invités ! Je crois que j’ai de la chance !

     Je vais vous garder jusqu’à demain ! Dehors, impossible de circuler ! Huit pieds de neige ! Oui ! Huit ! dit-elle en montrant la hauteur, bien au dessus de sa tête ! Et il neige encore ! Il y a ici tout ce qu’il vous faut pour vous héberger ! Nos bardes vont vous égayer encore cette nuit !  Et comme on garde aussi le cuistot, tout ce qu’il faut pour vous nourrir ! »

     Un éclat de rire général s’en suit, entrainant la musique des bardes pour un nouveau tour de danse.

     « Nous avons le temps ! Dansons ! » dit Jean Dièze. 

     Je prend la parole.

     « Il faut trouver un moyen pour déblayer la neige en ville ! Les services de la ville sont sous-équipés pour cette hauteur de neige ! J’ai une idée, il faut des forgerons et des menuisiers !

     Et par le plus grand des hasards, nous en avons ici deux de chaque, parmi les meilleurs d’Austrasie. Hector Strass, Albert Schwartz, Hubert Felix et Victor Sadai .

     Alors, messieurs ! Rendez-vous dans la cave de la bâtisse, à la forge ! »

     En sortant, je prends une table pour déblayer les trois pieds de neige  retombés en quelques temps, et nous arrivons à la cave, ou je leur expose mon plan.

     « Un V couché, dont l’angle d’ouverture est réglable, et qui pousse la neige et la tasse de chaque côté ! On peut ainsi agrandir ou diminuer le chemin creusé dans la neige !

     Il y a ici encore pas mal de matériel, de quoi faire ! Il faut deux grandes lames de huit pieds de haut sur six de large, articulées entre elles.

     Nous les pousserons par la pensée !

     Mais si vous êtes d’accord, on prépare le matériel nécessaire, mais on démarre demain matin, la forge fait du bruit, et pas mal d’invités occupent la maison ! 

     Allons, trinquons ! dis-je en voyant la bouteille de marc sur l’établi. Je trouve cinq godets, et nous trinquons à la réussite de cette fête ! »

     Rendez-vous est pris demain dès que le jour sera levé, nous agirons !

     Dans la grande salle, la fête est toujours là ! On en est à la farandole, elle, elle tient les épaules de son partenaire devant elle, et lui, il tient les fesses de la fille devant lui. Bon, si c’est un garçon, les épaules, hein, sauf connivence !

     Quelques filles préfèrent tenir le membre de leur partenaire devant elles, le masturbant au rythme de la musique, et inondant souvent les fesses de celle ou celui devant l’heureux jouisseur.

     Antoinette de Koenigsbourg se fait fort d’essayer tous les mâles disponibles, ce n’est pas souvent qu’elle a l’occasion de jouir autant ! Son mari n’est pas en reste, et teste toutes les jouvencelles qu’il peut, pour leur plus grand plaisir !

     Quelques jeunes se sont installés pour la nuit dans la véranda, bien chauffée, avec des couvertures et des grands coussins. Ils sont vite rejoints par la plupart, trop heureux de dormir tous ensemble ! Quelques uns ne veulent pas dormir tout de suite, et sollicitent leur voisin et voisine sous les couvertures.

     Petit à, petit, les convives prennent congé, et vont trouver une couchette dans la chambre de devant en haut, celle de derrière étant pour Élodie, ses enfants et moi, Clément et les Mayas.

     Plusieurs se sont installés dans la grande salle, prêt de l’âtre, sous quelques couvertures bruissent encore des ardeurs tardives…

     Georges , toujours fidèle à sa mission, fait le tour des âtres, les recharge bien pour la nuit, les chaudières aussi, dans la grande salle, modérément dans les saunas, occupés, la véranda où le calme est arrivé, dans la cave, qui va servir sous peu, la forge aussi, dans l’atelier, la boutique, et les deux chambres en haut, y compris la chaudière des douches !

     Cela représente une masse de bois ! Et de cendres aussi ! Il en a pour une bonne heure, à cette heure !

     Dans le bassin chauffé dans la grande salle, plusieurs couples s’ébattent encore et se mélangent, des postures à trois sont essayées, les échanges de partenaires se font les uns après les autres, laissant à peine chacun et chacune le temps de récupérer avant d’être pris et prise par le suivant !

Le service de déneigement

 

     Le matin, j’ouvre les volets de l’étage, à l’arrière de la bâtisse, coté Sud. Le spectacle est fantastique ! Les saunas dépassent de la neige, celle-ci ayant fondu autour. Il ne neige plus, un grand soleil éclaire tout cela d’une clarté aveuglante. Il semble qu’il y ai moins de neige tombée à l’horizon coté Sud !

     Je vais ouvrir côté rue, enjambant les invités encore endormis dans la pièce à l’avant, et là ! Stupeur ! Bien neuf pieds de neige ! Au dessus, une immense étendu de blanc, et la ville en dessous !

     Quelques cheminées fument, Plusieurs maisons bien chauffées ont fait fondre la neige et sur les toits et autour des bâtisses.

     D’autres toits semblent avoir cédé sous le poids de la neige !

    Nous nous retrouvons toutes et tous dans la grande salle, quelques courageuses et courageux donnent un coup de main à Albert et ses nièces pour préparer le petit déjeuner pour cinquante personnes, profitant encore un peu des faveurs des nièces, au passage !

      Après avoir prit un bon petit déjeuner, malgré la fatigue des prouesses de la nuit et à nouveau affamés sexuellement, quelques couples ont repris leurs ébats, inépuisables, qui sur le sol, qui dans le bassin chaud, qui sur les couches, et quelques-uns forniquent debout, vite fait. 

     Puis les douches sont à nouveau sollicitées, tout le monde est poisseux, gluant collant et veut se débarrasser de tous ces fluides qui les recouvrent, témoignant de la folie sexuelle de la nuit.

     Et nous nous retrouvons dans la cave avec les artisans forgerons et menuisiers, nous construisons un char capable de déblayer huit pieds de neige !

     Pendant que nous nous activons à la cave, les jumelles Mayas et les jumeaux compagnons de la route, bien emmitouflés dans des manteaux chauds et bien chaussés déblayent la neige devant l’échoppe, dans une ambiance surnaturelle, sans bruit, et une lueur blafarde que le soleil essaie de percer ! Quand la couche de neige est percée, le soleil arrive et donne du courage à tous les déneigeurs !

     Notre machine est vite conçue, construite, les pièces sont installés devant la boutique et assemblées, et nous sommes près à faire le premier essai ! Le tour de la place ! Avec les compagnons du Blauersland, Hector Strass et Albert Schwartz, une fois habillés chaudement, nous poussons les premiers. A trois, cela est facile, et nous avançons en marchant.

     Nous avons plusieurs fois touché des arbres, des barrières,  mais nous avons fait le tour de la place ! Il nous faut un toit ! Qui ferait retomber la neige sur le coté plutôt que sur nous !

     Retour à l’échoppe, nous bricolons un toit solide, et l’installons vite fait, avec un plateau pour une vigie ! Un deuxième tour de la place, avec les lames réglées pour tout amener au centre, vers la droite, et la machine est rodée ! Nous partons à l’assaut de la maison du bourgmestre, d’où devront partir les secours.

     Rudolf Hess, le bourgmestre de Strateburgo, est debout sur le plateau, au soleil hiémal, et nous donne les directives pour rester au milieu de la chaussée. Arrivés devant la maison du bourgmestre, nous faisons quelques tours pour dégager la place. Quelques coups de grandes planches manipulées à distance ont tôt fait de dégager les entrées de la bâtisse.

     Puis nous partons vers le port, et la forge sur le quai, pour confectionner d’autres chasse-neige.

     Avec le premier, Georges et Georgette dégagent la voie vers l’auberge, et l’accès aux écuries. Puis, la rue qui remonte jusqu’aux Hospices et la maison des filles, la voie qui contourne le centre du bourg, et les accès Sud, Nord et Ouest de la ville.

     Nous retournons manger à l’échoppe, par un autre chemin.

     Albert Morille est retourné à l’auberge, Henri et Antoinette de Koenigsbourg l’accompagnent, ils vont rester quelques temps à Strateburgo. Ses deux nièces Germaine et Adèle sont restées pour faire le service dans la grande salle.

     Victor Sadai , le forgeron, son fils Hector et Benoît Dor, son disciple, sont au travail pour fabriquer plusieurs chasse-neige. Gretel, son épouse, s’est mis à cuisiner directement dans la forge sur le port, les autres âtres sont éteints.

     La plupart des invités sont encore là, tout le monde à l’échoppe a plaisir à rester nu, au chaud, dans la salle, au sauna, dans la véranda, et dans la bâtisse.

     « Regarde, Jacou ! Nous avons construit un chariot chauffé, avec des chevaux, pour déneiger à l’aise ! dit Albert Schwartz, avec ses disciples les jumeaux Victor et Raoul. » Isabelle Schwartz, son épouse, et Marion, prêtent main forte pour ranger toutes les couches, couvertures, et autres coussins.

     En effet, devant l’échoppe, un char entièrement recouvert de bois, un axe de roues sur lequel est monté un timon pour diriger les lames, un grand plateau ou on peut tenir à plusieurs assis ou couché, équipé d’un braisier pour réchauffer l’habitacle. Les deux chevaux pousseront les lames, ils seront eux aussi à l’abri du froid.

     «  Nous pourrons ramener tout le monde cet après-midi ! Victor et Raoul ont aménagé le char couvert, il y fait bien bon, et la réserve de bois est conséquente ! Et nous avons un deuxième braisier pour faire démarrer vos âtres chez vous ! »

     Pendant ce temps Victor Sadai a lancé la production de trois chasse-neige ! Il faut que pour les fêtes de Noël, les Strateburgois puissent fêter ensemble !

     Dans la grande salle, le repas est servi par Germaine et Adèle, et une fois que tout le monde est rassasié, nous commençons les rapatriements.

     Philomène Ladense, Paoula Pô, Jean Dièze et Louis Armst, avec tous leurs instruments, sont les premiers. Au retour, nous chargeons les pensionnaires de la maison close, Joséphine, Albertine et Martine Bloch, Carmen Krhu, Jeanne et Marie Matze, Et Charles et Henri Quat. Puis c’est au tour du  banquier, Louis Dor et ses deux filles, Anny et Annette. Son fils Benoît est à la forge avec son amant Hector. L’apothicaire, Georges Dumont, et son épouse Pauline, ainsi qu’Isabelle sont du voyage.

     Dans l’apothèque, nous rallumons l’âtre avec les braises de notre chariot. D’emblée une chaleur remplit la pièce, et Georges Dumont et Pauline nous remercient grandement.

     Et si nous n’avions pas été pressés, Pauline m’aurait expliqué bien des choses de la vie ! Isabelle aussi d’ailleurs !

     Le voyage suivant, nous déposons le verrier Norbert Wasisdas, et Carole, Bruno Stresa, le couvreur, le maçon Karl Offen, avec son épouse Ingrid, le tailleur Francis Zoh, et sa fille Isabelle. Chez le tailleur aussi nous allumons l’âtre.

     Nous continuons notre tournée en ramenant le droguiste Bertrand Bleupa, le terrassier Pierre Tombal, le boucher Émile Naus, et son épouse Guenièvre, le maraicher Louis Thomas, son épouse Annie, et ses deux filles Yvette et Paulette.

     Le voyage suivant s’est fait avec le garde-champêtre, Léon Dietz, le chef de la Garde de Strateburgo, le capitaine Edmond Krhel et son épouse le lieutenant Marianne Krhel.

     Une grande partie de la cité est déjà dégagée, Victor Sadai a lancé son chasse neige, avec ses aides, son fils Hector et Benoît Dor, et déblaient systématiquement toutes les rues, tous les quais, les places dans la ville aussi sont dégagées.

     Le dernier voyage depuis l’échoppe se fait avec les nièces d’Albert Morille, Germaine et Adèle, vers l’auberge, avec tous les reliefs de ces deux jours de folie !

     Il ne reste plus grand-chose, ni en nourriture, ni en boissons, depuis la cervoise épuisée jusqu’à la dernière goutte de nectar de l’aubergiste.

     Une grande quantité de vaisselle à laver réjouit les nièces, si on peut dire. Mais au vu de cette soirée mémorable, elles ne rechignent pas !

     Nous nous retrouvons le soir venu à l’échoppe, enfin débarrassés de nos lourds habits chauds pour déambuler dans les rue de la cité, nous trinquons nus à la réussite de cette fête ! Les compagnons du Blauersland, en tous cas Albert Schwartz et Hector Strass, décident de rester à Strateburgo pour aider la reconstruction des toits écroulés sous le poids de la neige.

     « Jacou tu raccompagneras nos familles ! dit Albert.

     - Bien ! dis-je alors. Demain nous retournons au Blauersland sans vous deux !

     Les Hanka, vous viendrez avec nous et on organisera votre voyage depuis là-bas !

     - Pas de soucis, Jacou ! On vient ! dit Paul Hanka.

     - J’ai vu qu’il y a moins de neige vers le Sud, ce sera plus facile ! dis-je.

     Demain, nous prendrons les chariots aux écuries de l’auberge, pour le retour, avec braisier, bien sûr ! Nous ouvrirons la route avec ton chariot, Albert ! Il est bien pratique ! »

     Les hommes se sont assis et trinquent, les femmes papotent…

 

     « Maintenant, je vais faire un sauna ! Georges, C’est possible ?

     - C’est prêt, Jacou !

     - On vient avec ! » disent en chœur Itzel et Akna. 

     Marion Schwartz, Sylvain et  Ignace Strass, Victor et Raoul Schwartz se joignent à nous, et Clément fait de même. Les jumeaux Schmidt, Georges et Georgette, nous rejoignent.

 

     On se retrouve au sauna, il y fait très chaud ! Le calme règne, on n’entend que les inspirations lentes de l’air brûlant. Tout le monde est épuisé d’avoir tant donné de son corps ces derniers temps, et les transpirations vont bon train ! Après le sauna, la douche ! Il a fallu faire la queue, mais le système d’eau chaude a fonctionné ! Belle invention !

     Le repas du soir, concocté par ces dames, nous a encore enchanté ! Les vins et autres liqueurs qui restaient aussi !

     Puis nous sommes allé nous coucher, et pour ma part, je me suis endormi tout de suite…

 

     Au matin, je suis levé tôt. Je me rends à l’auberge, après m’être bien vêtu !

     La température remonte, la glace fond  petit à petit, la couche de neige s’est tassée, maintenant elle ne fait plus que quatre à cinq pieds de haut, on y voit mieux !

     Après avoir salué Albert Morille et ses deux nièces Germaine et Adèle, je fais atteler le chariot chasse-neige, et le mène devant l’échoppe.

     Les braisiers sont installés et allumés. Les jeunes Strass, Sylvain et Ignace, vont chercher les deux chariots qui retourneront au Blauersland, et les équipent aussitôt de braisiers. Bientôt, il fait bien bon dans les chariots !

     Dans l’échoppe, c’est le branle bas de combat ! Chacun cherche ses effets, mais la plupart sont dans la boutique-vestiaire.

     Puis c’est le moment des adieux ! Albert Schwartz et Hector Strass, qui restent encore à Strateburgo enlacent leur familles, de chaleureuses embrassades entre les propriétaires et les gérants de la joaillerie, je salue aussi chaleureusement les Schmidt, qui me remercient de les avoir menés là où ils en sont !

     Nous embarquons dans les chariots. Akna, Itzel, Clément et moi prenons le chasse-neige. Les familles Hanka, Schwartz et Stamm prennent place dans le premier chariot, du moins les adultes. Sylvain est le cocher. Les jeunes se rassemblent dans le deuxième. Marion, Ignace, Victor, Raoul, Sylvain et Adrien Cohen. C’est Raoul qui prend les rênes. D’emblé, les jeunes se déshabillent, Ignace commence a se frotter à Marion… Sylvain et Adrien font de même, Marion est très désirable, et très désirée ! Victor regarde les ébats des amants avec intérêt…

 

     C’est à ce moment-là que le chariot arrive au Blauersland. Rapport interrompu !

     Au début la couche de neige fait six pieds  puis diminue comme nous nous dirigeons au Sud. Bientôt, nous arrivons en terrain dégagé, il n’a pas neigé ici depuis notre passage ! Strateburgo était vraiment la limite Sud de la tempête !

     Nous arrivons sans encombres au Blauersland. Adrien Rung, prévenu, nous attend.

     « Venez au foyer nous raconter votre séjour !  Pour notre part, nous sommes allé fêter le solstice à Rouffach, invité par le bourgmestre. C’était une belle fête, mais surement moins chaude que la votre ! »

     Et toutes et tous nous descendons des chariots, les jeunes du deuxième chariot sont encore nus, sauf Victor qui a remplacé Raoul aux rênes, Marion s’est couverte d’une tunique, et peine a descendre du chariot, les jeunes hommes lui ont fait honneur ! Adrien et Sylvain ont encore une grosse bosse sous leur tunique !

     Adrien Pinot, prévenu lui aussi, est là avec ses jumeaux Roger et Adèle, pour emmener les chevaux à l’écurie.

      Nous pénétrons au foyer, très bien chauffé !

     J’en profite pour enlever mes habits chauds, et me rapproche de l’un des âtres. Je raconte nos travaux, nos constructions innovantes, les douches, les invités, la fête, la neige, les chasse-neige, et Albert Schwartz et Hector Strass qui restent pour aider .

     « Bien ! dis-je. Nous avons de la braise pour allumer vos âtres ! Sylvain, Ignace, Marion, Victor et Raoul ! Au boulot ! Nous allons allumer les âtres ! 

     - Nous venons avec ! » disent les Cohen. 

     Et nous avons tôt fait de pousser le chariot, prendre les braises, suffisantes pour allumer la cheminée chez les Schwartz, puis les Stamm, puis la maison de Clément.

Chapitre IV    L’aventure galactique

 

- Le retour des Xantarèsiens

- La mission

- La bataille contre les Forces Noires

- Brachilorus Le Grand

 

 

Le retour des Xantarèsiens

 

     Le soir, nous sommes réunis dans le foyer, toutes et tous les compagnons, quand Bernard Dawes, de garde ce soir, nous amène deux étranges visiteurs, entièrement camouflés dans leurs habits gelés.

     Mais dès qu’ils enlèvent leurs coiffes de fourrure, Itzel, Akna et moi les reconnaissons ! Maître Sirius ! Et Jean d’Ortega !

     « Maître Sirius ! Jean ! Quel plaisir de vous voir ! Les jumelles acquiescent  ! Nous aussi, Maître ! et Jean !

     - Merci pour cet accueil ! Moi aussi je suis content de vous voir ! Dit Jean.

     Compagnons du Blauersland, dis-je, voici Maître Sirius, chaman Maya, Itzel, Akna et moi sommes ses disciples !

     Jean d’Ortega est un jeune de Mettis, son escorte ! dis-je en souriant et en regardant Jean.

     Lui aussi sourit.

     Mais comment se fait-il que tu sois avec mon Maître, Jean ?

     - Il m’a initié aux trois trémulondes, en vue d’une mission !

     - De quelle mission s’agit-il ? demandé-je.

     - Bienvenue  Maitre Sirius ! dit Adrien Rung. Asseyez-vous près de l’âtre, vous êtes transis !

     Je suis Adrien Rung, le doyen du Blauersland, et voici mon épouse Ingrid !

     - Vous sûrement faim ! dit-elle.

     - Ma foi, oui, nous avons volé pendant deux heures dans la nuit glaciale, dit Sirius en se déshabillant complètement devant l’âtre, imité par Jean d’Ortega, tremblant de froid.

     - Assis alors ! Adèle ! Manger ! Boire ! Cervoise ? Vin ?

     - Du vin, oui, merci !

     - Mais quelles nouvelles apportez-vous pour avoir bravé le froid ? demandé-je.

     - Je suis venu vous chercher ! Toi, et les filles ! Les Xantarèsiens ont besoin de nous, de toi ! Mais j’en ai peut-être trop dit ! remarque-t-il.

     - Que nenni ! dit Adrien. Jacou nous a raconté son périple complet, et nous a toutes et tous initiés à vos pouvoirs !

     - Fort bien ! C’est une mission urgente, cette nuit les Xantarèsiens seront sur la gravière et nous embarquerons ! Faites vos adieux aux compagnons du Blauersland !

     - Oui Maître ! dis-je. Le temps de prendre quelques potions que j’avais emmenées, et je suis prêt !

     - Laisse tes potions ici, elles seront utiles ! Votre médecin doit savoir de quoi il retourne !

     - Effectivement ! Je suis Pierre Kirou, le médecin du Blauersland, et Jacou m’a expliqué tous les secrets de ces potions ! Nous en avons expérimenté quelques unes avec bonheur !

     - Fort bien ! dis-je, Pierre, tu les récupèreras chez Clément !

     - Que nenni ! dit Clément. Je les garde pour moi !  Et il éclate de rire. 

     - Clément, dit Sirius, prends cette petite fiole, tu en boiras discrètement une gorgée dans le noir, elle te permettra de te rendre invisible et de voir la nuit ! les effets durent plusieurs années ! Economise là ! Tu en auras besoin quand Jacou reviendra !

 

     - Mesdames et Messieurs les compagnons du Blauersland, Nous vous disons adieu, une nouvelle mission nous attend ! dis-je. Sachez bien que vous resterez toujours mes amis du Blauersland, j’ai, nous avons vécu des moments formidables au sein de la communauté !

     Merci les filles pour tous les moments de bonheurs et de plaisirs que nous avons eu ensemble !

     - Merci à toi Jacou, dit Adrien Rung, tu as lancé le Blauersland sur une ère nouvelle !

     Merci à vous, Akna et Itzel, vaillantes combattantes Maya !

     À bientôt Clément, dis-je, nous nous reverrons !

     - Allons-y ! dit Sirius. Sinon, nous y serons encore demain ! Le vaisseau va arriver ! »

     Nous nous habillons chaudement, et allons au bord de la gravière. Tout le monde suit, pour voir le vaisseau !

    «  Il arrive ! » dit Sirius. 

     Et l’imposante machine descend, et couvre l’horizon.

     Le vaisseau ne se pose pas, un rayon lumineux arrive dessous, nous nous dirigeons vers ce rayon, et sommes transportés dans le vaisseau.

     Les compagnons sont sidérés de voir cet engin qui nous a aspiré ! Puis le vaisseau s’élève sans un bruit, et disparaît dans la nuit.

La mission

 

     Arrivés dans la grande pièce du vaisseau, nous reconnaissons Xoxan, le rescapé de la forêt, Xocun, commandant du vaisseau, et Yalyx, épouse de Xocun.

     Nous avons la surprise, Akna, Itzel et moi de voir Zãk, le chaman Maya, à bord du vaisseau !

     « Je lui ai promis, dit Xocun, il sera surement une aide précieuse ! Nous sommes passés le chercher dans les montagnes mayas en venant ici.

     - Je suis content de vous voir ! dit Zãk.

     - Nous aussi, Zãk ! dis-je. Jean, je te présente Zãk, le chaman Maya qui m’a enseigné les astres ! Zãk, voici Jean d’Ortega, de Mettis.

     - Enchanté ! dit le chaman.

     « « Bienvenue à vous, Terriens ! » » dit la voix métallique de Xon .

     - Merci Xon ! »

     Jean d’Ortega n’en revient pas ! Il croit qu’il rêve !

     « Pourquoi sommes-nous ici, Xocun ? demande Sirius. Tu m’as parlé de cinq missions simultanées.

     - Xon, dit Xocun, tu peux prendre les commandes et en route vers notre destination programmée !

     Je vais vous expliquer.

     Venant du système solaire Xilophe, voisin de notre système solaire, une puissance galactique, les Forces Noires, formées de soldats Gaméens et Brakoviens, s’est mis en tête de coloniser tout notre système, et donc aussi Xantarès.

     Les Gaméens sont différents des Gaménèens, que nous avons combattu il y a trente de vos années.

     Ils possèdent une technologie qui leur permet de se porter instantanément à n’importe quel endroit de leur choix. Pour faire cela, il leur faut un réseau d’antennes disposées en étoile sur les planètes alentours. Si une antenne défaille, les autres se reconnectent entre elles.

     Ils ont déjà envahi cinq planètes du système, Belthégur, Cassipe, Orionne, Ximonée et Yuldrim. Elles sont inhabitées, mais respirables, et exploitées pour leurs ressources minières. Ils ont installé de gigantesques antennes sur ces planètes. Ils ont posé des terminaux sur toutes les planètes, même sur Xantarès !

     Ils déploient ainsi instantanément toutes leurs forces pour contrecarrer une attaque où qu’elle soit. Mais sans moyens de communication, ils seront affaiblis, et on pourra les réduire à néant, un par un !

     Le seul moyen, pour bloquer le système, est de détruire toutes les antennes simultanément ! Mais elles sont bien défendues ! Il y a des soldats fortement armés, avec des canons à ions, qui brûlent tout sur 100 pas devant eux. Il y a des détecteurs de toutes sortes mais pas de détecteurs de vie. C’est là que vous intervenez ! Vous y allez nus, invisibles, vous inversez les charges, vous revenez, et la prochaine sollicitation fait exploser l’antenne !

     - Mais pourquoi nous, Terriens ? demande Sirius.

     - Non seulement, vous maitrisez l’invisibilité, répond Xocun, mais nous autres Xantarèsiens émettons en permanence des ondes, pour nous reconnaître entre nous, ondes que nous ne pouvons ni cacher ni interrompre, et les Forces Noires les détectent ! Impossible pour nous d’approcher leurs installations ! Les Terriens n’émettent pas ces ondes.

     - Je vois que les trois trémulondes conjuguées tiennent leurs promesses, comme l’ont annoncé les Forces Cosmiques ! dit Zãk.

     - Ca me plaît bien comme plan ! dis-je. On fait ça quand ?

     - Dès notre arrivée dans le système solaire. Chacune et chacun de vous sera largué sur une des cinq planètes recélant les matrices des antennes, à quelques lieues de là. A vous de trouver l’antenne, le pupitre de commande et de faire la manœuvre. C’est dangereux ! Si une sollicitation arrive à ce moment-là, vous explosez avec l’antenne ! Alors ne trainez pas sur place une fois l’opération effectuée ! Vous sentez-vous prêts pour cette mission ?

     - Pour ma part, dit Jean d’Ortega, je suis prêt !

     - Nous aussi ! disent en chœur Akna et Itzel.

     - Moi de même ! dis-je.

     Et Sirius accepte lui aussi la mission.

     - Mais peut-on respirer sur ces planètes ?

     - Oui, leurs machines fonctionnent à l’oxygène et sont installées sur des planètes possédant une atmosphère d’oxygène ! Dans le système Xilophe, le soleil est cent fois plus grand que celui de la Terre, et il y a en orbite vingt-huit planètes dont une dizaine de planètes qui possèdent une atmosphère respirable pour vous, les Terriens, une fois que Xon aura modifié votre ADN pour que vous puissiez respirer comme nous !

     Les températures y vont de l’eau qui gèle à l’eau qui bout ! Les antennes ne sont pas sur ces planètes extrêmes, mais il y fait chaud ! Vous n’aurez pas de problème avec vos tenues ! Et tout le monde rit.

     Venez, nous avons un simulateur, pour vous entraîner à faire la manœuvre. Toutes les antennes sont identiques. »

     Xon annonce le passage en vitesse subsonique, nous arrivons dans le système Xilophe.

     « Jacou, tu es le premier, sur Belthégur. On viendra te chercher au même endroit. 

     - Sois bien prudent, Jacou ! » dit Zãk.

     Le faisceau me dépose dans une forêt, nu. Il fait nuit, et chaud ! Je me rends invisible et arrive à voir distinctement mon chemin.

     Après cinq minutes de vol, je vois la base, les gardiens, et la maison avec l’antenne. Je me pose à l’intérieur de l’enceinte et me dirige vers l’antenne.

     La base est bien gardée ! Des patrouilles veillent sans arrêt, autour de l’antenne ! Ce sont des Gaméens, des humanoïdes comme les Terriens et les Xantarèsiens. Ils sont petits, à peine cinq pieds. Ils ont un uniforme. Impossible d’y aller sans être vu ! Ou alors, être invisible…

     Il y a une porte, non verrouillée ! Je pénètre à l’intérieur du bâtiment, et reconnais le tableau des charges et les deux fils à inverser. Je m’apprête à le faire quand des Gaméens  arrivent. Vite, je me retire de leur chemin. Ils me frôlent mais ne savent pas que je suis là !

     Un fois tranquille, je fais la manœuvre, et me sauve rapidement de la maison, et m’envole vers le point de ralliement. Mission accomplie.

     Peu de temps plus tard, une formidable explosion détruit l’antenne, la maison, la base…

     Aucune communication n’est plus transmise ou reçue. Si mes collègues ont fait pareil , le système devrait se bloquer !

     Après une attente somme toute assez longue, je suis récupéré par le vaisseau. Je suis le dernier à remonter !

     « Bonne nouvelle ! dit Xocun. Le système est bloqué ! Toutes les antennes ont explosé !     Plus de téléportation pour nos ennemis. Nos troupes attaquent toutes les planètes simultanément, les Forces Noires perdent leurs bastions les uns après les autres ! En plus, l’onde négative émise se comporte comme un virus et fait exploser tout terminal qui se connecterait !

     Ils étaient tellement sûrs de leur système de téléportation  qu’ils n’ont pas ou peu de vaisseaux et donc peu de moyen de fuir ou de recevoir des renforts ! Nous allons les écraser !

     Mais notre mission est finie ! Xon ! emmène-nous chez nous ! »

 

     Le vaisseau replonge dans l’hyper-espace, le temps d’avoisiner Xantarès, notre destination.

     Rapidement, nous survolons la planète, et ses deux lunes.

     « Voici Xanrich, notre ville. C’est ici que nous habitons !

     Le vaisseau se pose sur une grande place, métallique. Le jour se lève sur Xanrich.

     Nous avons droit au comité d’accueil !

     Xalun est là, entouré des filles et des garçons que, à part Jean d’Ortega,  nous connaissons !

     Xsara, et Xcorus, les garçons de Xocun, Xalun et Yalyx, et les filles Yalip, Yamen, Yeres et Yidom, les garçons Xennos, Xinnus, Xonniut, Xionan, Xuris et les filles Yannes, Yannis et Yinnos,  qui nous ont rendu visite dans le village maya.

     Tous les enfants sont là également : Yurii et Yarii, les filles de Yalip et Xinnus, Xanion et Xinion, les garçons de Yamen et Xionan, Xionus et Yionit, les enfants de Yeres et Xonniut, Xianus et Xionus, les garçons de Yidom et Xuris, Xsaris et Yinnas, les enfants de Yinnos et Xsara, Xannos et Xainnos, les garçons de Yannes et Xennos, Yinnis et Yunus, les filles de Yannis et Xcorus. Toutes et tous d’apparence Xantarèsienne, si ce n’est qu’ils sont non pas imberbes, mais toutes et tous blonds !

     De voir toutes ces têtes blondes me fait sourire et me met en émoi.

La bataille contre les Forces Noires

 

     Yalyx arrive.

     « Les forces Noires ont pris le village de Xaris en otage, toute la population sert de boucliers ! Nous n’avons aucun moyen de les libérer, ils nous détectent même avant de nous voir ! Et nos armes aussi ! 

     -  Mais ils ne détectent ni les Terriens, ni leurs arcs ! dis-je.

     - Excellent, Jacou, mon jeune disciple ! Nous allons nous infiltrer et libérer les otages ! »

     Aussitôt dit, aussitôt fait ! Nous prenons nos arcs dans le vaisseau, et volons vers Xaris, pour élaborer une stratégie.

     Nous recensons au moins douze soldats dans le village, essentiellement réunis dans une des maisons, l’auberge, avec les otages. Trois soldats sont en patrouille, et ne devraient pas tarder à passer à côté de nous !

     Ils sont en armure, mais ont les orifices auditifs dégagés. C’est par là qu’entrent les flèches qui les foudroient !

     Nous cachons les corps, enlevons leurs armures, mais elles sont trop petites pour nous !

     Ce sont des Humanoïdes Gaméens. Leurs traits ressemblent aux Xantarèsiens, mais quelques détails diffèrent. Ils n’ont pas de sexe apparent, ni de nombril, ils ont trois doigts par main, avec quatre phalanges chacun, et leur sang n’est pas rouge, mais orange.

     Nous nous dirigeons ensuite vers l’auberge, invisibles, on ne voit que quelques arcs flotter  à quelques pieds du sol.

     Une tour est érigée au milieu du village, apparemment une antenne terminale de leur système de communication. Nous volons alors discrètement vers le haut de la tour. Sur une terrasse, hormis l’antenne et un terminal avec des lumières qui scintillent, il y a trois soldats qui se reposent, sans leur armure. Trois flèches dans les sternums et le repos devient éternel .

     Sirius propose de brûler la tour, elle est en bois ! Nous nous attelons alors à chercher des bouts de bois, dans la forêt avoisinante, et remplissons la tour de branches feuilles, rondins, troncs, et y jetons les trois cadavres des soldats.

     Un peu plus loin, une maison a une cheminée qui fume, je vais chercher des braises, discrètement, les habitants ne se sont rendus compte de rien !

     Et nous mettons le feu à la tour.

      Bientôt, l’alarme est donnée, et les habitants et les soldats entourent la place, impuissants à éteindre ce qui est maintenant un gigantesque brasier.

     Nous abattons, l’un après l’autre, les dix soldats autour des otages, d’une flèche dans l’oreille. Bientôt, il n’en reste qu’un, qui, paniqué, prend une petite fille contre lui et menace de la tuer. Une flèche entre les deux yeux règle le problème.

     Le village est libéré !

     Nous apparaissons alors, nus devant les villageois. Nous parlons leur Langue, Xon y a veillé !

     « Qui êtes-vous ? Des messagers des Forces Cosmiques ? demande celui qui semble être le chef.

     - Nous sommes des amis des habitants de Xanrich. Nous sommes invités par Xocun et Yalyx. Nous sommes des Terriens, la Terre est une planète d’un système dans une autre galaxie ! Nous sommes venu aider les Xantarèsiens à vaincre les Forces Noires ! Nous allons libérer les cités de la planète ! »

     Les habitants n’avaient jamais vu d’êtres comme nous ! Des cheveux, des poils, des oreilles, et une toison pubienne !

     Un enfant s’approche de moi, et touche ma toison d’or, avec précaution.

     « Maman, c’est tout doux ! dit-il, nous faisant sourire… »

     Un autre garçon est intrigué par nos armes. Il s’approche de Jean, qui lui montre comment se servir d’un arc, en tirant une flèche. Le garçon essaye à son tour, et décoche une flèche à cent pas !

     « Ces armes sont silencieuses, indétectables, et peuvent tuer les Forces Noires sans problème ! dit Sirius. Leur armure a un défaut ! Le conduit auditif ! C’est ainsi que nous les avons tous tué !

     - Mais il ne faut pas que les Forces Noires découvrent nos armes ! dis-je. Enlevez les flèches sur les corps, récupérez les armures, dépouillez-les et brûlez les cadavres maintenant ! La fournaise de la tour conviendra très bien ! jetez-y les soldats, tous ! Il y en a trois près du bois. Si vous savez vous servir de leurs canons, prenez-les contre une éventuelle attaque. Mais comme ils n’ont plus de télé transports, ils sont bloqués ! »

     Soudain, au loin, un véhicule arrive en flottant dans les airs, à bord, une bonne vingtaine de soldats des Forces Noires.

     Aussitôt, tout le monde va se cacher, nous redevenons invisible, et montons à leur hauteur. Le pilote et le copilote s’écroulent sur leurs commandes, une flèche dans l’oreille. Le véhicule alors pique vers le sol et explose en s’écrasant. Nous restons autour, pour éliminer d’éventuels survivants.

     Celui qui parait être le chef du village dit alors à Sirius :

     « Ils ont envoyé une patrouille, sûrement n’ayant pas de réponse de la tour ! D’autres vont venir, encore plus nombreux ! Il y a plusieurs véhicules de patrouille dans le secteur !

     - D’où viennent-ils ? demandé-je.

     - Leur quartier général est à Xantar, la plus grande ville de la planète. Elle se trouve derrière la colline.

    - Nous allons rester ici, à les attendre ! dit Sirius. Akna et Itzel, allez voir à Xanrich ce qu’il se passe. Demandez à Xon s’il peut nous fabriquer des flèches en grand nombre ! Nous vous attendons, et nous irons voir à Xantar ce qu’il s’y passe.

     Et les jumelles Mayas décollent et vont nues à Xanrich, aux nouvelles. Le vol des deux filles épatent les habitants !

     - Comment t’appelles-tu ? demande Sirius au chef présumé.

     - Je suis Xanros, le référent du village.

     - Bien ! Trouve dix de tes braves qui endosseront les armures pour donner le change, et renvoie les habitants chez eux. »

     Un autre véhicule arrive, et voit l’épave de celui de leurs prédécesseurs en train de fumer.

     Nous nous cachons tous, le véhicule se pose, douze soldats en descendent, le pilote et le co-pilote restent à bord.

     Ils s’approchent du véhicule détruit, et voient les corps calcinés des soldats, encore fumants.

     Pendant ce temps, invisibles, avec Jean nous nous approchons du véhicule arrivé, et tuons le pilote et le copilote, sans être vus par les autres. Nous récupérons nos flèches et nous éclipsons.

     Quand ils reviennent à leur véhicule, les soldats voient leurs pilotes morts, un filet de sang orange sort par l’oreille. Ils paniquent alors, aucun d’eux ne sait piloter cet engin !

     Ils n’ont pas le temps de paniquer longtemps ! Ils ont compris que leurs oreilles sont le point faible, et mettent leurs mains dessus. Cela n’empêche pas les flèches de pénétrer leur tête, après avoir transpercé leurs mains.

     Une fois tous les soldats éliminés, nous récupérons nos flèches, et portons les corps sur le brasier de la tour, après les avoir déshabillés et dépouillés.

     « Xanros ! Sais-tu te servir de ce véhicule ? demande Sirius.

     - Moi non, mais nous avons un jeune homme qui lui le sait ! Je le fait mander !

     Le voici ! Il s’appelle Xiros, il a vingt Xions !

     - Enchanté, Xiros ! Je suis Sirius. Peux-tu piloter cet engin ?

     - Oui, je connais cet engin, j’ai travaillé dans les usines des Forces Noires sur Yuldrim, avant qu’ils ne passent à l’offensive. »

     Les sœurs Pacal sont de retour.

     « Les Forces Noires ont rassemblé leurs forces vers Xantar. Il n’y a plus de soldats dans Xanrich !

     - Bien ! dit alors Sirius.

     Xiros, tu vas cacher le véhicule . Nous, nous allons faire un tour du côté de Xantar. Avez-vous des flèches, les filles ?

     - Oui, nous en avons une quarantaine. Xon les fabrique en série !

     - Alors, allons-y ! Xanros ! Tiens-toi prêt avec tes hommes travestis et cet engin. Nous en aurons peut-être besoin ! »

     Nous nous rendons invisibles, et nous nous envolons vers la capitale planétaire, Xantar.

     Nous nous posons sur un toit plat, et observons.

     Il y a une grande effervescence autour de l’antenne de la ville ! Il en faudra une deuxième pour initier à nouveau un réseau, et les Forces Noires apparemment s’y emploient !

     « Jacou ! Laisse ton arme, et vas voir si l’antenne est comme les autres ! On pourra alors inverser les fils aussi ! »

     Je m’envole alors vers la haute tour où se trouve l’antenne, gigantesque ! Plusieurs centaines de pieds de haut !

     Sur la plateforme au sommet, quelques gardes surveillent les accès.

     Je repère le tableau de commande, il y a effectivement deux gros fils qui partent de l’antenne et plongent dans la tour. La source d’énergie, alimentée par l’oxygène de l’air, est probablement là !

     Grâce à Xon, je comprends la langue des Forces Noires.

     « Il y a des rebelles qui ont saboté les antennes ! dit un des soldats.

     - Ils n’iront pas loin ! dit un autre. Dès que nous aurons rétabli le lien , nous aurons du renfort ! Heureusement, ils n’ont pas touché à la mère matrice, dans le volcan Xant. »

     Voilà une information de premier ordre ! Je retourne voir Sirius, et lui relate ce que j’ai vu et entendu.

     - Allons voir Xocun ! dit alors Sirius. »

     Et nous nous envolons vers Xanrich, et voyons Xocun.

     « Le volcan Xant est le point culminant de la planète, dit Xocun. Son cratère est immense ! Il fait deux de vos lieues de diamètre et une bonne lieue de profondeur .

     - Il faut faire exploser cette mère matrice ! dit Sirius. Nous avons capturé une de leurs navettes, on pourrait l’utiliser pour l’envoyer dans le cratère !

     - Bonne idée ! Nous la remplirons d’explosifs X12, cela devrait suffire pour la détruire !

     - Des explosifs X12 ? Qu’est-ce donc ? demandé-je.

     - Ce sont des matériaux qui, lors d’un choc, dévastent tout autour d’eux, a l’instar des antennes qui ont explosées sur les planètes.

     Nous allons en remplir le véhicule, et le lâcherons au dessus du cratère !

     - Bien ! dit Sirius. Jacou, tu vas retourner à Xaris, et revenir avec Xiros et le véhicule, le plus rapidement possible !

     - J’y vais ! » Et je décolle pour me rendre à Xaris, où je vois Xanros qui m’emmène à la cachette où se trouve le véhicule.

     Je reviens dans le véhicule avec Xiros aux commandes.

    L’engin est chargé au maximum de matériel explosif  X 12,  Xiros m’explique comment manœuvrer l’engin, je suis volontaire pour le largage.

     Et me voilà parti, armé, seul à bord de la navette, pour le volcan Xant, que j’atteins au bout d’une demi-heure.

     Le site est bien gardé, je revêts  un casque de l’armure des Forces Noires, et je réussis à passer tranquillement les postes de contrôles sur le chemin. Je me retrouve au dessus du cratère, mais au lieu de descendre vers la base au fond, je m’élève encore, puis je lance l’engin à toute vitesse vers le fond, et m’en échappe en volant.

     Je m’écarte rapidement de la bouche du cratère, un moment plus tard, une gigantesque explosion fait sauter tout le cratère, qui du haut de ses douze mille pieds s’effondre sur lui-même, ensevelissant tout ce qui se trouve au fond. Le souffle me pousse encore plus loin.

Je retourne alors chez Xocun, pour rendre compte de ma mission.

     « Le volcan s’est effondré sur lui-même, détruisant toutes les infrastructures qui s’y trouvaient. Nul doute que si la mère matrice était là, elle n’existe plus ! Des volutes de fumée s’échappent des flans du volcan, attestant des nombreux accès souterrains. Il va falloir requalifier le plus haut sommet ! Ce n’est plus Xant !

     Je prends mon arc et retourne voir ce qu’en disent les soldats sur la tour à Xantar.

     La cité est comme folle ! Il ont encaissé la destruction de la mère matrice, leur seul recours maintenant est de faire fonctionner l’antenne ! La deuxième est en cours de construction, une ruche de techniciens et de soldats s’affaire autour, nul doute que bientôt, elle sera opérationnelle ! Des soldats plus grands que les Gaméens, sont apparemment les gradés !

     Je me place alors sur la terrasse, laisse mon arc dans un coin, et me faufile dans la salle de commande. Plusieurs soldats s’activent autours de tableaux qui scintillent de mille lumières, et me laissent suffisamment de place pour accéder aux fils.

     En tirant sur un des deux fils, une grosse lumière jaillit de là, et plonge toute la pièce dans le noir. Grâce à ma vision nocturne, j’inverse rapidement les deux fils, et me sauve discrètement, en récupérant mon arc.

     Je reste non loin de là et attends. La deuxième antenne est maintenant opérationnelle, les premiers essais ne devraient pas tarder ! Dans la précipitation, personne n’a songé à vérifier si les fils étaient bien en place !

     Et au premier geste pour amorcer le système, l’antenne gigantesque explose, projetant des débris de matériaux et de soldats sur une lieue à la ronde, la tour s’est effondrée, la deuxième antenne n’est plus qu’un tas de débris !

     Les Forces Noires courent dans tous les sens, privées de commandement et de directives, coupées du gros des troupes.

     Je retourne à Xanrich, accueilli en héro !

     « Nous avons vaincu les Forces Noires ! dit Xocun.

     - Mais ils vont envoyer des vaisseaux, maintenant ! dit Sirius.

     - Je ne pense pas ! Ils viennent d’essuyer une grosse défaite, et doivent à nouveau s’organiser pour leur téléportation ! Nous allons mettre en place une surveillance des planètes du système, et nous détruirons leurs antennes dès qu’elles apparaîtront !

     - Et que fait-on des troupes encore sur Xantarès ? demande Xalun.

     - Nous avons plein de flèches ! dis-je. Patrouillons et éliminons toutes les Forces Noires encore sur la planète !

     - Apparemment, elles se sont regroupées à Xantar, dit Xalun.

     - Alors, allons libérer la ville ! dit Sirius.

     Akna, Itzel, Jean, Jacou, êtes-vous prêts ?

     - Prêts ! Répondons-nous toutes et tous en chœur.

     - Alors, c’est parti !

     - Soyez prudents ! disent Yalyx et Zãk. »

 

     Sirius, Akna, Itzel, Jean et moi nous chargeons chacune et chacun de plusieurs carquois remplis de flèches, préparées par Xon, et partons en volant vers Xantar, la capitale de la planète.

     Non loin de la cité, un campement est installé, des dizaines de soldats des Forces Noires sont là, assis, en train de boire. Ils ont l’air bien imbibés, s’étant réfugiés et noyant leur défaite dans l’alcool.

     Ce sera leur dernière cuite ! Les uns après les autres, ils s’écroulent, touchés dans le thorax pour ceux qui avaient enlevé leur armure, et une flèche dans l’oreille pour les autres.

     Bientôt, la panique du début s’estompe, les derniers tombent à leur tour.

     Quelques-uns se sont réfugiés dans les véhicules, mais ne savent pas les piloter ! Nous soulevons les véhicules à distance, jusqu’à cent cinquante pieds, et les lâchons sur les habitations remplies de soldats. Ils explosent dans un fracas et des gerbes de flammes. Nul doute que ni les passagers des véhicules, ni les éventuels soldats dans les maisons ne s’en sont sortis vivants !

     Nous continuons, rencontrons un véhicule bondé qui va atterrir, nous éliminons le pilote et le copilote, et le véhicule s’écrase sur la piste, au milieu d’autres véhicules qui explosent en chaine.

     Un autre véhicule arrive dans les airs, plus gros que les autres. Alors Sirius dévie son vol et l’engin s’écrase contre la tour de contrôle de la base, qui explose, projetant des morceaux de soldats tous azimuts, et s’écroule !

     Des troupes courent sur la piste jonchée de débris matériels et organiques, nous les éliminons tous, l’un après l’autre. Parfois, deux flèches arrivent en même temps, entrant chacune dans une oreille…

     Un immense hangar abrite un grand vaisseau, les troupes survivantes s’y engouffrent pour fuir, faisant feu de leurs canons à ions dans tous les sens, en aveugle.

     Nous nous concertons, et décidons d’empêcher le départ de ce vaisseau, avec à bord probablement les dirigeants des Forces Noirs.

     Nous prenons à distance les débris en flammes sur la piste, et les jetons dans le hangar. Bientôt, tout le hangar est en flammes, la sortie obstruée par une montagne de ferrailles et de braises, infranchissable !

     Et, quelques minutes plus tard, l’explosion du vaisseau, du hangar et de tout ce qui se trouvait à moins de cent pas fait place rase, projetant des débris partout.

     La base des Forces Noires n’est plus qu’un gigantesque brasier, il n’y a plus âme qui vive, si tant est que ces êtres aient une âme !

     Dans un autre coin de la ville, des hangars encore, remplis de véhicules de transport de troupe, avec un armement conséquent à leurs bords.

     Je décide d’en prendre un, Xiros, le jeune pilote Xantarèsien m’a expliqué son fonctionnement. Jean tient à venir avec moi, et tous les deux, nous patrouillons en ville, déserte, la population s’est terrée dès le début des explosions.

     Sirius, Akna et Itzel continuent leurs recherches, et trouvent ici un groupe de trois soldats, aussitôt éliminés, là un véhicule qu’ils précipitent contre un autre, faisant exploser les deux…

     Au Nord de la ville, vers le volcan, nous voyons une galerie souterraine, qui devait mener au volcan, où des troupes s’affairent, avec apparemment un autre vaisseau prêt à partir.

     Nous nous positionnons devant le vaisseau, les Forces Noires, croyant à une manœuvre des leurs, ne bronchent pas, et nous ouvrons le feu de nos deux canons à ions, trouant, brûlant et finalement faisant exploser le vaisseau dans sa cachette. Celle-ci s’effondre, ensevelissant le vaisseau et ses occupants. Quelques soldats s’échappent, et courent dans la lande, mais Jean est sorti de l’engin que je pilote, et achève les fuyards.

     De leur côté, Sirius et ses disciples ont débusqué une troupe de bien trente soldats ! Ils sont là, debout, à attendre probablement un vaisseau de secours qui ne viendra jamais !

     Sirius décide d’interroger celui qui semble être le chef de la troupe.

     Il le fait décoller, au grand ahurissement des soldats qui voient leur chef s’envoler !

     Il est emmené derrière les bâtiments, à l’abris des regards. Il n’en mène pas large !

     Sirius apparaît alors, nu.

     De leur côté, les soldats sont subjugués par ces arcs flottant dans les airs !

     Un des soldats prend un caillou pour le jeter sur les arcs, mais n’en a pas le temps, une flèche se fiche d’une oreille à l’autre.

     Sirius demande, dans leur Langue, comment s’appelle le soldat capturé.

     « Je suis Brochius, un des lieutenants de Braktarius, le chef des troupes sur Xantarès.

     Brochius fait partie de la classe dirigeante des Forces Noires, un Brakovien, plus grand que les Gaméens, bien sept pieds, avec un doigt de plus à la main.

    - Et où est-il, Braktarius ?

     - Il doit venir nous chercher avec son vaisseau !

     - Il ne viendra pas ! Nous avons fait exploser son vaisseau !

     - Qui êtes-vous ? Vous n'êtes pas de ce système solaire !

     - Non ! Nous sommes des Terriens, d’un système dans une autre galaxie ! Je suis Sirius, de la tribu des Mayas. Combien êtes-vous encore sur Xantarès ?

     - Je ne sais pas, nous n’avons plus de moyens de communication !

     - Pourquoi voulez-vous conquérir ce système solaire ?

     - C’est le souhait de notre chef suprême, Brachilorus-le-Grand, il veut instaurer un nouvel ordre au sein de la galaxie ! Lui aussi est issu du peuple des Brakoviens, il est très grand, et a beaucoup de pouvoirs !

     - Pouvons-nous le rencontrer, afin de trouver un moyen de mettre fin à cette guerre ? demande Sirius.

     - Il faudrait un vaisseau !

     - J’ai un vaisseau, celui qui m’a emmené ici depuis ma galaxie. Mais avant, vous devez donner l’ordre à vos troupes de capituler, sans conditions, sinon nous les éliminerons tous !

     Dites à vos soldats de se rendre sur la base détruite de Xantar, et d’y attendre de nouvelles instructions. Tout manquement aux ordres reçus sera puni immédiatement de mort ! Toi et tes soldats, vous nous attendrez ! Et n’essayez pas de fuir ! Nous sommes invisibles, mais nos flèches sont bien réelles ! »

     Et pendant que Brochius fait passer l’amère consigne à ses soldats, surveillés d’en haut par Akna et Itzel, Sirius retourne à Xanrich, pour expliquer son plan.

     « Nous allons embarquer les survivants des Troupes Noires, et les ramener dans leur galaxie, Xocun et Xalun, nous avons besoin de vous et de votre vaisseau pour cela !

     - C’est risqué ! dit Xocun. Brachilorus-le-Grand est un tyran sanguinaire, qui n’en a rien à faire de ses troupes ! Pour lui, ce sont des animaux à sa disposition !

     Alors, nous l’éliminerons !

Brachilorus-le-Grand

 

     Peu de temps plus tard, le vaisseau Xantarèsien arrive sur le tarmac dévasté, et quarante-huit soldats, dont Brochius, embarquent et sont enfermés dans la salle du bas, tous accès condamnés. Quelques canons à ion sont embarqués, et Sirius, Akna, Itzel, Jean et moi, munis de nos arcs, embarquons aussi.

     « « Je veille sur eux ! » » dit Xon. 

     Et nous sommes en partance pour le système de Brakaba, et sa planète Braillio, fief des Troupes Noires.

     Quelques heures plus tard, nous émergeons de l’hyper-espace, non loin de Braillio-cité.

     Brochius est mené en haut.

     « Tu vas demander une audience à ton chef Brachilorus-le-Grand, et tu reviens nous donner sa réponse ! Si tu ne reviens pas, ou si nous sommes attaqués, ce sera la fin pour vous ! As-tu compris ?

     - Oui, j’ai compris ! » Et il sort par la porte abaissée du vaisseau, et va à pied vers la cité.

     Ce qu’il ne sait pas, c’est que je le surveille, à ses côtés, nu et invisible. Bien que sans armes !

     Brochius arrive à Braillio-cité, et demande à être reçu par Brachilorus-le-Grand, qui lui donne audience.

     Je suis juste à côté de lui, et écoute.

     Il explique la défaite sur Xantarès, et dans tout le système solaire de Xilophe, par la destruction des antennes de télé transports.

    « Et tu dis qu’ils sont là, sur Braillio ?

     - Oui ! Ils attendent d’être reçu par votre Grandeur !

     - Nous allons les détruire !

     - Ils ont a bord plus de quarante de nos soldats ! Les survivants de Xantarès. Tous les autres sont morts ! Plus de deux mille !

     - Ils vont payer cher cet affront ! Ordonne la destruction du vaisseau !

     - Mais nos soldats, Brachilorus-le-Grand ?

     - Je n’en ai que faire ! Ils auraient dû lutter jusqu’à la mort !

     - Les Xantarèsiens ont de grands pouvoirs, aussi !

     - Comment ? Tu doutes de mes pouvoirs ! Ils ne peuvent rivaliser ! Fais ce que je t’ai dit ! »

 

     Aussitôt je préviens par la pensée ce qui s’est dit, et le vaisseau regagne l’orbite basse, hors de portée des canons à ions. Je regagne le bord, et prend mon arc et mes flèches, ainsi que mes condisciples Akna et Itzel, et nous retournons au palais de Brachilorus-le-Grand.

     En chemin, nous croisons Brochius qui est en route pour donner l’ordre d’exécution transmis par Brachilorus-le-Grand. Il n’ira pas plus loin, nous le criblons de flèches.

     Nous arrivons au palais, quelques gardes sont vite éliminés, et nous voilà devant Brachilorus-le-Grand, assis sur son trône d’or. Il ne se doute pas que nous sommes devant lui !

     Son corps, de plus de huit pieds, est entièrement recouvert d’une cuirasse dorée, et d’un casque, mais quelques orifices sont visibles : un trou sous la narine, et les trous auditifs.

     Au moment où il voit des arcs bouger devant lui, avant qu’il ne se doute de quoi que ce soit, une flèche tirée par-dessous lui pénètre le crâne derrière les yeux, tandis que deux autres lui percent la tête de chaque côté. Le géant s’abat lourdement sur le sol, créant la panique au sein du palais, des troupes arrivent en nombre, mais Brachilorus-le-Grand est bel et bien mort !

     Son aide de camp, un Brakovien, qui lui n’a pas d’armure, se proclame aussitôt chef suprême des Forces Noires, mais son règne s’achève aussitôt, criblé de flèches venues d’on ne sait où !

     Une antenne gigantesque, bien plus haute que celles de Xantarès, bien cinq cents pas, doit aussi être détruite ! Je demande à Xocun d’ouvrir le feu sur elle, faisant réagir les troupes au sol. Comme ils arrivent, les vaisseaux sont déviés dans le palais, et explosent en s’écrasant au fond de la bâtisse, parmi les troupes brakoviennes amassées autour de la dépouille de Brachilorus-le-Grand. Une bonne dizaine de vaisseaux sont ainsi détruits, le palais n’est plus que ruines, et quelques vaisseaux supplémentaires jetés contre l’antenne achèvent de la détruire.

     Le calme revient sur la cité, en flammes. Le vaisseau de Xocun revient se poser devant les ruines du palais. Les prisonniers sont libérés, nus et sans arme.

     Un être nu apparaît, seul, sans arme, devant le vaisseau. Un Gaméen.

     « Je veux parler à votre chef !

     - Que veux-tu ? dis-je en apparaissant tout aussi nu, devant lui.

     - La paix ! Je suis Brainstein, le savant qui a mis au point les tours de télé-transports.

     Je n’ai jamais voulu envahir qui que ce soit ! Mon but était le libre-échange des marchandises dans la galaxie, bien plus rapide et bien moins coûteux que des vaisseaux spatiaux.

     C’est Brachilorus-le-Grand, et sa bande de Brakoviens, ivres de conquêtes, qui ont voulu en faire une arme ! Ils y ont presque réussi !

     Si vous m’épargnez, moi et mon équipe de scientifiques, nous serons vos prisonniers et ferons ce que vous nous demanderez !

     Xocun sort à cet instant du vaisseau.

     - Je suis Xocun, le chef de cette expédition. Nous ne sommes pas des conquérants, nous aussi nous voulons la paix dans notre galaxie !

     Nous allons vous laisser vivre, libres ! Mais ta proposition est intéressante ! la téléportation est un stade que nous n’avons pas encore acquis.

     Je te fais une offre :

     Tu viens, toi et ton équipe sur Xantarès, libres, nous vous donnons un laboratoire et tout ce dont vous aurez besoin, trouvez un moyen simple de téléportation, moins encombrant qu’une antenne . Tu peux refuser, et rester sur Braillio, libre. Mais je crains que dans un proche avenir, différents mouvements vont vouloir prendre le pouvoir, et ta position est risquée ! Tu vas être sollicité par les candidats, qui ne voudront pas te laisser entre d’autres mains !

     Je te propose de vous emmener tout de suite, tant que les différentes factions ne sont pas encore organisées. Qu’en penses-tu ?

     - Tu es généreux, Xocun, et j’accepte volontiers ton offre ! je vais demander à mes disciples de me rejoindre sur le champ !

     - Je te fais accompagner ! Itzel et Akna, veillez sur lui, et revenez tous rapidement ! »

     Et, accompagné par deux arcs flottant dans l’air, Brainstein va chercher ses disciples, cachés dans une cave non loin du vaisseau.

     Sur le trajet du retour, Brainstein est pris à parti par un soldat Brakovien qui le menace d’un sabre.

     « Tu me reconnais ! dit-il en enlevant son casque. Je suis Braxasa, général de Brachilorus-le-Grand. Tu vas venir travailler pour moi, le futur chef de Braillio ! Viens, ou je te tue ! Et il brandit son sabre, trois soldats avec lui, tous des Brakoviens, font de même.

     C’était sans compter sur l’escorte invisible bien à propos ! Deux soldats tombent, une flèche dans l’oreille, le troisième s’écroule aussi, et Braxasa se retrouve avec deux flèches dans les yeux.

     Tous les protagonistes s’engouffrent dans le vaisseau, direction Xanrich, la ville des Xantarèsiens.

     Sur Xantarès, la nouvelle se répand comme une flèche ! Les Forces Noires sont vaincues ! Brachilorus-le-Grand est mort !

     « Grâce aux Terriens que Xocun est allé chercher, dit Yalyx, les Forces Noires ont été anéanties ! Non seulement le système Xilophe a été libéré, mais aussi le système Brakaba est délivré du joug du tyran !

     Nous avons en notre sein des savants de Braillio, des Gaméens qui nous ont juré allégeance, et qui vont se pencher sur des technologies d’avenir, pour notre bien à tous !

     Ce soir, nous faisons la fête ! Xanros, le chef du village de Xaris, et Xiros, le jeune pilote, vous êtes invités ! »

     Xioro et Xon élaborent des nourritures que les Humains peuvent manger, ainsi que des alcools chers à leurs palais. Les Xantarèsiens, eux, auront droit à une atmosphère chargé de nutriment, leur mode d’alimentation. Les Gaméens se nourrissent comme les Xantarèsiens, par la peau.

     Toute la planète est en liesse, la guerre est finie, les Forces Noires n’existent plus, et Brachilorus-le-Grand et les Brakoviens sont éliminés.

     Après une bonne partie de la nuit à faire la fête, Yalyx réunit les Terriens.

     « Nous vous devons beaucoup ! Mais nous avons déjà un cadeau pour vous ! Connaissant votre attrait des choses du sexe, nos jeunes Xantarèsiens et Xantarèsiennes, fortes des récits de nos filles, veulent essayer les Terriens, et sont à votre disposition pour cela ! Choisissez votre partenaire, ou vos partenaires ! 

     Quant à moi, je vais faire une séance de spiritisme avec votre chaman, Zãk, s’il veut bien !

     - Ce sera un honneur pour moi, Yalyx !

     - Nous irons dans le vaisseau de Xocun, assistés par Xon ! » ajoute Yalyx.

      Xocun précise : « Elles sont six filles, Youmis, Yaonis, Yissia, Yirios, Yenias et Yamouris, et quatre garçons, Xarink, Xorouk, Xefress et Xilops.

     Xioro vous prête sa grande salle dans le vaisseau, vous y serez bien et assistés en toute sécurité ! Vous pourrez y passer tout le temps que vous désirez ! Xioro est là pour vos moindres besoins !

     - Grand merci pour cette attention ! dis-je alors. Je pense me faire le porte-parole de mes amis pour vous dire que nous allons toutes et tous les choisir ! Xioro aura certainement de quoi nous faire passer de bon moments avec toutes et tous ! »

     « « Certainement Jacou ! » » dit Xioro.

     Et nous descendons dans les entrailles du vaisseau, tous les quinze, pour une fin de nuit qui s’annonce formidable !

 

     Le jour est déjà levé depuis longtemps quand nous émergeons du vaisseau. Dehors, une foule nous applaudit en criant des « Vive les Terriens ! Vive nos héros !» Ils ont attendu patiemment des heures durant que nous finissions nos ébats pour nous acclamer !

     La plupart sont épatés de voir des êtres venus d’une autre galaxie, tellement ressemblants et en même temps si différents !

     Quelques temps se passent, ce ne sont que réjouissances, invitations, tout le monde veut les Terriennes et les Terriens à sa table !

 

     Le temps passe, après un croisement de lunes, ce qui correspond à vingt-cinq jours sur Terre, on nous informe que, fidèles à notre réputation, nous avons mis enceintes les six filles qui se sont offertes à nous ! Ce n’est pas un hasard, nous disons-nous, quand il y a six filles et que toutes soient enceintes !

     Une autre surprise, c’est la gestation de Yalyx, que Zãk a fécondé. Une volonté des Xantarèsiens, et sûrement des Forces Cosmiques, qui ont des desseins dépassant notre entendement..

     Nous décidons alors de rester sur Xantarès pour voir naître les enfants. Auront-ils les même gènes que les Terriens, ou les Xantarèsiennes, ou un mélange des deux ?

      Leur gestation dure quelques mois terrestres, et bientôt, des nouveaux nés hybrides arrivent, conçus uniquement par des mâles Terriens et des femelles Xantarèsiennes. Ils sont différents des enfants que j’ai procréé avec l’apport des Xantarèsiens. Ils sont Terrien, d’apparence, cinq doigts, un nez, des oreilles, mais ni cheveux ni poils.

     J’ai fécondé Youmis qui a mis au monde deux filles, Yaja et Yacou, et Yaonis qui a accouché de jumeaux, un garçon, Xarti et une fille Yalama.

     Yissia, fécondé par Jean est la mère d’un garçon, Xajan, et Yirios, que Jean a également fécondé, donne naissance à une fille, Yoma.

     Yenias et Yamouris, fécondées par Sirius, ont chacune un garçon, Xarius et Xorius.

     Zãk a fécondé Yalyx, qui a mis au monde un garçon, Xakz. Xocun et Xalun, les compagnons de Yalyx, ont tout de suite adopté Xakz comme leur enfant, et frère de Xsara, Xcorus, Yalip, Yamen, Yeres et Yidom.

 

     Après un an terrestre passés sur Xantarès, nous avons acquis pas mal de connaissances sur les technologies des Xantarèsiens, technologies que nous développerons nous-mêmes sur Terre dans quinze à vingt de nos siècles, selon Xon.

     Et les Xantarèsiens eux-mêmes maintenant maîtrisent la téléportation, grâce aux recherches de leur équipe de savants Gaméens dirigée par le Gaméen Brainstein. Des portes sont installées sur toute la planète, permettant des déplacements instantanés.

     Sirius demande à Xocun de nous ramener sur Terre, les Forces Cosmiques ne nous sollicitent plus dans cette partie de l’Univers.

     Et à Mettis, mes parents et ceux de Jean doivent se languir de ne pas nous voir !

     Le départ est vite organisé, et après des adieux à nos amis, nos amies, nos progénitures, nous partons, Sirius, Akna, Itzel, Jean et moi à bord du vaisseau de Xocun et Xon, avec Xalun comme navigateur, Xoxan aussi nous accompagne.

     Après un voyage tranquille dans l’hyper-espace, nous arrivons au bout de quelques jours dans notre galaxie, puis notre système solaire, et enfin en vue de la planète Terre.

     Bientôt nous survolons la forêt au Nord de Mettis. C’est l’été.

     « C’est là que nous nous séparons ! me dit Sirius. Tu as acquis tout ce que je pouvais t’apprendre, il est temps pour toi maintenant d’acquérir le savoir de tes parents ! 

     Prends ces pierres Xantarèsiennes, tu les mettras à l’abri un temps ! J’ai eu la vision que tu trouveras une utilité qui profitera à tous et tout ton entourage. Elles serviront aussi de balises, pour nous et les Forces Cosmiques !

     Xocun va nous ramener chez nous, dans les montagnes du pays des Mayas.

     - Tu ne m’accompagnes pas ? Mes parents voulaient voir le vaisseau !

     - Ils sont là, en bas ! Ils attendent que le vaisseau arrive, je les ai prévenus, ainsi que les tiens Jean ! »

     Nous nous serrons bien fort les uns les autres, les jumelles sont émues de me quitter, mais le destin est ainsi tracé pour chacune et chacun !

     « Adieu Itzel et Akna, mes condisciples ! Vous m’avez tant appris !

     Adieu Sirius, mon Maître ! Ton enseignement me servira jusqu’à ma mort !

     Adieu Maître Zãk, transmets au chamans toute ma gratitude !

     Adieu Xocun, Xalun et Xoxan, mes amis Xantarèsiens ! Prenez soins de nos progénitures ! 

     « « Il est temps ! préparez-vous ! » »

     « Adieu Xon ! Merci pour tout ! »

     « « Non ! Pas adieu ! tu reviendras en pays maya, avec nous ! » »

     « Vrai ? Mais quand ? »

     « « Ne nous attends pas ! Vis ton destin, tu sauras quand nous viendrons ! » »

     Cette perspective me donne du baume au cœur !

     Nous arrivons au dessus de la forêt, à l’aube naissante, Les faisceaux lumineux nous déposent, nos parents sont effectivement là, subjugués par ce qu’ils voient, et débordent d’émotions en revoyant leurs fils, de vrais hommes maintenant !

 

     Nous sommes en 740, Jean et moi avons dix sept ans.

Chapitre V    La guerre contre les Lombards

 

- L’apprentissage à Mettis

- La guerre contre les Lombards

 

 

L’apprentissage à Mettis

 

     Après de fastes retrouvailles, nos deux familles sont d’autant plus liées depuis que Sirius a emmené Jean sauver l’Univers ! Nous racontons, moi d’abord mes aventures au Blauersland, et à Strateburgo, puis avec Jean la guerre galactique contre les Brakoviens et les Gaméens, que nous, Terriens d’une autre galaxie, avons vaincu !

     Jean est retourné dans son école d’archers, ses aptitudes et ses pouvoirs en ont tôt fait un maître d’enseignement de cet art !

     Quant à moi, je suis devenu le disciple de Joseph Artz, mon père, le médecin de Mettis, et l’accompagne partout pour prodiguer des soins dans la cité et alentours.

     Sa réputation a vite grandi, et des personnes viennent de toute l’Austrasie et même d’au-delà pour se faire soigner !

     Ma mère, Adélaïde, m’enseigne ce qu’elle sait des plantes, elle a acquis, au contact de Sirius, une grande compétence et connaissance des plantes, et me le transmet à son tour.

     De temps en temps, quand nous ne sommes pas à soigner les gens, je vais faire un stage à l’école des archers de Divodurum, où Jean d’Ortega m’enseigne quelques passes, et grâce à Jean, je finis par être expert à l’épée et au tir à l’arc !

     La garde de Mettis, et son chef Pierre d’Ac sont aussi du nombre de ses disciples.

     De mon côté, j’enseigne Jean sur les techniques de soins, sur les maladies, sur le corps humain, et bientôt il arrive a diagnostiquer beaucoup de maladies ! Mais son plus fort atout, est de soigner les blessures !

     Pendant plusieurs années, nous nous perfectionnons mutuellement.

La guerre contre les Lombards

 

     Pépin le bref a succédé à son père Charles Martel à la tête du royaume de Neustrie et d’Austrasie, en tant que Maire du palais, en 741, à la mort de Charles. Il nomme Childéric II roi des Francs, mais dirigera lui-même le pays, et sera appelé roi dès 741. Il sera couronné roi plus tard, en 751, quand il renverra Childéric II au couvent,  puis confirmé Roi de Neustrie, d’Austrasie et de Bourgogne en juillet 754, par le pape Étienne II.

 

 

     Nous sommes en l’an 745. J’ai vingt deux ans.

 

     Pierre d’Ac, le chef de la garde de Mettis vient un jour à l’échoppe de Joseph, pour me voir.

     « Un messager est venu ce matin. J’ai été chargé par notre roi Pepin de lever des troupes afin d’aller repousser les Lombards qui envahissent le royaume . Jean d’Ortega est bien sûr en tête de ces troupes, et veut que tu nous suives. Il a parlé aussi d’un homme que tu connais, qui serait du côté de Strateburgo.

     - Oui ! dis-je, il s’agit de Clément Sandre ! Nous avons déjà combattu ensemble, avec Akna et Itzel, les deux jumelles archers Mayas que tu as connu il y a quelques années.

     - Ah oui ! dit Pierre, je m’en souviens, des filles que j’aurai bien enrôlé au sein de ma garde ! Soit ! Va chercher Clément Sandre ! Mais dépêche-toi, nous partons bientôt, dans quelques jours ! Nous devons rejoindre Pepin, il revient de Germanie et nous attendra à Lugdon. »

     Aussitôt, je préviens Joseph et Adélaïde, mes parents,  de mon départ pour le Blauersland, je serai de retour demain  avec Clément Sandre.

     « Cela me fera plaisir de revoir Clément, qui nous a protégé au retour de Poitiers, en 732 ! dit Adélaïde, reviens-nous vite, et sois prudent ! »

     J'informe par la pensée Jean  que je vais au Blauersland, et me voilà parti, dès que je suis dans la forêt, hors de vue je m’envole.

 

     Au bout de deux heures j’arrive au Blauersland.

     Une fois posé, je me déshabille, cette soirée de fin d’été est encore bien chaude !

     Je vais voir Adrien Rung, le doyen de la communauté, âgé maintenant de soixante huit ans.

     « Jacou Artz ! Quel bel homme tu es devenu !

     - Oui, j’ai vingt deux ans maintenant ! Et comment va Ingrid ? demandé-je.

     - Hélas, Ingrid nous a quittés, emportée l’an dernier par une fièvre qui a tué plusieurs personnes, des compagnons, mais aussi dans les villages le long du grand fleuve Rhin. 

     Je lui présente mes condoléances, et lui donne le motif de ma venue :

     - Le roi Pepin a besoin de nous ! Clément se joindra à moi pour le retrouver, afin de repousser les Lombards, aux portes de la Bourgogne. Est-il au Blauersland ?

     - Tu as de la chance, Clément était en mission avec les frères Cohen, ils viennent juste de rentrer. Tu les trouveras surement au sauna ! » dit Adrien. 

     J’arrive dans le sauna, cela faisait longtemps que je n’avais pas bénéficié des bienfaits de la transpiration !

     Clément et les frères Cohen y sont effectivement.

     Je m’approche de Clément, qui ne me reconnaît pas de suite.

     « Salut à toi Clément ! Je suis Jacou ! lui dis-je.

     - Jacou ! Jacou Artz ! Tu es revenu ! Cela fait quelques années ! La dernière fois que je t’ai vu, tu te faisais happer par une lumière dans un vaisseau spatial !

     - Huit ans, Clément ! Oui, nous sommes allés faire la guerre chez les Xantarèsiens, dans leur galaxie, et nous l’avons gagné, la guerre ! En laissant quelques bambins à moitié Terriens là-bas ! dis-je en rigolant.

     - Et que sont devenues les jumelles Mayas ?

     - Elles sont retournées dans leur pays maya, avec mon Maître Sirius.

     Mais aujourd’hui, je suis venu te chercher, pour partir à la guerre avec le roi Pépin, le fils de Charles Martel. Il a besoin de nous, toi, moi, et Jean d’Ortega qui nous attend à Mettis. Mon Maître Sirius m’avait prédit cette échéance, nos aptitudes serviront le roi !

     - Soit ! dit Clément. Je fais mes adieux aux compagnons, et je te suis.

Finalement, nous partirons demain matin ! Viens, les sœurs Kahlm seraient heureuses de te voir ! »

Et nous passons la nuit avec elles. Leurs compagnons, avec qui elles vivent depuis plusieurs années, Les frères Cohen et les frères Schwartz sont complaisants.

     Le lendemain, rhabillés et douchés, nous volons vers Mettis et arrivons à l’échoppe de mes parents dans l’après midi.

     Adélaïde est heureuse de retrouver Clément, qui maintenant est un homme mûr de trente quatre ans. Il est un peu gêné de se mettre nu devant elle, mais elle se déshabille alors, suivant mon exemple, Clément en fait donc autant. Jean nous attend également, ses parents, les d’Ortega, sont invités pour le diner chez les Artz.

     « Vous voilà repartis pour guerroyer ! dit Déla.

     - C’est mon, notre destin, mère ! dis-je, mon Maitre Sirius l’avait prédit !

     - Oui, je sais, répond-elle, nous en avons longuement discuté pendant ton séjour au Blauersland ! Il nous avait prévenu de tout cela !

     Les d’Ortega arrivent en soirée, et nous festoyons gaiement , toutes et tous nus, Adélaïde nous a concocté un menu exceptionnel ! Sa chimie des plantes nous attise le palais, pour notre plus grand bonheur.

     Joseph nous sert quelques liqueurs et eaux de vie délicieuses, bien qu’enivrantes à souhait !

 

     Après une nuit d’un sommeil de plomb, où les d’Ortega sont hébergés sur place, nous nous  rendons au poste de garde de Mettis.

     Pierre d’Ac est en train de donner les dernières directives en son absence, seuls Pierre et deux des gardes nous accompagneront ! Il ne faut pas laisser Mettis sans gardes !

 

     Pierre a prévu des chevaux pour nous rendre à Lugdon, je lui propose une autre solution.

     Après quelques explications, Pierre d’Ac, et ses deux gardes Jean Desforest et Albert Visle font un somme d’une heure dans une pièce sombre de la caserne, et se réveillent avec les pouvoirs de télékinésie, de vol et de pensée, mais sans le pouvoir de l’invisibilité que mes compagnons Clément, qui vient de reprendre une rasade de la fiole que je lui ai laissé il y a huit ans, Jean, et moi gardons secret !

     Et enfin nous partons rejoindre Pepin, armés d’un arc et de plusieurs carquois, en volant, sous les regards ahuris des gardes restés  à Mettis.

 

     Six heures plus tard, nous arrivons en vue du campement de l’armée de Pepin, près de Lugdon. Il y a bien deux mille hommes. Nous nous posons à l’orée d’un bois, et terminons notre voyage à pied.

     Nous nous présentons devant Pepin :

     « Nous sommes les renforts de Mettis ! dit Pierre d’Ac.

     - Vous êtes les bienvenus ! dit le roi. Bien que peu nombreux !

     - Nous avons des aptitudes hors du commun, Sire ! dis-je, en soulevant à distance une charrette remplie de tonneaux, sous les regards ébahis de Pepin et de sa suite.

     - Childéric ! Accompagne ces messieurs dans leurs quartiers ! dit alors le roi. Childéric Germain, bien qu’encore jeune, est à vingt trois ans le meilleur archer que je connaisse ! Il est mon aide de camp depuis la campagne de Germanie, et j’ai toute confiance en lui ! 

     - Suifez-moi ! dit Childéric, avec un accent bien Germain, che fais fous attripuer une tente !

     - Nous te suivons, Childéric, dit Pierre d’Ac, étouffant un rire en entendant l’accent de Childéric..

     - Où en est-on, avec les Lombards ? demandé-je.

     - Nous afons pessoin t’un croupe pour infiltrer et tuer le commantement ! Sans les ortres fenus de terrière, ils ne safent pas où aller ! Fous safez comment faire ?

     - Oui, Childéric ! dis-je. Regarde !

     Et sous ses yeux ébahis, je me mets à virevolter autour de lui.

      Je le soulève avec moi, et lui dis :

     « Nous allons monter, et voir où est l’ennemi ! »

     Et en le soutenant, nous montons à plusieurs centaines de pas au dessus du camp, nous avons une vue sur toute la région et sur les troupes ennemies ! Nous constatons qu’elles bivouaquent à quelques lieues de nos positions, et qu’elle sont bien plus nombreuses que nous !

     Une fois de retour au sol, Childéric se remet de ses émotions.

     « C’est Formitaple ! Quel est ce poufoir ? Fous êtes tes sorciers, ou le Tiaple !

     - Que nenni ! dis-je. Notre pouvoir vient d’une plante dont nous avons le secret ! Je vais te faire profiter de cette plante, et tu auras dans une heure les mêmes pouvoirs, Childéric ! Cette nuit, nous irons avec toi en repérage au dessus de leurs campements, semer la panique en décochant quelques flèches !

     - C’est fantastique ! C’est le Ciel qui fous enfoie !

     - On peut dire cela, mais cela n’a rien de magique, ni de divin ni de démoniaque ! C’est juste une connaissance de certaines plantes ! Viens, trouvons un endroit qui puisse être dans l’obscurité totale, tu vas dormir une heure, et après, on va s’amuser aux dépends des Lombards ! »

     Nous trouvons une cave sombre, et Childéric s’endort…

     Le soir venu, après le souper, plus que frugal, nous sortons du campement à pied.

     « Soyez Fichilants ! Nous refennons bientôt ! Ne nous tirez pas dessus ! » dit Childéric. 

 

     Nous partons vers le bois, Clément Sandre, Jean d’Ortega, Childéric Germain, Pierre d’Ac, Jean Desforest, Albert Visle et moi, Jacou Artz, équipés chacun de notre arc et de deux carquois pleins de flèches. Et nous décollons dans le noir.

     « Reste derrière moi, Childéric ! dis-je mentalement. Nous avons le pouvoir de voir la nuit ! je te  guiderai ! Pierre d’Ac, tu suivras Jean d’Ortega, Jean Desforest et Albert Visle, vous suivrez Clément Sandre. »

     Arrivés au dessus du campement lombard, peuplé de bien cinq mille soldats, nous repérons facilement les tentes de commandement, entourées de flambeaux les éclairant comme en plein jour. Des gardes, quatre par tente, filtrent les entrées. Seuls les haut gradés peuvent y pénétrer , et les espions…!

     Mentalement, je donne l’ordre de tuer les gardes, tente après tente. Personne ne se rend compte de la situation, jusqu’à la relève de la garde, qui sonne l’alerte !

     Une effervescence s’empare alors de tout le campement, les soldats courent dans tous les sens.

     Nous attendons, patiemment, hors de vue dans le noir de la nuit, qu’un gradé sorte, pour le cribler de flèches !

     Nous arrivons à en décimer dix, ainsi que des soldats qui se trouvaient dans les tentes, des espions, probablement, créant la panique au sein du camp.

     Ils ont vite compris que le danger vient du ciel, et les archers tirent des flèches enflammées pour éclairer la nuit. Nous dévions alors ces flèches vers les tentes qui s’embrasent instantanément, les occupants jaillissent précipitamment, et sont fauchés dès leur apparition.

     Childéric est heureux !

     « Ach ! Tu tir à la ciple, comme à l’entrainement ! » Sauf qu’il faut éviter les flèches tirées aveuglément.

     Nous avons tiré près de cent flèches, et toutes ont fait mouche !

 

     D’un commun accord, nous rentrons enfin, nous n’avons plus que quelques flèches, que nous tirons sur les gardes autour du campement, sur les tours dressées aux quatre coins.…

     Le retour se fait sans problème, Le campement est ravagé, les tentes brûlent pour la plupart.

     Nous retournons alors près de notre campement, et terminons à pied, nous faisant reconnaître par les gardes en faction.

     « Nous avons mis le Téssortre ! » Annonce fièrement Childéric à Pepin. Il lui raconte comment, grâce aux pouvoirs de ce renfort, mais sans donner de détails, il a éliminé des dizaines d’ennemis à lui tout seul. Et chacun a fait pareil !

     Peu de temps après, des espions relatent le camp ennemi en feu, des dizaines de tués, dont beaucoup de gradés, corroborant les explications de Childéric.

     « Demain matin, dis-je, j’irai avec Clément et Jean d’Ortega voir ce qu’il en résulte ! Mais ils ne vont pas dormir cette nuit ! » ajouté-je en riant. 

     Le roi Pépin se rend compte que ce renfort est bien plus que quelques hommes ! Il a l’intuition qu’il va gagner cette bataille ! Il renforce la garde, et envoie plus d’observateurs.

     Nous allons nous coucher, demain sera la journée décisive !

 

     Le lendemain matin, je sors de la tente nu, mais vu les rares regards que j’ai croisé, j’enfile rapidement une tunique ! Clément et les autres se lèvent aussi. Les voyant sortir nus, je leur conseille de s’habiller quelque peu !

     Après un petit déjeuner tout aussi frugal que le dîner de la veille, nous partons à pied Clément, Jean et moi. Une fois dans le bois, nous tombons nos tuniques, et bientôt, un observateur n’aurait vu que trois arcs et trois carquois virevolter à quelques pieds de hauteur dans l’air.

     Invisibles, nous laissons nos armes derrière un bosquet, et pénétrons dans l’enceinte du campement.

     L’effervescence est à son comble ! Les troupes se réunissent et s’organisent, les nouveaux commandements sont désignés.

     Nous décidons d’étêter ces troupes, et une fois nos arcs récupérés, nous trouvons un point de tir entre les rochers, où nous pouvons cacher nos arcs.

     Nous tirons sur les donneurs d’ordre, semant la panique dans les rangs ennemis.

     « Général ! Général Seminati ! On nous attaque ! » dit un soldat, avant qu’une pointe de flèche apparaisse entre ses yeux.

     Nous repérons le Général Seminati, manifestement le chef des armées lombardes !

     Trois flèches dans le thorax font reculer puis s’écrouler le Général, ses aides de camps se précipitent vers lui, et tombent foudroyés sur ou à coté de lui.

     Un archer a repéré l’origine des flèches et ordonne d’attaquer les rochers qui nous servaient de cachette, avant qu’une flèche ne le fasse taire à jamais.

    Nous abandonnons nos arcs sur place et nous envolons au dessus du camp, les soldats trouvent les armes, mais pas les archers ! Et pour cause, nous nous sommes posés derrière eux, et nous avons ramassé les arcs des archers abattus pour cribler de flèches les archers à l’attaque du rocher. Puis nous nous déplaçons à nouveau, faisant mouche à chaque tir, avec les propres flèches des ennemis.

     Quelques tentes de commandement ont été remontée, nous les incendions en transportant à distance des rondins de bois en flamme, retirés des brasiers qui pullulent dans le campement.

     Nous embrasons toutes les grandes tentes, plus d’une centaine,  qui abritent les troupes, et bientôt tout le camp ennemi est en flamme !

     Les troupes survivantes, privées de chef, sont vouées à elles-mêmes.

     Bientôt, plus une tente n’est debout, les réserves de fourrages et de nourriture sont aussi la proie des flammes ! Quelques ordres émanent mais ce sont leurs derniers ordres, des flèches dans le cœur ou dans l’oreille mettent bientôt fin aux palabres.

     Notre dernière action est de lâcher les chevaux parqués dans le campement, plus de deux cent chevaux, montures des gradés, ou tirant les chariots de ravitaillement ou d’armes , les armes lourdes, Onagres, balistes et trébuchets sont dirigées sur les brasiers. Nous faisons galoper les chevaux vers l’Ouest, vers de grandes étendues de prairie, et ils s’éparpillent dans tous les sens.

     Les soldats qui leur courent derrière ne courent pas loin !

     Les troupes ennemies ne savent plus que faire ! Plusieurs groupes s’en retournent vers le Sud, désertant le camp.

     Nous laissons le camp dans un piètre état, des centaines de cadavres jonchent le sable rougi.

    Nous récupérons notre armement, laissé là derrière le rocher, puis, une fois de retour dans le bois, nous enfilons nos tuniques et retournons dans le camp de Pepin.

     Une fois récupérés des carquois remplis de flèches, Childéric et nos compagnons de Mettis nous rejoignent, et nous retournons, habillés cette fois, dans le bois d’où nous décollons.

     En formation en ligne, nous tirons nos traits depuis une hauteur inaccessible aux flèches lombardes, mais les nôtres, la gravité aidant, font un carnage parmi les troupes !

     Nous avons vidés nos carquois, trente flèches chacun ! Plus de deux cent ennemis sont à terre ! Nous repartons, à cours de munition.

     « Nous refientrons tantôt ! » annonce Childéric, qui se plaît à ce jeu de tir sans risque et à tous les coups gagnant !

      En arrivant dans le camp, marchant depuis le bois, nous sommes regardés par les troupes d’un drôle d’œil.

     Des espions ont raconté nous avoir vu voler, mes compagnons et moi, et tiré sur l’ennemi depuis le ciel ! la nouvelle a bruit dans tout le campement !

     Le roi Pepin nous fait mander dans sa tente.

     « On me narre vos exploits ! Quelle est cette fable ? Il parait que vous volez !

     - Oui-da ! Nous volons ! dis-je, c’est un de nos pouvoirs ! Mais nous ne sommes pas des sorciers, ni des diables, ni nanti d’un pouvoir divin ! Notre pouvoir vient de la connaissance de certaines plantes qui poussent dans une grotte secrète.

     - Grâce à elles, nous avons encore liquidé plus de deux cents ennemis ! dit Pierre d’Ac.

     - Oui Sire ! ajoute Childéric. Nous folons ! Te là-haut, nous tuons nos ennemis, nous sommes infinciples ! et pour montrer à son Maître qu’il ne ment pas, il décolle devant lui, et fait le tour de la tente, puis se repose devant lui.

     - S’ils ne comprennent pas, dit Clément, et qu’ils restent, ou pire, qu’ils tentent une attaque, ils seront tous morts d’ici deux jours ! Nous en avons déjà vu qui désertent, des factions entières rebroussent chemin vers le Sud ! A pied ! Nous avons fait fuir tous leurs chevaux ! leurs armes tractés, balistes, onagres et trébuchets ne sont plus que cendres.

     - Nous retournerons d’ici quelques heures, dis-je, que vos espions viennent nous informer d’éventuels mouvements de l’ennemi !

     - Ils n’y manqueront pas ! dit le roi. Je fait transmettre la consigne !

     - Ils vont avoir besoin de chevaux ! dit Pierre d’Ac. Je n’ai pas à vous donner d’ordre, mais je suggère que vous protégiez les vôtres, et renforciez les équipes de gardes ! je peux vous allouer mes deux compagnons, Jean Desforest et Albert Visle, qui pourront surveiller d’en haut les mouvements et les éventuelles approches des Lombards. En outre, nous avons le pouvoir de communiquer entre nous par la pensée, nous serons aussitôt prévenus.

     - Nous sommes à vos ordres, majesté ! disent les deux gardes de Mettis.

     - Merci Maître d’Ac pour votre proposition ! dit le roi. J’y adhère volontiers !

     - Après le déjeuner, nous irons à nouveau, dis-je, et nous tenterons de leur faire entendre raison, et de renoncer à conquérir la Bourgogne !

     Après le déjeuner, toujours aussi frugal, je vais voir le cuisinier du camp pour lui demander d’augmenter les portions des troupes !

     Il me retorque que vu ce qu’on lui paie pour nourrir les soldats, il ne peut faire mieux !

     Je fais donc une enquête, auprès de l’argentier du roi, qui alloue les subventions au cuisinier.

     Il s’avère que ce dernier, Georges Bauk, s’en met plein les poches, en réduisant de façon drastique les portions qu’il sert à la troupe ! Au vu de ce qu’il touche par repas, nous devrions avoir du mal à finir nos assiettes, or, nous sortons de table en ayant encore faim !

 

     Je décide donc de me rendre invisible, et de surveiller les allées et venues du cuisinier.

     C’est justement le jour de la dotation de l’argentier.

     Le cuisinier reçoit six As par jour et par homme, ce qui lui fait une manne de douze mille As, mille Deniers, cent Sous, soit cinq Livres-or par jour pour nourrir la troupe de deux mille hommes. Il touche pour la semaine à venir quarante livres.

     Je le vois prélever trente Livres et les mettre dans un coffre dans ses quartiers, sous la tente de cuisine. Un peu plus tard, un des espions du roi, José Pazyallé, vient le rejoindre, et se fait remettre les trente Livres, et s’en va à cheval, quittant le campement. Je le suis, en volant, toujours nu et invisible, et le vois se diriger vers le campement ennemi, ou il rencontre un homme et lui remet les trente Livres.

 

     Puis, il retourne au camp du roi, et ne signale pas, alors que je les ai vu, donc lui aussi, que les troupes ennemis se sont mises en marche vers l’Ouest, peut-être pour contourner l’armée du roi ! J’appelle Jean d’Ortega à la rescousse, invisible, pour qu’il surveille l’espion, et Clément pour qu’il suive le cuisinier..

 

     Je retourne alors dans le camp ennemi, et repère facilement le porteur des trente Livres, qui font quand-même un poids certain !

     Je décide alors de confronter le cuisinier traitre, l’espion et ce porteur, je l’emmène dans les airs, au vu des troupes ennemis qui voyant cet homme s’envoler se demandent ce qui va encore leur tomber dessus !

     Je retrouve Jean qui m’indique que l’espion est dans la tente de Pepin, et, toujours invisible,  je jette le porteur et ses trente livres au pieds du roi.

     L’espion est sidéré !

 

     Le temps d’enfiler une tunique que j’avais judicieusement laissée près de la tente royale, et je fais mon entrée.

     « Sire ! votre espion, José Pazyallé,  est un traitre à la solde de l’ennemi ! Cet homme, porteur de trente Livres-or, les a reçues de l’espion, qui lui-même les a obtenues de Georges Bauk, le cuisinier !

     - Cet homme ment ! Proteste José Pazyallé, je n’ai jamais donné d’or à cet ennemi !

     Et pour ne pas qu’il parle, il sort un glaive et veut lui trancher la gorge. C’est sans compter sur Jean, qui, toujours invisible, lui bloque le bras, et lui fait lâcher son arme.

 

      Sur ma demande, Clément emmène de force le cuisinier chez le roi.

     - Alors ! demandé-je. Explique-toi, Georges Bauk ! Je t’ai vu remettre de l’or à cet espion ! D’où vient cet or ?

     - Tu te trompes ! Je n’ai jamais remis d’or à cet homme !

     - Alors, tu dois encore avoir les quarante Livres que vient de te donner l’argentier ! lui dis-je.

     - Heu, oui, non, heu…

     - Sire ! Ajouté-je, les troupes ennemies font mouvement vers l’Ouest . Votre espion n’en a rien dit !

     A ce moment, Jean Desforest, qui surveille d’en haut les ennemis,  me confirme par la pensée les mouvements des troupes lombardes vers l’Ouest.

 

     - Allez me chercher l’interprète Lombard ! je veux connaître la version de cet homme ! dit alors le roi.

     L’interprète arrive, et traduit les questions que Pepin lui demande.

     - Comment t’appelles-tu ?

     - Je suis Guiseppe Baldi, assistant de l’argentier du général Seminati.  Mais le général est mort !

     - Qui commande maintenant votre armée ?

     - Le capitaine Gorgio Amadi, c’est le plus haut gradé survivant !

     - D’où vient l’or que tu avais sur toi ? Réponds si tu ne veux pas mourir maintenant !

     - C’est cet homme, José Pazyallé, qui me l’a donné ! dit le Lombard, en désignant l’espion supposé du roi.

     - Est-ce la première fois ?

     - Non, nous avons rendez-vous une fois par semaine !

     - Pourquoi te donne-t-il autant d’or ?

     Il a fait un pacte avec le général Seminati ! Avec l’aide de Georges Bauk, il monnaye des terres bourguignonnes que le général leur cédera, une fois maître de la Bourgogne ! Le cuisinier doit affaiblir les troupes, mais sans se faire remarquer ! C’est pour cela qu’il fait des petites rations ! Moi je suis juste l’intermédiaire qui ramène l’or au général Seminati.

     - Cet homme ment ! je ne le connais pas ! dit José Pazyallé l’espion.  Et lui aussi ! me désignant. Il n’y a pas de mouvement de troupes !

     - Pourtant, mes hommes confirment ! dis-je. Il suffit ! Sire ! faîtes mettre ces deux traitres aux fers au cachot. Relâchons Guiseppe Baldi, pour qu’il transmette un ultimatum au capitaine Gorgio Amadi.

     - Oui-da, Jacou ! Faisons cela ! dit le roi. Et tandis que les deux traitres sont emmenés au cachot, je dicte le message à destination du capitaine des Lombard.

     - Tu diras à ton capitaine qu’il change de direction et qu’il retourne en Lombardie, sans quoi nous massacrerons tous ses hommes et lui avec ! Si dans une heure, les troupes Lombardes n’ont pas changé de direction, nous attaquons ! Vas ! Nous te donnons un cheval. »

     Et par la pensée, je demande  à Jean de le suivre, voir si effectivement il transmet le message.

     Guiseppe Baldi s’en retourne brides abattues, et a tôt fait de rejoindre le capitaine Amadi, marchant en tête des troupes lombardes.

     Jean me relate que les Lombards ont fait halte. Peu de temps plus tard, toute l’armée lombarde fait demi-tour, et se dirige vers leur ancien campement. Le messager revient au galop vers le camp du roi Pepin.

     Il arrive devant le camp, je demande aux gardes de le laisser passer.

     « Le capitaine est d’accord avec votre ultimatum, Sire, il retourne en Lombardie avec son armée ! Il te demande de les laisser rentrer en Lombardie.

     - Soit ! Qu’il revienne à son campement, qu’il enterre ses morts, et nous lui donnons des chevaux et des chariots pour transporter ses blessés ! 

     - Vous êtes magnanime, Sire ! » Et Guiseppe Baldi retourne auprès du capitaine lombard.

     Ainsi s’achève la bataille des Marches de Bourgogne, par la défaite et la capitulation de l’armée lombarde, et la victoire du roi Pépin.

 

     Quelques jours plus tard, alors que toutes les troupes se gavent de nourritures dont le traitre les avait privées, grâce au cuisinier en second, promu cuisinier en chef, les Lombards se sont mis en route, avec leurs blessés, vers le Sud du royaume. Jean Desforest et Albert Visle les suivent d’en haut, la Lombardie est à cent lieues au Sud, il leur faudra bien douze à quinze jours pour y arriver !

 

     Le roi, après avoir désigné quatre de ses soldats loyaux pour suivre l’armée lombarde, et lui retranscrire tous ses faits et gestes, a convoqué son état-major, ainsi que mes compagnons et moi.

 

     « Messieurs ! Nous avons gagné cette bataille, et vaincu les Lombards ! Et cela, sans perdre un seul homme ! Cela n’aurait pas été possible sans le renfort de Jacou Artz, Clément Sandre, Jean d’Ortega et Pierre d’Ac, et ses deux compagnons Jean Desforest et Albert Visle. Ceux-ci sont encore en mission, ils surveillent l’armée lombarde, qu’elle retourne bien chez elle ! Nous allons lever le camp, et rentrer en Neustrie, en passant par l’Austrasie, pour raccompagner nos héros chez eux ! Puis nous irons aux Portes de Bretagne.

 

     Que l’on désigne une avant-garde pour nous permettre de bivouaquer en route ! 

     - Sire, nous sommes à cent lieues de Strateburgo, dit alors Clément Sandre. Je peux partir en avant, et vous organiser un bivouac au Blauersland, la communauté dont je fais partie ! Nous y préparerons votre arrivée ! Vous devriez arriver en dix jours !

     - Fais, mon bon Clément Sandre ! Nous bivouaquerons au Blauersland ! 

     - Je ferai le voyage avec Jean d’Ortega, s’il veut bien se joindre à moi ! 

     - Volontiers ! répond Jean, je te suis, Clément !

 

     Aussitôt, Clément et Jean prennent  congé de nous, et s’envolent vers Strateburgo.

 

     - Que l’on envoie des messagers vers St Denis, pour annoncer notre victoire sur les Lombards ! ajoute le roi. Il nous faudrait un autre bivouac entre Strateburgo et mon fief de St Denis !

     - Sire ! dis-je, je peux essayer de vous organiser cela, il y a un village, où j’étais déjà, qui pourrait accueillir les troupes sans trop de difficultés ! Il s’appelle Durandalem !

     - Vas, Jacou Artz ! dit Pepin.

     - Sire ! Si fous permettez, ch’irai afec Chacou à Turantalem ! Dit alors Childéric. Mon intuition me ticte ce foyache !

     - Vas ! Je te permets de me laisser, Childéric, Tu m’as déjà bien servi, tu as droit à ta liberté ! Nos troupes sauront me protéger !

     - Et je reste avec vous, sire, dit Pierre d’Ax, pour couvrir votre majesté ! »

 

Chapitre VI     Durandalem

 

- Arrivée au village

- Installations à Durandalem

- La venue du roi Pepin

- La célébration des mariages

- La vie en Austrasie en 745

- Une ombre dans le ciel

- La bataille de Krypto

- Retour à Durandalem

-  FIN

 

 

Arrivée au village de Durandalem

 

     Peu de temps plus tard, nous nous envolons, Childéric et moi, vers l’Austrasie et le village de Durandalem.

     Nous arrivons dans la soirée, et nous posons dans la forêt, à l’Est du village, pour terminer notre voyage à pied.

     Nous sommes remarqués par les habitants du village, des étrangers qui viennent à pied, c’est pas commun !

     Nous nous rendons à l’auberge, accueillis par une jeune fille.

 

     « Bonjour messieurs ! Que puis-je pour vous ?

     - Bonjour jolie demoiselle ! Je suis Jacou Artz, et voici Childéric Germain. Nous voudrions rencontrer le bourgmestre de Durandalem, nous ne le connaissons pas !

     - Enchantée ! Moi je m’appelle Clothilde, je suis la fille de l’aubergiste, Victor Warndt. Le bourgmestre, c’est Jean Koch, le boucher ! Vous le trouverez dans son échoppe, un peu plus loin.

     - Merci Clothilde ! dis-je. Nous y allons !

 

     En arrivant dans l’échoppe, Un homme grand aux cheveux grisonnants nous accueille.

     - Bonjour messieurs ! Vous désirez ?

     - Je suis Jacou Artz, et voici Childéric Germain, nous sommes des messagers du roi Pepin.

     - Je suis Jean Koch, le bourgmestre et boucher du village. Et voici ma femme, Gisèle.

     Le roi ! Il va venir ici ?

     - Cela dépend de vous ! Nous cherchons un bivouac pour le roi et ses troupes, près de deux mille hommes, d’ici une quinzaine de jour. Pourriez-vous vous organiser pour sa venue ?

     - Deux mille hommes ! Pour manger et dormir ! Ce sera un honneur que de l’accueillir à Durandalem ! Mais cela va coûter des sous ! Nous ne sommes pas riches, au village !

     - Ne vous inquiétez pas ! nous prenons en charge tous les frais !

     - Je dois encore en discuter avec les villageois, c’est une décision collective ! Venez, nous allons à l’auberge, je fais mander tout le monde pour la soirée ! Alvin, mon fils de vingt cinq ans, va convoquer tout le monde à l’auberge pour ce soir !

 

     Nous retournons à l’auberge, Victor Warndt, l’aubergiste,  est derrière son comptoir.

     - Victor, voici …et se tournant vers nous, nous fait signe de nous présenter.

     - Jacou Artz et Childéric Germain !

     - Ils sont les messagers du roi Pepin, qui va passer par ici d’ici quinze jours ! Le roi voudrait rester un peu à Durandalem !

     - Enchanté ! dit Victor. Je suis Victor Warndt, l’aubergiste, et voici mon épouse Adèle, et mes filles, Elvire, vingt deux  ans, Berthe, dix sept ans et Clothilde, seize ans .

     C’est un honneur pour nous ! mais pourquoi notre village ? Il y a-t-il une raison précise ?

     - A vrai dire, dis-je, le roi ne connaît pas ni l’Austrasie, ni Durandalem ! Ce choix m’appartient, je suis venu ici il y a huit ans déjà, et suis tombé sous le charme !

     - Pourquoi êtes-vous venu il y a huit ans ? dit Victor. Il n’y a pas d’intérêt à Durandalem !

     - Si ! dit Childéric Germain. Tes cholies filles ! ajoute-t-il en souriant aux filles de l’aubergiste.

     - Germain ? demande Jean Koch.

     - Childéric vient de Germanie, oui, précisé-je, mais il est l’aide de camp du roi Pepin ! Il comprend et parle très bien notre Langue, il perdra son accent !

     Je suis donc venu ici il y a des années avec mon maître Sirius, un chaman Maya, pour rencontrer Merlin, celui que vous appelez le sorcier, qui habite sur la colline, au Sud du village.

     - Que lui vouliez-vous ? demande Victor, curieux.

     - Savoir ce qu’il pouvait nous dire de la grotte sur la colline Nord, et des plantes qui s’agitent devant. Il était mourant !

     - En effet, il est décédé il y a huit ans maintenant ! Vous a-t-il dit de quoi il retourne ?

     - Oui, il nous a aussi dit que son disciple, un certain Edmond Bauer était devenu fou en entrant dans la grotte !

 

     A ce moment, un homme costaud accompagné de deux jeunes gens arrive à l’auberge.

     - Edmond Bauer est mort l’an dernier. Je suis Ferdinand Bauer, son frère. 

     - Ferdinand, dit Jean, voici les messagers du roi, le roi va venir ici quelques jours !

     - Je suis Jacou Artz, et voici Childéric Germain.

     - Enchanté ! Je suis Ferdinand Bauer, voici ma fille Berthe, vingt deux ans, et mon fils Le Fernand, dix sept ans.

 

     Childéric est comme paralysé en voyant Berthe. Elle aussi rougit en regardant Childéric.

     - Chacou ! dit Childéric en balbutiant. C’est elle ! Celle que ch’ai fu dans mes rêfes ! C’est elle !

     Et s’approchant d’elle, il ressent comme une chaleur l’envahir, Berthe ressent la même chose ! Il lui prend les mains, et l’embrasse doucement sur la bouche.

     - Ho ! Hé ! dit Ferdinand, mais il lui fait la cour, ce Germain !

     Sans prêter attention à ce que dit le fermier, les deux amoureux sortent de l’auberge, Berthe l’entraine vers la ferme, et il disparaissent.

     - Ah ben ça alors ! dit Ferdinand, elle est forte celle-là ! Quelque peu agacé par ce comportement douteux.

     - Childéric est l’aide de camp du roi Pepin ! dit Jean.

     - En chemin, dis-je, il m’a dit être attiré par cet endroit, une fille l’attend ! m’a-t-il précisé ! Je crois bien qu’elle n’attend plus ! Croyez-vous au destin, Ferdinand ?

     - Ben là, oui ! Je crois que je vais avoir un gendre ! dit Ferdinand en rigolant, faisant rigoler toute l’assistance.

     Les gens du village arrivent les uns après les autres.

     Jean fait les présentations.

     - Voici Roger Schmidt, le forgeron, son épouse, Noelle, et son fils Robert, quinze ans.

     Gaston Wald le bûcheron, son épouse Emilie, son fils Michel , vingt deux ans, et sa fille Béatrice, vingt-et-un ans.

     Louis Muller le meunier, son épouse Alice, et son fils P’tit Louis, dix sept ans.

     Gustin Hune, éleveur de volailles, et son fils Clovis, dix sept ans.

     Adolf et Marie Pferd, éleveur de chevaux, et leurs fils Émile et Rémi, des jumeaux de dix sept ans.

     Daniel Pepin, le rémouleur, sa femme Josy, leur fille Elvire, vingt deux ans, et leur fils Denis, vingt ans.

     L’abbé Paul Angst, notre jeune curé de vingt cinq ans.

     Albert Beten le diacre, et ses filles Germaine, vingt sept ans et Gertrude, vingt deux ans.

     Georg Bour, et son épouse Laure, palefreniers chez les Pferd.

     Albert Stein, tailleur de pierre, son épouse Bernadette, et ses fils, Joseph, douze ans, Pierrot sept ans, et Claude, six ans.

     Norbert Rock, tailleur de pierre, son épouse Fabienne, et ses filles Giselle, six ans, et Marie, cinq ans.

     Jean-Claude Kaas, notre apothicaire, son épouse Élise, son fils Claude, sept ans, et sa fille Line, quatorze ans.

     Gus Hair le barbier, sa fille Berthe, dix huit ans, son fils Georges, quinze ans, et sa fille Rosine, sept ans.

     Mesdames et Messieurs, vous êtes toutes et tous là ! Merci de vous être déplacés ! Voici Jacou Artz, messager du roi Pepin, son compagnon Germain, Childéric, est parti avec Berthe Bauer se promener dans le village. Peut-être les avez-vous croisé ! Childéric est l’aide de camp du roi !

     Le roi va passer à Durandalem d’ici quinze jours, à la tête d’une armée de …de…

     - Deux mille hommes ! dis-je.

     - Oui ! Reprend Jean Koch. Il va rester un temps à Durandalem, nous allons toutes et tous nous occuper de son bien-être au village !

     - Je reconnais quelques jeunes dis-je, que j’ai rencontré il y a huit ans, quand je suis venu à Durandalem. Vous êtes maintenant des adultes !

     - Oui ! on se souvient ! disent plusieurs jeunes. Tu avais dit que tu reviendras nous apprendre à tirer à l’arc ! dit Michel Wald.

     - Merci de me tutoyer ! je préfère aussi et si cela ne dérange personne, je vous tutoierai aussi. Oui ! J’ai fait cette promesse ! Me voilà ! Si vous voulez, je vais rester quelques temps ici, en attendant Pepin, et nous tirerons à l’arc ! Le meilleur archer au monde, c’est Childéric Germain, mais comme il est amoureux, je ne sais pas s’il pourra encore tirer, du moins à l’arc !

     Et toute l’auberge s’esclaffe, comprenant bien l’allusion.

     - Tu ne m’as pas dit ce que le sorcier t’avait dit quand tu l’as rencontré ! Tu étais bien jeune, il y a huit ans ! reprend Victor.

     - J’avais quatorze ans. Il nous a parlé, à mon Maitre Sirius et à moi, des pouvoirs que procure la plante devant la grotte, et de la visite funeste d’Edmond Bauer à l’intérieur. Je viens de Mettis. Mon père est médecin, et ma mère est herboriste. Je m’intéresse aux plantes, je suis moi-même médecin et herboriste.

     J’étais le disciple de mon Maître Sirius, un grand chaman Maya, qui m’a enseigné la médecine, et la connaissance du monde, des étoiles et des forces de la Nature, j’ai ensuite été le disciple de mon père Joseph Artz, à Mettis, et ma mère Adélaïde m’a enseigné ce qu’elle sait des plantes. Les plantes ont, pour la plupart, des pouvoirs de guérisons ou de bienfaits sur notre corps, la connaissance de celles-ci est importante ! La plante de la grotte, la trémulonde, c’est ainsi que je l’appelle, permet de communiquer par la pensée ! »

     Je me garde bien de parler des autres pouvoirs qu’octroie la plante, la télékinésie, le vol, et l’invisibilité.

    «  Si vous m’acceptez, je voudrais m’établir à Durandalem pour approfondir mes connaissances de cette plante, et d’autres que j’ai repéré dans le marais, en le longeant en venant. Je pourrais aussi exercer mon art, qui est de soigner les gens !

     Tu dis avoir longé le marais, dit Jean. Tu es venu à pied, donc ! D’où viens-tu ?

     Nous avons fait ce voyage, Childéric et moi, par chariots, de ville en ville, depuis Lugdon, où nous avons combattu et repoussé les Lombards. Le dernier chariot nous a mené jusqu’au bourg voisin, Naborum. Pensez-vous que je puisse m’installer ici ?

     - Et pourquoi pas ! dit Jean. Quelqu’un ici s’oppose-t-il à ce que Jacou Artz s’installe à Durandalem ?

     - Soignes-tu aussi les bêtes ? demande Adolf Pferd.

     - Certes ! Bien qu’elles ne peuvent pas me dire quels sont leurs maux, quelques examens me permettent de les guérir !

     - Un médecin au village, ça peut être une aubaine pour tout le monde ! dit Bernadette Stein.

     Et tout le village approuve.

     - Bien, dit Jean Koch. Qui est contre ? Personne ? Alors, c’est décidé à l’unanimité ! Jacou, sois le bienvenu à Durandalem ! Il y a un terrain disponible à coté de l’auberge, Nous pouvons y construire une maison qui te servira de cabinet médical ! Mais il va te falloir nous montrer tes talents de médecin ! »

 

     «  Magnifique ! dis-je. J’ai de l’or pour payer les hommes et les matériaux. Je peux faire venir des pierres du Blauersland, non loin de Strateburgo !

     - Pourquoi aller chercher si loin ! dit Albert Stein. Nous avons une carrière ici, sur la colline au Sud, il y a tout ce qu’il faut pour ta maison !

     - Et suffisamment de bois pour la construire ! dit alors Michel Wald, n’est-ce pas, père !

     - Assurément ! confirme Gaston Wald.

     - Alors c’est dit ! reprend Jean Koch. Nous commencerons demain !

     - Je te donne une chambre dans l’auberge, dit Victor Warndt, ainsi qu’à ton compagnon Childéric !

     - Je te remercie, Victor ! Ainsi que vous toutes et tous, de m’accueillir en votre communauté ! N’hésitez pas si quelque mal vous ennuie, à me consulter ! je suis à votre disposition !

     - Mais le roi, dit alors Roger Schmidt, laisserait- il son médecin, en quittant le village ?

     - Je ne suis pas le médecin du roi, mais un de ses soldats, archer, et bien qu’il ait la plus haute estime de mes capacités, il me laissera ici sans problème !

     - Tout cela m’a donné soif ! dit Victor. J’offre la tournée générale pour fêter l’arrivée du roi Pépin, et aussi pour l’arrivée d’un médecin au village ! Longue vie au roi ! »

     Et toute l’assemblée, verre à la main, reprend en chœur :

     « Longue vie au Roi ! Bienvenue Jacou ! »

 

     La soirée se prolonge, plusieurs tournées, dont la mienne, sont offertes aux habitants, certains commencent à donner des signes d’ivresse. Ferdinand Bauer se demande ce que font sa fille Berthe et Childéric, bien qu’il s’en doute !

     « Je trouve que ton compagnon est bien long à revenir ! dit-il à mon encontre.

     - Je vais lui demander ! dis-je, nous savons communiquer par la pensée, s’il n’est pas trop loin !

     Peu de temps plus tard, je dis :

     - Berthe et Childéric sont sur le chemin, ils arrivent !

     Effectivement le couple est devant la porte.

     - Voici mon compagnon Childéric Germain, dis-je. Le meilleur archer du monde et l’aide de camp du roi Pepin !

     - Merci Chacou ! Ponsoir à fous toutes et tous !

     - Père ! dit Berthe Bauer, les yeux encore brillants des ébats qui les ont unis, Childéric est l’homme de ma vie ! Il n’y a pas de doute ! Le destin est ainsi fait qu’il rapproche ceux qui s’aiment ! je veux épouser cet homme !

     - Voilà qui est rapide ! il y a deux heures à peine, tu ne l’avais jamais vu !

     - Si-fait ! Je le vois en rêve toutes les nuits, et je savais qu’il viendrait tantôt !

     - Hé bien soit ! C’est une demande peu courante, normalement, c’est l’homme qui demande la main de la fille ! Mais j’y consent, si toutefois Childéric y consent aussi !

     - Oui ! Pien sûr ! Che feux fifre afec elle chusqu’à la fin de ma fie ! Ch’apporterai ma tot que che vous tonnerai quand Pepin sera là, afec mes affaires !

     - Mais tu es l’aide de camp de Pepin ! retorque Ferdinand, l’oublies-tu ? Tu vas repartir avec lui et laisser là ton épouse, où l’emmèneras-tu guerroyer avec toi ?

     - Non ! Che ne fais pas repartir afec mon roi Pepin ! Che lui temanterai mon conché, et resterai avec Perthe !

     - Et s’il refuse ?

     - Il acceptera ! Che lui ai saufé la fie plussieurs fois lors te patailles en Chermanie. Che pourrai m’étaplir ici, et oufrir une échoppe t’armes, fous n’en afez pas, n’est-ce pas !

     - Effectivement ! dit Jean. Durandalemoises et Durandalemois, acceptez-vous Childéric Germain comme marchand d’armes et mari de Berthe Bauer ?

     - Oui ! clame l’assistance, déjà bien gaie.

     - Heu, dis alors Paul Angst, le curé du village, il faudra d’abord que vous vous présentiez devant Dieu !

     - Hé bien curé ! dit Ferdinand, organisez cela, pour le jour où le roi arrivera, il donnera sa bénédiction royale à cette union ! Ta défunte mère serait fière de toi, ma fille ! Moi aussi, j’offre une tournée générale pour fêter les fiançailles de ma fille Berthe et de Childéric Germain !

 

     La soirée se termine, tout le monde rentre chez soi, Victor demande à sa fille Elvire de nous conduire à nos chambres, à l’étage.

     « Père ! dit Berthe, puis-rester avec Childéric cette nuit ?

     - Tout cela est bien précipité ! dit Ferdinand. Mais tu es assez âgée pour prendre ton destin en main ! Soit ! Tu peux faire comme bon te semble !

     - Merci Père ! tu participes à mon bonheur !

     - Elvire ! dit alors Victor. Tu donneras la chambre 1 à Childéric ! Celle qui a un grand lit ! » dit-il en souriant.

 

Installations à Durandalem

 

     La construction de ma maison et de mon cabinet vont bon train ! Tout le village participe !  Avec les tailleurs de pierres Albert Stein et Norbert Rock, et le bûcheron Gaston Wald et son fils Michel ; l’âtre est installé par Norbert Schmidt, le forgeron, qui enseigne son fils Robert sur ses techniques.

     Victor a donné la grange attenante à l’auberge à Childéric afin qu’il aménage son échoppe d’armes. Avec nos aptitudes, nous aménageons facilement, mais discrètement son endroit, déplaçant d’énormes poutres pour aménager un comptoir.

     Et c’est l’inauguration du cabinet. Tout le village est en fête, et j’ai commencé à soigner certains abus d’alcool que Victor a cru bon de sortir .

     Dès le lendemain, des grandes constructions voient le jour, des tables immenses dans le grand pré, prêtes à accueillir deux mille soldats sûrement affamés !

     Adolf Pferd et ses fils, accompagnés par Childéric Germain,  sont montés à Mettis avec trois grands chariots de quatre chevaux, pour ramener des vivres et du vin, de la cervoise et autres délices en nombre suffisant.

     Oh ! Il y a bien eu des inconscients qui ont voulu s’attaquer aux chariot et à ses occupants, mais Childéric les a fait taire à tout jamais ! À Mettis, Childéric en a profité pour faire un stock d’arcs et de flèches en tout genre pour son échoppe.

 

     Ferdinand Bauer m’amène une vache qui ne donne plus de lait. Après examen, il s’avère qu’elle a brouté des champignons toxiques dans le pré, je lui prépare une potion à diluer dans l’eau qu’elle boira, ainsi que toutes les vaches. Cela devrait la guérir, et empêcher les autres vaches d’être malades !

     « Mais il faut que tu ramasses les champignons dans le pré ! dis-je. Et le lait devra être bouilli ! »

     Je rends visite à Jean-Claude Kaas dans son apothèque, pour voir quelles potions, onguents et plantes il possède.

     « Je te donnerai quelques plantes pour ton apothèque, et t’expliquerai quels sont leurs bienfaits ! lui dis-je.

     - Merci Jacou Artz ! Durandalem gagne à t’avoir en son sein ! »

 

     Pierrot Stein, huit ans, un des fils d’Albert, le tailleur de pierre, est tombé, et a mal à l’avant bras. Il s’avère qu’il a une belle entorse au poignet gauche. De la pommade et un bandage le soulagent déjà. Je dis à sa mère, Bernadette, de remettre tous les jours de la pommade, que je lui donne, et de changer le bandage. Dans quelques jours, il ira mieux, mais cela restera fragile un moment.

     En quelques jours, j’ai acquis une bonne réputation de médecin !

 

     Les jours passent, le curé Paul Angst vient faire une annonce à l’auberge.

     « Quand le roi Pepin sera là, trois mariages ! Oui ! Trois ! Ils seront célébrés le même jour !

- Berthe Bauer et Childéric Germain,

- Elvire Warndt et Alvin Koch,

- Beatrice Wald et Denis Pépin.

     Victor Warndt marie une de ses filles ! L’auberge est pleine d’invités pour les fiançailles des trois couples !

 

     Un homme arrive à Durandalem, à pied. Il m’avait prévenu de son arrivée, Jean D’Ortega est porteur d’un message du roi. Je l’accueille à l’entrée du village, je lui ai déjà dit en pensées tout ce qu’il ne doit pas montrer de ses pouvoirs !

     Je l’emmène à l’auberge, bondée.

     « Mesdames et messieurs ! dis-je. Voici Jean d’Ortega, messager du roi ! Ecoutons-le !

 

     - Le roi Pepin, après un séjour au Blauersland, près de Strateburgo,  est en route avec son armée ! Il sera ici dans trois jours ! Ses troupes d’intendance sont parties plus tôt, elles seront là demain, afin de dresser le campement.

 

     - Viens, Jean ! Je te fais visiter mon nouveau domicile !

     - Ton domicile ? tu t’es installé ici ?

     - Oui Jean ! Voici ma maison, et mon cabinet de médecin, flambant neufs ! Bien sûr, je t’héberge chez moi ! A côté, Childéric s’est monté une échoppe d’armes !

     - Lui aussi reste ici, alors ?

     - Oui ! Il est amoureux ! Il a trouvé ici la femme de sa vie ! Et il se mariera en présence du roi !

     Et Clément ? demandé-je.

     - Il reste au Blauersland ! dit Jean. Par contre, Pierre d’Ac est nommé éclaireur en chef du roi ! Ses deux compagnons, Jean Desforest et Albert Visle, revenus de la frontière lombarde, restent avec Pepin, qui les a nommés éclaireurs du roi ! Ils seront là demain, avec l’intendance.

 

     Le lendemain, en fin de  matinée, une troupe d’une dizaine de cavaliers arrive à Durandalem, et s’arrête devant l’auberge. Ce sont les éclaireurs du roi, Jean Desforest et Albert Visle, escorté par des archers, qui s’assurent de la sécurité du roi.

     Le soleil brille en cette fin d’été, et nous sommes, Jean d’Ortega, Childéric Germain et moi en train de prendre le soleil devant l’auberge, vêtus juste d’un petit pagne, et dégustant une cervoise que Clothilde, la cadette de Victor et Adèle,  vient de nous servir.

 

     « Bienvenue à Durandalem, dis-je aux cavaliers. Venez vous rafraîchir avec une bonne cervoise !

     - Ce n’est pas de refus, dit Jean Desforest, nous avons galopé toute la nuit depuis le Blauersland.

     - Clothilde ! Peux-tu tirer dix cervoises pour nos vaillants soldats du roi Pepin ?

     - Elles arrivent ! répond Victor qui vient à la rencontre des soldats.

     Et peu de temps plus tard, Clothilde apparaît avec un plateau chargé de belles cervoises fraîches, pour le plus grand plaisir des cavaliers.

     - Nous venons voir l’emplacement du campement des soldats ! dit Albert Visle.

     - Viens, Albert, dit Jean d’Ortega, je te fais voir le site prévu !

     Les deux hommes se connaissent bien, ils s’entrainaient ensemble à Mettis dans la caserne de Divodurum, et ont une estime mutuelle l’un pour l’autre.

     - Tu vois, Albert, nous avons déjà installé les tables pour nourrir tout le monde. Le roi aura sa table à l’auberge, avec ses lieutenants et sa garde personnelle.

     De ce côté, nous avons fauché le pré pour y installer les tentes pour le couchage de la troupe.

     Par contre, nous n’avons ni gardes ni soldats pour assurer la sécurité du roi. Cette tâche te revient !

     - Fort bien ! L’intendance arrive demain, nous organiserons des tours de garde autour du village dès lors. Le roi sera là dans deux jours, tout devra être en place !

     - Ce sera fait ! Viens ! Il est l’heure de passer à table. »

 

     C’est une belle tablée qui s’installe dans l’auberge, Jean Desforest,  Albert Visle, les huit archers de l’escorte, Jean d’Ortega, Childéric Germain, moi et Victor Warndt, Jean Koch, le bourgmestre de Durandalem se joint à nous.

     Nous discutons en mangeant, évidemment de la venue du roi, non sans nous rappeler nos exploits contre les Lombards et la décision, mystérieuse pour certains, de l’armée ennemie de se retirer, laissant une facile victoire à Pepin.

     Le repas est copieux, préparé par Adèle, l’épouse de Victor, aidée par ses filles Elvire et Berthe.

     « Le roi ne le sait pas encore, dit Childéric, mais che lui temanterai t’assister à mon mariache, tans trois chours, timanche prochain.

     - Vrai ? Dit Jean Desforest, Childéric, le redoutable Germain, tu vas te marier ! Et avec qui ?

     - Afec la plus pelle tes filles ! Perthe Pauer !

     - Il y aura trois mariages en tout ce dimanche ! dis-je. Elvire Warndt, ici présente qui nous a fait ce succulent repas, est du nombre !

     - Avec mon fils Alvin ! Ajoute Jean Koch. Une occasion pour tous les soldats de faire la fête !

     - Et les troisièmes ? demande Albert Visle.

     - Des enfants du village aussi ! précisé-je. Beatrice Wald, la fille du bûcheron,  et Denis Pépin, le fils du rémouleur.

     Jean Koch a fait le tour des bouchers de la région pour avoir suffisamment de viande pour la troupe, les bouchers de Naborum, de Hombourg, de Falkenberg, de Tenquin, de Laudrefang ont répondu à l’appel de Jean, les meuniers et boulangers ont aussi mis la main à la pâte, et les fermiers et maraichers ont apporté des victuailles en grand nombre. Toutes ces denrées sont entreposées dans l’arrière pièce de l’auberge, en attendant les tentes de l’intendance.

La venue du roi Pepin

 

     Le lendemain, une centaine de cavaliers et deux dizaines de chariots arrivent au village.

     Le village de tentes est monté dans le pré, les cuisines sont installées devant les tables que les villageois ont installé, les gardes ont déjà pris position autour du village, et aux deux entrées, à l’Est, venant de Naborum,  et à l’Ouest, venant de Laudrefang et de Falkenberg, faisant le tri entre les fournisseurs et les badauds qui ont suivi le convoi. Des patrouilles sillonnent les hauteurs du village, au Nord et au Sud.

     Le curé, l’abbé Paul Angst, a reçu en confessions les trois couples afin qu’ils se présentent devant Dieu sans péché.

 

     Et enfin, le jour où le roi vient est arrivé !

     Nous somme le 20 juin, et il fait chaud !

     Les premiers sont Pierre d’Ac et son escorte, suivi quelques minutes plus tard des lieutenants du roi. Puis arrive un chariot entouré de soldats, le roi Pepin est assis sur un trône sur le chariot.

     Je vais, avec Childéric, à sa rencontre, et nous allons de concert à l’auberge, où la grande salle est vide, hormis un trône au fond, agrémenté de quelques candélabres, où le roi s’installe..

     Paul Koch s’avance vers Pepin.

     « En tant que bourgmestre du village de Durandalem, C’est un honneur, sire que de recevoir votre visite dans notre humble village !

     - C’est une proposition de Jacou Artz ! » répond le roi.

 

     Chaque habitante et habitant défile pour présenter ses respects au roi.

     Childéric a son tour demande audience.

     « Que me veut mon bon aide de camp ?

     - Sire, che fous temante te me tonner conché te ma fonction t’aite te camp te fotre Machesté ! Ch’ai rencontré la femme te ma vie, ici, à Turantalem, et che fais l’épousser !

     - Voilà une nouvelle peu banale ! le redoutable guerrier Childéric se marie ! Et quand vas-tu te marier, mon bon Childéric ?

     - Temain, ici même, et ce serait un honneur pour moi que vous préssitiez la cérémonie !

     - Ce sera avec le plus grand plaisir ! Soit ! je te libère de tes attachement envers ton roi ! Tu n’est plus à mon service, tu es un homme libre !

     - Crand merci fotre Machesté ! Permettez-moi de fous préssenter ma fiancé ! elle s’appelle Perthe, la fille de Fertinand Pauer, le fermier tu fillache.

     Et Berthe vient à ses côté, et lui embrasse la main, en signe de respect et d’allégeance au roi.

     - Sire ! dit alors Jean koch, demain nous célèbrerons aussi deux autres mariages : Celui d’Elvire Warndt, fille ainée de Victor Warndt, notre aubergiste, avec Alvin Koch, mon fils, et celui de Beatrice Wald, fille de Gaston Wald, le bucheron du village, avec  Denis Pépin, le fils de Daniel Pépin, le rémouleur.

     Les deux couples se présentent devant lui, et lui embrasse la main.

     - Hé bien ! demain sera un jour faste ! Je présiderai à vos unions avec joie !

     - Voici l’abbé Paul Angst, continue Jean Koch, qui célébrera la messe de mariage. Lui aussi présente ses respects au roi.

     Je dois vous avouer, votre majesté, que ces dates de mariages ne sont pas le fruit du hasard, mais décidés par votre venue en notre humble communauté !

     - Tout cela est fort plaisant ! Aubergiste ! Sers nous à boire pour trinquer à ces heureux évènements !

     - A votre service, Majesté ! dit Victor. Elvire, à toi l’honneur de servir sa Majesté ! Ajoute-t-il.

     - J’en suis honorée ! dit-elle. Puis-je vous proposer un vin d’Austrasie, sire ?

     - Volontiers ! Voyons s’il vaut ceux de Bourgogne, et de Strateburgo, que nous avons bu récemment ! »

 

     Pendant ce temps, la troupe s’est installée dans le pré, les cuisines sont fournies en denrées et les cuisiniers se sont mis à l’œuvre pour préparer le souper des soldats.

     Le roi est à la table d’honneur, dans l’auberge, entouré de plusieurs de ses lieutenants.

     Il appelle Pierre d’Ac.

     « Pierre, chef éclaireur, je te nomme aide de camp ! Accepte-tu cette nomination ?

     - C’est un honneur, Sire ! Je vous remercie de la confiance que vous me faîtes ! J’accepte avec humilité de vous servir ! Je devrai, néanmoins veiller à mon remplacement au sein de la garde de Mettis !

     - Je peux me charger de cette tâche, Pierre ! Dit alors Jean d’Ortega. Je retourne à Mettis après les mariages.

     - Fort bien ! tu connais les hommes, qui sont tous valeureux ! Je te fais confiance pour nommer le meilleur !

     - Je vais moi-même prendre cette fonction, si tu m’en crois capable !

     - Toi, Jean d’Ortega ? Je ne pouvais rêver mieux ! Mettis a beaucoup de chance ! Tu signifieras cela au bourgmestre !

     - je n’y manquerai pas ! Longue vie à Pepin et à son nouvel aide de camp !

     - Bien ! tout est dit ! dit le roi. Mangeons, maintenant. »

La célébration des mariages

 

     Le dimanche matin, le 21 juin, jour du solstice d’été, les préparatifs du mariage vont bon train !

     La cérémonie religieuse se fera en plein air, la chapelle est trop petite pour accueillir tous les fidèles !

     Le diacre Albert Beten et ses filles Germaine et Gertrude préparent les emplacements, les trois couples, les parents de chacune et chacun, et bien sûr, le trône où siégera le roi, flanqué de sa garde en tenue d’apparat !

     Au premier rang, Les futurs époux, Berthe Bauer et Childéric germain, Elvire Warndt et Alvin Koch, Béatrice Wald et Denis Pépin.

     Le roi sera assis à droite des couples, entouré de sa garde personnelle. Il aura droit à une tente pour le protéger du soleil.

     Au deuxième rang, les parents des mariés, Ferdinand Bauer, moi, je représenterai la famille de Childéric, Victor Warndt et Gisèle Koch, Gaston Wald et Josy Pépin

     Au troisième rang, les autres parents, la mère de Berthe Bauer est hélas décédée, Et jean d’Ortega fera le deuxième parent pour Childéric, Adèle Warndt sera à coté de Jean Koch, Emilie Wald avec Daniel Pépin.

     Au quatrième rang, les frères et sœurs des mariés, Fernand Bauer, Clothilde et Berthe Warndt, Michel Wald et Elvire Pépin.

 

     L’abbé Paul Angst commence la cérémonie, par une louange au Seigneur, repris par toute la population réunie derrière les mariés. Il est assisté pour la communion de l’eucharistie des soldats par les sœurs Beten, Germaine et Gertrude, et leur père le diacre Albert Beten. Quelques soldats font aussi office d’aumoniers pour l’occasion.

     Le Kyrie, le Credo, la communion du roi puis des époux, puis des fidèles, l’échange des anneaux, et l’Alléluia final, tout cela fait une belle cérémonie !

     Le roi se lève, et va embrasser les mariées, et donne une bonne accolade à leurs nouveaux époux. Puis le cortège se dirige vers l’auberge, ou le repas de noce aura lieu, sous une ovation géante des deux mille soldats du roi en liesse.

     «  Vive les mariés ! Vive le roi ! »

     Toute la journée, les habitants font la fête avec les mariés, leurs parents, l’auberge ne désemplit pas ! Quelques soldats du roi sont venus spontanément prêter main forte au service à l’auberge, moyennant néanmoins quelques pintes de cervoise ou de vin.

     En fin d’après-midi, Victor Warndt offre à chaque couple une chambre où ils peuvent se reposer s’il veulent se reposer, au calme, Ils acceptent volontiers !

Chaque couple occupe une chambre, pour fêter leur union.

 

L’auberge est préparée pour le repas du soir.

 

     Les jours suivants, les denrées affluent encore des villages environnants, l’armée du roi fait une bonne provision de nourritures et de boissons, ils vont repartir tantôt pour le fief du roi, à St Denis.

     Le roi a bénéficié des faveurs de filles venues de Falkenberg, Notamment de Madame Claude, qui a ouvert un commerce de filles de joie dans le bourg.

     Le 25 juin, le roi quitte Durandalem, non sans avoir loué ces jours fastes où lui et toute son armée se sont reposés, enfin plus ou moins.

     Les jeunes mariés viennent saluer Pepin, puis tout le village lui fait une ovation quand il s’installe sur son trône, sur le chariot royal. On se souviendra longtemps du passage du roi Pepin !

La vie en Austrasie en 745

 

     Jean d’Ortega est retourné à Mettis, il a pris le commandement au sein de la garde de la cité, et repris ses enseignements sur la place de Divodurum.

     Il est passé par le cabinet de Joseph Artz, pour les inviter, Joseph et Adélaïde, ainsi que ses parents banquiers, les d’Ortega, à venir passer un moment à Durandalem, chez moi. Nous avons convenu du jour de l’équinoxe d’automne, le 21 septembre.

     Il assurera lui-même l’escorte des familles.

 

     Ce matin de juillet, je décide d’aller voir de plus près les leevancliffus à crète, grâce à ma vision nocturne. Childéric m’accompagne, et restera dehors, je serai attaché par un cordage pour qu’il puisse m’extraire si cela tourne mal. Je ne sais pas ce que je vais découvrir !

     Arrivé devant la grotte, je me pare des protections adéquates, j’attache le cordage et je pénètre dans la grotte, muni d’une épée et d’un sac pour faire une cueillette. La grotte est bien plus grande que ce que j’imaginais ! Elle descend en pente douce, et se sépare en plusieurs couloirs qui partent vers le Sud, l’Est et l’Ouest.

     Les leevancliffus viennent se frotter à moi, et me donnent des coups de leur queue hérissée. Ils sont une bonne dizaine qui grouillent au sol ! Ce sont des grands lézards, de bien deux pieds de long, et une queue tout aussi longue. Le dos est recouvert d’écailles et surmonté d’une crète, comme les reptiles que j’avais vus dans le ravin des montagnes mayas. La queue est munie de trois rangées de pics hérissés sur tout son long. Leurs yeux sont recouverts d’une membrane opaque, ils sont sûrement aveugles, mais réagissent à la lumière, comme en a fait l’amer expérience le frère de Ferdinand Bauer. Il ont un long museau, mais pas de dents. Leur régime alimentaire doit être végétarien.

     Au bout de cent pieds, il n’y a plus de trémulonde, une autre plante pousse en touffes épaisses, j’en prélève une touffe que je fourre dans le sac, pour qu’elle reste à l’abri de la lumière. Childéric me demande en pensée si tout va bien, me trouvant un peu long. Je le rassure, et je prends le chemin du retour vers l’entrée. Je reviendrai prélever la trémulonde plus tard, je ne veux pas mélanger les deux plantes.

     J’irai explorer plus avant cette grotte, avec Jean d’Ortega, qui maîtrise lui aussi la vision nocturne. Mais pour l’heure, avec Childéric, nous descendons la colline, je dépose le sac à mon cabinet, et nous allons écluser quelques pintes chez Victor.

     Plus tard, dans le noir, avec ma vision nocturne, je me penche sur cette nouvelle plante, elle ressemble un peu à celle du volcan de l’île Fuji, je les compare et effectivement, on dirait la même espèce de plante ! J’effectue alors un test sur une souris que j’ai anesthésié, je rase et j’incise la patte arrière, et applique dessus la feuille de la plante. Un bandage parachève l’opération.

     Deux heures plus tard, la souris est bien vivace, je retire le bandage et la feuille, et une belle cicatrice apparaît en lieu et place de l’incision !

     Quand je pense que nous sommes allés au bout du monde pour trouver la cicatrisante, alors qu’elle pousse dans la grotte à Durandalem !

Une ombre dans le ciel

 

     Nous sommes en 750. J’ai vingt six ans.

     Je suis bien établi en tant que médecin du village, et ma notoriété fait venir des malades et blessés des alentours.

     J’ai perdu la vision nocturne, et ne peux refaire la potion nécessaire à ce pouvoir sans les trémulondes des montagnes mayas et celles du mont Uluru sur la grande île des Aborigènes. Je continue néanmoins à prélever les trémulondes dans la grotte de Durandalem selon les besoins.

     Le village s’agrandit doucement, quelques mariages ont eu lieu, Berthe Hair et Pt Louis Muller, en 747, Josy Klam et Fernand Bauer, en 749, Line Kaas et Georges Hair, en 749. Des naissances sont annoncées, le village vit !

 

     Un matin d’été, alors que je suis dans le champ avec Émile Pferd à soigner ses chevaux, le ciel s’obscurcit soudain, une immense forme circulaire apparaît au dessus du champ.

     Je me dis, sans inquiétude aucune que cela pourrait être les Xantarèsiens, mes amis extragalactiques ! Émile, lui, en bon Gaulois, est pétrifié par cette chose immense surgi du ciel qui va lui tomber sur la tête !

     Un rayon lumineux descend de cette chose, et je me place instinctivement dans le rayon. Je me retrouve bientôt à l’intérieur de cette forme, en fait effectivement un vaisseau spatial !

     Émile est  horrifié en me voyant partir dans le rayon de lumière.

 

     « Salut à toi, Jacou !

     Moi qui n’ai plus eu de contact ni avec les extraterrestres, ni avec les Mayas, depuis la guerre contre les Forces Noires, je reconnais la voix de Zãk, le chaman des montagnes mayas.

     - Zãk ! Quelle surprise ! Comment se fait-il que je te retrouve ici, nu,  dans ce vaisseau ?

     - Bonjour Jacou ! dit une fille.

     Je me retourne, et reconnaît Yalip, la fille de Xocun et Yalyx. Elle aussi est nue.

     - Bonjour Yalip ! Toujours aussi belle ! Mais m’expliquera-t-on ce qui se passe ?

     « « Salut à toi Jacou ! Tu vas tout savoir ! » » dit la voix métallique de Xioro.

     - Salut Xioro ! Ta voix métallique m’a manquée !

     « « Toi aussi tu m’a manqué ! Il faut que je mette à jour tes données compilées avec Xon, si tu permets que je fouille ton esprit ! » »

     - Mais oui Xioro ! vas-y !

     - D’abord, une triste nouvelle, dit Yalip : Ton Maître, Sirius, nous a quitté subitement. Il n’était pas malade, son cœur s’est arrêté de battre alors qu’il passait du bon temps avec ses disciples Akna et Itzel.

     - Mort en faisant l’amour ! Une fin enviable ! Ainsi en ont décidé les Forces Cosmiques ! dis-je. Et comment vont mes condisciples Akna et Itzel ?

     - Elles ont organisé une cérémonie d’enfouissement à côté de son jardin de plantes au village, dit Zãk, très émouvante, et tous les chamans ont accompagné son envol vers les Forces Cosmiques avec leurs tambours. Mais elles vont te dire elles-mêmes comment elles vont !

     Et les jumelles Mayas Akna et Itzel apparaissent, nues.

     - Salut Jacou ! disent-elle en chœur.

     - Oah ! La surprise ! Mes chères condisciples ! Je suis heureux de vous revoir ! Je rêve, parfois, et vous êtes encore plus belles que dans mes rêves !

     Il est vrai que malgré leur cinquante deux ans, elles ont gardé un corps splendide !

     - Mais c’est qu’il nous drague, le beau jeune homme ! dit Itzel.

     - Et il nous le montre ! dit Akna, voyant mes braies se gonfler.

     - Mais le but de notre venue est la trémulonde ! dit Yalip. Nous avons besoin de la potion des trois trémulondes pour créer à nouveau le philtre de l’invisibilité ! Nous sommes passé par la grande île des Aborigènes cueillir des plantes dans la grotte, Zãk a fait pareil près de son village, et il nous faut, et les plantes de Durandalem, et la science que t’a inculqué Ton Maître Sirius, pour la confection de cette potion.

     - Mais quel est le but ? demandé-je.

     - Nous avons une mission pour toi, Jacou, dit Zãk. Tu sais que les Xantarèsiens ont un défaut majeur, ils émettent des ondes qui sont détectables par leurs ennemis !

     - Des nouveaux ennemis ?

     - Oui ! dit Yalip, une invasion d’êtres reptiliens évolués, les Kryptors, qui peuvent voyager dans l’espace. Ils ont envahi notre galaxie, et se reproduisent très vite ! Notre planète Xantarès regorge de ressources en eau, les envahisseurs en font une grande consommation ! Ils sont très voraces, et dévorent tout ce qui se trouve à leur portée, même les Xantarèsiens ont été leurs victimes.

     Ils sont blindés, une enveloppe extrêmement solide, même nos canons à ions ne font que les étourdir. Nous avons analysé leur mode de vie, le seul moyen de se débarrasser d’eux est de les empoisonner, ils consomment beaucoup d’eau, c’est cette eau que nous devons empoisonner ! Xon et Xioro ont synthétisé le poison, à base de cyanure, mais inodore, car ces bestioles ont un odorat développé ! Il suffit de verser ce poison dans leurs réserves d’eau, mais les Xantarèsiens ne peuvent les approcher, les Kryptors sont sensibles aux émissions de leurs rayons.

Nous avons aussi synthétisé des milliers de boules de viande qui sont pour eux une friandise, mais très salées, ce qui va les faire se précipiter sur l’eau ! Ils vivent généralement à proximité de grandes réserves, c’est par là que nous allons jeter nos boules de viandes, irrésistibles !

     « « Voici un hologramme de l’un de ces être. » » dit Xioro. Et il projette l’hologramme de la bestiole dans la pièce.

     - Il ressemble aux leevancliffus à crête des cavernes des trémulondes ! Mais en bien plus gros ! dis-je. Et il a des dents, contrairement aux leevancliffus, qui ont un régime végétarien. Ont-ils vraiment la capacité de développer une technologie galactique ?

     - En fait non ! Ils viennent d’un monde, Krypto, dans le système de Dakara. Originaires des marais au Nord de la planète, ils ont évolué, se sont multipliés, ils communiquent mentalement entre eux, et finalement ont pris le dessus par le nombre et réduit à l’esclavage les humanoïdes qui le peuplaient , les Kryptons, et ont mis main basse sur leur technologie avancée ! Ce sont des esclaves Kryptons qui pilotent leurs vaisseaux.

     Es-tu d’accord de venir sur Xantarès, à Xanrich, afin de confectionner la potion et nous aider à éradiquer cette invasion ? Akna et Itzel sont partantes !

     - Bien sûr ! Allons déjà cueillir la trémulonde ! »

     Et je suis déposé par le vaisseau à la verticale de la caverne, des équipements sont disponibles, ils ont servis sur l’île des Aborigènes et dans la montagne maya. Il y a même un glaive !

     J’ai perdu la vision nocturne, je pénètre donc à tâtons, j’écarte de la pointe métallique du glaive les reptiles qui me donnent des coups de queues sur mes jambes, heureusement bien protégées, et je cueille quelques feuilles de la trémulonde que j’enfouis dans un sac que je ferme hermétiquement. Je ressorts aussitôt, et Xioro me happe avec son rayon lumineux, et me ramène dans le vaisseau.

     « Le temps de faire mes adieux au village et je vous suis !

     « « Ce n’est pas la peine ! tu ne seras pas absent, nous avons trouvé le moyen de voyager entre le temps ! En effet, nos scientifiques ont trouvé le moyen de se déplacer dans le temps ! Nous te ramènerons ici-même, dans ce champ avec les chevaux, avant que nous n’apparaissions dans le ciel et Émile n’aura rien vu ! » »

     - Alors, allons-y ! dit Yalip, Xioro, emmène-nous à Xanrich ! 

Zãk vient vers moi, et me dit :

     - Jacou, voici quelqu’un qui est impatient de te connaître !

     Un jeune homme blond, grand, souriant, et nu, s’approche de moi. Ses traits me rappellent quelqu’un, mais je ne l’avais jamais vu. Mais en fait si ! Il s’agit du Grand Chaman !

     - Atahualpa ! Quel beau jeune homme tu es devenu !

     - Mes respect, Maître Jacou ! Je suis au fait de ma naissance, mon père Eadrich m’a tout expliqué, et Xioro m’a inculqué tout ce qu’il sait sur toi, et c’est énorme ! Je suis fier de porter tes gènes !

     - Permettez que je me déshabille ! Et je tombe mes habits. Je suis bien à l’aise ainsi ! Les us et coutumes du village ne me permettent pas de vivre nu comme au Blauersland, mais un jour, tout le village sera nudiste ! j’en ai la conviction !

     Mais je vois que vous avez adopté la nudité, à Xanrich ! dis-je en m’adressant à Yalip.

     Grand Chaman ! quelle est votre raison d'être ici ? demandé-je.

     - Oh ! Juste une expérience galactique, qui se doit de faire partie du bagage d’un bon chaman ! dit Atahualpa en rigolant.

     Ce garçon, d’à peine quinze ans, a l’air bien mature ! J’en connais un, comme ça…

     - Avec le Grand Chaman, nous allons apprendre des Xantarèsiens, leurs techniques, leurs ondes, et nous espérons trouver le lien direct vers les Forces Cosmiques ! dit alors Zãk.

     « « Nous avons plusieurs heures de voyages pour arriver sur Xantarès ! Je vous propose de vous reposer, pendant que je confectionne la potion. Jacou, Yalis Akna et Itzel  souhaitent ta présence dans la pièce en bas  » »

     - J'aurais aimé t’inviter moi-même, Jacou ! Xioro m’a devancée ! dit Yalis.

     - Qu’à cela ne tienne ! j’accepte volontiers votre invitation, les filles !

     Et nous descendons dans la pièce aménagée pour l’occasion par Xioro. Un grand lit sur lequel nous pouvons nous ébattre tous les quatre à volonté ! Chacune des filles et moi-même recevons un breuvage personnalisé que Xioro a préparé...

 

     Xioro a installé des couches pour les chamans Mayas, le vaisseau file en mode hyperluminique, vers Xantarès.

     « « Nous allons sortir de l’hyperespace, nous arrivons ! » » dit la voix de Xioro dans le haut-parleur au dessus de notre couche.

     Nous passons rapidement par la cabine de nettoyage et ressortons tout propres pour rejoindre les chamans. Xioro a modifié nos cellules pulmonaires afin que l’on puisse respirer sur Xantarès.

     L’immense planète est en vue, et bientôt, nous arrivons à Xanrich qui n’a pas encore été atteinte par la frénésie dévorante des Kryptors.

     Un comité d’accueil nous attend !

     Toutes et tous me reconnaissent, bien que je ne sois plus l’adolescent qu’il ont connu.

     Akna et Itzel aussi se font chaleureusement accueillir.

     Xalun, le navigateur, Xocun, Yalyx et ses enfants Xsara, Xcorus, Yamen, Yeres et Yidom,  Xoxan le rescapé des montagnes mayas, et les enfants blonds Xennos, Xinnus, Xonniut, Xionan, Xuris Yannes, Yannis, Yinnos, qui tous sont maintenant des êtres matures.

     « Voici le Grand Chaman Atahualpa, et le chaman Zãk. dis-je.

     - Xioro a synthétisé les trois trémulondes ! dit Xocun, qui est le chef de la base sur laquelle nous nous trouvons, en banlieue de Xanrich.

     Allons au labo des Gaméens, nous y trouverons tout ce qu’il faut ! »

     Et nous voilà partis à l’autre bout de la base, Xocun, Zãk, Atahualpa, Akna, Itzel et moi, et nous saluons les savants Gaméens. Ils ont porté allégeance aux Xantarèsiens lors de la guerre avec les Forces Noires, il y a quelques années. Ils sont à l’origine de la découverte des voyages spatiaux temporels, après avoir mis au point les portes de téléportation sur toute la planète.

     Nous nous installons dans une pièce aveugle, avec les trois pintes d’extraits de trémulonde, j’installe le matériel nécessaire, puis l’obscurité est faite et je commence à mélanger les trois, à tâtons, suivant un dosage précis : une dose de la 1, celle de Durandalem, une dose de la 2, celle des montagnes mayas, et deux doses de la 3, celle du mont de l’île des Aborigènes. Je fait chauffer cela, puis je rajoute deux doses de la 1, deux doses de la 2, et une dose de la 3. Réchauffage, puis une dose de la 1, une dose de la 2, et 3 doses de la 3. Dernier réchauffage, j’ajoute une dose de somnifère que les Gaméens m’ont donné, puis je transvase le mélange dans une pinte opaque. La potion est prête !

     Nous nous rendons alors au centre de la base, où une réunion de guerre est prévue.

     L’état major au complet est là, en uniforme. Nous arrivons nus, ce qui ne choque personne.

     « Voici les Terriens, Les chamans Zãk et Atahualpa, Akna et Itzel, les guerrières jumelles Mayas, et notre héros Jacou Artz, le vainqueur des Forces Noires, que vous connaissez toutes et tous !

      Jacou va vous exposer son plan.

     - Bien le bonjour, Xantarèsiennes et Xantarèsiens ! Je suis heureux de vous revoir !

     Nous allons nous infiltrer, Akna, Itzel et moi dans les bases ennemis, et contaminer les réserves d’eau !

     - Mais ils vous repèreront vite !

     - Non ! D’abord, nous n’émettons pas de rayons comme les Xantarèsiens, et nous avons avec nous une potion qui nous permet de devenir invisibles ! Nous allons la tester de suite ! Nous allons dormir une demi-heure et revenons ! »

     Chacun de nous trois boit une rasade, nous nous allongeons et nous endormons.

     Une demi-heure plus tard, nous nous levons, et retournons à la réunion, invisibles. Personne ne s’est rendu compte de notre présence !

     Les généraux discutent entre eux.

     « Pourquoi les Terriens nous aident-ils ? demande un officier.

     - C’est Xocun qui leur demande de l’aide ! dit un autre.

     - A quel prix ? demande le premier.

     - Nous avons une technologie dont ils peuvent bénéficier ! dit un conseiller.

     J’apparais alors à ce moment au milieu d’eux.

     - Nous poursuivons toutes et tous le même but ! La paix et la vie sereine pour tout le monde, sur tous les mondes. Notre amitié avec les Xantarèsiens n’a que faire de ces questions pécuniaire ! Comme vous me voyez, je peux disparaître, ainsi ! - et je me rend invisible -, et réapparaître ailleurs, - et je suis à nouveau visible, mais au dessus d’eux ! - Je me pose, et expose mon plan.

     Nous allons dans un premier temps cibler les grands réservoirs ! Itzel, Akna et moi partons sur l’heure pour commencer l’opération ! »

     Munis de sacoches contenant des fioles de poison, nous nous envolons et montons bien haut afin de repérer la région. Quelques bassins ouverts sont occupés par les reptiles, qui semblent s’y baigner.

     Nous versons une fiole au dessus de chaque bassin, sans que cela se remarque, plus loin une grande concentration semble indiquer de l’eau ! Un gigantesque réservoir de plusieurs milliers de muids d’eau alimente la région. Lui aussi a droit à plusieurs fioles de poison !

     Nous continuons notre tour circulaire, plusieurs grands réservoirs et quelques dizaines de bassin aériens ont eu droit à notre visite !

     Nous retournons alors à la base, et nous nous chargeons des boules préparées, trop salées, pour leur donner soif !

     Nous refaisons le tour en lâchant des dizaines de boules de viande, très vite repérées par les reptiles ! Une fois nos musettes vides, nous retournons rendre compte de notre mission.

     - Il faut attendre quelques heures pour voir le poison agir ! dit Xocun. Ce soir, vous irez explorer les lieux, Jacou et les filles !

     - D’accord ! disons-nous en chœur tous les trois.

     Quelques heures plus tard, les vigiles signalent une grande quantité de Kryptors inertes autours des points d’eau !

     « Nous pourrions communiquer avec les Kryptons, qui sont leurs esclaves ! dis-je. Si Xioro pouvait m’inculquer leur Langue, je veux bien essayer de les rencontrer !

     « « Pas de problème ! mets ce casque, dans quelques minutes tu parleras le Krypton correctement ! » »

     - Parfait ! dès l’aube, j’irai !

     - Nous venons avec toi ! disent ensemble les jumelles Mayas.

     - Alors il vous faudra passer par le casque de Xioro !

     « « Venez, j’ai deux casques ! » » dit alors Xioro.

     Nous dînons ensuite et gagnons nos couches préparées sur la base.

 

     Le lendemain matin, Itzel, Akna et moi partons nus, invisibles, mais avec des arcs et des flèches ! Nous nous dirigeons vers la base des reptiliens, où ont atterri les vaisseaux des Kryptons.

     Nous constatons l’effet du poison ! Des dizaines de reptiles gisent, sans vie sur le tarmac. Il n’y a aucune activité.

     D’un vaisseau immense sont sortis des Kryptons, étonnés de ne pas être encore rabroués par les Kryptors. Ils n’ont pas l’air armés, mais on sent la crainte dans leur regard. Ils sont vêtus d’une vareuse, rouge, jaune, ou bleu, et ont des chausses aux pieds.

     Les Kryptons sont des humanoïdes, comme aime à les nommer Xocun, ils font à peine 3 pieds, leur peau est brune, leur visage aux yeux d’amandes est surmonté d’un haut front, signe d’un grand encéphale ! Ils ont de longs bras, trois doigts par main, et sont imberbes.

     Nous nous rapprochons d’eux, et nous nous rendons visibles.

     Les Kryptons, effrayés, se groupent ensemble.

     « N’ayez aucune crainte ! dis-je dans leur Langue. Nous sommes vos amis ! Nous venons vous libérer ! Nous combattons les Kryptors et allons les éliminer ! Voyez ! Nous avons commencé !

     - Qui êtes-vous ? D’où venez-vous pour combattre les Kryptors sur Xantarès ? demande celui qui a une vareuse rouge.

     - Nous sommes des Terriens, un Monde dans une autre galaxie, et nos amis Xantarèsiens sont venus nous chercher. Et vous ? vous êtes retenus en esclavage, mais ne pouvez-vous pas vous révolter ?

     - Nous sommes tous des mâles liés, nous avons des enfants, nos femelles et nos enfants sont otages de ces monstres sur Krypton, et sont dévorés si nous ne marchons pas droit !

     - Combiens êtes-vous ainsi esclaves sur Xantarès ?

     - Nous avons vingt vaisseaux, avec à bord vingt mâles par vaisseau.

     - Des soldats ?

     - Non, des techniciens pour le vol. Il dure six mois entre Krypton et Xantarès, les mâles surveillent le sommeil cryogénique des bestioles. On avait deux cent Kryptors par vaisseau !

     - Ce qui fait quatre mille Kryptors sur la planète !

     - Comment communiquent-ils entre eux ?

     - Par ondes très courtes, nous savons déchiffrer leurs ondes, nous avons enregistré leurs communications, mais nous ne pouvons rien faire !

     - Ils communiquent avec Krypton ?

     - Une antenne est installée sur le mont Xantar, ce sont des technologies kryptones qui leur permettent de communiquer avec Krypton ! Mais entre eux, la distance de contact est faible ! d’un bout du tarmac à l’autre, mais guère plus.

     -Vous pourriez leurs donner de fausses indications ?

     - Oui ! Nous pouvons les envoyer où nous voulons ! Nous avons déjà expérimenté cela ! On a failli se faire prendre ! Nous sommes très surveillés ! Enfin, nous étions ! Qu’est-il arrivé aux Kryptors ?

     - Nous avons empoisonné leur eau ! Surtout n’en buvez pas ! Nous vous fournirons de l’eau non contaminée ! Nous allons continuer sur toute la planète !

     Vous pouvez communiquer avec les autres vaisseaux, à leur insu ?

     - Oui, nous avons un réseau d’ondes qu’ils ne savent pas détecter !

     - Bien ! Alors prévenez tous vos semblables de confiance, il doit y avoir des traîtres, pour pouvoir vous surveiller, qu’ils ne boivent pas l’eau des Kryptors ! Nous avons aussi besoin d’un compte des Kryptors morts ! Nous allons avoir besoin de tous vos spécialistes codeurs pour envoyer de faux messages vers Krypton.

     - Nous le ferons !

     - Pourquoi êtes-vous peau nue ? finit par demander celui en vareuse bleu.

     - Nous sommes des guerrières, c’est notre mode de vie ! dit Itzel.

     - Sur Krypton, les femelles ne font pas la guerre ! dit celui en vareuse bleu, toisant de haut-en-bas cette grande rousse dévêtue.

     - Cela nous permet de nous rendre invisible ! dis-je en disparaissant à leurs yeux.

     Ne vous inquiétez pas, je suis toujours là ! précisé-je, invisible.

     Je réapparais, et dis : C’est ce pouvoir qui nous permettra de vaincre les Kryptors ! Mais il faut aussi organiser une expédition pour libérer vos familles prises en otage ! Je vais voir cela avec les Xantarèsiens. »

     Les nouvelles arrivent des vaisseaux kryptons, les Kryptors sont morts par centaines autour des points d’eau.

     Xocun m’explique que si les vaisseaux kryptons mettent six mois pour couvrir la distance entre Krypto et Xantarès, les vaisseaux xantarèsiens font le trajet en deux jours !

     « Comment est-ce possible ? demandé-je.

     - Nos savants Gaméens ont mis au point le voyage spatio-temporel, en utilisant la pliure de l’espace-temps !

     Cela ne veut pas dire grand-chose à mes yeux ! Mais cela nous permettra d’arriver là-bas avant leur prochain message, précise Xocun, qui, à la vitesse de la lumière, va mettre un mois à parvenir sur place !

    - Itzel ! Avec Zãk vous allez initier Atahualpa et vous continuez à empoisonner l’eau des Kryptors sur Xantarès. Il serait bien aussi de détruire l’antenne sur le mont Xantar, afin d’isoler Xantarès, après avoir envoyé le message de routine vers Krypto.

     Avec Akna, nous allons sur Krypto établir un plan de délivrance des Kryptons. Xocun nous y emmènera.

La bataille de Krypto

 

     Nous arrivons après deux jours de navigation spatio-temporelle hyperluminique en vue de la planète Krypto, quelques Kryptons nous accompagnent.

     Sur leurs indications, nous sommes transportés non loin du palais que les Kryptors ont envahi.

     Invisibles, sans armes, Akna, Atahualpa et moi progressons, en passant non loin des Kryptors, qui sentent bien une odeur, la notre, mais ne peuvent pas définir son origine.

     Les Kryptors ont fait construire de grands bassins dans lesquels ils s’ébattent, une bonne centaine de ces bassins parsèment leur capitale.

     Après un ravitaillement par Xioro, nous nous attelons à polluer tous les bassins, que les esclaves Kryptons n’ont pas, heureusement, le droit d’approcher !

     Deux Kryptons sont allé courageusement à la rencontre de leurs semblables dans le palais, avec des fioles de poison ! Bientôt, tous les Kryptons sont au fait de l’eau empoisonnée, sauf quelques traitres connus qui ont choisi le camp ennemi !

     Quelques Kryptors semblent mal en point, bientôt suivis par une multitude de cas semblables, ils meurent les uns après les autres, la gueule pleine de bave.

     Mission accomplie, les deux Kryptons retournent au vaisseau, nous les rejoignons bientôt, et le vaisseau de Xocun regagne l’orbite haute, hors de portée des détecteurs des Kryptors.

     Après une nuit calme à bord, nous redescendons sur Krypto, et constatons les effets de nos potions ! Des milliers de Kryptors gisent ou agonisent un peu partout.

     Une grande effervescence règne au palais, les reptiles ne comprennent pas ce qui leur arrive. Ils veulent alors donner des ordres aux Kryptons ralliés à leur cause, mais ceux-ci sont morts , empoisonnés par l’eau des Kryptors ! Une faible dose de poison suffit pour les tuer.

     Nous arrivons invisibles au milieu des esclaves, et après être apparus au milieu d’eux, le premier moment de surprise passé, nous organisons la révolte !

     « Nous avons été obligé d’envoyer un message sur Xantarès, pour dire aux Kryptors de revenir sur Krypto, dit un des Kryptons.

     - Ne vous inquiétez pas, sur Xantarès, l’épuration est bien avancée, et le message ne leur parviendra jamais ! Les communications sont rompues ! précisé-je. Nous devons éradiquer cette espèce de nuisibles, nous allons bombarder leur marais afin de mettre fin à cette engeance ! Xioro nous a garanti l’innocuité du poison après dix jours ! L’eau sera à nouveau potable sur la planète, mais en attendant, ne buvez que l’eau de vos réserves en citerne !

     - Nous avons estimé la population des Kryptors à trente à quarante mille individus sur la planète, et quelques milliers sur Xantarès !

     - Voici des fioles de poison, répandez-le partout où il y a de l’eau, les Kryptors ne peuvent s’en passer sauf à mourir déshydratés. Tous doivent boire, et si toutes les sources sont polluées, tous les Kryptors vont disparaître ! Nous, on s’occupe des marais !

     Et après avoir fait le plein auprès de Xioro à bord du vaisseau, nous voilà partis par les airs vers le Nord de la planète, et les marais qui ont engendrés ces êtres.

     Ces marais grouillent de bestioles les unes sur les autres, copulant sans arrêt, se baignant dans une eau fétide, qui bientôt leur sera fatale !

     D’en haut, nous vidons nos fioles sur les marais, et couvrons la totalité de la surface.

     De retour des marais, nous constatons l’hécatombe de Kryptors, et on nous rapporte que partout sur la planète c’est pareil. Les Kryptons font du bon travail !

     Beaucoup de Kryptors veulent regagner leur marais originel, mais tous meurent en route.

     Sur la planète, il y a plusieurs grandes fosses, jadis envahies par l’eau, qui sont à sec maintenant, cela sera un excellent cimetière pour tous ces reptiles.

     Des engins pilotés par les Kryptons commencent à rassembler les cadavres dans les fosses, par centaines, puis par milliers !

     Au fil des jours, les Kryptors disparaissent, et bientôt il n’y a plus d’envahisseur dans la capitale.

     Quelques temps plus tard, nous survolons les marais, il n’y a plus un Kryptor vivant !

     La planète Krypto est maintenant débarrassée de ces reptiliens, et les Kryptons, après des jours et des jours de fête, s’organisent afin de revivre en paix.

     Les Xantarèsiens et nous-mêmes prenons congé de ce peuple, éternellement reconnaissant, et nous voilà repartis pour Xantarès. Un voyage est organisé pour rapatrier tous les kryptons qui étaient esclaves sur la planète.

     Et la joie pour les esclaves des Kryptors à revoir leurs proches, vivants et heureux d’être libres est immense !

Retour à Durandalem

 

     Après un séjour parmi nos amis Xantarèsiens, la décision de nous ramener sur Terre est prise, et nous embarquons à bord du vaisseau de Xocun, qui nous dépose dans les montagnes mayas, au village de Sáasilen. Xocun nous dit qu’il me ramènera en Austrasie, à Durandalem, quand je le désirerai !

    C’est la fête au village, je suis heureux de retrouver toute la population maya, et nous passons de bon moments ensemble, assistés souvent par Xioro pour nos ébats Ô combien jouissifs.

     Les meilleures choses ont une fin, et c’est le départ pour moi, après avoir salué grandement tous les habitantes et habitants du village. Les chamans me disent que nous ne nous reverrons plus, ils ont été informés par les Forces Cosmiques de mon avenir, qui est à Durandalem. Cela me peine, je les aime, les Mayas !

     Nous arrivons au bout de quelques jours au dessus du champ où se trouve Émile, le rayon me dépose, et Émile me dit : « Tu as disparu un instant, mais te revoilà ! J’ai du rêver ! »

     Et je continue à soigner ses chevaux…

 

     Un jour, je vais boire une pinte à l’auberge, il y a foule !

     L’aubergiste Victor Warndt se retire, c’est Childéric, que tout le monde appelle Child maintenant, qui reprend l’auberge, avec son épouse Berthe.

     Une fête est organisée à l’auberge, et le bourgmestre Jean Koch, malade, atteint d’une dégénérescence de son corps, propose, tant qu’il le peut encore, de nommer un nouveau bourgmestre pour le village.

     Sans me demander mon avis, tout le monde me propose pour le remplacer, et après mon accord pour la candidature, un vote à main levé me désigne comme le nouveau bourgmestre du village.

     Et la vie continue, quelques décès sont à déplorer, Roger Schmitt le forgeron est mort dans l’explosion de sa forge qui a surchauffé, c’est Robert, son fils qui prend la relève et reconstruit la forge. Adolf Pferd s’est tué en tombant de cheval, son fils Émile reprend l’exploitation de l’élevage des chevaux. Gaston Wald a été retrouvé sans vie dans la forêt, au pied d’un arbre qu’il abattait. Son fils Michel prend la relève.

 

Des naissances, des mariages, Durandalem est promis à un grand avenir, tout le monde est heureux.

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