Durandalem livre 2. Aventures en Austrasie
Chapitre I Retour au royaume de Charles
- La visite chez les Artz
- La trémulonde
- Durandalem
- Séjour à Mettis
La visite chez les Artz
Nous sommes en 737.
Le vaisseau est en orbite basse au dessus de la ville de Mettis .
Nous attendons la nuit pour atterrir dans la forêt au Nord de Mettis, sans être vus !
J’ai maintenant quatorze ans, je suis un grand jeune homme, grâce aux accélérations de croissance, notamment sexuelle, que m’a prodigué Xon, puis Xioro.
Je suis excité à la pensée de revoir mes parents, ma mère, Adélaïde Bount, et mon père, le médecin Joseph Artz. Me reconnaitront-t-ils après cinq années d’absence ? Sont ils seulement rentrés de Poitiers ? Sont-ils seulement vivants ?
La nuit tombée, le vaisseau descend dans l’obscurité, Nous sommes déposés par un rayon de lumière, Sirius, Itzel, Akna et moi, en tuniques, armés de nos arcs et de nos carquois de flèches. Sirius emmène une sacoche, et une deuxième sacoche contenant des protections pour les leevancliffus à crètes, qu’il me confie, et le vaisseau remonte silencieusement et disparaît dans la nuit.
Sirius doit revoir Xioro pour lui donner un échantillon de trémulonde austrasienne.
Nous avons ensuite rendez-vous dans deux ans, au solstice d’été, ici même à minuit, sauf décision urgente...
Par le chemin que je reconnais malgré l’obscurité, nous nous dirigeons vers Mettis, ma ville natale.
Le cœur serré, je reconnais la rue, l’échoppe d’apothicaire de ma mère, le cabinet de mon père, et, à côté, notre maison où je suis né.
Il y a de la lumière à l’intérieur.
Je frappe à la porte.
« Qui est-ce ? dit une voix que je reconnais être celle de ma mère ! Mon cœur fait un bon, et je bégaie :
- C’est… C’est Jacou ! Votre fils !
- Jacou ! C’est vrai ? La porte s’ouvre. Ma mère, Adélaïde, sort sur le pas.
- Bonsoir maman !
- Jacou ! C’est bien toi ! Oh ! Quel bonheur ! Jo ! Jo ! Regarde ! Jacou est de retour !
Et elle me serre dans ses bras, en pleurs. Mon père, Joseph Artz arrive, et lui aussi me serre dans ses bras, submergé par l’émotion.
- Entrez, entrez ! Vous me l’avez ramené vivant ! Merci Maître ! dit-il en s’adressant à Sirius. Vous aussi, mesdames, merci d’avoir veillé sur lui !
Mais asseyez-vous ! Vous devez avoir fait un long voyage ! Déla, apporte-nous à boire, le meilleur vin que nous ayons ! Nous fêtons le retour de notre fils, ce soir !
Elle descend à la cave avec une lanterne, et remonte, une bouteille à la main.
Elle ramène des verres pour tout le monde, et Joseph ouvre la bouteille et sert ce nectar qui coule comme de l’huile.
- Comme tu as grandi, Jacou ! Tu es devenu un grand et beau jeune homme ! dit Déla.
C’est ainsi que Joseph appelle ma mère Adélaïde, dans l’intimité : Déla.
Tu dois faire chavirer les sens de tes amies, ici présentes !
- Oh que oui ! dit Itzel, il est trop beau ! Akna confirme !
Nous trinquons à mon retour.
- Raconte-nous tes aventures Jacou ! dit alors Joseph, intrigué par ce que j’ai bien pu faire toutes ces années.
- Ce sera plutôt long ! Permettez d’abord que nous nous mettions à l’aise, il fait chaud, ici l’âtre est rayonnant, et nous voudrions nous déshabiller ! J’ai vécu nu ces années dans la montagne !
- Mais oui, Jacou ! tu es chez toi ! fais comme bon te semble, et tes amis aussi ! dit ma mère.
Aussitôt, nous enlevons nos tuniques, et nus nous levons une nouvelle fois nos verres à mon retour.
- Comme tu as un corps de dieu ! dit ma mère, émerveillée, en me voyant nu, avec ma toison abondante et mon membre viril bien présent.
- Contez-nous plutôt vos exploit avec Charles Martel à Poitiers ! dis-je. Quand je vous ai quitté, vous partiez pour je ne sais où préparer des pansements et autres remèdes pour l’armée de Charles.
- Oui-da ! dit mon père. Nous avons établi notre base à l’abbaye fortifiée de Surgères, sur le chemin de Poitiers. Nous avons confectionné des centaines et des centaines de bandages, de prothèses, d’onguents en tous genres pour soigner l’armée de Charles. Des chariots partaient tous les jours de l’abbaye pour amener le matériel au Nord de Poitiers, où un hôpital de campagne a été installé.
Nous nous y sommes enfin rendu, et avons commencé à soigner les blessés qui arrivaient, la bataille au Sud de la ville faisait rage !
- Des centaines de blessés, atteints de flèches, des membres amputés, des yeux crevés, enfin toute l’horreur d’une guerre ! dit ma mère.
- Nous avons sauvé plus d’un millier de soldats de la mort, reprend Joseph, et certains sont même retournés au combat après nos soins !
Pendant des jours et des nuits, nous n’avons que peu dormi, guettant les arrivées de blessés que des équipes allaient chercher au péril de leur vie.
Nous avons pu aller sur le champ de bataille, et sauver encore quelques soldats intransportables en l’état, qui ont survécu grâce à nos soins.
- Mais des centaines de soldats sont rentrés estropiés ! dit ma mère. Charles est venu nous voir, et nous a élevé au grade de Grands Médecins du royaume !
- Nous avons ensuite eu une escorte qui nous a ramené jusqu’à Mettis, dit mon père. Nous avions rempli notre devoir. Et la vie a repris, tranquillement, Déla s’occupe de son apothèque, et moi des malades de Mettis et des environs.
- Et vous savez ce que devient Charles ? dit Sirius.
- Il est en train de repousser les Arabes dans la vallée du grand fleuve, il a passé Avignon, aux dernières nouvelles, et continue vers le Sud, vers Massilia.
Bon ! Maintenant, à toi Jacou ! Mais mangeons d’abord un morceau ! Vous devez être affamés !
- Ne t’inquiètes pas, père, dis-je, nous avons mangé tantôt en chemin.
Alors, voilà mon histoire.
Nous avons traversé la Grande Mer de l’Ouest, pendant trois semaines, toujours vers l’Ouest. Nous avons accosté sur une côte, des gens nous attendaient, ils étaient nus, et armés.
- Mais comment se fait-il qu’ils vous attendaient ? demande Joseph.
- Attends, père, tu vas comprendre !
Ces gens sont de la tribu des Mayas, la tribu d’où viennent mon maître Sirius et ses deux disciples ici présentes, Itzel et Akna. Pendant le voyage, ils m’ont enseigné la Langue Maya, que je parle couramment depuis. Nous sommes allés avec eux dans la montagne , ce sont des chamans, qui communiquent avec les Forces Cosmiques, et qui ont réfuté les dieux traditionnels des Mayas.
Grâce à une plante, la trémulonde, ils peuvent faire fi de la gravité et transporter des objets à distance. Ils m’ont aussi enseigné la communication par la pensée, c’est comme cela que mon maître Sirius les a prévenu de notre arrivée. Et ensemble nous avons découvert le pouvoir de voler, comme les oiseaux !
- Tu te moques de moi, fils ! dit Joseph.
- Non père ! Et devant lui, je m’élève, fait le tour de la pièce, et à distance, toujours en l’air, je prends une bûche que je pose dans l’âtre.
Nous sommes venu jusqu’ici en volant ! ajouté-je, ce qui n’est pas faux, et fait sourire Sirius.
Joseph est sidéré !
- Incroyable ! Mais continue, c’est extraordinaire !
- Dans les cités mayas, il y a des prêtres qui font des offrandes aux dieux en sacrifiant des êtres humains ! Mon maitre Sirius était prêtre dans une de ces cités, il s’est rebellé contre ces pratiques et a été banni ! Il a réussi à sauver Akna et Itzel, qui étaient condamnées à être sacrifiées !
- Ces rites sont inhumains ! dit ma mère, Horrifiée.
- Nous avons, les chamans, mon maître et moi mis fin à ces pratiques !
- Toi, Jacou ? mais tu n’es qu’un enfant ! dit mon père.
- Un enfant très mature, comme vous le savez, dit Sirius, il n’est plus un enfant, comme vous le constatez, en montrant mon anatomie. Il a de nombreuses victoires contre les forces du mal à son actif ! Continue, Jacou !
- Nous avons sauvé de la mort des dizaines de personnes dans toutes les cité mayas, et nous avons libéré les peuples mayas du joug des prêtres qui les exploitaient et s’enrichissaient à leurs dépens ! Dorénavant, les Mayas sont gouvernés par des démocraties dans chaque ville, et nous avons redonné une nouvelle chance, un nouvel espoir à ces gens qui devaient mourir sacrifiés aux dieux.
- Mais comment avez-vous fait ? demande Joseph.
- Nous nous sommes fait passer pour leurs dieux, dit Sirius, volant dans les airs, couverts de peinture dorée, au dessus de la population apeurée, et nous avons tué leurs gouverneurs, leur grands prêtres, leurs soldats qui ne voulaient pas se ranger à nos cotés , avec des sarbacanes aux flèches trempées de curare !
- Oh ! dit Joseph, qui connaît le curare et ses effets !
- Pendant ce temps, dit Akna, nous étions plusieurs du village, dont Jacou, et nous enlevions les condamnés et les transportions dans les airs jusqu’à notre village dans les montagnes.
- C’est formidable ! Vous aussi vous avez sauvé des vies ! dit Joseph.
- Tous ces gens, dit Itzel, des hommes, des femmes, des enfants, sont devenus des citoyens Mayas dans notre village et vivent en paix avec nous toutes et tous !
- Je continue, dis-je. Nous sommes allé de l’autre côté de la montagne, dans un village au bord de la mer.
- Il y a donc encore une mer derrière ces terres mayas ! dit Joseph.
- Oui, père ! La Grande Mer du Sud, truffée d’îles, et des terres au bout de cette mer ! Ce sont les terres d’Orient, auxquelles nous accédons par la terre par l’Est. La Terre est ronde, père !
Dans ce village il y a d’excellents charpentiers, et nous avons commandé un gros bateau pour partir sur la mer !
- Ce village, Semillero, a aussi accueilli nombres de personnes destinées à être sacrifiées ! dit Akna. Et elles sont maintenant intégrées dans le village !
- Nous sommes parti sur le bateau, continué-je. Nous quatre, avec un jeune chaman et sa fiancée. Nous avons accosté sur une île où vit un peuple, les Maoris. Nous sommes resté plus d’un an sur cette île, et nous avons enfanté les filles de l’île !
- Quelles salades nous contes-tu la ! dit ma mère.
- C’est la vérité ! dit Sirius. Les garçons étaient tous stériles, et nous avons enfanté toutes les filles de la tribu, quinze filles en tout !
- Toi aussi Jacou ! dit ma mère, outrée !
- Oui mère, et toutes les filles ont accouchée de bébé blonds ! dis-je en rigolant.
- J’ai réussi à trouver pourquoi ils étaient stériles ! dit Sirius.
- Pourquoi ? demande Joseph.
- Ils mangeaient la chair de tortues qui se nourrissaient de plantes empoisonnées, ce qui rendait les hommes stériles.
- Et maintenant, ils ne sont plus stériles ? demande encore Joseph.
- Si, mais ils arrêtent de se nourrir de ces tortues, et ils redeviendront féconds, sûrement !
- Et tu as abandonné ces femmes et leurs bébés, mes petits enfants, à leur sort ! dit encore ma mère, horrifiée à cette pensée.
- Non, mère ! Toutes ces femmes sont mariées, et voulaient être enfantées, tous ces enfants ont des pères, trop contents que leurs épouses aient des enfants, certes ce ne sont pas les pères biologiques, mais ils assument la paternité avec leurs épouses.
- Ensuite, dis-je, nous avons embarqué pour une île au Nord pour y trouver une plante rare, qui poussait sur un volcan.
- D’après nos chamans, cette plante a des vertus guérissantes ! dit Sirius. Vous sachant médecin, et votre épouse apothicaire et herboriste, j’ai amené avec moi quelques plantes que je vous montrerai, la trémulonde, et cette plante, que j’ai nommé la cicatrisante, quand nous reviendrons de Durandalem. Nous aurons besoin de votre laboratoire, Adélaïde !
- Nous avons cueilli cette plante juste à temps, dis-je, le volcan a craché de la lave et des cendres, et a complétement détruit l’île ! Nous avons juste eu le temps de nous sauver !
Nous avons navigué pendant des semaines vers le Sud, et on est arrivé sur l’île des Aborigènes. Mon maître Sirius connaît leur Langue et nous l’avons donc apprise sur le bateau.
Sur cette Île nous avons trouvé la même plante que celle qui nous fait voler ! Nous devons encore trouver la troisième plante et nous aurons encore d’autres pouvoirs !
- lesquels ? demande Joseph.
- L’invisibilité !
- Fantastique ! Et dans quelles contrées merveilleuses se trouve cette troisième plante ?
- Ici, en Austrasie, dit Sirius, non loin de Mettis, dans un village qui s’appelle Durandalem !
- Je connais ce village, à côté de Naborum, à une dizaine de lieues d’ici ! Mais comment savez-vous cela ?
- Ce sont des révélations des Forces Cosmiques que les chamans ont le pouvoir de recevoir !
- Et vous allez y aller, à Durandalem ? demande Déla.
- Dès demain, madame ! dit Sirius.
- C’est incroyable ! Jacou, tu as vécu des choses fantastiques ! dit-elle.
Je me garde bien de lui parler des Xantarèsiens, cela dépasse son entendement.
- Oui, mon fils ! Que d’aventures ! acquiesce Joseph.
Mais il se fait tard ! La nuit est déjà bien avancée ! Vous ne voulez rien manger ?
- Non ! Merci joseph ! dit Sirius.
- Alors je vous propose de vous reposer, si vous partez demain vers Durandalem, la route est longue et dangereuse !
- Merci pour votre hospitalité ! Joseph et Déla, demain, nous irons en volant ! Cela ne nous prendra qu’une heure de vol !
- Je vous propose des couches dans mon cabinet, à côté, vous y serez bien ! Jacou, tu as toujours ta chambre ! Terminons ce bon vin, et allons nous coucher ! »
Et chacune et chacun boit une dernière gorgée du nectar, et va se coucher.
Je me retrouve dans ma chambre d’enfant, que de souvenirs y sont restés, et les livres que m’avaient confiés les moines de l’abbaye de Mettis ! J’irai les saluer bientôt !
La trémulonde
Le lendemain, après un copieux petit déjeuner, ma mère est une fine cuisinière, nous partons à pied vers l’Est, vers Durandalem. Sirius a prit sa sacoche, dans laquelle se trouvent des chausses protectrices et un sac pour cueillir la trémulonde.
« Mais vous partez à pied ! dit Joseph.
- Oui, Joseph, dit Sirius, nous marcherons jusqu’à la forêt et nous nous envolerons discrètement, hors de vue des habitants de Mettis ! Si l’on nous voyait voler, nous aurions des ennuis, et vous aussi !
- C’est vrai, le bûcher, la potence et le pal sont souvent les remèdes aux choses que l’on ne s’explique pas ! » dit Joseph.
Une fois dans la forêt, nous nous envolons, le ciel est clair, nous sommes en tuniques, malgré la douceur du temps.
Nous arrivons en vue de l’abbaye des Glandières, dont nous avaient parlé les moines précepteurs de Jacou, et nous atterrissons non loin de là.
« Allons nous renseigner, dit Sirius. Attendez ici, les filles, je ne sais pas quelles sont les dispositions des moines par rapport aux femmes !
- PFFF ! Les hommes ! dit Akna. Pas de soucis, Sirius ! Nous restons ici, au soleil !
Nous entrons dans la cour de l’abbaye, et rencontrons un moine qui nous emmène chez l’archiprêtre dirigeant l’abbaye.
- Bienvenue messieurs ! Que Dieu vous bénisse ! Que peut-on faire pour vous ?
- Nous recherchons une plante, dit Sirius, qui serait non loin de l’abbaye.
- Et quelle est donc cette plante ?
- Elle se trouve devant une grotte, et tremble quand nous nous en approchons !
- Quoi ! Mais ce que vous me décrivez est l’entrée de l’antre du Démon ! Surtout ne vous approchez pas de cet endroit maudit ! Pourquoi cherchez-vous cette plante ? demande-t-il, méfiant, d’une voix craintive.
- Un moine de Mettis, au chevet de ma mère mourante, a fait un songe, avancé-je, il a vu Jésus-Christ en songe qui lui a dit qu’une infusion de cette plante guérirait ma mère, qui se meurt d’un mal mystérieux ! Dites-nous où se trouve cette plante, par pitié !
- Soit ! je vais accéder à votre demande ! L’abbé Cédair va vous montrer le chemin ! Mais si vous cueillez cette plante, ne venez plus ici avec elle !
- Merci Monseigneur ! Nous sommes vos obligés, et vous sauverez ma mère !
- Faites venir l’abbé Cédair ! dit alors l’archiprêtre.
L’abbé arrive, et le dirigeant, après lui avoir expliqué ce que je lui ai dit, lui dit :
Tu vas montrer à ces voyageurs où se trouve la plante qui tremble, sur le flanc de la colline, au Sud. Tu leur montreras, mais ne t’en approches pas ! Rentre vite et évite leur contact après !
- Nous vous attendons dehors ! dit Sirius. Et nous sortons de l’abbaye.
Tu as été bien fin, Jacou ! Bravo ! Je n’aurai pas fait mieux !
- Merci maître ! C’était un pieux mensonge ! » dis-je en rigolant avec lui.
Le moine arrive et nous nous mettons en marche.
Sirius aperçoit Akna et Itzel qui s’étaient mises à l’aise au soleil, nues. Le moine ne les a pas vues.
« Rhabillez-vous, disciples, un moine arrive ! leur dit-il en pensées.
Précipitamment, elles enfilent leurs tuniques, juste à temps.
Ces filles sont mes servantes, elles nous accompagnent.
- Fort bien ! dit l’abbé. Nous allons au Sud, par ce chemin !
Peu de temps plus tard, nous arrivons au pied d’une colline.
Voyez, au milieu de la colline, ce bouquet vert. Ce sont les plantes qui tremblent ! Je ne vous accompagne pas ! Adieu, voyageurs !
- Adieu, l’abbé Cédair ! merci pour votre indication ! dit Sirius.
- Je prierai pour votre mère, Jeune homme !
- Merci ! Que Dieu vous garde ! lui dis-je.
Et tandis que l’abbé fait demi-tour, nous gravissons la colline, et arrivons devant le bosquet.
A l’aide de son arc, Sirius écarte les plantes qui s’agitent à son approche.
Il enfile alors les chausses, et pénètre dans l’obscurité de la grotte avec le sac, cueille les herbes, et ressort.
« C’est le même accueil que dans les deux autres grottes, avec les même bestioles ! dit-il. J’ai fait ma cueillette, nous pouvons partir d’ici ! »
Durandalem
« Nous sommes à côté du village de Durandalem ! dit mon Maître. J’aimerai savoir ce qu’eux pensent de cette trémulonde ! Il se trouve juste de l’autre côté de cette colline ! Grimpons, et allons à la rencontre des habitants ! »
Nous arrivons en bas de la colline, le village est un petit hameau tranquille, traversé par un ruisseau, dans une vallée entre deux collines, une au Nord, que nous venons de gravir et descendre, et une au Sud. La vallée s’étend vers l’Est.
Il y a une forge, dans le village, de la fumée sort de la cheminée, le forgeron doit y être.
« Bonjour forgeron ! dit Sirius.
- Bonjour étranger ! répond celui-ci . Vous cherchez quelqu’un ?
- Non, je voulais juste savoir quelque chose…
- Quoi donc, étranger ?
- Je m’appelle Sirius ! et Voici Akna, Itzel, et Jacou.
- Enchanté ! Moi je suis Roger le Schmit, et voici mon fils de sept ans, Robert.
Que voulez-vous savoir ?
-Voilà. Nous venons de la colline, au Nord, et nous somme passé près d’un fourré qui a bougé à notre passage ! Connaissez-vous cet endroit ?
- Moi pas ! Mais le Ferdinand Bauer doit savoir ! Robert ! vas le chercher !
Et Robert court vers la ferme du Ferdinand, et revient bientôt avec un homme grand et robuste, accompagné d’un petit garçon.
- Je suis Ferdinand Bauer ! que me veux-tu, étranger ?
- Je voulais savoir ce que tu connais des fourrés qui bougent quand on passe à côté sur la colline au Nord.
- Oui-Da ! Ces fourrés sont l’entrée d’un monde maléfique ! Des créatures monstrueuses y vivent ! Mon frère Edmond a failli y laisser sa vie en y pénétrant, il y a des années. Il en est resté fou ! Depuis, personne ne s’approche de ces fourrés !
- Mais ces fourrés qui bougent, ont-ils un pouvoir ?
- Dame ! Tu dois demander cela au vieux sorcier qui habite au bout du village, sur la colline Sud ! Mais il n’est point commode !
- Vers le bout du village, dis-tu !
- Oui ! mon fils Fernand va vous y emmener ! Fernand, montre à ces étrangers où habite le sorcier !
- Oui p’pa ! et nous suivons Fernand, je lui demande quel est son âge.
- J’ai neuf ans ! et toi ?
- moi j’ai quatorze ans !
- Quatorze ans ? Tu parais plus vieux !
- Oui, on le dit souvent…
- Nous sommes arrivé ! Attendez, il n’aime pas les gens, mais moi, il me connaît ! Merlin ! Merlin !
- Qui m’appelle ? demande une voix grave.
- C’est moi, le Fernand Bauer !
- Que veux tu, le Fernand ? dit Merlin en sortant. C’est un viel homme, avec une barbe blanche, il se déplace difficilement avec une canne.
- Ces gens veulent te parler !
- De quoi ?
- De la plante dans la grotte sur la colline Nord ! répond Sirius.
Merlin le regarde, étonné.
- Entrez ! Merci le Fernand ! Tu peux y aller !
Nous entrons dans la hutte du sorcier. Elle est remplie d’objets bizarres, en grand désordre.
Pourquoi me parlez-vous de cette plante ?
- Nous connaissons les vertus de cette plante, et nous nous demandions si vous aussi vous les connaissez !
- Oui, je connais les pouvoirs qu’elle délivre, mais vous comment les connaissez-vous, vous n’êtes pas d’ici, diantre !
- Que nenni ! Nous venons d’un pays au-delà de la grande mer, et là-bas, nous avons la même plante ! Nous avons expérimenté et nous arrivons à communiquer par la pensée, en buvant une décoction de cette plante.
- Je n’en crois rien ! dit alors Merlin en pensée.
- C’est pourtant vrai ! Lui réponds-je toujours par la pensée.
Merlin me regarde alors, et me demande mentalement quoi d’autre peut faire cette plante.
- Ne réponds pas, Jacou, me dit Sirius mentalement, Le sorcier n’a pas entendu ce que mon maître a dit.
- Je ne sais pas, vous savez ? Quoi d’autre peut-elle faire ? réponds-je, toujours mentalement.
Mon maître incline la tête. C’est ce qu’il fallait dire.
- Je ne sais pas encore, dit le sorcier à voix haute, je cherche…
- Avez-vous pénétré dans la grotte ? demande Sirius.
- Oui-da ! Mais des monstres nous ont attaqués et nous sommes vite sorti ! Edmond Bauer, l’oncle du jeune Fernand qui vous a amené à moi a failli y laisser sa vie ! Il aurait mieux fait, d’ailleurs, il est resté fou ! J’ai pu arracher quelques plantes et je suis sorti précipitamment. Depuis ce jour, ma jambe droite est morte. Mais vous, pourquoi voulez-vous cette plante, puisque vous avez ses pouvoirs ?
- Nous voulons donner ces pouvoirs à des personnes qui nous aideront dans nos tâches.
- Ah ça ! si vous voulez mourir, entrez dans cette grotte ! Mais les plantes qui tremblent devant la grotte possèdent les même propriétés, mais bien moindres ! Leur effet ne dure que quelques jours. Vous pouvez cueillir ces plantes !
- Merci maître Merlin ! Nous allons suivre votre conseil !
Nous allons prendre congé, maintenant ! Au revoir, Merlin !
- Oh ! Au revoir, c’est pas sûr ! je suis mourant, d’ici quelques jours, je n’existerai plus !
Mais j’ai bien vécu, j’ai cent deux ans, une belle vie bien remplie ! il est temps de tirer ma révérence ! Je suis enchanté d’avoir parlé par la pensée avec vous ! Cela faisait longtemps ! Edmond était le seul à communiquer avec moi ainsi ! C’est lui qui a voulu entrer dans la grotte ! Avant, nous nous contentions des fourrés de l’entrée !
- Merci pour votre accueil, maître Merlin. Nous partons maintenant ! dit Sirius.
Nous quittons Merlin, qui avec peine nous accompagne sur le pas de la porte, et nous regarde nous éloigner.
- Tu as bien fait, Jacou de ne rien dire ! La trémulonde ne permet les pouvoirs que nous avons, que si elle est coupée et inhalée dans le noir total ! Néanmoins, elle permet la transmission de pensée même si elle est coupé à la lumière, Merlin nous l’a confirmé ! »
Nous retournons vers le village, et la forge de Roger le Schmit. Tandis que Sirius, Akna et Itzel discutent de Merlin avec Roger et Ferdinand, qui est resté chez Roger, la compagnie des jumelles Mayas n’y étant pas étrangère, quelque chose en moi me dit d’aller vers des enfants qui jouent non loin de là, des jeunes garçons et des jeunes filles. Il y a le Fernand, le fils du fermier, Robert, le fils du forgeron…
Je m’approche d’eux, et dit :
« Bonjour, je m’appelle Jacou ! Je viens de Mettis, j’ai quatorze ans.
- Le Fernand et Robert arrivent, le Fernand dit :
- Voici ma grande sœur Berthe ! elle a quatorze ans, comme toi !
- Bonjour, Jacou ! dit Berthe. Tu es un beau garçon, dis-donc !
- Moi c’est P’tit Louis, j’ai neuf ans, mon papa est le Muller, le meunier du village. C’est aussi lui qui cuit le pain !
- Moi c’est Clovis Hune. J’ai neuf ans aussi ! Chez nous, on a des poules et des canards !
- Émile Pferd ! Et mon frère jumeau Éric. On a aussi neuf ans. Notre papa élève des chevaux.
- Moi, c’est Michel Wald, j’ai quatorze ans, et ma sœur Béatrice, elle a treize ans. Notre père est bûcheron !
- Et nous, nous sommes les sœurs Warndt ! je suis Elvire, j’ai quatorze ans, ma sœur Berthe, neuf ans et ma sœur Clothilde, qui a huit ans. Nos parents, Victor et Adèle, sont les aubergistes du village !
- Et moi, c’est Denis ! Denis Pépin, j’ai douze ans. Et je serai rémouleur, comme mon père !
Un groupe d’adolescents viens vers moi.
- Tu n’as que quatorze ans ! Mais tu as un arc ! dit un garçon roux.
- Oui ! et je sais m’en servir ! Tu vois la pomme dans l’arbre là-bas ? celle qui est tout en haut ?
Je décoche ma flèche et j’atteins la cible, à deux cents pas de là !
Sous les applaudissements des enfants, épatés de mon adresse, le garçon roux dit :
- Enchanté ! Moi je m’appelle Alvin Koch, le fils du boucher, et j’ai dix sept ans !
- Moi, j’ai dix sept ans aussi ! Je m’appelle Paul Angst. Je serai curé ! J’étudie au séminaire de Gemund.
Une jeune fille aux longs cheveux noirs arrive, et me dit :
- Bonjour Jacou ! Moi, c’est Germaine Beten, j’ai dix neuf ans, et voici ma petite sœur Gertrude, elle a dix sept ans ! Nous aussi nous voulons consacrer notre vie à Dieu !
- Enchanté de vous connaître toutes et tous! Je vais partir avec mon maître Sirius et ses disciples qui sont en train de discuter dans la forge, mais je suis sûr que je reviendrai ! Votre village me plaît bien !
- Tu seras le bienvenu, Jacou ! dit Alvin.
- Tu nous apprendras à nous servir d’un arc ! dit Michel Wald.
- Ce sera avec plaisir ! dis-je en les saluant.
Je rejoins les Mayas à la forge, Ils sont en train de prendre congé.
- Mais où allez-vous maintenant ? demande Ferdinand.
- Nous retournons à Mettis, par la campagne.
- La campagne peut être dangereuse ! dit alors Roger.
- Ne vous inquiétez pas pour nous, nous sommes armés, et savons nous servir de nos arcs ! dit Sirius.
- Les filles aussi ? demande Ferdinand.
- Montrez-leur, les filles !
Aussitôt, Akna et Itzel prennent leur arc, et décochent chacune et simultanément une flèche dans la même pomme de l’arbre à cent cinquante pas de là !
- Vous voyez ! Même les filles ! dit Sirius, en rigolant. Nous n’avons pas de craintes ! même notre jeune disciple, Jacou, sait aussi bien se servir de son arc !
- Oui ! J’ai fait une démonstration avant ! Demandez aux enfants ! La première flèche est de moi ! »
Et nous partons à pied vers l’Ouest vers les collines. Dès que nous arrivons dans le bois, hors de vue, nous nous envolons vers Mettis.
La campagne austrasienne est bien belle, vue d’en haut !
Séjour à Mettis
- Le laboratoire d’Adélaïde Artz
Le vol se passe sans problème, avec le vent d’est, en moins d’une heure nous arrivons à Mettis.
Il est midi passé, nous sommes vite attablés, Déla nous attendait avec un ragoût sur le feu !
« Cet après-midi, nous avons besoin de votre apothèque, Déla, dit Sirius. Pouvons-nous y compter ? Il ne faudra pas nous déranger, nous devons avoir du calme et de l’obscurité pour ce que nous voulons faire !
- Vous avez trouvé la plante à Durandalem ? demande Joseph.
- Oui père ! Et nous avons fait la connaissance de quelques villageois, et de leurs enfants !
- Les filles, dit Sirius, vous pouvez vaquer cet après-midi ! Avec Jacou, et Joseph s’il le veut bien, nous serons trois, cela suffira !
- Bien Maître ! répondent en chœur les jumelles.
- Ce sera avec le plus grand intérêt que je vous assisterai ! dit Joseph.
- Si vous voulez, les filles, nous irons au marché faire quelques emplettes, et je vous ferai visiter la ville !
- Avec plaisir, Déla ! répondent en chœur Akna et Itzel.
Joseph sort une bouteille de gnole.
- C’est fait avec nos mirabelles sur la butte ! C’est un peu fort peut-être ?
- Non, elles sont habituées ! dis-je. Moi aussi ! Dans les montagnes mayas, il y a aussi des gnoles comme celle-là !
Et nous buvons chacune et chacun un verre de cette gnole, excellente au demeurant !
- C’est la première fois que je goûte ta gnole, père ! Elle est douce ! Si j’avais su, j’y aurais goûté plus tôt !
Et tout le monde rigole de bon cœur.
Joseph nous en met une deuxième rasade, que nous dégustons.
- Bien, dit Sirius. Jacou, va me chercher ma sacoche, derrière la porte du cabinet de Joseph. Déla, nous allons maintenant dans votre domaine ! Nous aurons besoin de quelques ingrédients que vous avez sûrement ! Pouvez-vous venir avec nous pour nous les donner ?
- Avec plaisir ! »
Et Sirius, Joseph et moi, nous nous installons dans l’apothèque, après avoir occulté les fenêtres et verrouillé la porte extérieure.
Mon maître alors dans le noir, prépare la décoction de la trémulonde de Durandalem, nous ne voyons rien mais je sais que ses gestes sont très précis ! Il nous raconte ce qu’il fait.
« Voilà, j’ai haché les feuilles de la trémulonde, je la met avec l’eau bouillie dans ce récipient que je ferme hermétiquement, et je remet dans le sac étanche à la lumière les feuilles que je n’ai pas utilisées.
Maintenant, Joseph, tu peux allumer les bougies qui vont chauffer le récipient. Ca va prendre du temps, Jacou, tu peux nous faire un peu de lumière !
- Et ensuite, Maître, que vas-tu faire ?
- Je vais mélanger les trois potions que j’aurai, celle de nos montagnes, celle du pays Aborigène, et celle qui se prépare actuellement, j’y ajouterai un peu de cette poudre de sommeil que m’a donné Déla. Mais je devrai faire cela dans le noir. Je boirai ce mélange, et m’allongerai pour dormir une heure. Vous sortirez avant que je ne commence.
Au bout d’un moment, l’eau bout dans le récipient.
- C’est le signal pour que nous sortions ! dis-je à mon père.
J’occulte à nouveau la fenêtre, et nous sortons, laissant Sirius dans le noir.
- Nous avons une heure devant nous ! dit mon père. Parle moi de tes voyages, des habitants que tu a rencontré, sans omettre un détail !
- Oui père !
Et je recommence mon récit, plus détaillé, surtout les passages sexuels !
- Ma mère n’est pas là pour être offusquée ! » dis-je, en rigolant.
- L’attaque de la banque d’Ortega
Adélaïde et les jumelles sont parties en ville faire des emplettes.
« Vous voulez vraiment emmener vos arcs ? dit Adélaïde, Vous ne craignez rien, il y a des gardes en ville, pour notre sécurité !
- Oui Déla, mais nous sommes toujours prêtes à nous battre ! Nous sommes ainsi, les Mayas ! ce qui fait rire Déla.
Elles font le tour du marché, où elles trouvent de tout, des légumes, des fruits, de la viande, et même des tissus pour confectionner des tuniques.
- Voici la banque de Charles d’Ortega. C’est lui qui gérait notre affaire pendant que nous étions au service de Charles, il y a cinq ans !
A peine a-t-elle dit cela, que des hommes masqués sortent de la banque, tenant un garçon par le cou, un glaive prêt à lui trancher la gorge !
Déla s’exclame !
- Mon Dieu ! C’est Jean, le fils de Charles ! Il saigne du bras !
Les jumelles ont déjà bandé leurs arcs !
- Laissez-nous partir ! Sinon je lui tranche la gorge ! dit un des bandits.
Ce furent ses dernières paroles ! deux flèches pénètrent dans leurs oreilles pour ressortir de l’autre côté. Les deux bandits s’effondrent, foudroyés, et Jean est sauf.
Adélaïde se précipite et le prend dans ses bras.
- Je le ramène chez Joseph ! Tu arrives à marcher, Jean , alors viens on va te soigner !
Les parents de Jean, Charles et Marie, sortent à cet instant, et voient les bandits gisant au sol, morts !
Charles ramasse le butin, le met en sécurité dans la banque, verrouille les portes, puis suit Adélaïde et Marie qui se précipitent au cabinet de Joseph Artz. En route, Adélaïde explique ce qu’il s’est passé dehors.
Itzel et Akna, vigilantes, ont deux flèches engagées, au cas où ces bandits ne seraient pas seuls.
- Nous restons ici, jusqu’à l’arrivée de la garde ! dit Itzel.
La garde arrive, trois soldats glaives en mains, et deux archers, arcs bandés.
- Baissez vos armes ! ordonne Pierre d’Ac, le chef de la garde, aux Jumelles.
Les filles sont dos à dos, se méfient et restent arcs bandés, flèches engagées.
Les témoins alors expliquent ce qu’il s’est passé.
- Ces filles sont des héroïnes ! elles ont sauvé le jeune d’Ortega ! Elles ont abattu les bandits !
- Gardes, baissez vos armes ! dit alors Pierre d’ac. Et les jumelles alors baissent aussi leurs arcs, et rangent les flèches dans les carquois.
- Qui êtes-vous ? demande -t-il.
- Nous nous nommons Itzel et Akna ! Nous sommes des amies de la famille d’Ortega ! nous venions leur rendre visite quand ces bandits les ont attaqués !
- Et où est elle, la famille d’Ortega ?
- Chez Joseph Artz le médecin ! Leur fils Jean est blessé au bras ! Venez avec nous, nous y allons !
- Volontiers, je veux le témoignage de Charles !
Gardes ! vous deux, occupez-vous de faire disparaître ces cadavres ! Faites venir le croque-mort ! dit-il aux archers. Qu’il les dépouille et les enterre rapidement ! Vous trois, vous me suivez !
- Oui chef ! » disent les cinq gardes.
Et la petite troupe se rend chez Joseph Artz.
Joseph est dans son cabinet, en train de soigner le bras de Jean. Je suis à côté de lui. Il est content de me voir, nous avons bien grandi tous les deux ! Lui a quinze ans maintenant.
- C’est une belle entaille ! dit Joseph. Mais le muscle se réparera vite ! en attendant, tu ne pourras plus tirer à l’arc ! tu devras garder le bras en écharpe quelques semaines !
Pierre d’Ac reçoit les détails de l’attaque dont Charles a été victime.
- Ils sont entrés dans la banque, mon épouse Marie était en train de nettoyer le comptoir. Un des bandits l’a prise par le cou, mais mon fils est intervenu et lui a donné un coup de pied dans le tibia, alors il a lâché Marie. Mais l’autre a donné un coup de glaive que Jean a détourné en se protégeant de son bras, ce qui l’a blessé ! Ils se sont fait remettre l’or que j'avais en caisse, menaçant d’égorger Jean, et sont sortis avec lui. Puis je les ai vu tomber tous les deux, une flèche en travers de la tête !
Grand merci Akna et Itzel, vous avez sauvé Jean et récupéré le butin !
- Vous avez eu une riche idée de garder vos arcs ! La garde serait arrivée trop tard ! dit Adélaïde.
- Si vous voulez, dit le chef des gardes, j’ai du travail pour vous !
- Merci Chef, mais nous ne sommes que de passage ! dit Akna.
Et après lui avoir anesthésié le bras, avec une pommade, Joseph recoud la plaie avec du fil fin qu’il a fait bouillir.
- Les plantes de Sirius
- Jacou ! avec tout ça, il est l’heure de réveiller Sirius ! Tu veux y aller, je termine avec Jean. »
Je me rend dans l’Apothèque, pour réveiller mon maître, j’enlève l’occultation des fenêtres et Ô surprise, mon maître n’est plus là ! seule sa tunique et ses chausse sont au sol, à côté de la couche !
« Ne crains rien, Jacou ! Je suis là, mais invisible ! Et il réapparaît devant moi, nu.
- Maître ! C’est formidable ! La potion est un succès !
- Oui, Jacou, et il y a même une surprise ! Quand je suis invisible, je peux voir dans le noir ! je t’ai vu entrer dans la pièce !
- Splendide ! Et tu contrôles quand tu peux être invisible ?
- Oui ! Regarde ! Et il disparaît devant moi, et réapparaît. Mais ? dit-il, il y a du monde dans le cabinet de Joseph, à coté !
- Oui ! nous avons eu des ennuis ! Les filles en ville ont dû tuer deux bandits qui s’en prenaient à Jean d’Ortega et avaient dévalisé son père ! Jean est blessé au bras, d’un coup de glaive ! Joseph le soigne. Les gardes de la ville sont là pour avoir des explications.
- Voilà l’occasion d’essayer la cicatrisante, la plante du volcan ! Regarde dans ma sacoche, il y a un tissu de lin. Déroule-le, et prends une feuille ! Nous allons mettre en pratique immédiatement ce que nous croyons savoir ! Allons-y !
- Heu, Maître…
- Oui Jacou ?
- Tu es tout nu ! dis-je en rigolant.
- C’est ma foi vrai ! dit-il en s’esclaffant. Donne moi ma tunique et mes chausses !
Et nous arrivons dans le cabinet de Joseph. Les gardes sont en train de partir.
- Nous allons chez le croque mort, pour voir si ces bandits avaient des affaires sur eux ! dit Pierre d’Ac en partant.
Et bravo les filles, vous fûtes promptes !
- Joseph ! dit Sirius, mets cette feuille sur la plaie ! Cela devrait accélérer la guérison !
Le médecin s’exécute, il sait que Sirius a ramené des plantes qu’il voulait lui montrer. Il donne une potion à boire à jean, pour qu’il ne souffre pas de sa blessure.
- Ce soir, les d’Ortega, dit alors Adélaïde, vous êtes nos invités ! Nous revenons du marché, et nous avons tout ce qu’il faut pour faire un bon repas ! Nous allons fêter la victoire du bien sur le mal ! Itzel et Akna, pourrai-je demander de l’aide à deux héroïnes ?
- Bien volontiers, Déla ! » répondent ensemble les jumelles.
Et ce qui devait être un bon repas s’est transformé en un banquet, où les mets les plus finement cuisinés côtoient les meilleurs vins, Charles est retourné chercher quelques trésors vinicoles dans le coffre de la banque…
La soirée est égayée par les récits de Sirius, Akna et Itzel, pour ma part j’évite de parler, le bon vin risque de me faire dire des choses que je ne dois pas dire, en l’occurrence sur les Xantarèsiens !
Mais on en arrive aux pouvoirs que nous avons, et Sirius me demande de montrer ce que je peux faire.
Alors, tout en restant assis, je dis :
- Comme ce vin est délicieux, je vais m’en resservir un verre !
Et la bouteille de vin quitte la table, vole dans les airs, et, au dessus de mon verre, s’incline pour le remplir, puis elle retourne à sa place initiale.
Les d’Ortega sont subjugués !
- Et tu dis que c’est une plante qui vous donne ce pouvoir ! dit Charles.
- Oui Charles ! dis-je, et il y a mieux !
Et tout en restant assis, je décolle avec ma chaise, et vient m’installer à côté de Charles.
Charles reste bouche bée !
- Nous pouvons aussi communiquer par la pensée ! ajouté-je.
Je ne parle pas des derniers pouvoirs qu’a acquis Sirius, s’il le veut, il le fera lui-même.
Jean un moment prend une fourchette et un couteau, et coupe la viande dans son assiette, sans aucune gène au bras !
Voyant cela, Joseph lui demande de venir le voir. Il ouvre alors le pansement autour de la plaie, elle a disparu ! Il n’y a plus qu’un filet de chair rose qui indique qu’il y a eu une coupure à cet endroit, comme une fine cicatrice ! Les fils qu’il a posé tantôt se sont désagrégés, et se retirent en tirant dessus !
Jean montre son bras à son père, à sa mère, et à toutes et tous ceux qui sont à table !
- Je suis guéri ! C’est fantastique ! Jacou ! Prête-moi ton arc !
Je vais chercher mon arc et une flèche, et Jean bande l’arc sans aucune gène et décoche la flèche qui transperce le mur de la pièce !
- Je suis désolé joseph ! Je ne voulais pas détruire ta maison !
- Je suis heureux que tu sois guéri ! dit Joseph. Ca vaut bien un trou dans le mur ! Et tout le monde rigole.
- Voilà encore une plante extraordinaire, dit Sirius. C’est la première utilisation que j’en fais ! Incroyable ! Je l’ai appelé la cicatrisante, mais il faut rajouter « miraculeuse » !
- Maître Sirius ! dit Jean. Pourrais-je moi aussi bénéficier des pouvoirs que possède Jacou ?
- Et pourquoi ?
- Parce que Jacou est mon ami, et que je suis jaloux de ses pouvoirs !
- Ce sont deux bonnes raisons ! dit Sirius en riant. Soit ! Demain, tu viendras ici, et tu seras initié !
- Merci beaucoup, Maître !
Le banquet touche à sa fin, quelques douceurs et alcools divers achèvent les papilles des attablés, j’apprécie encore quelques verres de la gnole familiale, et les d’Ortega se préparent à quitter le domicile des Artz, dans un état euphorique certain !
- Itzel et moi allons les accompagner ! dit Akna. Des fois qu’on puisse encore s’exercer au tir à l’arc ! Ce qui fait encore rigoler tout le monde !
- Soyez tout de même prudentes ! dit Sirius.
- Il a raison, dit Charles ! Même dans la cité, les rodeurs sont légions, la nuit !
- Je vais avec elles ! dis-je. Des faibles femmes ont besoin d’un garde du corps !
- Les faibles femmes pensent que tu as trop caressé la dive amphore pour les accompagner ! dit alors Itzel.
- Je le crois aussi ! dit Sirius.
- Bon ! dis-je, me résignant. La prochaine fois alors ! Faisant rire tout le monde.
Les d’Ortega s’en vont donc, accompagnés par les jumelles et leurs arcs. Heureusement, leur domicile n’est pas loin !
Mes parents, avec mon aide titubante, rangent la table.
- Nous ferons le ménage demain ! dit Déla, maintenant, je suis fatiguée ! Viens Jo, allons nous coucher !
- Allez-y, dit Sirius, je vais attendre le retour de mes disciples, et nous aussi nous irons nous coucher ! Merci pour cette superbe soirée ! »
Une fois les Artz couchés, Sirius sort dans la nuit, et s’élève invisible au dessus de la ville, bien haut, là où se trouve le vaisseau des Xantarèsiens et leur remet la trémulonde de Durandalem, leur explique comment il a fait le mélange, puis redescend chez les Artz tandis que le vaisseau disparait dans la nuit.
« Je reste déshabillé invisible, pour faire une surprise aux filles ! Tu ne diras rien, Jacou, je veux voir leurs têtes !
- Je ne dirai mot !
Peu de temps plus tard, la porte s’ouvre, Sirius est invisible, Itzel et Akna entrent, sans avoir eu de problème en raccompagnant les d’Ortega.
Itzel et Akna me demandent si Sirius est déjà allé se coucher.
- Non ! Je suis là ! dit une voix qu’elles reconnaissent, mais ne voient rien.
- Où es tu, Maître ?
- Là ! Juste devant vous ! Et il réapparaît souriant !
- C’est formidable ! dit Akna. Ces voyages ont vraiment été fructueux ! quelle plante magique que cette trémulonde !
- Oui, mes chères disciples ! Maintenant nous savons tout de la trémulonde ! En plus, j’ai testé que quand je suis invisible, et seulement là, je peux voir dans la nuit comme en plein jour ! Nous pourrons donc voler de nuit comme bon nous semble !
Maintenant, nous pouvons aller nous coucher ! Bonne nuit les filles, bonne nuit Jacou ! Et il disparaît, sa tunique qu’il ramasse semble flotter dans les airs.
- Bonne nuit, Maître ! répondons-nous en chœur.
- J’ai encore une chose à vous demander : Mon ami Jean est encore vierge ! Pourriez-vous le …
- Avec toi, bien sûr, hein ! dit Itzel en riant. Nous ferons cela demain, quand il viendra !
- Grand merci ! Vous êtes vraiment de chouettes filles ! Bon ! Je vais cuver ma gnole ! Bonne nuit les filles !
- Bonne nuit Jacou ! » répondent les sœurs ensemble. Et elles aussi vont se coucher.
- L’initiation de Jean d’Ortega
Le lendemain matin, un beau soleil éclaire la cité de Mettis.
Jean d’Ortega est pressé d’aller me retrouver, son ami, mais surtout d’être initié aux pouvoir que je possède et que Sirius a promis de lui donner.
Sa blessure n’est plus qu’un mauvais souvenir, grâce aux soins de Joseph Artz et à la plante de Sirius !
Nous sommes en train de prendre le petit déjeuner chez les Artz quand Jean arrive.
« Tu es bien matinal, Jean ! dit Sirius . Bon ! Viens, faisons cela tout de suite ! Montons dans la chambre de Jacou, il n’y a qu’une fenêtre à occulter ! Jacou, peux-tu t’en occuper ?
- Oui Maître ! Je le fais tout de suite ! Et je monte l’étoffe que j’avais mise hier sur la fenêtre de l’apothèque, pour l’installer dans ma chambre.
Sirius arrive avec deux fioles.
- Jacou, tu vas aussi dormir, après avoir bu cette fiole ! Mes disciples Akna et Itzel l’on déjà bu cette nuit ! Jean, tu boiras celle-là ! »
Nous nous allongeons côte à côte sur la couche, Sirius sort et ferme la porte, et après avoir bu nos fioles dans le noir, nous nous endormons.
Sirius est en grande conversation avec Joseph.
« Ton fils est un être exceptionnel ! Nos chamans, qui conversent avec les Forces cosmiques, l’on remarqué ! Moi-même, il y a cinq ans, souviens-toi, à la Rochelle, j’ai su que c’était lui l’élu des Forces Cosmiques !
- C’est vrai qu’il a toujours été précoce ! il savait lire et compter à quatre ans ! Et il a une mémoire extraordinaire ! Ses moines précepteurs en étaient effrayés !
- Il est aussi celui qui a enfanté notre Grand Chaman ! C’est une volonté des Forces Cosmiques, une prophétie était dite depuis longtemps !
’’Celui qui viendra des terres de l’Est enfantera le Grand Chaman ! Il sera blond !’’
La prophétie s’est réalisée ! Ton fils a aussi crée une nouvelle espèce humanoïde !
- Que dis-tu, Sirius ? Une nouvelle espèce ?
- Oui ! Dans nos montagnes, nous avons eu la visite d’êtres extraterrestres ! De forme humanoïde, ils ont beaucoup de points communs avec les humains ! Et quelques différences.
- Des extraterrestres ! Tu ne me mènes pas en bateau, là, Sirius ?
- Non ! Je t’assure que tout ce que je dis est la vérité ! Écoute !
Sept filles et sept garçons d’une autre planète, Xantarès, dans un autre système solaire, sont venus sur la Terre. Les filles ont été fécondées par Jacou et un garçon extraterrestre chacune ! Il y a eu quatorze naissances, deux par filles ! Alors que les Xantarèsiens sont imberbes, sans aucun poil ni cheveu sur leur corps, tous les bébés sont blonds ! Une nouvelle espèce est née, et ce grâce à ton fils Jacou. Ce n’est pas lui qui assume et assure la paternité de ces enfants, mais les compagnons de celles qu’il a enfantées ! La volonté des Forces Cosmique est réalisée !
- Mais Jacou ! Il n’avait que neuf ans quand il est parti ! Il n’était pas mature, sexuellement !
- Il est précoce dans ce domaine aussi ! J’ai moi-même été étonné quand pendant le voyage il a copulé avec mes disciples Akna et Itzel ! Les Xantarèsiens, bien plus avancés que nous, lui ont fait accélérer sa puberté, et à onze ans il était mature sexuellement.
- Je suis abasourdi ! Jacou ! Mon fils ! Géniteur d’une nouvelle espèce ! J’avais déjà du mal à assimiler l’épisode des Maoris, mais alors là !
- Ce n’est pas fini ! dit alors Sirius. Il va aussi ramener la paix sur la planète Xantarès, puis en royaume de France, en combattant !
- Comment cela ? Jacou est un scientifique, pas un soldat !
- Oui, Joseph, et tu l’enseigneras pendant les ans qui viennent à la médecine, il en aura besoin, comme toi sur le champ de bataille, plus tard. Il deviendra un des plus grand érudit médecin de sa génération, grâce à toi ! Il fondera aussi une école de soldats où ses élèves serviront le roi, le petit-fils de Charles, qui deviendra empereur ! Il instaurera la nudité dans plusieurs villes de l’Austrasie, et même à la cour de l’empereur !
- Mais aura-t-il des enfants ? demande alors Joseph, qui se verrait bien grand-père !
- Non, Joseph ! il n’aura aucune descendance, bien qu’il ait enfanté beaucoup de filles !
- Tu as tracé son destin, mais lui, qu’en pense-t-il ? Est-il d’accord de ne pas choisir son avenir ?
- Ce n’est pas moi, mais les Forces Cosmiques qui l’ont fait, comme elles le font pour chacun d’entre nous ! Mais son avenir lui appartient ! les prophéties ne se réalisent pas toujours ! Et crois bien qu’il saura ce qu’il devra faire au moment des choix de sa vie ! Jacou est un érudit !
- Soit ! je me range à ta sagesse ! Restez-vous ici longtemps ?
- Non ! dit Sirius. Avec mes disciples Akna et Itzel nous allons voyager, rencontrer les chamans du grand Est, le peuple des Sarmates, où la nuit dure plusieurs lunes…
Jacou restera ici dans sa famille, afin de bénéficier des enseignement de médecine de son père et de botanique de sa mère !
Nous reviendrons, mes disciples et moi, d’ici deux ans, au solstice d’été ! Nous avons rendez-vous avec les extraterrestres ici à Mettis, dans le bois au Nord de la ville. Oui, Joseph ! Je peux te le dire maintenant ! Nous sommes venus en vaisseau spatial depuis mes montagnes mayas. En une heure, nous avons fait la moitié du tour de la planète ! Et c’est eux qui nous ramèneront chez nous. Vous les rencontrerez à cette occasion ! Bien ! Il est temps d’aller réveiller Jean, qui doit être nanti de ses nouveaux pouvoirs !
Et Sirius monte à ma chambre, ouvre la porte enlève l’occultation sur la fenêtre, ce qui nous réveille.
« Jacou ! Contrôle-toi, tu as de nouveaux pouvoirs ! Apparais ! me dit Sirius en pensées. Et avant que Jean se tourne vers moi, j’ai repris mon apparence visible.
Manifestement, il maîtrise déjà cela ! se dit Sirius.
- Alors Jean ! dit Sirius mentalement. Tu me comprends !
Jean est tout étonné d’entendre Sirius dans sa tête. Il pense alors que oui, il l’entend !
C’est bien ! dit Sirius. Maintenant, essaie de soulever le chevet à côté de toi !
Et Jean essaie, et y arrive ! Il le redépose et dit :
- C’est fantastique !
- Passe au dessus de moi sans me toucher ! dis-je.
Et Jean décolle et passe au dessus du lit ! Il n’en revient pas !
- Bien, dit Sirius. Tu iras montrer tes pouvoirs à tes parents, et tu leur diras que je vais venir chez eux, après la fermeture de la banque, pour leur donner ces mêmes pouvoirs ! Ils pourront se défendre si une nouvelle attaque a lieu !
Mais pour ce midi, je les invite à l’auberge du coq d’or ! dis-leur cela !
- Avec moi ?
- Mais oui ! Avec toi ! Vas !
- Et si tu veux, lui dis-je, nous irons dans les bois où tu pourras voler à ton aise à l’abri des regards ! Itzel et Akna nous accompagneront ! Disons après le repas de midi !
- D’accord Jacou ! j’ai hâte ! Je vais prévenir mes parents ! On se revoit donc après le déjeuner !
- Jean ! dit Sirius, fais attention, ne montre pas tes pouvoirs dans la rue ! tu risques la potence, ou le bûcher !
- Nous serons de retour avant midi, dit Sirius à mes parents. Nous vous invitons aussi à l’auberge du Coq d’Or, on m’a dit que du bien sur cette auberge ! Nous réserverons une table au passage en allant au monastère !
Nous allons, Sirius et ses disciples, à l’Évêché de Mettis saluer les moines qui étaient mes précepteurs, il y a déjà cinq ans. Mais vu ce qu’il s’est passé la veille, nous sommes tous armés !
Grand merci Sirius ! Nous y serons pour midi, le temps de fermer nos échoppes ! » dit Adélaïde.
Puis, Adélaïde a ouvert son apothèque, et Joseph est à son cabinet.
Nous passons à l’auberge du Coq d’Or, et Sirius réserve une table pour neuf, pour midi, et donne un Denier d’or en acompte pour certifier la réservation. Cela se fait dans les bonnes maisons, parait-il.
Puis, nous prenons le chemin de l’Évêché, sur la colline.
Albert Dupont
En arrivant à l’Évêché, je reconnais un des moines !
« Salut frère Tok !
- On se connaît, jeune homme ?
- Oui, frère Tok ! avec frère Igor et frère Suro, vous avez été mes précepteurs jusqu’à l’âge de neuf ans !
- Le jeune Artz ! Jacou Artz ! Oui ! Maintenant je reconnais les marins avec qui tu as embarqué ! Je suis heureux que vous ne soyez pas tombés au bout de la mer !
Nous sourions tous les quatre en constatant qu’ils sont toujours ignorants de la chose, et qu’ils croient toujours que la Terre est plate !
Comme tu as grandi ! Tu es un jeune homme maintenant !
- Oui, frère Tok ! j’ai déjà quatorze ans ! Mais mes deux autres précepteurs, ne sont -ils point ici ?
- Non, Jacou, frère Igor et frère Suro sont partis en mission avec Monseigneur Daizano, l’évêque de Mettis, en mission d’évangélisation sur les frontières du Nord.
- Je voulais vous remercier encore pour votre enseignement ! Il m’a bien servi ces années ! J’aurais aimé les saluer ! Vous le ferez pour moi à leur retour !
- Je n’y manquerai pas ! Que Dieu vous ait en sa sainte garde !
- Qu’il veille sur toi, frère Tok ! »
Et nous quittons l’Évêché de Mettis, et retournons vers la ville.
Nous nous promenons dans les rues de Mettis, quelques pécheurs jettent leurs filets depuis le pont sur la rivière Moselle.
Un peu plus loin, une patrouille a arrêté un homme, accusé d’être un voleur à la tire. Il n’en mène pas large ! ils s’apprêtent à lui couper la main !
Aussitôt, Itzel intervient !
« Arrêtez ! Qu’allez-vous faire ? retenant à distance le bras du garde.
Les deux autres gardes aussitôt sortent leur glaive, mais Akna, Sirius et moi avons déjà nos arcs prêts à tirer !
- Cet homme a volé les dames que voilà ! dit le garde qu’Itzel a bloqué.
- Non ! Je le jure ! Cette dame a laissé choir sa bourse en sortant son mouchoir ! Elle ne s’en est pas rendue compte ! Je l’ai ramassée, et j’ai voulu lui rendre, c’est là qu’elle a crié au voleur ! Mais je ne suis pas un voleur !
- Cet homme dit la vérité ! dit un homme vêtu de riches habits.
- Qui êtes-vous pour intervenir ainsi ? dit un garde menaçant le nouvel arrivant de son glaive.
Sirius alors crie :
- Je vous conseille vivement de ranger vos armes ! Chaque garde se retrouve avec une flèche pointée à quelques pouces de son œil. Et les glaives rentrent dans leur fourreau, les arcs alors s’abaissent.
- Je suis Georges Delatur, le mari de Charlotte, une de ces dames ! Je les rejoignais quand j’ai vu Madeleine faire choir sa bourse, comme l’a raconté cet homme ! Ce n’est pas une main tranchée mais bien une récompense pour son honnêteté que cet homme mérite !
- Oh ! Je suis confuse, dit Madeleine ! J’étais sûre que cet homme me volait !
Une autre patrouille, voyant les gardes en joue au loin, accourt.
Entretemps, les armes sont rangées.
Leur chef n’est autre que Pierre d’Ac, le chef des gardes, qui est intervenu la veille quand les jumelles ont abattu les bandits devant chez d’Ortega.
- Encore vous ! dit-il aux filles ! Vous vous en prenez aux gardes, maintenant ?
- Elles ont bien fait ! dit un garde. Nous allions commettre une faute grave !
Et le garde raconte au chef ce qu’il s’est passé.
- Heureusement que vous étiez là ! dit celui-ci. Je réitère mon offre ! Nous avons besoin de soldats prompts et efficaces !
- Merci chef ! Mais nous devons partir bientôt ! dit Itzel.
- Comment te nommes-tu, brave homme ? demande Madeleine au pauvre bougre qui a failli perdre sa main.
- Je me nomme Albert Dupont.
- Et quel est ton métier ? demande Georges Delatur.
- Je suis jardinier, mais là, je n’ai pas de travail.
- Alors, tu seras mon jardinier ! J’ai une propriété au Sud de Mettis, un bon jardinier manque ! Es-tu d’accord ?
- Oh oui ! J’ai besoin d’un travail pour sortir ma famille de la misère ! Nous habitons dans une masure, au bord de la rivière Moselle !
- Alors tu habiteras le pavillon de chasse dans ma propriété, avec ta famille ! Tu as des enfants ?
- Oui ! Un garçon de douze ans et une fille de dix ans. Mon épouse, Paulette, est cuisinière.
- Superbe ! Elle entrera à mon service comme cuisinière au manoir !
- Et voici cette bourse que tu as méritée ! dit Madeleine.
- Oui Madeleine ! dit Charlotte Delatur. Tu as bien fait ! Il la mérite !
- C’est vraiment généreux de votre part ! Avec cette bourse, je vais pouvoir payer les dettes et les intérêts que je n’arrivais pas à acquitter ! Merci beaucoup !
- Tu dois des sous à la banque ? demandé-je.
- Non ! C’est notre bailleur ! Pour une masure il a augmenté les prix et les intérêts sur les retards de paiement !
- Où habite-t-il ? demande Sirius.
- A côté de chez nous, il a une propriété au bord de la rivière .
- Bien ! dit Georges Delatur, vas chercher les tiens, et viens au manoir t’installer sur l’heure ! Toi et ta femme commencez demain à travailler pour moi, et serez payés comme il se doit !
- Nous t’accompagnons ! dit Sirius. Je veux voir ton bailleur !
Arrivés en bord de rivière, nous nous rendons chez le bailleur.
Albert frappe à la porte.
- Allez-vous en ! dit une voix à l’intérieur.
- J’amène des sous ! dit alors Albert.
Aussitôt, la porte s’entrouvre et un homme à la mine patibulaire apparaît.
- Tu me dois dix deniers ! Les as-tu ?
- Oui ! Les voilà !
- Tu les as volé ! Tu es un voleur ! Je les confisque !
Mais Sirius a déjà une flèche tout prêt de son œil, et dit :
- Cet homme paie sa dette ! Il ne te doit plus rien ! Es-tu d’accord ?
Le vieux pingre, tremblant, acquiesce !
- Oui ! oui ! Tu es quitte ! Tu ne dois plus rien ! Mais le mois prochain, tu me devras à nouveau un loyer !
- Que nenni ! Je quitte ta maison pourrie ! Je ne te devrai plus jamais rien ! Adieu !
Et nous passons par la masure occupée par sa femme et ses enfants. Il rassemble ses quelques affaires, des frusques et des guenilles, c’est tout ce qu’ils ont !
- Nous vous accompagnons chez Delatur ! dit Sirius.
Une fois arrivés à la propriété, des domestiques attendent les Dupont, et les prennent en charge.
- Venez, dit un majordome. Vous allez vous laver et enfiler ces habits propres ! Jetez vos vieilles frusques, vous aurez tout ce qu’il vous faut ici ! Soyez les bienvenus ! »
Nous laissons cette famille qui pleure de joie aux mains du majordome, et repartons pour la cité, il va être midi, ne ratons pas l’auberge du Coq d’Or !
Joseph et Adélaïde arrivent accompagnés de Charles, Marie et Jean d’Ortega.
Nous arrivons peu après, et nous sommes installés à une belle table ronde, au milieu de l’auberge. Nous rangeons discrètement nos armes sous la table.
Un amuse-bouche nous est servi, un délice qui augure de la suite !
Sirius commande une excellente bouteille de vin.
Peu de temps plus tard, trois clients arrivent à l’auberge, et s’installent non loin de notre table.
« Je vous salue ! Maître Artz ! Madame Artz ! Maître d’Ortega ! Madame d’Ortega ! Jeune homme !
- Salut à vous, Maître Delatur ! Mesdames ! répond Joseph.
Et là, Georges Delatur reconnait Itzel Akna Sirius et moi !
- Je vous présente notre fils Jacou, revenu d’un long voyage ! dit Joseph.
- Oui ! Nous nous sommes rencontrés ce matin ! Ce jeune homme, avec son arc, tenait en respect un garde qui me menaçait !
- C’est de ma faute ! dit une dame à côté de Georges Delatur.
- Je vous présente Madeleine, la sœur de Charlotte, ma femme. Je vous raconte, j’ai tout vu !
Et Georges raconte cette improbable aventure, les gardes, l’intervention d’Itzel, nous et nos arcs, l’histoire d’Albert Dupont, et l’heureux dénouement qui s’en est suivi !
- Nous avons accompagné Albert récupérer sa femme et ses enfants, dis-je, il a payé ses dettes au vieux pingre qui le harcelait, et nous l’avons accompagné jusque chez vous où votre majordome l’a accueilli avec bienveillance !
- J'avais donné des ordres dans ce sens ! dit Georges.
Hé bien ! dit Charles. Fêtons cet heureux dénouement ! Aubergiste ! apportez-nous votre meilleur vin ! Le pétillant des coteaux de Durocortorum. Il en faudra bien deux bouteilles !
Le repas qui suit est un délice ! arrosé des meilleurs crus, l’aubergiste est ravi d’avoir le banquier, le médecin et un riche propriétaire terrien dans son auberge ! Bonne journée !
Sirius paie en pièces d’or la totalité de ce que les douze convives ont consommé !
- Il ne fallait pas ! dit Georges Delatur.
- Vous avez beaucoup fait aujourd’hui pour cette famille ! dit Sirius. Je suis sûr que vous ne le regretterez pas ! Laissez- moi participer un peu à ce bonheur !
-Vous êtes un sage, maître Sirius ! Nous serons enchanté de vous recevoir dans notre demeure, à votre convenance.
Les bandits
Après ce délicieux repas, nous décidons, Itzel, Akna, Jean et moi d’aller vers le bois, Jean peut s’exercer à voler à son aise, puis Itzel et Akna, sur une couverture, s’emploient à éduquer le jeune homme aux choses de la chair, éducation à laquelle je participe avec envie !...
Après ces ébats ô combien jouissifs nous rentrons vers la ville, et nous nous arrêtons pour boire un verre dans une taverne, à l’entrée de Mettis.
Nous nous installons sur la terrasse, une serveuse arrive et prend notre commande. Une pinte de vin rouge et quatre verres. Nous dégustons le vin, ma foi assez agréable à boire, quand une bande de cinq jeunes gens, sales et hirsutes, nous aborde.
« Regardez-moi ces jolies filles avec ces jouvenceaux ! Ils sont trop jeunes pour vous, mes chéries ! Venez plutôt apprécier des vrais mâles !
- Passez votre chemin ! dis-je à celui qui a parlé.
- Mais c’est qu’il défend ces beautés, ce jeune freluquet ! Je vais te couper en deux !
Il s’approche alors de moi, sort un glaive et me menace de me trancher la gorge ! Erreur !
Je lui fait , d’un geste de la main, tourner son glaive, et le porter à son propre cou.
- Veux-tu bien dire à tes amis puants qu’ils s’ôtent de notre air, ça devient irrespirable !
Itzel et Akna, toujours assises, ont leurs arcs chargés de deux flèches chacun et restent impassibles.
Mais l’imbécile ne veut pas comprendre, et dit à ses quatre compères :
- Tuez-les !
- Aussitôt ils sortent leurs glaives, et prennent chacun une flèche dans l’épaule droite, tandis que le premier se mutile le bras gauche de son propre glaive.
Les filles ont à nouveau deux flèches chacune, prêtes à tirer.
Je prends mon arc, et envoie deux flèches simultanément dans chaque épaule du malfrat, qui se retrouve à terre.
Mais plein de haine, il hurle :
- Tuez-les ! Tuez-les !
Ses compères, bien handicapés, veulent alors frapper, et se prennent eux aussi une flèche dans l’autre épaule.
- Encore une fois, et vous êtes tous morts !
Mais les quatre malfrats derrière leur chef préfèrent rebrousser chemin, en titubant, les bras ballants et dégoulinant de sang.
- Lâches ! hurle-t-il vers ses compères qui fuient. Se retournant vers nous, il beugle :
Je vous tuerai tous ! Juste avant de se prendre une flèche dans la gorge qui le foudroie net, lui explosant les vertèbres cervicales..
Je le soulève alors et comme s’il rampait au sol, je le fais se traîner jusqu’à la rivière, et il tombe dedans.
Jean est effaré par ce qu’il vient de voir ! Plus jamais il ne sortira sans son arc !
Nous terminons alors nos verres, les clients sont sortis de l’auberge, et nous félicitent pour notre sang-froid, ces malfrats terrorisaient le quartier !
Le tavernier sort à son tour.
- La pinte est pour moi ! Je le savais ! Il ne faut jamais embêter des filles qui ont des arcs !
Et toute la clientèle rigole, et nous avec !
- En tous cas, s’ils survivent, ils ne viendrons plus par ici !
Nous partons alors vers la cité, la rumeur se répand vite que deux femmes et un jeune homme ont fait la peau des bandits qui terrorisaient la ville.
En chemin, nous croisons la patrouille et le chef des gardes, Pierre d’Ac, rencontrés ce matin.
- C’est vous, les pourfendeurs de ces bandits ! Je m’en doutais ! Ils sont neuf, d’habitude, mais je crois qu’ils ne sont plus que sept depuis hier !
- Six ! dis-je. Je crois que celui dans la rivière n’est plus guère vaillant !
- Ils viennent de temps en temps, et ont déjà tué trois de mes hommes ! Nous allons les poursuivre !
- Nous venons avec vous ! disent les jumelles en chœur.
- Blessés comme ils sont, ils n’ont pas pu aller bien loin ! précisé-je.
Nous retournons sur nos pas.
- Jean ! Va prévenir mon père et Sirius de ce que nous faisons avec la garde de la cité !
- Oui Jacou, j’y vais !
Nous suivons les traces de sang, abondantes, des huit bras qui saignent, et arrivons non loin d’une cabane. Manifestement, ils sont entrés là dedans !
Des hurlements indiquent que quelqu’un essaie de retirer les flèches, eux ne le peuvent surement pas !
- Je vais aller voir ! dis-je.
Et discrètement, je m’avance vers la cabane, pour arriver sous une fenêtre. Je les entends parler. Manifestement, il y a deux bandits non blessés, qui essaient de retirer les flèches de quatre autres.
Je reviens vers la garde, posté dans le sous bois.
- Ils sont six, avec les quatre qu’on a blessé ! On va les faire sortir !
Aussitôt les filles ont compris ! Elles préparent des flèches qu’elles entourent des chiffons que nous avons dans les carquois, je trouve de la paille sèche, et en cherchant un peu, deux pierres dont un silex qui feront l’affaire.
Après quelques essais, j’arrive à allumer la paille, j’obtiens un feu avec des brindilles puis des branches, puis les chiffons enroulés autour des flèches sont embrasés, et nous tirons trois flèches enflammées dans les fenêtres de la masure de chaume.
Puis trois autres dans la toiture, qui s’embrase aussitôt !
Les six bandits n’ont d’autre solution que de sortir en courant s’ils ne veulent pas rôtir, le toit s’effondre déjà ! Cinq sont sortis, un sixième, surement trop faible, ou touché par une flèche, est resté et le toit en flamme lui est tombé dessus.
Ils sont cueillis par les gardes qui les font prisonniers.
Les cinq survivants, dont trois sont mal en point, continuent de menacer les gardes.
- Nous vous tuerons ! Vous ne nous aurez pas ! Nous nous échapperons !
Alors Pierre d’Ac, le chef des gardes prend une décision.
Il sort son glaive, et d’un coup dans le cœur, l’un après l’autre il les tue de sang-froid.
Il envoie deux gardes chercher des pelles, pour ensevelir les bandits. Les gardes les dépouillent, ils avaient sur eux une petite fortune ! Les habits sont brûlés et les cadavres nus sont jetés dans la fosse que les gardes ont creusé.
- Ce pactole reviendra aux veuves de mes gardes tués. dit-il. En tous cas, vous alors, vous êtes efficaces ! Bravo Jacou pour ce feu ! Tu as épaté mes gardes ! Tu as obtenu le respect de toute la garnison ! Sois en sûr !
- C’est pas tout ! dit Akna. Il nous faut à nouveau des flèches ! Allons trouver un armurier, il doit bien en avoir un dans la ville !
- Exact ! dit Pierre d’Ac, non loin de la banque ! Je vous accompagne, nous prenons en charge ce que vous achèterez chez l’armurier !
- Grand merci Chef !
- Ce n’est que normal ! dit-il.
Tout le monde va donc chez l’armurier, Les jumelles choisissent des flèches à plumes colorées.
Sous les sourires des gardes, Itzel précise :
- C’est pour mourir avec le sourire ! Et c’est l’esclaffée générale.
Arrivés chez Joseph, elles racontent ce qu’elles ont vécu à Mettis.
- … Et Jacou a allumé un feu pour enflammer la masure des bandits ! dit Akna.
- Bravo, mes disciples ! dit Sirius. Bon, maintenant, j’ai une mission chez les d’Ortega. Je serai de retour d’ici un peu plus d’une heure ! Toi, Jacou, tu vas prendre ces deux fioles, et tu vas coucher tes parents ! eux aussi bénéficieront de nos pouvoirs !
- Merci Sirius ! dit Joseph. Déla ! Viens , on va se coucher !
- Déjà ? s’étonne Déla, Mais il fait encore jour !
- Pour ça, dis-je alors, je m’en occupe ! Et je vais dans la chambre parentale et occulte la fenêtre.
- Venez, Père et mère ! Allongez-vous, et quand je serai sorti, dans le noir vous boirez la fiole que je vous donne. Vous allez dormir une heure, Ne vous en faîtes pas, Les filles et moi restons ici pour surveiller !
Mais nous allons nous mettre à l’aise ! » Et nous tombons nos tuniques, et c’est nu que j’accompagne mes parents vers leur chambre.
De retour, Itzel et Akna ont disparu !
Je me rend invisible, et j’aperçoit leur halo, que je ne voyait pas tant que j’étais visible !
- Je vous vois ! En tous cas, votre halo !
- Nous aussi, Jacou on te voit ! Il faudra qu’on en parle au maître !
Ce soir, nous aurons manifestement des tests d’invisibilité à faire Itzel, Akna et moi, et peut-être bien avec notre maître Sirius !
Au bout d’une heure, nu et visible, je vais réveiller les parents, qui émergeaient doucement.
Je les incite à essayer leurs nouvelles aptitudes, en leur disant mentalement ce qu’il doivent faire pour tester leurs pouvoirs.
Puis Déla va en cuisine préparer le souper, Les filles, nues, vont lui prêter main forte, du coup, elle se met nue aussi ! Elle rigole de prendre une casserole à distance et la remplir d’eau sur le feu, à quatre pas d’elle !
« Je sens que ça va me plaire, ce pouvoir ! » dit elle.
Sur ces entrefaites, Sirius est de retour, mission accomplie !
Chapitre II La Communauté du Blauersland
- En route pour le Blauersland
- La saga de notre périple
- Les pirates du Grand Fleuve Rhin
- La fête de l’Equinoxe
- Les nouveaux compagnons du Blauersland
- La fête des compagnons du Blauersland
- La hutte de Sudation
- Nouvelles technologies
- Le dragon de la forêt
- Le sauna des jeunes
- Les chasse-neige
- Les récits des déneigeurs
En route pour le Blauersland
Nous nous installons à table, mon père sort trois verres pour nous, et trois pour les filles, puis ramène une bouteille qu’il avait à la cave, du nectar de raisin qu’il dit, mais c’est vraiment de la gnole !
Nous dégustons ce nectar en parlant de choses et d’autres, notamment de la sécurité dans la cité.
Puis je pose une question à Joseph, mon père :
« Tu te souviens de Clément Sandre, qui vous a accompagné à Poitiers ?
- Oui Jacou, bien sûr ! Il nous a aussi accompagné jusqu’à Mettis quand nous sommes revenus, il y a cinq ans. Il est resté quelques jours ici, chez nous, puis il est parti vers Strateburgo, à l’Est ! Mais j’y pense maintenant ! Il m’a laissé une lettre pour toi ! Je vais la chercher ! »
Et il revient avec un pli cacheté qu’il me remet. Dessus il y précise l’endroit où il se rend à Strateburgo. Une communauté qui vit en harmonie avec la nature, au bord du grand fleuve Rhin. Elle s’appelle la communauté du Blauersland.
« Il m’invite à le rejoindre à Strateburgo quand je lirai cette lettre. Mon Maître ! Puis-je m’y rendre ?
- Tu viens seulement de revenir que tu veux déjà repartir ! dit ma mère en arrivant à table avec un plat de grignoteries que les jumelles ont composées.
- Oui, mère, mais je reviendrai !
- Venez, les filles, goûter ce nectar ! » dit Joseph en servant les verres des filles, deux fois plus petits que les nôtres. Il en profite pour nous resservir.
Nous faisons honneur aux grignoteries servies, des petits délices en bouche !
« Bien, dit Sirius, je consens à ce que tu voyages sans moi ! Mais mes disciples ne sauraient se séparer ! Qu’en pensez-vous, Akna et Itzel ? Ca vous dirait un voyage vers Strateburgo avec Jacou ?
- Avec Jacou, nous irons partout, nous étions déjà au bout du monde ! disent les jumelles à l’unisson, ce qui fait rire tout le monde.
- Soit ! dit Sirius. Mais n’oubliez pas, le deuxième solstice d’été à venir, nous devons impérativement être ici ! Je vais rester quelques temps ici, avec vous, Déla et Jo, si vous voulez bien de moi !
- Ce sera un honneur ! dit Joseph.
- Cela me permettra de faire quelques expériences avec vous ! Des expériences botaniques, s’entend ! N’ayez pas de craintes ! faisant rigoler tout le monde.
- Mes disciples, vous partirez demain, quand vous serez prêts. Je vous donnerai quelques potions diverses qui pourront vous servir, le cas échéant. Le voyage pour le Grand Est, chez les Sarmates, se fera en voyage astral !
- En voyage astral ? questionne Déla.
- Oui, nos corps ne bougent pas, seuls nos esprits parcourent de grandes distances très rapidement, c’est un des pouvoirs qu’ont les chamans, qu’ils soient Maya, Aborigènes ou Sarmates ! Je voulais les rencontrer, je le ferai de cette manière !
- Strateburgo est à quarante lieues d’ici, dit Joseph. A cheval, vous en avez pour bien pour douze heures, en trottant bien.
- Nous irons en volant ! dis-je, il nous faudra deux heures au plus ! Crois-tu que Jean d’Ortega pourrait nous accompagner ?
- Non Jacou ! Vos aptitudes à l’arc l’ont décidé ! Il va intégrer l’école des archers de la place militaire de Divodurum. Il veut devenir un des meilleurs archers de Mettis !
- Soit ! Nous irons le saluer avant de partir !
- Bien ! Si cela ne te dérange pas, Joseph, dit Sirius, nous passerons cette nuit ensemble, mes disciples et moi !
- Pas de soucis ! dit Joseph. Je vais installer des couches dans l’apothèque, Vous y serez tranquilles pour discuter sans craindre de nous déranger, Déla et moi ! »
Après un repas encore bien copieux et délicieux, bien arrosé, nous décidons de gagner nos couches respectives.
Une fois installés dans l’apothèque, nus, nous racontons nos tests d’invisibilité, Et nous nous adonnons à la copulation invisibles, avec parfois des franches rigolades, nos fluides, bien que l’on soit invisibles sont eux bien visibles dès qu’ils quittent notre corps !
Mais même les ébats les plus fous ont une fin, et nous nous endormons, repus.
Le lendemain matin, il fait encore beau pour la saison. Nous sommes en automne, mais la température matinale est déjà agréable.
Une fois habillé, le petit déjeuné avalé, nous allons, Itzel Akna et moi faire nos adieux à la famille D’Ortega.
Jean est content d’intégrer l’école des archers, mais triste de me voir repartir. Et déçu de ne pas avoir plus expérimenté sa sexualité avec les jumelles !
« Te reverrai-je un jour ? dit-il.
- Oui, Jean ! lui dis-je, avant deux ans nous serons de retour !
De retour à la maison familiale, Sirius nous donne un sac contenant des fioles diverses.
- Partagez-vous la charge ! dit-il. Vous savez ce que contiennent ces fioles ! Certaines sont à base de trémulonde, d’autres sont plus…subtiles ! » dit-il avec un sourire. Nous savons tous les trois que celles-ci seront appréciées !
Après avoir embrassé mes parents, ainsi que mon Maître, les jumelles ayant fait également leurs adieux, nous sortons de la ville en marchant vers la forêt la plus proche.
Nous passons devant l’auberge où nous avions fait du grabuge, la veille, et, nous reconnaissant, le patron nous invite à goûter une gnole de son cru.
Nous ne refusons pas, notre voyage commence bien !
« Où allez-vous ainsi ? demande-t-il.
- A Strateburgo ! dis-je en dégustant sa nouvelle gnole, il me ressert un verre.
- Mais vous en avez pour quatre jours de marche ! dit-il.
- Oui ! Nous aimons marcher !
- Il y a des bandits dans les forêts que vous allez traverser !
- Tant pis pour eux ! dit Akna en brandissant son arc. Nos carquois sont pleins ! » Cela fait sourire le patron de l’auberge.
Effectivement, nous avons chacun quinze flèches dans nos carquois !
A peine sommes nous dans le sous bois, après avoir vérifié que personne ne puisse nous voir, nous nous envolons vers l’Est, direction Strateburgo.
Le vol se fait sans problème, nous sommes bien habillés pour voler haut, où il fait plus frais, et nous arrivons en vue de la cité.
Nous nous posons dans un bois, et enlevons quelques vêtements, il fait bien bon maintenant.
Nous rencontrons un paysan revenant des champs, et nous lui demandons si il connaît le Blauersland.
Il nous dit que cela se trouve de l’autre coté de la ville, à une heure de marche.
Nous entamons alors la traversée de Strateburgo, ville cosmopolite ou toutes sortes de gens se côtoient, venant de tous les recoins du Monde, et sûrement s’étripent parfois. Nous nous tenons sur nos gardes, arc en main et flèche prête !
Au bout d’une petite heure de marche, nous arrivons au bord du grand fleuve Rhin, on nous indique que le Blauersland est une gravière, un peu plus au Sud.
Nous arrivons dans une clairière au bord d’un étang, des jeunes gens batifolent dans l’eau, nus.
Ils nous indiquent la maison de Clément Sandre, nous nous y rendons.
« Clément Sandre ! crié-je.
- Qui me demande ? dit une voix, un homme assez musclé sort de la maison, nu.
Il me voit, se demande sûrement qui je suis, puis voit Akna et Itzel, qui elles, n’ont pas beaucoup changé, et les reconnaît tout de suite !
- Les navigateurs de la Rochelle ! Alors toi, tu es…Jacou ! Jacou Artz ! Comme tu as grandi ! Tu es un homme ! Et vous les filles ! vous êtes encore plus belles que dans mes rêves !
Mais entrez ! Venez vous reposer, vous devez être fatigués de la route ! Venez boire quelque chose, et vous mettre à l’aise !
Nous rentrons chez Clément, et nous nous déshabillons alors.
Clément ne peut s’empêcher d’avoir une érection en voyant ces deux anges nues devant lui !
- Désolé ! mais j’ai le souvenir de la nuit sur le bateau qui me remonte comme un éclair !
- Ne t’excuse pas, Clément ! Nous sommes ravies de te faire bander ! Toi aussi tu nous a laissé de doux souvenirs ! disent les deux Mayas.
- Et moi je n’ai rien vu ! dis-je sur un ton simulé de reproche, et nous rigolons toutes et tous de cela.
- Tu étais trop jeune Jacou ! dit Clément.
- Oh ! Ca n’a pas trainé ! dit Itzel. Jacou est un précoce en tout ! Oui ! Tout ! Et les jumelles éclatent de rire.
- Tu as bien reçu ma lettre, alors chez ton père !
- Oui Clément ! Et me voilà ! Avec mes condisciples !
- Et votre maître, qui t’avait pris pour disciple, où est-il ?
- Maître Sirius. Il est resté chez mon père, à Mettis.
Il va être midi. Je ne vous attendais pas, je n’ai pas grand-chose à manger ! Venez, je vous emmène dans un endroit où nous pourrons manger ! Inutile de vous habiller ! La communauté du Blauersland vit nue !
Et nous partons vers le Nord, en longeant la gravière, nous arrivons dans un village où effectivement, hommes, femmes, enfants, vieillards, tous sont nus.
- Je vous présente Adrien Rung, notre doyen et président de notre communauté.
Adrien, âgé de soixante ans, est un homme grand, six pieds dix pouces, bien charpenté.
Adrien ! Je te présente Jacou, Akna et Itzel, dont je t’ai déjà parlé, qui sont partis vers l’Ouest sur la grande mer ! Ils sont revenus vivants de leur périple !
- Bienvenue, courageux aventurières et aventurier ! Installez-vous, nous passons à table ! Ingrid ! Rajoute quatre couverts pour nos invités !
Ingrid, une plantureuse femme, âgée de cinquante ans, aux cheveux roux et aux seins proéminents, arrive.
- Je salue vous ! Nobles étrangers ! Assoir vous et manger !
- Ingrid est une Viking, elle parle notre langue, avec un touchant accent ! Mais c’est la reine des cuisinières !
- Et lui, mari de moi ! dit-elle en s’adressant aux jumelles qui ont remarqué la virilité du doyen ! Cela veut sûrement dire que c’est une chasse gardée !
Le repas est excellent, nous buvons de la cervoise fabriqué ici-même, il y a des barriques pleines, à profusion.
Après le repas, Clément nous propose d’aller faire une sieste chez lui, les jumelles sont ravies, une sieste sera surement profitable à toutes les deux, à Clément et moi aussi !
Arrivés chez lui, il installe des paillasses dans sa salle de séjour, et nous nous installons dessus les filles au milieu et nous de chaque côté…
Après des ébats énergiques, Akna se couche à coté de Clément, je m’installe à coté d’elle, et Itzel s’installe de l’autre côté. Nous restons ainsi, sans un mot, le souffle court, puis, apaisés, nous nous endormons tous les quatre.
Après cette sieste Ô combien agréable, nous retournons chez Adrien Rung, il est impatient de connaître notre histoire ! La façon dont Sirius a écarté le bateau en partant de la Rochelle, comme lui a conté Clément, l’avait grandement intéressé, il veut tout savoir de ces pouvoirs !
La saga de notre périple
Nous sommes assis autour de la table, Ingrid nous sert des boissons diverses, et je commence à raconter mon histoire.
« Ce périple a commencé en 732, avec le voyage avec mes parents, mandés par le roi Charles Martel pour soigner les soldats blessés à Poitiers, accompagné par mes trois précepteurs, des moines de l’Évêché de Mettis. J’avais neuf ans.
Nous avons rencontré le roi Charles, en compagnie d’Eudes d’Aquitaine aux Marches de Bretagne.
C’est là que j’ai fait la connaissance de Clément Sandre, qui nous a accompagné avec le capitaine Armand Troille jusqu’à la Rochelle.
Dans l’hôtel où nous étions descendu, j’ai fait la connaissance de Sirius, qui m’a pris comme disciple avec ses disciples Akna et Itzel.
Nous avons embarqué pour Rochefort, sur le bateau de Sirius, mes précepteurs sont rentrés à Mettis, puis ce fut l’embarquement alors que les Arabes étaient aux portes de la ville, Clément accompagna mes parents jusqu’à Poitiers.
Puis ce fut la traversée de la grande mer, pendant trois semaines, les Mayas qui nous attendaient, nus comme vous, et nous nous sommes rendus dans le village maya, caché dans la montagne.
Nous avons vu l’horreur des cités mayas qui sacrifiaient des humains, nous avons procédé à la délivrance des citoyens mayas du joug de leurs K’uhul Ajaw, les rois des cités, et de leurs grand prêtres, qui en fait n’étaient que des escrocs qui ne faisaient que s’enrichir aux dépens de la population. Nous avons tué tous ces renégats. Nous avons aussi éliminé les pirates de la côte et effectué le sauvetage de leurs prisonniers.
Nous avons reçu la visite des Xantarèsiens, un peuple extraterrestre qui vient de la planète Xantarès, dans une autre galaxie, ils ont séjourné parmi la communauté maya, nous avons appris de la science de Xon, leur entité artificielle, qui m’a permis d’être mature sexuellement à dix ans.
J’ai connu la grotte de la trémulonde, cette plante que l’on doit couper dans l’obscurité, parmi des espèces de gros lézards qui défendent la plante, cela nous a permis de communiquer par la pensée, de pratiquer la télékinésie, puis de voler comme les oiseaux. Il existe trois grottes identique sur Terre, nous irons les visiter toutes les trois ! Leurs herbes conjuguées nous donnent d’autres pouvoirs, la vision de nuit, et l’invisibilité !
Nous avons vu et tué le tigre à dent de sabre, un fauve gigantesque, qui sortait par un arbre abattu par la foudre, d’un monde perdu au fond d’un ravin ou la lumière n’arrivait pas ! Lors d’une promenade à cheval, une fille Maya est tombé avec son cheval dans le ravin. Nous y sommes descendu pour la secourir, malgré la pénombre, nous avons vu des montres avec des cous gigantesques, et des mâchoires énormes, capables d’engloutir un cheval entier ! Nous avons été attaqués par un oiseau géant, de bien trente pieds d’envergure, et un bec denté qui m’aurait coupé en deux. Nous avons eu du mal à l’abattre avec nos flèches qui ne pénétraient même pas son cuir ! Il n’avait pas de plumes ! Nous avons visé les yeux pour le terrasser ! Finalement, la fille Maya a été secourue, elle est saine et sauve ! son cheval s’est rompu le cou, et a été aussitôt dévoré par les fauves dans le ravin.
Nous avons trouvé un vaisseau xantarèsien échoué dans la forêt, et avons découvert la survie de Xoxan, le seul rescapé du naufrage, grâce à son entité artificielle Xioro. Avec nos pouvoirs, nous avons transporté le vaisseau, de bien cent pas de diamètre, et d’un poids de plusieurs centaines de milliers de livres, jusqu’à notre village.
Nous sommes allé au village de Semillero, de l’autre coté des terres des Mayas, au bord d’une autre grande mer, nous avons fait connaissance des charpentiers qui nous ont construit le bateau qui nous emmènera sur la Grande Mer du Sud, et nous avons déjoué une attaque pirate du village, en éliminant tous les pirates, en volant et les abattant en vol.
Le village a accueilli tous les rescapés des pirates et des sacrifices des cité mayas. Il y a eu huit cités délivrées, des milliers de personnes libérées, et plus d’une trentaine de rescapés !
Puis nous avons embarqué, Sirius, Akna, Itzel, le jeune Chaman Eadrich et sa fiancée Chillán, que j’enfanterai pour donner naissance au Grand Chaman, et moi.
Nous sommes d’abord passé par l’île des Maoris, J’ai appris leur Langue et je l’ai enseignée à mes compagnes et compagnons. Sur l’île, tous les hommes étaient stériles depuis dix ans, et nous avons, sur demande expresse du chef Ari’i, fécondé toutes les filles de l’île. Sirius a fait la découverte du mal qui rendait les Maoris stériles, un plante que mangeaient les tortues, dont les Maori mangeaient la chair. Les mâles Maoris guériront et pourront à leur tour féconder leurs femmes. Nous avons eu des naissances de pleins de maoris dont certains, ceux issus de filles que j’ai moi-même fécondées, à tête blonde, y compris les enfants de Ahu’ura, la femme du chef Ari’i.
Puis, nous avons repris la mer vers le Nord, et l’île Fuji, nous avons découvert les Fujiens et leurs rites érotiques, dans des grands bassins d’eau aux propriétés aphrodisiaques, chauffée par le volcan, où nous nous sommes mélangés, les uns dans les autres sans discrimination de genre ! Nous avons trouvé, suite à une vision de Babajide, notre chaman visionnaire au village maya, la plante qui pousse sur le flan du volcan, la cicatrisante, qui a guéri le bras de Jean d’Ortega en quelques heures, suite à une attaque de bandits à Mettis. Puis il y eut l’éruption du volcan et la destruction de toute l’île, nous nous sommes sauvés juste à temps.
Nous avons à nouveau pris la mer pendant des semaines, plein Sud, nous sommes arrivés à l’île des Aborigènes, et avons trouvé la grotte au milieu de l’île où pousse aussi la trémulonde, nous avons aussi déterminé la contamination de l’eau de la source au pied de la grotte, au cyanure, et le chef immunisé, Nous avons vu les animaux endémiques qui ont des poches sur le ventre pour y loger leurs bébés.
Et nous sommes à nouveau sur la mer, j’ai, suivant les desseins des Forces Cosmiques, que les chamans interprètent, fécondé Chillán, qui enfantera du Grand Chaman, comme le disait la prophétie.
Nous sommes retournés par l’île des Maoris, nous avons embarqué un nouveau disciple de Sirius, Siféroho le Maori, qui sera le père des enfants issus des Xantarèsiens, et le compagnon des deux filles Mayas qui les mettront au monde.
Et retour ensuite à Semillero, puis au village maya, l’accouchement de Chillán, et la naissance de Atahualpa, le Grand Chaman.
J’ai fécondé, en accord avec les Forces Cosmiques, les sept Xantarèsiennes pour créer une nouvelle espèce, hybride des humains et des extraterrestres. Quatorze bébé sont nés, tous blonds, bien que les Xantarèsiennes soient imberbes, une Espèce à dominante humaine ! Il y a eu la fécondation des deux filles Mayas par les extraterrestres aussi, avec un mélange de sperme des Xantarèsiens et de Siféroho, bien que stérile, mais avec des gènes actifs, puis la naissance des enfants hybrides, un mélange des deux espèces, à dominante Xantarèsienne..
Et ce fut notre voyage en vaisseau pour arriver à Mettis, ce qui nous a pris moins de deux heures, alors que par la mer et la terre, il nous aurait fallu dix semaines !
Il y a eu les bandits qui ont attaqué la banque de d’Ortega et que Akna et Itzel ont tués, la troisième grotte de la trémulonde et le village de Durandalem, où je retournerai sûrement, peut-être pour y vivre, je me sens attiré par ce village, le retour à Mettis et l’attaque des bandits pendant que nous buvions un verre en terrasse à une auberge, puis la chasse au bandits que finalement Pierre d’Ac, le chef de la garde de Mettis a mis à mort, et notre voyage jusqu’ici pour retrouver Clément.
Voilà Adrien mon histoire ! Cela s’est passé en cinq ans, j’en ai quatorze maintenant !
- C’est fantastique ! Que d’aventures et d’expériences heureuses as-tu déjà vécues malgré ton jeune âge ! Clément avait ressenti en toi un être exceptionnel, il ne s’était pas trompé !
Et comment as-tu acquis ces pouvoirs ?
- En buvant la potion préparé par Sirius, et synthétisée en grande quantité par Xon et Xioro, j’en ai ramené, et suis en mesure de te faire aussi acquérir ces pouvoirs, ainsi que Clément.
- Toi pas soif ? dit Ingrid. Toi parler beaucoup ! Toi boire maintenant ! Et elle me tend une pinte de cervoise, et dit : Boire ! »
Je la remercie, et sens bien qu’il ne faut pas aller contre sa volonté !
Je bois d’une traite la moitié de la pinte, et lâche un énorme rôt qui faire rire toute la tablée ! Nous trinquons à nos voyages, aux filles que j’ai enfantées, à celles que j’ai honorées, aux extraterrestres, aux compagnons du Blauersland, et à Ingrid, joyeuse de trinquer avec nous.
Puis nous allons un peu prendre l’air, la tête dans le brouillard de la cervoise.
Je propose à Adrien et Clément de boire cette potion maintenant, ils acceptent volontiers, et je vais donc chercher la fiole en question, et reviens à la maison d’Adrien.
Une fois installés, je leur donne leur ration à boire, ferme la porte et les laisse dans le noir.
Ingrid est inquiète, mais je la rassure en lui affirmant qu’ils ne courent aucun danger, et que dans une heure, ils seront à nouveau parmi nous ! Effectivement, pendant que nous sirotons une cervoise sous le soleil, les deux compagnons se réveillent et nous rejoignent, un peu vaseux.
Itzel leur fait comprendre le B-A-Ba des pouvoirs qu'ils viennent d’acquérir, et ils essaient, et arrivent à voler !
« C’est fantastique ! crie Adrien en voletant au dessus de la maison.
Ingrid lui crie :
- Adrien ! Toi descendre ! Tout de suite ! Adrien !
Ce qui nous fait éclater de rire.
Adrien et Clément nous rejoignent, Adrien fait voler une barrique de deux cents livres jusqu’à nous, il n’en revient pas lui-même !
Puis il me demande comment faire pour être invisible.
- Cela n’est pas possible pour vous, il faut avoir ingurgité une plante qui ne pousse que dans les montagnes mayas !
- Mais toi, Jacou, comment fais-tu cela ? Demande Clément.
- J’y pense, simplement ! Et je disparais au yeux de tous, et réapparaît de l’autre côté de Clément.
Tu vois ! Le faisant sursauter, et rigoler les autres.
- C’est incroyable ! dit Clément. Même en le voyant, j’ai du mal à le croire !
Et si tu es habillé, tes habits disparaissent ?
- Non, Clément, seul notre corps disparaît ! Quand j’urine, invisible, on ne voit que le jet !
- Et quand tu fais l’amour ?
- On voit mon sexe dans le vagin si je suis visible et elle invisible. Si on est invisibles tous les deux, on ne voit rien ! Jusqu’à l’éjaculation, et là on voit la semence qui gicle ! dis-je en rigolant.
- Bien ! dit alors Adrien. C’est bien beau, mais j’ai à faire ! On se revoit ce soir pour le diner ! »
Les pirates du grand fleuve Rhin
Nous restons là, une cervoise en main, quand un cavalier arrive et crie :
« Des pirates ! Les pirates ! Ils attaquent Haegen, le village en amont ! »
Aussitôt, nous nous précipitons en volant à la maison de Clément, prenons nos arcs et nos carquois, Clément sort son arc aussi, et nous volons prestement vers le Sud, sans prendre la peine de nous vêtir, le long du grand fleuve Rhin.
Bientôt nous apercevons une troupe à cheval de bien vingt cavaliers qui pillent les huttes, les incendient, et tuent tous ceux qui s’opposent à eux !
Une première salve de flèches terrasse les quatre premiers pirates, puis quatre autres tombent, ce qui fait s’arrêter les suivants, qui cherchent d’où viennent ces flèches, avant de se rendre compte qu’elles viennent d’en haut.
« Là haut ! » crie un des pirates, avant de tomber, une flèche dans l’œil.
Les pirates mettent pied- à terre et sortent des arcs pour riposter, mais nous montons hors de portée de leurs flèches. Par contre, les nôtres, la gravité aidant, atteignent leur cible, et, un après l’autre, les pirates sont éliminés.
Un chariot qui suivait les pirates opère précipitamment un demi-tour, je dis à Clément en pensée de s’occuper de ce chariot !
Clément s’envole à la poursuite des fuyards, ils sont trois sur le chariot. Le premier tente de riposter, mais une flèche dans le sternum l’en empêche définitivement !
Clément alors vole devant eux, et les abat l’un après l’autre, ils tombent du chariot alors que les chevaux sont lancés au galop !
Il aperçoit des gens couchés dans le chariot, il descend alors sur le chariot, prend les rênes, et arrête le chariot. Il constate que ce sont quatre jeunes filles, ligotées et bâillonnées qui sont couchées dans le chariot.
Les filles sont mortes de peur. Cet être nu qui vient du ciel ne les rassure pas !
« N’ayez aucune crainte ! Vous êtes sauvées ! dit Clément en les délivrant de leurs liens et leurs baillons.
- Qui êtes-vous ? Des anges ? ose une des filles.
- Je m’appelle Clément Sandre ! Je suis un compagnon du Blauersland ! Nous savons voler, mais nous ne sommes pas des anges, ni des démons ! On nous a prévenu de l’attaque des pirates, et avec mes compagnes et compagnons, nous sommes intervenus ! Vous n’avez plus de crainte à avoir, tous les pirates sont morts ! Mais vous, qui êtes-vous, et comment vous êtes- vous retrouvées prisonnières dans ce chariot ?
- Je m’appelle Jeanne Britach, dit une des filles, elle porte des traces de coups au visage et sur les épaules, voici ma sœur Anne, et les sœurs Klein, Adèle et Marie. Nous habitons dans le village de Rouffach, à quelques lieues d’ici. Ils sont venus, et nous ont faites prisonnières nous disant que nous serons le dessert de ce soir !
- Ils ont tué nos parents, dit Adèle Klein, elle aussi, comme les autres, battue par les pirates, ils nous ont pris en otages, pillé nos maisons, et ont menacé de nous égorger s’ils sont poursuivis ! Mais pourquoi êtes vous tout nu ?
- C’est notre façon de vivre, nous sommes toutes et tous nus si le temps le permet, chez les compagnons du Blauersland !
- J’en ai entendu parler, à Rouffach, de cette communauté qui vit nue dans les gravières ! dit Anne Britach. Nous pensions tous que vous étiez des doux dingues adorateurs de la nature !
- C’est ma foi vrai ! nous respectons la nature, c’est elle notre dieu ! Mais nous sommes des êtres humains comme vous, les filles ! Venez, je vous conduit à Haegen, où mes compagnons doivent être en train d’enterrer les pirates à cette heure ! »
Et Clément prend les rênes du chariot, et retourne vers le lieu du combat. En chemin, il me croise, je viens aux nouvelles et lui demande mentalement de quoi il retourne.
« Tout va bien ! me répond par la pensée Clément, ces filles sont des otages des pirates, elles viennent de Rouffach. Elles sont saines et sauves ! Et de votre côté ?
- Nous avons éliminé les pirates, lui dis-je, la population est en train de les enterrer. Ils nous attendent pour faire la fête, nous sommes des sauveurs ! »
A Haegen, c’est l’effervescence ! Malgré les morts, trois hommes se sont opposés bravement aux pirates et l’on payé de leur vie ! Les habitants se réjouissent de notre intervention, et quant à notre nudité, personne ne trouve à y redire !
Il faut dire que Itzel et Akna, avec leur chevelure rousse, leur plastique de femmes musclées et leurs arcs, en imposent ! Et pas un n’a osé ne serait-ce que siffler en les voyant nues !
Eux aussi connaissent l’existence des compagnons du Blauersland, qu’ils pensaient être des illuminés, Mais maintenant, ils se rendent compte que ce sont aussi des guerrières et guerriers farouches, avec des pouvoirs extraordinaires ! Tous ont vu l’attaque menée depuis le ciel, et les pirates anéantis les uns après les autres !
Le bourgmestre du village, maître Alfred Georget, médecin de son état, arrive, et après avoir donné l’ordre de dépouiller et enterrer les cadavres des pirates, nous invite a fêter la victoire, qui sans nous n’aurait été qu’un bain de sang. Les filles du chariot sont prises en charges par les femmes du village, et sont soignées et réconfortées.
Le chariot est rempli des rapines des pirates. Alfred Georget envoie un cavalier vers le village de Rouffach pour annoncer que les filles sont saines et sauves, et que les pirates sont morts. Les filles seront raccompagnées plus tard par ses hommes !
Pendant que nous festoyons le cavalier revient nous annoncer que les pirates sont venus en bateau, qu’ils ont débarqué en amont de Rouffach, que le bateau descend le cours du Rhin, et qu’il sera bientôt ici ! Ils cherchent sûrement les pirates qui devraient probablement embarquer !
Nous établissons un plan d’attaque !
« Tous les chevaux des pirates doivent être mis à l’abri, cachés ! dis-je. Le forgeron , ramène-nous des braises, que nous puissions faire des flèches enflammées ! Nous allons brûler et couler leur bateau ! Amenez-nous des étoffes pour enrouler autour des flèches !
- Alfred ! il y a t-il des archers ici ? demande Clément, qui a compris la manœuvre.
- Oui ! Et trois jeunes gens arrivent, avec des arcs.
- Parfait ! dit Clément. Vous restez ici, à l’abri, et quand le bateau arrive, vous envoyez les flèches enflammées sur lui ! Nous on va là-haut, et on descend tout ce qui bouge ! »
Peu de temps après, le bateau est en vue. C’est un voilier, avec un banc de nage de chaque côté. Ils rament, il n’y a pas de vent !
Sur l’ordre de Clément, les archers commencent à tirer. La voilure prend feu, et plusieurs flèches embrasent le bateau. Les rameurs montent sur le pont, armés d’arcs, et Itzel, Akna, Clément et moi, d’en haut, faisons des cartons sur ces archers mal entrainés, qui se font tuer les uns après les autres !
Bientôt, le bateau n’est plus qu’un gigantesque brasier, quelques personnes sautent du bateau, manifestement les mains liées, aussitôt tous les quatre nous les sortons de l’eau par lévitation et les ramenons sur la berge. Des pirates aussi gagnent la berge, du côté opposé, des chevaux affolés par l’incendie ont entravé la coque, et nagent vers la rive.
Nous avons sauvé six personnes prisonnières du bateau, sept chevaux sont sortis, quand le bateau sombre et disparaît dans les eaux du grand fleuve Rhin.
Akna apprend qu’elles n’étaient que six personnes prisonnières sur le bateau, toutes des femmes, et que donc tout le monde est sauf !
Nous partons à la chasse aux rescapés, qui courent dans la lande, et nous les éliminons sans sommation. Nous abattons six pirates qui avaient gagné la rive opposée.
Un des pirates, une flèche dans la cuisse, parvient à gagner la rive, un peu en aval. Je le pêche alors, et le soulève pour le ramener sur la berge ou nous avons recueilli les prisonnières.
Nous menons alors un interrogatoire rapide.
Les pirates viennent d’Helvétie, leur bateau vient de Basel, ils l’ont volé dans un entrepôt du port. Ils étaient quarante sur le bateau, avec trente-deux chevaux, ils se rendaient au port de Hambourg, sur la Grande Mer du Nord, vendre les filles comme esclaves, et avaient déjà deux villages pillés à leur actif ! Les cales regorgent de leurs rapines !
Les filles rescapées sont libérées, quelques unes ont des brûlures qu’Alfred soigne par des onguents et des bandelettes. Puis il envoie des hommes plonger sur l’épave, et sortir tout ce qu’ils peuvent des cales. Trois chevaux doivent encore y être, noyés.
Ils devront aussi sortir les cadavres des pirates, afin de ne pas polluer le grand fleuve. Un grand trou se creuse déjà pour ensevelir tous ces cadavres.
Une femme s’approche du pirate blessé.
« Tu as, toi et tes pirates, tué mon fils ! Tu dois mourir ! » lui dit-elle.
Et aussitôt, elle sort un glaive, et avant que quiconque ne puisse intervenir, elle lui tranche la gorge !
Les filles libérées viennent de deux villages en amont, Sasbach et Brizach.
Elles se présentent.
Nous venons de Sasbach, nous sommes les sœurs Kahlm, Marie, j’ai vingt cinq ans, ma sœur Madeleine, elle a vingt trois ans, et nos sœurs jumelles Margot et Marion qui ont vingt ans. Les pirates nous ont capturées alors que nous lavions le linge au bord du Grand fleuve. Le temps que le village réagisse, nous étions déjà prisonnières sur le bateau !
Nous, nous sommes les sœurs Maire, nous venons de Brizach. Je suis Charlotte, et voici ma sœur Béatrice. Notre père a été tué en essayant d’empêcher les pirates de nous emmener.
Les rapines repéchées sont disposées dans le chariot, Nous conduirons les filles chez elles une fois la pêche terminée.
En attendant, nous faisons un aller-retour au Blauersland, informons Alfred de ce qui se passe, et nous prenons nos vêtements et repartons vers Haegen.
Un chariot a récupéré les trois fuyards abattus par Clément, et les Haegenois les jettent dans le trou après les avoir dépouillés.
Une fois la pêche terminée, nous entassons les cadavres des pirates et ceux des chevaux dans le trou. Un grand feu brûle toutes les frusques puantes des pirates, les cendres sont jetées dans le trou et celui-ci est rebouché.
Puis nous nous habillons, et partons vers l’amont, Clément conduit le chariot, un cheval accroché derrière suit, ainsi que nous, montés sur trois chevaux des pirates. avec dans le chariot des pirates, les filles de Rouffach, de Sasbach et de Brizach, et les rapines des trois villages.
Il est déjà tard, en cette journée d’automne, et bientôt le jour va décliner.
Nous arrivons à Rouffach, les villageois nous attendent, et les Hourra ! Les bravo ! Et les merci ! Pleuvent quand nous ramenons les filles Britach et Klein.
Le bourgmestre de Rouffach, Charles Chapel, veut nous inviter pour la nuit, mais nous devons ramener les autres filles. Les villageois déchargent les rapines qui viennent du village, puis nous continuons notre route vers Sasbach. Nous arrivons à la nuit tombante, heureusement, la lune est pleine et nous éclaire suffisamment.
Les habitants sont heureux de retrouver leurs filles, leurs parents, André et Alice Kahlm, pensaient ne jamais les revoir ! Le bourgmestre de Sasbach, Léon Ziter, est sidéré de l’histoire que nous lui contons, et encore plus quand les filles racontent comment elles ont été sauvées !
Il nous reste à faire les deux lieues qui nous séparent de Brizach, et nous ne nous attardons pas à Sasbach. Quand nous arrivons enfin à Brizach, la nuit est déjà avancée !
Le forgeron est encore au travail, il confectionne des pointes de flèches. Il est surpris de nous voir, à cette heure tardive, mais encore plus de voir les deux filles qu’il croyait perdues !
« Charlotte ! Béatrice ! Vous êtes vivantes ! Mais comment se fait-il ?
- Ce sont ces gens nos sauveurs, Jean ! Ils ont tué les pirates et coulé leur bateau ! Ils ont aussi récupéré tout ce que les pirates avaient volé !
- Je suis Jean Maire, le forgeron du village. Ces filles sont mes nièces, les pirates ont tué leur père, mon frère Jacques. Leur mère est hélas décédée il y a quelques années déjà.
Je préparais des flèches pour aller combattre les pirates ! Nous devions partir demain matin, avec une dizaine de villageois, pour les attaquer. Venez, je vous emmène à l’auberge, vous pourrez y manger, et dormir ! Vous n’allez pas prendre la route cette nuit ! »
Dans l’auberge, quelques couche-tard sont encore attablés, il nous font la fête quand ils apprennent la joyeuse nouvelle ! Et plus besoin de partir à la chasse aux pirates ! Ils étaient d’accord, mais avec la peur au ventre !
« Merci ! Merci ! dis-je, Mais nous avons des pouvoirs qui nous ont facilité les choses !
- Ils nous ont sortis de l’eau quand le bateau a coulé, et nous avons survolé le grand fleuve jusqu’à la rive, dit Charlotte Maire.
- Oui, nous avons le pouvoir de déplacer les choses – et les gens ! – à distance. dit Akna. Ce n’est ni de la magie, ni de la sorcellerie, ni un pouvoir divin ! Juste l’utilisation judicieuse de quelques plantes dont nous avons le secret !
- Maintenant, venez manger ! dit Joseph Dacise l’aubergiste. vous devez être affamées, les filles ! Et vous aussi, nos sauveurs ! Venez vous assoir !
- Oui, cela fait deux jours que nous n’avons pas mangé, a part un fortifiant que nous a donné le médecin de Haegen !
- Vous voulez dire le bourgmestre ? Maitre Alfred Georget ? Je le connais ! dit un client de l’auberge. Il m’a déjà soigné, quand un jour j’ai pris une flèche dans l’épaule. C’était un accident. Mais que faisiez-vous à Haegen ?
- C’est là que nous avons attaqué et coulé le bateau des pirates, dit Itzel. Les filles étaient prisonnières à bord. Elles ont eu de la chance de s’en sortir vivantes !
- Mais comment êtes-vous arrivés là au bon moment ? demande Jean Maire.
- Nous sommes des compagnons du Blauersland, dit Clément. Nous étions tranquillement en train de siroter une cervoise dans notre gravière quand un cavalier est venu nous prévenir de l’attaque de Haegen par des pirates. Nous avons aussitôt pris nos arcs et sommes partis tuer ces pirates ! Quarante en tout !
- Quarante, à quatre ? dit l’aubergiste, en ramenant un grand plat de victuailles.
- Oui, mais avec nos aptitude, et nos pouvoirs, nous avions un avantage certain ! Ils n’avaient aucune chance !
- Mais les compagnons du Blauersland vivent nus, non ? dit alors un autre client de l’auberge.
- Oh ! Mais elles et ils étaient tout nus quand ils ont attaqué les pirates ! dit Béatrice Maire. Ils se sont habillés pour nous ramener !
- Bien ! mangez maintenant, dit Joseph Dacise, je vous apporte du vin de la côte de Rhin. Vous m’en direz des nouvelles !
Puis je vous montrerai vos chambres, une pour les filles, et une pour les garçons.
- Nous avons l’habitude de rester ensemble, si vous avez une chambre assez grande ! dit Akna.
- Pas de problème, j’ai ! Vous aussi, Béatrice et Charlotte, vous dormirez ici, vous avez besoin de repos ! »
Les deux sœurs sont ravies ! elles ne sont pas restées indifférentes en voyant ce bel homme et ce jeune homme nus, leurs attributs les ont émoustillées ! Peut-être que cette nuit…
Après le repas, Joseph va fermer l’auberge, Jean retourne à sa forge, et les derniers clients quitte l’auberge.
Joseph nous montre la chambre qu’il nous propose, nous sommes satisfaits ! deux grands lits feront l’affaire !
Puis Joseph montre une chambre contiguë aux sœurs Maire, qui s’en satisferont aussi.
Elles décident alors de faire un tour par la chambre des compagnons. Nous sommes déjà toutes et tous nus, et leur regard en dit long sur leurs envies !
« Nous sommes venues vous souhaiter une bonne nuit ! » dit Charlotte, sans quitter du regard le membre de Clément.
Akna et Itzel, comprenant leur jeu, prennent les filles, les assoient sur les lit, et les déshabillent.
Charlotte est une rousse de trente ans, grande , six pieds six pouces, avec une toison rouge bien abondante, et des seins comme des melons.
Sa sœur Béatrice, vingt six ans, rousse, est plus petite, six pieds, mais tout aussi fournie en poitrine et en toison !...
Enfin, après un repos sur les lits, les sœurs s’en retournent dans leur chambre, bien épuisées. Nous aussi nous nous couchons, je partage le lit avec Akna, et Clément celui d’Itzel. Et nous nous endormons, épuisés par cette journée !
Le lendemain, tout le village bruit de nos exploits de la veille, et quand nous nous levons, l’auberge est pleine de curieux qui veulent voir ces héros qui ont tué les pirates et coulé leur bateau ! Nous apparaissons, tous les quatre nus, les gens sont bouche bée en nous voyant. Nous enfilons nos tuniques, Charlotte et Béatrice apparaissent à leur tour, et après les vivats et les bravos, nous déjeunons, avant de nous préparer pour repartir.
Le bourgmestre du village, Paul Hanka, vient nous féliciter pour notre action.
Ce n’est pas nécessaire, dit Clément. Nous avons fait ce que nous devions faire ! Et nous le referons, le cas échéant ! Si d’aventure vous avez des soucis de cet ordre, envoyez un émissaire au Blauersland !
- C’est bien noté ! dit Paul Hanka.
- Nous vous laissons le chariot des pirates, avec les deux chevaux, dis-je. Les rapines dans le chariot sont les vôtres ! Nous repartons avec nos chevaux ! »
Et nous montons tous les quatre à cheval, nos arcs en bandoulière, pour retourner au Blauersland.
En chemin , nous faisons une halte à Sasbach, où nous rencontrons les époux Kahlm, les parents des quatre filles Marie, Madeleine, Margot et Marion, sauvées la veille.
« Nous vous devons tant ! dit Léon Ziter, le bourgmestre. Acceptez-vous d’être nos citoyens d’honneur, lors de notre fête d’équinoxe, dans quelques jours ? Nous vous invitons, tous les compagnons du Blauersland !
- Nous sommes une bonne trentaine, au Blauersland ! précise Clément.
- Ce sera un honneur que de vous recevoir tous, et de vous connaitre en vrai ! Nous avons entendu beaucoup de choses sur vous, et tous les contraires !
- Soit, dit Clément, j’en parle à notre doyen et vous ferai savoir sa réponse ! Nous reprenons notre route, maintenant ! »
Et nous repartons vers Haegen, où nous laissons nos chevaux, que nous offrons comme les autres aux habitants du village.
Alors, enfin, nous nous mettons nus, et sous les saluts et les applaudissements de la population, nous nous envolons vers le Blauersland, que nous atteignons juste pour passer à table !
Ingrid était déjà énervée de ne pas nous avoir à sa table !
La fête de l’équinoxe
Après avoir raconté notre périple avec les pirates, et les filles que nous avons ramenées à leurs villages respectifs, Clément pose la question à Adrien :
« Les gens de Sasbach invitent tous les membres de notre communauté à venir fêter avec eux l’équinoxe d’automne, dans trois jours dans leur village. Ils veulent nous nommer, Akna, Itzel, Jacou et moi citoyens d’honneur, pour avoir sauvé une famille de quatre filles des pirates. Que penses-tu de cette proposition ? Ils ne nous connaissent que de nom, et ne savent rien de véritable sur nous, à part le fait que nous vivons nus. Cela aussi les fait fantasmer !
- Soit ! Nous irons, toutes et tous ! Et nous irons nus, si le temps le permet ! Je vais envoyer un cavalier pour leur annoncer cela !
Et il appelle un jeune compagnon, Roger Pinot, un garçon de dix neuf ans, roux.
Roger, tu vas prendre un cheval et tu iras annoncer au bourgmestre de Sasbach, Léon Ziter, que nous viendrons ce dimanche pour la fête de l’équinoxe ! Tu lui diras que nous serons plus de trente ! En plus des quatre héros ! Et tu lui demanderas à quelle heure nous serons attendus ! Vas ! »
Et Roger Pinot enfile une tunique, prend un cheval, se munit de son arc et d’un carquois, et part vers Sasbach au galop.
Puis Adrien a une requête a formuler aux disciples de Sirius.
« Jacou, crois-tu que tu pourrais initier tous les compagnons ?
- Et Ingrid ?
- Et Ingrid ! Cela nous permettra de voyager plus facilement !
- Oui, je pense que c’est possible !
- Et les enfants ? nous avons des ados de douze ans.
- Pas de soucis ! Convoque-les pour ce soir, après le repas, nous pourrons procéder !
- Sont donc convoqués pour ce soir : trente personnes ! As-tu assez de potion pour cela ?
- Oui, dis-je. une petite quantité suffit !
-Voici la liste , dit Adrien.
Ingrid Grühl, cinquante ans,
Pierre Kirou, cinquante ans, célibataire, notre médecin ;
Jacques Kirou, quarante huit ans, apothicaire et Martine Kirou, quarante ans, son épouse, herboriste, Jeannette et Jean Kirou, dix neuf ans, leurs jumeaux, férus de botanique ;
Georges Muscat, quarante ans, vigneron, et Marie Muscat, trente huit ans, son épouse, vigneronne, Babette Muscat, dix huit ans, et Alfred Muscat, quatorze ans, leurs enfants, futurs vignerons ;
Albert Schwartz, trente huit ans, menuisier, et Isabelle Schwartz, trente cinq ans, son épouse, ébéniste, et leurs enfants Marion Schwartz, dix huit ans, sculpteuse sur bois, et les jumeaux Victor et Raoul Schwartz, douze ans apprentis menuisiers ;
Jeannot Pinot, trente six ans, éleveur de chevaux, époux de Berthe Pinot, trente neuf ans, sculpteuse sur pierre, et leurs enfants Roger Pinot, dix neuf ans et Adèle Pinot, dix sept ans, tous deux apprentis palefreniers ;
Hector Strass, quarante cinq ans, forgeron, Anne Strass, quarante ans, son épouse, orfèvre, et leurs deux enfants Sylvain Strass, dix neuf ans, orfèvre et Ignace Strass, dix sept ans, apprenti orfèvre ;
Émile Pourse, trente sept ans, tailleur de pierres, époux de Monique Pourse, trente sept ans, sculpteuse sur pierre, et leurs quatre enfants les jumelles Josiane et Josette Pourse, dix huit ans, José Pourse, dix sept ans et Jérémie Pourse, quinze ans, tous les quatre apprentis tailleurs de pierre ;
Bernard Dawes, trente ans, garde du Blauersland, Isabelle Dawes, vingt neuf ans, son épouse, garde du Blauersland et Henri Dawes, neuf ans, futur garde. »
Dans l’après-midi, Roger est de retour, mission accomplie !
« Ils nous attendent déjà le matin, vers dix heures. Ils ont aussi invité les filles de Rouffach, et les notables du village, celles de Brizach, et aussi les notables, et les notables de Haegen. Ce sera une grande fête !
- Merci Roger ! Tu es aussi convoqué ce soir après le souper ! Comme toutes et tous les compagnons ! Pour la fête, nous ramènerons notre cervoise ! quelques barriques seront nécessaires ! Il faut prévoir les chariots et les chevaux pour transporter tout le monde et toutes les marchandises ! »
Le soir venu, une fois que nous avons mangé, j’invite tout le monde à se coucher au sol dans la hutte du doyen. Tout le monde a enfilé une tunique, les frimas de l’équinoxe s’annoncent !
« Serrez-vous ! Il faut de la place pour tout le monde ! dit Clément.
- Quoi veut dire ? demande Ingrid, réticente à s’allonger au sol.
- Viens Ingrid, dit Adrien. Moi aussi je m’allonge.
Dans ces conditions, elle veut bien !
- Je vais faire le noir, et passer ensuite chez chacune et chacun pour lui donner un verre à boire, Vous dormirez une heure, et ensuite vous aurez les pouvoirs que nous avons ! Vous pourrez faire voler les objets, et voler vous-même ! Maintenant restez allongés, je ferme les portes et fenêtres ! »
Dans le noir, je me rend invisible, ce qui me permet de voir dans l’obscurité, et fais le tour de tout le monde pour distribuer la potion. Même Ingrid boit ma rasade, et tout le monde s’endort.
Dehors, la nuit est tombée, je peux sortir discrètement pour rejoindre Clément et les jumelles. Nous buvons quelques cervoises, en attendant que l’heure soir passée. La nuit la température baisse, on supporte une tunique !
L’heure est passée, je retourne réveiller tout le monde, et les nouveaux initiés sortent de la hutte du doyen. Nous prenons en charge chacun et chacune, et bientôt, toutes et tous peuvent voler, et déplacer les objets.
Je leur dit en pensée que la nuit, il est dangereux de voler, on peut rencontrer un obstacle et se blesser ! Je leur conseille d’aller dormir dans leurs maisons.
Adrien sort à son tour, avec Ingrid.
« Voilà, Adrien ! Toute ta communauté est maintenant apte à voler !
- Grand merci Jacou ! Cela va changer nos vies ! Nous allons transporter nos pierres bien plus facilement, sans se fatiguer ! C’est un grand progrès ! Trinquons à ce progrès ! »
Et il fait venir par les airs un tonnelet de cervoise, Ingrid, qui a vite assimilé ses nouveaux pouvoirs, nous envoie des pintes à distance en rigolant.
Le dimanche arrive, et nous embarquons tous dans les chariots à destination de Sasbach. Il fait un peu frais, ce matin, tout le monde est habillé.
Dans les chariots sont aussi, outre les barriques de cervoise, entreposées les armes des compagnons, les rives du grand fleuve ont montré récemment leur potentiel de danger !
Nous mêmes, Itzel, Akna, Clément et moi, sommes avec nos arcs en bandoulière, prêts à toute intervention.
Nous arrivons à Sasbach, notre chariot est celui de tête, les trois autres derrière transportent les compagnons.
Nous arrivons comme prévu vers dix heures, Un comité d’accueil est en place, des bardes jouent des airs enjoués, des musiques festives.
Les filles que nous avons sauvées, Jeanne et Anne Britach, Adèle et Marie Klein, de Rouffach, Marie, Madeleine, Margot et Marion Kahlm, de Sasbach, un peu à l’écart, Charlotte et Béatrice Maire, de Brizach sont toutes là, souriantes, les bourgmestres, Léon Ziter, de Sasbach, Alfred Georget de Haegen, Charles Chapel, de Rouffach, et Paul Hanka, de Brizach sont aux premières loges.
Les notables des quatre villages sont là aussi, les jeunes des villages aussi sont invités, tout le monde est joyeux, bien que des filles aient perdu des êtres chers.
A Brizach, le forgeron Jean Maire a adopté ses deux nièces Charlotte et Béatrice.
A Rouffach, c’est le bourgmestre Charles Chapel qui a pris en charge Jeanne et Anne Britach, le médecin Bruno Lepair a pris les filles Adèle et Marie Klein sous sa tutelle.
Les compagnons ont amené le chariot chargé de barriques de cervoise sur la place, ainsi que des centaines de godets en grès de la montagne vosgienne, non loin du Blauersland. La distribution se fait, et la population en liesse entoure maintenant la source de cervoise, et les compagnons.
Adrien Rung , le doyen des compagnons du Blauersland monte sur le chariot, et demande la parole. Le bourgmestre Leon Ziter lève le bras, et la musique s’arrête.
« Mes chers amis de Sasbach, de Haegen, de Rouffach et de Brizach, Bonjour ! dit Adrien.
Et tout le monde rend le bonjour en chœur :
- Bonjour compagnons !
- Nous sommes venus sur l’invitation du bourgmestre Leon Ziter et les habitants du village de Sasbach fêter avec vous cet équinoxe, qui marque non seulement le fait que maintenant, les nuits seront plus longues que les jours, Mais aussi l’heureux dénouement et la fin des pirates du grand fleuve Rhin !
Vous connaissez les circonstances de cette journée dramatique, je n’y reviendrai pas !
Laissez-moi vous présenter, les héros qui ont permis cet heureux dénouement!
Voici Clément Sandre, vingt six ans, compagnon du Blauersland, soldat de Charles Martel à la bataille de Poitiers en 732, et garde du Blauersland.
Voilà les sœurs Mayas, un peuple qui vit au-delà de la Grande Mer de l’Ouest, Itzel et Akna, invitées par Clément au Blauersland,
Et voici Jacou Artz, jeune prodige qui vient de Mettis, la cité de la garnison de Divodurum, et qui a su organiser le combat contre les pirates, malgré son jeune âge ! Il n’a que quatorze ans !
Je me nomme Adrien Rung, j’ai soixante ans, je suis tailleur de pierres. Je suis le doyen de la communauté des compagnons du Blauersland. Nous vivons dans les gravières du bord du grand fleuve Rhin, du commerce des pierres de la gravière, et du sculptage des grès des montagnes vosgiennes, comme les godets que vous avez en main, que nous expédions dans tout le royaume et au-delà.
Nous sommes en phase avec la Nature, et nous vivons nus la plupart du temps ! Nous sommes aujourd’hui habillés car les matins sont frais ! Mais dès que le soleil aura chauffé quelque peu l’air, nous nous mettrons nus si vous le permettez ! C’est ainsi que nous vivons ! Nous avons des lois qui régissent la nudité, qui n’est en aucun cas sexuelle, comme l’on entend parfois les fantasmes des ignorants.
La cervoise que vous buvez est fabriquée par les compagnons dans la gravière ! Profitez-en, il y en a beaucoup !
Si vous le permettez, je voudrais vous présenter mes compagnons, Léon Ziter a tenu à ce que nous venions toutes et tous.
Voici Ingrid Grühl, cinquante ans, mon épouse ;
Pierre Kirou, cinquante ans, célibataire, notre médecin ;
Jacques Kirou, quarante huit ans, apothicaire et Martine Kirou, quarante ans, son épouse, herboriste, Jeannette et Jean Kirou, dix neuf ans, leurs jumeaux, férus de botanique ;
Georges Muscat, quarante ans, vigneron, et Marie Muscat, trente huit ans, son épouse, vigneronne, Babette Muscat, dix huit ans, et Alfred Muscat, quatorze ans, leurs enfants, futurs vignerons ;
Albert Schwartz, trente huit ans, menuisier, et Isabelle Schwartz, trente cinq ans, son épouse, ébéniste, et leurs enfants Marion Schwartz, dix huit ans, sculpteuse sur bois, et les jumeaux Victor et Raoul Schwartz, douze ans, apprentis menuisiers ;
Jeannot Pinot, trente six ans, éleveur de chevaux, époux de Berthe Pinot, trente neuf ans, palefrenière, et leurs enfants Roger Pinot, dix neuf ans et Adèle Pinot, dix sept ans, tous deux apprentis palefreniers ;
Hector Strass, quarante cinq ans, forgeron, Anne Strass, quarante ans, son épouse, orfèvre, et leurs deux enfants Sylvain Strass, dix neuf ans, orfèvre, Ignace Strass, dix sept ans, apprenti orfèvre ;
Émile Pourse, trente sept ans, tailleur de pierres, époux de Monique Pourse, trente sept ans, sculpteuse sur pierre, et leurs enfants les jumelles Josiane et Josette Pourse, dix huit ans, José Pourse, dix sept ans et Jérémie Pourse, quinze ans, tous les quatre apprentis tailleurs de pierre ;
Bernard Dawes, trente ans, garde du Blauersland, Isabelle Dawes, vingt neuf ans, son épouse, garde du Blauersland, Henri Dawes, neuf ans, futur garde.
Voilà ! Toutes et tous les compagnons sont là ! Plus d’une trentaine ! »
Tout le monde applaudit, les gens viennent saluer les compagnons, les jeunes se mêlent…
La musique reprend et c’est la fête !
L’ambiance, la musique, la fête, la cervoise, tout ceci incite les compagnons à se dévêtir, mais c’est le bourgmestre qui décide ! Le soleil étant aussi de la partie, Adrien demande alors à Léon s’ils peuvent le faire.
Alors Léon Ziter monte sur le chariot, lève le bras, la musique s’arrête à nouveau. Il prend la parole.
« Mes chers amis, nos compagnons du Blauersland désirent se mettre nus ! Qu’en pensez-vous ?
- Oui ! Vivent les compagnons ! Nus ! Nus ! Clament les invités de la fête.
- Bien que cela ne soit pas dans nos mœurs, je crois que, en l’honneur des compagnons du Blauersland, et pour leur montrer notre amitié, nous pouvons aussi, pour celles et ceux qui le désirent, nous mettre nus et profiter comme eux des rayons du soleil d’équinoxe sur tout notre corps ! Allez ! Déshabillons-nous ! Mais dans le respect l’un de l’autre ! Cela nous rendra plus fort ! Plus humain ! »
Et aussitôt, le bourgmestre, sur le chariot se dévêt, et apparaît nu pour la première fois à ses administrés et ses invités. Les autres bourgmestres alors le rejoignent, et eux aussi se montrent nus, faisant fi de la pudeur normalement exercée en public.
« Et maintenant ! Musique ! »
Les bardes montrent l’exemple, et défilent en jouant nus de leurs instruments ! Nous suivons évidemment et bientôt, toutes et tous les compagnons sont nus.
Les filles aussi suivent le mouvement, et c’est un joyeux brouhaha de joies et de bonheur de se côtoyer, danser nus. Ingrid s’amuse, comme elle ne s’est pas amusé depuis longtemps ! Nue, elle danse comme une folle.
Et même l’abbé Paul Blum, un homme de bien cinquante ans, qui aurait crié au diable en d’autres circonstances, s’est mis nu après que je lui ai susurré à l’oreille, que Dieu a fait les hommes à son image, et que ce serait blasphème que de cacher l’image de Dieu !
Cela a décidé les plus récalcitrants ! Si l’abbé se met nu, c’est que Dieu le veut !
Des grandes tables sont dressées sur la place, les femmes et les filles du village, dont la plupart sont déjà nues, amènent des grandes quantités de denrées de toutes sortes et les disposent sur les tables, les barriques de cervoises côtoient les fûts de vin de la vallée, et chacun se sert à sa guise, suivant sa faim ou sa soif, ou les deux !
Parmi les jeunes, quelques couples se forment, ils disparaissent un moment dans les granges avoisinantes, et réapparaissent les yeux brillants, assoiffés et heureux.
« Les filles ont toutes raconté que vous avez des pouvoirs extraordinaires ! dit alors le bourgmestre Léon Ziter. C’est dû à votre nudité ? me demande-t-il.
- Non, dis-je. C’est dû à une plante que nous avons étudiée et qui a des pouvoirs antigravitationnels !
- Ce terme ne veut rien dire à mes oreilles ! retorque Léon Ziter.
- Cette plante permet de s’affranchir des forces qui nous attirent au sol ! Cela nous permet de déplacer des objets, ou des personnes, telles les filles que nous avons sorties de l’eau. Mais cela n’est pas sorcier, ni magique, ni divin ! C’est une application de ce que la Nature nous offre !
- Vous pourriez nous faire une démonstration ? demande-t-il alors.
- Est-ce bien nécessaire ? dis-je. La fête bat son plein, tout le monde est heureux, la cervoise et le vin coulent à flots ! N’inquiétons pas les invités ! Mais en aparté, je vais vous montrer ! Je peux voler : je décolle de deux pieds et lui tourne autour, puis je me repose, Je peux aussi vous soulever : et le bourgmestre se sent décoller et monter, puis redescendre doucement, sans que personne ne l’ai vu. Nous pouvons aussi, pour ceux qui possèdent ce pouvoir, communiquer mentalement entre nous sur des grandes distances, de plusieurs lieues !
- C’est fantastique ! Mais vous avez raison ! La pudeur et la nudité sont deux choses, mais vos pouvoirs pourraient vous envoyer au bûcher !
- Je ne vous le fais pas dire !
- Nous allons nous réunir tantôt, entre bourgmestre, vous consentiriez à vous joindre à nous, avec vos trois compagnes et compagnon ? Nous allons discuter d’unir nos forces.
- Volontiers ! Je les contacte… Voilà ! Ils arrivent, allons rejoindre les autres bourgmestres. Nous allons utiliser un chariot ! »
La réunion se fait sur le chariot, les bourgmestres sont d’accord de renforcer leurs défenses contre ce qui pourrait encore leur arriver.
Clément leur propose de venir régulièrement les former à se défendre, et à tirer à l’arc !
Les jumelles aussi se proposent, tant qu’elles sont au Blauersland.
« Tous les villageois devraient savoir tirer à l’arc ! dit Akna. C’est ainsi que vous serez forts ! Et vous pourrez prêter main forte aux autres villages sur la rive du grand fleuve Rhin !
- Et surtout ! dit Clément, sachez que les compagnons du Blauersland seront toujours là pour vous venir en aide ! »
La réunion se termine, nous allons boire un canon pour fêter cet accord. Le soleil commence à se coucher, certains se sont déjà rhabillé, la fraicheur du soir ne va pas tarder à rhabiller tout le monde !
Paul Blum, l’abbé de Sasbach est venu bénir les chariots du Blauersland, Lui aussi a profité du soleil, du vin et de la cervoise, tout nu et a pris de belles couleurs de peau !
Peu à peu, les invités des villages avoisinants prennent congé, remercient vivement les habitants de Sasbach pour leur accueil et la fête de l’Equinoxe, qui était une réussite ! Rendez-vous est pris pour la fête du Solstice d’hiver, juste avant Noël. Le lieu n’est pas encore défini, mais tous les bourgmestres sont prêts à la faire dans leur village !
Les compagnons du Blauersland, rhabillés, prennent congé aussi, les chariots s’en retournent vers la gravière, la nuit commence à tomber.
Nous restons encore un peu, les jumelles, Clément et moi, et discutons avec Léon Ziter, de la nécessité de se battre contre les pirates, les bandits, les envahisseurs, et pour cela d’apprendre à se défendre !
Les nouveaux compagnons du Blauersland
Les sœurs Kahlm, Marie, Madeleine, Margot et Marion, sont restées aussi, et veulent nous demander une faveur, elles entrainent Clément dans un coin.
Clément les écoute.
« Voilà ! Nous avons vu et discuté avec des beaux jeunes hommes parmi vos compagnons ! Nous voudrions savoir s’ils sont mariés, ou fiancés.
- Au Blauersland, dit Clément, les hommes et les femmes sont libres de choisir leur compagne, compagnon, ou pas. L’amour entre deux êtres est toujours partant d’un consentement mutuel, mais il n’y a pas de possession ! chacune et chacun est libre de forniquer avec qui il ou elle veut ! Même les époux et épouses peuvent forniquer avec un ou une autre, sans problème ! leur sexualité leur appartient ! Les enfants sont éduqués par les deux parents, d’un commun accord. Qui avez-vous repéré, les filles ? dit-il alors en souriant.
- Jean Kirou ! Dit Marie.
- Roger Pinot ! Dit Madeleine, et toi, Clément !
- Sylvain et Ignace Strass ! Disent les jumelles Marion et Margot. Et Jacou aussi !
- José Pourse aussi, rajoute Marie.
- Bien ! dit Clément. Voulez-vous que nous vous invitions au Blauersland afin que vous fassiez plus ample connaissance avec ces jeunes hommes ?
- Nous espérions bien que vous y consentiriez !
- Mais n’avez-vous pas de jeunes gens qui vous tentent ou qui sont intéressés par vous dans votre village ?
- C’est là le fond de notre demande ! raconte alors Marie. Nos parents sont arrivés dans ce village il y a vingt ans, venant de Germanie, qu’ils fuyaient pour nous protéger. Les Germains prenaient tous les garçons pour en faire des soldats, et toutes les filles pour amuser l’armée de soldats qu’ils formaient. Même les enfants, comme Madeleine et moi, nous n’avions que cinq et trois ans !
Mes sœurs jumelles Marion et Margot sont nées l’année de notre arrivée, ici. Mes parents ont changé nos prénoms, je m’appelais Maria, et ma sœur Magdalena. La population nous a tolérés, mais en tant que Germains, nous n’avons jamais été intégré comme citoyens du village. Nous n’avions pas le droit de jouer avec les autres enfants, et eux n’avaient pas le droit de nous fréquenter ! Nous sommes taboues, même pour les gens de passage, et cela fait que maintenant encore, nous sommes toutes vierges !
Aujourd’hui, les compagnons du Blauersland nous ont montré une grande ouverture d’esprit, et une grande liberté chez vous. Nous nous sommes dit que voilà notre chance, et nous voudrions venir habiter chez vous, si des Germains ne vous rebutent pas !
Nos parents pensent depuis longtemps à partir, mais n’ont pas assez d’argent pour cela, ils gagnent une misère à faire des petits boulots dans le village, et cela suffit à peine à nous nourrir.
- Nous lavions le linge des habitants du village, dit Madeleine, sur la rive du grand fleuve Rhin, pour gagner quelques as, quand les pirates nous ont pris ! Notre mère ramenait à ce moment-là un panier de linge lavé au village, sinon elle aurait probablement été tuée ! Ils ne s’intéressaient qu’aux jeunes filles !
- Pas un citoyen n’a bougé, dit Marion, quand ma mère a appelé au secours ! Nos parents n’ont rien pu faire.
- Et vos parents ? Ils sont au courant de votre demande ? demande-t-il alors.
- Non, pas encore, répond Marie, nous ne voulions pas leur donner de faux espoirs, mais si vous nous acceptez, soyez certains qu’ils viendront !
- Bien ! Je plaiderai en votre faveur !
- Merci ! Vous nous sauverez une deuxième fois ! dit Margot.
- Je reviendrai vous dire ce qu’il en est ! Moi ou un compagnon ! »
Le sourire aux lèvres, et l’espoir dans les yeux, les quatre filles regagnent leur cabane, près du bois, auprès de leurs parents.
La nuit est tombée, Léon nous propose de dormir sur place, mais nous déclinons, nous voulons rentrer.
« Vous voulez rentrer de nuit ? Mais vous n’avez même plus de chariot ! dit Léon.
- Ne vous inquiétez pas, dis-je, je vous ai montré nos pouvoirs tantôt, nous allons nous en servir pour rentrer ! Dans dix minutes, nous serons au Blauersland, en volant !
Nous prenons congé de Léon Ziter, et partons en volant, sous le regard effaré du Bourgmestre.
Une fois cachés par l’obscurité, nous nous rendons invisibles, les jumelles Maya et moi, et nous voyons alors où nous allons, sans soucis. Clément nous suit de près, tenant la main invisible d’Itzel.
Nous arrivons au Blauersland sans problème, les compagnons terminent les cervoises des barriques en rigolant. Quelques uns sont bien gais ! Demain, il y aura des têtes lourdes !
Clément parle des filles de Sasbach à Adrien.
« Oui, dit Adrien, des nouveaux membres, du sang neuf, des futures unions et des enfants à venir, ce sera tout bénéfice pour nous ! Nous pouvons les accueillir au sein de la communauté, nous avons une maison disponible, pour les parents, et nous avons de la place pour construire des maisons à côté pour loger les filles.
Tu iras demain, avec un chariot, ramener tout ce beau monde ici ! Nous commencerons les travaux pour construire les maisons ! Avec nos nouveaux pouvoirs, cela sera vite fait bien fait ! »
Nous allons nous coucher après cette belle journée festive, Clément nous raconte alors ce que lui ont conté les filles, à Sasbach. Puis, nous nous mélangeons, Akna, Itzel, Clément et moi, et après une satisfaction jouissante de chacune et chacun, nous nous endormons.
Le lendemain matin, le temps est couvert, nous sommes en tunique pour prendre le petit déjeuner.
Adrien expose ses directives, quant à construire des logements pour les quatre filles que la communauté va accueillir.
Clément est chargé d’aller les chercher. Je me propose d’aller avec lui, et nous partons, armés, avec un grand chariot de quatre chevaux, pour trimbaler les six personnes et éventuellement leurs affaires, et leur mobilier.
Nous arrivons à Sasbach, La famille Kahlm, Alice Kahlm, Marie, Madeleine, Margot et Marion sont au grand fleuve Rhin, à laver le linge, comme à l’accoutumé. André Kahlm est aux aguets, avec un arc, il ne faudrait pas que la mésaventure de l’autre jour se reproduise ! Ce coup-ci, il sera là pour défendre ses filles !
« Elles sont là ! » dit Clément, les apercevant sur la rive du grand fleuve Rhin.
Nous voyant arriver, les filles comprennent tout de suite que c’est elles que nous venons chercher et sautent de joie ! Alice et André ne comprennent pas, Marie leur explique :
« Nous avons demandé aux compagnons du Blauersland de nous accueillir chez eux, Ils viennent nous chercher !
- C’est exact ! dis-je, Alice et André, êtes-vous d’accord pour venir au Blauersland, nous avons du travail pour vous !
- Ca c’est une surprise ! Vous avez comploté cela hier, mes filles ! dit André.
- Oui père, nous ne voulions pas vous en parler avant d’en être sûres !
- Nous sommes bien sûr d’accord ! Elles vous ont expliqués la situation ici ? ajoute André.
- Oui, dis-je, nous savons vos problèmes, nous sommes ici pour y mettre fin !
Ramenez ce linge à leur propriétaires, et prenez vos affaires que vous chargerez dans le chariot ! Où est votre maison ?
- Au bout du village, la cabane près du bois ! dit Marie.
- Bien ! je vais amener le chariot là-bas.
- Je vais discuter avec le bourgmestre, dit Clément.
Prévenu par un villageois qu’un chariot est arrivé, Léon Ziter vient à notre rencontre.
- Que se passe-t-il, compagnons du Blauersland, auriez-vous oublié quelque chose ?
- Non pas, Léon ! dit Clément, tandis que je mène le chariot, avec André et Alice à leur demeure, et que les filles ramassent le linge et vont le restituer aux habitants.
Nous venons chercher la famille Kahlm, qui a souhaité rejoindre la communauté du Blauersland. Elle quitte Sasbach aujourd’hui même !
- Comment ? Mais elle ne peut pas nous quitter comme cela !
- A-t-elle des obligations envers le village, ou ses habitants ?
- Que nenni, Mais nous les avons accueilli il y a vingt ans !
- Et jamais vous ne les avez considérés comme des citoyens de Sasbach, et jamais vous ne leur avez montrés de l’empathie, de l’affection, ou même de la camaraderie, vous les avez déclarés impurs et indignes de fréquentation, et les avez isolés, m’ont rapporté les filles.
- C’est ma foi vrai ! Il y a vingt ans, nous avions eu mal à parti avec les Germains, et ceux-là n’étaient pas les bienvenus ! Seul le curé, l’abbé Blum, a insisté pour qu’ils restent ici, Alice était sur le point d’accoucher, et ne pouvait aller plus loin. Nous leur avons fourni la cabane qu’ils habitent toujours. Personne ne voulait de ces gens au village, beaucoup avaient perdu des êtres chers lors d’attaques de Germains, et nous consentions juste à ce qu’ils lavent notre linge, et qu’André fasse quelques tâches pour les villageois, mais sans plus de relations.
- Vous comprenez qu’après une enfance loin d’être heureuse, les filles aspirent à une vie plus joyeuse, que de laver le linge de toute la population du village pour deux ou trois as !
- Je le conçois ! S’ils nous quittent, cela fera un sujet de moins à discuter…Mais qu’ils partent ! Bon vent, Nous ne portons pas les Germains dans nos cœurs !
- Cela, nous l’avons compris ! Cela dit, soyez sûrs que vous êtes toujours les bienvenus au Blauersland ! Au nom de tous les compagnons, je réitère nos remerciements pour la journée de l’Equinoxe. Et si vous avez besoins de nous , nous serons là !
- Merci, compagnon ! Je souhaite à la famille Kahlm tout le bonheur qui leur a manqué à Sasbach. Oui, il y a des blessures que même le temps ne peut pas refermer. L’oubli est un remède ! »
Et Clément et le bourgmestre nous rejoignent à la cabane, je suis en train de sortir par lévitation les meubles : des lits, une table, deux armoires, quelques chaises et bancs et un buffet rempli de diverses choses. Les Kahlm et Léon Ziter sont épatés de la façon dont je m’y prends !
Quelques vêtements aussi… le chariot est rempli, la cabane est vide.
« Voilà. dis-je. Nous avons tout pris. Nous pouvons partir !
Les filles arrivent du village, elles ont restitué le linge, et annoncé leur départ, les villageois s’attroupent autour de la cabane. Elles montent dans le chariot, avec leurs parents.
- Vous ne nous regretterez pas ! dit André. Merci à vous de nous avoir toléré malgré tout ces vingt années, mais vous devrez trouver d’autres lavandières, dorénavant !
- Allez en paix ! dit alors l’abbé Blum, le seul qui parlait avec la famille, et qui leur avait appris la Langue.
- Merci pour tout ce que vous avez fait pour nous, l’abbé ! dit Alice. Que Dieu vous bénisse ! »
Et nous traversons le village que les Kahlm regardent une dernière fois, et partons d’un bon pas vers le Blauersland.
Quand nous arrivons à la gravière, tout le monde est affairé à construire les logements pour les filles.
Les nouvelles aptitudes des compagnons font merveille ! Le menuisier, Albert Schwartz, avec l’aide du vigneron Georges Muscat, a fini la toiture, les fenêtres, et les portes.
Les huisseries sont fournies par Hector Strass, le forgeron, tandis que les murs sont montés avec célérité par les compagnons.
Ce soir, les filles auront chacune leur maison ! Un rêve, après avoir vécu à quatre dans la même chambre !
« Je faire repas de bienvenue ! dit Ingrid. Besoin aide !
Aussitôt, les femmes et les filles du Blauersland viennent à son secours.
- Hommes, mettre tables, couverts, cervoise, vin !
Et tous les hommes, vieux, jeunes, enfants, participent à l’installation d’une grande table de banquet, pour faire la fête aux nouveaux arrivants !
Et, de toute façon, on ne discute pas les ordres d’Ingrid ! Même son doyen de mari se plie à sa volonté ! Le Blauersland, c’est Ingrid et les compagnons !
Tout le monde est attablé. La famille Kahlm est présentée aux compagnons.
André Kahlm prend la parole :
- Madame Ingrid, Maître Adrien Rung, Compagnons du Blauersland, Bonsoir !
Je suis Adrien Kahlm. J’ai quarante huit ans. Vous imaginez dans quel état nous sommes !
Nous avons vécu ces vingt années moroses, proscrits, parias, et en finalité nos filles enlevées par les pirates ! Notre monde, déjà pas joyeux, s’est écroulé ! Les compagnons nous ont sauvé la vie ! Vous pouvez vous imaginer quelle était notre joie à Alice et moi quand nous avons revu vivantes nos filles qu’on croyait perdues, ou mortes !
Et bien qu’ils n’aient rien fait pour sauver nos filles, les habitants ont organisé la fête autour de ce sauvetage et de l’élimination des pirates. Nous étions à l’honneur, du moins nos filles, alors que nous étions des parias à leurs yeux.
Grande a été la surprise que nos filles nous avaient préparée ! Quand Jacou et Clément sont arrivés à Sasbach, elles nous ont informé de leur projet de venir au Blauersland ! Un rêve ! Qui devient ce soir réalité ! Nous ne vous remercierons jamais assez de l’espoir de vie que vous nous donnez !
- Alors ! dit Ingrid. Qui être ?
- Oui, pardon Ingrid, je cause, je cause… Je vous Présente ma famille : Mon épouse Alice, quarante cinq ans, notre fille de vingt cinq ans, Marie, notre fille Madeleine, vingt trois ans, et nos jumelles de vingt ans, Marion et Margot.
- Bon ! Enchantée ! Manger maintenant ! » dit Ingrid qui a faim. Et tout le monde s’esclaffe, et mange de bon appétit !
Les plats se succèdent, des mets délicieux et surprenants côtoient des vins du pays de la gravière, ‘des Muscats !’ dit le vigneron.
Les entremets et les desserts sont succulents, les femmes du Blauersland ont des recettes connues d’elles seules, et les Mayas ont elles aussi des recettes secrètes !
Les jumelles Marion et Margot se rapprochent de moi, et me demandent où j’habite.
Quand je leur dit que je suis logé chez Clément, elles me demandent de les y emmener, afin qu’elles voient comment je suis hébergé !
Je crois comprendre où elles veulent en venir, et j’envoie un message mental à mes colocataires, Itzel, Akna et Clément, leur demandant de ne pas rentrer maintenant, j’ai des apprenties à former !
Nous quittons la table, et les jeunes jumelles me suivent jusqu’à la maison de Clément.
Une fois dans la maison, je leur propose de réchauffer un peu la pièce. J’allume l’âtre et y place quatre bûches qui réchauffent vite l’atmosphère, ce qui nous incite à enlever nos tuniques.
Marion et Margot me voient nu de près, elles sont excitées et cela m’émoustille de les voir dans cet état, nues avec les tétons qui pointent, tout durs ! Mon membre se dresse devant elle, ce qui les fait pouffer ! Elles n’avaient jamais vu ça ! Clément m’a dit qu’elles sont encore vierges !
Je me rends dans la cuisine, ou je prends une fiole j’en avale une rasade, et ramène une autre fiole aux filles en leur disant d’en boire une gorgée.
« Venez vous installer sur la couche, Marion et Margot, je vais vous enseigner les plaisirs de la fornication ! »
Les jumelles alors s’allongent sur la couche, et je m’installe entre elles. Je commence à les caresser, d’abord le ventre, puis les seins, les tétons, puis à nouveau le ventre, chaque main sur une fille...
Après ces ébats, Marion et Margot disent en chœur que jamais elles n’avaient éprouvé une telle satisfaction et elles regrettent de ne pas avoir eu l’occasion de découvrir cela plus tôt !
L’orgasme, c’est quelque chose de fantastique ! Elles voudraient encore avoir un orgasme , maintenant !
Mais les meilleures choses ont une fin, et les deux filles s’endorment.
Je les couvre, puis je jette une bûche dans l’âtre pour maintenir la chaleur dans la maison, et retourne à la table du banquet, après avoir enfilé une tunique chaude, que j’ai trouvé dans la maison.
A la table, les parents sont toujours là, à discuter avec qui veut bien, ils n’avaient pas parlé avec d’autres depuis longtemps ! Leurs deux filles aînées, sont parties avec des jeunes compagnons, se promener, et découvrir le bonheur d’avoir des amis !
Quand j’arrive, Alice me demande où sont passées ses dernières, Marion et Margot. Je la rassure, elles se sentaient fatiguées, je leur ai proposé ma couche au chaud, et elles se sont endormies !
« Mais où vas-tu dormir, Jacou ? Demande alors André.
- Ne t’inquiète pas, la maison est grande, il y a de la place !
- Toute cette histoire nous a bien secoués quand-même ! dit alors André. Avec Alice, nous allons dormir un peu ! Nous sommes tranquilles, nos filles ne risquent rien, ici !
- Je vous le garantie ! dit alors Adrien. Allez vous reposer, nous nous voyons pour le petit déjeuner ! Je vous souhaite une bonne nuit ! Et toutes et tous celles et ceux qui sont encore attablés souhaitent la bonne nuit aux nouveaux compagnons.
- Merci beaucoup, dit Alice, et elle se lève, avec André, et ils vont dans leur nouvelle demeure, où l’âtre a déjà réchauffé la maison, après une bonne aération, la maison était inoccupée depuis longtemps, je les accompagne avec une lanterne, que je leur laisse pour se coucher, et dépose deux bûches sur les braises de l’âtre, pour la nuit.
- Merci Jacou pour tout ça ! dit encore Alice. Nous ne vous remercierons jamais assez !
- Votre bonheur est notre récompense ! Et vos filles cadettes m’on déjà remercié ! dis-je, souriant, ce qui fait naître un sourire sur le visage d’Alice.
- Tu veux dire que…elles… toutes les deux…
- Oui ! Toutes les deux ! Elles dorment d’un sommeil paisible après notre soirée entre nous ! »
Alice a compris. « Bonne nuit Jacou ! »
Je retourne à la table, et nous décidons, Akna, Itzel, Clément et moi d’aller nous coucher nous aussi.
Arrivés à la maison de Clément, nous voyons les deux jeunes filles Marion et Margot, endormies, leur corps nus découverts, il fait une bonne chaleur.
Je me couche avec Akna, mais m’endors très vite.
Clément passe un bon moment avec Itzel, puis eux aussi s’endorment, et le silence règne.
La fête des compagnons du Blauersland
Le lendemain, nous nous retrouvons à la table, Ingrid est là à diriger les opérations !
« Toi ! Prendre tasses ! Toi ! Prendre eau chaude ! Toi ! Prendre pot miel ! » sous le regard amusé d’Adrien.
La famille Kahlm se rassemble.
« Où avez-vous dormi, mes filles ? demande Alice.
- J’ai été invitée par Jean Kirou ! dit Marie. Dans son lit ! Avec sa sœur jumelle Jeannette ! J’ai découvert le corps des garçons, en tout cas de Jean, et sa verge toute dure ! Avec Jeannette, il m’ont appris comment faire l’amour, j’ai perdu ma virginité et j’ai joui comme une folle ! Elle et lui aussi !
- Et moi, j’ai passé la nuit chez les Pinot ! Avec Roger ! dit Madeleine. Dans son lit ! Il m’a enseigné la bonne méthode ! Nous explorons nos corps ! Moi aussi, j’ai perdu ma virginité hier soir ! Et nous avons joui ensemble ! Plusieurs fois ! Et nous continuerons !
- Et nous avec Jacou ! disent ensemble Marion et Margot ! Nous étions vierges, mais Jacou a su y faire ! C’était fantastique ! Nous avons tellement joui que nous nous sommes endormies en jouissant ! Ce matin, nous étions toutes engluées ! dit en riant Marion. Nous avons dû nous frotter mutuellement pour nous laver !
- Et vous, Mère et père ! dit Marie, n’en avez-vous pas profité en étant enfin seuls pour vous adonner aux plaisirs de la chair ?
Alice et André sont effarés ! Leurs filles encore innocentes hier sont devenues de vraies femmes qui parlent librement de sexe ! Ils n’auraient jamais pensé qu’elles en parleraient un jour ! C’était un sujet tabou à leurs yeux !
- Oui-da ! Avoue Alice, rougissante ! Mais nous ne devons pas en parler, voyons !
Adrien alors explique aux parents Kahlm :
- Il n’y a pas de honte à en parler et nous en parlons librement, de la sexualité des compagnons au Blauersland. Il n’y a pas de tabou dans le sexe, ce n’est ni sale ni honteux ! Nous n’avons pas d’exclusivité, ni de propriété sur les corps. Cela n’empêche nullement d’être amoureux !
Le mariage existe, pour élever les enfants dans l’amour réciproque, mais chacun et chacune sont propriétaires de leur corps, et libres de forniquer avec qui ils veulent, d’un mutuel consentement, s’entend !
Nous racontons volontiers nos ébats, c’est plaisant et festif ! La fornication est un des grands plaisirs de notre communauté ! Et les jeunes sont initiés dès qu’ils se sentent prêts !
Nous avons en notre sein des nouveaux membres, Vous, la famille Kahlm, et nos invités de Mettis, Akna, Itzel et Jacou ! Vos corps vous appartiennent, mais nous aurons plaisir à les découvrir, et vous faire découvrir les nôtres ! »
Puis, une fois que toutes et tous sont présents, le doyen fait une annonce :
« Ce soir, nous ferons une grande partie, où le repas sera copieux et riche en énergie, car nous allons en user après le repas, de l’énergie !
Le dessert sera pris au milieu de la table, il sera de sucre et de sexe ! Où toutes et tous pourront copuler avec chacune et chacun ! Vous vous découvrirez, pour celles et ceux qui ne se connaissent pas encore, et vous apprendrez de nouvelles variantes de plaisir, pour notre joie et notre plus grand plaisir à toutes et tous ! Nous initierons aussi nos jeunes, chez les filles, les jumelles Josiane et Josette Pourse, dix huit ans, et chez les garçons, José Pourse, dix sept ans, Jérémie Pourse, quinze ans, Alfred Muscat, quatorze ans, et les jeunes jumeaux Victor et Raoul Schwartz, qui n’ont que douze ans, mais sont précoces ! Notre spécialiste herboriste nous préparera des boissons chaudes qui nous stimulerons ! n’est-ce pas Martine !
- Tout-à-fait ! dit Martine. Nous avons avec mes jumeaux concocté une tisane qui fait perdurer le plaisir ! N’est-ce pas mes enfants ! dit-elle en rigolant.
- Oui ! disent les jumeaux Jeannette et Jean en chœur. Nous l’avons testée pendant des heures ensemble, sans faiblir ! Sous les rires de chacune et chacun.
- J’ai moi aussi quelques potions qui nous aiderons ! dis-je.
- Ô que oui ! disent en chœur Marion et Margot, faisant faire des gros yeux à leurs parents.
- Et, ajouté-je, j’ai aussi, pour les filles, une potion qui empêche l’ovulation !
- Nous allons construire un toit et des murs autour de cette grande table, et nous aurons une grande salle pour nous ébattre ce soir !
Il faudra prêter main forte à Albert et Isabelle pour monter les cloisons et le toit !
Hector ! Tu nous installeras un âtre pour avoir de la bonne chaleur, afin d’être à l’aise !
- Pas de soucis, dit le forgeron, ce sera fait ! J’en mettrai deux !
- Moi pas faire avec ! dit Ingrid. Moi pas vouloir voir Adrien faire ! Moi pas vouloir savoir qui ! Moi rester avec enfant Henri Dawes, dans maison !
- C’est gentil à toi, Ingrid, dit Isabelle Dawes, sa mère.
Adrien, par là-même, vient d’obtenir un blanc-seing pour la soirée, il en est ravi !
- Bon ! Maintenant, tout le monde au boulot ! dit-il. Ingrid a besoin d’aide en cuisine ! »
La journée se passe essentiellement à la préparation de la soirée.
La grande hutte communautaire est dressée, à midi, seize poteaux de quinze pieds de haut ont été préparés par Albert et Isabelle Schwartz, avec l’aide des jeunes compagnons, et plantés tout autour de la grande table, formant une pièce ronde de cinquante pieds de diamètre !
Un pilier central de vingt pieds de haut supportera la couverture de chaume que les compagnons tressent depuis ce matin.
Un déjeuner rapide est vite expédié, il faut couvrir, mettre les murs, les âtres, et chauffer le tout afin d’avoir une bonne température pour manger nu !
Après ce repas rapide, tandis que les cloisons se montent, Hector Strass installe les âtres et les conduits de fumée, et les compagnons commencent déjà a faire du feu pour sécher et réchauffer la grande pièce.
Le toit, grâce aux aptitudes de vol de chacun, est mis en place facilement et rapidement.
Bientôt, la grande pièce est terminée ! Il faut maintenant installer les couches afin que toutes et tous y trouvent leur confort ! Tous les matelas, paillasses, coussins, couvertures, étoffes, qui ne servent pas dans les habitations, sont réunis dans la grande pièce. Des points d’eau, avec de quoi se laver et s’essuyer sont installés à côté des âtres.
En fin d’après-midi, la température à l’intérieur de la grande pièce est celle d’un bel après-midi d’été ! Toutes et tous ceux qui œuvrent à l’intérieur pour terminer les aménagements sont maintenant nus.
Pierre Kirou, le médecin, avec l’apothicaire Jacques, son frère, et l’herboriste Martine, l’épouse de Jacques, ont installé un coin de potions en tous genres, qui devraient faciliter les ébats de ce soir ! J’ai ramené à Pierre quelques unes des potions que j’ai, en lui expliquant bien que quelques gouttes suffisent à chacun ! Les enfants de Jacques et Martine, Jean et Jeannette, ont aussi installé un coin de boissons réconfortantes et revitalisantes. Pierre a aussi quelques médecines, en cas de fatigue ou d’étourdissements.
Le soir arrive, et l’excitation monte au sein de la communauté du Blauersland !
Ingrid, aidée par les femmes des compagnons, dresse la grande table, afin que toutes et tous aient accès à toutes les victuailles préparées, tout autour de la table.
Des pintes de cervoise, de vins divers, et de boissons à l’eau sont disposées tout autour sur la table, où quarante-et-un convives sont attendus !
Le plan de table est fait par âge, un garçon, une fille ! des étiquettes sont disposées afin que tout le monde trouve sa place.
Des attaches sont prévues pour accrocher les vêtements des convives derrière leur place attitrée. Un stock de bûches est établi à côté de chaque âtre. Les âtres sont chargé au maximum, ils chauffent et rayonnent bien !
Dix chandeliers de trois bougies sont placés sur les tables, Jean et Jeannette Kirou sont chargés d’allumer les bougies.
Enfin, tout est en place, la fête peut commencer !
Un par un, les compagnons entrent dans la grande pièce, il y fait une chaleur bien agréable, qui incite aussitôt à se mettre nu, ce que font tous les compagnons en arrivant. Une fois tous les convives attablés, nus, chacun et chacune discute avec ses voisins de table, Adrien arrive enfin, avec Ingrid. Tout le monde se lève, Adrien se place en tête de table, et Ingrid va rejoindre Henri, en face.
Un grand silence règne, tout-à-coup.
« Assis ! » dit enfin Ingrid, donnant le signal du début des festivités et tout le monde s’assoit et se sert à manger, les hommes servent leurs dames de compagnie, les plaisanteries fusent, tout le monde s’amuse en mangeant ces mets qu’Ingrid, les femmes du Blauersland et les jumelles Mayas ont concoctés toute la journée. La cervoise et le vin coulent à flots, tout le monde boit et mange ces mets énergisants avec plaisir ! Les discussions s’orientent naturellement sur les préférences sexuelles de chacune et chacun, sur les prouesses des vantards et les plus gros orgasmes de ces dames !
La plus grande partie de la nourriture a été consommée, je me lève et vais prendre une pinte que j’ai préparé, je fais le tour des garçons, chacun reçoit une petite gorgée d’une boisson spéciale !
Akna fait de même avec une pinte destinée aux femmes.
Une fois que les potions ont été distribuées, Adrien prend la parole.
« Chers compagnons du Blauersland, nous voici à la phase jouissante de notre soirée !
- Moi quitter vous avec Henri, dit alors Ingrid, aller nous coucher, Vous pas trop de bruit !
Et Ingrid se lève, et quitte la pièce avec le jeune Henri.
Toute l’assemblée s’est levée par respect, saluant la Maitresse du Blauersland.
Les jeux et ébats vont bon train…
…Et le silence revient, les hommes , épuisés, se sont endormis pour la plupart.
La hutte de sudation Le sauna a dit Ingrid
Le lendemain, dans la matinée, la pluie s’est invitée au Blauersland.
Les compagnons émergent difficilement ! La grande pièce sert de local pour le petit déjeuner, le toit est à peu près étanche, et les quelques braises restantes dans les âtres ont suffi à ranimer les flammes avec quelques bûches rapportées.
Dehors, il fait froid, humide, l’automne s’annonce plus difficile que prévu.
Adrien décide de garder cette pièce pour se réunir en hiver ou par temps de pluie.
« Il suffira d’étancher le toit, dit-il, et d’isoler plus l’intérieur, et nous aurons une chouette pièce où nous retrouver !
- Et copuler ! dit alors Raoul Schwartz, qui a vraiment apprécié la fête de la veille !
- Raoul, dit Adrien, tu vas donc faire en sorte que l’on puisse vivre nu ici ! N’est-ce pas !
- Oui Adrien ! Je vais isoler tout cela ! Vivement qu’on refasse une fête !
- Mais tu ne penses plus qu’à ça ! dit sa mère Isabelle.
- Soit ! Raoul ! dit Adrien. Quand ce sera fait, nous ferons une petite fête pour inaugurer notre nouveau foyer ! Mais pour l’heure, il faut ranger, nettoyer cette pièce ! Tout le monde va s’y mettre, et ce sera vite fait !
- Les tables peuvent être empilées au fond ! dit Albert Schwartz, nous les utiliserons suivant nos besoins ! »
« Je voudrais dire quelque chose ! dis-je alors.
Je ne suis que de passage dans votre communauté, mais j’apprécie beaucoup votre mode de vie et votre esprit de groupe. Je voudrais vous soumettre une idée pour une réalisation qui pourra vous plaire ! J’ai eu cette idée cette nuit, quand j’ai rechargé les âtres dans cette pièce.
Il s’agit d’une hutte de sudation. Une telle hutte existe dans le village d’Akna et Itzel, là où j’ai résidé quelques années. Il s’agit d’une pièce ou nous nous installons pour transpirer, cela élimine nos toxines du corps et nous rend plus sains ! La température y est très élevée, mais le corps supporte des hautes températures, quelques minutes si l’air est sec ! Même une chaleur capable de faire bouillir l’eau est supportable ! Quelques minutes, deux fois, espacées de temps de repos, suffisent pour nettoyer le corps pour un bon moment !
Bien sûr, sans faire bouillir d’eau ! avec une atmosphère humide, nous supportons beaucoup moins la chaleur ! Que penses-tu de cela, Pierre, toi qui es médecin, ne serait-ce pas bénéfique à tout le monde ?
- Si fait ! L’élimination des toxines bénéficie à la santé de toutes et tous ! C’est une bonne idée, Jacou, et je soutiens ce projet !
- Adrien ! Peut-on se lancer dans ce projet ?
- Oui Jacou ! Vas-y ! Tu as toute l’aide dont tu auras besoin, demande, les compagnons sont avec toi !
- Merci Adrien !
Albert ! Puis-je te soumettre des plans pour réaliser une telle hutte ? Une base en pierres, des murs et des bancs en bois…, le bois est un mauvais conducteur de chaleur, nous pourrons nous assoir ou nous allonger nus dessus dans une ambiance très chaude, avec juste une serviette sous notre corps pour ne pas pourrir le bois ! Nous pourrions y accoler une pièce où l’on pourra se laver, avec de l’eau chaude ! Elle sera chauffé par un âtre situé au centre de la pièce qui chauffera la pièce, mais aussi une cuve en hauteur au dessus du feu…
- Oui Jacou ! Dessine- moi les plans, et avec ma femme, ma fille et mes fils, nous concrétiserons ton projet !
- Hector ! Je peux te solliciter aussi sur ce projet ? Pour construire l’âtre et la cuve au dessus, et les systèmes de douches de la pièce annexe ?
- Volontiers Jacou ! Ce sera un progrès pour la communauté !
- Et on fera une fête dedans, hein, Jacou ! dit Raoul, qui a déjà senti le potentiel d’une telle hutte, ou tout le monde sera nu… Et tout le monde rigole de l’obstination du jeune garçon.
- Moi connaître ça dans pays à moi ! dit alors Ingrid. Nous appeler ça ‘sauna’ dans Langue à nous ! Cela dire pièce à suer !
Moi d’accord pour construire sauna ! Moi aime sauna ! Allez ! Travail ! Hop !
- Alors, c’est dit ! dit Adrien, dès qu’on aura rangé ici, nous pourrons nous atteler à ton projet, Jacou ! J’ai encore une demande ! La famille Kahlm, André, Alice, Marie, Madeleine, Margot et Marion , maintenant qu’ils sont membres de notre communauté, ce serait bien qu’il acquièrent les mêmes pouvoir que nous autres !
- C’est ma foi vrai ! dis-je. Venez avec moi à la maison de Clément, s’il le permet !
- Bien sûr Jacou ! répond Clément. Ma maison est la tienne !
- Bien ! Dans une heure, vous aurez vous aussi les pouvoirs que nous avons ! Suivez-moi ! »
Et toute la famille s’habille pour se protéger de la pluie qui tombe à verse, et me suit jusqu’à la maison de Clément.
« Veuillez vous coucher sur cette couche et sur celle -là ! Je vais faire l’obscurité et vous donnerai une rasade de potion. Vous allez vous endormir, et quand vous vous réveillerez, vous pourrez communiquer par la pensée, déplacer les objets à distance, et voler !
- Ce sera merveilleux ! disent les jumelles en chœur. »
Ils boivent la potion, je fais le noir et sors rapidement de la maison.
Des trombes d’eau dégringolent, le sol est détrempé, je peux à peine voler, et j’arrive à la grande pièce trempé jusqu’aux os ! Je me déshabille prestement près d’un âtre, et me sèche avec une serviette de tissu propre qui était encore là depuis hier soir.
Avec Albert, nous installons une table non loin de l’âtre, qui nous servira de table de travail. Je demande à Jacques Kirou de me fournir des fusains et de quoi dessiner dessus.
« Nous allons élaborer le plan de la future, pardon ! Du futur sauna ! dis-je. On n’a pas intérêt à l’appeler autrement ! Sinon gare ! sous l’hilarité générale.
Adrien et Hector nous rejoignent autour de la table.
Où va-t-on construire ce sauna, demandé-je à Adrien. Il faudrait qu’il ne soit pas trop loin de l’eau, afin de l’acheminer facilement.
- On va l’installer au bord de la gravière, à coté de la forge ! dit Adrien.
- il y a un courant d’eau, dans la gravière, demandé-je.
- Non, pourquoi cette question ?
- S’il y avait un courant, nous pourrions installer une roue à aube qui permettrait d’entrainer une crémaillère qui remplirait automatiquement la cuve d’eau !
- Bonne idée ! dit Hector. On peut faire un courant en ouvrant la gravière en amont et en aval, et faire passer une partie de l’eau du grand fleuve Rhin par là !
- Mais oui ! dis-je. Bonne idée ! Hector, tu pourras aussi bénéficier de l’énergie de la roue à aube pour actionner ton soufflet !
- Superbe idée ! dit alors Albert. Dessinons aussi le plan de la roue à aube ! Je vais m’atteler à sa construction tout de suite ! »
Mes vêtements ont séché près de l’âtre. Je me rhabille, et vais chercher la famille Kahlm qui dort à la maison.
Je sors, sous un crachin qui a remplacé les trombes d’eaux d’il y a une heure, et vole jusqu'à la maison.
Les Kahlm sont en train d’émerger. Je les aide à s’assoir, et leur demande mentalement comment ça va.
Surpris, André et Alice me répondent à haute voix.
« Nous allons bien ! Hein Alice !
- Oui ! répond -elle.
- Moi aussi ! répond alors Marie par la pensée, ainsi que Madeleine.
- Nous aussi Jacou, on va bien ! répondent les jumelles qui pensent en chœur aussi !
- Bien ! dis-je à haute voix. Venez, nous sortons, il ne pleut presque plus, nous allons à la grande pièce en volant !
La famille sort, et se lance alors, titubantes pour certaines, mais vite rétablies, et tout le monde vole à ma suite jusqu’à la grande pièce.
Prenez chacune une bûche à distance, et rentrons les déposer devant l’âtre ! »
Et la famille Kahlm arrive, avec une bûche qui flotte dans les airs devant chacune des filles, la mère et le père, et sont déposées devant le feu avec la mienne.
Adrien veut leur parler.
« Maintenant, vous êtes vraiment compagnons du Blauersland ! Nous vous remercions de votre participation hier soir, c’était pas évident de faire fi des tabous que vous aviez ! Mais vous vous en êtes sortis haut la main ! Enfin, si je puis dire ! Faisant rire tout le monde.
Bien ! Que savez-vous faire ?
- Nous savons laver le linge ! dit Marie. Nous le faisions pour tout le village de Sasbach !
- Je suis bûcheron ! dit André, je coupais souvent des arbres pour les villageois.
- Je sais faire la cuisine ! dit Alice.
- Nous savons aussi jardiner ! dit Madeleine. Nous avions un lopin de terre que le curé nous avait donné.
- Bien ! Nous avons au Blauersland des terres cultivées, nous n’y plantons que des herbes servant à Jacques l’apothicaire et Martine l’herboriste, qui s’en occupent avec leurs enfants Jean et Jeannette. Voulez-vous vous joindre à eux pour créer un potager, et cultiver les herbes ?
- Ce sera un plaisir que de cultiver avec vous ! dit Jacques.
- Oui ! Et cela nous prenait du temps, dit Martine, avec votre aide, nous pourrions progresser dans nos recherches et nos remèdes !
- Ce sera avec joie ! N’est-ce pas les filles ! dit Marie. Et Madeleine et les jumelles acquiescent. Jean et Jeannette sont ravis ! il y aura surement encore des moments intimes entre elles, sa sœur et lui !
- C’est parfait ! Alice, crois-tu pouvoir travailler avec Ingrid à la cuisine ? Tu as dû remarquer qu’elle est autoritaire !
- Oui, j’ai vu ! dit Alice en rigolant. Mais si je fais bien mon travail, elle m’appréciera ! Je veux bien travailler avec elle !
- Bon ! Alors, veux-tu aller te présenter à elle, ou veux-tu que je le fasse ?
- Non, j’y vais ! Cela va bien se passer !
Et Alice sort de la grande pièce, et va rejoindre Ingrid dans la cuisine communautaire, dans la maison du doyen.
- André ! Nous n’avions pas de bûcherons au Blauersland ! Maintenant, nous en avons un ! Les compagnons t’expliqueront où nous prenons le bois, et Albert t’aidera à te familiariser avec le métier de menuisier. Tout cela est parfait ! Mettons-nous au travail ! »
Alice arrive dans la cuisine d’Ingrid.
« Bonjour Ingrid ! Je suis Alice Kahlm, l’épouse d’André et la mère des quatre filles Marie, Madeleine, Marion et Margot !
- Moi savoir toi qui ! Toi quoi faire ici ?
- Je suis venue t’aider, je suis cuisinière, et les compagnons m’ont dit que tu avais besoin d’aide !
- Oui aide besoin ! Toi pas née ici ! Toi accent Germain !
- Oui, je suis Germaine ! Nous avons quitté la Germanie car les Germains voulaient prendre mes filles !
- Toi paria ici ! Comme moi Viking ! Paria aussi !
- Oh non ! Les compagnons ont sauvé la vie de mes filles, et ils nous ont accueillis ici, nous ne sommes plus des parias, mais des compagnons du Blauersland ! Toi non plus tu n’es pas une paria ! Tu es respectée par tous les compagnons ! Tu es une vraie compagnon du Blauersland !
- Toi parler juste ! Moi aime ça ! Toi être ma disciple alors, et faire comme je dire !
- Oh oui ! Je suis ta disciple, Maîtresse Ingrid !
- Oublie maîtresse ! Ingrid mon nom ! Moi femme Adrien ! Moi chef cuisine ! Et moi chef Adrien ! Gare ! Cela fait sourire Alice.
Moi contente aide ! Toi aider tout le temps ?
- Oui Ingrid, je suis ta disciple, je ferai tout ce que tu me diras de faire ! Si je ne suis pas contente, je te le dirai aussi !
- Moi aime femme comme ça ! Caractère ! Bien !
Viens, travail maintenant ! »
La pluie a cessé. Les travaux commencent tous azimuts pour construire le sauna ! Les compagnons creusent la gravière près de la forge, afin d’y faire circuler l’eau du grand fleuve Rhin, avec facilité, leurs nouveaux pouvoirs permettent de déplacer d’énormes rochers comme des fétus de paille !
Bientôt , le grand fleuve Rhin a un nouveau bras !
Dans la menuiserie, toute la famille Schwartz s’est mis à l’ouvrage, avec l’aide d’André Kahlm, le nouveau bûcheron, pour confectionner la roue à aube. Hector Strass est là pour sertir les pièces métalliques de la roue, son épouse Anne sertit les pièces avec une méthode dont elle a le secret, aidée par ses fils, Sylvain et Ignace. Bientôt, la roue est prête.
Les compagnons creusent la rive de la gravière pour installer les poteaux qui supporteront l’axe de la roue. D’autres œuvrent pour le terrassement du sauna, et commencent à monter les murs de pierre, suivant le plan que j’ai dessiné. C’est une affaire qui roule !
Vers midi, Ingrid apparaît dans la grande pièce, qui est appelée le foyer, dorénavant.
« Mettre table ! manger maintenant ! »
Et les femmes des compagnons dressent les tables en ligne cette fois, quatre grandes tables pour quarante-trois personnes.
Bientôt elle revient avec des grands plats, qu’elle porte à distance devant elle, Alice souriante derrière elle téléporte aussi des plats et elles les posent sur les tables.
Quatre voyages sont nécessaires pour amener toutes les denrées, les boissons les couverts, les assiettes, le tout en téléportation.
Dans le Blauersland, les chantiers s’arrêtent, il n’est pas question de faire traîner le début du repas !
Ingrid veut dire un mot, et attend que tout le monde soit là.
« Alice ! Disciple ! Brave Alice ! Sait faire ! Bravo Alice ! » Et tout le monde applaudit Alice, qui a réussi l’exploit de se faire admettre par Ingrid !
« Maintenant, manger ! » dit Ingrid. Alice et elle s’attablent parmi les compagnons.
Après le repas, tandis que les femmes aident les cuisinières à débarrasser les tables, faire la vaisselle et ranger la cuisine communautaire, les compagnons retournent à leurs chantiers.
Dans la menuiserie, la roue à aube est prête, les hommes préfabriquent les bancs et les murs en bois qui viendront superposer ceux en pierre. Le toit aussi est prêt à être assemblé.
Ce soir, le sauna sera prêt !
Hector Strass, le forgeron, travaille à l’âtre qui sera installé au milieu du sauna, et construit la cuve qui le surplombera. Il a une idée qu’il me soumet.
« Jacou, que penses-tu de mon idée : j’ai installé une cuve dans la pièce contiguë, la cuve est plus grande, et j’ai installé un grand âtre dessous pour chauffer plus d’eau ! Cela permettra à tous les compagnons de prendre des douches chaudes ! même sans chauffer le sauna ! La cuve dans le sauna servira à se rincer de ses suées.
- Oui ! Bonne idée ! Mais il faudra trouver un moyen pour que l’eau ne soit pas trop chaude ! dis-je.
- Pour ça, j’ai aussi eu une idée ! Regarde ! J’ai mis une deuxième cuve froide à coté de la cuve chauffée, deux tuyaux qui arrivent sur une manette qu’on tourne plus ou moins vers le coté froid pour mélanger l’eau chaude et l’eau froide. Chacun pourra ainsi doser la chaleur qu’il veut !
J’ai pensé aussi à installer trois de ces manettes, afin de pouvoir prendre trois douches simultanément !
- Tu es génial, Hector ! dis-je. Bravo ! Cela va être apprécié par la communauté ! »
En fin d’après-midi, la roue est installée, et elle tourne ! La crémaillère aussi est posée, les godets d’eau arrivent jusqu'aux cuves, et par un système de flotteur la crémaillère est désactivée sur chaque cuve quand celle-ci est pleine.
Enfin, après les murs, le toit du sauna est posé.
Hector termine l’installation des âtres, et allume les feux. La chaleur emplit rapidement le sauna, alors qu’Albert et ses jeunes apprentis de fils, les jumeaux Victor et Raoul, terminent d’installer les bancs.
La fin de l’installation se fait nus, la chaleur est conséquente, maintenant !
Dans la soirée, le sauna est opérationnel. La pièce de douche aussi ! Le feu ronronne et l’eau chauffe vite !
Tout le monde est prévenu de se rendre au foyer.
Adrien alors décide !
« Nous allons l’inaugurer, ce sauna ! Mais pas tous les compagnons ensemble , il n’y a pas la place pour tout le monde en même temps !
Nous allons en profiter chacune et chacun, à tour de rôle !
Honneur à Ingrid ! dit-il. Alice sera avec elle, afin d’avoir fini pour préparer le repas, sa famille en profitera plus tard.
Je viendrai aussi, ainsi que Hector et la famille Strass, et Albert et la famille Schwartz. Jacou, tu seras aussi des nôtres ainsi qu’Itzel et Akna, et Clément.
Ensuite, ce sera le tour de la famille Kirou, ainsi que Pierre, la famille Muscat et la famille Pinot.
Puis le tour viendra de la famille Pourse, la famille Dawes, et la famille Kahlm.
Hector ! L’eau sera suffisante pour nous doucher tous ensuite ?
- Il vaudra mieux se doucher derrière ! dit Hector, il y a plus d’eau et elle chauffe vite, avec l’âtre juste en dessous !
- Une pile de serviettes est posée à l’entrée du sauna, afin que chacune et chacun en prenne une pour s’assoir dessus.
Jacques Kirou a fourni des sabliers afin de ne pas rester trop longtemps, ils ont une durée de quinze minutes. »
Adrien Rung va chercher Ingrid, c’est elle qui aura l’honneur de rentrer la première, nue, dans le sauna !
« Ingrid ! Claironne Adrien. Bienvenue dans ton sauna ! Alice, tu viens aussi ! Ta famille viendra plus tard ! »
Nous arrivons, Itzel, Akna, Clément et moi, en volant nus depuis la maison de Clément. Il ne fait pas chaud, bien que la pluie ait cessé depuis un bon moment, l’air est humide !
Nous entrons dans le sauna, la chaleur est intense, et nous réchauffe instantanément, Clément a du mal, au début, à respirer ! Ingrid, Adrien et Alice sont déjà assis.
Les familles Strass et Schwartz arrivent ensemble, ils se déshabillent hâtivement sous la chaleur du sauna ! ils prennent une serviette et écoutent les recommandations d’Akna.
Le temps d’un sablier plus tard, nous sortons avec nos serviettes. Nos corps fument comme s’ils se consumaient ! Un grand nuage de vapeur en monte. Nous allons derrière le sauna tester les douches, elles fonctionnent très bien, mais gare aux brûlures si l’on ne rajoute pas d’eau froide ! L’eau chaude, elle, l’est vraiment !
Pendant ce temps, les Kirou et les Muscat investissent les lieux, Akna va leur donner quelques conseils, notamment de prendre une serviette pour s’assoir dessus, et de ne pas rester plus que le temps d’écoulement d’un sablier !
Que de découvertes, de surprises, quant à la transpiration générale du corps !
Une fois sorties de l’enfer, comme l’a nommé Raoul qui n’a plus envie de copuler en ce lieu, les deux familles se sont relayées aux douches, l’eau est encore assez chaude !
Les familles Pourse, Dawes et Kahlm attendent leur tour dans le foyer, où les âtres sont maintenus en chaleur , elles prennent la suite au sauna, une fois que les précédents en sont sortis.
La sortie de la dernière vague, un sablier plus tard, nous incite à y retourner, après avoir quand même ventilé le local, nous sommes resté nus dans la pièce de douches, grâce à l’âtre qui diffuse une belle chaleur en chauffant l’eau des douches.
Avec les jumelles Mayas et Clément, nous y retournons pour une deuxième transpiration !
Les autres, les familles Schwartz et Strass ont goûté, ont apprécié, mais une séance leur a suffit !
Ingrid a apprécié, elle reviendra, dit-elle.
« Maintenant, faire manger avec Adèle ! Table mise dans une heure ! » dit-elle encore.
Tout le monde se retrouve au foyer, chacun et chacune constate que sa peau est toute lisse, soyeuse, suite à la sudation !
Tous les compagnons apprécient ce nouveau mode de vie, nu en cours d’automne !
Un foyer, un sauna, de l’eau chaude pour se doucher, les compagnons sont ébahis et heureux de cette évolution !
Le repas du soir est vite englouti, le sauna, ça creuse !
Ingrid se lève, et un verre à la main, prend la parole.
« Terveys ! dit-elle en levant le verre.
Et tout le monde se lève, verre en main, et répète : « Terveys ! »
Moi contente ! Sauna bien ! Kiitos compagnons ! Bravo !
- Ca veut dire merci ! » traduit Adrien.
Une fois débarrassées, les tables servent encore pour boire un verre, et discuter entre compagnons.
Les jeunes, Marie Kahlm, Madeleine Kahlm, Marion Kahlm, Margot Kahlm, Jeannette Kirou, Babette Muscat, Marion Schwartz, Josiane Pourse, Josette Pourse, Adèle Pinot, Clément Sandre, Jean Kirou, Roger Pinot, Sylvain Strass, Ignace Strass, José Pourse, Jérémie Pourse, Alfred Muscat, moi-même, Jacou Artz, Victor Schwartz, Raoul Schwartz, se sont réunis au fond près de l’âtre, et font des projets, notamment d’occupation lubrique du sauna !
« On peut modérer la chaleur du sauna, dis-je, trop chaud, les efforts physiques seront vite exténuants ! Dans le village d’Itzel et Akna, nous l’avons fait, nous y avons passé la nuit entre jeunes ! »
- Oh oui ! Oh oui ! » dit Raoul, déjà impatient…
A une autre table, Hector Strass et Albert Schwartz discutent de l’opportunité de mécaniser le soufflet de la forge avec l’énergie mécanique fournie par la roue à aube.
Plus loin, attablés aussi, Adrien demande à André Kahlm s’il veut prendre une charge régulière.
« Volontiers, Adrien ! Dis moi…
- Tu seras responsable des âtres du foyer, ainsi que l’âtre des douches, que tu allumeras tous les matins. Tu t’occuperas de sortir les cendres aussi. Tu feras aussi des réserves de bois pour une utilisation journalière. Cela est dans tes capacités ?
- Pas de soucis ! J’accepte avec plaisir ! Merci de me donner un beau rôle dans la communauté ! »
Au fur et à mesure de la soirée, les compagnons prennent congé, et vont se coucher. Dehors, il fait frais ! Bientôt, les nuits seront glaciales !
Nouvelles technologies
Le jour commence seulement à poindre. La nuit a été fraîche, le temps est encore humide de la pluie de la veille, et nous ne sommes plus loin de l’eau qui gèle !
André Kahlm est déjà au boulot ! Il allume l’âtre de la salle de douche, puis ceux du foyer, les compagnons s’y donnent rendez-vous pour le petit déjeuner. André a quelques réserves de bois, il peut fournir quelques jours de chauffage pour les âtres, mais il va falloir trouver du bois de chauffe pour l’avenir.
Tandis que ses filles Marie, Madeleine, Marion et Margot s’installent encore dans leurs nouvelles demeures, un appartement pour chacune d’elles, Alice, leur mère, est allée rejoindre Ingrid en cuisine.
« Toi tôt ! Bien ! » dit Ingrid qui apprécie de plus en plus Alice.
Alice, en arrivant, allume aussitôt le fourneau de la cuisine, tempérant ainsi déjà le local, et leur permettant d’enlever leurs tuniques. Elles préfèrent travailler nues, elles se sentent plus à l’aise !
Hector Strass et Albert Schwartz se sont donné rendez-vous pour construire un système qui actionnera le soufflet de la forge. En voyant l’installation en train de se construire, André soumet à Hector un système pour couper le bois en petits rondins, directement exploitables dans les âtres. Une scie qui sera animée par le mécanisme de la roue, comme le soufflet.
Avec l’aide de quelques compagnons, il installe alors sa découpeuse de bûches, qui scie toute seule des rondins d’un pied, et selon la longueur de la lame, peut scier deux ou trois troncs simultanément.
Albert y voit le potentiel pour couper des planches ! Il suffit de tourner la lame d’un quart de tour et de la faire osciller horizontalement.
Il décide alors de monter au bord de la gravière, près de la roue à aube, un nouvel atelier de menuiserie, mécanique, celui-là ! Aussitôt dit, aussitôt fait ! Les compagnons montent des cloisons et un toit pour l’atelier de menuiserie.
Au foyer, je suis en discussion avec mes condisciples et Clément. Nous proposons à Adrien, après en avoir parlé avec André, d’aller acheter du bois, dans les abattages forestiers du Nord de l’Austrasie, à Confluentes, Clément s’y est déjà rendu, il y a quelques temps, en revenant de Poitiers.
En effet, le bois du Blauersland ne suffit plus à la vue de l’explosion de consommation, les âtres du sauna, des douches et du foyer, en plus des foyers des maisons.
Les coupes pour cette année sont finies, il n’y aura pas assez de bois pour passer l’hiver, surtout s’il est aussi rude que ce qu’en disent les anciens.
Adrien est d’accord.
« Vous irez à Confluentes, et achèterez du bois pour cet hiver !
- Il pourrait être acheminé par le grand fleuve Rhin, dis-je, en remorquant des barges depuis la rive ! »
Nous nous préparons aussitôt pour ce voyage. Nous irons en volant, bien habillés avec nos arcs, évidemment !
Le dragon de la forêt
Le moment du départ est arrivé, et nous nous envolons vers le Nord, Clément en tête, Akna et Itzel suivent, et je ferme la formation.
Nous avons quelques monnaies d’or pour négocier avec les bûcherons de Confluentes.
Le vol ne dure qu’un peu plus d’une heure, mais nous sommes content de nous poser, nous somme gelés !
Nous arrivons au dessus de la forêt de Confluentes, et nous posons discrètement dans les futaies du sous-bois.
Nous marchons jusqu’au bourg, au confluent de la rivière Moselle et du grand fleuve Rhin, et nous entrons dans une auberge pour nous renseigner, et boire de quoi nous réchauffer.
Deux bûcherons sont là, et nous voyant, viennent vers nous.
« Nous avons besoin de bras pour charger des grumes, notre grue est cassée ! dit l’un des bûcherons. A deux, nous n’y arrivons pas ! Pouvez-vous nous aider ? Nous vous payerons !
- Oui, nous pouvons ! dit Clément. Et mieux que vous le pensez ! Mais d’abord, nous devons nous réchauffer !
- Vous venez d’où ?
- De Strateburgo !
- A cheval ?
- Non , à pied, et nous sommes gelés !
- A pieds par la forêt ! Vous avez de la chance d’être encore vivants ! C’est là que vit le… la bête !
L’aubergiste, Joseph Lefan, nous ramène des boissons chaudes, sucrées, qui nous font le plus grand bien !
- Que venez-vous faire en venant d’aussi loin à pied ? demande le deuxième bûcheron.
- Nous venons acheter du bois !
- Nous en avons ! Si vous payez bien, nous pouvons vous en fournir ! Combien en voulez-vous ?
- Une centaine de muids !
- Tant que ça ? Soit ! Mais cela fera…deux livres-or !
- C’est cher ! Pour quand ?
- Ils sont là, dehors. Venez !
Et les compagnons sortent à la suite des bucherons. Effectivement il y a là des centaines de grumes, et plusieurs barges à charger.
Aidez-nous à charger cette barge, il y va quinze grumes.
-Vous allez voir ! dis-je.
Et d’une main, je fais un geste qui décolle la grume du dessus de la pile, et je vais la poser sur la barge. Itzel en prend une aussi, Akna suit le mouvement, et Clément fait de même. En deux minutes, la barge est pleine, il n’y a qu’à la laisser partir et elle descendra le grand fleuve Rhin en suivant le courant.
Les bûcherons n’en croient pas leurs yeux !
« Vous êtes des sorciers ! Des mages ! Ou des druides aux pouvoirs inconnus !
- C’est un peu cela ! dit Clément en souriant. Nous sommes les compagnons du Blauersland, au Sud de Strateburgo. Mais nous ne sommes ni des sorciers, ni des mages ! Nous avons ce pouvoir grâce à certaines plantes rares qui ne poussent pas par ici ! Mais il ne faut pas le répéter !
- C’est incroyable ! Vous nous avez fait gagner une journée de travail éreintant ! Nous garderons votre secret !
- Bien ! Alors, ces cent muids ?
- Servez-vous !
- C’est parfait ! Nous allons charger ces barges, nous vous les ramènerons une fois déchargées chez nous ! Voici deux livres-or pour le bois !
Et nous chargeons six barges de quinze grumes, cela fait bien cent muids de bois !
- Comment vous appelez-vous ? demande un des bûcherons.
- Je suis Jacou Artz, voici Akna et Itzel Paca, et Clément Sandre.
Et vous ?
- Nous sommes les frères Chtauss, je suis Aloïs et voici Alfred.
- Enchanté ! dis-je . Nous allons vous laisser, nous partons avec nos grumes !
- Vous n’arriverez jamais à tirer les barges, dit Aloïs Chtauss, pour remonter le courant ! depuis les dernières pluies, il a doublé de force !
- Nous n’allons pas tirer, mais pousser !
Toutes les barges sont reliées ensemble, Nous montons sur la deuxième barge, et, de concert, nous poussons toutes et tous la première, qui flotte et remonte le courant, entrainant les autres.
Sous les yeux ébahis des deux frères Chtauss, nous voguons ainsi en évitant les obstacles, des bateaux amarrés, des petites îles…
Cela ne manque pas de me rappeler les traversées de la mer avec mes condisciples Itzel et Akna, et mon maître Sirius !
Tranquillement, après quelques heures de poussage de barge, nous arrivons en vue du Blauersland.
Je vais prévenir de notre arrivée, et bientôt les compagnons s’attèlent à décharger les barges.
André est satisfait, cela fera une belle réserve de bois ! Il a déjà prévu un abri à côté du nouvel atelier de menuiserie, pour stocker ces cent muids de bois !
« Tous les compagnons pourront prendre une douche chaude chaque jour ! » annonce-t-il à Adrien Rung.
Je dis à Adrien que je ramène les barges aux bucherons de Confluentes, et je voudrais en savoir plus sur cette bête dans la forêt, dont m’ont parlée les bûcherons.
« Emmène les filles avec toi, on ne sais jamais !
- D’accord ! Itzel et Akna, venez, nous ramenons les barges ! »
Nous empilons les six barges l’une sur l’autre, et montons dessus, laissant le courant nous emporter.
Nous naviguons doucement, au gré du courant, pour arriver en début d’après-midi à Confluentes. Nous nous apercevons que nous n’avons pas encore mangé !
Nous arrivons à l’auberge après avoir accosté, l’aubergiste, Joseph Lefan, nous reconnait, et nous houspille :
« Vous êtes partis sans payer, ce matin !
- C’est ma foi vrai ! Nous voulions aller aider les bûcherons, et nous ne sommes pas revenus !
Sortant ma bourse de la poche intérieure de ma tunique, je sors un denier d’argent, largement de quoi payer nos boissons de tantôt !
Et maintenant, Joseph, pourrais-tu nous servir un repas, nous n’avons pas encore mangé !
- Volontiers, nobles étrangers ! Asseyez-vous, je vous ramène déjà une pinte de vin pour patienter ! »
Et nous goûtons ce vin, excellent au demeurant !
L’aubergiste nous sert un bon repas. A la fin, il nous ramène une sucrerie, avec un verre de gnole.
« Puis-je vous poser une question ?
- Oui mon garçon, vas-y ! dit Joseph.
- Que pouvez-vous nous dire de la bête qui est dans la forêt ? Il paraît que c’est un dragon ?
- C’est tabou ! il ne faut pas prononcer son nom ! ça porte malheur !
- Bien ! alors répondez juste à mes questions, d’accord ?
- Vas-y ! Mais je ne dirai pas son nom !
- Depuis quand est-il dans la forêt ?
- Depuis cet été !
- Qui l’a vu ?
- Ceux qui l’ont vu sont morts ! Trois hommes de Confluentes y sont allés, ils ne sont jamais revenus !
- Alors, qui vous l’a dit que le… qu’il était dans la forêt ?
- On a aperçu son ombre !
- Est-ce qu’il y a quelque chose dans la forêt, demande Akna, à part des arbres et ce… et lui ?
- Il y a la vielle mine, dit alors Joseph Lefan. Il parait qu’il y aurait de l’or, mais personne n’ose le vérifier !
- Ah ! Voilà la clef du mystère !
- Vous n’allez pas y aller ! Il vous rôtira !
- Non, dis-je en souriant. Mais nous sommes fatigués ! Pouvez-vous nous louer une chambre pour la journée ?
- Oui, ça peut se faire ! »
Et je paye les repas, le vin, les gnoles, et la chambre, l’aubergiste nous y emmène.
Une fois seuls, nous nous déshabillons, nous faisons un baluchon de nos tuniques, puis, nus et invisibles, malgré le froid nous nous envolons discrètement par la fenêtre de la chambre, avec nos baluchons et nos armes, et gagnons la forêt.
Nous cachons nos baluchons et nos armes sous un tronc, et nous commençons à explorer la forêt. Bientôt, nous trouvons l’entrée de la mine, il y a six chevaux dont trois sont sellés, accrochés à l’entrée de la mine, des braises d’un feu sont encore rouges, il a servi il y a peu de temps !
Une grosse structure en bois, ressemblant bien à l’image qu’on peut se faire d’un dragon est posée là, probablement pour faire fuir les intrus !
Nous pénétrons dans la mine, nos visions nocturnes sont efficaces, nous voyons clair.
Trois hommes sont là, assis près d’une lanterne, à côté d’une pinte de vin, deux arcs et une arbalète à côté d’eux. Six autres hommes, en guenilles, creusent la roche, des chaines aux pieds, éclairés par des lanternes posées derrière eux. Manifestement, ils sont prisonniers et esclaves des trois hommes !
Mentalement, nous tenons conseil.
« Nous devons liquider ces hommes et libérer les prisonniers !
- J’ai une idée ! dit Itzel, sortons !
Une fois dehors, Itzel expose son plan !
- Nous allons animer le dragon ! Jacou ! Vas chercher nos armes et nos baluchons ! Akna et moi allons faire un bon feu !
Nous allons les forcer à sortir ! Nous mettons le feu au dragon et le faisons hurler ! Etant invisibles, on peut approcher sans craintes !
Je reviens, les arcs et les baluchons sont cachés non loin de l’entrée.
Et la mise en scène commence.
D’abord, les filles hurlent vers l’entrée de la mine .
« Le dragon ! Aaaaah ! Au secours ! »
Les trois bandits accourent, armes en mains pour voir ce qu’il se passe, et tombent en face du dragon qui hurle et crache du feu, des braises sortent de sa bouche.
Les bandits sont terrifiés, et tirent sur la bête en bois, qui s’enflamme alors !
« Mais qui a crié ? demande un des bandits.
- C’est moi, dit Itzel , à gauche, invisible. Non, c’est moi dit Akna, à droite !
- Non ! c’est moi ! » dis-je, au dessus des bandits.
Ils tirent alors leurs flèches dans tous les sens, nous récupérons nos arcs, et les tuons sans sommation, d’une flèche en pleine tête !
Le dragon n’est plus qu’un tas de bois qui brûle !
« Habillons-nous, et allons délivrer ces pauvres bougres ! »
Nous confectionnons des torches, et pénétrons à nouveau dans la mine. Visibles, cette fois ! Les prisonniers, nous voyant revenir, croient que ce sont leurs bourreaux et se remettent fébrilement à piquer la roche et casser les cailloux.
« N’ayez aucune crainte ! Nous sommes venus vous délivrer ! Savez-vous où sont les clefs des chaines ?
- Oui ! C’est Harold, leur chef qui les a !
- Et où est-il, Harold ?
- En ville, pour vendre l’or !
- Bien ! Vous pouvez marcher, à petits pas, pour sortir d’ici ?
- Oui, sortons ! »
Quand ils arrivent à la sortie de la mine, ils sont aveuglés par la lumière, cela faisait des jours qu’ils n’étaient pas sortis !
- Bon, vos chaines sont solides, dis-je, à moins d’avoir des outils, nous n’y arriverons pas !
Décrivez-moi Harold !
- Harold est un grand gaillard, il vient du Nord ! Il a une tignasse rousse et des bracelets de force aux poignets. Il porte une hache à la ceinture !
- Quel personnage sympathique ! dit Akna.
- Itzel et Akna ! Vous voulez bien rester là, avec eux, dis-je, je vais chercher un chariot pour les ramener chez le forgeron ! Si je vois Harold, je le ramène aussi ! S’il vient entretemps, vous savez quoi faire !
- Il est très dangereux ! Vous n’aurez aucune chance contre lui ! dit un des prisonniers.
- Nous savons nous servir de ça ! dit Itzel en soulevant son arc en direction des trois trépanés. »
Je prends mon arc et m’en vais à pied, jusqu’au prochain fourré. Là, je m’envole, et arrive sur le quai des barges. Je me pose derrière les piles de grumes, et arrive devant.
Les deux bûcherons, Aloïs et Alfred Chtauss, sont là, étonnés de voir leurs barges empilées et amarrées au quai.
« Bonjour ! dis-je. Je vous ai ramené vos barges !
- C’est gentil, mais cela n’était pas urgent !
Je cherche un chariot. Où pourrais-je en trouver un ?
- Chez Émile, l’éleveur de chevaux ! Derrière la forge, à côté de l’orfèvre !
- Merci les frangins ! Je reviendrai défaire cette pile de barges ! Et les charger pour vous, si vous le voulez ! »
J’arrive chez Émile, et pendant que je discute du prix d’un chariot, que je ne veux que louer pour une heure, je vois sortir Harold de chez le joailler, monter à cheval, et partir au galop.
Je préviens mentalement Les filles, qui mettent les prisonniers à l’abri, et s’embusquent ensuite, nues et invisibles.
Seuls deux arcs bandés d’une flèche trahissent leur présence.
Harold arrive effectivement, voit le dragon réduit en cendre et ses trois compère raides avec une flèche dans la tête, il rentre dans une rage folle mais se calme aussitôt, deux flèches viennent de lui transpercer la poitrine.
Il tombe lourdement en arrière, les yeux grand ouverts, mort.
Itzel s’approche de lui, le fouille et trouve une bourse rempli d’argent et d’or, ainsi que les clefs des chaines.
Elle se rend visible, et dit aux prisonniers de sortir de leur cachette ! Elle s’approche d’eux, leur ouvre les chaines qui les entravaient, ils sont immobiles, avec les yeux tout ronds ! ils ont récupéré, voient à nouveau clair, et constatent qu’Itzel est complètement nue , mais ne mouftent pas mot !
J’arrive à ce moment-là, avec un chariot, et dis à Itzel :
« Tu pourrais t’habiller en présence de ces hommes !
- Je n’y ai pas prêté attention ! Nous avons liquidé Harold et récupéré les clefs des chaines !
Akna arrive, dans la même tenue de peau. Les six hommes sont éblouis par ces deux beautés identiques !
-Allons ! Habillez-vous, et ramenons ces hommes à la civilisation ! »
Les jumelles se rhabillent, et aident les hommes à grimper dans les chariots. Ils sont faibles, avec les stigmates de coups qu’ils ont reçus des bandits.
Puis elles pénètrent dans la mine, et sortent avec deux pelles, et creusent vite fait un trou dans lequel elles ensevelissent les quatre cadavres, après les avoir dépouillés. Leurs frusques sont brulées, et avec des seaux d’eau qu’elles ont trouvés en réserve dans la mine, elle éteignent les braises du dragon. Et nous voilà partis, les chevaux attachés derrière le chariot.
Pendant le voyage, nous faisons connaissance de nos passagers.
« je suis Fernand Delle, j’ai trente cinq ans, voici mes frères Armand et Yvon, des jumeaux de trente deux ans.
Fernand est un grand homme, de six pieds six pouces, blond, ses frères sont comme lui.
Nous habitons à Confluentes, avec nos épouses et nos enfants ! Elles vont être contentes de nous voir ! Cela fait dix jours que nous avons été capturés par les bandits. Nous voulions prendre des bois souples dans les futaies au bord de la forêt, pour confectionner des paniers…
- Nous, nous venons de Fürst, un village en amont, nous venions acheter des denrées quand ces bandits nous sont tombés dessus dans la forêt. Trois de ces chevaux sont les nôtres ! Je suis Jean Mèhre, quarante ans, voici mon cousin Paul Mèhre, trente six ans, et son compagnon Georges Marchet, trente cinq ans.
Jean est un grand brun de six pieds huit pouces, Paul est brun aussi, six pieds sept pouces, et Georges est blond, de six pieds six pouces.
- Enchantés messieurs ! Voici Akna et Itzel, mes compagnes, moi je suis Jacou Artz, j’ai quatorze ans.
- Tu as bien de la chance d’avoir deux compagnes comme elles, à ton âge ! dit Jean Mèhre.
- Je le concède, je suis un garçon comblé !
Nous arrivons devant l’auberge, tandis qu’Itzel et Akna aident les six infortunés à descendre, je m’enquiers de faire venir les familles Delle, et le médecin du bourg.
Joseph Lefan est étonné de nous voir arriver par la porte d’entrée, il nous croyait au lit, en train de forniquer, ou de dormir !
« Aubergiste, ces hommes ont besoin de soins ! Le médecin arrive ! Mais ils ont grand soif, aussi, et nous itou ! Amène-nous ton meilleur vin !
- Tout de suite ! Et il ramène deux pintes de vin et des godets pour tout le monde.
- On vous croyait morts, grillés par le… mais il n’en dit pas plus !
- Vous pouvez dire le dragon ! dis-je alors. Nous l’avons brulé, et libéré ces hommes ! Il n’y a jamais eu de dragon dans cette forêt ! C’étaient quatre bandits qui ont fait creuser le filon d’or de la mine par ces hommes, et qui ont inventé cette histoire de dragon pour être tranquilles ! Ils avaient construit un dragon de bois, nous l’avons brulé ! Et nous avons tué et enterré les bandits ! »
Le médecin, Hector Franklin, arrive et examine les hommes un par un. Il a avec lui une assistante, Genièvre Siste, qui s’occupe de nettoyer et panser les plaies.
Les familles Delle arrivent en pleurant, les femmes avec leurs enfants sont folles de joie à revoir leurs maris et pères ! L’auberge se remplit à l’annonce de ces faits d’armes, je dis à Joseph de mettre des pintes et des godets à disposition de tout le monde gracieusement, je lui paierai grassement ces dépenses ! Il n’hésite pas sachant que je suis plutôt bon payeur !
Les frères Aloïs et Alfred Chtauss arrivent aussi à l’auberge.
« Je savais que c’était toi, me dit alors Aloïs. Mais je ne dirai rien ! Peux-tu venir charger les barges comme tu l’as dit ?
- Ce sera fait ! Nous nous en occuperons avant de partir ! Buvez un verre ! C’est la maison qui offre !
Aubergiste ! Tu vas fournir un repas à ces gens, et leurs familles ! Nous mangerons aussi, mes compagnes et moi !
- Mais qui êtes-vous ? demande un client de l’auberge.
- Nous sommes des compagnons de la liberté, dis-je, nous parcourons le Monde, et combattons les injustices et les crimes ! Nous sommes en ce moment les invités des Compagnons du Blauersland, en amont, à côté de Strateburgo ! »
Et pendant que tout le monde mange et boit à satiété, je sors avec les frères Chtauss, je prends mon arc, et nous allons nous occuper des barges.
Une fois les barges dépilées, avec les quatre déjà sur la berge, il y a dix barges à charger. Je m’y attèle, un fût après l’autre, les frères Chtauss s’occupent à lier les troncs une fois les barges chargées, et bientôt, les dix barges sont chargées de quinze troncs chacune.
Nous retournons à l’auberge, les familles Delle s’en mettent plein la panse ! Cela fait longtemps qu’ils n’ont pas bâffré de la sorte !
La nuit est tombée, Je règle les consommations de la soirée, les repas, puis distribue, du contenu de la bourse d’Harold, une pièce d’or à chacun des six malheureux qui ont extrait le minerai d’or. Je paie aussi les chambres pour les trois hommes de Fürst, qui ne retourneront que demain chez eux.
L’aubergiste nous propose :
« Restez dormir ici ! dit il. Je vous invite !
- Grand merci Joseph ! dis-je. Mais nous devons poursuivre notre route !
- Vous allez partir, de nuit ? Mais la forêt est pleine de dangers !
- Oh ! Plus de dragons, en tous cas ! » Et tous les clients encore à l’auberge rigolent de bon cœur ! Ils n’en menaient pas large, tantôt, avec ce dragon !
Nous nous mettons en route, à pied, avec nos arcs, et disparaissons dans la nuit.
Aussitôt, nous nous rendons invisibles dans nos vêtements, et grâce à notre vision nocturne, nous arrivons rapidement au Blauersland, bien refroidis ! Nous nous rendons aussitôt au foyer, où les âtres ronronnent, entretenus par André. Une fois réchauffé au coin de l’âtre, je raconte notre aventure, le dragon, les esclaves et leur libération, et la liesse dans l’auberge de Confluentes.
Les filles racontent volontiers la tête qu’ont fait les prisonniers quand elles ont réapparu, nues devant eux !
André nous raconte les progrès effectués et apportés par le mécanisme de la roue, le soufflet du forgeron, le bois découpé et rangé à l’abri, l’atelier de menuiserie, et le sauna qui ne désemplit pas, les compagnons ont pris goût à ce bien-être !
« Jacou ! dit Marie Kahlm, tu te souviens nous avoir parlé des pratiques au sauna du village maya ! Nous voudrions que tu nous fasses voir de quoi il en retourne !
- Volontiers ! Mais il y fait trop chaud ! Nous devrons attendre que la température baisse ! Pouvons-nous organiser cela plutôt demain, André modérera le chauffage !
- Bien ! dit Marie, nous allons organiser cela !
Dehors, la Lune est pleine, il fait de plus en plus froid ! Les flaques d’eau commencent à geler, et le vent glacial ajoute à ce ressenti de froid !
Le sauna des jeunes
Le lendemain, André allume les âtres, L’eau dans les godets de la crémaillère, qui ne tourne plus quand les cuves sont pleines, a gelé ! Tout le système est figé par le gel.
La roue à aube, elle, tourne toujours ! Le courant et les remous empêchent l’eau de se figer. Les cuves de la douche et celle du sauna n’ont pas gelé, abritées et protégées par les braises des feux de la veille. Mais s’il gèle plus fort, les cuves aussi risquent de geler ! Il va falloir entretenir un feu minimum pour éviter cela ! Ce qui signifie une garde de nuit pendant toute la saison froide !
Les compagnons creusent alors une tranchée sous la crémaillère, et y disposent des braises qui font fondre l’eau dans les godets, pendant son transport vers les cuves. Ainsi, même en cas de gel, l’eau arrivera dans la cuve est sera chauffée pour les douches des compagnons ! Cela consommera encore plus de bois, mais la douche quotidienne est devenue un bienfait nécessaire à la communauté du Blauersland !
Après le petit déjeuner, les compagnons se mettent d’accord pour instaurer une veille de gel toutes les nuits d’hiver. Cela consistera aussi à fournir des braises pour le chemin de la crémaillère !
« Ne t’inquiète pas, André, dit Adrien Rung, nous allons t’aider à gérer cela ! Ensemble, nous y arriverons !
- Je vais installer un âtre pour faire des braises, non loin du chemin de la crémaillère ! dit Hector Strass, cela facilitera le chauffage de la crémaillère !
Pour la soirée des jeunes au sauna, Marie a pris les choses en mains !
Elle convoque pour l’après-midi, après le repas, au foyer, toutes les jeunes filles :
Marie, Madeleine, Marion Kahlm, Margot, Jeannette, Babette, Marion Schwartz, Josiane, Josette, Adèle ;
Et tous les jeunes garçons :
Clément, Jean, Roger, Sylvain, Ignace, José, Jérémie, Alfred, Jaco, Victor et Raoul.
Elle vient alors me solliciter, en l’occurrence pour les potions que je possède, et qui permettent des nuits sans fin! Je lui promets de faire ce qu’il faut, pour que cet après-midi nous vivions toutes et tous une superbe partie !
A peine suis-je sorti du foyer, que la neige commence à tomber ! l’hiver est déjà là, alors que nous sommes en octobre !
Ingrid arrive, avec Alice qui la suit, pour installer les tables pour le déjeuner.
« Pas bien ! Neige sur moi, sur Alice, sur manger ! Froid ! Faire toit !
- Bonne idée, Ingrid ! Nous allons construire cela tout de suite !
- Non ! D’abord manger ! Prêt ! Après faire toit ! »
Une fois le repas fini, les compagnons s’attaquent à la construction d’un toit qui recouvrira le chemin et des parois pour faire un couloir à l’abri des intempéries entre la cuisine communautaire et le foyer.
Les jeunes sont toutes et tous là, impatients d’aller au sauna !
Akna et Itzel installent les couvertures et autres peaux sur le sol et les bancs du sauna, un coin des boissons est aussi aménagé.
Et enfin, les jeunes peuvent accéder au sauna, après avoir pris une douche chaude. Des chandeliers sont installés en hauteur, afin d’éclairer les ébats, et la fête commence. Les jumelles Mayas sortent alors, et retournent au foyer, avec les anciens et leurs commentaires sur la sexualité débridée des jeunes.
Tard dans la soirée, Itzel et Akna retournent au sauna. Beaucoup de jeunes garçons dorment, les filles se font du bien entre elles…
Itzel et Akna réveillent les garçons, et les emmènent sous la douche, derrière le sauna. Puis c’est le tour des filles de se faire traîner sous la douche. La neige continue à tomber, et c’est dans un pied de neige que les jeunes se traînent jusqu’aux douches. Une bonne douche bien chaude, puis une tunique qui emmitoufle bien le corps, des chaussons chauds, et les voilà prêts à manger pour le repas du soir.
Ils ne font pas long feu, les jeunes, et après avoir mangé, s’en vont dans leurs maisons pour y passer la nuit, au chaud sous les couvertures.
André vient au sauna, charger l’âtre pour une séance nocturne de sauna, ses filles Marie et Madeleine sortent à ce moment-là accompagnées par Clément et moi.
« Nous allons manger un morceau ! dit Madeleine, nue dans la neige, comme nous autres..
- Prenez d’abord une douche! » dit André.
Après une douche chaude, nous enfilons une tunique et allons nous restaurer.
Nous remarquons le couloir couvert du chemin de la cuisine. Décidément, une innovation tous les jours, au Blauersland ! La trémulonde n’y est pas étrangère !
Toute la nuit, la neige a continué de tomber. Près de deux pieds de neige recouvrent la gravière, l’eau coule toujours dans le bras du grand fleuve Rhin, et la roue tourne sans arrêt !
Les jours passent, il neige presque tous les jours, et l’eau ne dégèle plus la journée.
C’est l’hiver. Nous passons le plus clair de notre temps libre au foyer, nus, l’endroit est chauffé en permanence, André y veille !
Le chemin de la crémaillère a été recouvert, c’est maintenant un tunnel à l’abri de la neige, avec des puits pour y glisser la braise.
Le sauna sert tous les jours, Pierre Kirou met en garde les compagnons d’une utilisation trop fréquente, qui élimine trop de bons éléments et en finalité a un effet contraire au but recherché, car il affaiblit le corps.
Un de mes plaisirs quand je sors du sauna, bien chaud, et de me jeter dans la neige ! le choc thermique est terrible ! Un gros nuage de vapeur s’élève alors que la neige fond sous et autour de moi. Mais il neige souvent, et les témoignages de mes bains de neige disparaissent vite.
Les chasse-neige
Un jour, le matin après le petit déjeuner, Clément et moi sommes mandés par Adrien Rung. Nous y allons en volant, il y a bien trois pieds de neige maintenant !
« Nous manquons de nourriture, nous n’avons plus de poissons, ni de farine ! Il faudrait que vous alliez faire des achats à la grande ville de Confluentes, on ne trouve plus de poisson à Strateburgo !
- Soit ! dis-je, j’irai avec mes condisciples Akna et Itzel !
- Je viens avec vous ! dit Clément. Nous ne serons pas trop de quatre pour porter toutes les denrées ! Allons nous entretenir avec Ingrid ! Je demande aux jumelles de nous rejoindre chez Ingrid.
Ingrid nous dresse la liste de ce qui manque pour tenir jusqu’au printemps.
- Ca faire lourd ! Quatre pas suffire ! Moi avec !
- Non, Ingrid, dit Clément, c’est mieux que tu restes ici avec Alice. Nous allons demander à deux jeunes de nous accompagner !
Jean Kirou et Roger Pinot sont donc mandés mentalement à la cuisine communautaire. Quand ils arrivent je leur explique la mission, ils sont partants, et nous allons chacun chez soi prendre des vêtements chauds et étanches pour le voyage. Il neige encore et ce sera pénible !
Et c’est le départ vers Confluentes, que nous atteindrons dans une heure.
En arrivant dans la forêt, non loin de la mine, nous nous posons, et confectionnons un grand chasse-neige que nous pousserons à distance !
Et nous voilà partis à pied, un chemin s’ouvre devant nous, nous faisons le chemin jusqu'à l'auberge.
Dans le bourg, les rues sont plus ou moins dégagées, une charrette y passe tout juste, et pas dans toutes les rues ! Souvent ce n’est qu’un sentier entre des murs de quatre à cinq pieds de neige !
L’aubergiste, Joseph Lefan me reconnaît malgré mes vêtements qui me couvrent la moitié du visage.
« Salut Joseph ! Six bons grogs pour six voyageurs gelés ! Tu peux nous faire ça ?
Joseph est sidéré ! Nous ressemblons aux bonhommes de neige que confectionnent les enfants !
« Vous êtes venus à pied ! Ce n’est Dieu pas possible !
Il voit notre construction et le chemin dégagé derrière nous.
Mais comment faites-vous ? demande-t-il, interloqué !
- Montrez lui ! » dis-je en mettant mentalement au point un plan avec mes compagnons.
Les garçons Jean, Roger et Clément, Itzel et Akna se placent derrière la structure de bois, et font semblant de la pousser. La structure alors avance, en poussant la neige sur le côté !
trente pieds plus loin, je les appelle !
« Venez d’abord vous réchauffer ! »
Et nous rentrons dans l’auberge, nous nous déshabillons pour ne garder qu’une tunique, un âtre nous rechauffe rapidement, et la gnole chauffée avec des herbes, nous ravit le gosier !
« Vous êtes très forts, pour pousser une telle quantité de neige ! dit Joseph.
- L’union fait la force ! dit Akna, en montrant ses biceps.
- Certes ! Mais que nous vaut l’honneur de votre venue ? Avez-vous eu vent d’un autre dragon ?
- Que nenni ! dis-je. Nous venons acheter des vivres pour notre communauté ! Pouvons nous déposer nos achats dans ton auberge ? Nous mangerons ici et repartirons si tôt après.
- Bien sûr ! Ma maison est la votre !
Une fois réchauffés, nous nous rhabillons chaudement, et allons pousser notre chasse-neige jusqu’au port, là ou se trouvent les échoppes, dont celle du poissonnier. Nous poussons la neige dans le fleuve, dégageant la place devant les échoppes.
Nous achetons cinquante livres de poisson séché. Tandis que Jean ramène le poisson à l’auberge, nous allons dans l’échoppe suivante, qui vend de la farine, des pois puis une troisième échoppe qui nous fournit de la mélasse, et vingt pintes de vin.
Les filles portent le vin jusqu’à l’auberge, en tous cas en donnent l’impression de porter ces quarante livres comme si c’était une !
Dans l’apothèque, nous achetons des bougies, quelques onguents dont Pierre Kirou nous a donné la liste, et une fiole d’acide pour l’orfèvre, Anne Strass, l’épouse d’Hector, le forgeron.
Nous avons fini nos achats, et nous retournons à l’auberge, en poussant notre chasse-neige à vide..
Joseph nous attend, Jean est en train de déguster un bon vin, les filles apprécient la gnole du coin, en tuniques !
Nous mangeons de bon appétit, puis nous nous rhabillons encore une fois, pour le chemin du retour.
Je paie grassement notre repas, puis nous accrochons nos emplètes sur le chasse-neige, et partons en le poussant.
Arrivés à la mine, nous continuons à pied, pour dégager la neige sur notre passage. Nous arrivons à la sortie de la forêt, et abandonnons là notre structure, nous nous chargeons des denrées achetées, et nous nous envolons jusqu’au Blauersland. Nous atterrissons devant la cuisine. Mission accomplie ! Ingrid est contente ! Sa réserve est à nouveau fournie !
Arrivés au foyer, grelottants, nous nous déshabillons prestement devant l’âtre, et nous sommes enfin nus, bien au chaud !
« Je suggère que l’on dégage le chemin depuis le Blauersland jusqu’à Confluentes, dis-je. Pour livrer du bois, si le fleuve est gelé, pour livrer des pierres, si l’hiver perdure, et pour acheter des victuailles, en quatre heures de cheval c’est faisable.
- Oui Jacou, on peut le faire ! dit Clément. Mais il nous faudra toute une journée de marche pour cela ! Un peu moins à cheval, mais en marchant à l’aller, on peut revenir en volant !
- En s’y mettant à plusieurs, ce sera facile ! dit Akna !
- Mais en volant, nous ne mettons qu’une heure ! dit alors Jean Kirou.
- Et nous arrivons bien gelées ! dit Itzel, et il ne fait pas encore très froid ! Quand le solstice d’hiver arrivera, la glace fera jusqu’à un pied d’épaisseur, m’ont dit les compagnons !
- Il ne neigera plus beaucoup, tant qu’il gèlera ! dit alors Adrien. Ce serait effectivement le moment, avant que la neige soit trop dure !
Qui est volontaire pour ouvrir le chemin de Confluentes ? »
Les jeunes sont tous volontaires. Jean Kirou, dix neuf ans, Roger Pinot, dix neuf ans, Sylvain, dix neuf ans et Ignace Strass, dix sept ans, José, dix sept ans et Jérémie Pourse, quinze ans, Alfred Muscat, quatorze ans, et même les plus jeunes, Victor et Raoul Schwartz, douze ans.
Les filles aussi veulent participer ! Marie, vingt cinq ans, Madeleine, vingt trois ans, Marion et Margot Kahlm, vingt ans, Jeannette Kirou, dix neuf ans, Babette Muscat, dix huit ans, Marion Schwartz, dix huit ans, Josiane, dix huit ans et Josette Pourse, dix huit ans, Adèle Pinot, dix sept ans.
« Bien ! Très bien ! Devant l’afflux de volontaires nous allons faire trois équipes !
Une équipe dégagera le chemin jusqu’à Confluentes, une équipe s’occupera de la route du Sud, jusqu'à Brizach, en passant par Haegen, Rouffach et Sasbach.
La troisième équipe ira jusqu’à Strateburgo !
- Mais nous allons nous dévoiler, à pousser à distance les chasse-neige ! dis-je. J’ai une idée ! Avec trois chevaux, et des troncs qui viennent à leur avant, nous pourrions accrocher les chasse-neige devant les chevaux, donnant l’illusion que ce sont eux qui poussent.
- Bonne idée, Jacou ! dit Clément. Nous pourrions atteler aussi trois chariots pour d’une part transporter nos nourritures, armes, vêtements chauds, et d’autre part, revenir avec des marchandises !
- Jeannot Pinot ! demande alors Adrien. Combien de chevaux as-tu ?
- Suffisamment, Adrien ! Je vais les sortir tous, cela fait un moment qu’ils sont à l’écurie ! Il y en a quinze, et j’ai bien trois chariots bâchés pour y atteler deux chevaux à chacun !
- Parfait ! Alors, compagnons, nous allons construire trois chasse-neige ! Albert ! Tu seras le maître d’œuvre pour ces constructions !
- Pas de soucis ! dit Albert Schwartz. Pour travailler à l’aise, je propose de les construire ici au foyer, au chaud ! Nous aurons fini dans la soirée !
- Vas-y, Albert ! Compagnons, faisons la place pour Albert !
Nous laissons la place devant l’âtre du fond, et nous nous serrons près de la porte d’entrée.
Jeannot, peux-tu préparer tes chevaux pour demain matin ? Ils vont passer la journée dehors ! Habille-les !
- Oui, je m’y mets dès maintenant avec mon épouse et mes enfants !
- Il nous reste à désigner les heureux déneigeurs !
Nous allons tirer au sort !
Sur les neuf chevaux, poussant les chasse-neige :
Neuf personnes ! Celles qui tireront les neuf bâtons colorés seront désignées. Il y a des embouts, rouge, jaune, bleu et blanc ! Les rouges iront à Confluentes, les jaunes au Sud et les bleus à Strateburgo ! Les blancs iront dans les chariots !
Les rouges : Adèle Pinot, Alfred Muscat et Marion Schwartz.
Les jaunes : Sylvain Strass, Margot Kahlm et Madeleine Kahlm.
Les bleus : Josiane Pourse, Victor Schwartz et Roger Pinot.
Bien ! Maintenant, on recommence avec les personnes qui seront dans les chariots ! Neuf bâtons, la couleur fera loi !
Les rouges : Ignace Strass, Raoul Schwartz et Jeannette Kirou.
Les jaunes : Marion Kahlm, José Pourse et Marie Kahlm.
Les bleus : Babette Muscat, Jérémie Pourse et Josette Pourse.
- Vous remarquerez, dit Marie Kahlm, que le sort à décidé que les sœurs Kahlm iront toutes au Sud ! C’est un retour au sources ! dit-elle en riant. Et toutes les sœurs Kahlm rient de bon cœur avec elle.
- Si vous voulez, dit Adrien, on peut changer !
- Non ! Le sort en a décidé ! C’est ainsi !
Bien ! nous avons encore besoin d’éclaireurs ! Jean Kirou, tu seras l’éclaireur des bleus ! Clément Sandre, tu seras celui des rouges, et Jacou Artz, si tu veux bien, celui des jaunes !
- Bien, tout est dit ! Ingrid et Alice vont vous confectionner des repas froids, pour vous nourrir en route.
- Je peux améliorer cela ! dit alors Hector Strass, le forgeron. J’ai quelques braisiers dans ma forge, je peux en installer trois dans les chariots, si tu me les mets à disposition, Jeannot ! Comme cela, il pourront manger chaud, et se réchauffer de temps en temps ! On chargera une provision de bois pour cela !
- Nous nous occupons des chargements de bois, et des braisiers ! dis-je, avec mes condisciples ! Nous amenons les chariots à la forge !
-Tout cela est parfait ! dit Adrien.
Et pendant qu’Albert et ses enfants confectionnent les chasse-neige, les femmes compagnons dressent la table dans un coin, le souper va être servi !
Le repas du soir est vite expédié ! toutes et tous ont à faire pour la mission des compagnons demain !
Nous avons vite fait, Akna, Itzel et moi, d’installer les braisiers dans les chariots, et une bonne quantité de bûches.
Une fois les tables débarrassées, les mets pour demain préparés, la soupe d’Ingrid mixée, les femmes décident d’aller se faire suer au sauna.
« André ! Le sauna est-il chaud ? demande Alice. Ingrid l’aime bien chaud !
- Pas de soucis, il est à point ! » répond le bûcheron.
Les femmes se déshabillent alors dans le foyer, Les Mayas se joignent à elles, et nues, se dirigent vers le sauna.
Ingrid en tête, Alice, Itzel, Akna, Martine, Anne, Berthe, Marie, Monique et les deux Isabelle s’engouffrent dans le sauna, elles ne veulent pas traîner nues dehors, il gèle bien ce soir !
Cette nuit, c’est au tour de Roger Pinot d’être de garde pour les braises du tunnel de la crémaillère.
Après deux sorties sous la douche chaude, elles tentent une troisième séance, mais cela devient trop chaud ! Elles décident alors d’arrêter là leur séance, elles passent par la douche, et arrivent ruisselantes au foyer, heureuses et apaisées .
Elles sont vite séchées par leurs maris, leurs enfants… Et leur condisciple ! Je me fais fort de sécher Itzel et Akna moi-même, de mes deux mains !
« Et si nous allions terminer le séchage à la maison ? demandent les deux Mayas en chœur.
- Bien volontiers ! » leur réponds-je. Je les couvre d’une tunique, leur mets des chaussons, et me rhabille aussi, et nous voilà partis pour une nuit à trois dans la maison de Clément.
Arrivés sur place, je les déshabille, je les installe sous les couvertures, et m’occupe de ranimer le feu dans l’âtre, il reste heureusement quelques braises qui vont vite faire prendre le bois sec !
Et tandis que les flammes commencent à grandir dans l’âtre, je me mets nu et me glisse sous les couvertures, entre mes deux compagnes. Aussitôt, elle entreprennent de ne pas me laisser dormir !...
Le lendemain matin, Il fait bien froid, un peu plus chaque jour !
André arrive pour chauffer le foyer, et trouve Roger assoupi, nu, devant l’âtre rougissant. L’eau des douches est chaude, et le sauna monte en température. Les braises pour la crémaillère sont aussi prêtes ! Roger s’en est occupé cette nuit, et a aussi entretenu les âtres du foyer et des douches.
« Tu as bien travaillé, cette nuit, Roger ! dit André en le réveillant. Habille-toi, tu dois atteler les chevaux ce matin ! Rappelle- toi ! »
Jeannot, Berthe et Adèle sont déjà en train de mener les chevaux vers la forge, afin d’en atteler six aux chariots, et neuf autres aux chasse-neige. Ils sont tous couverts d’une épaisse couverture, d’une coiffe où dépassent leurs oreilles, d’un cache col, et des chausses en peau sur leurs sabots.
Les chasse-neige sont placé dans les trois directions prévues, et les chevaux sont accrochés derrière, recouverts d’une épaisse couverture.
« Allons ! les jeunes, vous connaissez vos places, allez-y !
Les chariots, déjà chargés du braisier et des rondins de bois, sont chargés de victuailles, de pintes de soupe, mais aussi d’eau, de vin, et d’alcool. Chacun a déposé ses armes dans le chariot, les cavaliers ont leurs arcs en bandoulière.
Le chasse-neige jaune, vers le Sud
Le premier convoi à partir est celui qui va vers le Sud. Sylvain Strass, Margot Kahlm et Madeleine Kahlm, bien emmitouflées dans leurs habits chauds, montent à cheval, sur les couvertures, Marion Kahlm, José Pourse et Marie Kahlm s’installent dans le chariot.
Clément arrive avec une bonne pelleté de braises pour démarrer le braisier à l’arrière du chariot, et le chasse-neige se met en route, poussé par les trois cavaliers.
Une fois la bâche du chariot refermée, il fait vite bien bon dans le chariot, quelques bûches chauffent bien l’atmosphère !
Si bien que, à part José qui est dehors à conduire le chariot, les deux autres, Marion et Marie se déshabillent et voyagent nues.
Je suis leur éclaireur, et les précèdent dans le chemin , l’arc en bandoulière.
Le chasse-neige rouge, vers Confluentes
Le convoi rouge, qui va vers Confluentes part aussi, Adèle Pinot, Alfred Muscat et Marion Schwartz sur les chevaux, et Ignace Strass, Raoul Schwartz et Jeannette Kirou dans le chariot. C’est Ignace qui conduit. Les deux autres ont tôt fait de se déshabiller, et nus, Raoul et Jeannette se rapprochent, et s’embrassent…
Clément Sandre vole devant les cavaliers.
Le chasse-neige bleu, vers Strateburgo
Le convoi bleu part le dernier, vers Strateburgo, il y a une liste de choses à acheter là-bas, pour Pierre Kirou le médecin et Jacques Kirou l’apothicaire.
Josiane Pourse, Victor Schwartz et Roger Pinot sont les cavaliers, Babette Muscat, Jérémie Pourse et Josette Pourse sont dans le chariot. Josette tient les rennes, et Babette et Jérémie ont vite fait de profiter de la chaleur et de leur envie pour forniquer sans préliminaires !
Jean Kirou est devant, en hauteur, il observe.
Les chasse neige avancent avec célérité, trois pousseurs concentrés à ce qu’ils font, et essayent de trouver le chemin, il y a plus de quatre pieds de neige dans les couloirs ventés !
Il a été décidé de faire une pause toutes les heures, afin que chacun et chacune puissent se réchauffer.
Le chasse-neige rouge, vers Confluentes
Le convoi rouge s’arrête, Adèle Pinot, Alfred Muscat, Marion Schwartz descendent de cheval, et avec Ignace Strass soulèvent la bâche, surprenant Raoul Schwartz et Jeannette Kirou tout nus en plein 69, et ne s’étant rendu compte de rien !
« Contente de voir que tout le monde n’est pas gelé ! » dit Marion, à l’hilarité générale.
Les amants se poussent et laissent la place aux autres, qui ont besoin de se réchauffer. Des bûches sont jetés sur le braisier. Clément les rejoint et comprend, après explications, pourquoi toutes et tous ont rigolé.
Pour repartir, après avoir ingurgité un bol de soupe chaude, ce sont Ignace Strass, Raoul Schwartz et Jeannette Kirou qui sont les cavaliers, Adèle Pinot, Alfred Muscat et Marion Schwartz sont dans le chariot.
« Adèle, dit Marion, c’est toi qui conduis, je viendrai te remplacer dès que j’en aurai fini avec Alfred ! »
C’est sans ambiguïtés !
Après avoir donné aux chevaux une rasade de picotin et de l’eau tiède, le convoi rouge repart, Clément fait une reconnaissance devant, la campagne est vide. De temps en temps, un cerf traverse la lande en sautant dans la neige haute.
Le chasse-neige bleu, vers Strateburgo
Le convoi bleu s’arrête aussi, Josiane Pourse, Victor Schwartz et Roger Pinot descendent de cheval, et arrivent à l’arrière du chariot, avec Josette Pourse.
Babette Muscat et Jérémie Pourse sont en train de forniquer, Babette hurle des « Encore ! Oui ! », quand ils soulèvent la bâche.
« Hé bé ! Bravo ! » dit Jean Kirou qui arrive lui aussi pour se réchauffer.
Un bon moment plus tard, ce sont Josette Pourse, Babette Muscat et Jérémie Pourse les cavaliers, et Josiane Pourse, Victor Schwartz et Roger Pinot dans le chariot.
« Bon, je commence, dit Roger, je conduis, et Victor tu viens me remplacer quand tu as fini avec Josiane !
- Fini quoi ? demande Josiane qui feint de ne pas comprendre, mais son sourire coquin en dit long !
- Bon, Ben moi, je nourris les chevaux et je vole ! » dit Jean qui, une fois les picotins et l’eau chaude distribués, repart en avant.
Le chasse-neige jaune, vers le Sud
Le convoi jaune s’arrête à son tour. Sylvain Strass, Margot Kahlm et Madeleine Kahlm descendent de cheval et vont rejoindre Marie et Marion Kahlm dans le chariot.
Les voyant nus, le cavalier et les cavalières se déshabillent aussi, rejoints par José Pourse, qui lui aussi se met nu. Les bûches flambent avec entrain quand j’arrive, soulève la bâche et me faufile à l’intérieur. Aussitôt, moi aussi je me déshabille ! Nous faisons chauffer la soupe, et chacun et chacune en boivent un bol , qui nous réchauffe bien !
Enfin, après une pause qui nous a fait du bien, les cavaliers seront José Pourse, Marie et Marion Kahlm, et dans le chariot Sylvain Strass, Margot Kahlm et Madeleine Kahlm.
Margot regarde Sylvain d’un air envieux, et celui-ci, nu, lui montre à quel point elle a raison !
Madeleine a compris !
« Je me mets aux rênes ! » me faisant rigoler, elle aussi rigole.
Je nourris les chevaux et nous voila reparti.
Bientôt nous passons à côté de Haegen, je dis au chariot de nous attendre là, et indique aux cavaliers de prendre sur la gauche et aller jusqu’au fleuve, puis revenir.
Dans le chariot, Margot et Sylvain s’en donnent à cœur-joie. Madeleine les rejoint, a tôt fait d’être nue !...
Le bourgmestre de Haegen, Maître Alfred Georget, me voit arriver, et me salue .
« Bienvenue, compagnon du Blauersland ! Heureusement que vous pouvez voler ! Nous nous sommes bloqués !
- Pas pour longtemps ! dis-je, et je lui montre le chasse-neige qui dégage un chemin de quinze pieds de large, jusqu’au grand fleuve Rhin.
Je dis au cavaliers de faire demi-tour, et rejoindre le chariot.
Je salue le bourgmestre, en lui disant de passer nous voir, quand il lui plaira ! Ce chemin, que les compagnons du Blauersland ont entrepris de dégager, ira de Brizach à Confluentes, et passera aussi par le Blauersland et Strateburgo !
Une fois le convoi reformé, Sylvain Strass, épuisé, se mets aux rênes, et nous avançons jusqu’à Rouffach, où je vais voir le bourgmestre, Charles Chapel, qui a été prévenu d’un phénomène étrange dans la campagne enneigée.
Je lui explique, maintenant qu’il m’a vu voler, que les compagnons du Blauersland maîtrise cette science, que ce n’est pas de la magie, ni de la sorcellerie !
« Nous ouvrons la route depuis Brizach jusqu’à Confluentes, par Le Blauersland et Strateburgo. »
Je dis mentalement aux cavaliers de dégager le chemin jusqu’au fleuve, et de retourner sur notre route. Nous allons refaire une pause.
Nous nous installons dans le chariot, nus au chaud.
Après la pause, nous reformons les équipes.
José Pourse, qui était dehors jusqu'à présent sera dans le chariot, avec Marie et Marion Kahlm. Margot Kahlm et Madeleine Kahlm seront les cavalières, avec Sylvain Strass.
Je prends les rênes ! dit Marie. José et Marion se mettent à l’aise.
Une fois les chevaux réchauffés à l’avoine et l’eau tiède, nous repartons vers Sasbach, ou Léon Ziter, le bourgmestre, nous regarde faire, ébahi. Il a reconnu les deux cavalières, les Kahlm.
Nous refaisons une pause, pour laisser manger les chevaux, qui en fait n’ont pas fourni d’effort, mais sont dans le froid, puis nous repartons vers Brizach, que nous atteignons au crépuscule.
Le bourgmestre du village, Paul Hanka, nous accueille, le chemin est dégagé jusqu’au fleuve !
« Bonjour, compagnons du Blauersland ! Je vous ai reconnu, il n’y a que vous pour entreprendre de tels travaux !
- Salut à vous, Gens de Brizach ! Nous voudrions poser nos chevaux au chaud ! avez-vous une écurie pour nous ?
- Bienvenue Jacou ! dit alors Joseph Dacise, l’aubergiste. Venez, vos chevaux seront bien dans mon écurie !
- Pouvez-vous nous héberger pour cette nuit ? Nous sommes gelés !
- Bien volontiers ! combien êtes-vous ?
- Nous sommes sept, trois garçons et quatre filles.
- Pas de problème ! Venez vous réchauffer ! »
Je vais à l’arrière du chariot, Marie et José doivent interrompre leur coït !
« Habillez-vous, nous dormons ici cette nuit ! » dis-je en rigolant.
Nous nous installons près de la cheminée, dans la salle à manger de l’auberge.
La bonne chaleur nous invite à nous déshabiller, mais nous gardons nos tuniques.
Le bourgmestre Paul Hanka nous demande ce que nous faisons ici.
« Nous ouvrons une voie pour les commerces cet hiver ! dis-je. Depuis Brizach jusqu'à Confluentes, en passant par Strateburgo et le Blauersland !
- C’est génial ! dit Paul Hanka. Nous devons justement nous rendre à Strateburgo, mais la hauteur de neige ne nous a pas encouragé à y aller !
- Content que cela serve ! Nous avons besoin de voies de ravitaillement pour notre communauté, alors nous avons décidé d’en faire profiter tout le monde !
- Je vous ai donnés cinq chambres ! Vous vous arrangerez ! dit Joseph Dacise.
- Merci Joseph ! Nous feras-tu un bon dîner ? Nous n’avons mangé que de la soupe, aujourd’hui !
Je m’y mets sur l’heure ! Mon commis vous apporte de quoi patienter !
Un jeune homme roux, grand, six pieds dix pouces, et costaud, apporte un grand plateau, sur lequel une pinte de vin et des godets côtoient des charcuteries et des tranches de pain.
Nous apprécions grandement cet en-cas !
- Comment t’appelles-tu, beau garçon ? demande Madeleine.
- Je m’appelle Bernard ! Bernard Maire, je suis le cousin des deux filles que vous avez sauvé des pirates, Charlotte et Béatrice Maire, cet automne ! Elles m’ont raconté vos exploits ! C’est fantastique !
- Et…tu dors sur place, à l’auberge ? Demande-t-elle.
- Oui, j’ai une chambre dans les combles. Cette réponse ravit Madeleine, qui a des projets pour elle et lui plus tard ! Il retourne en cuisine préparer le repas.
La porte de l’auberge s’ouvre, et Jean Maire, le forgeron, entre, accompagné des deux enfants qu’il a adopté, Charlotte et Béatrice.
- Je suis content de vous voir, compagnons du Blauersland ! Vous vous souvenez de mes nièces, n’est-ce pas !
- Oui ! dis-je, très bien, nous les avons réconforté cette nuit-là ! Bonsoir Charlotte ! Bonsoir Béatrice ! Vous avez l’air en bonne forme !
- Oh oui, Maître Jacou ! Grâce à vous ! Et à Jean qui nous a prises sous son aile !
- Je dois aller à Strateburgo, emmener mes nièces qui vont étudier la médecine, aux Hospices de Strateburgo. Si vous remontez par là-bas, pourrions-nous profiter de votre escorte ? Depuis l’histoire des pirates, nous ne sommes guère rassurés ! Maintenant que la voie est ouverte, nous pouvons y aller sans attendre le printemps !
- Mais les bandits aussi vont profiter de cette voie ! dit alors Paul Hanka, nous devons aussi nous rendre à Strateburgo, pour prendre possession d’un héritage que mon épouse a reçu de son oncle. Une joaillerie en centre du bourg.
- Certes, dis-je, une escorte sera nécessaire ! Nous serons volontiers cette escorte !
- Si vous pouviez accompagner mes nièces jusqu’aux Hospices, dit Jean Maire, cela m’éviterai de faire le voyage ! J’ai beaucoup de travail à la forge.
- Bien sûr, Jean ! Nous les prenons en charge ! Mais nous repartons demain ! Ca ira pour vous, les filles ? Et pour vous et votre épouse, Paul Hanka ?
- Pour nous, c’est d’accord ! disent les filles.
- Je vais de ce pas faire nos bagages, dit Paul, pour partir demain matin, pas de soucis !
Nous viendrons mon épouse et moi demain matin dès le lever du jour.
- C’est parfait, Paul ! dis-je. A demain !
Bernard revient avec un grand plat de choux, cuits au vin blanc, une spécialité de l’auberge, avec des patates douces, des cochonnailles et du vin blanc des coteaux de Mulhausen.
- Il y en a bien assez ! Cousines ! Vous mangez avec nous ! Et tonton Jean aussi ! » dit Bernard.
Et c’est une grande tablée qui s’installe, les compagnons du Blauersland, Sylvain Strass, Margot, Madeleine, Marie et Marion Kahlm, José Pourse et moi-même, les Maire, Jean, Charlotte, Béatrice et Bernard, l’aubergiste, Joseph Dacise, et son épouse Aglaé.
Après cet excellent repas, nous nous rapprochons de la cheminée, et, quelques liqueurs et gnoles nous accompagnant, nous parlons de chose et d’autres, du Blauersland, bien sûr, la liberté sexuelle fait partie des discussions !
Il est temps d’aller se coucher, même si le sommeil n’est pas tout de suite à l’ordre du jour !
Madeleine va aider Bernard à ranger la cuisine, puis monte avec lui dans sa mansarde.
Marie prend José par la main, pour aller finir ce qu’ils avaient commencé dans le chariot.
Jean, Charlotte et Béatrice Maire rentrent chez eux, préparer le voyage de demain, au grand dam des filles qui se voyaient passer la nuit avec moi !
Sylvain et Margot s’en vont dans une chambre, et Marion et moi partageons la suivante.
Le chasse-neige rouge, vers Confluentes
Le convoi rouge avance avec célérité, Ignace Strass, Raoul Schwartz et Jeannette Kirou qui étaient les cavaliers, ont a nouveau inversé avec Adèle Pinot, Alfred Muscat et Marion Schwartz, Clément est toujours l’éclaireur du convoi.
Après une bonne avance, une nouvelle pause s’avère nécessaire. Avant de rejoindre les autres, déjà toutes et tous nus dans le chariot, devant le braisier qui donne tout ce qu’il peut, Clément voit une chose étrange, non loin de la rive, sur le grand fleuve Rhin.
Il s’approche, survole la chose, il s’avère que c’est une embarcation, recouverte d’une bâche, et des mouvements de la bâche indiquent qu’il y a de la vie dessous !
Il appelle mentalement Ignace à la rescousse, celui-ci s’habille en hâte, prend son arc et arrive au dessus de l’eau , à côté de Clément.
Clément alors descend, et soulève doucement la bâche. Une femme et deux enfants apparaissent, la peur se lit sur leurs visages.
« N’ayez pas peur ! Nous allons vous aider ! »
Et Clément pousse mentalement la barque vers la rive.
Les autres compagnons sont prévenus, ils s’habillent et arrivent sur la rive.
La femme est gelée, elle arrive à peine à s’exprimer ! Clément la prend et la porte dans le chariot, attise à nouveau le feu.
Les deux enfants, une fille et un garçon, en guenilles sont aussi amenés dans le chariot, les affaires qui trainaient dans la barque aussi. Les compagnons les recouvrent de leurs habits chauds.
La barque est mise sur la rive, afin que l’on ne la voit pas, cette femme et ses enfants sont probablement des fuyards !
Après un bon bol de soupe chaude, les visages se décrispent, et des sourires apparaissent sur les visages des enfants.
La femme va mieux, et tout en buvant son bol de soupe, lâche un « Merci ! Merci ! »
« Qui êtes-vous ? demande alors Clément.
- Je suis Josette Krumb, et mes enfants Marianne et Maurice, des jumeaux de dix ans.
- Que faisiez-vous dans cette barque, sur le grand fleuve Rhin ?
- Nous étions les esclaves de bandits, dans la plaine sur l’autre rive. Cette nuit, je me suis échappée avec mes enfants, nous avons trouvé cette barque, et nous l’avons mise à l’eau, en nous cachant sous une bâche qui trainait dedans ! C’était notre seul échappatoire ! Par la terre, dans la haute neige, ils nous auraient vite rattrapés ! Et j’ai laissé le courant nous emmener.
- Et ces bandits ? Ils sont nombreux ? Demande Ignace.
- Huit ou dix, avec des chevaux. Je n’étais que leur jouet sexuel, et ils me violaient tous les soirs !
- Depuis quand étiez-vous esclave de ces monstres ? demande Marie.
- Depuis une dizaine de jours, il nous ont capturé dans notre hameau de Munstater, les autres habitants se sont enfuis, moi je ne pouvais pas laisser mes enfants ! Et il m’ont prise, avec eux.
Madeleine leur ressert de la soupe chaude, qu’ils boivent goulument ! Puis quelques charcuteries sont aussi avalées rapidement ! Cela fait manifestement quelques jours que ces pauvres bougres n’avaient pas mangé à leur faim !
- Tu n’as plus rien à craindre, Josette ! Toi et tes enfants êtes maintenant sous notre protection !
- Mais les bandits vont nous chercher !
- Ne crains pas ! dit Clément. Nous sommes les compagnons du Blauersland, et nous les éliminerons, si d’aventure ils se montrent !
- Les compagnons du Blauersland ! J’en ai entendu parler ! Vous êtes des héros ! C’est vous qui cet automne avaient coulé le bateau des pirates Germains ! J’avais l’espoir de vous rencontrer ! Dieu soit loué !
- Nous allons jusqu'à Confluentes. dit Clément. Nous dégageons la route jusque là-bas. Restez tranquillement au chaud dans le chariot, Adèle et Marion vous tiennent compagnie. Ignace, tu prends les rênes, et les trois autres, Raoul, Jeannette et Alfred, sur les chevaux ! Raoul, tu nourris d’abord les chevaux ! Quant à moi, je vais voir aux alentours si je vois trace de ces bandits ! »
Le convoi repart vers Confluentes, Clément monte haut pour scruter l’horizon, et la rive opposée, c’est là que pourraient être les bandits. Le prochain pont sur le grand fleuve Rhin se trouve à Confluentes. Ne voyant rien venir, il retourne escorter le convoi.
Il propose mentalement aux compagnons de continuer sans s’arrêter, la forêt n’est plus loin, et après, le chemin est dégagé !
Ils arrivent enfin à la forêt de Confluentes, et peuvent alors accélérer le pas, vers le bourg. Le jour décline à grand pas ! Dans peu de temps, il fera nuit !
« Je vais trouver de quoi passer la nuit ! dit-il en pensées à ses compagnons. »
Il arrive à l’auberge où les compagnons ont déjà séjourné.
« Bonsoir Joseph Lefan ! Vous vous souvenez de moi ?
- Oui-da ! le Blauersland !
- Auriez-vous des chambres ? Nous sommes dix à venir, les autres arrivent en chasse-neige !
- Oui, l’auberge est vide ! Par ce temps…
- Mes compagnons ne devraient pas tarder !
Vous n’avez pas entendu parler de bandits ces temps-ci ?
- Non, depuis l’histoire du dragon, c’est calme !
- Oui, répond Clément, Jacou nous a conté l’histoire du dragon ! »
Le chasse-neige arrive enfin, il est temps, il fait bien nuit déjà.
Les compagnons s’engouffrent dans l’auberge avec leurs armes, transis de froid pour la plupart, après avoir mis les chevaux à l’abri dans l’écurie de l’auberge.
Adèle et Marion s’occupent de Josette, Marianne et Maurice, tout le monde s’installe devant la grande cheminée.
Joseph pose quelques belles bûches dans l’âtre, aussitôt des grandes flammes viennent réchauffer l’atmosphère, permettant aux compagnons frigorifiés d’enlever leurs vêtements gelés.
En tunique, ils s’installent alors à table, et se font servir des grogs et autres boissons chaudes.
« Nous aimerions aussi un bon repas ! C’est faisable ?
- Heu, oui, dit Joseph, mais je suis seul en cuisine…
- Nous allons vous aider ! disent Adèle et Marion. Et elle suivent Joseph dans la cuisine.
Josette raconte sa vie.
- Nous étions, mon mari et moi, employés par le Comte de Reichoff, dans sa propriété au bord de la grande Forêt Noire, à l’Est.
Un jour, c’était au printemps dernier, lors d’une partie de chasse, le Comte a reçu une flèche et en est mort.
Mon mari a vu qui a tiré la flèche, et a tout de suite dit que ce n’était pas un accident. Il a dit avoir vu le Vicomte, le fils du Comte tirer la flèche. Mal lui en prit ! Le lendemain, lui aussi prit une flèche mortelle !
Les héritiers du Comte m’ont chassée, moi et mes enfants, et nous avons erré dans la campagne. Nous avons atterri à Munstater, ou les quelques habitants nous ont laissé nous installer, nous aidant même à construire une hutte pour nous !
Nous avons vécu quelques mois ainsi, je travaillais aux champs, a labourer, semer, récolter, glanant quelques sous afin de nourrir mes enfants.
Les bandits sont venus, il neigeait, ils nous ont capturé !
Ils se sont installés dans une maison, les villageois avaient déserté, je ne sais pas où ils sont allés, mais ils ne sont pas revenus.
Et la nuit dernière, profitant de l’état d’ivresse des bandits, je me suis enfuie vers le fleuve, j’avais remarqué la barque en allant chercher de l’eau.
Vous êtes arrivés, alors que nous pensions mourir de froid !
- Maintenant, nous vous gardons avec nous ! dit Clément. Bienvenue aux nouveaux compagnons du Blauersland !
Quel bonheur ! dit Josette, des sanglots dans sa voix, en serrant ses enfants. Quel bonheur, mes enfants ! Quel bonheur !
Joseph, Adèle et Marion arrivent avec un chariot sur lequel fume la nourriture ! Une grande omelette, des pommes rôties, et quelques bonnes pintes de vin.
Tout le monde se régale, et boit à satiété !
Merci Joseph pour cet excellent repas ! dit Clément.
Nous allons nous coucher maintenant ! »
Et les compagnons prennent congé et montent à l’étage, où se trouvent les chambres, tandis que Joseph emmène les reliefs du repas en cuisine..
A peine sont-ils en haut que la porte s’ouvre, et un homme hirsute entre en hurlant.
« Aubergiste ! A boire et à manger pour moi et mes hommes !
Josette pousse un cri étouffé !
- Ce…ce sont eux ! Les bandits ! Ils m’ont retrouvée !
- Calme-toi, Josette, ils ne savent pas que tu es là ! Vous allez dans la chambre, Raoul et Alfred, vous restez avec eux ! Verrouillez la porte ! Nous allons nous occuper d’eux !
- Aubergiste ! dis à tes gens de s’occuper de nos chevaux ! dit l’hirsute.
- Je suis tout seul ! Je n’ai pas de gens avec moi !
- Alors, donne nous à boire et vas t’occuper d’eux ! Tu reviendras nous faire à manger ! »
L’aubergiste se dirige alors vers la porte, il jette un œil vers l’étage, et voit les compagnons embusqués, deux flèches par arc, le long de la rembarde.
Clément, Ignace, Jeannette, Adèle et Marion sont près à tirer.
« Choisissez vos cibles ! dit Clément mentalement. Nous avons l’avantage de la surprise ! et comme ils sont gelés, ils n’auront pas de reflexes fulgurants !
Il y en a dix. Je prends les deux à gauche près de l’âtre.
- Je prends les deux assis à coté de l’âtre, dit Ignace.
- Et moi les deux de dos ! dit Jeannette.
- Les deux assis à la table ronde sont pour moi ! dit Marion.
- Et moi, les deux derniers, qui sont debout devant le feu ! dit Adèle.
- Prêts ? deux flèches au premier jet, ensuite flèche par flèche ! prenez le temps de viser ! leurs armes sont loin d’eux.
Maintenant !
Les deux à gauche de l’âtre s’écroulent, une flèche chacun dans le cœur. Les deux assis sont touché aussi, un s’écroule, une flèche dans la gorge, l’autre rampe vers son arc, une flèche dans l’épaule. Mais Clément a déjà rebandé et lui loge sa flèche entre les deux yeux.
Les deux de dos se regardent bêtement, une pointe de flèche apparente sur leur poitrail, et tombent à genoux, puis deux autres flèches les couchent sur le coté.
Ceux assis à table se retrouvent fichés contre les chaises, ils hurlent de douleur, le temps de prendre chacun une flèche dans l’oreille !
Les deux derniers, debout, tombent le nez dans l’âtre, une flèche dans l’arrière du crâne.
- Allez rassurer Josette, dit Clément. Moi je vais voir ce que devient l’aubergiste !
Et il ouvre une fenêtre du couloir de l’étage, et s’envole par là.
Dehors, l’aubergiste range les chevaux, un onzième bandit le houspille sans arrêt.
« Dépêche-toi, j’ai froid ! dit le bandit juste avant qu’une flèche ne rentre par le sommet de son crâne et sorte par sa bouche.
- Joseph, tu viens de gagner ces chevaux ! Tous les bandits sont morts ! Nous nous doutions qu’ils ne seraient pas loin, c’est pour cela que je t’ai posé la question en arrivant !
Mais dépêchons-nous de mettre les chevaux à l’abri, avant de nous transformer en statues de glace ! »
Une fois les chevaux à l’abri, ils les dessellent, et fouillent leurs sacoches. Ils trouvent des bijoux, de l’or, des pièces d’argent, et quelques babioles religieuses qui attestent de pillage d’église.
Ils arrivent dans l’auberge, les compagnons sont en train de porter télépathiquement les cadavres à l’arrière de l’auberge.
Ils jettent les sacoches sur la table.
« Il y en a encore un devant ! Emmène-le derrière ! dit Clément à Ignace.
Bon ! Tout ceci nous a donné soif !
Mais que t’est-il arrivé Josette ! Tu es couverte de sang ! Josette est là, debout, un glaive à la main.
- Je les ai tous égorgés ! Je sais qu’ils étaient morts ou mourants, et je les ai égorgés ! Tous ! Ils le méritaient !
Je voulais les émasculer, mais les compagnons m’ont dit que cela n’en valait pas la peine !
Et là, elle fond en larmes dans les bras de Jeannette.