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Le blog de Robert
tranches de vie, mode de vie, travail et passion, vie...

Durandalem livre 3 Durandal

robertditsch

Chapitre I    Durandalem, village d’Austrasie

 

 

 - Les gens du village de Durandalem 

- Le don du ciel

 - Childéric

 - L'auberge de Child

 - Dillon d’Ortega

 - La chambre de l’auberge

 - La fonte

 - Les Nouvelles

 - La naissance de Durandal

 

Les gens du village de Durandalem

 

     Je suis Robert. Robert le Schmit, le forgeron. Je me lève. Il fait encore nuit. Dans les braises de l'âtre, je pose quelques bouts de bois et des bûches, je retire un bout de bois en flamme et j’allume ma lampe à huile.  Une lueur blafarde éclaire la pièce derrière l'atelier. Esther, ma dame, dort encore, ainsi qu'Ariston, notre fille adolescente de quatorze ans, et notre fils de dix ans, Benami.

      Je quitte mes habits de nuit, humides malgré les peaux recouvrant la couche et je me réchauffe, nu devant la chaleur du feu. Je grignote un quignon de pain et un bout de fromage, avec une rasade du vin de Child Germain, l’aubergiste.  Tout est calme au dehors, les crépitements des braises réactivées résonnent dans la chambre. Une fois qu'elles seront séchées à la chaleur de l'âtre, je pourrai enfiler mes braies de travail. Le jour se lève.  Il fait encore froid en cette fin de février.

     Je suis Robert, forgeron et maréchal-ferrant. J'habite un petit hameau, Durandalem, au fond d'une vallée de l’Austrasie entourée de collines qui hélas, désespoir du forgeron, ne recèlent pas de fer. Du plomb au Sud, du cuivre au Nord. Le fer, ainsi que le charbon, proviennent des provinces du Nord de l'Austrasie.

      Ce matin, je dois allumer ma grande forge, située sous la cascade, au bout du bourg, vers les collines à l’Ouest. La journée est chargée ! Hier, on m'a livré du minerai provenant des confins du royaume, par une ordonnance émanant de l'abbaye des Glandières. Je dois en extraire le fer. La grande forge de Robert est spéciale ! Pour fondre le minerai, j'ai installé un système ingénieux de ventilation forcée. L'énergie provient de la roue à aube, dans la cascade. Une idée de Jacou Artz, notre bourgmestre.

      Nous sommes bientôt au printemps. La saison froide tire à sa fin, les neiges fondent, et la cascade débite bien plus d'eau qu'il n'en faut à la roue.

     « Que peut-on faire de toute cette énergie ? » m’interrogé-je parfois, imaginant des machines fantastiques... tout en chargeant mon foyer de bois et de charbon. 

      J'ai mis au point un système d'alimentation en eau pour le village.  Chaque maison possède une arrivée d'eau : il suffit de soulever le panneau à l'extrémité du tuyau pour qu'elle s'écoule, depuis une réserve constituée d'une immense barrique. Cette barrique est située sur la colline. Elle se remplit d'eau avec des seaux mus par la force de la roue à aube. Le tuyau court à travers toute la colline au Nord et alimente le village avec des ramifications à chaque maison. Tous les villageois reconnaissent que c'est bien pratique d'avoir de l'eau à volonté dans sa maison ! Quand elle ne gèle pas !

      Pour Michel Wald, le bûcheron, j’ai inventé une scie qui, grâce à un mécanisme mu par l'énergie de la roue à aube, débite automatiquement des planches, de rondins de bois, planches dont tout le monde fait grand usage !

    Michel Wald, Maître menuisier-charpentier, bâtit des maisons, des granges, construit des meubles fonctionnels, des armoires et autres cagibis de stockage, finement décorés des sculptures de ses filles Marianne et Mariette, des jumelles blondes de vingt ans. Il est Maître charpentier, et donc pas une des demeures du village ne s'est construite sans lui.

     La forge commence à bien chauffer. De chauffe en chauffe, le fer contenu dans le minerai finit par fondre et coule directement dans de grands rectangles de terre cuite, qui formeront la base de lames d'épées.  Au bout de la matinée, j'ai fini. Il y a cinq moules pleins. Je peux donc forger cinq épées ! Je peux rentrer chez moi. Esther a préparé le déjeuner, et je dois allumer la petite forge au village pour l'après-midi. Des chevaux ont besoin d'être ferrés.

Le don du ciel

 

     Soudain, en chemin vers le village, un grondement venant de l'Ouest derrière moi me fait me retourner !

Une boule de feu arrive du ciel et s'écrase dans un vacarme assourdissant, labourant la prairie à quelques coudées de ma grande forge !

     Il s'en est fallu de peu !

     Je retourne prestement vers le lieu de l'impact, je suis rejoint par les habitants du village, intrigués et effrayés par cette boule de feu tombée du ciel !  En touchant le sol, la boule, un caillou de trois pieds de diamètre, a creusé un sillon d'au moins cent cinquante pas dans la prairie. Un nuage de vapeur monte au contact de la terre encore froide et enneigée. La chaleur a fait fondre la neige dans un rayon de dix pas.

      On entend comme un sifflement. 

     D'abord de couleur rouge, elle refroidit et vire rapidement au noir, et le sifflement diminue en fréquence, s'atténue, jusqu'à disparaître.

     Je m'en approche. Le curé du village, l'abbé Paul Angst, me conjure de rester à l'écart, ceci ne pouvant être que l'œuvre du Démon ! Pour l'abbé Paul, tout ce que lui ne peut expliquer sur-le-champ est l'œuvre du Démon... Malgré son avertissement, je vais chercher des outils, et avec d'infinies précautions, j'essaie de tâter la boule. J'ai du mal à approcher la pique, non seulement à cause de la chaleur que la boule dégage, mais ma pique en fer a tendance à être repoussée par la boule. À l'aide d'une lance en bois, je peux la toucher. Elle est molle, comme du fer très chaud.

      Oh ! Mais que voilà un beau minerai tombé du ciel, cadeau des Cieux. Ce qui est loin de l'avis de l'abbé Paul, voyant plutôt là les portes de l'enfer s’ouvrir. D'un pas décidé, l'abbé s'en retourne vers sa chapelle, et sonne le tocsin ! Pourtant, personne n'est mort...  Mais l'abbé est aussi pleutre que curé. D'un commun accord, nous nous donnons rendez-vous ici même après le déjeuner, déjà retardé par l'événement. Il faudra rouler la boule jusqu'à la grande forge quand elle sera refroidie.

     L'après-midi, la boule a durci, suffisamment refroidie pour être roulée, à grand renfort de bâtons, jusqu'à la grande forge.  Je remarque que son poids paraît léger au vu de sa taille. L'abbé Paul n'a pas réapparu. Terrorisé, il s'est enfermé dans la chapelle, et prie tous les Saints de lui venir en aide !

     Un phénomène étrange : les petits éclats et copeaux de fer jonchant le sol sont repoussés par le passage de la boule. Qu'est-ce donc que ce prodige ? De la diablerie ? L'abbé aurait-il raison ?  Ce serait bien la première fois ! Je m'en occuperai demain, si Dieu me prête vie. Pour l'heure, je dois ferrer Bella, la jument du Fernand Bauer, le fermier. Dillon d’Ortega, un des commis du Fernand, me mènera la jument à la forge. Et il faut aussi que je continue le travail sur un rouage pour P'tit Louis Muller, le meunier et boulanger.

      Émile Pferd, l'éleveur de chevaux, vient passer commande de chevaux à ferrer. Il a un client important qui viendra sous peu acheter quelques mâles et une jument. Émile est installé à l'orée du bois, sur la route de Naborum, et doit construire, avec Michel Wald, des charrettes pour son client. Bien sûr, il compte sur moi pour cercler les roues de ses charrettes ! Tout en œuvrant, je pense à cette boule. Mais de quoi est-elle faite ?

     D'où vient-elle ? Est-ce un cadeau de Dieu ?  Ou est-ce un châtiment ?

     Dans un cas comme dans l'autre, est-ce pour moi, Robert ? Sûrement ! Vu qu'elle est tombée juste à côté de la grande forge.

Childéric

 

      Le crépuscule est là, il est temps d'aller chez Child écluser quelques chopines et relater l'événement. Child, de son vrai patronyme Childéric Germain, est notre « blanc qui vend tout ». 

      Childéric est un ancien négociant, archer réputé dans l'armée de Pépin, il est devenu son aide de camp. Il parcourait le monde pour trouver toutes sortes de choses. Un jour, il y a déjà des années, compagnon d’arme de Jacou Artz, notre bourgmestre, Clément Sandre, le Doyen du Blauersland, non loin de Strateburgo, et Jean d’Ortega, de Mettis, le père adoptif de Dillon d’Ortega, à la bataille de Lugdon, il est arrivé, aide de camp du roi, avec Pépin en route pour Mettis, s'est amouraché de Berthe, la sœur au Fernand, qui lui a donné une fille, Manon.

      Et il est resté à Durandalem, s'installant dans le village, ouvrant une échoppe d’armes et de toutes sortes de produits, puis il a reprit aussi l’auberge Warndt qui est vite devenu l'agora du village. 

     Son érudition et ses nombreux savoirs l'ont fait élire assistant du bourgmestre Jacou Artz.

     Son échoppe recèle des trésors, des denrées et épices d'Orient, des vins des coteaux d'Oche, des cervoises de Belgique, des tissus de Cachemire, des soies de Lugdon, des étoffes venues des plus lointaines contrées d'Orient, des onguents et pommades de tout l'Empire romain d'Occident et d'Orient, des bijoux et ornements provenant des conquêtes de l'Armée du roi, et moult alcools venus des provinces de l'Est. Sans oublier la production locale, fournie par Clovis Hune, l'éleveur de volailles, Alvin Koch le boucher pour les viandes et par le Fernand Bauer pour les légumes et autres fruits. Et le schnaps distillé par le même Fernand !

      Toute une partie de l'échoppe renferme des armes, une passion de Child. La petite hachette côtoie un trébuchet, des arcs et autres arbalètes sont accompagnés de flèches. Il y en a de toutes sortes : des flèches à pointe en triangle, classiques, en harpon, provoquant des blessures inguérissables, des flèches terminées par une boule, pour assommer sans tuer, des flèches à bout en croissant de lune, qui tranchent net tous les membres qu'elles touchent, des flèches-sifflets pour terroriser l'ennemi, des flèches rotatives, transperçant toute matière, y compris les cotes de mailles et les armures, des flèches incendiaires, s'allumant au moindre contact...

     Les arcs aussi sont de factures variées ! Certains peuvent tirer cinq ou six flèches en même temps. D'autres, plus petits, à double courbure, ont une portée bien plus grande que les arcs classiques. Des arbalètes à répétition avec un magasin de vingt flèches sont capables d'envoyer deux flèches par seconde, des engins sur trépieds tirent des lances les unes derrière les autres avec une force inouïe sur cinq cents pas de distance.

     À côté trône tout un étal de lames, de la petite dague " d’évêque " dissimulée dans une manche d'habit, même sacerdotal, à la grosse épée lourde de quatre pieds de long et douze livres de poids, du cimeterre sarrasin au sabre des confins de l'Orient. Toute une gamme d'épées est présentée ici, y compris la production locale, que je fabrique régulièrement.

     Des vêtements de protection allant de la cote de maille à l'armure la plus lourde, en passant par les gants, épaulières coudières et autres heaumes, casques et plastrons censés garantir la vie sauve en cas d'attaque au corps à corps, côtoient des habits plus luxueux qui sont plus de parade que de défense.

     Tout ce que le génie humain a pu inventer pour faire la guerre et tuer... Child fait souvent appel au forgeron pour construire des nouveaux modèles sortis de son imagination, et je participe avidement à ses créations.  Les pièces de bois sont confectionnées par Michel Wald, le bûcheron.  L'échoppe de Child est réputée au-delà des collines, et nombre de guerriers viennent à Durandalem se pourvoir en armement.

    Bien sûr, on trouve aussi les pains de P'tit Louis Muller et les gâteaux et autres délicatesses de la Berthe Muller, la dame au P'tit Louis. À côté de l'échoppe, la taverne, ou plutôt l'auberge, est le lieu de rencontre de Durandalem.

     Pour les voyageurs, Child a quelques chambres et un bon dîner à proposer. Sa muse, Berthe Germain, la sœur au Fernand, assistée de sa fille Manon, est un vrai cordon bleu, maîtrisant l'art culinaire comme personne.

L'auberge de Child

 

     Child Germain est derrière son comptoir, à servir des roquilles de la dernière production du Fernand : une quetsche de l'automne dernier, bien macérée, et distillée récemment.

     Le Fernand Bauer est là, avec ses fils François et le Borgne, et son commis, Dillon d’Ortega.

      Michel Wald aussi est là, accompagné de ses filles, Marianne et Mariette, dont la beauté égale la joie permanente qu’elles montrent et qui égaye l'assemblée.

     Le boucher, Alvin Koch, son épouse Elvire et ses jumeaux Judith et Roger arrivent pour boire un verre.

     L'abbé Paul Angst entre dans l'auberge, une grande croix portée à bout de bras, espérant grâce à Dieu pouvoir museler ce démon qui nous est apparu !  Quelques paroissiens le suivent, Claude Stein, qui travaille comme cantonnier avec son frère Pierrot, son épouse Marie, et leur fille Jenny, de dix ans, ainsi que Germaine et Gertrude Beten, deux sœurs vielles filles bigotes qui s’occupent de la chapelle.  Il a réussi à semer le doute sur cet objet venu du ciel. Tout le monde demande à l'abbé d'arrêter d'appeler le Seigneur à haute voix, Dieu n'est pas sourd !

     Claude Kaas, l’apothicaire est venu seul, sa femme Rosine est restée avec leur fils Maxime de cinq ans à la boutique.

     P'tit Louis arrive, avec son épouse Berthe, son grand fils Isabeau, dix neuf ans, sa fille Jeanne, quinze ans, et son petit dernier, Grégoire, dix ans, sur ses talons.  Il apporte des tartes flambées aux oignons et lardons, qu'il fait à chaque nouvelle flambée pour son four à pain. Elles sont le régal habituel de la fin d'après-midi. 

     Il est suivi de Clovis, sa femme Clothilde, et leurs deux fils Gérôme, onze ans et Fabien, neuf ans, avec ses paniers d'œufs, et quelques volailles fraîchement plumées, pour Child.

      Il y a aussi Pierrot, le cantonnier, avec son épouse Gisèle, et leurs enfants Agathe, onze ans et Félix, huit ans. Pierrot est le petit frère de Joseph, qui est handicapé, blessé dans un éboulement dans sa carrière qui a tué sa femme et éborgné son fils de seize ans maintenant, qu’on appelle dorénavant le Borgne. Joseph est impotent et a perdu la raison. Il est gardé par Pierrot dans sa maison.

      Georges Hair, le barbier vient avec son épouse, line, et sa fille Aline de dix huit ans.

     Le coutelier Denis Pepin et sa femme Béatrice se joignent à nous.

       Nous en sommes à trinquer, à parler de cette boule qui se trouve dans ma grande forge, et qui est tour à tour magique, bizarre, démoniaque, fantastique, mauvais présage, divine, dangereuse, c'est un avertissement divin ! Mais le summum c'est quand je dis : « Demain je vais la faire fondre ! »

Un tollé général ! « Tu es fou !  Inconscient !  Hérésie !  Blasphème !  Tu vas tous nous tuer ! » crie l'abbé au bord de la crise de nerfs.

      La discussion s'enflamme, attisée par la quetsche, quand arrivent deux cavaliers.  La nuit est tombée, mais la pleine lune dévoile les deux silhouettes.

      L'un des deux est Jean Christian, l'abbé des Glandières, de l'abbaye de Saint-Martin du même nom, dans la vallée à côté, sur la route de Mettis.  L'autre, richement vêtu, semble être un personnage important.

      « Nous avons vu le signe du ciel ! annonce d'entrée l'abbé Jean, et aussi entendu le tocsin ! jetant un regard noir sur notre curé. Monseigneur Denis Le Bon, évêque de Mettis, ici présent, est mandaté par Charles, fils de Pépin, pour faire confectionner une épée par chaque forgeron du royaume, pour participer à l'effort de guerre contre les Vascons qui menacent le pays. Il était avec moi ce matin à l'abbaye des Glandières quand nous avons vu le signe dans le ciel. Pouvez-vous nous en dire plus ? »

     Aussitôt le curé prend la parole et essaie de convaincre et l'abbé Jean et monseigneur Denis du bien-fondé de son inquiétude. Monseigneur Denis Le Bon, évêque de Mettis, qui connaît l'abbé Paul et sa légendaire panique à chaque événement hors de la norme le fait taire d'un geste de la main.

    Un éclair et c'est le Diable qui crie ! Une rafale de vent et c'est Belzébuth qui souffle !

     Et la discussion repart de plus belle, chacun ayant une précision ou un détail à apporter.  Child calme le jeu en offrant une tournée, un repas à ces hôtes de marque, et leur propose un appartement qu'il met à la disposition des voyageurs importants, que Manon va préparer pour eux.

      Monseigneur Denis, érudit, après ma description et un moment de réflexion, nous explique que ce n'est pas une coïncidence. 

      « Non !  Hurle l'abbé Paul, C'est le Diable !!! »

     Congédiant l'abbé Paul, le renvoyant prier pour le salut de son âme tourmentée, Monseigneur Denis continua son explication. Sa venue pour me mander une épée et ce minerai tombé du ciel, à côté de ma forge, ne peuvent que signifier une chose ! Il en tire son interprétation de cet événement céleste et nous la révèle :

     « Robert, tu dois faire de ce caillou une épée ! Pour Charles ! C'est la volonté de Dieu ! »

      Les plus craintifs dans l’assistance, échaudés par les délires de notre curé, se font à plusieurs reprises, bénir par Monseigneur Denis demandant à Dieu de les épargner lors de cet acte qui relève sûrement de la sorcellerie !

     Jacou Artz, notre érudit, qui remplit aussi la tâche de bourgmestre du village, a une signification précise de l’arrivée de ce caillou : il est envoyé d’une autre galaxie, pour avoir une balise sidérale ! Mais il garde cette information pour lui, et nous explique que ce n'est somme toute qu'un phénomène astral, notre Terre recevant de ci de là tous les jours des corps tombés du ciel. Et ceci, bien que rarement perçu dans nos contrées, est déjà arrivé, relaté par les écrits des moines disséminés sur le continent.

     Il sait néanmoins que ce caillou a été guidé par ses amis Xantarèsiens, des êtres venus d’une autre galaxie, de la planète Xantarès ! Ils lui en avaient parlé, il y a déjà dix-huit ans, ce caillou est arrivé guidé par les Forces Cosmiques, comme une balise…

Dillon d’Ortega

 

     Dillon est un grand et solide gaillard !

      Une tignasse blonde couvre son chef, et cache partiellement une cicatrice sur son front, trace d'un combat à l'épée. Discipline où il est depuis passé maître ! 

     C'est en tentant de défendre ses parents, Georg et Laure Bour, palefreniers chez les Pferd, attaqués par des pillards dans leur maison à l'entrée du village, que Dillon, alors âgé de dix ans, avait saisi l'épée du père, et avait blessé et mis en fuite deux des trois pillards, le troisième lui ayant assené un coup de la tranche de son épée sur le front.  Il parvint néanmoins, avant de plonger dans le coma, de percer le flan du pillard, qui succomba sur place. Ses parents, hélas, n'avaient pas survécu à l'attaque. Il fut soigné par le doc, Jacou Artz, qui l'hébergea quelque temps chez lui.

     Un ami de Jacou, Jean d’Ortega, Maître d'arme à Mettis, ami et compagnon d’arme de Jacou et Child dans l’armée de Pépin, enseignait son art dans toute la province, et ne manquait pas de passer saluer ses amis lors de ses voyages, et de visiter l'échoppe de Child, avide des nouvelles découvertes de ce dernier.  Il prit sous sa coupe et adopta le jeune garçon, l'emmena à Mettis, lui donna son nom, d’Ortega, une éducation noble et lui enseigna l'art de l'épée. Jean d'Ortega fit de Dillon un érudit, un des meilleurs archers, et une des plus fines lames de la contrée.

     Quand il eut atteint l'âge adulte, Dillon d’Ortega revint au village, et ouvrit une école d'arme, sous la bénédiction de son mentor et père adoptif Jean d’Ortega, à côté de l'échoppe de Child qui voyait là un bon moyen de faire commerce de ses créations et de ses trouvailles de par le monde. Travaillant comme commis auprès du Fernand, il est devenu un fidèle client de ma forge, apportant son savoir des arts des armes et son érudition des sciences et des chimies du feu.

 

 

La chambre de l’auberge

 

      Dans l'auberge, le soir, l'abbé jean Christian des Glandières et Monseigneur Denis Le Bon, l'évêque de Mettis s’apprêtent à prendre congé des clients de l’auberge pour regagner leur chambre à l’étage..

     Manon a fini de préparer la chambre, elle a prévu une grande couche, pour l'abbé et l'évêque. La cheminée rayonne, sur la grille une grande marmite chauffe de l'eau.

      Ils arrivent pour prendre possession des lieux, tous deux remercient Manon qui est bien aise de les servir, elle reste à leur disposition pour tous besoins des hommes d'Eglise. Ils lui demandent donc, de leur faire couler un bain.  L'eau est chaude, Manon a veillé à ce qu'elle le soit, Et le bain est prêt, dans une baignoire en bois, suffisamment grande pour y asseoir deux personnes.

       Manon, en bonne servante, les déshabille donc, l'évêque en premier, et les installe dans la baignoire, remplie d'eau bien chaude, pour leur plus grand plaisir. Puis, elle se met à les frotter, d'un savon venu des contrées au-delà de la grande bleue, dont même la reine Cléopâtre jadis faisait usage, dit-on, un savon au lait d'ânesse, parfumé aux senteurs de lotus.

      Child l'avait ramené de l'un de ses voyages aux confins de l'empire Romain d'Orient.  Ce n'est pas la première fois que Manon lave des hommes, et sait comment leur faire plaisir dans le bain. Puis elle se mit en devoir de les sécher, les frottant doucement, les cheveux, la tête les bras, le corps, les jambes...

 

       Manon couvre les hommes, met quelques bûches dans l'âtre, et quitte discrètement la chambre, emmène les vêtements des deux hommes, et laisse le clergé se reposer du sommeil du juste.

      Elle repasse par l'auberge, où nous discutons de la manière de reconstruire un four, elle prend congé, épuisé par tant de service auprès des hommes d'église, services qui, au vu de ses yeux brillants, étaient sûrement bien rendus !

      Il lui reste encore à laver les vêtements, et les laisser sécher près de la cheminée. Ils devront être secs et dans leur chambre quand les hommes d'Eglises se lèveront.

La fonte

 

     La nuit se passe, des questions, des peurs, puis des ébauches de mode opératoire.   Des plans sont élaborés. Le Fernand me prête ses commis pour construire un four plus résistant, devant supporter des températures très élevées, bien plus élevées que pour le minerai de fer, d'après moi.

       Et à l'aube, après une nuit blanche réchauffée par la quetsche du Fernand, me voilà prêt à retourner à la grande forge. Tout un cortège m'accompagne, Monseigneur Denis en tête, pour découvrir ce don de Dieu. L'abbé Paul observe de loin, n'osant pas s'approcher.  La boule est toujours là, dans la grande forge au fond de la vallée. Elle a bien refroidi, et nous pouvons la manipuler.

    Première surprise ! Au lieu des quelques cinq cents livres que pèserait une boule de fer de cette taille, elle ne fait qu'une centaine de livres ! La matière est très dense, bien moins poreuse que le minerai de fer, et une pincée de limaille de fer jetée sur la boule est aussitôt éjectée dans toutes les directions. Aucun de mes outils n'arrive à entamer sa surface, étant lui-même fermement repoussé.

      On décide, d'un commun accord avec Jacou et Monseigneur Denis, de fondre cette boule.  Pour cela il faut agrandir le four, beaucoup de charbon, et le charbon viendra des Glandières dans la journée. 

     Monseigneur Denis et l'abbé Jean s'en retournent. Dès son retour à l'abbaye, l'abbé fera mander en hâte une charrette de charbon.

     Chacun est retourné vaquer à ses tâches. Le Fernand, comme convenu la nuit précédente, me laisse ses deux commis, Dillon et le Borgne, pour finir la construction du four.  La ventilation est ajustée, un culottage au bois de chêne, peaufiné par Michel, le bûcheron, finalise le tout.

      On attend le charbon, qui ne saurait tarder.  L'abbaye n'est qu'à deux lieues de Durandalem. Mais la charrette, tirée par deux puissants percherons, les plus solides chevaux que je connaisse, ne peut passer par la colline, elle doit faire le détour par la route de Mettis vers Naborum, et remonter par la vallée. Elle arrive enfin, on peut s'y mettre, tout est prêt.  La mise en place de la boule est facile.  À deux on la soulève !

     Dans la forge, il ne reste que Dillon, le Borgne et moi.  Esther mon épouse, et mes enfants, Ariston et Benami, sont passées nous apporter de quoi nous sustenter.  Nous ne pourrons quitter la forge une fois le brasier lancé.

      Et un feu d'enfer occupe bientôt le four, attisé par un vent puissant actionné par un soufflet géant, mu par la roue dans la cascade ! La chaleur intense fait jaunir la boule, puis rougir. Un sifflement apparaît, de plus en plus aigu au fur et à mesure que la boule vire du rouge au blanc. 

     Mon four craquelle de toutes parts, jamais je n'avais atteint de telles températures ! Le sifflement, trop aigu, est devenu inaudible. Un filet de matière en fusion se forme et coule, en un fluide gris brillant. Aussitôt récupéré dans un moule.

     Il fait une chaleur infernale. Nous sommes nus, enfilant un tablier de cuir pour approcher et charger le four. L'eau abondante permet une pluie au fond de la forge pour nous refroidir régulièrement, aussitôt évaporée dès que nous approchons du four.

     Quatre bonnes pintes de ce fluide ont suinté de la boule, puis, malgré des efforts de surchauffe, plus rien, sinon une boule blanche, légèrement plus petite qu'avant. Le four est en fin de vie, à bout, il se disloque, on risque l'incendie !

      On arrête tout, on couvre de sable le magma de charbon et ce qui reste du four. Le sable fond au contact du magma !  Il faut maintenant laisser refroidir. La journée est bien remplie. 

     Une fois la dernière goutte extraite de la boule, nous recouvrons vivement de sable tout ce brasier, jusqu'en haut du four, une fumée mêlée de vapeur envahie la forge, alors prestement nous enfilons nos braies et sortons de cet enfer, ou un sifflement d'abord très aigu, qui diminue en fréquence mais pas en intensité nous incite à nous éloigner de la forge. Dehors il fait bien plus frais, cela nous fait du bien de respirer un air pur et vivifiant !

      Il est temps pour nous d'aller se réhydrater chez Child !

 

Les nouvelles

 

       Des nouvelles nous parviennent des confins du royaume. Reproduites dans l'abbaye en plusieurs exemplaires.  Rendez-vous tous chez Child. Notre bourgmestre dit, devant une assemblée réunissant tout le village, tout ouïe :

      «  Pépin et son fils Charles sont en Aquitaine, il a repoussé les Sarrasins mais son armée s'affaiblit. Au Sud, au-delà des montagnes Pyrénées, des troubles éclatent, les Vascons fomentent une guerre. Carloman est en Provence, il se bat contre les Lombards qui veulent reconquérir la Papauté. Pour l'instant, il arrive à les contenir. Pépin est malade. Sentant sa fin proche, Il rentre à Saint-Denis. Un recrutement aura lieu pour renouveler et renforcer l'armée du roi, pour lutter contre les Basques, il concernera tous les jeunes hommes de quatorze ans à dix huit ans. À charge des seigneurs d'armer leurs paysans. »

      Sont concernés à Durandalem le Borgne et François, les fils au Fernand. Isabeau, le fils à P'tit Louis, qui vient de fêter ses dix neuf ans, échappe au recrutement, et c'est tant mieux, car P'tit Louis en a bien besoin pour faire tourner le moulin pendant qu'il est au pétrin !

      Dillon, sur recommandation de Jean d'Ortega, nommé depuis Capitaine des soldats du roi, est pressenti pour former les jeunes aux arts de la guerre, et devra donc enseigner le Borgne et François, du village, mais aussi les jeunes des villages avoisinant, Laudrefang, à l'Ouest, Tenquin, au Sud, Naborum jusqu'à Hombourg, à l'Est.

     Cela fait une dizaine de jeunes gens à former, et ce en un temps très court, l'armée du roi doit être prête avant l'hiver ! Cette nouvelle jette un froid !

       La guerre ! Et Durandalem devra payer son tribut ! Dillon est enthousiaste !

      « Je ferai mon épée avec Robert, ce sera la meilleure ! »

       Le Borgne, lui, évidemment ne voit pas cela d'un bon œil ! Un accident lors d'un éboulement dans la carrière de son père alors qu'il était minot, lui avait crevé un œil, d'où son nom. Il avait un autre patronyme, Vincent, Stein comme son père, mais dans toute la contrée, on ne le nommait plus que « le Borgne », le fils de Joseph.

     Joseph, lui, tailleur de pierres naguère, dans le même accident avait perdu non seulement son épouse, qui succomba à ses blessures, mais aussi la parole et la raison, et n'était plus que l'ombre de lui-même, incapable de pourvoir ni à ses besoins, ni à l'éducation de son fils Vincent. Joseph a été recueilli par son jeune frère, Pierrot Stein le cantonnier, le Fernand Bauer a adopté Vincent, et l'a éduqué comme son propre fils. Dorénavant, il s’appelle le Borgne Bauer. François et le Borgne sont considérés dans le village comme deux frères.

La naissance de Durandal

 

     Après une nuit réparatrice dans ma couche avec Esther, en arrivant à la grande forge, je constate l'état du four, disloqué, à moitié fondu.  Il y a encore des braises. Une couche dure et translucide recouvre les cendres, c'est le sable qui a fondu ! Intéressant... La boule s'est déformée en refroidissant, elle ressemble maintenant à une grosse quetsche.

      Je démoule la coulée de la veille, et stupeur ! La barre de métal, d'une couleur gris foncé, de trois pouces par un et de quatre pieds de long, ne pèse pratiquement rien. Elle est aussi légère qu'une baudruche gonflée ! Jamais je ne pourrai faire une épée d’un métal aussi léger !

      La barre dans ma besace, je me rends dans ma forge au bourg, il reste des braises du précédent ferrage. Émile, l'éleveur de chevaux, m'attend. Il passe commande pour douze cerclages de roue, pour la semaine prochaine. Je réactive la forge, je veux voir comment se comporte cette barre de métal léger comme une plume !

     J'ai du mal à la maintenir dans la forge, je dois confectionner des outils qui ne soient pas en fer, avec l'aide de Michel je dois fabriquer des outils en bois, je fabrique une pince en chêne, que je dois tremper souvent pour qu’elle ne s’enflamme pas ! Néanmoins, j'arrive à chauffer au rouge cette barre.

      Elle possède une force qui la repousse dès que je la présente sur l'enclume, et j'ai du mal à la maintenir ! Je frappe de ma masse, qui a l'impression de rebondir au contact de la barre, mais qui donne des formes assez encourageantes. À chaque frappe, les bords s'effilent, sans s'ébrécher...  Je n'ai jamais vu de métal réagir de la sorte ! Malgré l'impossibilité de mélanger le carbone des braises au métal rougissant, comme on le pratique pour renforcer le fer, J’arrive à obtenir un tranchant que jamais je n'ai obtenu jusqu'alors, effilé comme un rasoir !

      De quoi rendre Denis Pepin le rémouleur jaloux !

      J'arriverai à en faire une épée finalement ! Mais il me faut du temps pour faire prendre forme cette barre, qui, après moult chauffages, frappes et refroidissements, accompagnés du sifflement chantant au gré de la température, ressemble maintenant presque à une épée. 

     Les premiers essais sont fantastiques ! Après avoir fixé un pommeau au bout de la barre, je fais des essais de frappe sur divers matériaux. Une frappe sur un billot de chêne le fend en deux ! Bien plus aisément qu'une hache...

      La frappe sur l'enclume est sidérante ! Non seulement l'enclume est entaillée sur plusieurs pouces, mais la lame, pourtant effilée à l'extrême, ne présente aucune écorchure ou bavure après la frappe !

     Un dernier test sur le rocher était tout aussi concluant ! Le rocher est fendu de part en part !

Chapitre II  L’école  des soldats

 

 - L’horloge

 - La construction de l’école

 - Le bâtiment

 - La construction

 - Le chauffage

 - Le personnel

 - La fin du chantier

 - L’école

 - La mission de Georges

 - Les futurs soldats

 - Apprentissage

 - Réalités

 - Projets

 - Les témoignages

 - Le jour de l’orgie

 - Le lendemain

 - Le pouvoir de communiquer mentalement. Les garçons

 - Le pouvoir de communiquer mentalement. Les filles

 - L’apprentissage de la pensée

 - L’instruction

 - Education militaire

 - La Terre

 - Préparatifs

 - Les portes ouvertes de l’école

 - La découverte du Naturium

 

 

L’horloge

 

     Jacou vient me voir à la forge. Il voudrait faire une expérience avec le rocher céleste, qui selon lui possède des propriétés extraordinaires.

     D’une boîte qu’il m'a apportée, il sort d'étranges cristaux d’un bleu translucide, de forme cylindrique, et les approche du rocher. Là, chose incroyable, ils se mettent à changer de couleur, et ils oscillent sur eux-mêmes, tour à tour attirés puis repoussés par le rocher !

     « Voilà ! J’en étais sûr ! » s'exclame Jacou. 

    Il m’explique qu’il a récupéré ces cristaux de son maître Sirius, à l’issu d’un long voyage au-delà des mers occidentales. Dans les montagnes, il fut accueilli chez un peuple de chamans Mayas, que Maître Sirius connaissait déjà, étant lui-même recueilli par ce peuple, vingt ans auparavant.

     « Des êtres venus du ciel, m’explique Jacou, les Xantarèsiens, avaient jadis confié ces cristaux à mon Maître Sirius, pour qu’il les mette en lieu sûr, à l’abri des ennemis des Xantarèsiens, les Gaménèens. Sirius me les a confié, en ayant l’intuition que je trouverai une utilisation. Les Xantarèsiens m’avaient dit qu’ils reprendraient contact ! Je sais que ce rocher est un signe d’eux ! Et je suppose qu’il a été guidé par ces cristaux que les Xantarèsiens savaient être en Austrasie ! Et à Durandalem ! 

  Ces cristaux ont des pouvoirs, une fois rapprochés d’autres éléments venus du ciel... Et les oscillations générées tout à l'heure par l’approche de ton rocher céleste sont la preuve qu'ils disaient vrai !

     J'ai réfléchi à la façon d'utiliser cette propriété oscillatoireEt voici l'idée qui m'est venue : si nous fixions les cristaux au bout d’un balancier devant le rocher, nous pourrions obtenir un mouvement perpétuel régulier qui nous permettrait de compter le temps ! »

     Il me montre des croquis qu’il a élaborés, avec des roues dentées tournant grâce au balancier, qui poussera d’un cran la roue à chaque balancement. Un jeu d’engrenages que je devrai façonner permettra de ramener la durée de rotation à un tour par jour, ce qui nous permettra de diviser les jours en un nombre de parties égales.

     « Nous pourrons ainsi avoir un temps avant midi, et un temps après midi. Chacun de ces temps sera divisé en deux parties égales, qui elles-mêmes seront divisées en six. Nous obtiendrons ainsi douze parties avant midi et douze parties après-midi... Donc vingt-quatre heures de durées égales. »

     Je réfléchis : comment faire pour que ces divisions soient utiles à tous ? Pour que tout le monde sache à quel moment précis de la journée nous sommes ?

     « Nous pourrions faire sonner une cloche à chaque fois qu’une nouvelle heure s'est écoulée, suggère Jacou. Reste à trouver une énergie fiable pour actionner la cloche ! »

      Je lui propose une crémaillère qui serait incrémentée aussi par le mouvement de balancier. Elle remonterait un poids qui serait libéré à chaque heure, et qui actionnerait la cloche. Ce mouvement serait autonome !

    Jacou retient ma proposition, et me charge de construire ce mécanisme. Je m’y attelle aussitôt. C’est un défi fantastique que je me dois de mener à bien !

     Je calcule avec son aide, et dessine les engrenages qu’il me faudra. Michel Wald, notre bûcheron-menuisier devra, avec l’aide de ses filles Marianne et Mariette, habiles à la sculpture sur bois, me confectionner des moules afin de fondre ces engrenages.

      Jacou a étudié le système que nous avons constitué, et affirme que par un jeu de cames et de ressorts, on pourra même faire sonner la cloche plusieurs fois, indiquant le rang précis de l’heure dans la journée !

     Je forge les pièces nécessaires, je fonds les engrenages. Je passe des heures à confectionner les roues dentées, trouver les bons rapports, calculer les temps…

      Dillon d’Ortega, le commis au Fernand Bauer, aguerri aux travaux de forge, me donne une aide précieuse pour arriver à nos fins : une horloge qui donnera l’heure à tout le village.

 

La construction de l’école

 

      Tout le village, fier de cette décision royale de faire de Durandalem un centre d’entraînement et de formation de soldats du roi, se met au travail pour construire les locaux qui abriteront les jeunes gens en formation.

    Il a été décidé que ce sera Jacou Artz le maître des lieux. Il a imaginé et dessiné les plans. Dillon d’Ortega est déjà désigné comme formateur.

    Mais d’abord, il faut ériger le bâtiment.

 

Le bâtiment

 

      Il sera construit sur le pré, au fond de la vallée, non loin de la grande forge. Le bâtiment principal sera bâti sur des fondations en pierre, d’une surface de cent sur deux cents pieds.

      Le rez-de-chaussée sera divisé en plusieurs parties.

      Dans la partie en pierre qui monte jusqu’en haut de l’étage, dans l’angle Nord-Est du bâtiment sur le quart du mur Nord et la moitié du mur Est, seront installées la chaudière et la production de vapeur, dans une pièce de cinquante par cinquante pieds. Une douche y sera installée.
      L’angle Sud-Est du bâtiment, l’autre moitié du mur Est et le quart du mur Sud, ce sera la réserve de charbon, de la même surface de cinquante par cinquante pieds, avec un accès vers la salle des chaudières. Il y aura également une douche.
      Une buanderie, à côté de la pièce à chaudière, occupera le deuxième quart du mur Nord.  De la même taille que la pièce des chaudières et la réserve, cinquante par cinquante pieds. Ici aussi, une douche sera installée.
      Devant la buanderie, un espace de la même taille sera disponible pour différentes utilisations, notamment le séchage du linge.
       L’entrée du bâtiment sera au milieu du mur Sud, ainsi que l’escalier d’accès à l’étage. Sous l’escalier sera installée une pièce d’aisance, avec point d’eau et chasse d’eau, reliée à une fosse, derrière le mur Nord.
      La moitié Ouest du bâtiment sera aménagée en quartiers de vie. Séparés par un couloir central allant du milieu du mur Ouest jusqu’à l’escalier, seront placées deux rangées de quatre quartiers, de douze par vingt quatre pieds, avec pour chacun une douche et une pièce d’aisance.
      A l’étage, dans l’angle Nord-Est sur le quart du mur Nord, et la moitié du mur Est, se trouveront la salle de sudation et le bassin de kaolin, de cinquante par vingt cinq pieds chacun. Il y aura aussi une pièce d’aisance.
      Dans l’angle Sud-Est, sur l’autre moitié du mur Est et le quart du mur Sud, se trouveront la salle de massage et la salle de relaxation, de vingt cinq par cinquante pieds également, avec une pièce d’aisance également.
      Le long du mur Nord, sur l’autre quart attenant aux salles de sudation et au bassin, des douches collectives seront installées, ainsi que des pièces d’aisance.
     À  côté, sur le quart du mur Nord ce sera la salle des repas et son office. 

     Sur le dernier quart du mur Nord, les salles privatives avec leurs douches et pièces d’aisance.
      Dans l’angle Sud-Ouest, sur la moitié du mur Ouest et le quart du mur Sud, sera édifié le dortoir. Devant le dortoir, là aussi, des douches collectives et des pièces d’aisance.
      Sur le deuxième quart du mur Sud se trouveront les quartiers de Dillon, de Jacou et le cabinet de Jacou.
      Sur le troisième quart nous aurons la salle commune, sur la moitié de la largeur du bâtiment.

     Au-dessus de l’étage, dans le grenier sous le toit, sera logé le mécanisme de l’horloge que j’ai construite.  Le rocher céleste trônera au milieu. Une structure métallique le surplombera pour soutenir le balancier et les crémaillères du mécanisme de la cloche. À côté sera édifié un petit clocher abritant la cloche.

 La construction


      Le terrassement commence dès lors. Pierrot et Claude Stein, les cantonniers, sont à l’œuvre, ainsi que chaque homme valide participant spontanément à la cause.
      La route de Durandalem  n’a jamais été aussi fréquentée ! des charrettes de pierres, de bois, de fer, de verre, de victuailles arrivent et repartent sans discontinuer, et ce manège durera le temps des travaux de construction du centre.

      Child Germain, assisté de Berthe son épouse, de Manon sa fille, des jumelles Marianne et Mariette Holz, filles de Michel Holz le bûcheron, de Jean Louis Stamm et de sa serveuse Ingrid Stevenson, qui tiennent l’auberge de Laudrefang, et de Judith et Roger Koch, les jumeaux d’Alvin Koch le boucher, tous s’occupent de la restauration de tout ce monde qui travaille sur le chantier.
      Une grande tente en toile est dressée pour fournir quelque cinquante repas journaliers, suffisamment copieux pour garantir la bonne forme des ouvriers.
      Berthe Muller, l’autre Berthe, l’épouse de P’tit Louis Muller, nous fera les desserts. Elle est la reine des entremets et autres gâteaux savoureux.
      La viande est fournie par Alvin Koch et par Damien Fleich, le boucher de Naborum. Les œufs et les volailles, par Clovis Hune et Richard Schaff de Naborum. 

      Les légumes et les fruits, par le Fernand Bauer, ainsi que par Roger Capes, le maraicher de Tenquin. Claude Kaas le marchand et Vivien Kauf, commerçant de Naborum, fournissent tout ce qu’il faut pour préparer les repas. Le bon vin de Child Germain fait partie des denrées essentielles. P’tit Louis Muller, aidé de son fils Isabeau, fait tourner son moulin et son four à fond pour produire une bonne quantité de pain.

       Émile Pferd, avec ses chevaux et ses charrettes s’occupe de l’acheminement des pierres, depuis une carrière non loin de Tenquin, des ouvriers sont recrutés pour œuvrer dans la carrière, de façon à extraire rapidement les pierres.
     Les fonds nécessaires pour tout cela sont attribués par l’abbaye des Glandières, mandatée par le roi Charles.

      Le terrassement est terminé en un temps record. Les murs commencent à être érigés. Bientôt Michel Wald le charpentier pourra poser le premier plancher sur la bâtisse. Il s’est déjà chargé des portes et des fenêtres du rez-de-chaussée avec Louis Brett, l’ébéniste de Laudrefang. Le verre venant des fourneaux des forges de Meisenthal est arrivé, coupé aux dimensions des fenêtres du bâtiment. Michel et Louis se chargent des encadrements, et bientôt, le rez-de-chaussée est clos. Parallèlement, je suis sollicité pour construire tout le système d’acheminement de l’eau et des différentes pièces d’eau, selon les plans dessinés par Jacou Artz.

      Il a aussi prévu des pièces d’aisance équipées en eau, afin de garantir une hygiène parfaite en toutes circonstances. Une grande fosse fermée est creusée à l’arrière du bâtiment pour recueillir les excréments.

      Michel Wald est assisté de quelques charpentiers recrutés dans les villages alentour, notamment Guillaume Holz, de Tenquin. Louis Brett, l’ébéniste de Laudrefang, est à l’œuvre. Son frère Anatole qui l’assiste travaille bien aussi. Les poutres et autres planches viennent du Nord de la province, en quantité suffisante pour achever le bâtiment.  Et la construction de l’étage de la bâtisse est bientôt achevée.

 

Le chauffage


      Je dois aussi m’occuper d’un système de chauffage du bâtiment, et notamment de la fourniture de la chaleur pour une grande pièce de sudation, le sauna de son nom viking, baptisé ainsi par Ingrid, une Viking habitant le Blauersland, non loin de Strateburgo, d’où vient aussi le compagnon d’arme et ami de Jacou et de Child, Clément Sandre. Ce sauna est nécessaire aux projets de Jacou.
     J’ai donc imaginé une chaudière alimentée par charbon et bois, qui fournira l’eau chaude nécessaire. Il en faut une grande quantité. Les douches que j’installerai partout dans le bâtiment seront très utilisées tout le long de la formation. Un système identique à celui que j’ai installé sur la colline pour alimenter en eau le village est prévu dans la bâtisse pour avoir de l’eau froide et chaude dans les salles d’eau situées à l’étage.  

     Une partie du bâtiment sera érigée en pierre sur toute sa hauteur pour soutenir la réserve d’eau.  Laquelle sera nécessairement située au-dessus, pour assurer une pression d’eau suffisante dans les douches.
     L’eau arrivera par un aqueduc venant du haut de la colline, depuis une deuxième cuve construite à côté de celle de l’alimentation en eau du village. 

     Les travaux de construction de l’aqueduc sont déjà bien avancés. Des maçons de la région de Mettis, aguerris à la construction de ces ouvrages, qui ont déjà monté les murs en pierre de la bâtisse, sont à pied d’œuvre. La cascade, entraînant la roue à aube, fournira l’énergie nécessaire à l’acheminement de l’eau dans cette grande cuve.

      Le plancher posé, la construction de l’étage sur la même surface ne traîne pas. Le mur de pierre soutenant la cuve est maintenant terminé. Cinq conduits de cheminées sont montés le long des murs, afin de disposer de foyers pour le chauffage du bâtiment. Il devra y régner une température constante, suffisante pour vivre nu dans le bâtiment.

      Car la nudité est une nécessité dans le projet de Jacou Artz. Non seulement sur le plan physique. Il faudra que les garçons acquièrent un mental leur permettant de vivre nus ensemble, en compagnies de filles elles aussi nues, sans penser systématiquement au sexe !
Un défi que Jacou est sûr de mener à bien.

     Quelques forgerons, dont Émile Gouvy, le forgeron de Hombourg, et Léon Iser, celui de Laudrefang, m’assistent pour installer toutes les conduites nécessaires aux salles d’eau et à la salle de sudation.  Elle bénéficiera d’une production de vapeur, nécessaire à la température élevée qu’il faudra dans la salle. La fonderie de la région de Mousson fournit les tuyaux fabriqués là-bas, ainsi que les pommeaux de douche commandés spécialement.  Il en faut quarante, qui seront acheminés jusqu’à Durandalem. Il faut plusieurs charrettes, une grande quantité de tuyaux étant nécessaire pour l’installation que Jacou a pensée, et que je dois réaliser. Nous avons donc construit un réseau de tuyaux dans lequel circulera la vapeur, chauffant par rayonnement toute la salle, et des dissipateurs de chaleur, en ailettes, dans toutes les pièces de la bâtisse. Les différents âtres dans les pièces sont un apport supplémentaire de calories.

      Et la mise en eau et en pression débute.  La chaudière fonctionne bien, la cuve d’eau chaude est pleine. Quelques fuites sont colmatées. La production de la vapeur fonctionne bien également, et, tandis que la pose du toit s’achève, nous pouvons tester les douches et constater que la salle de sudation est opérationnelle.

      La production de vapeur pour chauffer les pierres de la salle de sudation fonctionne à merveille. La vapeur me fascine ! Plus on chauffe, et plus la pression monte !
J’en déduis qu'avec cette pression, je pourrai convertir cette énergie en mouvement, et faire ainsi tourner un axe muni de pales sur lesquelles soufflera la vapeur canalisée en jets sortant de buses, que je confectionne dans la forge !

      Je m’attelle donc à ce projet, sans oublier ma mission principale, la confection d’une épée pour Charles ! Bientôt, j’ai une machine qui génère la rotation d’un axe, mu par la vapeur d’eau sous pression ! Cela va améliorer toutes sortes de choses.

     Par exemple, j’ai construit un grand tambour, qui tourne sur son axe, permettant de laver une bonne quantité de linge sans se fatiguer ! Les buandières que Jacou Artz a prévues seront sûrement ravies de la chose.  Un lavoir autonome ! Le rêve !

 

Le personnel
 

  • Conciergerie

 

      Bien sûr, il faudra que quelqu’un s’occupe de la bâtisse, du chauffage, de la production de vapeur, et des différentes tâches nécessaires à la bonne marche de l’ensemble !

     Anatole Brett, frère cadet de Louis l’ébéniste de Laudrefang, propose sa candidature à ce poste. D’un naturel posé, grand et musclé, une tignasse noire sur son chef trentenaire, ne parlant pas beaucoup, il est débrouillard et habile de ses mains.  Il s’intéresse à toutes les techniques, il a travaillé avec son frère dans son ébénisterie, mais aussi avec Léon, le forgeron de Laudrefang.

      Il veut participer à la réussite de ce projet. Son neveu Joseph fait partie des jeunes qui seront formés. Et comme personne d’autre ne s’est présenté, et personne n’étant contre, c’est donc Anatole Brett, avec l’aval de Jacou Artz, qui sera le maître des clefs du centre !

      Je lui explique le fonctionnement des chaudières, de la machine à vapeur, et de l’acheminement de l’eau.  Il assimile bien et pourra à mon sens faire l’affaire ! Sa tâche ne sera pas aisée, l’eau chaude est primordiale, et il ne saurait être question d’en manquer !

     Anatole devra aussi s’assurer que le combustible ne vienne pas à manquer, et prévoir suffisamment à l’avance l’acheminement du charbon jusqu’à la bâtisse.  Un charbon venu des Glandières. L'abbaye en fait régulièrement des stocks, alimentés par des convois depuis le Nord de l’Austrasie. En outre, il a la charge de l’éclairage dans le bâtiment.  Les lampes à huile et autres candélabres nécessitent un entretien suivi, et une réserve d’huile et de bougies suffisante !


    -      Le nettoyage, la buanderie

 

     Le lieu devant rester propre et hygiénique, il faudra aussi un service de nettoyage actif, pour entretenir la propreté des lieux.

     Deux filles de Naborum, Josiane Welch et sa cousine Joëlle Wasch, toutes deux âgées de vingt-deux ans, se proposent pour mener à bien cette tâche. Elles connaissent bien le métier, elles étaient buandières à l’hostellerie du Warndt, tenue par le comte de Créhange, à Naborum. Leurs mères, deux sœurs, sont les servantes du comte.  L’hostellerie est en instance de fermeture, elles n’ont donc plus d’emploi.

     La sœur de Josiane Welch, ainsi que les frères aînés de Josette Wasch, habitent à Naborum, dans un logis appartenant au comte de Créhange. Et le fait qu’il y ait dix jeunes hommes ensemble ne leur fait pas peur !  Jacou leur explique ce qu’il attend d’elles.

      La salle de sudation devra être nettoyée tous les jours, ainsi que les douches collectives et attenantes aux salles. Les salles privatives aussi auront besoin de nettoyage, de changements de draperies quotidiens, qu’il faudra laver… Une buanderie sera leur domaine. Elles auront leurs quartiers personnels dans la bâtisse, à côté de la buanderie.

      Elles devront être nues, en permanence, comme tous les locataires de l’école. Cela les étonne, mais ne leur pose pas de problème. Il décide donc d’embaucher Josiane Welch et Josette Wasch, qui se réjouissent de cet emploi !


    Bientôt nous pourrons organiser une fête inaugurale. Tous les participants à la construction du centre y participeront !
 

La fin du chantier

 

      Le système de l’horloge est en place, dans le grenier. Le mécanisme fonctionne, la cloche retentit toutes les heures. Après quelques ajustements, en nous basant sur le cadran solaire, nous parvenons à la régler de façon qu'elle sonne douze coups à midi et douze coups au milieu de la nuit. Dorénavant, Durandalem vivra au rythme des sons de cloche de son horloge.

      L’abbé Paul est jaloux ! La cloche de son église était jusqu'ici la seule du village. Et lui, pour appeler ses ouailles à la messe, c'est toujours à la force des bras qu'il doit la faire sonner... Nettement moins pratique !


       L'école sera situé au milieu d’une enceinte de cinq cent pieds de côté, érigée sur une hauteur de vingt pieds. Cela afin de garantir l’intimité des lieux, où les garçons vivront nus en permanence, sans interférences extérieure, tel que l’a exigé Jacou dans son projet hygiéniste. Après l’achèvement de l’aqueduc, les maçons terrassiers construisent donc ce mur, dernière étape dans la finition du projet.  Bientôt, un mur d’une longueur totale de deux mille pieds et de vingt pieds de haut entoure la bâtisse.

      Je fabrique un grand portail d’accès en acier, habillé de bois par Michel Wald, avec des poids de compensation facilitant la manœuvre de l’ouverture et de la fermeture du portail, qui pèse quand-même lourd !

      Jacou Artz veut faire de ce lieu un exemple d’hygiène, et semble y être parvenu !

      La fête a lieu par une belle journée, ce jeudi 19 mars. Il n’aura donc fallu que quelques semaines pour mener à terme le projet de Jacou. L’école peut ouvrir dès le lendemain !

       Georges, le barbier, passera à l’école deux fois par semaine, en accord avec Jacou.

L’école

 

       L’école ouvre le jour du printemps. Sont donc élèves de Dillon d’Ortega :

 

  • Alix Holz, fils de Guillaume, bûcheron, de Tenquin, quatorze ans,
  • Xavier Stamm, fils de Jean-Louis, aubergiste, de Laudrefang, quinze ans,
  • Charles Kauf, fils de Vivien, commerçant, de Naborum, quinze ans,
  • Achille Gouvy, fils d'Émile, forgeron, de Hombourg, seize ans,
  • Armand Capes, fils de Roger, maraîcher, de Tenquin, seize ans,
  • Le Borgne Bauer, fils adoptif de Fernand, de Durandalem, seize ans,
  • François Bauer, fils de Fernand, de Durandalem, dix sept ans,
  • Gabin Fleich, fils de Damien, boucher, de Naborum, dix sept ans,
  • Hugues Schaff, fils de Richard, éleveur de bétail, de Naborum, dix huit ans,
  • Joseph Brett, fils de Louis, ébéniste, de Laudrefang, dix huit ans.

      Jacou Artz accueille les jeunes gens convoqués par l'ordonnance de Charles.

      Dillon d’Ortega se présente, un grand gaillard blond de presque sept pieds de haut, très musclé, qui sera leur maître d’armes et leur enseignera tout l’art de la guerre.

      Jacou Artz leur présente Anatole Brett, âgé de trente ans, six pieds de haut, cheveux noirs, bien musclé aussi, qui s’occupe de la bâtisse, et toutes les questions d’intendance sont de son ressort. Il est le maître des clés du domaine.

     Puis viennent Josette Wasch et Josiane Welch, deux jeunes filles de Naborum, deux blondes de vingt deux ans, de taille moyenne, cinq pieds trois pouces, mais bien proportionnées. Elles sont cousines, et se ressemblent beaucoup. Jacou Artz les présente comme buandières, que les garçons pourront solliciter pour des questions de nettoyage.

      « Manon Germain aussi est là, elle sera votre cantinière et vous servira les repas. dit-il.

      Il leur explique ensuite ce qu'il attend d'eux et détaille les journées à venir.

     - Pour commencer, tout le monde sera nu. »

      Les buandières rougissent, en souriant, elle ne se sont jamais montrées nues, hormis avec quelques garçons lors d’ébats intimes, mais elles avaient été prévenues par Jacou Artz, et sont donc d’accord pour cela !

     Déjà, certains des jeunes s'offusquent, la nudité n'étant pas, loin de là, dans leurs mœurs ! Pour certains, c'est même un sujet tabou, et jamais ils ne se montrent nus devant les autres ! Jacou Artz, en bon psychologue, leur explique les bienfaits de la nudité, et le fait d'écarter les tabous qui hantent certains.

      Pour tous, la nudité n’est que d'ordre sexuel, et ils n’ont peu, sinon aucune expérience de la chose ! Jacou Artz arrive, en donnant des cours de sciences naturelles, à leur expliquer les rouages du corps humain, et, pour montrer l'exemple, se met nu devant eux.

     Il est bel homme, âgé de quarante cinq ans, d’une taille de six pieds trois pouces, une chevelure courte légèrement grisonnante, son corps est fin et quelque peu musclé.  Il explique sur son propre corps ce que chaque partie de l'anatomie a de particulier. Bien sûr, son sexe est l’objet des regards.

      Anatole Brett, pas pudique, se déshabille aussi face aux garçons.

    Puis Jacou Artz demande à Dillon d’Ortega de se déshabiller aussi, et tout le monde constate ! Dillon d’Ortega possède une anatomie que la Nature a gâté aussi, particulièrement à l'entre-jambe !

    Jacou Artz leur explique que cet appendice n'est qu'un appendice, et que, si l'on fait fi des éducations restrictives reçues, fait partie de la diversité des corps, au même titre que les nez, plus ou moins longs ou gros, les oreilles, plus ou moins grandes et toutes les parties du corps différentes suivant les individus.

      « Hormis le matin au réveil, où un changement de rythme cardiaque provoque un afflux de sang dans le pénis, ce qui le met en érection d'une façon naturelle et incontrôlée, les réactions physiques de cette partie de votre anatomie ne sont dirigées que par vos pensées ! » leur explique Jacou Artz, il leur enseignera la maîtrise et le contrôle de leurs émotions.

  Puis tout le monde doit se déshabiller, pour prendre une première séance de sudation, tous ensemble.

      Il y a les gênés, qui ne peuvent s'empêcher de cacher de leurs mains leurs attributs :

     Alix Holz, Charles Kauf et Xavier Stamm, les plus jeunes, sont timides.

     Alix Holz sort à peine de l’enfance, pas très grand, cinq pieds trois pouces, les cheveux roux, des yeux espiègles, son corps fin manque de muscles, mais Jacou lui assure qu’il va se développer rapidement, surtout avec les entraînements à venir.

      Charles Kauf est un garçon bien portant, qu’on pourrait dire légèrement grassouillet, pas grand, à peine cinq pieds, les cheveux blonds, mais son entre-jambe est bien équipé.

      Xavier Stamm, lui est un grand garçon, fin, pour ne pas dire maigre, de longs cheveux noirs qu’il rabat sinon ils lui couvrent le visage, il mesure six pieds, sa toison pubienne est bien fournie, malgré son jeune âge.

      Hugues Schaff, un athlète, haut de six pieds quatre pouces, une belle chevelure rousse, a une musculature qui se remarque. Des pectoraux bien en valeur, un ventre en tablettes, des bras gonflés par les muscles, des cuisses et des jambes fermes et puissantes, mais souffre beaucoup de son anatomie sexuelle, la nature l’a lésé dans l'attribution de son sexe, étant tout petit, moins que deux pouces ainsi que ses bourses, toutes petites, qui disparaissent dans sa toison rousse, comme l'on déjà fait remarquer à l'étang les filles qui l'ont vu nu.

     Joseph Brett est un beau brun, grand de six pieds quatre pouces, un corps musclé bien proportionné, il possède un beau pénis, mais doté d'un seul testicule, caché par son membre viril. Cela l’a toujours complexé, n’étant pas comme les autres garçons.

      Achille Gouvy qui mesure six pieds, les cheveux bruns, a toujours fait des exercices physiques afin de travailler plus tard au sein de la communauté des moines du monastère des Récollets, où il a été élevé. Il a développé une bonne puissance musculaire.  Il a un corps plutôt velu, son bas-ventre est occupé par une toison ample, très fournie.  Son éducation stricte et pleine de tabous a toujours empêché toute découverte. On lui a toujours interdit de toucher son sexe.

     Quelques-uns sont émoustillés par tous ces corps nus, et cela se voit !

      François et le Borgne Bauer, les fils du Fernand, qui s'adonnent parfois aux plaisirs mutuels en cachette.

      Gabin et Armand depuis quelques temps déjà savent leur préférence quant aux plaisirs de la chair, préférant les hommes, bien qu’ils n’aient aucune expérience des femmes.

      François est un garçon de six pieds, blond, il a un corps fin, pas très musclé, une toison blonde.

     Le Borgne, brun et velu, a à peu près la même morphologie et la même taille que François, sa toison pubienne cachant une bonne partie de ses attributs.

       Gabin Fleich est brun, sa taille de cinq pieds cinq pouces ne l’a jamais complexé ni son corps qui manque de muscles.

      Armand Capes, un beau blond de six pieds, n’a pas non plus un corps musclé.

      Parlant calmement, Jacou leur explique les réactions somme toutes naturelles et arrive à convaincre les plus chauds de penser d'une autre façon, écartant ce que leurs yeux leur suggèrent pour se concentrer sur ce pourquoi ils sont là ! Devenir les meilleurs soldats du roi !

      Puis, tout ce monde s'installe dans le sauna, la salle de sudation. Elle fonctionne très bien ! Anatole en sort, nu et ruisselant, testant la chaleur avant que les garçons y pénètrent.  Il y fait une chaleur qui paraît au premier abord insoutenable, mais qui, sur les conseils de Jacou, devient vite supportable, si tant soi peu que l'on reste calme.  Chacun a l'occasion d'examiner le corps de l'autre, des moqueries sont vite rabrouées par Jacou, qui dit : « Chacun a un corps, don de la nature, et de se moquer du corps de l'autre, c'est se moquer de la Nature ! Ce n’est pas digne d'un comportement humain ! »

      Josiane et Josette, entrent nues, pouffent en voyant tous ces garçons qui les observent nus, mais affrontent leur gène et s’installent dans la salle, à côté de Jacou.  Evidemment, les garçons réagissent physiquement à la vue de ces deux petites poupées toutes mignonnes ! Elles ne seront pas avec les garçons, s’occupant dans le centre du nettoyage et de la propreté, mais travailleront nues, comme toutes les personnes ici, notamment dans la buanderie surchauffée. Leurs corps sont mignons, fins, cinq pieds six pouces de haut, de petits seins avec des gros tétons, et un fessier des plus arrondis. Une belle toison blonde cache l’entre-jambe.

      Il présente enfin aux jeunes gens les jumelles.

      Marianne et mariette Wald, elles sont les filles de Michel Wald le bûcheron. Elles ont vingt ans, et seront, entre autres, les masseuses des garçons.  D'une beauté éblouissante, leurs grands corps de six pieds magnifiquement charpentés, une poitrine voluptueuse, elles se ressemblent parfaitement, et seul l'agencement de leur chevelure longue et dorée peut les différencier !  Marianne rassemble ses cheveux sur l'arrière, en une queue de cheval, tandis que mariette préfère les mettre en couettes de chaque côté du visage.

      Quand elles entrent à leur tour dans la salle de sudation, nues, tous se sentent à nouveau des réactions ! Tantôt de gêne, tantôt de désir, et chacun doit faire un effort sur lui-même pour canaliser ces sensations, détourner son regard !  

     Ces seins bien ronds, ornés de mamelons rose et de tétons tout pointus, cette toison dorée qui orne leur bas-ventre, qui laisse à peine dépasser des lèvres rose vif voluptueuses, ces fesses rebondies...  Ils doivent faire fi de tout cela pour continuer à supporter la chaleur extrême qui règne dans la pièce.

      Leur sourire force les regards, leur bouche aux lèvres pulpeuses... ils finissent par ne regarder les filles que dans les yeux. De magnifiques yeux bleus, dans lesquels certains regards se noient. 

      Dillon qui, âgé de vingt-et-un ans, est le plus ancien des garçons, n'arrive pas à se contenir, des souvenirs d’un accueil plus que chaleureux alors qu'il livrait des denrées au chalet des filles lui reviennent en mémoire…

      Les buandières sont impressionnées ! Elles ne sont pas les seules ! Hormis les jumelles et quelques garçons qui ont déjà pu apprécier sa verge en pleine érection, tout le monde est béant d’admiration. Mais il arrive, néanmoins, en respirant profondément et pensant à autre chose, comme le lui conseille Jacou, à calmer et diminuer son érection ce qui le soulage quelque peu, devant montrer l'exemple aux jeunes gens par son statut de moniteur.

   Anatole Brett teste une dernière fois les douches communes, tout cela fonctionne parfaitement. Il testera aussi les douches attenantes aux petites salles du fond ainsi que celles installées dans les quartiers d’habitation.

      Après un bon moment de cet exercice de sudation, les corps ruisselants de sueur, tout le monde passe à la douche, froide, pour éliminer les toxines extirpées par la sueur, puis chaude pour refermer les pores. Enfin séchés ils se couchent sur le ventre, des tables à masser sont placées dans toute la pièce. Jacou et les filles leur massent le dos de leurs mains enduites d’huile relaxante, un à un pour une détente correcte.  Quelques-uns s'endorment. Il règne une douce chaleur, le système de chauffage que j’ai installé avec mes collègues forgerons fonctionne à merveille ! Et Anatole a tout à fait la maîtrise du système.

       Cette première prise de contacts a déjà bousculé bien des choses, leur formation commence !

     Josiane et Josette nettoient les douches et la salle de sudation à grande eau, sans traîner car la chaleur humide paraît plus chaude que la chaleur sèche, et devient vite brûlante.  Elles ont leurs quartiers au rez-de-chaussée, à côté de la buanderie, et passeront tout le temps de formation dans le centre, participant aux repas.

      Le soir venu, après le dîner, tous se retrouvent dans le dortoir, nus, chacun devant se reposer dans son lit, car demain, les choses sérieuses commencent !

La mission de Georges

 

     Le lendemain matin, la cloche sonne huit heures. Le barbier Georges Hair est devant le portail. Anatole, en tunique, l’accueille et l’emmène dans une pièce spécialement aménagée pour lui. Jacou arrive, nu, et sous le regard interrogatif de Georges Hair, lui explique le topo :

     « A l’école, tous et toutes sont nus, pour des questions d’hygiène et de maîtrise du mental, c’est la règle, et tu devras aussi t’y conformer ! Ton travail consiste à t’occuper des cheveux et des barbes des garçons, des cheveux des filles, mais aussi de leurs toisons s’ils ou elles le désirent. Tu travailleras le mercredi matin et le samedi matin dans ton atelier ici- même. Aujourd’hui, tu mangeras avec nous tous à midi, de façon à te présenter à toutes et tous. »

      Une douche réveille les jeunes, qui après un petit en-cas préparé par Manon Germain, la fille de Child, vont s'exercer au maniement de l’épée. Vêtus uniquement d'un pagne en cuir qui protège leurs parties, ils doivent déjà prendre l'épée des deux mains, et frapper de toutes leurs forces sur un tronc posé en long devant eux.  Les plus forts font pénétrer la lame, et ont du mal à la retirer ! L'exercice doit muscler leurs épaules, et canaliser leur énergie dans la frappe. Quelques temps plus tard, fatigués par cet effort, après un repos et une hydratation, ils recommencent le même exercice.

La cloche sonne midi. Tous sont éreintés et ne sentent plus leurs bras, leurs épaules sont douloureuses, et ils sont affamés ! Tous passent à la douche, puis se dirigent vers la grande salle pour le repas.

     Jacou présente donc Georges Hair nu, aux garçons, aux cousines buandières et aux jumelles que Georges connaît mais ne les avait jamais vu nues.

     Georges Hair est, à trente huit ans, un bel homme de six pieds, des cheveux roux coupés court, un corps fin pas très musclé mais velu, d’un roux sombre, comme sa toison finement taillée.

     Manon Germain s’est mise nue, et les rejoint, avec les repas, les garçons peuvent apprécier la plastique de son corps, bien proportionné.  Haute de cinq pieds cinq pouces, des cheveux bruns et des yeux verts, de magnifiques seins bien ronds, surmontés de jolis petits mamelons équipés de tétons en pointes accrochent le regard des garçons, qui veillent bien à contrôler leur réaction virile. Une toison brune couvre son pubis.

     Les garçons sont enchantés du repas que Manon leur sert, et, ne faisant pas de détails, mangent tout ce qui est servi ! Après le repas, Georges Hair se rhabille et s’en retourne à son échoppe au village.

       Un exercice facile, après le repas, est de trottiner le long des murs à l’intérieur de de l'enceinte, quelques tours, ce qui représente une lieue, puis rendez-vous en chambre pour un repos digestif, une sieste réparatrice ! Après la sieste, dont la fin est signalée par les trois coups de la cloche, l'exercice consiste, toujours à l'aide de l'épée, à frapper des troncs verticaux cette fois-ci, un coup par la droite, un coup par la gauche, afin de raffermir leurs bras et leurs pectoraux. Une heure de ce régime les anéantit complétement, et épuisés, ils vont prendre une douche bien chaude pour se relaxer.  La journée de travail s'achève, place à la relaxation.

      Après une séance de sudation, un bain dans une eau saturée de Kaolin où ils sont comme en apesanteur, trois des jeunes sont invités, en passant par la douche, aux tables de massage, où Jacou et les jumelles les attendent pour une séance de décontraction des muscles sollicités dans la journée, puis retour au bain de kaolin et ainsi de suite jusqu'à ce que tous aient été massés.

      S'en suit un moment de quartier libre, dans l'enceinte, où chacun, tout en restant nu, peut vaquer à ce qu'il désire. Des parties de dés, de cartes sont organisée, deux groupes de quatre, tirés au sort jouent, tandis que les deux garçons restants, Joseph et Charles, sont invités par les jumelles à une séance plus intime. Cela fait partie du programme ! l'éducation sexuelle.

 

     Charles et Joseph regagnent la salle commune, les yeux pétillants, le sourire éclatant de leur visage ne laisse aucun doute sur ce qu’ils viennent de subir ! 

      Les questions fusent :

     « Alors, qu'est-ce qu'elles vous ont fait ?  

     - C’était bien ? 

     - Elles vous ont fait bander ?   

     - Vous étiez ensemble ? » 

      N'ayant pas vraiment envie de raconter par le détail ce qui leur est arrivé, ils préfèrent se retirer sur leur couche, en disant « vous verrez bien, vous y passerez tous ! » et, autant Joseph que Charles, s'allongent et s'endorment aussitôt d'un sommeil récupérateur.

      Le souper est servi, Manon demande discrètement aux jumelles si elle ne pourrait pas aussi quelque peu profiter des séances de relaxations, les soirs ou elle n'a pas de travail à l'auberge. Elles n'y voient pas d'inconvénient, Jacou non plus, et Manon est invitée pour le lendemain après l’exercice, dès que Child la libérera.

 

Les futurs soldats

 
      Ce matin sera consacré à l'apprentissage intellectuel, la lecture et le calcul sont au programme.  Jacou fait le tour des connaissances de chacun, afin d'établir un programme où tous pourront à terme lire, écrire et calculer à leur aise.  Il s'avère que quelques-uns savent lire, Dillon, bien sûr a reçu une éducation dans ce sens, et sait enseigner l'art de la lecture, il donne déjà depuis quelques temps des cours à François et le Borgne, avec qui il travaille dans la ferme du Fernand, et passe avec eux d'autres moments des plus agréables...

      Charles Kauf, le fils de Vivien, commerçant à Naborum, a aussi des notions, qu'il a acquises à Naborum en compagnie de Hugues et sa sœur Nadège. Leur mère, Carole de Saint-Saëns, issue d'une famille bourgeoise de Mettis, et voulant se rapprocher des métiers de la terre, s'est engagée en épousailles avec Richard Schaff, paysan de son état, leur père.  Elle l'a rencontré un jour, lors d'une foire au bétail à Mettis, et ne l'a plus jamais quitté ! Vivien Kauf voulait que son fils Charles soit instruit, et avait demandé à Carole de lui enseigner le savoir de la lecture et de l'écriture, afin qu'il puisse reprendre le commerce de son père.

 

    Achille Gouvy maîtrise les langues, parle aussi bien le Latin que le Franc, et le Germain ne lui est pas étranger. Il baragouine aussi l'Angle et le Breton. Son éducation stricte, si elle ne l'a pas préparé à la vie, lui a permis d'être un érudit, y compris dans les mathématiques. Il maîtrise aussi bien les sciences de l’astrologie, que l'astronomie.

     Mais sa venue à Durandalem est une de ses premières sorties hors du monastère. Son père, Émile Gouvy, forgeron de Hombourg, veuf très tôt, l'a confié dès son plus jeune âge aux moines du monastère des Récollets, à Hombourg qui lui ont donné une instruction complète, sauf pour ce qui est des connaissances du corps. Pour eux, le corps n'est qu'un support pour vouer son existence à la louange de Dieu, et ne doit pas occuper l'esprit, tout entier réservé au service du Seigneur. Néanmoins, il a acquis une bonne musculature, en vue des travaux qu’il devra faire, comme tous les moines, dans le monastère.
 

   Joseph Brett ne sait pas lire. Mais il sait mesurer et calculer par l'apprentissage avec son père, Louis, l'ébéniste de Laudrefang.

    Xavier Stamm, le fils de l'aubergiste de Laudrefang, Jean-Louis, a appris à compter, et sait écrire quelques mots, notamment les menus de l'auberge, qu'il couche sur une table d'ardoise, à l'entrée de l'auberge.

   Armand Capes, fils du maraîcher de Tenquin, Roger, ne sait pas lire non plus, pas plus que Gabin, le fils de Damien, le boucher de Naborum, et amant d’Armand depuis l'été dernier.

   Alix Holz, le plus jeune des garçons, d'un tempérament jovial et farceur, veut bien apprendre, mais se dissipe très vite en des idées burlesques, faisant de toutes les situations un amusement.

      Jacou organise donc les jeunes gens en groupes.

      Dillon, qui a des affinités avec François et le Borgne, continuera à leur enseigner la Langue, ainsi que les mathématiques. Il instruira aussi Joseph, novice en la matière.

     Armand et Gabin, qui aiment à être ensemble, seront enseignés par Achille, qui en retour apprendra par les deux garçons l'anatomie du corps, sujet qu'ils ont bien exploré.

      Charles et Hugues, son aîné de trois ans, seront perfectionnés par Jacou, qui s'occupera d’abord d’enseigner Alix et Xavier. N’ayant que quelques mois pour apprendre.

      Les cours peuvent donc débuter.  Les élèves n'ayant que quelques mois pour apprendre, il est demandé à chacun la plus grande attention, Les différents groupes s'installent autour de tables dans la pièce, assez éloignés les uns des autres afin de ne pas interférer d'une table à l'autre.

      La salle est lumineuse.  Des larges fenêtres laissent pénétrer la lumière sur les tables, de surcroît, chaque table est surplombée d’un grand chandelier, qu’Anatole allume en cas de besoin. Jacou passe de temps en temps, d'une table à une autre, contrôlant et approuvant les techniques d'enseignement de chacun, et les capacités de mémorisation de tous. Les élèves étant nus, et immobiles, la salle de cours est bien chauffée, et nul ne ressent le besoin de se couvrir le corps.

     À midi, la fin des cours est décrétée pour aujourd'hui. Manon a préparé le déjeuner dans la grande salle des repas. Dorénavant, les matins seront réservés à l'entraînement de la tête, et les après-midis aux exercices physiques. Les jumelles ne participent pas pour l'instant à ces cours, leur instruction par Jacou est déjà complète.

      Après le repas, copieux, car ces jeunes ont un gros appétit, tandis que Manon débarrasse la grande table, les garçons sortent, trottinent nus en faisant quelques tours internes de la muraille, sur une distance d’une lieue, en un exercice digestif qu’ils feront tous les jours, avant la sieste, obligatoire elle aussi tous les jours.

      Après la sieste, les garçons revêtent leur pagne d'exercice. Child Germain est venu avec des arcs, pour leur enseigner l'art des archers, la technique de visée, mais aussi la construction de flèches, et des rudiments de balistique, essentielle dans le tir à l’arc !
      L’après-midi se déroule ainsi : les garçons aux bras fatigués de bander les arcs se retrouvent donc à la salle de sudation, pour décongestionner leurs biceps tendus. Le bain de kaolin est aussi apprécié !

      Les filles arrivent ensuite pour des massages du corps, nues évidemment, des onguents facilitent la relaxation des muscles. Manon s’y met aussi, et quelques-uns peuvent apprécier la douceur de ses massages des dos et des bras endoloris. Après ces ablutions, chacun a quartier libre et peut vaquer à des occupations diverses.  Mais déjà, ils attendent de savoir qui seront les heureux désignés pour une séance privée !

     Manon, qui est restée là, demande à Dillon de lui donner un cours de langue privé, qu'il accepte volontiers. Les jumelles embarquent Armand et Gabin, bien décidées à leur faire découvrir les atouts du sexe faible ! Armand et Gabin se retrouvent donc ensemble, avec Marianne et Mariette dans une pièce, tandis que Manon entraîne Dillon dans une autre.

 


      En voyant réapparaître les trois garçons et les trois filles, tous se disent que bientôt ce sera leur tour, et fantasment déjà sur ce moment ! Le Borgne et François se doutent bien de ce qui les attend, le Borgne ayant vu les filles à l'œuvre avec Dillon, et l'ayant raconté à François. 

     Xavier a bien une idée, écoutant parfois les confidences des clients de l'auberge de son père.

     Achille se méfie, son éducation monastique lui a inculqué que ces créatures que sont les filles sont possédées par le démon, malgré les tentatives d'explication de Gabin et Armand, qui ne savent pas très bien par où aborder le sujet.

     Hugues a déjà des expériences sur le sujet, mais son petit sexe ne l’a pas avantagé. Il lui tarde d'en avoir une de plus, espérant que ce sera mieux.

     Alix, naïf, en les voyant revenir, se dit qu'ils se sont bien amusés. Il ne comprend pas encore comment, mais il a hâte que ce soit son tour.  Il sait qu'il va bien se marrer !
     S'ensuit le souper. Manon est bien lente pour les servir, elle a l'air épuisée !
     Puis chacun s'en retourne à sa couche. Les jumelles sont déjà rentrées chez elles, et Dillon, après l'avoir aidé à débarrasser la table, raccompagne Manon doucement. Ils s'échangent un sourire complice.

 

Apprentissage


    Tout le monde est debout alors que la cloche sonne 8 heures. La douche du matin réveille les plus somnolents.

      Manon, qui maintenant intègre le groupe, prépare le petit déjeuner, nue. C'est Esther, mon épouse, qui la remplace à l’auberge pour préparer les repas.  Manon a donc aussi ses quartiers dans l’école. En se remémorant le « cours » d'hier soir, elle sourit à Dillon qui apparaît. Mais Dillon sait qu’il ne doit pas penser à cela...  Son organe dévoilerait une pensée bien trop ostentatoire !

      Tous déjeunent de bon appétit. Les denrées et boissons chaudes préparées par Child sont appréciées. Tandis que Manon débarrasse, Jacou prépare le programme de la journée.

      Il décide de continuer l’apprentissage de l’écriture et de la lecture. Les futurs soldats du roi se doivent de maîtriser cette discipline, comme les autres.  Plus tard dans la matinée, il dispensera des notions d’anatomie, sur le fonctionnement du corps humain dans son ensemble, sans s’attarder sur le côté sexuel, dont le programme est prévu comme tous les jours après la sudation. Il replace donc les garçons en tablées comme la veille, veillant au bon déroulement de leur apprentissage.

      Manon, qui est lettrée elle-même, assiste Jacou pour enseigner les plus jeunes, Xavier et Alix. Alix est intrigué par les formes de Manon.  Il a envie de la toucher, de jouer avec ses seins qui le frôlent quand elle se penche sur lui pour lui expliquer tel mot ou telle règle. Manon lui promet donc que ce soir, après la sudation, elle lui permettra de jouer avec son corps, ce qui réjouit Alix, tout content de l’aubaine.

     Xavier aussi voudrait palper ces seins qu’on dit suggestifs, aux dire de certains clients de l’auberge de Laudrefang. Il y entendait des commentaires sur la serveuse, Ingrid Leskigson, une grande rousse arrivée dans le village il y a quelques années. Ingrid Leskigson est d’origine viking.
C’est une rousse bâtie comme un homme, très grande, 6 pieds 5 pouces, une voix autoritaire, bien musclée, sa poitrine en avant dans un corset qui cache comme il peut des seins proéminents, terminés par de gros tétons qui se devinent sous le tissu.  Les clients sont ravis de cette serveuse, dont l’arrière-train aussi, bien rebondi, en laisse rêveur plus d’un. Chacun se demande si son pubis est aussi roux... Les fantasmes vont bon train ! Elle est toujours le sujet de commentaires, que Xavier enregistre chaque jour. Il a hâte de passer à la pratique de la chose.

      Hugues et Charles, dans un mode opératoire qu’ils ont acquis par l’enseignement de Carole de Saint-Saëns, la mère de Hugues, progressent vite, lisent très bien et écrivent déjà correctement. Pour le plus grand plaisir de Jacou, qui pourra se faire seconder par moment sur des points de difficultés lors de la classe.

     Achille est un bon pédagogue. Ses élèves Armand et Gabin apprennent bien.  Mais il est étonné par les petites attentions qu’ils ont l’un envers l’autre, ne comprenant pas qu’on puisse avoir plaisir à se toucher. Dillon, qui a déjà bien enseigné François et le Borgne, passe du temps avec Joseph, avide d’apprendre. Il progresse rapidement.

     Après une pause, pendant laquelle Manon commence à préparer le repas de ce midi, Jacou commence son enseignement du corps humain, des différents organes, de leur rôle dans le fonctionnement de la machine humaine, et aussi de leur fragilité et des protections nécessaires lors des combats.

      Le crâne est étudié plus précisément. Il contient à lui seul les sens de la vision, de l’ouïe, de l’odorat, du goût. En sus, il abrite la conscience, la connaissance, l’esprit, et la plupart des qualités que l’on peut attribuer à un homme.

      Manon est de retour. Jacou détaille aussi les différences entre hommes et femmes.  Ils sont en grande partie identiques intérieurement et extérieurement, hormis les seins et le sexe, spécifiques à chaque genre.

     Il prend donc Manon et Dillon, pour expliquer ces différences. Ils insistent bien sur le fait que la taille de ces organes externes puisse varier dans de grandes proportions, sans entacher leur fonctionnement.

      Hugues est dubitatif. Voyant le sexe de Dillon, il ne pense pas que le sien, tout petit, puisse remplir le même rôle. Jacou lui affirme que si. 

     « Ces organes sexuels sont prévus pour la procréation, pour perpétuer l’espèce humaine, et toi aussi tu pourras sans problème le faire ».

      Achille comprend que c’est à cause des différences extérieures que les femmes sont, d’après les moines qui l’on élevé, des créatures du diable. Mais il ne sait pas encore pourquoi. Jacou explique donc, que pour donner un attrait à cette procréation, les humains éprouvent un grand plaisir à s’accoupler, ce qui est un gage de perpétuation.  Achille se demande pourquoi on lui a enseigné cela, et Jacou lui explique que ces plaisirs génèrent beaucoup de tentations, auxquelles bien souvent les hommes ne savent pas résister. C’est aussi pour éduquer les garçons à cette résistance à la tentation que tous les cours se font nu.

     Il explique aussi, dans la foulée, les résultats de cet accouplement.  Si les conditions de fécondité sont réunies, après une gestation de neuf mois qu’on appelle grossesse, cela donne naissance à un nouvel être humain, mâle ou femelle. Jacou possède une potion qui empêche l’ovulation, ce qui permet des rapports sans risque de grossesse. Il en donnera régulièrement aux filles.

      Mais il est l’heure de déjeuner. On pose un linge propre sur chaque banc, pour garantir l’hygiène du corps. Chacun est servi copieusement, avec des ingrédients choisis avec Child. Ils contiennent beaucoup de ce que Jacou appelle des protéines, pour renforcer le corps et l’esprit.

      Puis c’est le petit parcours digestif dans l’enceinte, malgré la pluie qui commence à tomber. Et le retour au chaud.  Et après une douche chaude, la sieste, ou du moins le repos, pour lequel la pénombre et le silence sont de mise.
      Après la sieste, tous se retrouvent dans la grande salle pour les exercices à l’épée. Impossible aujourd'hui de les faire en extérieur, vu le temps exécrable, avec la pluie qui redouble et le vent qui s’est levé.

      La séance du jour sera consacrée au corps à corps, à l’esquive et à l’attaque. Dillon organise donc des duels. Et les garçons se donnent à fond, à taper, éviter, croiser, dans un bruit de lames entrechoquées, avec leur pagne pour seule protection. Pour apprendre à gérer les coups adverses, les prochains combats seront sécurisés.

     Chaque garçon portera un heaume. À terme, chacun devra essayer de terrasser l’autre, voire plusieurs autres, mais dans des conditions de protection renforcées. Et les croisements de fer durent un temps. Le Borgne, un moment inattentif, a pris un coup sur l’épaule, entaillée légèrement. Jacou l’a immédiatement soigné, une feuille de cicatrisante, la plante qui pousse dans la grotte des leevancliffus à crètes, avec la trémulonde, mais il faudra quelques jours pour que son épaule revienne à la normale.

     Tous alors se rendent compte de l'importance de la concentration, de la nécessité d'une attention de tous les instants. Leurs esprits doivent constamment être sur le qui-vive, afin de parer toute attaque. La blessure du Borgne fait montre d’exemple, et aucun autre blessé ne sera à déplorer.

     Après ces efforts physiques et ces concentrations extrêmes, une bonne douche fait du bien à tout le monde, et la sudation apporte un soulagement aux membres endoloris par les coups d’épées entrechoquées. Une douche froide à la sortie rétablit la circulation sanguine, puis c'est un séchage vigoureux.

      Les massages s’ensuivent. Les jumelles sont là, et assistées de Manon, s’occupent de décongestionner ces corps. C'est Jacou qui s’occupe d’Achille. Bien qu’il progresse, Achille a encore du mal à accepter qu’une femme le masse. Puis, tout en buvant pour s’hydrater des boissons sans alcool préparées par les filles, les garçons se relaxent et s’occupent calmement, jouant à des jeux, ou lisant, pour les plus avancés. Et on attend le tirage au sort des heureux garçons choisis ce soir.

      Manon va s’occuper d’Alix, elle le lui a promis.  Il est tout gaillard de savoir enfin ce qui va se passer. Mariette invite Xavier, et Marianne convie Hugues. Les six jeunes s’en vont donc vers les chambres du fond. Ce qui va se passer, certains le savent déjà !

 

      Après des ébats qui ont réjoui trois des garçons, Manon les invite tous à passer à table. Certains sont affamés et déshydratés, tant ils se sont donnés à fond dans leurs ébats. Tout le monde mange de bon appétit. Mariette et Marianne participent au repas, ainsi que Jacou, Dillon, et Anatole.

     Après avoir pris congé, les garçons vont s’allonger sur leur couche, tandis que les filles débarrassent la table, elles se racontent les prouesses de chacune ce soir, et en rient de bon cœur.

       Les deux maîtres écoutent ces récits, contents. Les garçons seront bientôt tous des hommes. Jacou sait qu’il a raison de les former de cette manière, la plus rapide et la plus efficace pour en faire de vrais soldats.

     Quant aux trois filles ; elles trouvent vraiment plaisant d’être au service des garçons dans cette école. Elles remercient Jacou et Dillon de les avoir intégrées. Puis chacun regagne sa demeure. Les garçons s’auto disciplinent d’eux-mêmes. Ils se couchent pour être en possession de tous leurs moyens physiques et intellectuels le lendemain.

Réalités

 

      Dès le lever, une bonne douche est de mise !  Les garçons sont maintenant à l’aise avec la nudité. Certains complexes se sont estompés. Hugues a pris confiance en lui, et assimile d’autant mieux les enseignements donnés.

     Le Borgne a mal dormi, sa blessure à l'épaule le titille.  Mais Jacou s’en est occupé après la douche. La plaie est cicatrisée, des onguents calmant la douleur ont tôt fait revenir sa bonne humeur.

    Alix est tout fou.  Sa leçon privée avec Manon lui a ouvert l’esprit.  Bien qu’en la voyant ce matin au petit déjeuner, des pensées aient envahi son corps, surtout son bas-ventre ! Jacou lui demande donc de se calmer. Le fort d’un homme, d’un vrai, lui dit-il, est de savoir contrôler ses pulsions. Et il le fait se concentrer sur l’écriture, pour mieux orienter sa pensée, et faire descendre son ardeur.

     Les garçons sont studieux. Certains, en difficulté sur des règles de grammaire, sont aidés par ceux qui maîtrisent le sujet. Une solidarité s’installe au sein du groupe, et Jacou est satisfait des progrès de chacun ! Avec l’aide d’Achille, il initie les jeunes à l’astronomie, écartant d’emblée les sciences occultes.

      Les diseurs de bonne aventure et autres devins et astrologues n’ont pas voix au chapitre. À contre-courant des idées largement répandues qui disent que la Terre est plate et qu’elle est le centre de l’univers, Jacou affirme que nous vivons sur une boule, et que c’est elle qui tourne autour du soleil. Ses voyages avec son Maitre Sirius, sur Terre et avec les Xantarèsiens dans l’espace intersidéral l’on déjà prouvé. Le soleil est une boule de feu, et non un disque comme le veut la croyance populaire. Selon lui, Dieu ne participe pas à cela. Jacou essaye d’inculquer aux garçons l’immensité physique de l’Univers, et l’existence des Forces Cosmiques, qui décident de tout ce qui se passe dans l’Univers, alors que Dieu doit s’occuper des âmes des Terriens.

      Telle est sa vision, qui a déjà été taxée de vision du diable. Ce qui fait de lui, aux yeux de certains, un sorcier maléfique.  Notamment aux yeux des hommes de religion, tels les moines ayant éduqué Achille.

      Achille, lui, est plutôt de l’avis de Jacou.  Des observations nocturnes de la voûte céleste l’ont déjà convaincu que ses précepteurs avaient une vision très étriquée et réductrice de l’Univers.  Mais il n'avait pas pour autant osé les contredire, par crainte de brimades et autres châtiments corporels s'il avait exprimé son désaccord.

     Très curieux, il questionne Jacou sur ces sujets, faisant par-là bénéficier le reste de la classe des explications du professeur. Sur ces bases de planète en révolution autour d’un astre, Jacou leur explique le rythme des saisons. Les garçons écoutent, étonnés par ce qu’ils entendent, et posent moult questions sur les saisons, la nature, le climat, en apprenant à chaque instant quelque chose qui les épate.

      Il leur explique aussi que ces connaissances qu’ils acquièrent sont par les temps qui courent considérées comme des infamies, des blasphèmes. Les garçons doivent rester prudents et humbles devant les autres, au risque de se voir rejetés, ou même éliminés par ceux qui veulent que le monde soit régi selon leurs préceptes.

    La matinée s’achève.  Manon a dressé la table. Marianne et Mariette participent au repas. Cet après-midi, elles assisteront Émile Pferd, qui enseignera l’équitation aux garçons. Bonnes cavalières, elles lui seront d’un grand secours auprès des dix jeunes. Dehors, le printemps est revenu. Un grand soleil augure d’un après-midi agréable, avec les chevaux qu’Émile emmènera.

      Après le repas, et la traditionnelle trotte, les garçons font la sieste, dans la pénombre. Marianne et Mariette ont une autre idée. Elles invitent Jacou à passer un agréable moment avec elles.

 

     De retour avec les frangins, les jumelles, voyant que Manon n’est pas revenue, préparent le repas du soir, dressent la table afin que tous s’installent sans tarder.  

     Manon arrive en compagnie d’Achille. Il est rayonnant, un large sourire emplit son visage, et tous comprennent que ce n’est plus le garçon bloqué par son instruction religieuse, mais bien le compagnon de tous.

      Manon remercie vivement les frangines, qui la remercient à leur tour. Cette transformation d’Achille est une prouesse ! Jacou aussi la félicite, et Achille, se levant, la remercie à haute voix de lui avoir montré la voie, celle de la vraie vie, sous les applaudissements de toute la tablée.

  Après le repas, chacun veut parler avec Achille, savoir ce qu’il ressent. Mais Jacou les calme, leur disant que demain soir, ils feront un exposé chacun, sur leurs expériences avec les filles.  Et ils gagnent leurs couches, sereins, en sachant tous que maintenant, le groupe est solide, sans discrimination.

 

Projets

 

     Georges Hair est là, dès huit heures sonnantes, dans son atelier de coiffure. Anatole vient se faire tailler les cheveux.

     Après la douche et le petit déjeuner, les garçons s’installent à leurs tables respectives, et les leçons de Langue reprennent. Après un moment studieux s’il en est, Jacou leur suggère de passer aux mathématiques.

     Tous ne savent pas compter et les plus instruits aident les novices dans cette tâche. Étudiant sans relâche, ils ressentent au bout d’un moment une fatigue intellectuelle, et Jacou décide d’arrêter là les études pour ce matin.  

     Le soleil chauffe bien, il leur propose de prendre un bain de soleil, tranquilles devant le bâtiment, jusqu’à l’heure du repas. Arrivant avec les préparations de Berthe et d'Esther que Child a livrées pour le repas, Manon sourit en les voyant prendre le soleil, allongés, les jambes écartées, en toute impudeur, le soleil leur chauffant agréablement les testicules.  

     Je rejoins Jacou et Anatole et me mets nu tel que l’exige la règle pour tout le monde dans l’enceinte. Âgé de trente ans, je mesure six pieds deux pouces, les cheveux noirs, un corps musclé, un petit ventre rond. Sous la toison noire fournie, un membre de cinq pouces entre deux testicules pendants.

     Nous sommes en train de parler de cette vapeur qui promet des progrès dans notre vie quotidienne, nous réfléchissons aux machines que l’on pourrait construire pour se faciliter la vie.

      Michel Wald arrive, et doit se déshabiller. Grand, six pieds deux pouces, les cheveux courts qui commencent à passer du noir au poivre, les yeux verts, il est large d’épaule, des gros bras musclés, des mains gigantesques, et des pectoraux puissants. Son ventre est sculpté comme celui d'un dieu grec. Une grosse toison encore noire malgré ses quarante cinq ans orne son bas ventre, au-dessus de son membre de sept pouces.

     Anatole vante la machine à laver, qu’il a expérimentée ce matin avec les cousines. L’heure du repas approche. Tout le monde va prendre une douche.  le soleil, ça fait transpirer ! Et la table est dressée par Manon et les cousines qui lui donnent un coup de main. Michel et moi sommes invités au repas. Tout le monde mange de bon appétit.

      Michel et moi prenons congé, et après le petit tour digestif où participent Josiane et Joëlle, riantes, l’heure de la sieste est arrivée. Après la sieste, Child est arrivé avec ses arcs, et se met nu.

     Child est un homme petit, un peu grassouillet, mais très musclé ! Il a pris un peu d’embonpoint depuis sa période où il était aide de camp du roi Pepin. Il a quarante six ans. Il ne mesure que cinq pieds cinq pouces, il a peu de cheveux bruns qui entourent son crâne chauve sur le dessus, des pectoraux puissants, des gros bras robustes, un petit bidon et une toison éparse. Il est équipé d’un pénis de sept pouces et de petites bourses dissimulées derrière. Il a des cuisses bien musclées surmontées par un petit fessier très ferme, des gros mollets et des petits pieds.

     « Nous nous exerçons au tir sur cibles, plus ou moins distantes selon les progrès de chacun. » dit-il. Le Borgne, qui ne peut pas encore utiliser son bras, est de corvée de ramassage des flèches. Avec un protocole bien établi pour éviter tout accident : tous les arcs restent au sol jusqu’à ce qu’il revienne, et c’est lui qui décide de quand les ramasser. Ainsi tout risque d’une flèche égarée est exclu.

      L’après-midi se déroule ainsi, sous le soleil brillant, puis c’est le passage aux douches et la salle de sudation. Pendant que les garçons transpirent, Jacou leur explique le déroulement de la soirée, avant le repas : chacun racontera son ressenti sur cette première semaine d’école, et pourra détailler les bienfaits qu’ils ont reçus des enseignements, y compris ceux que les filles leur ont prodigués.

      Après la sudation, la douche, l’heure du massage que chacun apprécie arrive. Les cousines, reportant à plus tard leur besogne de nettoyage, prennent part aux massages, et Jacou, Dillon, Marianne, Mariette, Manon, Josiane et Josette s’en donnent à cœur joie sur les corps des garçons dans un état de quiétude général.  Anatole est là aussi, les récits des jeunes l’intéresse. Jacou invite donc les garçons, chacun à leur tour à parler. On commence par le plus jeune, Alix.

Les témoignages

    

Alix Holz

 

      Il apprécie vraiment cette vie, qui l’a fait sortir de l’enfance. Il remercie Jacou pour son enseignement, il sait presque lire maintenant ! Puis il raconte ce que Manon lui a fait, tout ce qu’elle lui a appris, sa jouissance colossale, et ce qu’il a fait à Manon, comment il l’a emmené à l’orgasme.

     Son récit lui provoque une érection dont il voudrait bien profiter maintenant ! Mais il doit se calmer, et l’enseignement de Jacou l’aide dans ce sens. Il espère néanmoins que d’autres rendez-vous privés lui seront accordés !

 

Xavier Stamm

 

     Xavier lui aussi sait presque lire maintenant, et s’amuse avec Alix de jeux de mots qui les enrichissent tous les deux, dit-il. Puis il raconte comment il est devenu un homme, avec Mariette qui lui a tout expliqué !

 

Charles Kauf

 

      Charles prend la parole. Il remercie d’abord Carole de Saint-Saëns, la mère de Hugues, pour l’enseignement qu’il a reçu d’elle. Il est heureux que, grâce à ces connaissances, il puisse aider les autres dans leur progression.

      Il raconte ensuite sa mauvaise expérience avec Nadège Schaff, la sœur de Hugues, au grand étonnement de celui-ci, qui n’en avait pas eu vent. Mais Mariette lui a déjà donné confiance en lui par les explications sur le corps des femmes, des vierges. Il est ravi du plaisir intense qu’il lui a procuré!

 

Achille Gouvy

 

      Narrant son enfance au sein de la communauté de moines de Hombourg, il raconte les brimades qu’il subissait dès qu’il touchait son corps, et la vie qui ne lui souriait pas, se voyant la finir comme les moines, en prières enfermé dans le monastère.

      Il remercie vivement Jacou et Dillon de l’avoir extirpé de là, les moines ne voulant pas le libérer. Et c’est sous une menace de répression du roi Charles qu’ils ont cédé, le laissant partir rejoindre Durandalem et l’école de Dillon.  

     Il reconnaît néanmoins que son érudition vient de leur enseignement, et il est heureux que celle-ci puisse lui servir au sein de l’école. Il remercie encore Jacou pour ses massages, et les deux garçons qu’il instruit, Armand et Gabin, pour leurs explications sur le corps, qu’il avait néanmoins du mal à assimiler.

     Puis il parle de Manon, un ange qui lui a ouvert l’esprit et le corps, ses massages doux et affectueux l’ont mis en confiance, et l’approche de Manon sur ses attributs l’a emmené là où il ne savait même pas que cela puisse exister !  

   

Armand Capes

 

      Armand parle de son enfance sur les marchés de la région, et de sa rencontre avec Gabin, de ses premiers émois, et de la séance dans l’étang, où il a découvert qu’il aime les garçons. Il raconte aussi comment ils ont fait l’amour au pied du grand chêne.

      Il remercie Achille, un excellent professeur, qui sait trouver les mots pour faire assimiler rapidement ses connaissances. Puis il raconte comment les jumelles se sont occupées de lui et de Gabin, et comment les deux garçons ont découvert le corps des femmes, et des jouissances que lui et son amant ont pu en tirer, et comment ils ont fait jouir les filles.

     C’était fantastique, dit-il. Gabin acquiesce dans son coin.

 

 

Le Borgne Bauer

 

      Le borgne raconte son enfance qui a mal tourné, l’accident qui a tué sa mère, et handicapé gravement son père, et son œil qu’il a perdu ce jour-là dans l’éboulement de la carrière.

      Il remercie le Fernand Bauer de l’avoir adopté, et de lui avoir donné une éducation pareille à celle de son propre fils, François. Puis vient sa découverte du corps, du sien en même temps que celui de François.

     Et, sans tabou, il raconte ses attouchements, ses rapports sexuels avec François, qui hoche de la tête, et enfin de sa rencontre avec Dillon dans la grande forge.

     Il le remercie aussi pour la qualité de son enseignement. Les années passées à Mettis avec Jean d’Ortega ont vraiment fait de Dillon un érudit complet.

     Mais le meilleur, c’était avec Marianne et Mariette, qui leur ont donné tellement de plaisir !

Il remercie grandement les jumelles qui, souriantes, entendent avec un plaisir non dissimulé ces compliments !

 

 

François Bauer

 

      François prend la parole. Il est heureux d’avoir un frère comme le Borgne et, bien qu’il s’occupe de ventes avec son père sur les marchés et ne soit donc pas en permanence avec lui, il ne tarit pas d’éloges à son sujet, toujours aussi heureux de partager sa couche, et éprouvant toujours autant de plaisir lors de leurs rapports intimes.

      Il confirme que leurs rapports avec Dillon étaient fantastiques !

     Il remercie les jumelles pour leur application sur lui et le Borgne, sa découverte du sexe féminin, et du plaisir partagé, bien belle chose qu’il n’ignorera plus jamais !

 

 

Gabin Fleich

 

     Gabin, lui, raconte sa vie à Naborum, dans la boucherie paternelle, et évidemment sa rencontre avec Armand au lac d’Oderfang, qui lui a montré la voie de l’amour et du sexe.

     Il se remémore la soirée extraordinaire avec Mariette et Marianne, et sa découverte de l’autre sexe, tout aussi séduisant que celui de son amant Armand.

 

Hugues Schaff

 

      Hugues, lui le timide dont tout le monde se moquait, s’était réfugié dans les études et avait acquis avec l’enseignement de sa mère Carole de Saint-Saëns, un solide bagage culturel.

     Mais il s’est endurci, l’image est juste, en compagnie de Marianne. Il a réussi à lui donner beaucoup de plaisir, qu’elle lui a rendu abondamment !

 

 

Joseph Brett

 

      Joseph, enfin avait un gros complexe. Pourvu d’un seul testicule, il n’avait pas beaucoup d’expérience en ce domaine.

     Mais Marianne lui a montré, avec douceur d’abord, puis avec vigueur, qu’il pouvait donner beaucoup de plaisir, et en recevoir, pour la plus grande joie de Joseph qui n’a plus qu’une envie, c’est de recommencer !

 

Dillon d’Ortega

 

    Après avoir raconté son enfance, l’attaque meurtrière dont ses parents ont été victimes, et Jacou qui l’a récupéré blessé, puis son adoption et son départ pour Mettis sous la protection de Jean d’Ortega, il parle de son retour, et de l’école d’armes qu’il a ouverte à côté de l’auberge.

      Dillon, qui n’est pas un novice en la matière, remercie vivement Marianne, Mariette et Manon pour le travail qu’elles ont fourni cette semaine, et le don qu'elles ont fait de leurs corps pour initier la plupart des garçons aux plaisir de l’amour. Il remercie en particulier Manon pour son écoute attentive lors de son cours particulier.

     Manon pousse un long soupir de plaisir à ce souvenir.

     Tous les garçons ayant pris la parole, l’heure du souper est arrivée. La nuit commence à tomber, et Anatole allume les chandeliers. 

      Les denrées déposées par Child sont en bas, et tous dressent la table, affamés par cette séance quelque peu émouvante. Pendant le repas, Jacou demande aux filles, que les garçons ont encensées dans leurs récits, de leur donner leur ressenti.

 

Marianne et Mariette Wald, et Manon Germain

 

      Outre le fait que leurs massages soient une nécessité et aussi un bienfait tout autant qu’une nourriture saine et abondante, elles expriment toutes les trois l’importance de leur mission : contribuer à faire des garçons de vrais soldats.

      Elles jubilent en parlant des plaisirs immenses qu’elles ont eus, et du bonheur de faire du bien aux garçons.

      Elles expriment enfin, sans honte et sans gêne, le désir ardant de goûter à tous les garçons, ce qui génère chez eux la plus grande joie et une excitation joviale.

      Jacou décide que demain, plutôt qu'à l’apprentissage du métier de soldat, l’après-midi sera consacré aux plaisirs en groupe, et fera participer tous les garçons à une orgie digne des Romains ici-même, en compagnie des filles si elles le veulent bien.  

     Bien sûr, tous les garçons sont enthousiasmés par cette idée.  Marianne et Mariette sont bien sûr partantes, elles adorent le sexe. Manon aussi est chaude à l’idée de passer d’un garçon à un autre. Les cousines, Josette et Josiane, émoustillées par les récits des garçons, se joindront avec envie aux festivités !

     Dillon se propose d’initier ceux qui le désireront aux plaisirs entre garçons, certains ayant été intrigués et intéressés par les récits des couples de garçons.

     Anatole, que les récits ont ému, propose, afin d’y participer lui aussi, de faire venir deux copines à lui de Laudrefang. Ingrid Leskigson, la serveuse de l’auberge, avec qui il a déjà eu des rapports des plus agréables, et Chantal Iser l’herboriste, la sœur de Léon le forgeron.  Chantal adore les filles, surtout Ingrid, mais ne dédaigne pas les garçons si le plaisir est au rendez-vous. 

      Et après avoir bien mangé, tous débarrassent la table, Manon va aider les cousines à nettoyer les douches et la salle de sudation.  Anatole s’en va s’occuper des chaudières. Les jumelles, après avoir débarrassé, rentrent chez elles, accompagnées par Dillon.         

Le jour de l’orgie

 


      Tout le monde est debout. Chacun a en tête la soirée à venir, et tous se réjouissent de cette idée de Jacou de les réunir pour les plaisirs de la chair.
     Mais pour l’heure, après le petit déjeuner préparé et servi par Manon, tous se retrouvent en classe.
      Aujourd’hui, ils abordent le sujet de l’Histoire, celle du pays et celle du Monde.
     Jacou leur explique ce qu’il sait de l’Homme, comment il a évolué depuis la nuit des temps, en faisant remarquer que ce sont toujours les guerres et les batailles qui ont marqué l’Histoire, et que ce sont toujours les vainqueurs de ces batailles qui les racontent.

      Il raconte les temps sombres, où l’Homme a évolué sans cesse, d’abord nomade. Puis, découvrant la maîtrise du feu, de l’écriture, de l’agriculture et de l’élevage, il s’est sédentarisé, revendiquant des territoires qu’il occupait.
     La civilisation grecque apporte d’énormes connaissances dans tous les domaines, la navigation pousse toujours plus loin les limites du monde. Il y eut les Étrusques, puis les Romains, mais aussi les Germains, les Slaves, les Angles, les Bretons.
      Il entre dans le détail des batailles récentes, des rois qui ont régné. Il évoque les conquêtes des Romains, fondateurs d'un empire qui s’étendait sur tout la surface du monde, enfin du monde connu de tous, puis la déchéance de cet empire, notamment dû à un mode de vie de plus en plus marqué par la débauche, la luxure et les orgies…
     Les rivalités des Gaulois, la venue des Francs, l’avènement de Clovis, et de Charles Martel, le grand père de Charles, la bataille de Poitiers, où il a repoussé l’armée arabe jusqu’au-delà des Pyrénées, ses parents y étaient en tant que médecins…

     Ses parents, Joseph et Adélaïde Artz,  étaient mandés par Charles Martel pour soigner les blessés lors de cette glorieuse bataille. C’est cette année-là, en 732, qu’il a rencontré Sirius qui deviendra son maître, et Clément Sandre, qui était à l’époque soldat de l’armée de Charles Martel. Et c’est aussi le premier voyage en mer jusque chez les Mayas.

     Il narre ensuite le fils de Charles Martel, Pepin, pour lequel lui, Jacou s’est engagé comme archer, avec Jean d’Ortega, le père adoptif de Dillon, et Clément Sandre, son ami du Blauersland, et où il a fait la connaissance de Child, aide de camp du roi à Pepin l’époque.

     Il raconte la bataille de Lugdon, où munis d’armes secrètes, ils ont repoussé les Lombards, pourtant plus nombreux qu’eux !

     « Vous en saurez plus, sur ces armes secrètes, dont vous bénéficierez aussi ! »

 Il continue son exposé. Le roi Pepin, partageant le pouvoir laissé par son père, a ensuite régné en monarque absolu, en essayant de faire régner l’ordre et la paix sur le royaume… Il parle du  pape, et de l’Église qui tenait une grande part dans la conquête des territoires... Jusqu’à Charles, qui guerroie en ce moment au Sud-Est du royaume, contre les Lombards.

      Les garçons savent qu’ils sont voués à entrer au service de Charles, et qu’ils doivent pour cela maîtriser l’art de la guerre. Les explications vont bon train. Dillon a quelques connaissances qu’il partage. Achille connaît bien les rouages du clergé, et explique le pouvoir divin.

       Les garçons sont attentifs, enregistrant tout cela, ou questionnant sur des sujets incompris, toujours éclairés par Jacou, grand érudit.

     Pendant ce temps, Manon est de retour pour dresser la table : il va être l’heure de manger.  Après le repas et la balade quotidienne, une sieste est nécessaire pour reposer les esprits, et pour reprendre des forces qui vont être nécessaires en soirée. Une soirée que l'on prépare après la sieste…

 

   On se souviendra longtemps de cette soirée, comme personne, à part Jacou, de tous les participants n’en n’ont jamais fait ! Jacou annonce que demain, c’est grasse matinée, y compris pour les filles, et que tout cela sera l’exercice de la fin de matinée pour toutes et tous : rangement et nettoyage général !

      Les cousines invitent les jumelles à dormir dans leurs appartement, Dillon dormira avec les garçons dans le dortoir, Jacou et Manon dormiront dans son cabinet de soins, et Anatole a un grand lit près de la chaudière, ou il invite ses deux copines pour la nuit.

      Et tout le monde va se coucher.

 

Le lendemain

 

     Anatole, après s’être occupé des chaudières, raccompagne ses copines chez elles, à Laudrefang. Elles peuvent revenir quand elles le veulent. Ayant fait forte impression sur les garçons, elles seront toujours les bienvenues.

      Les garçons se lèvent, un à un, sans précipitation. Jacou a décrété la grasse matinée, après la folle soirée d’hier. Les cousines Josiane et Josette sont déjà à l’œuvre, ramassant les coussins et autres linges souillés par leurs liquides divers, un gros travail de lavage est nécessaire pour nettoyer tout cela ! Mariette et Marianne ont dormi sur place.

      Une fois que tous sont levés et douchés, elles s’attaquent au nettoyage des douches, lieux de quelques ébats également, ainsi que de la grande salle, qui a besoin elle aussi d’un nettoyage sérieux.

      Manon prépare le repas. La table est dressée. Comme on a sauté le repas d'hier soir, tout le monde a très faim. Ils mangent beaucoup et, de ce fait se sentant un peu lourds, vont trotter un peu avant de faire une sieste digestive.

     Après la sieste, Jacou entreprend une séance de musculation. Cela se passe dehors. Les garçons font des pompes, soulèvent des charges, tirant sur leurs muscles, Jacou leur inculque les rudiments de la lutte au corps à corps, où il s’agit de maîtriser son adversaire, sans le blesser.
      Pendant ce temps, les cousines terminent la confection d’habits, qui serviront le lendemain.
      Quelques garçons s’adonnent au contact. Alix défie Xavier. Armand et Gabin, qui se connaissent bien, se préparent à lutter. Joseph se mesure à Achille, et sous la surveillance de Dillon, ils entreprennent une lutte.

      On explique quelques prises douloureuses. Les dangers de fractures, entre autres, sont mis en avant. Les exercices durent l’après-midi, jusqu’à la suspension des activités pour cette journée. Ils rentrent donc au centre, puis c’est l’heure d’une bonne sudation et du repos dans le bain de kaolin. Anatole a veillé à ce qu’il soit bien chaud.

     Puis ce sont des massages, que chacun ressent comme un bienfait nécessaire au corps. Quand Jacou, les jumelles et Manon œuvrent sur leurs corps, certains ne peuvent s’empêcher d’avoir une réaction en pensant à la dernière soirée. Mais ils n’auront rien de plus ce soir !

       Jacou explique qu’ils doivent arriver à se contenir, à contrôler leurs pulsions. C’est une étape importante dans leur formation, ils ne doivent pas voir les filles nues comme des promesses de plaisirs sexuels, mais comme des professionnelles qui travaillent pour leur santé !

     L’exercice de la veille était un test pour la maîtrise d’eux-mêmes. Ils doivent parvenir à faire abstraction de la nudité. Ils sont là pour apprendre à être des soldats - les meilleurs, promet Jacou !

     Dorénavant, chacun durant son quartier libre pourra s’il le souhaite solliciter un rapport, mais personne ne pourra être obligé. Chacun ou chacune est libre de disposer de son corps, mais en aucune façon ne pourra exercer une quelconque pression pour arriver à obtenir ce qu’il désire.

      Cela est aussi valable pour les filles, qui doivent faire montre de retenue en présence des garçons. Ce n’est qu’à ces conditions que l’apprentissage pourra continuer, en bonne intelligibilité.

     Jacou rappelle aussi que l’acte sexuel est une fatigue pour le corps, et qu’il lui faut nécessairement des périodes de repos, sous peine de faire apparaître des carences.  Carences nuisibles, voire dangereuses, pour les exercices physiques destinés à former les garçons.

     Après la détente, l’heure du repas du soir est arrivée. Manon a comme à son habitude dressé la table, et chacun se délecte des plats préparés pour eux par Child, Berthe et Esther. 

      Puis, fatigués, repus, et ayant encore à récupérer des ébats de la veille, tous vont se coucher. pour une nuit paisible. Et pour qu'elle le soit, Jacou leur a préparé une potion calmante leur assurant un excellent repos.

Le pouvoir de communiquer mentalement

 

  • Les garçons

 

     Ce matin, Jacou, Dillon et les garçons, après avoir pris leur petit déjeuner, descendent à la buanderie, où les attendent Josette et Josiane. Elles apportent, pour les maîtres et les garçons, des habits lourds, tous identiques, qu’ils doivent enfiler, ainsi que des chausses hautes à mettre aux pieds. Ils doivent aussi chacun se munir d’un sac en toile épaisse…

      Ils vont sortir de l’enceinte, pour la première fois depuis huit jours. Ils ne peuvent le faire nus. Tous s’équipent. Les habits épais semblent pouvoir résister à la déchirure.

      Jacou veut leur enseigner... rien de moins que la manière de communiquer par la pensée ! Une des fameuses armes secrètes dont il a parlé la veille en cours d’histoire ! Pour cela, après s’être tous munis d’une épée, ils sortent de l’enceinte. Georges arrive pour sa permanence du samedi. Il s’occupera des filles.

     La troupe gravit la colline qui sépare Durandalem de l’abbaye des Glandières.  Sur le côté Nord, à flanc de colline, parmi les broussailles, se devine l'entrée d’une caverne.

     Quand le groupe s’en approche, à l’étonnement général, les broussailles se mettent à trembler ! Jacou explique que ceci est un phénomène naturel : ces broussailles-là, appelées les trémulondes, sont sensibles aux ondes que dégage le corps humain sous forme de chaleur, même à travers les vêtements. 

     Cette chaleur, que Jacou nomme rayons de pensée, permet à ceux qui la maîtrisent de communiquer entre eux à distance, par la pensée.

     Les trémulondes contiennent une substance qui, si elle est recueillie dans le noir et préparée selon une méthode connue de Jacou, et absorbée, permet de parler dans la tête et d'écouter ceux qui l’ingèrent.  Mais pour cela, il faut pénétrer dans la caverne, où la nuit règne, pour cueillir les trémulondes et les préparer. 

     Jacou avertit les jeunes :

     « L'opération sera dangereuse, car des créatures rampantes, les leevancliffus à crète ont une queue acérée, ils vivent dans cette caverne et peuvent blesser. Leur queue est munie de piquants acérés comme des épées, qui peuvent entailler les chairs. Vous devez donc pénétrer dans la caverne, vous habituer à l’obscurité et guetter les bruits venant du sol. De vos épées, vous devez écarter doucement les reptiles, qui n’aiment pas le contact du métal de la lame, et surtout ne pas les toucher de vos mains, leur contact étant très urticant. Vous devez chercher à tâtons ces herbes qui poussent sur les parois de la caverne, les cueillir et les enfouir dans vos sacs, afin qu’elles ne soient jamais exposées à la lumière.

     Mais attention ! leur explique Jacou, chacun ne doit toucher que les herbes qu'il mettra dans son propre sac. C'est le contact de vos propres mains qui conditionnera la réussite de l’expérience. »

      Ils ne comprennent pas très bien. Mais, s’organisant en groupes de trois, ils s'aventurent plus avant dans la caverne. Une odeur de champignon et d’humidité leur titille le nez.

      A tâtons, ils s’avancent, serrés l’un contre l’autre. Et tandis que deux d'entre eux balaient le sol de leur épée, le troisième cherche la plante et la cueille pour l’enfouir dans son sac.  Ils sentent bien les coups donnés par les queues des leevancliffus, et essaient de les repousser avec leurs épées.

      Ils répètent l’opération à tour de rôle, et, une fois les trois sacs remplis, ils ressortent, aveuglés par la lumière du jour après cette complète obscurité. Les reptiles ont porté plusieurs coups sur les jambes des garçons, mais la toile épaisse de leurs habits les a protégés efficacement, et personne n’a été blessé, hormis quelques bleus sur les mollets. Tous sont ressortis, les herbes dans leurs sacs, et la troupe s’en retourne à l’école.

      Une fois de retour, ils se défont avec prudence de leurs lourds habits, les chausses doivent être brûlées car remplies de substances toxiques.  Et ils doivent aussi passer leur épée à la flamme. Tout cela pour détruire les toxines laissées par les reptiles.

     Jacou les réunit pour leur expliquer le mode opératoire.

      « Ces trémulondes contiennent une substance qui, une fois inhalée par une personne nue, permet de transmettre les pensées en émettant des ondes d’un type bien particulier, tout en rendant réceptif aux ondes des autres personnes nues qui ont aussi inhalé la substance.

     Le principe consiste à penser au prénom de celui avec qui on veut communiquer, et de se concentrer exclusivement sur cette communication. »

      Les exercices concernant les pensées sexuelles et le rejet de ces pensées s'avèrent donc utiles. les garçons ont déjà suivi un tel entraînement lors de leurs séances de sudation, entre autres.

     Pour commencer, il faut de l’eau très chaude dans un grand bol. Jacou y ajoute quelques gouttes d’une potion dont il a le secret. Chaque garçon, nu dans une pièce totalement obscure, devra sortir les herbes du sac, les plonger dans l’eau chaude, puis respirer les vapeurs qui émanent, le visage au-dessus du bol. Et ce, pendant cinq bonnes minutes, en faisant le vide dans sa tête, en ne pensant qu’à son prénom, concentré au maximum. L’exercice est difficile, mais primordial pour la réussite. Le temps que la potion agisse sur le cerveau et génère un processus permettant d’émettre les ondes.

     Puis ils pourront ressortir de la pièce, en emmenant leur sac et leur bol. Ils laisseront les buandières aérer la pièce, afin de la rendre à nouveau opérationnelle en éliminant les effluves répandus.

      Les bols seront vidés dans un réceptacle allant directement dans la fosse à excréments, puis ils seront bouillis, et les sacs seront jetés au feu, dans l’âtre allumé près des pièces.

      Ils devront ensuite, sans dire mot, aller dormir au moins une heure. Jacou leur donnera à boire un puissant somnifère de sa composition. Les quatre pièces au fond du bâtiment ont été aménagées à cet effet, avec les fenêtres rendues opaques à la lumière, pour garantir l’obscurité totale.

      Manon est prévenue. Le repas se fera au réveil, dans l’après-midi, une fois que tous auront dormi, y compris Dillon et Jacou.

    Tous les garçons sont couchés. Jacou est le dernier à sortir de la pièce après avoir bu sa potion, et il se couche aussi. Pendant leur sommeil forcé, les pièces sont nettoyées à fond et ventilées par Josiane et Josette, et les tentures occultantes sont lavées.

     Au réveil, tous ont la tête lourde. Une douche bien chaude et un séchage vigoureux les mettent en condition pour la suite de cet apprentissage hors du commun.

     « Maintenant, leur explique Jacou, vous allez rester assis, sans bouger, sans parler, et vous allez garder les yeux fermés.  Quand vous entendrez votre prénom qui résonne dans votre tête, vous ouvrirez les yeux, sans mot dire, pour ne pas troubler les autres. ». 

      Il commence l’expérience.  Les uns après les autres, ils ouvrent les yeux, Jacou les appelant mentalement. 

    « Voilà, vous êtes maintenant connectés. vous pouvez essayer de vous appeler entre vous, et me dire si cela fonctionne. » leur dit-il en pensées.

     Au début, c’est un peu ardu, les pensées se mélangent, mais petit à petit, les garçons arrivent à parler entre eux, mentalement. L’opération a parfaitement réussi !

    Gabin dit en pensée à Armand qu’il l’aime, et Armand répond que lui aussi, et ils décident d’aller tous les deux dans une des pièces du fond pour se le montrer.  Sans un mot, ils se lèvent, et se dirigent tous deux vers la pièce. Chacun devine la nature des échanges mentaux qu’ils ont eu !

      Jacou sourit.  Lui, et lui seul, peut grâce à sa concentration et ses inhalations multiples, recevoir les pensées de chacun, même si elles ne lui sont pas destinées.

      Il avertit les garçons de ce pouvoir qu’il est le seul à posséder. et leur explique qu'il peut de cette manière les conseiller sans mot dire. Mais ils ne doivent pas pour autant se sentir surveillés, assure-t-il. Il ne peut recevoir les pensées de tous simultanément ! il doit choisir un d’entre eux. Cependant, ajoute-t-il en s'esclaffant, ils doivent éviter de dire du mal de lui ! 

     « C’est une question de confiance réciproque. Vos pensées personnelles avec un de vos compagnons ne seront jamais l’objet d’une remarque de ma part, sauf si cela vous met l’un ou l’autre, ou les deux en danger, ou si cela peut nuire à l’homogénéité du groupe ! ».

      Il leur annonce aussi que prochainement, il emmènera les filles dans la caverne, afin qu’elles puissent bénéficier du même pouvoir, et être en contact mental avec eux si elles le désirent.

      Les garçons se rendent peu à peu compte du pouvoir qu’ils ont acquis, pouvoir qui peut par exemple lors d’une bataille leur sauver la vie en étant prévenus d’un danger imminant dans la cacophonie d’une bataille.

     Ils se rendent compte aussi de la portée possible de leur pensée.

      Le Borgne demande mentalement à Gabin si ça va, et Gabin lui répond à l’autre bout du bâtiment, dans une pièce fermée, « Oh ! oui ! encore ! » Ce que retransmet oralement le Borgne, suscitant l’hilarité générale.

     Jacou les informe qu’il a déjà réussi à communiquer sur une lieue de distance ! Puis, mentalement, il dit aux amoureux qu’ils doivent maintenant cesser leurs ébats, vu que tout le monde est affamé et que Manon a dressé la table.

     Les jumelles sont là, ainsi que Josiane et Josette. Jacou dit aux jeunes que, s’ils ont acquis ce pouvoir, ils ne doivent pas l’utiliser forcément pour parler des prouesses des filles !

     Après le repas, pris dans l’après-midi, la petite balade est de mise.  Mais plutôt que de la sieste, ils profitent immédiatement des bains de kaolin, de la salle de sudation, et des massages de Marianne et Mariette.  À leur guise, jusqu’en soirée, où une petite collation leur sera servie avant d’aller se coucher. Ainsi s’achève cette journée riche en découvertes, et ce nouveau pouvoir les enchante. Mais Jacou a d’autres pouvoirs en réserve, qu’il leur fera découvrir prochainement !

 

Le pouvoir de communiquer mentalement

 

  • Les filles

 

     Les garçons, dès le réveil, s’empressent d’expérimenter leur nouveau pouvoir. Après le petit déjeuner, les études reprennent.

     Mais l’acquisition de ce nouveau pouvoir change les choses ! Chacun peut questionner qui il veut, avoir des éclaircissements sur tel ou tel mot, telle règle ou telle formulation, dans un silence studieux, ce qui fait progresser les étudiants d’une façon spectaculaire.

     Les mathématiques sont abordées, le calcul est aisé...  Et Jacou apprécie les vertus de leur nouveau pouvoir. Quelle amélioration des échanges ! La matinée est studieuse, animée, mais presque en silence. Les garçons, désormais dotés d'un grand pouvoir de concentration, assimilent très vite les données, ce qui étonne et réjouit Jacou, qui ne pensait pas les faire progresser aussi vite !

     Manon est arrivée. Elle dresse la table comme à son habitude, et les garçons, à force de réfléchir, ont vraiment faim ! Pendant le repas, Jacou annonce que cet après-midi, il emmènera les filles à la caverne. Leurs habits confectionnés par Josiane et Josette, sont prêts. Les salles pour les inhalations ont été occultées.

      Le sommeil forcé sera pris dans son cabinet. Des lits sont prévus pour cela, de façon à ne pas interférer avec les activités des jeunes gens. Il demande donc aux garçons de s’occuper des tâches de Manon après le repas, de nettoyer la salle de sudation et les douches - ce qui était généralement fait par Josiane et Josette - et d’être bien attentifs cet après-midi aux cours de Dillon, qui reprendra l’entraînement à l’épée.

     Quand ils reviendront, il faudra que les garçons respectent le repos des filles, qui ne pourront pas aujourd’hui vaquer à leurs tâches de nettoyage et de massage, ni s'occuper du repas du soir. Dillon en profitera pour initier les garçons aux techniques de massage après la sudation.

    « Que chacun se souvienne de la mésaventure du Borgne ! » dit-il, en faisant remarquer que sa blessure est guérie.

     Marianne et Mariette sont arrivées. Dans la buanderie, avec Josiane, Manon et Josette, elles enfilent les habits en toile épaisse et les chausses adéquates, se munissent de sacs, et partent avec Jacou vers la colline, en direction de la grotte. Une fois sur place, Jacou accompagne chaque fille à tour de rôle dans la caverne, avec une épée pour les protéger des coups de queues des leevancliffus. Et, une fois tous les sacs remplis de trémulonde, le petit groupe rejoint l’école.

     Les garçons sont dehors, à croiser le fer, tandis qu’elles vont à l’intérieur, pour se déshabiller et recevoir l’enseignement tel qu’il a été donné aux garçons.

     Après les cours d’épée, les garçons profitent de la sudation et s’initient aux massages. Dillon leur explique les techniques à adopter. Bien sûr, certaines réactions physiques apparaissent lors des massages... Les pensées se croisent, les idées se concrétisent, les mains s’agitent, et parfois les verges se dressent. Sans aller plus loin. 

     Mais quelques rendez-vous futurs sont pris !

      Le soir venu, Anatole a allumé les chandeliers, les garçons ont dressé la table pour le repas.  Les filles se joignent à eux, sous une multitude de questions mentales émanant de toutes parts, qu’elles n’arrivent pas à trier.

     Jacou, qui peut communiquer mentalement avec tout le groupe, impose sa pensée aux garçons, qui devront cesser d’utiliser leur pouvoir envers elles aujourd’hui.

      Il faut que les filles puissent expérimenter et maîtriser à leur aise leur nouveau pouvoir. Les garçons devront se contenter de répondre mentalement aux pensées des filles qui leur sont destinées.

     « C’est à ces conditions que tout le monde arrivera sereinement à communiquer ».

     Il est temps d’aller se coucher.  Demain sera une rude journée, a précisé Jacou, sans en dire davantage. Dillon et les jumelles quittent le bâtiment. Anatole fait le tour pour éteindre les chandeliers, les âtres dans la bâtisse, et s’active sur les chaudières pour la nuit. Josiane et Josette, après leur sieste forcée, n’ont pas sommeil, et veulent bien passer un moment à discuter avec Anatole dans ses quartiers quand il aura fini ses tâches de la journée.

     Anatole fait le tour de la bâtisse, et arrive enfin dans ses quartiers. Il offre à boire à Josiane et Josette, qui n’arrêtent pas de parler mentalement entre elles. Elles ont élaboré un plan de chasse, et Anatole est le gibier !

     La nuit est déjà bien avancée quand elles regagnent leur quartier, juste à côté.

L’apprentissage de la pensée

  

     Une journée qui commence sous un gros soleil, voilà qui est de bon augure ! Ce matin, après avoir déjeuné, les garçons vont s’entraîner en utilisant leur pouvoir. Mais ils constatent bien vite qu’ils ne maîtrisent pas encore leurs pensées.

      Joseph, en voyant Manon débarrasser la table, penchée en avant, se dit qu’il la prendrait bien, là, sur la table... Et Manon de rétorquer par la pensée qu’il ferait mieux d’apprendre à maîtriser ses pensées, sous peine d’avoir de grandes déceptions ! Joseph, surpris que Manon ait capté ses pensées, lui demande, toujours mentalement, de l’excuser.  Il a du mal à séparer sa condition de soldat et sa condition de mâle ! Et Manon accepte ses excuses, en le regardant, souriante. Jacou, qui a capté l’échange, sourit lui aussi...

     L’apprentissage commence ! Les yeux bandés, chacun devra exécuter des actions sous des directives mentales, afin de bien connaître les possibilités et les outils que donne ce pouvoir.

     Ils peuvent recevoir des pensées venant de plusieurs personnes, et doivent savoir laquelle est la bonne. Jacou leur explique comment arriver à se déconnecter, pour ne suivre qu’une pensée, mais les essais ne sont pas probants. Certains y arrivent très bien, mais les plus jeunes ont du mal à trier, et n’arrivent pas à se concentrer suffisamment.

      L’exercice dure une bonne partie de la matinée. Le plus difficile, c'est de rester sans pensées ciblées quand arrivent les jumelles, à qui Jacou a demandé de venir ce matin. La beauté sublime de leurs corps nus les embrase tous. Sauf Alix, perdu dans des rêves, et Dillon, qui maîtrise la situation maintenant.

       Ils doivent apprendre à analyser ce que leurs yeux voient, imaginer ce qu’ils ressentiraient s’ils étaient aveugles, et cela n’est pas facile ! Certains pensent que c’est à cause de la nudité, et demandent à Jacou si les filles ne pourraient pas être habillées, ce serait plus facile ! 

     « Certes plus facile... Mais vous n’arriveriez pas à la maîtrise de vos pensées, et votre pouvoir pourrait se retourner contre vous. Un autre pourrait prendre le contrôle de vos pensées ! »

     Tous comprennent bien que leur apprentissage de ce pouvoir n’en est qu’au début, et qu’une grande discipline et une volonté de fer seront nécessaires pour évoluer !

     « La nudité en commun, sans parti pris, sans jugement du physique, sans regard sur la différence, c’est l’avenir de l’humanité ! » dit Jacou, en précisant bien que cela n’est pas près d’arriver...  Mais au sein de l’école, toutes et tous se doivent d’y parvenir, pour acquérir encore des pouvoirs.

     L’heure du déjeuner arrive. Manon, aidée par Marianne et Mariette, dresse la table. Tout le monde s’installe, les cousines et Anatole aussi. Ainsi, à cette table, tous les convives connaissent ce pouvoir que Jacou leur a inculqué, et chacun peut à tout moment s’entraîner, les pensées fusantes tous azimuts. Sauf Anatole, qui demande à Jacou si lui aussi n’aurait pas à gagner de cet enseignement. Jacou lui promet que dès demain, il sera lui aussi initié !

     Après le repas, plutôt que la petite course et la sieste, Jacou propose de bavarder ensemble. Chacun pourra demander à haute voix. Ainsi, tout le monde entendra les questions et les réponses, et ce que les autres veulent savoir.

     Achille demande pourquoi les congrégations qui ont fait vœu de silence, tels les moines du monastère des Récollets, ne connaissent ni ne pratiquent ce pouvoir.  Jacou dit alors que leur voie est d’écouter, et non de communiquer. Chez eux, seul Dieu a la parole, et ils se doivent de se taire, pour mieux l’entendre et l’écouter.

     Xavier, qui est un curieux, demande comment un tel pouvoir est aussi méconnu. Jacou lui rappelle alors leur propre étonnement à l’approche de la caverne en voyant bruisser les trémulondes. 

     « Personne d'autre ne s'est risqué à pénétrer dans cette caverne si étrange. Le Diable y habite sûrement pensent les gens en voyant bouger les buissons ! L’oncle du Fernand Bauer y a pénétré un jour avec une torche. Les leevancliffus, qui craignent la lumière, l’on lacéré de toutes parts, il en est ressorti fou !

     - Mais comment toi, Jacou, es-tu en possession de ce pouvoir ? » demande Hugues.

     Jacou leur dit alors qu’il y a des secrets qui ne se transmettent que de bouche à oreille, et que lui, qu’on aurait jadis appelé un druide, et qu’on nomme encore parfois le sorcier, a été enseigné par son maître Sirius. Il a voyagé avec lui sur des terres inconnues et par toutes les mers connues, et encore au-delà, il y a déjà bien longtemps. Ce sont les chamans mayas qui lui ont donné ce pouvoir. Il leur révèle qu’il y a sur cette planète, trois grottes. Une à Durandalem, une dans les montagnes mayas au delà de la grande mer de l’Ouest, et une sur une grande île dans les mers du Sud bien au delà du pays maya.

     Mais cette plante donne aussi d’autres pouvoirs qu'il doit encore expérimenter avant de leur en parler, voire de leur faire bénéficier.

      Joseph demande quelle est cette potion qu’il verse dans l’eau d’infusion. Jacou lui répond que cela fait partie du secret, avec bien d’autres éléments encore. Il ne doit manquer aucun de ces éléments, sous peine de fabriquer un poison mortel !  Quelques infortunés alchimistes s’y sont attelés, ils y ont laissé leur vie... 

      Il leur assure cependant que tout cela ne tient ni de la magie, ni de la sorcellerie, ni de la volonté divine. C’est l’aboutissement naturel de l'intelligence de l’homme, de sa connaissance toujours plus approfondie et réfléchie de son corps et de la nature...

      Dillon demande qui possède ce pouvoir, hormis celles et ceux qui sont à table.

     « Plusieurs personnes !

     - Les Mayas qui avaient recueilli Sirius, tous les habitants du village dans les montagnes, et tous ceux de Semillero, sur la côte ouest du pays lama, j’étais initié, formé par Sirius, mon Maître.  

     - Ton père adoptif, Jean d’Ortega, ainsi que Child et Clément Sandre, nous étions frères d’arme à Lugdon avec le roi Pepin.

     - Les compagnons du Blauersland, où j’ai passé quelques années de ma jeunesse ont aussi ce pouvoir. 

     - Et également les Maoris des mers du sud où nous avons donné de nos personnes pour repeupler l’île, ainsi que les Aborigènes de la grande île du Sud.

   À la mort de mon maître, je suis devenu l’unique possesseur, hormis les chaman mayas, de la formule de ce  pouvoir.  Sirius connaissait les chemins du destin, et m’a enseigné le mien.

     J’ai attendu des années et préparé ce jour, en m’installant à Durandalem. Ce n’est pas par hasard ! Vous êtes les premiers à qui j’enseigne ce pouvoir. Vous serez parmi les seuls à le posséder, et, si j’arrive à le faire évoluer, vous vous en servirez entre vous quand vous serez soldats, même habillés !

      J’ai beaucoup insisté sur le caractère isolé de mon enseignement auprès des instances de l’Église et de la Royauté ! Ils ont admis, non sans mal, le sens hygiéniste de votre formation nudiste, conscients que le temps pressait. 

     J’ai eu l’appui de mon ami Jean d’Ortega, reconnu comme un Maître auprès de toutes les soldates et tous les soldats du roi. En voulant bien me confier son élève, Dillon ici présent, il m’a permis de mener le projet à bien.

      Avec la nudité, avec votre isolement complet, beaucoup se demandent de quelle nature est cet enseignement ! Et attendez-vous à être questionnés dès que vous serez en dehors de cette enceinte sur ce que vous avez appris ici.  

     Anatole me rapporte que des espions ont tenté et tentent encore de pénétrer dans l’enceinte, et les filles me disent aussi être souvent questionnées sur nos activités et sur leurs rôles ici. 

     Ne parlez pas de votre pouvoir de communiquer par la pensée, son existence est à

oublier ! Je vous l’ai transmis, afin de vous former au mieux avec des armes que vous seuls posséderez ! On pourrait, si l’on connaissait son existence, l’interpréter comme un pouvoir permettant de lire dans la pensée de tout le monde, et certains voudraient se l’approprier, vous mettant en danger ! »

 

      Puis il demande aux garçons quelles autres questions ils auraient. Alix, qui a découvert les joies de l’amour physique, demande de quelle manière l’on doit aborder les filles pour bénéficier de leurs faveurs, ce qui fait rire tout le monde. Marianne lui répond que, s’il a envie de passer un moment avec elle, il n’a qu’à le demander, ce sera avec plaisir ! Alors, il lui demande si maintenant ce serait possible, et elle répond que oui, elle veut bien lui donner une séance de massages privée maintenant et l’invite dans une pièce !

    Personne d’autre n’a de questions. Jacou clôt donc la discussion. Les garçons ont l’après-midi pour se détendre, entre eux, ou avec les filles.

      Il donne rendez-vous à toutes et à tous en fin d’après-midi pour une séance de sudation, où il montrera une technique qui leur fera chaud au corps ! Pour l’heure, il a quelques expériences à faire dans son cabinet, et ne veut pas être dérangé.

     Un après-midi de loisir, voilà qui n’était pas prévu ! Mariette invite Xavier et Charles à la rejoindre dans une pièce, Manon fait de même avec Joseph, qui la désirait ce matin, et avec Hugues, qui s'en fait une joie.  Armand et Gabin veulent terminer ce qu’ils ont entamé ce matin, et invitent le Borgne et François dans la dernière des quatre pièces.  Anatole participerait bien, mais il a du travail. Il doit préparer la salle de sudation.

     Josette et Josiane aussi ont du travail, et elles invitent Achille et Dillon à les aider dans la buanderie, ce qu’ils acceptent avec joie !

 

 

     L’heure est arrivée.  Toutes et tous, après leurs loisirs, ont pris une douche, et se retrouvent dans la salle de sudation. Jacou les rejoint et leur montre une méthode, qu’il appelle « ouragan ».

     Il prévient que cela va paraître brûlant, et que si quelqu’un se sent mal, il peut quitter la salle à tout moment. La technique consiste à verser de l’eau parfumée sur des pierres brûlantes installées par Anatole, et à ventiler la vapeur qui s’en dégage. Les parfums sont un mélange de menthe, d’eucalyptus, et de quelques plantes aux vertus connues de Jacou. 

      Il verse, à l’aide d’une grande louche en bois, l’eau parfumée sur les pierres brûlantes, eau qui se transforme aussitôt en vapeur. Quelques louches.

     Puis il se munit d’un grand éventail qu’il a apporté, et brasse l’air saturé de vapeur vers les jeunes assis autour de lui. Un souffle brûlant les saisit, piquant les yeux. La température monte en flèche, et atteint une chaleur jamais égalée dans la salle de sudation. Chaque personne présente a droit à un souffle personnel.

      Des plaintes se font entendre : « Ça brûle ! », « C’est trop chaud ! », ou des « Ouf !» que lâchent les filles et les garçons surpris.  

     Un moment plus tard, une fois que tout le monde a accusé le coup, il remet de l’eau sur les pierres, encore plusieurs louches, et, avec une grande serviette qu'il fait tournoyer au-dessus de sa tête, il répand la chaleur brûlante dans toute la salle.  Il est en nage, la sueur coulant à flots sur son corps. Les jeunes n’en peuvent plus.  Mentalement, ils se disent leurs souffrances, et chacun attend qu’un autre ne craque et sorte, pour le suivre immédiatement. Mais personne ne sort…

      Encore les dernières louches et Jacou reprend son éventail, pour recommencer le souffle sur les jeunes. Ils ferment les yeux, se mettent les mains sur le visage, ou la tête entre les genoux ! Tout le monde râle, mais aucun n'est sorti. Tous attendent en haletant, l’air trop chaud leur brûlant les poumons. Mais petit à petit, l’humidité de la vapeur s’en va, et cela devient à nouveau respirable.

     « Maintenant, tout le monde sous la douche froide ! »  

     Toutes et tous se précipitent, trop heureux de sortir de cet enfer, et leurs corps fument au contact de l’eau froide, dans un gros nuage de vapeur qui les camoufle les uns et les autres.

      Jacou les invite aussitôt à descendre et à sortir, mouillés dans l’air frais du soir, afin que leurs corps refroidissent encore, jusqu’à ce qu’ils sentent des frissons. Anatole, qui les voit arriver, est mort de rire en voyant leurs traits tirés, leurs visages et leurs corps ruisselants couleur écrevisse ! 

      Les voilà mûrs pour passer sous une douche tiède et reprendre une température corporelle normale. Après quoi ils s’essuient mutuellement, chacun frottant l’autre pour le sécher.

     « Repos, maintenant ! » dit Jacou en les invitant à s’allonger sur les coussins au sol. Lui-même s’allonge parmi eux, et mentalement leur demande d’écouter leur corps, de ressentir en eux leur cœur, leurs poumons, le sang dans leurs veines, et de garder le silence. Leur respiration est de moins en moins haletante, leurs cœurs qui tapaient la chamade se calment, et un sentiment d’immense plénitude les envahit. Un bienfait qu’ils n’avaient jamais ressenti ! Ils restent ainsi allongés. Certains s’endorment, apaisés comme jamais !

     L’heure du repas du soir approche, et les filles vaillantes s’y mettent toutes pour dresser la table. Tout le monde est affamé et déshydraté par ces litres de sueur éliminés avec leurs toxines. 

     À table, les garçons comme les filles remercient Jacou pour son « ouragan », et lui suggèrent de le refaire de temps en temps, tellement ils se sentent bien maintenant ! Les plats sont vidés, les corbeilles de fruits aussi. Plus rien à manger sur la table quand le repas est fini ! Jacou leur sert des petits verres de remontants, des digestifs qui les mettent presque en transe.

     Entre-temps, Anatole a installé des nouveaux quartiers au rez-de-chaussée, à côté du quartier des cousines, pour les jumelles, près de Manon.

      Dorénavant, les filles resteront le jour et la nuit dans le bâtiment, leurs allées et venues à l’extérieur intriguant trop les gens au dehors.  Dillon aussi s’installe un quartier à côté du dortoir des garçons.  Ainsi, plus de contacts extérieurs et de questions gênantes.

     Child s’occupera de ravitailler l’école, Michel devra se passer de Marianne et de Mariette. Pour manger, il ira chez Child. Esther, mon épouse, aide déjà depuis un moment Berthe et Child à la place de Manon.

     Tout le village est fier de son école. On en parle même par-delà les collines, comme le raconte le Fernand Bauer quand il revient des marchés.

      Depuis que ses commis ne sont plus là, il a embauché trois jeunes de Naborum, Edouard et Jacques Basin, et Gildas Dor, pour l’aider à la ferme.

      Il est l’heure de se coucher.  Nul ne rechigne, tant tout le monde est épuisé par cet après-midi de loisir pas comme les autres !

      Les jumelles sont enchantées de leur quartiers, Manon aussi est ravie, et Anatole, qui sait que toutes les filles dorment à quelques pieds de ses quartiers, est, on ne peut plus heureux ! 

      Par la pensée, Jacou leur souhaite l’une et l’un après l’autre une bonne nuit, et chacune et chacun lui répond, lui souhaitant également la nuit la plus douce. Et tout le monde s’endort rapidement. Anatole fait le tour du propriétaire, éteint les derniers chandeliers allumés, fait sa ronde avec sa lanterne, regarde du côté des quartiers des filles, qui dorment épuisées. Puis il se couche aussi.

L’instruction

 

     Ce matin, les cours sont dirigés par Dillon, qui veille à la progression de l’instruction des garçons. Anatole s’est levé tôt, il doit avoir terminé ses tâches dans le bâtiment avant de partir avec Jacou hors des murs pour son initiation. Après quoi tous les habitants de l’école posséderont le même pouvoir.

     Une livraison de charbon est prévue ce matin. Anatole a sollicité Marianne et Mariette, qui désormais dorment sur place, pour s’en occuper. Il leur a expliqué comment cela se déroulerait.

      Elles devront enfiler des tuniques, non seulement pour ne pas se salir, mais aussi parce qu’elles devront ouvrir le portail à Pierre, le livreur, qui est autorisé à pénétrer dans l’enceinte sans se mettre nu.

     La charrette est munie d’une benne permettant de déverser son contenu dans la réserve de charbon. J’ai confectionné à cet effet un système à manivelle pour incliner la benne, qui se déversera toute seule dans l’ouverture de la réserve. Cette charrette est très appréciée. L’abbé Jean des Glandières ne tarit pas d’éloges sur son utilité, et sur mon génie inventif !

     Quand Pierre arrive, les jumelles sont là pour l’accueillir.  Il en est fort agréablement surpris.

      Une fois la charrette vidée, des envies le prennent en voyant les bouts de seins que l’on devine sous leurs tuniques. Les jumelles comprennent vite que Pierre a des idées bien arrêtées. Elles ont bien vu sous ses braies une forme qui laisse à penser qu’il ne rechignerait pas à un contact plus intime avec elles ! Elles lui proposent donc de venir dans le bâtiment, pour prendre une douche chaude.  Les douches ne sont pas légion en dehors de la bâtisse ! Il accepte volontiers, il est couvert de poussière, et noir jusque dans les oreilles.

 

 

     Après s’être habillé de neuf avec les braies que les cousines, sur la demande des jumelles, lui ont données, Pierre repart en charrette. Marianne et Mariette en tunique lui ouvrent le portail. 

     À la sortie de l’enceinte, il croise Jacou et Anatole, qui reviennent de la grotte avec le sac d'herbes. Pierre leur assure que cette livraison s’est passée bien mieux qu’il ne l’espérait ! Jacou et Anatole éclatent de rire, ils connaissent bien le tempérament des jumelles, qui devant le portail, prennent un air de Saintes, avant de rire de bon cœur elles aussi !

      Child arrive pour livrer les préparations pour le prochain repas, et trouve les jumelles rayonnantes. Il félicite Jacou pour sa sollicitude à leur égard !

     Manon, sa fille, arrive vêtue de la tunique qu’elle doit enfiler quand elle doit prendre livraison, depuis qu’elle vit nue au sein de l’école. Child la trouve splendide.  Il est heureux que sa fille soit aussi impliquée dans cette formation...  Il aura de quoi raconter à l’auberge !

     Rares sont les moments où autant de monde se trouve au portail !

     Puis Anatole suit Jacou pour la suite de l’opération. Les jumelles et Manon s’en vont pour dresser la table.

     Les cours sont finis, tout le monde est attablé. Jacou a couché Anatole dans une pièce du fond.  

     Les jumelles racontent mentalement à Manon leur douche améliorée. Manon leur répond par la pensée qu’elle avait déjà deviné sous ses braies l’appareil de Pierre, quand il venait livrer le charbon à la forge. Elle aimerait bien essayer aussi !

     La vie de l’école reprend son cours normal. Le petit trot après le repas, la sieste des garçons, et l’entraînement de l’après-midi.

     Aujourd’hui, Child revient avec ses arcs. Il est nu, profitant sur son corps du généreux soleil de l’après-midi.

      Les garçons, de plus en plus habiles, parviennent à atteindre des cibles de plus en plus éloignées. Le Borgne, qui n’a pas pu profiter des premiers entraînements à cause de sa blessure, s’en sort bien lui aussi.

     Joseph est le champion. Il ne rate aucune des cibles qu’il doit toucher, aussi loin soient-elles. Puis Child amène une catapulte, qui lancera des disques d’argile. Les garçons devront toucher ces cibles en mouvement. L’affaire est plus compliquée qu’il n’y paraît ! Il faut anticiper la vitesse de la cible, et décocher la flèche devant, de façon à la toucher. Il faut beaucoup d’entraînement à chacun pour y parvenir.

      Et c’est tard dans l’après-midi que Child repart. Les garçons vont prendre leur séance de sudation, bien douce en comparaison de celle d’hier.

     Après la sudation et la douche, les massages apportent un soulagement aux bras des garçons, endoloris par les bandages successifs de leurs arcs.

     Anatole a réapparu. Tous essaient de communiquer avec lui. Il est un peu perdu, avec toutes leurs pensées qui lui parviennent en même temps !

     Jacou, mentalement, demande aux garçons d’arrêter, et de laisser Anatole faire le contact, afin qu’il maîtrise bien ce nouveau pouvoir.

     Anatole questionne alors Marianne sur la livraison de charbon. Elle lui dit en pensée ce qui s’est passé, et Anatole, apparemment sans raison, éclate de rire, à l’étonnement de l’assistance. Mais Mariette, qui voit Marianne rire, s’esclaffe aussi, ainsi que Jacou, qui a perçu les pensées de Marianne. Les cousines sourient aussi, elles ont entendu les ébats, et savent pourquoi Anatole rigole.

      Il veut bien se faire masser. Il se sent comme endolori après sa sieste forcée et les potions de Jacou. C’est Manon qui se dévoue.  Elle propose mentalement à Anatole, pendant qu’elle le masse, de venir voir comment elle a aménagé ses quartiers qu’il lui avait préparés, mais rapidement, car elle doit aussi s’occuper du repas du soir. Anatole est d’accord.  Lui aussi a encore des tâches à exécuter avant le soir.

 

      Les massages sont finis pour aujourd’hui.  Chacun a quartier libre jusqu’au repas du soir.

Education militaire

  

      Tandis que Georges s’installe à son atelier, ce matin, une fois pris le petit déjeuner, Jacou va expliquer plus longuement les lois de la balistique, de l’aérodynamique, et de la gravité, que les garçons ont déjà expérimentées hier, à l’entraînement de tir sur cibles mouvantes.

      « Ce sont des lois que mon Maître m’a enseignées, parmi d'autres lois que de par le monde seuls quelques Maîtres connaissent.  Elles expliquent bien des choses, des actions et réactions, des états et leurs modifications. Rien à voir avec la magie, la sorcellerie ou la Main Divine. La plupart des découvertes de ces lois nous viennent du lointain Orient, au-delà des terres connues ! »

      Sur un tableau noir, Jacou dessine quelques croquis, écrit quelques formules mathématiques que les garçons trouvent bien obscures ! Il veut ainsi leur montrer que la connaissance des mathématiques, elle aussi, est très importante dans la vie d’un soldat.

     Aidé de Dillon et d’Achille, qui maîtrisent les mathématiques, il leur explique les modes de calcul leur permettant de tracer les trajectoires des cibles et des flèches censées les toucher.

      « Mais dans la vie réelle, leur précise-t-il, on n’a pas toujours - à vrai dire jamais - connaissance de la distance exacte de la cible, ni de sa vitesse ! 

      Ce que l’on peut savoir, c’est la vitesse de la flèche, et l'estimation du temps qu’elle mettra pour atteindre sa cible. Une flèche décochée d’un arc bandé à son maximum peut atteindre deux cents pieds / seconde, donc une cible à mille pieds sera atteinte en théorie au bout de cinq secondes. Mais il faut tenir compte de la courbure donnée au parcours de la flèche, à cause de la gravité, qui rallonge ce temps de près d’une seconde.

     Vous serez peut-être contraints, dans votre métier de soldat, à des lancers de pierres avec des catapultes, ou des trébuchets.

     Là, vous pourrez étudier mathématiquement la meilleure trajectoire pour faire aboutir la pierre au bon endroit. Mais en pratique, sur le terrain, vous n’aurez jamais le temps de procéder à des calculs, et seule votre expérience pourra vous aider.  Il est donc primordial que vous mémorisiez tous les gestes, toutes les postures que vous utiliserez à l’entraînement. Et avec l’enseignement de Child, il est sûr que vous deviendrez d’excellents archers !»

       Les garçons maintenant passent à une séance plus plaisante, le dessin. Pour cela, les jumelles Mariette et Marianne viennent participer au cours. Elles connaissent le sujet, Jacou le leur a enseigné il y a quelque temps. Chacun, sur un tissu clair, doit dessiner à l’aide d’un fusain de carbone un objet placé devant eux : un vase, une bouteille...

     Puis on complique la chose, il faut dessiner un cube. Jacou leur explique pour cela la notion de perspective. Il leur parle de leur vision qui instinctivement reproduit l’objet dans l’espace en trois dimensions, qu’ils devront représenter sur le tissu, en deux dimensions. Ils comprennent le sens de la troisième dimension, la profondeur, et acquièrent les bases de la proportion qui doit faire ressembler sur le tissu un cube à un cube ! 

      Ils s’appliquent, s’énervent, sont déçus, ou contents, selon leur degré de réussite du dessin. Certains sont doués, d’autres sentent bien qu’ils ne sauront jamais bien dessiner !

      Mais tout ceci n’a d'autre but que de se connaître, de connaître ses limites, nullement d’établir un quelconque classement. Et personne ne sera brimé ni gratifié par rapport à ses dessins. On leur demande d’être des soldats, pas des artistes.  Et si d’aucuns se sentent à l’aise, il ne s’agit que d’avoir une connaissance des arts, ce qui entre dans leur culture générale, qu’ils auront tous à terme.

        L’heure du repas est arrivée. Manon est à l’œuvre. Ce matin, elle a nettoyé l’office à fond, elle a commandé par le biais de son père Child, un peu de vaisselle supplémentaire. Child la commandera chez Claude Kaas, l’apothicaire et marchand de Durandalem.

      Tout le monde est attablé : les dix garçons, les jumelles, les cousines, Jacou, Dillon, Anatole et Manon. Cela fait dix-huit personnes, une grande tablée tous les jours ! Manon a du mal à suivre par moments, mais elle peut à tout instant solliciter l’aide des garçons et des filles.

     Néanmoins, Jacou réfléchit. Il aurait aussi besoin d’une aide dans son cabinet, une apothicaire s’y connaissant en botanique lui serait utile. Anatole lui parle de Chantal Iser de Laudrefang, que tout le monde connaît, et qui a des aptitudes. Elle connaît bien les plantes et les remèdes qu'on en tire. Jacou missionne donc Anatole dès cet après-midi, pour qu’il aille la chercher et la ramener à l’école, afin qu’il sache si elle convient pour ce rôle. Elle pourra alors aussi assister Manon.

       Après la promenade digestive, tout le monde va se coucher pour la sieste, avant de reprendre les exercices quotidiens.

       Aujourd’hui, combat à l’épée. Il s’agit de contrer les coups que porteront les autres chacun leur tour. Pour commencer, Dillon se met en position de défense, les jambes légèrement écartées, le buste souple, prêt à faire des esquives, les bras tendus et les deux mains sur le pommeau de l’épée, pointe au sol devant lui. Chacun doit venir lui assener un coup d’épée qu’il doit esquiver.

     Le principe est d’analyser le mouvement de son agresseur et d'en déduire la défense à appliquer. Du plus jeune, Alix, au plus âgé, Joseph, tous doivent attaquer Dillon. « N’ayez pas peur, ni pitié ! vous devez m’attaquer pour me neutraliser ! ».

     Alix s’avance, lève son épée et veut frapper par le dessus, sur la tête de Dillon. Lequel aussitôt place son épée au-dessus de la tête, bloquant net l’attaque d’Alix.

     Xavier arrive en courant, l’épée tendue devant lui, Dillon fait une rotation et Xavier, dans son élan passe à côté.

     Charles, son épée brandie d’une main, fonce sur Dillon, qui d’un coup d’épée puissant le désarme facilement.

     Achille est rusé. Il vient en marchant, et veut faucher les jambes de Dillon. Mais Dillon dresse son épée à bout de bras, piquant le torse d’Achille avant qu’il ait pu faire quoi que ce soit. Le premier sang - mais sans gravité - est versé.

      Armand fait des moulinets au-dessus de lui, stoppés net par un coup d’épée qui lui fait lâcher la sienne. Il a mal au poignet.

      Le Borgne tient son épée des deux mains devant lui, prêt à le pourfendre de face. Dillon dresse son épée horizontalement devant lui, et de bas en haut tape l’épée de l’assaillant qui vole dans les airs. Le Borgne ressent aussitôt une douleur dans les poignets.

      François charge en criant, son épée brandie à bout de bras vers le haut. Dillon s’écarte au dernier moment, sa jambe gauche tendue.  Ce qui fait mordre la poussière à François, qui ne crie plus : il râle. 

      Gabin fait des grands gestes de gauche à droite avec son arme... Un seul coup suffit à le désarmer.

      Hugues charge de toute son énergie, son épée dans sa main droite, le coude plié vers la gauche, prêt à frapper de toutes ses forces en détendant son coude. Mais Dillon place son arme devant lui, et, déviant la frappe et profitant de l’inertie de la charge de Hugues, se baisse, faisant basculer Hugues par-dessus lui et rouler au sol derrière. Sans dommages heureusement.  

     Joseph, lui, arrive avec son épée fermement tenue dans ses deux mains, à bonne distance. Il donne un coup vers Dillon qui l’arrête, et pendant qu’il relève son épée pour refrapper, Dillon lui pique l’abdomen, en contrôlant pour ne pas l’embrocher. Lui aussi saigne un peu, mais sans plus.

     Tous ont vu les assauts, et comprennent que ce n’est pas simple de combattre à l’épée ! Après cet exercice, Dillon nettoie et panse les plaies de Joseph et d’Achille. Il ne faut pas que les plaies s’infectent. Il a une sacoche de secours préparée par Jacou pour ce genre de maux, avec des pansements faits de la plante cicatrisante.

      Il leur propose, plutôt que de risquer des coups si un autre prend sa place, moins expérimenté donc vulnérable, de choisir un adversaire à leur taille et de croiser le fer, sans chercher à blesser l’adversaire, uniquement pour renforcer les poignets.

      Il fait remarquer que plusieurs ont lâché leur arme, ce qui dans un combat les condamne à une mort probable.  Et aussi que beaucoup ont mal au poignet, qui sont insuffisamment musclés pour amortir les coups et les vibrations. Ils devront arrêter si l’un des deux se sent fatigué. Ils doivent se prévenir mentalement, car le bruit des fers peut les empêcher d’entendre, et cela risque de mener à la blessure, ce qu’il faut éviter. Et c’est un brouhaha des dix épées qui s’entrechoquent sans trêve, jusqu’à ce que les protagonistes arrêtent d’eux-mêmes, les uns après les autres, épuisés.

     Les deux pansés, Achille et Joseph, continuent encore un moment, assenant des coups de toutes leurs forces, sous les yeux des autres admiratifs et essoufflés.

     Puis le combat cesse, faute de combattant.

     Quelques-uns se plaignent de douleurs aux poignets. Dillon s’en occupera après la douche et le sauna, aidé par les jumelles, bien formées par Jacou.

     « Du coup, si c’est Marianne et Mariette, tout le monde va prétendre avoir mal aux poignets ! », disent-ils en rigolant.

     La sudation terminée, après la douche, Jacou et Dillon s’occupent donc des poignets du Borgne et d’Armand.

      Chantal Iser est arrivée avec Anatole, qui lui a dit de se mettre nue à son arrivée. Elle est étonnée de voir tout le monde nu sans intention de sexe. Les quelques explications données lui conviennent.

      Elle est mise à l’épreuve pour voir si elle peut soigner un poignet, et le résultat est positif.  Elle connaît le corps humain, au moins les poignets, se dit Jacou, et les remèdes à apporter pour ce genre de maux. Jacou est d’accord avec elle sur le choix des herbes à appliquer sous les bandages.

     Charles aussi sent des douleurs. Armand et Charles s’en sortent avec un bandage et quelques herbes bienfaitrices que Chantal leur applique. Quant au Borgne, il a un hématome sur un os de l'avant-bras. Cela nécessite un emplâtre que Jacou lui prodigue. Marianne et Mariette s’occupent des poignets des autres, les massant avec des huiles qu’a préparées Jacou, pour calmer les douleurs et apaiser les tensions.

      Manon doit refaire les pansements de Joseph et d'Achille, qu'ils ont perdus lors de la sudation, puis s’occupe du genou de François, écorché lors de sa chute, avant de lui masser également les poignets. Jacou fait remarquer que quelques-uns sont blessés, certes, mais ce sont des blessures légères, et ils guériront rapidement, sans séquelles.

      La blessure du Borgne n’est pas grave non plus : dans trois jours il n’y paraîtra plus.  Mais les garçons doivent ménager leurs poignets fragilisés. Il distribue à chacun une fiole contenant de l’huile qu’ils doivent utiliser pour masser leurs poignets, ce soir au coucher, et demain matin au réveil.

      « Et ce soir, pas d’utilisation intempestive des poignets ! » envoie mentalement Jacou à la cantonade, sous les rires de tous. Sauf de Chantal, qui n'étant pas initiée, ne comprend pas. Jacou lui explique donc, et lui propose de l’embaucher pour l’assister dans ses soins, et aussi d’aider Manon dans ses tâches.  

     Elle accepte volontiers, et Manon lui propose d’habiter à côté d’elle. Elle aura ses propres quartiers, au rez-de-chaussée. Mais pour l’heure, le temps libre est utilisé par chacun à sa guise. Manon, tout en expliquant à Chantal Iser en quoi consistent leurs tâches, la conduit à l’office. Josette et Josiane viennent nettoyer la salle de sudation, ainsi que les douches.

     L’heure du repas du soir arrive. Anatole allume les chandeliers, Manon et Chantal dressent la table. Après le repas, les garçons, les poignets douloureux, s’en vont vers leur couche, se massent les poignets avec l’huile que leur a donné Jacou. Une longue nuit de repos sera propice à tous ! Manon et Chantal débarrassent, et nettoient la vaisselle à l’office.  Leur journée de travail est alors terminée.

     Manon emmène donc Chantal dans ses quartiers.  Elles vont aménager un coin pour elle.

La Terre

 

 

      La cloche réveille tout son monde.  Ce matin après la douche, le massage des poignets et le petit déjeuner, les garçons vont apprendre un peu de géographie. Jacou leur explique ce qu’est le Monde, la terre, les mers, et les contrées qui se trouvent de chaque côté. La Gaule est vue en détail, Charles la parcourant en tous sens pour maintenir la paix dans tous les recoins du pays.

     Sur une carte, dessinée par Jacou, ils repèrent l’Austrasie, situent Durandalem, et voient les contrées lointaines dont ils ont déjà entendu parler : la Germanie, la Bretagne, l’Hispanie, l’Italie, les contrées de l’Orient, l’Afrique, les pays du Grand Nord, et ceux du Grand Est. Jacou leur dit que la Terre est ronde, que c'est une boule, et que ce qui est à l’Est rejoint ce qui est à l’Ouest.

      Les garçons ont du mal à assimiler ! À l’Ouest de la Gaule, il n’y a rien, disent-ils. Jacou leur affirme que si, même si personne à sa connaissance, à part lui, Sirius et ses disciples Akna et Itzel, les jumelles Mayas, n’y est encore allé !

      « Au bout de la grande mer, il y a une terre, assurément, j’y étais avec mon maître Sirius, et des montagnes au-delà desquelles s’étend encore une mer qui rejoint le lointain Orient ! Nous sommes allé naviguer sur ces mers, et nous avons rencontré des habitants, Les Maoris, où nous avons fécondé quelques filles, puis nous avons fait connaissance des Fujiens, et ensuite des Aborigènes, leur redit il.

      La croyance que la mer s’arrête, et que si on s’y aventure, on tombe dans le néant ou les profondeurs infernales, c'est une fabulation ! Ces croyances ont été inventés par les hommes d’Église, qui ne pouvaient répondre aux interrogations des marins. C’est pour cette raison que personne n’a encore osé tenter l’aventure vers l’Ouest ! »

     Il leur explique les montagnes, les plaines...  Telle celle de Durandalem qui a été, il y a longtemps, creusée par un glacier qui usait la roche en glissant. Il leur parle aussi des différences de température suivant les contrées. Plus on va vers le Nord, et plus il fait froid, mais quand on est tout au Nord, on ne peut qu’aller vers le Sud !

      L’heure du repas approche. Jacou annonce que cet après-midi, ils feront de la course, afin de muscler leurs jambes. Après le repas, le petit trot et la sieste, ils s’équipent. Un pagne, vu qu’ils vont sortir de l’enceinte. Et pour protéger leurs pieds, Josette et Josiane ont préparé des chausses aux semelles renforcées prévues pour la course.

      Et Dillon en tête, les voilà partis pour faire le tour des collines autour de Durandalem.

     Pendant ce temps, Jacou a préparé Chantal.  Il va l’emmener à la caverne, afin qu’elle aussi soit initiée au pouvoir de communication mentale.

    Pendant que les garçons courent, longeant des champs que les paysans ensemencent, ces derniers se demandent bien quelle est cette troupe à moitié nue qui court ainsi dans les collines !

     Après un après-midi à courir, ils ont parcouru bien six lieues, à travers les champs, les bois et les prés, aux alentours du village. Ils arrivent à l’école, fatigués, hors d’haleine, les jambes lourdes, et vont prendre une douche revigorante avant d’aller dans la salle de sudation.

     Jacou est revenu avec Chantal. Après son inhalation, elle dort.

     Marianne et Mariette se préparent à masser les cuisses et les jambes des garçons. Josiane et Josette s’y mettent aussi, ainsi que Manon.

     Nos coureurs sont dans un tel état de fatigue qu’ils ne pensent pas à solliciter les filles pour autre chose. Après les massages, ils sont réunis autour du coin des boissons, à boire des boissons énergétiques. Ils en ont besoin !

     Le repas du soir est servi. Chantal arrive à point pour manger, un peu étourdie, et répond, mentalement, difficilement aux questions qui lui sont posées. Une fois nourrie, cela va mieux, et elle est opérationnelle pour aider Manon à débarrasser.

     Nouvelle importante : Jacou leur annonce que l’école va faire une journée « portes ouvertes ». Tout le village est invité, ainsi que les familles de tous les habitants de l’école. Ce sera dans deux jours.

      La journée de demain sera consacrée à la préparation de la manifestation. Donc pas de cours le matin, et pas d’entraînement l’après-midi. Les jumelles demandent aux garçons de se présenter devant elles. Elles ont besoin de leurs mensurations pour fignoler les habits festifs qu’elles ont cousus pour cette journée « portes ouvertes ». Chacun peut disposer maintenant d’un peu de temps, avant d’aller se coucher.

     Josiane et Josette, accompagnées par Manon et Chantal, rejoignent les jumelles dans leurs quartiers, pour les aider à terminer les habits, Quelques garçons, émoustillés par la poitrine proéminente de Chantal, aimeraient bien la voir de plus près. Mais ce soir les filles restent sérieuses, elles ont du travail.

      Il est bientôt l’heure pour tout le monde de se coucher. Anatole fait sa ronde, et, allant dans ses quartiers, il passe devant ceux des jumelles affairées à la couture avec les autres filles. Il entend des rires, elles ont l’air de prendre plaisir à ce qu’elles font !

      Mentalement, il leur souhaite, l’une après l’autre, une bonne nuit. Elles répondent de la même manière et lui souhaitent une bonne nuit aussi.

 

Préparatifs

 

     C’est le jour des préparatifs !  Les garçons descendent devant l’école. Ils ont revêtu une tunique, car ils attendent Michel et Émile qui doivent arriver avec une charrette pleine de planches.

     Le portail Est grand ouvert, la charrette arrive, les garçons déchargent les planches, des tréteaux, et quelques tables que Michel a fabriquées. Une fois la charrette vidée de son contenu, Michel et Émile repartent.

      Les garçons ferment le portail, et comme le soleil est généreux ce matin, ils enlèvent leurs tuniques pour profiter sur tout leur corps de ses rayons bienfaiteurs. Les planches et les tréteaux serviront à confectionner une grande table de banquet, ainsi que des bancs pour asseoir cent convives demain au repas de midi. Les garçons se mettent au travail.  Après avoir exécuté ses tâches matinales, Anatole vient les diriger, il sait comment faire.

      Dans le courant de la matinée, une grande table est installée, suffisante pour accueillir tous les convives. Les garçons sont contents d’eux !

      Child arrive pour livrer les plats préparés pour ce midi. Manon arrive, dans sa tunique comme d’habitude. Chantal aussi a enfilé une tunique, pour prendre livraison des plats. Manon la présente à Child. C'est elle qui l’aide dorénavant pour les repas.  Child repart. Le portail refermé, Manon le verrouille. Dorénavant plus personne ne peut entrer sans se faire ouvrir en actionnant la cloche. Elles vont donc vers le bâtiment. Les garçons leur donnent un coup de main pour porter les plats jusqu’à la table où ils vont bientôt manger.

      Et ils les débarrassent prestement de leur tunique, faisant bondir les seins de Chantal, qui en rit !

     Le repas terminé, Manon et Chantal débarrassent le tout vers l’office et nettoient la vaisselle.

     Dillon aimerait bien passer un moment avec Chantal, ses gros seins lui plaisent beaucoup ! Il lui donne donc rendez-vous dans une pièce du fond, ce qu’elle accepte avec plaisir : elle a vu l’anatomie de Dillon !

     La sieste aujourd’hui est facultative. Alix veut bien aller dans son lit, mais seulement si Josiane le rejoint ! Josiane est toute jouasse de faire la sieste avec Alix.

     Il en est de même pour Charles et Josette.

      Le Borgne voudrait que Manon lui masse le poignet, et il l’invite dans son lit.

      Marianne, elle, s’invite dans le lit d’Achille, et Mariette vient dans le lit de François.

     Les autres garçons, Xavier, Armand, Gabin, Hugues, Joseph, retournent dehors prendre le soleil.

Les portes ouvertes de l’école

 

   

     Il fait à peine jour, en ce début avril. La cloche a sonné sept heures.  Les oiseaux gazouillent à tue-tête depuis un petit moment, le soleil devrait être présent aujourd’hui.  Jacou se réveille.

     Ce jour ne sera pas comme les autres !  Il fait le tour de la bâtisse, réveille les garçons et les filles. Manon prend rapidement une douche et prépare le petit déjeuner, plus copieux ce matin, au vu de l’activité prévue.

     Georges aussi est là, il va nettoyer son atelier pour le faire visiter.

     Après s’être sustenté, chacun met la main à la pâte ! Armand, François, Gabin et le Borgne s’attaquent au rez-de-chaussée, notamment au nettoyage de la réserve de charbon et de la pièce où se trouvent les chaudières. 

      Ils s’amusent à se dessiner sur le corps avec les morceaux de charbon. Ils s’amusent, mais ils sont efficaces ! Les chaudières sont lustrées, Anatole vérifie tous leurs réglages de façon qu’elles fonctionnent sans la moindre anicroche. Le sol est balayé, puis lavé à grande eau, raclé, séché.  Ce coin de la bâtisse est propre ! Les quatre garçons vont donc prendre une douche, tous les quatre ensemble, se frottent mutuellement, avec des érections à la clé, mais l’heure n’est pas au plaisir de la chair ! Une fois séchés, ils entreprennent le nettoyage du rez-de-chaussée.

     Josiane et Josette sont chargées des linges. Les draps, les serviettes et le reste, tout doit être propre ! La buanderie est rangée, tout est plié de façon impeccable. Les quartiers de vie des cousines sont nettoyés, pas un grain de poussière ne traîne ! Elles nettoient ensuite les quartiers de Manon et Chantal, et les douches du rez-de-chaussée. Les quartiers des jumelles sont remplis des habits que chacun enfilera. Confectionnés sur mesure, ils seront seyants pour toutes et tous !

     Manon et Chantal s’occupent de l’office, où tout doit être trié, classé, rangé, les piles d’assiettes bien alignées, les fourneaux briqués. La salle à manger est elle aussi passée au peigne fin.

     Alix, Xavier et Charles nettoient la salle de sudation, ainsi que les abords du bassin de kaolin.  Il faut frotter les murs, les bancs, les sols, nettoyer les pierres et le foyer de chauffe, avant qu’Anatole ne remette la salle de sudation en fonction.  Il faut qu’elle soit opérationnelle à l’ouverture des portes !

      En attendant de passer à l’habillage, les jumelles nettoient les pièces du fond. Les literies sont mises à neuf, les douches sont briquées. Achille, Hugues et Joseph se chargent des dortoirs, toutes les literies sont changées, les quartiers de Dillon sont nettoyés. Tous les dortoirs sont d’une propreté exemplaire ! Tous s’appliquent à donner à leur école le meilleur d’eux-mêmes. Jacou et Dillon aménage le cabinet de Jacou…  La bâtisse est maintenant propre comme un sou neuf !

     Tout le monde se retrouve dehors.  On parachève la disposition des tables pour accueillir les convives. Anatole termine la cambuse où seront stockées les victuailles que Child et Émile ne sauraient tarder à livrer. 

     C'est qu'ils ont tous travaillé d’arrache-pied, villageoises et villageois, pour préparer toutes les denrées, toutes les boissons nécessaires pour la fête !

     Ainsi, P’tit Louis a confectionné beaucoup de miches de pain, son four a tourné jour et nuit ces derniers jours...

     Anatole signale que la charrette d’Émile arrive. Alors, tout ce monde nu se précipite dans le bâtiment. Restent Anatole et Dillon qui enfilent leur tunique pour accueillir les fournisseurs. Au rez-de-chaussée, Marianne et Mariette habillent les garçons. Georges a amené ses plus beaux habits et les enfile prestement.

      Les garçons sont magnifiques, dans leurs habits chatoyants de soie et de cachemire. Des couleurs vives assorties. Il n’y en a pas deux pareils mais ils sont tous aussi beaux les uns que les autres !

      Un pantalon ample, ne serrant pas les attributs des hommes, une vareuse souple sur un maillot de peau, font des garçons les plus beaux hommes que l’on puisse voir par le Monde !

     Les filles sont habillées d’une longue jupe, fendue sur le côté, permettant tous les mouvements. Jupe surmontée d’un boléro ajusté mettant en valeur leurs belles poitrines, mais sans décolleter l’avant outre mesure.

     Child et Émile ont fini de décharger le contenu de la charrette. Tout est stocké, rangé dans la cambuse, et ils s’installent avec un pichet et deux verres après avoir mené les chevaux et la charrette au bout de l’enceinte.

     Anatole et Dillon rentrent s’habiller, tandis qu’apparait Jacou, dans un costume magnifique. Costume tout en nuances de bleu, un pantalon ample sous une toge, il est splendide !

      Il va saluer Child et Émile, il est temps d’ouvrir le portail, dès que tout le monde sera là, habillé et à pied d’œuvre. Jacou espère qu'un jour, on pourra tous vivre sans habits ! Il œuvre dans ce sens, et ce jour viendra !

     Enfin, le portail s’ouvre…

     Les premiers sont l’abbé Jean des Glandières, accompagné de Pierre, sur sa charrette, et de l’abbé Paul qui est assis derrière. L’abbé Jean et Pierre sont partis tôt de l’abbaye, ils ne voulaient pas arriver après tout le monde !

     Pierre, en voyant les filles dans leurs atours, ne peut s’empêcher de penser à sa dernière visite, et espère que peut-être, même aujourd’hui, il trouvera l'occasion d'un moment intime avec l’une ou l’autre d’entre elles...

     Avec Esther et mes enfants Ariston et Benami, je me présente au portail. Jacou m’accueille et me félicite pour ma participation efficace.

     « Les chaudières, toute la partie tuyauterie, l'eau, les douches, tout fonctionne à merveille, grâce à toi ! dit-il.

     - Et aussi à ceux qui étaient avec moi ! » lui précisé-je.

     Le Fernand arrive, avec ses nouveaux commis, des garçons de Naborum, Édouard, Jacques et Gildas, qui remplacent ses garçons et Dillon. François et le Borgne les accueillent et les emmènent pour une visite des lieux. Il apporte comme promis sa nouvelle eau-de-vie, qu’Anatole range précieusement dans la cambuse.

      Émile Gouvy, le forgeron de Hombourg, est accueilli par son fils Achille, qu’il trouve rayonnant et magnifique dans son bel habit !

     Venant tous deux de Tenquin, Roger Capes, maraîcher et père d’Armand, et Guillaume Holz, bûcheron et père d’Alix, sont accueillis par leurs fils respectifs.

     « Ma parole, tu es devenu un homme ! » dit Guillaume à Alix, qui en quelques semaines s’est métamorphosé ! Ils partent tous les quatre visiter cette bâtisse qui les impressionne.

     Richard Schaff, l’éleveur de bétail de Naborum est là, avec son épouse Carole de Saint-Saëns, et leur fille Nadège, la sœur de Hugues.

     Le père de Charles, Vivien Kauf, commerçant, de Naborum également, est venu avec eux. Ils ont de bonnes relations. Vivien avait confié l’éducation de son fils à Carole, qui enseignait les notions d’écriture et de lecture aux garçons Hugues et Charles, et à sa fille Nadège, Hugues et Charles les accueillent, et ensemble ils partent faire une visite de la bâtisse.   

     Nadège, se remémorant leurs premiers rapports sexuels ratés, ne sait pas quelle attitude elle doit avoir avec Charles. Mais après une courte discussion - Charles plaidant l'inexpérience - les deux amants frustrés décident de rester malgré tout bons amis.

     Michel arrive, et ses deux filles l’accueillent avec enthousiasme. Il constate qu’elles sont très belles dans leurs habits de fête ! Marianne et Mariette l’emmènent alors lui montrer où elles habitent, et quel est leur travail dans l’école.

     Louis Brett, l’ébéniste de Laudrefang, arrive accompagné de Jean-Louis Stamm l’aubergiste, venu avec son épouse Marie et Ingrid Leskigson, la serveuse. Anatole, le frère cadet de Louis, les reçoit avec Joseph, le fils de Louis, et Xavier, le fils de Jean-Louis.

     Quand Xavier revoit Ingrid, il lui sourit, sourire que la belle rousse lui rend volontiers, ils se souviennent de la soirée qu’ils ont vécue ensemble un moment. Le groupe va s’asseoir à table pour discuter et boire un pichet ensemble. Puis ils partent à la découverte des lieux.

     P’tit Louis Muller le meunier est là, accompagné de sa femme Berthe, de son fils Isabeau, de sa fille Jeanne, et du dernier, Grégoire, avec dans sa besace un grand pain surprise.

      Clovis Hune, l’éleveur de volailles, arrive aussi, avec Clothilde sa femme et leurs enfants Gérôme et Fabien.

     Denis Pepin, le rémouleur, est venu avec son épouse Béatrice, et sans sa chariote !

     Damien Fleich, le boucher de Naborum emmène avec lui sa femme Angel, belle-mère de Gabin, et aussi quelques terrines de sa fabrication. Son fils Gabin, heureux de revoir son père, met les terrines dans la cambuse, avant de les emmener à la visite du bâtiment.

    Ainsi arrivent petit à petit les habitants de Durandalem, qui pour la plupart ont participé à la construction de l’édifice.

      Les cantonniers, Pierrot Stein avec son épouse Gisèle et ses enfants Agathe et Félix, ainsi que Claude Stein et son épouse Marie, avec leur fille Diane sont là.

     Et même les sœurs Beten, Germaine et Gertrude arrivent, pour voir ce lieu de débauche !

     Les mères et frères et sœur des cousines ne sont pas là, ils sont en vadrouille avec le comte de Créhange.

     Line Hair, la femme de Georges le barbier, arrive avec Aline, sa fille. Georges leur montre son nouveau fief au sein de l’école, et leur fait visiter la maison.

     Le boucher Alvin Koch, son épouse Elvire, et les jumeaux Judith et Roger sont arrivés.

     Ainsi que Claude Kaas l’apothicaire, sa femme et leur fils Maxime.

     L’horloge sur le toit sonne douze coups. Il est midi, tous les invités présents sont ébahis par cette cloche qui sonne et donne l’heure, les Durandalemois sont déjà habitués à l’entendre, mais les invités extérieurs sont vraiment étonnés !

Toutes et tous se retrouvent attablés, Marianne, Mariette, Josiane, Josette, Manon et Chantal sont au service, Dillon s’occupe des vins, des vins de qualité, disponibles en grandes quantité. Child n’a pas lésiné sur ce point ! Jacou répond aux innombrables questions que posent les visiteurs. Ils ont été tous surpris, en ouvrant la porte de la salle de sudation, de la chaleur qui y règne.  Le bassin de kaolin intrigue aussi beaucoup de visiteurs, qui se demandent à quoi peut bien servir cette boue blanchâtre. Jacou propose que ceux et celles qui veulent essayer se retrouvent après le repas pour une séance de sudation. La nudité étant de mise, chacun pourra s’envelopper dans une serviette que Josiane et Josette mettront à leur disposition.

      La chaudière est aussi dans les discussions, ainsi que la machine à vapeur. J’apporte des réponses sur leurs fonctionnements, et sur le mécanisme qui fait tourner la machine à laver dans la buanderie. Machine qui en a épaté plus d’un et surtout plus d’une !

     L’horloge en intrigue plus d’un ! L’abbé Paul en tête, j’emmène toute une troupe dans le grenier pour dévoiler le secret de cette machinerie magique.

     Le banquet se poursuit, le vin coule à flots. Dillon se fait aider par Joseph et Hugues pour abreuver tout le monde. Child fait sortir son alcool. Beaucoup le trouvent fort, notamment l’abbé Paul, qui néanmoins en boit plusieurs verres sans se rendre compte qu’il s’enivre, sous les regards outrés des bigotes Germaine et Gertrude. Tout le monde reste assis, profite de cette belle journée ensoleillée, en buvant pour certains plus que de raison.

     Les jeunes enfants, Benami, Grégoire, Agathe, Félix, Diane, Gérôme, Fabien et Maxime s’amusent autour du bâtiment, c’est un superbe terrain de jeu.  À chaque fois, ils s’arrêtent aux tables pour chiper là une friandise, là un gâteau.

    Ariston, Nadège et Jeanne se connaissent. Elles ont plaisir à partager ces moments entre elles, se racontant leurs secrets.

     Josiane, qui a déjà fait signe à Pierre, s’en va dans la bâtisse, prétextant un changement de linge dans la machine à laver, Pierre la suit pour l’aider. Elle ne rechigne pas. C'est lourd, le linge mouillé !

 

     Ils sont de retour, Josiane boit une grande rasade d’eau, et Pierre un pichet de vin.

      « C’est qu’il fait chaud dans la buanderie ! » dit Pierre, le sourire aux lèvres.

      Mentalement, elle raconte leur rapport à Marianne, Jacou fronce les sourcils en regardant Josiane, mais sourit ensuite en croisant son regard. Il a suivi les pensées de Marianne et Josiane, et leur dit qu’il faut rester discret, surtout aujourd’hui !

     Puis Jacou envoie Chantal chercher la fiole réparatrice, certains convives ne sont plus eux-mêmes, et même le curé du village chante, faux, mais chante ! Elle revient avec la fiole de liquide jaunâtre, l’abbé Paul en boit un verre, et aussitôt reprend ses esprits, « Jacou est un grand sorcier » se dit-il. Quelques convives sont ainsi retapés, la gnole du Fernand a été appréciée !

     Tout le monde est joyeux, Jacou propose d’emmener celles et ceux qui le désirent dans la salle de sudation.

     Un groupe se forme : Isabeau et sa sœur Jeanne, Grégoire préfère rester avec ses copains, Claude et Rosine Kaas, laissant Maxime avec les autres enfants, Émile l’éleveur de Durandalem, Clovis sans Clotilde, Aline, la fille de Georges, Les jumeaux Judith et Roger les enfants d’Alvin le boucher, Denis Pepin et Beatrice, et Carole de Saint-Saëns, accompagnée par sa fille Nadège, Ariston, ma fille veut bien tester aussi, du moment qu’elle reste avec ses copines.

     Une fois arrivés devant la salle de sudation, tous doivent se mettre nu. Josette est là pour leur donner des serviettes pour s’en draper.  Ils peuvent se changer dans les douches, juste à côté. Isabeau veut y aller tout nu, il n’est pas pudique. Sa sœur Jeanne veut aussi, avant de se raviser, voyant ses copines Ariston et Nadège en serviettes. Émile préfère une serviette, il craint des réactions ostentatoires de son corps, il y pense déjà. Denis Pepin et Béatrice, Claude et Rosine Kaas, s’enveloppent. Carole aussi s’emballe dans une serviette, ainsi qu’Aline et Clovis. Elvire et Roger s’emballent à leur tour. Jacou se munit d’une serviette, pour ne pas choquer, et tous pénètrent dans la salle. Une chaleur intense les envahit.  Il leur est conseillé de s’asseoir et de ne pas bouger, et de respirer lentement, sans gonfler les poumons.

     Très vite, la serviette est trop chaude, et Carole l’enlève. Du haut de ses cinq pieds dix pouces, sous sa chevelure noire, elle dévoile un corps superbe de quarante ans, une belle poitrine et de magnifiques tétons, gonflés par la chaleur. Son bas-ventre est glabre.

      Nadège alors enlève aussi sa serviette. Ses longs cheveux blonds retombent sur ses épaules, son corps d’adolescente de quatorze ans est déjà bien formé - cinq pieds dix pouces - avec des petits seins tout ronds et des petits tétons. Sa jolie toison blonde naissante est à peine visible.

     Ariston, qui a vraiment trop chaud, se lâche aussi. six pieds, avec une magnifique chevelure noire qui descend sur son dos. Son corps, charpenté comme celui d'une adulte, alors qu’elle n’a que quatorze ans, arbore de beaux seins ronds, fermes, avec des tétons fins, et une toison déjà bien noire lui couvre le pubis.

     Jeanne, pour ne pas être en reste, tombe également la serviette. Brune comme son frère, de cinq pieds neuf pouces, elle est déjà complétement formée à quinze ans. Ses seins pointent en avant, terminés par des tétons pointus. Son ventre légèrement rond est tout mignon, et une magnifique toison brune orne son bas-ventre.

     Aline, un peu gênée, tombe néanmoins la serviette. La rousse de dix huit ans, cinq pieds sept pouces, a un corps splendide, des seins comme des melons qui tranchent avec son corps fin. Sa toison rousse presque rouge est superbement sculptée, et de longues jambes prolongent ses petites fesses fermes.

   Judith, sans gêne, a enlevé sa serviette dès qu’elle est entrée. Une grande blonde de vingt-et-un ans, de six pieds, aux yeux bleus. Un corps fin orné de deux splendides seins terminés par de petits tétons tout roses, une toison blonde et fournie, et de longues et fines jambes qui lui donnent une silhouette élancée.

     Rosine Kaas décide d’enlever aussi sa serviette. La belle rousse aux yeux verts, de cinq pieds cinq pouces, affiche son corps de trente ans, superbe, bien charpenté, avec de magnifiques seins hauts et fermes et de superbes tétons rouges, un ventre plat et une splendide toison rousse frisée.

     Béatrice suit le mouvement et, pour la première fois de sa vie, se montre nue devant les autres. C’était jusqu’à présent réservé à son mari Denis. Blonde de quarante-et-un ans aux cheveux courts, elle est bien en chair, pas grande, cinq pieds quatre pouces, les yeux bleu azur, des seins bien volumineux et bien droits, terminés par des tétons pointus, une toison blonde épaisse, des fesses rondes et de bonne cuisses sur des jambes potelées. Elle n’éprouve aucune gêne à se dévoiler.

     Son mari Denis, lui, est un peu gêné que tout le monde profite de la vue de sa femme, lui qui en avait l’exclusivité ! Il tombe alors aussi la serviette, et se montre à tout le monde, debout. C’est un homme de quarante ans, petit et trapu, cinq pieds cinq pouces, des cheveux blonds courts et des yeux vert, un poitrail musclé qui surplombe de beaux abdominaux, une toison dorée.

      La vue de ces magnifiques femmes et de ces jeunes créatures qui se dévoilent devant lui émoustille Émile. Depuis qu'il a regardé Béatrice, Carole, Aline, Rosine, Nadège, Ariston et Jeanne, il reste bien emballé, sa serviette sur ses cuisses. Isabeau, dix neuf ans, est grand, au moins six pieds, les cheveux brun foncé. Il est à l’aise, il prend souvent des bains avec sa sœur, et leur nudité leur est familière. Il a un beau corps, musclé par tous ces sacs de farine qu’il transporte au moulin. Sa toison pubienne abondante et brune cache en partie ses attributs.

     Aline l’observe avec plaisir.  C’est la première fois qu’elle le voit nu, cela lui plaît, et elle sourit en le regardant. Il lui rend son sourire, sans oser trop la regarder. Il sent comme des picotements dans le bas-ventre, et ne voudrait pas que cela se voie.

    Clovis à son tour dévoile son corps. Sa petite taille de cinq pieds n’altère pas l’harmonie de l’ensemble. Un homme fin de trente ans, blond aux yeux bleus, pas très musclé et une toison blonde sur son bas-ventre. Il admire la plastique de ces corps féminins dévoilés, sans réaction ostentatoire pour sa part. Il les regarde et sourit. Carole lui rend son sourire.

     Roger, le frère jumeau de Judith, enlève sa serviette aussi. Il ressemble à sa sœur, à quelques détails près. Un peu plus grand, six pieds quatre pouces, un corps tout fin, un poitrail couvert de poils blonds et des tétons tout roses comme sa sœur. Un ventre plat orné d’une toison blonde abondante. Il a de longs bras et de longues jambes.

   Jacou enlève aussi sa serviette. Il est bel homme, âgé de quarante cinq ans, d’une taille de six pieds trois pouces. Une chevelure courte légèrement grisonnante. Son corps est fin et quelque peu musclé. Carole regarde ce corps d’homme mûr qu’elle trouve magnifique, sourit à Jacou, mais ne dit rien.

     Claude, voyant que tout le monde ou presque est nu, tombe la serviette. Roux aux yeux verts, comme Rosine son épouse, il mesure cinq pieds huit pouces. À quarante ans, il est dans la force de l’âge. Son corps est puissant et velu, et son pubis est recouvert d’une touffe de poils roux très longs et frisés.

     Au bout d’un bon quart d’heure, tous sont en nage, Jacou dit qu’il est temps de sortir. Chacun se recouvre, et tous se dirigent vers la douche. Après la douche, Jacou leur propose un bain de kaolin, mais personne n’est tenté, la sudation les a quelque peu épuisés. Émile sort le dernier, gêné, toujours en érection, et reste emballé jusque sous la douche, où il tourne le dos aux autres. Il espère que sa proéminence va se calmer. Finalement, avec l’eau, elle se calme... Josette lui tend une serviette dans la douche pour se sécher.  Puis tout le monde se rhabille, et le groupe rejoint les convives, sous le soleil de l’après-midi. Sur les conseils de Jacou, tous vont se désaltérer : la sudation fait perdre beaucoup d’eau, et ils ont grand soif !

     Ariston me raconte sa séance. Sa peau est toute douce au toucher, et elle se sent apaisée. Elle, Jeanne et Nadège conviennent de se revoir - pourquoi pas à l’étang - dès que sera venu le temps de la baignade. Et si Nadège veut passer quelque temps à Durandalem, elle sera la bienvenue ! Elle demande à Jacou si elles pourront revenir prendre une séance de sudation. Il lui répond qu'il est d'accord, qu’il organisera cela. Toutes contentes, elles retournent à leurs discussions.

     Quelques convives voudraient prendre une douche chaude. Ils ne connaissent pas ce procédé, ils aimeraient essayer. Jacou est d’accord. Et plusieurs d’entre eux vont tenter l’expérience ! Josiane et Josette les accompagnent, fournissent des serviettes, et les attendent. « Le savon est dans de petites fioles, dans chaque douche. » leur disent-elles.

     Ils reviennent, propres et ravis, rafraîchis malgré la chaleur de la douche, et demandent à revenir, tellement c’est agréable, une douche !

     À la suite de quoi, avec Jacou et Michel, nous proposons de construire, dans le village, des douches collectives, pour que chacun puisse s’y laver et en profiter ! L’idée est applaudie.

     Elles pourraient se situer à côté de la salle d’armes de Dillon, mais il faudra construire un système de chauffage et prévoir une nouvelle réserve d’eau pour cela. En attendant, Jacou propose d’ouvrir les douches aux habitants, une fois par semaine.

     Le jour reste à définir. Il ne faut pas que cela interfère avec l’enseignement des jeunes.

     Berthe, l’épouse de P’tit louis, ayant vu la machine à laver, me demande si un tel système ne pourrait pas être installé chez eux. Le moulin fournirait l’énergie pour la rotation ! Ce serait, pour elle et pour Jeanne, un gain de temps appréciable. P’tit Louis et Isabeau sont souvent pleins de farine, et le nettoyage de leurs tenues n’est pas aisé.

      La farine mouillée, ça colle !

      Je trouve l’idée excellente, je lui promets de me pencher sur la question. Mon épouse Esther saisit l'occasion :

       « Quand même, une douche et une machine à laver, tu pourrais installer ça chez nous aussi !  Je lui promets que ce sera mon premier travail, dès que j’aurai fini Durandal !  

     - D’autant que la forge est juste à côté, lui dis-je.  l’eau chaude ne sera pas un problème ! Il suffira de chauffer un peu d’eau plus fort pour obtenir de la vapeur, pour la rotation du tambour.  Et cela permettra aussi de mécaniser le soufflet de la forge ! ».

      Elle est ravie.

     Les convives sont rassasiés, enchantés de leur visite. Mais ils ne pourront pas, comme certains le suggèrent, venir à leur guise.  

     « En temps normal, le lieu est clos, et nul ne peut y pénétrer sans mon aval ! précise Jacou. C'est pour préserver la qualité de l’enseignement... » Jacou préviendra Child des jours où cela sera possible.

     L’heure tourne. L’horloge sonne six coups.

      L’abbé Jean et Pierre repartent, ils ont deux lieues à faire jusqu’à l’abbaye. L’abbé Paul, parfaitement remis de sa cuite de midi, rappelle à ses paroissiens que la messe a lieu demain matin, à la chapelle. Il repart avec Pierre qui le déposera au village. Germaine et Gertrude alors lèvent le camp. Les commères auront de quoi raconter demain à la chapelle !

     Roger et Guillaume aussi ont du chemin à faire jusqu’à Tenquin, ils prennent congé, embrassent leurs fils, ils sont fiers d’eux.

      Un à un, les convives repartent. Richard, Carole et Nadège reprennent la route, en chariot, avec Vivien. Damien les suit, sur son cheval. Mais avant de partir, Carole prend Jacou en aparté, lui demande si elle peut le consulter, elle a des douleurs dans le dos. Jacou accepte avec plaisir, et veut bien la recevoir un après-midi pendant l’entrainement des garçons.

      Rendez-vous est pris pour le lundi suivant, dans deux jours, en début d’après-midi. Nadège embrasse ses amies, et souhaite les revoir très bientôt.

     Jean-Louis, son épouse Marie, Ingrid et Louis repartent vers Laudrefang, à pied. Ils ont une petite demi-heure de marche pour arriver à leur village.

     Le Borgne, François et Dillon discutent encore un moment avec leurs remplaçants, Édouard, Jacques et Gildas, qui sont tous trois hébergés par le Fernand, dans la grange des frangins.  Ils sont contents de travailler pour le Fernand, et remercient les trois garçons soldats de leur avoir donné cette chance.  Le Fernand dit que ce sont de bons travailleurs, Édouard se débrouille bien sur les marchés. Il pense les embaucher définitivement. Il sait que ses fils vont partir avec Dillon dès que leur formation sera terminée.

     Et tous les quatre prennent congé. Le Fernand remercie vivement Jacou pour cette journée et pour tout ce qu’il fait avec Dillon pour ses fils.

     Je repars aussi avec Esther, Ariston et Benami, qui a un peu mal au ventre. Le gourmand s’est empiffré de gâteaux et d'autres choses délicieuses pendant et après le repas avec ses copains et copines.

     P’tit Louis, Berthe, Isabeau, Jeanne, Grégoire, Georges, Line et Aline Hair partent avec nous. En arrivant à hauteur du moulin, Berthe me dit : « Tu te rappelleras, Robert, pour ma machine à laver ! ». Je lui réponds que oui, dès que ce sera possible...  et je regarde Esther qui me sourit.

     Bientôt, il ne reste plus de convives, le crépuscule est là.

      Les portes sont fermées par Anatole. Manon, aidée par les garçons enfin nus, range toute la nourriture et les boissons dans l’office. Une armoire réfrigérée par un filet d’eau qui coule en permanence permet de conserver quelques temps les aliments.

     Les filles vont dans les quartiers de Marianne et Mariette déposer leurs beaux habits, et retournent dehors, enfin nues elles aussi, pour nettoyer les tables et ramasser ce qui traîne par terre un peu partout. Le démontage de ces tables sera fait demain matin, par tous, après le petit déjeuner. Enfin, les garçons et les filles vont se faire suer, après cette faste journée.

     Le repas du soir est frugal, chacun peut prendre ce qu’il trouve dans l’office. Il n’y a pas de service ce soir.

     Demain, la vie normale reprend, avec des cours le matin, et des entraînements l’après-midi.

     Josette, un peu chauffée par ce que lui raconte sa cousine, avec Pierre, demande par la pensée à Anatole si elle peut venir le voir quand il aura fini son service. Ce qu’il accepte, évidemment.

     Les jumelles aussi se sentent des envies, et invitent Joseph et Achille dans leurs quartiers.

     Jacou est content de cette journée. Et pour remercier Chantal pour son travail, il l’invite dans ses quartiers, dans son cabinet.

     Dillon, lui, s’invite dans les quartiers de Manon.  

     Josiane, encore tout émue par l’assaut de Pierre cet après-midi, se sent le besoin d’être consolée. Et pour qu'on la console, par la pensée, elle demande à Gabin et à Armand de la rejoindre dans ses quartiers.

      Le Borgne et François ont bien envie de jouer avec Hugues, et s’invitent dans son lit.

      Xavier et Alix, profitant de l’aubaine, veulent s’initier ensemble, aux jeux entre garçons, et Alix se retrouve dans le lit de Xavier.

La découverte du Naturium

 

    La cloche a sonné huit heures.  Tout le monde est à pied d’œuvre pour démonter et ranger les alentours de la bâtisse dans l’enceinte.  Le tout est rangé dans un coin de la réserve de charbon, la place est propre !

     Puis arrive l’heure des cours. Les jeunes continuent à se perfectionner en écriture.  Jacou dispose de quelques manuscrits prêtés par l’abbé Jean des Glandières, pour l'entraînement à la lecture et l’apprentissage du latin.

     Pour midi, Manon et Chantal ont sorti les restes du banquet d’hier. Il y a quelques bonnes bouteilles de vins de qualité à finir aussi, ce dont tous profitent ! Ils savent que Jacou a le remède en cas d’abus, mais ils restent raisonnables, et n’abusent pas de ces nectars. Les filles aussi aiment bien boire un peu, et ne s’en privent pas.  L’après-midi, après la sieste, cours de gymnastique !

     Michel a amené des espaliers qu’il a fabriqués pour l’occasion. Une dizaine, pour que tous puissent travailler simultanément. Et les jeunes enchaînent les pompes, les espaliers, les sauts à la corde, les équilibres sur planche, etc.

     Pendant ce temps, Jacou et Chantal se livrent à des expériences avec des plantes. Tous deux s’habillent pour aller cueillir quelques fleurs naissantes du printemps dans les collines au Sud de Durandalem, là où se trouvent les tourbières.

      Quelques-unes de ces fleurs ont des vertus que Jacou veut découvrir, et Chantal a une bonne expérience des plantes, elle a travaillé chez un herboriste.  Elle connaît déjà quelques recettes et mélanges étonnants.

     Jacou est content de sa disciple, et lui dit en rigolant que la bande de garçons est un terrain d’expérimentation idéal !

     Ils ont découvert une plante, qui pousse dans les tourbières.  Ses feuilles échancrées, une fois mouillées et chauffées, dégagent non pas de la vapeur, mais un gaz. Un gaz hautement inflammable, vu la flamme qui s’est dégagée l’autre jour, lors d’essais. Jacou a baptisé ce gaz du nom de « naturium ». 

      Après la cueillette, une fois de retour, ils décident de produire ce gaz, de le stocker dans une petite cuve étanche, à l’abri des flammes, et de faire quelques expériences.  Pour ce faire, mieux vaut prendre des précautions. Ils se protègent avec des habits de cuir qui leur couvrent tout le corps, et pour la tête, avec une visière que j’ai fabriquée, en verre souple et transparent, obtenu en faisant fondre du sable. Déjà, ils se rendent compte qu’en pressant le couvercle rendu étanche avec de l’étoupe, le gaz se comprime, et que la cuve devient plus fraîche. Ils ont découvert le moyen de faire du froid !

     Pour les garçons, une bonne douche, après cette exposition au soleil d’avril déjà chaud. Et la sudation élimine les toxines générées par les mouvements forcés des muscles.

      La séance de massages qui suit est très appréciée ! Dillon enseigne aux garçons ce que Jacou et les jumelles lui ont enseigné sur cette science, et aujourd’hui, c’est Joseph qui masse Dillon, son cobaye du jour. Ce qui lui permet de le reprendre, corrigeant quelques postures, quelques mouvements. Bientôt Joseph sera lui aussi un bon masseur !

  Dillon prévoit d’organiser un tournoi d’échecs un de ces soirs.  Encore faut-il qu'ils soient assez nombreux à mémoriser les règles de ce jeu ! Ce soir, donc, ceux qui maîtrisent bien les règles apprennent à ceux qui peinent encore.

     Au repas du soir, Jacou annonce la découverte qu’ils ont faite, Chantal et lui. Cela augure de plusieurs projets ! Mais pour l’heure, il est temps de se retirer, chacun sur sa couche, pour se reposer et dormir. Chantal sert une tisane de sa composition, qui aide à la méditation, et qui induit un sommeil réparateur.

Chapitre III    La vie  au village et  à l’école

 

 

- Les douches de Durandalem

-Le cannabis 

-Les cantonniers

-La douche

- La douche au moulin  

- Adèle Pferd

- Les douches communales.

- La soirée chez Child Germain                                                                                                                                                                         - Les cousins de Naborum  

- Le chalet de Michel 

- Aux douches communales

- Chez Child

- Les douches communales Ouverture 

- Le Fernand et ses commis

- L’utilisation des douches

- La visite à l’école

- Les Vikings

- Les bigotes

- Le livreur de charbon

- L’initiation des Vikings

- Les villageois aux douches 

- Yvonne Basin

- La fréquentation des douches communales

- Les copines

- Le pouvoir de voler

- Les douches payantes

- Les douches du Fernand

- Aux douches communales

- L’hospice des Œuvres de Naborum

- Les travaux dans les douches 

- Les essais d’insonorisation  

- La Confrérie du Blauersland

- Le programme des douches

- Le rasage des pubis

- Les tailleurs de pierres 

 

Les douches de Durandalem

 

 

     Je commence à travailler sur les projets que j’ai promis de réaliser lors de la journée des portes ouvertes de l’école. Je me rends chez Michel, et ensemble, nous dessinons les plans des douches collectives que nous installerons à côté de l’auberge, un peu plus haut dans la colline.

     Chaque habitant pourra venir prendre une douche. Il faut donc qu’elles soient en nombre suffisant pour cela ! Nous optons pour six cabines individuelles assorties chacune d'un vestiaire, pour préserver l’intimité de chacune et chacun.

      Le mieux serait que les murs soient en pierre. Les contacts que nous avons avec les maçons de Mettis nous aideront à finaliser le projet. Pour l’heure, il faut une réserve d’eau, et de quoi la chauffer. Je conçois donc une chaudière, qu’il faudra alimenter en charbon, et qui chauffera suffisamment d’eau pour que six douches puissent fonctionner simultanément. Il faudra que quelqu’un s’en occupe ! Cette réserve d’eau, en amont sur la colline, sera alimentée par le réseau d’eau du village que j’ai conçu et installé il y a quelque temps.

      Il y a aussi le projet pour P’tit Louis et pour moi, deux chaudières plus petites, et deux tambours pour Esther et pour la Berthe du P’tit Louis, qui attendent leurs machines à laver.

     Un autre projet, c’est de doter l’auberge des mêmes améliorations. Michel va s’occuper de contacter les maçons de Mettis, par le biais de l’abbaye des Glandières, reliée à l'évêché de Mettis par un réseau de coursiers à cheval. Il faudra aussi envoyer un coursier à Mousson pour commander des tuyaux et des pommeaux.

      Dans la forge chez moi, la Durandal est en cours de finition. J’ai demandé aux jumelles, sculptrices sur bois émérites, de me faire le moule du pommeau, dans un bois dur d’ébène que leur fournira Michel.

      Dans la grande forge, je commence la construction des chaudières. Il me faut beaucoup de minerai de fer pour confectionner les chaudrons amenés à recevoir le charbon. Il reste quelques tuyaux de Mousson que nous n’avons pas utilisés dans l’école. Ils feront l’affaire pour commencer l'installation des douches et des trois systèmes domestiques en projet.

      Je dois aussi fabriquer des tambours pour les machines de Berthe et d'Esther et pour celle de l’auberge, ainsi que deux générateurs de vapeur : un pour ma forge, qui fournira aussi l'énergie pour faire tourner le tambour d’Esther, et l’autre pour chez Child.

      Enfin, je dois trouver un système qui permette d'utiliser le moulin à eau pour le tambour de Berthe. Tout cela prendra beaucoup de temps.  Je sollicite l’aide de Léon Iser, le forgeron de Laudrefang, qui accepte volontiers de venir à mon secours pour tous ces projets.

 

     A l’école, trois cours sont au programme.

     La matinée commence avec des cours de Langue, et les garçons enchaînent ensuite sur les calculs et les mathématiques. Le dernier cours traitera de sciences naturelles, et particulièrement de botanique. Jacou explique aux garçons, et aux filles, qui les ont rejoints, les mystères et les propriétés des plantes qui poussent autour de nous.

      « Il y a par le monde, dit-il, d’autres espèces de plantes, toutes plus fascinantes les unes que les autres, mais nous nous en tiendrons à celles de nos contrées. » 

     Il parle des plantes que l’on consomme, les légumes, les herbes aromatiques. Il parle des arbres, dont la grande variété nous séduit, et des fruits que l’on récolte, mais aussi des vertus des feuilles des arbres, qui nous soignent et nous guérissent de beaucoup de maux. Il parle enfin de plantes spéciales connues de lui, celles qu’il expérimente, telles les trémulondes cueillies dans la caverne. Ou encore les plantes des tourbières, les frigidaires que Chantal et lui ont ramenées hier, et qui permettront des expériences très intéressantes augurant de grands progrès à venir.

      « Le "naturium", ainsi l’ai-je nommé, est un gaz qui s’échappe de cette plante, la frigidaire, si on la fait décocter puis bouillir. Et ce gaz, très inflammable, possède la propriété de se refroidir si on le compresse ! Imaginez-vous qu’en compressant le "naturium " on arrivera à conserver beaucoup plus longtemps les denrées qui s’altèrent à température ambiante. On pourra même faire de la glace, comme celle qui couvre nos étangs en hiver, et cela même en plein été ! »

    Les auditeurs sont stupéfaits par cette découverte !

     « On pourra donc rafraîchir un endroit clos qui en plein été, quand le soleil tape dur, est trop chaud pour y vivre ! Le plus difficile sera de conserver sous pression ce gaz, qui par nature est aussi très volatile ! »

     Puis il parle encore d’autres plantes, notamment d'une qui donne un grand pouvoir, un pouvoir inutilisé enfoui dans nos cervelles, mais que cette plante permet d’activer. Un pouvoir aussi étonnant que la transmission de la pensée.

      « Mais quel est donc ce pouvoir ? lui demandent les jeunes.

     - Il nous permettra d'effectuer des actions à distance, de déplacer des choses sans les toucher ! annonce Jacou sous un « wouaaaaa ! » général.

     - Mais tu as expérimenté ce pouvoir ? Tu sais t’en servir ? demande Dillon, vraiment intrigué. »

      Jacou lui répond que oui, il l’a déjà possédé, du temps de son Maître Sirius, qui le lui avait enseigné. D’autres pouvoirs aussi ! Mais ce pouvoir s’est dissipé, faute d'avoir été entretenu. Pour qu’il soit durable, il faut consommer une potion qui l’active.

     « Mais je me souviens toujours de la formule des dosages des différents ingrédients, formule que je tiens de Sirius. Et quand j’aurai réussi à composer cette potion pour ainsi dire "magique", toute personne qui en boira disposera de ce pouvoir, très puissant !  Il me manquait un ingrédient, une plante... Et c’est Chantal, en me parlant des propriétés étranges d’un végétal des tourbières, la vélonde, qui m’a remis sur la piste. Je la remercie grandement pour son aide précieuse ! »

    L’heure du repas approche. Le cours s’arrête là, mais Jacou a encore quelque chose d'important à dire :

     « Cet après-midi, je reçois une personne qui souffre de maux de dos, je lui ai promis d’essayer de la soigner, elle viendra donc dans mon cabinet. Je ne veux pas qu’elle vous croise nus, ni même qu’elle vous voie.  Alors, voici comment nous allons procéder : la sieste sera courte, et vous irez tous vous entraîner au tir à l’arc derrière le bâtiment, à l’opposé du portail. Ainsi, elle ne vous verra pas !

     Child sera là, avec son matériel. Dillon tu es chargé de l’accueillir quand il arrive.  Après le repas, toi et Anatole, vous l’aiderez à installer le matériel. Et vous vous entraînerez moins longtemps, de façon à faire la sudation plus tôt cet après-midi. Chantal, qui accueillera cette personne et me l’emmènera, viendra vous prévenir ensuite du moment où vous pouvez venir en salle de sudation et viendra avec vous. Dillon, bien sûr, toi et Anatole aiderez et raccompagnerez Child sans traîner ! Puis, après la douche, vous irez en salle de massage, où toutes les filles vous attendront pour une séance. Les filles, vous pouvez faire une sudation après le repas, et vous vous retrouverez toutes en salle de massage pour vous perfectionner mutuellement à ces techniques, en attendant les garçons. J’appellerai Chantal quand j’en aurai fini avec cette personne. Chantal ira l’accompagner jusqu’au portail, et ensuite viendra vous libérer des filles ! termine-il en riant et en faisant rire tout le groupe. Maintenant, dressons la table et mangeons ! »

    Jacou a volontairement gardé l’anonymat de cette personne.  Il s’agit de Carole de Saint- Saëns, la mère de Hugues, et que Charles connait très bien aussi. Il ne veut pas que son fils s’inquiète, ou que les garçons interfèrent dans ses soins.

    Après un petit tour de course et une courte sieste, les garçons sont à pied d’œuvre avec Child et ses trébuchets, pour une séance de tir sur cibles mouvantes. Joseph essaie, et arrive à toucher deux cibles lancées en même temps, en décochant deux flèches l’une derrière l’autre.

        Tout le monde, même Child, est épaté ! C’est vraiment le meilleur archer du groupe ! Tous progressent et touchent leur cible, sur les conseils de Child et de Dillon. L’entraînement est vraiment intéressant.

    Carole arrive, reçue par Chantal. Elle l’accompagne chez Jacou, puis va prévenir les garçons que l’heure de la sudation est arrivée.

    Les garçons rejoignent donc la salle de sudation après la douche, ils ont transpiré sous le soleil en bandant leurs arcs. Anatole propose à Child de laisser son matériel ici, il construira un abri pour le stocker. Ainsi, il n’aura plus besoin de se déplacer en charrette. Child dit que c’est une bonne idée, et quitte les lieux sur sa charrette vide.

    Les filles, après une sudation, sont en salle de massage. Elles se massent, bien sûr, apprennent des techniques de massage, mais aussi apprennent à connaître des points secrets en elles, que Jacou a enseignés à deux d’entre elles, Marianne et Mariette.

 

     Jacou reçoit Carole de Saint-Saëns, lui explique qu’elle ne verra pas son fils aujourd’hui, pour cause d’entraînement, et lui prodigue des soins complets, extérieurs et intérieurs, ainsi qu’une sudation et un bain de kaolin. Et Carole, qui est arrivée avec un mal de dos, repart guérie. Chantal va donc pouvoir libérer tout le monde.

             

      Et tout ce beau monde se retrouve à table. Ils sont tous affamés. Leurs efforts physiques pendant l’entraînement et les massages les ont aussi déshydratés. Et personne ne rechigne à aller se coucher.

     Manon et Chantal s’occupe de la vaisselle, tandis que Josiane et Josette nettoient les douches et la salle de sudation. Mariette et Marianne nettoient la salle de massage. Après leurs ébats communs, elle est bien sale ! Puis les filles regagnent leurs quartiers. Anatole fait le tour du bâtiment, vérifie que toutes les fenêtres soient fermées. Le ciel était déjà menaçant ce soir. Il pourrait bien y avoir une tempête dès cette nuit, ou demain matin. Il fait le tour des salles, éteint toutes les chandelles encore allumées, et descend vers ses quartiers. En passant près des quartiers des jumelles, il demande mentalement s’il peut venir leur souhaiter une bonne nuit. 

      Elles acceptent, bien qu’elles soient très fatiguées, mais à condition que ça ne dure pas longtemps, car elles tombent de sommeil ! Cela suffit pour Anatole !

Le cannabis

 

        Ce matin, après le passage des garçons chez Georges le barbier, Jacou reprend ses cours de botanique. Avec Chantal, il a trouvé les plantes qu’il cherchait, et les expériences sont en cours.

      « En ce moment, les plantes macèrent dans un jus spécial. Pour l'instant, je vais vous parler des plantes qui ont un effet psychique sur nous, en les mangeant, ou les fumant. Une de ces plantes, la Cannabis Sativa, venue des pays au-delà de la Grande Bleue, a été apportée par les Arabes lors de leur tentative d’invasion. Invasion repoussée comme je vous l’ai déjà dit par Charles Martel, le grand-père de Charles notre roi. Cette plante s’acclimate très bien dans nos régions, et, hormis son côté psychotoxique, elle a des vertus. Sa fibre permet de faire les cordages les plus résistants qui soient. Si vous fumez ses feuilles ou ses fleurs, vous vous sentirez différents, insouciants, et sans envie d’entreprendre.

      Cette plante peut calmer les angoisses, mais elle peut aussi les exacerber, cela dépend des personnes !  En fonction des doses, elle peut calmer les douleurs. Si je vous en parle ce matin, c’est parce que vous ferez, tous ensemble, l’expérience de goûter cette plante ! Vous la reconnaîtrez facilement, et vous en devez connaître les effets, bénéfiques ou néfastes selon le mode de consommation. »

     L’heure du repas est arrivée. Après le petit trot digestif et la sieste, les garçons vont faire du tir à l’arc. Tout le matériel est là. Child ne vient pas aujourd’hui, Mais Dillon reprend les essais sur cible mouvante, et charge les trébuchets.

     Après les exercices, la sudation, les massages, le repos, le repas du soir…

 

Les cantonniers

 

     Les cantonniers Pierrot et Claude Stein se sont attelés à une lourde tâche, celle d’installer un tuyau enterré qui recueille les eaux usées. Un tuyau qui traverse tout Durandalem, depuis la grande forge et l’école jusqu’après les écuries d'Émile, situées à l’orée du bois, à l’entrée du village.

     À cette orée du bois, ils ont installé une grande mare de décantation.  Ainsi, l’eau ressortira propre pour retourner à la rivière. À terme, toutes les douches que j’installerai dans le village seront raccordées sur ce tuyau.

      J’ai commencé la grande chaudière pour les douches, et celles de chez moi, de P’tit Louis et de Child. Léon m’apporte une grande aide pour la réalisation de mes projets, il m’est vraiment d’un grand secours ! Quand j’aurai fini les réalisations à Durandalem, j’irai à Laudrefang faire une installation similaire dans sa forge.  Il en est ravi !

 

     A l’école, ce matin est un grand jour !

     Tout le monde est dans la grande salle, les filles et Anatole aussi.

     Après avoir testé sur lui-même, tôt, Jacou est affirmatif :

     « J’ai réussi à retrouver, avec l’aide de Chantal, la formule pour la potion qui permet de déplacer les objets à distance ! Et en appliquant cette formule à la trémulonde, il s’avère que cette plante fonctionne aussi pour cela : déplacer les choses ! »

     Et il fait une démonstration, en soulevant une chaise, juste en levant sa main dans sa direction. Les garçons et les filles sont sidérés ! Puis il dit :

     « Au début, je n’arrivais pas à déplacer une personne ! Chantal, qui a bien voulu être mon cobaye, ne bougeait pas, et ne ressentait rien de mon geste envers elle. Elle était assise sur une chaise, et la chaise ne bougeait pas ! Je pensais que ma formule n’était pas au point. Chantal a voulu y goûter aussi, et elle arrivait, tout comme moi, à déplacer les objets.

      Mais, chose stupéfiante, elle a également réussi à me soulever, à trois mètres d’elle ! Je ressentais comme un bourdonnement en moi. J’ai réessayé sur elle, et là, cela a fonctionné ! Pour déplacer les personnes, il fallait donc que les personnes visées aient bu elles aussi cette potion...  Mais ce déplacement de notre corps par un autre, nous pouvons nous-mêmes le contrôler. J’ai demandé à Chantal d'essayer à nouveau de me soulever : elle n’y arrivait pas. Car le contrôle mental que je possède, et que vous possédez toutes et tous, bloque le processus à volonté. Vous avez le pouvoir de vous transmettre vos pensées, on ne peut donc vous déplacer contre votre gré. Cela fait trois heures que j’ai bu la potion. Je ne connais pas encore la durée sur moi de ce pouvoir, mais il est limité dans le temps.

      Je vais distribuer à chacune et à chacun une rasade d’un demi-canon, afin d’évaluer les durées de l'effet. Outre la durée du pouvoir, je vous demande de me signaler mentalement tous les changements que vous pourriez ressentir, comme un malaise, ou un étourdissement. 

     Maintenant, vous allez vous exercer, tester votre nouveau pouvoir. On se revoit en fin de matinée pour les comptes rendus. »

      Et chacun part de son côté.

      Anatole descend dans sa chaufferie, et essaie sur le charbon. Il arrive à soulever du tas…un bloc de charbon, juste un ! Pas très pratique pour charger la chaudière... Il essaie ensuite avec une pelle. Il l’enfonce, sans effort, à distance, dans le tas de charbon, parvient à la soulever pleine, et à la vider dans la chaudière. Voilà qui est déjà plus intéressant.  Mais il doit garder la pelle à vue, sinon elle choit ! Il essaie sur une grosse poutre gisant au sol, et arrive à la soulever sans problème.

      Josiane et Josette essaient sur le linge, et arrivent au même résultat. Un seul drap à la fois. Mais à elles deux, elles arrivent à poser, sur un grand drap déplié au sol, une grande quantité de draps et de serviettes, les unes après les autres. Puis elles parviennent à saisir mentalement les coins du grand drap et à les nouer ensemble, avant de réussir à soulever le tout.

      Le Borgne et François, eux, s’amusent à se faire déplacer mutuellement dans les airs. Ils parviennent à se synchroniser... Les voilà qui volent tous les deux ! Mais pour revenir sur terre, François a mal estimé la vitesse de descente, et le Borgne a atterri violemment sur ses pieds, se faisant bien mal aux chevilles !  Du coup, il a arrêté sa transmission. Et François, alors à près de deux mètres dans les airs, est retombé brusquement, se tordant une cheville. Et les voilà tous les deux, blessés, à appeler Jacou à leur secours !

      Les jumelles, dans leurs quartiers, aménagent les lieux. Elles déplacent les armoires, les lits, essaient plusieurs configurations, et tout cela sans se fatiguer, ce qui les épate et leur plaît beaucoup.

      Dillon en profite pour ranger son entrepôt d’armes. Il peut maintenant ranger en hauteur des objets lourds, tels que les coffres remplis d’épées. Cela lui fait un gain de place considérable ! Bon, il lui faudra de la potion pour redescendre cette caisse...

      Alix se mesure à Xavier, pour le contrôle d’un rondin, l’un à dix pas de l’autre. Chacun veut le tirer à lui. Le rondin est en suspension. Il vibre en émettant un grondement sous les influences contraires des deux garçons, mais ne bouge pas !

     Achille essaie de soulever Joseph, et il y parvient. Mais une fois décollé du sol, Joseph refuse, et retombe aussitôt à terre. On peut donc arrêter l’influence en cours. Mais attention à notre situation à ce moment-là : ne pas se trouver trop haut ! Ensuite, ils inversent les rôles, et arrivent aux mêmes résultats.

      Armand et Gabin font des essais de hauteur. Ils arrivent à monter jusqu' au-dessus du bâtiment ! Ils prennent bien soin de redescendre et de se poser en douceur. Ce qui est arrivé tout à l'heure aux frangins leur a servi de leçon.

      Manon aussi réaménage ! Dans l’office, elle peut ranger, d’une façon bien plus pratique, des armoires pleines de vaisselle, des armoires bien lourdes en bois massif, qu'elle n'avait jamais eu le courage de vider ou de déplacer.

      Hugues et Charles font des essais de vitesse. Ils ont pris des lances, et les envoient se ficher dans un panneau de bois. Ils constatent que les lances déplacées mentalement vont plus vite que lorsqu'ils les jettent avec les bras.

      Chantal et Jacou font des expériences de mélanges de produits toxiques à distance. Ils maîtrisent vite le remplissage et le vidage d’une fiole, ou d’une éprouvette.

     Jacou expérimente aussi le transport des deux blessés aux chevilles. Il les déplace depuis l’extérieur du bâtiment jusqu’à son cabinet, en passant par la fenêtre, à l’étage ! 

     Son diagnostic est formel :

     « Toi, le Borgne, tu as le talon droit cassé, et une entorse sur la cheville gauche ! Décidément, tu te blesses souvent...  Quant à toi, François, tu t’en tires bien. Avec une simple foulure de la cheville, tu peux encore marcher. Quelques jours de bandage avec une de mes pommades et il n’y paraîtra plus ! Mais toi, le Borgne, je vais te mettre un emplâtre sur le talon, et tu ne pourras plus marcher pendant quelques semaines.

     - Alors, dit le Borgne, ce sera François qui me portera à distance ! N’est-ce pas, François ? » François acquiesce, c’est la moindre des choses...

      Tout le monde se retrouve avant le repas, et toutes et tous racontent leurs expériences diverses. Chacun enregistre bien les possibilités et les limites de son nouveau pouvoir.

 

     Child est devant le portail. Manon et Chantal descendent en tunique pour réceptionner les denrées du repas du jour, puis grâce à leur pouvoir s’amusent à porter les plateaux jusqu’à l’office, par la voie des airs. Elles s’aperçoivent alors que le pouvoir est effectif même habillée ! elle en réfère à Jacou, qui trouve ceci très intéressant !

     Il en déduit donc que la trémulonde remplaçant la vélonde permet de déplacer des objets sans être nu !

      Mais après le repas, il s’avère que leur pouvoir est devenu inopérant. Jacou l’avait déjà constaté avant le repas, sur lui, tout comme Chantal. Ce n’est donc pas une question de nourriture ingurgitée après avoir bu la potion.

      François demande et obtient une fiole de potion.

     « C’est pour trimbaler mon frère ! Je le mets au lit, je me couche aussi...  Nous ne trotterons pas avec vous ! »

      Après la sieste, les garçons s’entraînent au lancer de javelot.  Leur cible, bien éloignée, doit être atteinte au centre ! Certains, encore insuffisamment musclés, n’arrivent pas à lancer aussi loin. « Il faudra bien, pourtant ! » leur dit Dillon. Après la sudation, Dillon demande donc à Jacou de faire fabriquer quelques agrès pour muscler rapidement les moins forts parmi les garçons.

      Jacou verra cela avec Anatole et Michel. J’interviendrai sûrement aussi dans leur construction.

     Ce soir, Jacou doit passer chez lui, au village, prendre quelques ingrédients. Il passera chez Child et demandera que je vienne avec Michel à l’école pour étudier la chose.

 

      Dans la soirée, Jacou vient à l’auberge. il voudrait nous voir, Michel et moi, au sujet de constructions pour l’école. Ma fille Ariston, qui est avec mon épouse Esther à l’auberge, vient me prévenir. Puis elle se rend au chalet de Michel pour le prévenir aussi. Je viens donc chez Child, avec mon fils Benami, et je bois un canon de vin de Child en attendant Michel.  Il arrive enfin, et Jacou peut nous expliquer ce dont il a besoin. Il a dessiné des plans pour des machines à développer des muscles, avec des contre-poids, pour les pectoraux, les bras, les abdominaux... Michel et moi nous concertons au sujet des matériaux à utiliser. et finalement, nous estimons que cela pourrait être installé la semaine prochaine, mardi 14 ou mercredi 15 avril. Jacou est satisfait !

     Je lui demande s’il ne pourrait pas prévoir un créneau de détente de sudation pour ma fille Ariston, pour sa copine Jeanne, la fille de P’tit Louis, et pour leur copine de Naborum, Nadège, qui viendrait aussi. Il me répond qu’il va y penser.  Si cela n’interfère pas avec l’école, il n’a rien contre !

       Jacou repart vers l’école. Il rapporte les denrées pour le repas du soir, ce qui permet à Child de s’asseoir avec nous et de nous faire déguster un nouveau breuvage, venu des contrées lointaines de la Calédonie du Nord, et distillé à partir de graines d’orge. 

La douche

 

     Ma machine à vapeur est installée dans la forge. Elle fonctionne bien, et le soufflet est automatisé.  L’eau chaude sera fournie par la chaleur de ma forge. Le système est en cours d’installation.

     À l’auberge, Denis Pepin est arrivé avec sa chariote équipée de la grande meule. il va aiguiser les couteaux de l’auberge, mais aussi les quelques haches et autres outils tranchants que Child a dans son échoppe.

 

  • La douche à la maison

 

       J’ai installé la douche dans ma maison.  Esther a l’honneur de l'étrenner ce matin.  Elle est aux anges, vraiment ravie. Tant du côté pratique, que du gain de temps de lavage du corps. C'est bien plus rapide qu’un bain ! « Je prendrai une douche tous les matins ! » décide-t-elle. 

      Ariston essaye à son tour, toute contente. C’est comme celle de l’école, qui l’avait impressionnée ! Puis elle fait venir son petit frère Benami, qui trouve ça génial, cette eau chaude qui lui tombe dessus !

     Je promets à Esther qu’elle aura bientôt cette machine pour laver son linge.

       Après le repas, Ariston apprécie l’eau chaude pour faire la vaisselle.  Je finis le tambour, je raccorde les engrenages sur ma machine à vapeur dans la forge, et j’amène le tuyau dérivé de la douche pour l’eau. Les premiers essais sont concluants. Comme ma forge est toujours en fonction, la douche et la machine à laver pourront servir à tout moment !

     Le premier essai réel de lavage de linge se fait dans l’après-midi, avec mes tenues de forgeron, bien encrassées de charbon et de suie.

      La rotation du tambour commence. Pendant une heure, je dois vérifier l’eau pour la pression de la vapeur et veiller au feu en-dessous pour générer l’eau chaude.  Et au bout de l'heure de rotation, mes frusques ressortent comme neuves !

      Cependant l’eau qui en ressort est bien noire, et je dois la faire passer par le bac de décantation dont je dispose derrière la forge.

      Esther n’en revient pas ! Elle qui passait des heures au lavoir à frotter, et tout cela pour obtenir des frusques encore bien grises, elle va gagner un temps précieux, propice à d’autres occupations moins astreignantes.

      Elle m’invite alors à l’aider pour suspendre les habits propres dans la chambre près de l’âtre, et il lui vient une idée bien agréable pour me remercier.

      Les enfants sont dans leurs chambres, à l’autre bout de la maison… Profitons-en !

 

La douche au moulin

 

      Je suis chez P’tit Louis, le meunier, pour installer la douche et la machine à laver que j’avais promises. Le tambour que j’ai installé chez lui fonctionne, grâce à l’énergie fournie par le moulin. Dans la semaine, j’ai aussi terminé les chaudières avec Léon. J’en installe une chez lui, qui fournira de l’eau chaude pour la machine à laver et la douche.

      C’était une promesse faite à Berthe. Cela fonctionne ! Mais pour faire fonctionner la chaudière, il faut suffisamment de charbon. Nous avons passé un accord avec Pierre, qui livre déjà le charbon des Glandières à l’école.  Il en livrera donc aussi à l’auberge, pour les douches collectives, chez moi, et chez P’tit Louis. En attendant ces livraisons de Pierre, pour les essais, Jacou accepte de nous en donner un peu. Cependant, Pierre devra livrer toutes les semaines plutôt que toutes des deux semaines, avant que j’installe des chaudières partout !

     C’est avec un grand plaisir que Berthe veut essayer la douche. Elle est tout excitée à l’idée d’avoir une cascade d’eau chaude sur son corps nu. Je lui explique le fonctionnement :

     « Il faut abaisser cette manette, de couleur rouge, et l’eau arrive par le pommeau au-dessus de toi.   Pour arrêter l’eau, il suffit de relever la manette. Si l’eau est trop chaude, tu peux abaisser plus ou moins la manette bleue, qui amènera de l’eau froide dans le pommeau. Ainsi, tu peux doser la température de l’eau à ta guise ! Mais je te conseille de régler le mélange eau chaude et eau froide avant d’aller sous le pommeau... Une eau trop chaude te brûlerait ! »   Berthe a bien compris le mode d’emploi.  Elle nous prie de sortir, P’tit Louis et moi, pour tester toute seule...

      Nous laissons donc Berthe se doucher.  Nous allons au moulin vérifier les engrenages qui entraineront l’axe qui fera tourner le tambour. Tout cela semble correct.  Avec la construction et l’installation des tambours à l’école, puis chez moi, j’ai maintenant acquis une certaine expérience ! P’tit Louis me dit qu’il est l’heure de boire une bonne rasade... Il a une bonne cervoise au frais dans la rivière, à côté de la roue à aube qui entraîne le moulin. Il envoie donc Isabeau chercher des pintes, et nous trinquons à la réussite des projets engagés.

     Berthe arrive, le teint écarlate. Elle a manifestement utilisé de l’eau bien chaude. À la question de P’tit Louis « Ça va, Berthe ? » Elle répond que oui, et qu’elle a volontairement utilisé de l’eau très chaude, cela a bien détendu sa peau un peu épaisse, et elle se sent bien mieux maintenant. 

      Isabeau, qui se trouve encore en tenue de travail, me demande si le tambour est opérationnel. Je lui réponds que oui, et qu’il ne manque plus que du linge pour essayer.  Berthe va chercher quelques tenues enfarinées de P’tit Louis et d’Isabeau, les introduit dans le tambour, et Isabeau se déshabille devant le tambour pour y enfourner ses habits.

      Et nu devant nous, il nous annonce « Maintenant, je vais prendre une douche ! » Il en rêvait depuis qu’à l’école, le jour des portes ouvertes, il y avait goûté. Le tambour étant verrouillé, P’tit Louis enclenche la rotation et l’arrivée d’eau chaude. Et tout ce linge blanc commence à tourner, devant Berthe ébahie par ce qu’elle voit. Vu la consistance de la farine, au bout de quelques instants, je lui conseille de vider l’eau du tambour et de remettre de l’eau propre, s’il ne veut pas faire de la colle, en faisant attention à ne pas dépasser le niveau indiqué ! L’eau qui coule du premier bain est comme du lait ! Je suggère à P’tit Louis d’installer une cuve de décantation qui récupère l’eau du tambour, pour ne pas risquer de blanchir la mare de décantation en aval.

     « Bonne idée ! Je vais demander à Michel de me fournir quelques madriers et planches pour la construire. »

      Anne veut profiter de la douche de son frère pour y aller aussi. Mais Isabeau lui demande de ne pas se frotter à lui, il craint d'avoir des réactions qu’il ne voudrait pas qu’on interprète mal ! Anne comprend, elle ressort donc.  Elle attend qu’il ait fini pour y retourner, avec son petit frère Grégoire.

      Après deux changements d’eau, les habits ressortent impeccables. Berthe est vraiment contente. « Merci Robert ! Me dit-elle. Ça va me changer la vie...  Je t’ai préparé un gâteau dont tu me diras des nouvelles ! »

     Avec la satisfaction d’avoir rendu service, et celle du travail bien fait, je rentre chez moi, avec le gâteau de Berthe.  Nous le goûterons ce soir. Et Berthe, qui a vraiment apprécié la douche, propose à P’tit louis de prendre lui aussi une douche…avec elle. P’tit Louis a compris que Berthe ne se soucie pas que de la propreté de son époux.  Il accepte volontiers !

 

Adèle Pferd

 

     C’est la fin de l’après-midi. Alors qu’il s’occupe de nourrir les chevaux, Émile Pferd aperçoit, de loin, deux personnes semblant se diriger à pied vers son écurie.

      Tandis qu'elles s'approchent, il pense reconnaître Adèle, l’épouse de son frère jumeau Rémi, bien qu’il ne les ait pas vus depuis des années. Et le jeune homme qui l’accompagne pourrait bien être son fils, Nestor, qui aurait donc bien grandi ! 

      Les voilà tout près... En effet, c'est bien Adèle ! Elle serre Émile dans ses bras.  Elle a l’air fatiguée, les traits tirés, mais elle est manifestement très heureuse de le revoir.

     « Eh bien ! te voilà un homme ! dit Émile à son neveu Nestor qui sourit :

     - Oh oui, j’ai dix neuf ans maintenant !  Et ils s’enlacent fermement.

     - Vous n'êtes venus que tous les deux, ou bien Rémi est passé chez Child ?  Adèle fond aussitôt en larmes. Émile pressent qu’un drame a dû se produire.

     Alors, elle lui explique :

     - Figure-toi que Rémi est parti...  Il nous a abandonnés, il y a déjà deux ans. Il s’est laissé séduire par une harpie. Une jeune et riche héritière d’un père qui venait de décéder.  Et il est parti de Mettis avec elle. Nous n’avons plus jamais entendu parler de lui ! 

     Depuis deux ans, nous survivons tant bien que mal. Et pour payer un loyer exorbitant, nous avons dû vendre le peu d’orfèvrerie que Rémi nous a laissé, et nous travaillons à droite et à gauche. Le propriétaire de notre logis se venge de Rémi, qui l’a laissé tomber, alors qu’il lui faisait gagner beaucoup d’argent avec son talent d’orfèvre.

      On ne payait pas de loyer, le logis était prêté à Rémi. Mais depuis qu’il est parti, nous devons payer un loyer, le propriétaire ne cesse d’augmenter le prix. Même en travaillant tous les deux, tous les jours, toute la journée, on n’arrive plus à garder de quoi vivre, une fois payé ce maudit loyer ! Et toutes nos relations - en fait celles de Rémi, des gens aisés de Mettis - nous ont reniés. 

     Nous en avons assez de cette vie, de cette survie, plutôt. Alors, nous avons décidé de partir.  Nous avons profité d’une navette de l’abbaye des Glandières qui partait de Mettis, pour gagner Naborum. 

     - Et nous sommes venus à pied depuis l’abbaye.  Précise Nestor.

     Adèle poursuit.

     - Tu es la seule famille que nous ayons encore... Voilà déjà quatre ans que mes parents sont décédés. Nous sommes venus te demander si tu pouvais nous héberger, le temps que nous trouvions un emploi. On va chercher à Naborum. 

      En voyant sa belle-sœur et son neveu dans cette détresse, Émile est au bord des larmes. 

     -  Oui, vous avez bien fait de partir, de quitter cette vie misérable. Oui, vous avez bien fait de venir chez moi... Évidemment, vous pouvez rester aussi longtemps que vous voudrez. Vous êtes ici chez vous ! 

      Il prend alors une décision :

      Beaucoup de choses bougent en ce moment à Durandalem, et mon entreprise est en train de s'agrandir. Une aide devient nécessaire. J’ai besoin d’un palefrenier pour s’occuper des chevaux. Donc, si tu veux, Nestor, si tu aimes toujours autant les chevaux, comme quand tu venais les voir jadis, j’ai un boulot tout trouvé pour toi !

      Quant à toi, Adèle, j’ai toujours trouvé en toi la femme que j’aurais aimé avoir.  Et je t’ai toujours aimée, sans jamais oser déclarer ma flamme. Rémi m’aurait tué, sur le coup ! Une présence féminine me serait bien utile et agréable... Et si tu voulais bien d’un gars comme moi... tu resterais ici et tu vivrais avec moi ! »

     À ces mots, Adèle et Nestor lui sautent au cou.  Et tous les trois, enlacés, pleurent de bonheur... Le bonheur d’avoir, là, devant l’écurie, refondés une famille ! 

     Dans la maison, leur dit Émile, il n’y a qu’une chambre.  Mais dans la grange, on trouvera de la place, et de quoi aménager des quartiers pour Nestor. Nestor est ravi. Une fois dans la grange, il décide que, dès ce soir, c'est là qu'il dormira ! Avec Émile, ils préparent une couche. Des plateaux de charrette feront un lit superbe. Nestor va être bien, ici ! Et pendant que Nestor fait connaissance avec les chevaux, Émile va préparer un repas pour fêter ces retrouvailles.

      Adèle l’accompagne, et dans la cuisine, elle lui dit tendrement : « Moi aussi, tu sais, j’ai toujours eu un penchant pour toi, sans jamais oser te l’avouer ! Ces derniers temps, pendant le peu que je dormais, je faisais des rêves merveilleux...  et figure-toi que c’était toi qui t'y trouvais ! »

      Et ils se serrent à nouveau, dans une étreinte folle.  Puis ils s’embrassent, bouche à bouche. Leurs langues se mêlent. Pour la première fois de leur vie, ils se montrent vraiment qu’ils s’aiment. Adèle est aux anges.  Les rêves merveilleux sont en train de se réaliser !

     Ils préparent ensemble le repas. Émile débouche un vieux rouge que Child lui a un jour offert, et ils en prennent un godet chacun, pour le goûter. « Hmmm... Ce vin est excellent ! » dit Adèle toute ragaillardie.

     Dans l’écurie, Nestor parle aux chevaux. Il leur explique qu’il va rester ici, avec eux, tout en leur caressant le museau. En réponse, ils font « brrrrh » en bougeant la tête, comme pour lui dire qu’ils apprécient. Les chevaux sont des êtres sensibles, et réceptifs à l’empathie qu'on leur manifeste.

     Émile, Adèle et Nestor partagent le repas, finissent la bouteille de vin. Pour couronner le tout, Émile offre une petite liqueur digestive.  Muni d'une lanterne donnée par Émile, Nestor rejoint la grange. Pour la première fois depuis longtemps, il le sent, il va bien dormir ! Et après avoir embrassé sur le museau tous les chevaux, il se couche dans son superbe lit, sous un « brrrrh » de tous les chevaux, apparemment heureux que Nestor dorme avec eux, et le nouveau palefrenier d’Émile s’endort aussitôt.

     Adèle et Émile débarrassent la table. Ils gagnent la chambre. Le lit d’Émile n’est pas très grand, mais à coup sûr, ils s’en accommoderont parfaitement !

Les douches communales

 

       Les maçons de Mettis sont venus.  Ils ont construit la maison des douches collectives. Un espace de vie permettra d’installer les quartiers du responsable des douches. Le bassin d’eau est en place, la chaudière aussi.

      Les tuyaux et les pommeaux, commandés dès le début du projet, sont arrivés de Mousson. Je peux donc installer les douches, et cela fonctionne à merveille ! Une douche sera aussi aménagée dans les quartiers du responsable. Les habitants de Durandalem veulent tous essayer ces fameuses douches, c’est la cohue à l’entrée !

     Ce soir, réunion chez Child, pour mettre les choses au point. L'on devra désigner un responsable qui s’occupera de l’eau et du nettoyage des douches. Le bruit a été colporté sur les marchés environnants, pour recruter un volontaire.

 

  • La soirée chez Child Germain

 

      La soirée commence. Tous les villageois se sont accoutumés au rythme de la cloche. Elle sonne six coups, il est donc dix huit heures. Il ne fait pas encore nuit, les habitués de l’auberge sont déjà là. Michel discute avec P’tit Louis du bac de décantation qu’il lui a installé. C’est efficace, et l’eau qui en sort est bien claire.

      Clovis est venu avec sa famille : Clothilde, son épouse, et ses enfants Gérôme et Fabien, onze et neuf ans. Il parle des douches, il demande si quelqu’un est candidat pour s’en occuper. Apparemment, à Durandalem, pas de candidat en vue...

     Pierrot le cantonnier, est présent, accompagné de sa femme Gisèle et de ses enfants Agathe et Félix, onze ans et huit ans.

     Claude, qui travaille avec Pierrot, est là aussi avec Marie, sa femme, et Jenny, leur fille de dix ans.

      Le Fernand arrive, avec ses trois commis, Edouard, Jacques et Gildas. Ils ont bien travaillé, et ils ont grand soif !

     Denis Pepin est là, avec sa femme. Il montre son nouveau modèle de couteau, à lame pliable.

      Émile entre dans l’auberge, accompagné d’une femme et d’un garçon inconnus des habitants du village. Émile fait les présentations.

      La femme, Adèle, est sa belle-sœur. Elle habitait à Mettis avec son mari Rémi, le frère jumeau d’Émile, et son fils Nestor.  Mais voilà déjà deux ans qu’Adèle n’a aucune nouvelle de Rémi. Son mari a disparu, nul ne sait ce qu’il est advenu de lui. Elle craint qu’il ne soit parti avec une autre. À l’époque, ne lorgnait-il pas vers une richissime bourgeoise de Mettis, qui a disparu elle aussi ?  Adèle a désormais le plus grand mal à survivre sans revenus à Mettis.

      Émile lui a donc proposé de venir s’installer avec lui à Durandalem, ce qu’elle a accepté sans tarder. À Durandalem, elle aura un toit, et ne craindra plus l’expulsion. Et puis, comme elle est bonne cuisinière, elle mijotera de bons petits plats à son beau-frère... 

      Quant à Nestor, maintenant un grand gaillard de dix neuf ans, il se réjouit de pouvoir travailler avec son oncle, il adore tant les chevaux ! Tous leur souhaitent la bienvenue.

       J’arrive avec Esther, Ariston et Benami. Émile me présente sa nouvelle famille. Esther va aider Berthe derrière le comptoir, il va y avoir du monde à servir, ce soir !

     Voilà Berthe, celle du P’tit Louis, accompagnée d'Anne et de Grégoire. Elle salue tout le monde, fait connaissance d’Adèle et de Nestor, et propose que dorénavant, on l’appelle Bertha, pour ne plus la confondre avec la dame de Child.

     « Bertha chérie, dit P’tit louis, raconte ce que Robert t’a installé samedi dernier !  Et Bertha, toute réjouie raconte comment le linge se lave tout seul, et comment elle prend soin de sa peau, depuis qu’elle a une douche, et comment sa vie a changé, et comment elle peut maintenant faire de plus belles pâtisseries !

     - Isabeau, dit-elle à son fils, va chercher le grand panier qu’on a laissé devant la porte !» Isabeau revient avec le panier, un panier rempli d'un monceau de pâtisseries, toutes plus appétissantes les unes que les autres. Bertha les dépose sur le comptoir. « Voilà, c’est pour vous tous, servez-vous, c’est grâce à Robert ! »

      Isabeau sympathise avec Nestor. Ils s’amusent de leurs histoires respectives, dirait on.

      Ariston et Jeanne se retrouvent et se racontent leurs séances de douche.

     Mon fils Benami aime à jouer les serveurs. Il leur sert donc à boire, et aussi des petits gâteaux.  Il en profite pour en manger un au passage. Dame, il est gourmand !

 

    L’abbé Paul fait son entrée. Émile lui présente Adèle et Nestor. D’emblée, notre curé leur demande s’ils ont la foi. Ils répondent par l’affirmative. Il leur donne donc rendez-vous dimanche matin à la chapelle afin de les présenter aux paroissiens de Durandalem, ce dont Adèle le remercie.

     Alvin, accompagné des jumeaux Judith et Roger, vient lui aussi boire un godet.

 

Les cousins de Naborum

 

     Une calèche arrive, qui vient de Naborum. À son bord, deux garçons et une fille, qui demandent à Child de les héberger pour la nuit. Pas de souci, il a des chambres pour les voyageurs. Il leur propose de s’attabler, il va leur servir un repas.

      Ils discutent un moment. La fille se présente. Elle se nomme Yvette Welch, elle vient de Naborum. Âgée de trente ans, elle est la sœur aînée de Josiane, qui travaille avec sa cousine Josette Wasch comme buandière à l’école des soldats.

     Les deux garçons, Gaël et Joël, sont jumeaux, ils ont vingt huit ans. Ce sont les frères aînés de Josette Wasch, les cousins d’Yvette. Ils sont venus à Durandalem pour voir leurs sœurs et cousine, et demandent si elles viennent à l’auberge, ce soir. On leur répond que non.

      « Mais demain matin on préviendra les cousines que vous êtes là ! répond Child, en leur demandant s’ils ne restent que cette nuit, ou un peu plus.

      - Cela dépend, dit Gaël, nous avons des ennuis à Naborum. dit-il .

      Le comte de Créhange, qui nous employait, nos parents et nous, quitte la région. Il ferme son hostellerie du Warndt. Nos parents suivent le comte, qui va s’installer dans la région de Thionville, dans le domaine royal au-delà de Mettis.  Mais nous, nous ne pouvons pas les suivre. Nos logis, prêtés par le comte de Créhange à nos parents, sont maintenant réquisitionnés par le comte pour en faire un grand comptoir peaux et textiles. 

     - Et nous sommes priés d'évacuer les lieux rapidement, rajoute Joël. Nos parents doivent suivre le comte, mais nous, nous n’avons rien à faire là-bas.

      Nous voulions voir si nous pouvions rester avec nos sœurs, le temps de trouver un autre logement. »

     Child leur dit alors que non, hélas, Josette et Josiane ne pourront pas les héberger. Elles ne disposent que de leurs quartiers dans l’école !

      « Quels sont vos métiers ? » Interroge alors Michel.  Yvette répond qu’elle était cuisinière du comte, il fut un temps, puis qu'elle a travaillé aux cuisines de l’hostellerie de Warndt. Gaël a travaillé comme homme de main et vendeur dans différents magasins de Naborum, et Joël était serveur à l’hostellerie du Warndt, avant que le comte ne ferme l’établissement.

     Tout le monde écoute attentivement le drame que subissent ces gens. Ce comte de Créhange est vraiment un fieffé malappris ! Michel réfléchit. Comment donc les aider ?

      Child a soudain une idée.

« L’école me prend maintenant une bonne partie de mon temps. J’aurais bien besoin d’une personne qui s’occuperait de l’échoppe.  Si cela t’intéresse,  Gaël, je peux t’embaucher dans ma boutique… Je t’ offre le gîte et le couvert, et te paie un intéressement, si tu es d’accord. »

    Gaël trouve la proposition alléchante. Mais il pense à son frère Joël…  

« Joël ? dit Child, il pourrait s’occuper des nouvelles douches, là, à côté de l’auberge. Il logerait dans les quartiers prévus, et mangerait à l’auberge avec toi ».

     Michel prend alors la parole.

     « Si Yvette veut continuer à faire la cuisine, je la prends volontiers à mon service au chalet.  Depuis que mes filles sont parties, il est bien vide, le chalet ! Une présence féminine serait vraiment un bienfait... »

     Tout le monde se réjouit d’une issue aussi rapide.

     « Ce soir, vous dormez à l’auberge, et demain, nous vous installons dans votre nouvelle vie ! dit Child.  

      Et maintenant, tournée générale ! » 

      C'est ainsi que ce soir, cinq nouveaux habitants s’installent à Durandalem : Adèle et Nestor, chez Émile, Yvette, chez Michel, Gaël, chez Child, et, Joël, dans le bâtiment des douches. Tous les problèmes sont résolus !

     La soirée se poursuit, les tournées s’enchaînent, et la bonne humeur règne dans l’auberge. Émile, Adèle et Nestor vont se coucher, ils viendront demain manger à l’auberge. Michel bavarde inlassablement avec Yvette. Forte sympathie réciproque, attirance mutuelle attisée par un trop long manque de contacts intimes...  Et Michel annonce à Child que finalement, non, Yvette ne dormira pas à l’auberge ce soir... Il l’emmène tout de suite au chalet !

Le chalet de Michel

 

 

      Yvette se réveille. Elle se rend compte qu’elle n’a pas rêvé, elle est bien dans le lit à côté d’un homme.  Et quel homme ! Elle se souvient de la nuit dernière.

Elle était partie de l’auberge en compagnie de Michel, qui avait une lanterne à la main. Le chemin était aisé, et elle a bientôt aperçu le chalet.

      C’est là que Michel lui a dit :

      « Voilà, on est arrivés, c’est là que je vis. Et si tu te sens bien ici, tu pourras vivre avec moi ! » Il a ouvert la porte, allumé le chandelier. Yvette a découvert une pièce, avec quelques portes sur les côtés et au fond.

     « Je te ferai faire le tour du propriétaire demain, il fera jour. Mais déjà, je te montre, à droite, la cuisine et la pièce à vivre ; au fond, l’accès à mon atelier de menuiserie, et aussi la salle de bains ; et à gauche, ces trois portes donnent chacune sur une chambre. Je te montre la tienne. C’était la chambre d’une de mes filles.  Elles n’habitent plus ici, elles ont leurs quartiers à l’école. 

      Elle entre dans la pièce, la trouve spacieuse. Une commode à droite, à côté d’un grand lit, et une armoire sur la gauche. Au fond, une grande fenêtre.

     - Et ta chambre, elle est aussi grande ?  demande Yvette, qui n’a pas envie de se trouver seule tout de suite.

- Viens, je te fais voir. »

      Et il l’emmène dans sa chambre, plus grande encore que l’autre. Un vaste lit trône au milieu, une armoire et une commode d’un côté, une table et un buffet de l’autre, et également une grande fenêtre au fond. Yvette s’approche de Michel et l’embrasse sur la joue, en lui disant doucement :

     « Merci de m’accueillir chez toi, Michel... ».

     Michel la prend alors dans ses bras musclés, l’embrasse sur la bouche. Yvette frissonne.  Jamais elle ne s’était trouvée ainsi dans les bras d’un homme d’âge mûr. Elle lui tend sa langue, et leurs deux langues se nouent, passant de bouche à bouche. Alors Michel commence à la déshabiller…

 

 

Aux douches communales

 

       Dès le matin, les jumeaux Joël et Gaël sont là. Ils déjeunent en attendant Child, qui doit les informer de leurs tâches respectives.

     Une fois arrivé, Child emmène Gaël et Joël à côté de l’auberge, là où se trouve le bâtiment tout neuf des douches collectives. Child explique donc à Joël ce qu’on attend de lui. Mais cela peut concerner aussi Gaël. Comme ils travaillent l’un à côté de l’autre, ils pourront éventuellement se relayer et s’entraider dans leurs tâches. 

     « Il y a un bassin toujours rempli d’eau, explique Child. Il est automatiquement alimenté par un conduit qui vient de la cascade, par la colline. »

     Sur ce, j’arrive avec Esther, et je rejoins le groupe. Esther, de son côté, rejoint Berthe. Elles vont préparer les repas pour l’école et pour l’auberge.

     J'explique aux jumeaux :

     « Sous ce bassin, il y a une cuve, elle aussi pleine d’eau, au niveau du toit de la bâtisse. Et sous cette cuve, il y a une chaudière au charbon, qu’il faut entretenir, de façon que l’eau reste chaude.  Le charbon est livré une fois par semaine, par Pierre de l’abbaye des Glandières. Il sera stocké dans cette remise, à côté de la chaudière. Il faudra s’assurer que le feu est continu, sortir les scories, les stocker à côté de l’enclos. Les outils, pelle, tison, sont dans la remise. Voilà pour la chaudière. Vous avez des questions ? »

      Mais ils n'en ont pas, ils comprennent vite et semblent bien assimiler.

      « Alors, allons visiter le bâtiment ! » dit Child. Devant, c'est le sas d’entrée, ainsi que les quartiers d’habitation de Joël, suffisamment grands pour y vivre à l’aise, avec douche personnelle et pièce d’aisance. Une cheminée orne le mur côté est. Gaël trouve cela formidable.

      Il y a bien plus de confort que dans leur logis de Naborum, où il fallait aller dans la cour pour ses besoins ! Et l’eau devait être prise dans des seaux à la fontaine...

      Puis on entre dans la partie publique. Un large couloir, avec trois portes de chaque côté, va jusqu’au fond du bâtiment. Au fond du couloir, une cheminée avec des conduits qui amènent l’air chaud de chaque côté. De chaque côté de la cheminée, une pièce d’aisance avec de l’eau, pour les besoins des utilisateurs. Enfin, derrière le bâtiment, une fosse d’aisance couverte qui recueille les excréments.

     « Joël, tu devras t’occuper du bon fonctionnement de la cheminée, de façon qu’il y ait toujours de l’air chaud dans le bâtiment. Surtout en hiver, où les douches chaudes seront prisées ! » Gaël écoute attentivement lui aussi, pour remplacer ou assister son frère le cas échéant. 

      « Le problème, dis-je, c’est que l’eau ne doit pas geler pas dans les réserves et les cuves en hiver. Mais j’ai du temps avant le prochain hiver pour trouver un système ! Chaque porte ouvre sur une pièce qui sert de vestiaire, et au fond se trouve la douche. »

      J’explique le fonctionnement, simple, de la douche : une manette rouge, et une manette bleue à l’entrée pour régler la température de l’eau, c’est tout. À côté de la douche, une autre manette permet d’ouvrir la fenêtre haute qui se trouve dans chaque douche, pour aérer entre deux utilisations.  Cette manette actionne aussi un clapet fermant le conduit d’air chaud qui vient de la cheminée, pour éviter une dispersion inutile de la chaleur par la fenêtre.

     « Ton rôle, Joël, est d’ouvrir cette fenêtre après chaque passage, et de la refermer pour le suivant. Tu dois aussi expliquer l’utilisation des manettes à chaque fois. Tu as à ta disposition des balais, raclettes et serpillières pour tenir le lieu propre et sec. Tu es responsable de la gestion du bâtiment. C’est toi qui gères l’ouverture du sas, tu ne feras entrer les gens que s’il y a des douches disponibles, et tu les accompagneras pour leur expliquer le fonctionnement. Voilà. Avez-vous des questions, tous les deux ? »

      « Elles sont disponibles tout le temps ? demande Joël.

     - Non, des horaires vont être établis, de dix heures à midi, et de quatorze heures à dix-sept heures, pour commencer. On adaptera suivant la demande. Ce qui te laisse le temps de contrôler la chaudière. 

     - Et ça commence aujourd’hui ? demande Gaël. Child dit que non.

     - Cet après-midi, nous allumerons la chaudière pour chauffer l’eau. Comme il y a une grande quantité d’eau, il va falloir au moins quatre heures de chauffe ! 

     - Les clients devront payer ?  demande encore Joël.

     - On va d’abord voir l’engouement pour les douches, dit Child. On affichera par la suite un prix d’entrée, que l’on n’a pas encore fixé. Tu peux prendre tes quartiers dès ce matin, tu demanderas à Berthe de te donner du linge de lit et de toilette. Et tu devras aussi gérer le stock de serviettes que tu distribueras aux usagers. Les serviettes utilisées seront ramenées à l’auberge pour y être lavées. Pas avant que la machine à laver soit installée... rajoute-t-il en me regardant d'un air entendu. Je le rassure :

     - Tout est prêt, Léon doit venir dès ce matin pour m’aider à l’installation des chaudières et de la machine à vapeur. L’installation des douches est terminée, il ne reste qu’à raccorder. »

      Les jumeaux sont ravis. Joël garantit qu’il sera à la hauteur pour ce travail, et que les villageois seront contents de lui. Je suis, tout comme Child, persuadé que ces garçons feront l’affaire. Bref, tout le monde est content !

Chez Child

 

     Nous nous rendons ensuite dans l’échoppe de Child. Mais voilà Léon qui arrive. Je quitte donc Child et les frangins, et j'attaque les travaux avec lui.

      Gaël et Joël sont épatés de ce qui se trouve devant eux. Il y a de tout ! Child explique à Gaël ce qu’il attend de lui. Connaît-il un peu les armes ? Il répond que oui. Son frère et lui sont archers. Un art qu’ils ont appris en guerroyant il y a quelques années du côté de Pont-de -Sarre, à l’Est, avec un Germain nommé Helmut.

     Et au dire d’Helmut, ils sont de bons archers ! 

      « Nous étions, Joël, moi et quelques autres, au service du comte de Créhange, et Helmut nous a enrôlés dans sa brigade. Il nous a enseigné cet art. Par la suite, le comte de Créhange nous a récupérés quand il a ouvert son hostellerie du Warndt. »

     Child, excellent archer lui-même, dit qu’il l’a connu, et qu’il l’avait comme élève dans l’armée germaine, avant de partir avec Pepin. Et que c’est vraiment un des meilleurs archers.

      Child est content. Les jumeaux sont de bons éléments, et ils savent lire, écrire et calculer.   C’est ce qu’il faut savoir dans un commerce.  Il ira ce matin à l’école, leur dit-il, et il préviendra Josiane et Josette de leur venue et de leur embauche.

      Avec Léon, nous terminons nos raccords. La chaudière est déjà en chauffe. Child pourra prendre une douche dès aujourd’hui.

      Deux coins d’aisance sont déjà opérationnels, un dans l’auberge, et un dans l’habitation de Child. Reste à mettre des murs. Michel est sur le coup ! Tant qu’à faire, chaque chambre aura sa douche, et un coin d’aisance. Les coins d’aisances sont raccordés à la fosse des douches collectives. Un progrès pour l’auberge !

     Child revient de l’école. Les cousines viendront voir leurs frères et leur sœur cet après-midi. Après tout, à l’école, ils peuvent bien se passer de leurs services pendant quelques heures ! Elles sont bien sûr enchantées des nouvelles embauches...

      Émile arrive avec Adèle et Nestor. La famille s’étant agrandie, il faut qu’ils fassent des provisions cet après-midi à l’échoppe. Pour l’heure, un bon repas concocté par Berthe sera parfait !

     « Si en plus Child nous déniche un bon vin, ce sera magnifique. dit Émile ».

      Nous mangeons à l’auberge, nos enfants nous rejoignent pour le repas.

      Voilà Yvette avec Michel.  Et à la voir aussi rayonnante, tous comprennent qu’avec lui, elle se sent parfaitement bien. Elle est ravie d’apprendre qu’elle va voir Josette et Josiane.

      Cet après-midi, la machine à laver devrait fonctionner. C’est Berthe qui va être contente... C’est vrai que l’auberge, les chambres, et maintenant les serviettes des douches collectives, ça en fait du linge, tout ça ! Grâce à moi, mais aussi grâce à Léon et à Michel, Durandalem est en passe de devenir le village le plus propre de l’Austrasie !

     Après un bon repas bien arrosé, Léon et moi, nous attaquons la fin du chantier pour la machine à laver, et nous pouvons tester les douches. Michel monte les cloisons des pièces d’aisance. C’est vite fait, il a des gabarits standard maintenant. On peut appeler Child et Berthe... Nous avons fini !

      Josiane et Josette arrivent avec Jacou, curieux de rencontrer tout ce nouveau monde. Émile leur présente Adèle et Nestor, sa nouvelle famille.  Un bien beau jeune homme, ce Nestor, pensent les cousines...

      « Adèle, Nestor, dit Émile, je vous présente Jacou, notre bourgmestre.  Un docteur hors pair, et en sus, maître de l’école de soldats de Durandalem. Quant à Josiane et Josette, ce sont les buandières de l’école ! »

     Jacou est enchanté qu’avec Adèle, Émile ait enfin pris femme ! Son célibat l’inquiétait quelque peu... Et Nestor est un solide gaillard, il en faut à Durandalem. D'autant que trois d’entre eux sont destinés à partir rejoindre l’armée du roi.

     Puis Josiane serre dans ses bras sa grande sœur Yvette, et la présente à Jacou. Michel précise qu'Yvette est sa cuisinière attitrée, et qu’elle vit désormais avec lui dans son chalet. Cela enchante Jacou, lui qui s’en voulait d’avoir privé Michel de Marianne et de Mariette, ses filles jumelles, ses rayons de soleil...

      Josette se fait serrer dans les bras de ses deux frères Gaël et Joël, presque trop fort, au point de l’étouffer ! Elle les présente à Jacou : deux hommes de 28 ans, dans la force de l’âge, qui paraissent sympathiques, et qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau ! Seul moyen de les distinguer : Gaël a une cicatrice au front, au-dessus de l’œil gauche. Trace d’un combat où il a risqué sa vie, avec son frère, pour défendre Helmut, leur maître d’armes à Pont-de-Sarre, raconte-t-il. Quant à Joël, il se présente comme le nouveau concierge des douches du village. Ce qui plait à Jacou, qui n'aura plus besoin de prêter celles de l’école aux habitants.

     « Et quand seront-elles ouvertes ? demande-t-il.

     - Dès demain matin, dix heures ! » répond Joël, fier de son rôle. Gaël rajoute que Child l’a embauché comme vendeur et gérant de son échoppe, et qu'il est vraiment heureux de cette opportunité. Comme il a bien fait de venir à Durandalem avec son frère et sa cousine !

       Child, après avoir mis en route la toute nouvelle chaudière selon mes conseils et explications, demande à Joël d’aller allumer le feu pour la chaudière des "douches communales", comme il les nommera dorénavant. J’accompagne Joël. Gaël nous suit pour apprendre. Et le feu bientôt rougeoie de charbons ardents, chauffant la cuve d’eau des douches.

      Joël montre à sa sœur Josette comment il s’est installé dans sa nouvelle demeure. Soudain, il s'avise .

     « Au fait, Gaël aussi pourrait venir s’installer ici, avec moi... Il y a largement la place pour deux.  Et puis, nous avons l'habitude de vivre ensemble depuis toujours ! »

     Gaël n’y avait pas songé, Child lui ayant proposé une chambre à l’auberge.  Mais il trouve l’idée excellente ! Il va en parler à Child, qui est d’accord :

      « Comme ça, ça me fait une chambre libre de plus, une chambre avec tout ce confort durandalémois que bientôt tous les hôtels de l’Austrasie vont m’envier ! »

      Et toute une troupe s’affaire aussitôt dans les appartements des jumeaux. Michel a toujours ses outils et quelques planches pour arranger une cloison, pour un peu d’intimité si nécessaire. 

      Josiane, Josette et Yvette aménagent les lieux, trouvent dans l’échoppe des rideaux et des coussins. Berthe leur donne des draps, des couvertures. Et bientôt les jumeaux se retrouvent dans leur nouvel appartement, tout heureux.

    Joël va vérifier la chaudière. L’eau est déjà tiède, le système fonctionne.

      Berthe aussi est impatiente. Elle va tirer un peu d’eau pour voir si elle est chaude.  Elle aussi veut prendre une douche. C’est paraît-il tellement bien, aux dires de celles et ceux qui ont essayé. Sa fille Manon lui a déjà vanté les mérites des douches de l’école.

      Et puis, elle aimerait bien que son Child prenne une douche avec elle... et qu'il la prenne sous la douche ! Elle sourit à cette pensée...

      Les cousines Josiane et Josette vont regagner l’école. Jacou rentrera plus tard, il a encore des visites à faire à Durandalem. Il doit passer entre autres à la boutique de Claude Kaas, l’apothicaire, il lui faut quelques ingrédients de sa droguerie. Il a aussi dit à Manon qu’il rapporterait des couteaux de chez Denis Pepin, le coutelier.

     Il suggère aux jumeaux, à Yvette et à Nestor de venir à l’école, pour faire la connaissance des jeunes qui travaillent et étudient. Il propose la date de dimanche. 

     « Venez pour le repas de midi, vous pourrez profiter ensuite d’une sudation, et pourquoi pas de massages. Nous avons des spécialistes ! 

     - Je viendrais bien avec eux moi aussi, pour suer un bon coup ! dit Michel ». Jacou hésite. Il se doute de ce que les filles de Michel vont faire aux jumeaux, et il appréhende un peu la réaction de leur père. Mais finalement, il accepte.

     « Je dois néanmoins vous informer : je prône la nudité partout, c’est une question d’hygiène ! Et à terme, ce sera dans tout le village. Dans l’école, tout le monde est nu, et vous devrez vous déshabiller complétement dès l’entrée, et tout le temps que vous passerez à l’école, ce sera ainsi, même à table. 

     Michel le sait, il l’a déjà fait lors d’un passage à l’école, Mais Yvette est étonnée ! 

     - Tous les garçons vont me voir toute nue, alors ! 

     - Et toi, tu verras tous les garçons tout nus !  lui répond Michel, ce qui la fait rire.

     - Cela ne nous pose pas de problème,  disent les jumeaux d’une seule voix,  Nous étions tous nus quand nous nous baignions dans la Sarre, avec l’armée de Helmut ! 

     - Je peux venir avec Isabeau ? Demande Nestor,  j’ai bien sympathisé avec lui, et Isabeau m’a parlé de la sudation quand il y a eu les portes ouvertes. Pour moi, pas de problème non plus pour être nu devant les garçons. 

     - Il y a des filles, aussi ! Prévient Jacou.

     - Elles feront avec ! Pas de soucis, je gère ! » dit-il faisant rire tout le monde.

      Les cousines Josette et Josiane repartent donc vers l’école, tandis que Jacou entreprend ses visites.

       Émile et Adèle rentrent chez eux. Nestor passe par le moulin pour annoncer la nouvelle à Isabeau. Michel et Yvette rentrent avec la charrette à bras vers le chalet.

      Je rentre aussi, avec mes enfants. Esther reste à l’auberge pour aider Berthe à préparer le repas. Elle ramènera une portion pour nous ce soir. Léon aussi repart vers Laudrefang, il accompagne les cousines jusqu’à l’école et poursuit sa route en montant au fond de la vallée. Laudrefang est en haut, à seulement une demi-heure de marche de Durandalem.

     Dans l’auberge, il n’y a plus grand monde. Esther est dans la cuisine, à préparer les repas, Berthe est dans son logement, elle attend Child pour tester la douche.

      Gaël et Joël sont bien au chaud dans leur nouvelle résidence, une flambée dans l’âtre fait du bien à la bâtisse. Joël, après avoir contrôlé et chargé la chaudière des douches, fait une autre flambée dans la cheminée au fond du couloir des douches, pour réchauffer et préparer les douches. Elles doivent être ouvertes dès demain matin dix heures.

      Child a tout compris, et le système de la douche, et le système du tambour, avec la machine à vapeur. La douche est opérationnelle, il va pouvoir l’annoncer à Berthe. Il démarre le feu sous le chauffe-vapeur, pour avoir la rotation du tambour, et pour montrer à Berthe, sa nouvelle machine à laver. Il arrive donc dans le logement et lui crie

     « Berthe, la douche est prête ! 

     - Tu dois venir avec moi, j’aurais peur toute seule ! »  prétexte -t-elle.  Et ils se retrouvent devant la douche, se déshabillent...  Et une fois la température de l’eau réglée, ils y pénètrent ensemble.

 

     Qu'il fait bon chez Gaël et Joël... Les jumeaux, au chaud près de l’âtre, se déshabillent et s’installent nus, tranquilles devant les flammes. Cela fait longtemps qu’ils ne se sont pas sentis aussi bien, tous les deux, nus. Les voilà qui se rapprochent, se cajolent, s’embrassent, et se couchent devant le feu.

Ouverture des douches communales

    

       Il est sept heures, dit la cloche, le jour s’est levé sur Durandalem.

      Joël a du travail à faire, de si bon matin ! Il met deux bûches sur l’âtre. Quelques braises suffisent pour les enflammer, pour chauffer de l’eau. Il enfile une tunique, et sort. Il fait encore un peu frisquet, mais le soleil arrive.  Bientôt il fera bon ! Joël doit produire assez d’eau chaude, en chargeant la chaudière extérieure. Elle n’est pas éteinte, le charbon reprend immédiatement.  L’eau est encore tiède, elle doit être chaude dans trois heures. Il allume la cheminée dans le couloir des douches. Bientôt, il fera bien bon dans l’établissement.

     Gaël aussi doit s'y mettre de bonne heure. Depuis l’avènement de l’école, Child a été occupé avec les portages de repas et les entraînements à l’arc avec les garçons, et il a manqué de temps pour entretenir l’échoppe. Gaël doit la nettoyer. Cela lui donne l'occasion de faire l’inventaire des marchandises, dont il dresse une liste complète.

      Après avoir démarré les feux de la journée, Joël a préparé le petit déjeuner.  Il appelle son frère.  Gaël le rejoint, et tous deux se partagent le fromage, le lard fumé et le pain. Ils trouvent excellent le pain ferme de P’tit Louis. Aucune comparaison possible avec celui de Naborum, tout blanc et tout vide.

      Je me rends à la grande forge, près de l’école, avec Benami. Je dois fondre du minerai pour confectionner d'autres tôles. Esther m’accompagne jusqu’à l’auberge. Accompagnée d'Ariston, elle va comme d’habitude aider Berthe à préparer les repas.

      Je dois construire un système de douche pour Léon dans sa forge à Laudrefang, je le lui ai promis. Et je pressens qu’à Durandalem, je n'aurai pas fini tant que tout le monde ne sera pas équipé ! Je sais que le Fernand, lui aussi, serait intéressé. Il doit venir aujourd’hui tester les douches communales avec ses commis. Et si ça lui plaît, il me demandera sans doute de lui installer le système à sa ferme...  Quant à Émile, hier, il m’a demandé si avec mon système il pourrait laver ses chevaux !

 

  • A l’école…

 

     A l’école, Georges Hair ce matin s’occupe des jumelles, leurs cheveux ont besoins d’être rafraîchis, et elles aimeraient avoir une belle toison bien sculptée, elles maîtrisent la sculpture sur bois, mais une main d’expert leur plaira ! Georges est ravi d’avoir dans ses mains ces deux magnifiques créatures, et après les avoir coiffés et coupé les pointes de leurs longs cheveux, il fait une magnifique queue de cheval tressée à Marianne, et deux splendides couettes à Mariette. Puis sur une table douillette il s’attaque aux poils pubiens de Marianne, effleurant par moment son entrejambe, ce qui le met dans un état plutôt gênant.

 

 

     Les filles sont ravies de leurs chevelures et de leurs toisons, aux motifs en délicates volutes d’or. Elles prennent congé de Georges mais lui disent que les autres, voyant son travail, ne vont pas manquer de le solliciter !

 

Le Fernand et ses commis

 

      Il est bien dix heures quand le Fernand arrive aux douches, avec ses trois nouveaux commis Édouard, Jacques et Gildas. Ils veulent tester les douches.

      Ce sont les premiers clients de Joël !

     Il les reçoit donc tous les quatre dans le sas, et leur explique comment cela fonctionne. Il leur donne à chacun une serviette, pour se sécher. Puis ils entrent dans le couloir. Joël s’est assuré qu’il y fait bon. La cheminée ronfle, au fond.

     Il conduit le Fernand dans la première douche, lui explique les manœuvres pour la température de l’eau, il ferme la porte et le laisse se doucher. Il fait de même pour Édouard, Jacques et Gildas. Les quatre douches fonctionnent simultanément, apparemment sans problème ! Joël va vérifier si la cuve d’eau chaude se remplit bien au fur et à mesure de l’utilisation, et si la chaudière chauffe assez pour réchauffer tout cet apport d’eau froide.  Mais tout cela a l’air de fonctionner normalement. Le Fernand est déjà ressorti, séché. Il veut se réchauffer et va s'installer devant la cheminée du fond. Il est resté nu.

      C’est un solide gaillard de six pieds de haut. de larges épaules sur lesquelles est plantée une grosse tête rousse. Des yeux verts, une grosse moustache rousse sous un nez un peu épaté. Un corps musclé, des pectoraux bien développés et des gros bras bien musclés, un ventre plat avec de beaux abdominaux. Une grande toison rousse couvre tout le pubis. Des cuisses très musclées sur des jambes épaisses. Oui, le Fernand est bien bâti !

       Joël ne sait pas quelles sont les consignes par rapport à la nudité, il demandera à Child. Mais pour l’heure, pense-t-il, tant qu’il n’y a que des garçons, ce n’est pas gênant. Et le Fernand retourne dans sa douche pour se rhabiller, bien réchauffé par la chaleur de la cheminée. 

     Gildas, blond de six pieds, ressort tout rouge. Il a dû abuser de l’eau chaude, se dit Joël. et il lui demande s''il a eu un problème avec le mélange d’eau.

     « Oh non, aucun problème, répond Gildas en souriant. J’aime bien cette sensation d’avoir très chaud, c’est un plaisir ! »

     Jacques, grand brun de six pieds deux pouces, sort à son tour. Lui, il a un teint normal. Il est ravi de cette expérience, et promet de revenir !

      Édouard a été tête en l’air : il a ouvert les manettes alors qu’il était encore vêtu, et il a tout trempé ses habits et sa serviette ! Mais il a apprécié la douche chaude sur son corps.  Il ressort donc tout nu et tout mouillé, montrant un corps de six pieds sous une chevelure brune, peu de poils, une toison clairsemée. Il demande s’il peut avoir une autre serviette... Joël, le Fernand, Gildas et Jacques sont pliés de rire ! Le pauvre Édouard ne peut tout de même pas remettre ses frusques mouillées, ni retourner tout nu à la ferme... Alors, Joël lui donne une serviette, et va lui chercher dans ses appartements une tunique et des chausses de rechange.

      Les quatre fermiers remercient Joël.  Édouard, emportant ses frusques mouillées dans un sac, lui promet de rapporter les habits au plus vite.  Joël lui dit de ne pas se presser, il a encore d’autres habits de rechange. Une fois tout le monde parti, Joël, selon les directives de Child, aère les douches utilisées, et passe la raclette puis la serpillière.

 

L’utilisation des douches

 

      Michel et Yvette arrivent, ils veulent eux aussi prendre une douche ! Joël leur explique le topo, et désigne les deux douches qui restent. Mais Michel veut prendre la douche avec Yvette, pas dans une douche séparée. Ils pénètrent donc dans la douche du fond, et ferment bien la porte. Joël se dit que sa cousine Yvette va prendre du bon temps !

 

 

    Quand ils sortent de la douche, Yvette a les yeux bien brillants, un sourire illumine son visage, et Michel a l’air épuisé...

     « Désolé, on a fait un peu de saletés !   Et Joël, souriant, répond :

     -  Ne t’inquiète pas, Michel, j’ai entendu ; et je vais nettoyer...  Et l’eau, elle était assez chaude ?  Yvette confirme : 

     - Oh oui, c'était bien chaud... »  Puis le couple va manger à l’auberge, c’est l’heure de l’apéro !

    Joël va donc nettoyer la douche, il l’aère. Puis il passe la serpillière. Les quatre douches utilisées sont sèches, il ferme donc les fenêtres hautes, ce qui ouvre les conduits de chaleur qui viennent de la cheminée. 

      Puis il vérifie le feu dans la cheminée, et sort vérifier aussi le niveau d’eau et la chaudière.  Ça va, elle chauffe bien.  Il est midi, il clôt la fenêtre de la dernière douche et, fermant l’établissement, se rend à l’auberge, pour faire à Child un compte rendu de la matinée. Child revient tout juste de la livraison des repas à l’école.

      Tout en buvant une pinte de vin doux, Joël fait son rapport :

      « Le Fernand est sorti tout nu de la douche, pour se chauffer devant la cheminée ! 

      Et puis Édouard, un des commis du Fernand, a mouillé ses habits. Je lui ai prêté des miens.  Mais on pourrait en prévoir un stock aux douches, pour ceux qui ne veulent pas remettre leurs habits mouillés ou sales.

      Et enfin, Michel et Yvette ont utilisé la même douche, en faisant du bruit ! Je les ai entendus... Mais j'ai bien nettoyé ! ajoute-t-il en regardant Yvette et Michel attablés, qui pouffent de rire. 

      L’eau était suffisamment chaude pour cinq douches, le système fonctionne bien. Et avec la cheminée, que j’ai allumée dès sept heures, il faisait bon dans la bâtisse ! »

      Child le remercie et commente :

     « Pour ce qui est du Fernand, il faut éviter la nudité dans le couloir, autant que faire se peut ! Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude. Bon, les accidents comme la mésaventure d’Édouard, ça peut arriver. Oui, prévoir des habits propres est une bonne idée. Quant à ce que font les clients dans la douche, c'est leur affaire. Mais ils ne doivent pas gêner les autres utilisateurs... dit-il en regardant Michel et Yvette.  Heureusement, ils étaient seuls dans l’établissement à ce moment-là. Mais tu dois bien gérer ce genre de situation, s’il y a d'autres clients !  Je suis content que cela fonctionne correctement...  Robert a bien estimé la taille de la cuve et de la chaudière. Il a vraiment l'œil ! »

       Je reviens de la forge, avec Benami, et nous nous attablons pour manger. C'est Ariston notre serveuse, ce qui fait rire son frère. Voilà le Fernand avec ses commis. Édouard s’est changé à la ferme et rapporte les habits prêtés par Joël. Le Fernand est conquis ! Une douche comme celle qu’il a essayée serait parfaite à la ferme !  Et comme je le pressentais, il me demande d’en installer une dès que je pourrai.

      Mais pour l’heure, je me rends cet après-midi à Laudrefang, pour installer un système chez Léon. Après le repas, Joël va s’occuper de la chaudière et de la cheminée. Les douches sont de nouveau prêtes. Et les clients de l’après-midi, ce sont Émile, Adèle et Nestor. Joël leur explique comment cela se passe. Et quand Émile demande si Adèle peut aller dans la douche avec lui, Joël lui dit que les douches ne sont pas insonorisées, que tous les bruits de chacun s’entendent bien dans tout l’établissement, qu'il en a eu la preuve ce matin, mais qu'il ne nommera pas les bruiteurs !  Et doucement à l’oreille d’Adèle :

     « Nestor vous entendra ! »

     Alors, ils se servent de trois douches séparées. En sortant, ils sont enchantés. Ils vont demander à Robert de leur installer ce système à domicile !

     Judith et Roger, les jumeaux Koch, se présentent à l’entrée.

     « On vient prendre une douche !  dit Roger.  On y a goûté à l’école l’autre jour, et c’est vraiment bien !  ajoute Judith. 

       Nos parents viendront plus tard, quand nous serons revenus à la boucherie ! Alors on va se dépêcher ! »

     Joël leur explique le fonctionnement, et ils entrent dans les douches.  Roger se met à chanter sous les trombes d’eau chaude. Cela fait rire Judith, dans la douche à côté. Ils s'essuient, s’habillent et ressortent au bout d’un moment, puis se sèchent les cheveux devant la cheminée.

     « Nos parents vont arriver, nous filons les remplacer à la boucherie,  dit Roger en partant.

    - Je les attends, dit Joël, mais qu’ils ne tardent pas trop... Normalement, l’établissement ferme à dix-sept heures ! »

     Alvin et Elvire arrivent. Joël leur montre le topo, et Alvin voyant la douche spacieuse dit :

    « Nous allons prendre une douche ensemble ! » Joël les informe de la propagation des bruits dans la maison, et ils se doutent de quels bruits il parle !

     « Nous ne ferons pas de bruit ! » promet Elvire.  Et ils pénètrent dans la douche, et se déshabillent.

     Alvin est un grand homme de six pieds trois pouces, blond aux cheveux courts, un corps fin pas très musclé, de longs bras et de longues jambes. Une toison dorée très fournie couvre une partie de son pénis.

     Elvire est une belle blonde de six pieds, aux yeux bleus. Sa longue chevelure est portée en queue de cheval. Une fois dénouée, elle couvre ses petits seins pointus aux tétons roses assortis. Son corps est très fin, presque maigre. De longs bras osseux descendent de ses épaules courtes.  Son ventre arbore un joli petit embonpoint tout rond, au-dessus d’une toison chevelue qui descend devant son pubis.

     Ils mettent la douche en eau et se frottent mutuellement, ils apprécient cette eau bien chaude qui coule sur leurs corps. Joël, devant la porte de la douche, leur dit qu’il s’absente pour s’occuper de la chaudière.

     « Vous êtes seuls, vous pouvez chanter !  sourit-il. Je ferme la porte de la maison par sécurité, je suis de retour d’ici vingt minutes ! »

 

      Ils sortent séchés et habillés, se dirigent vers la cheminée. Elvire fait sécher ses cheveux à la chaleur de l’âtre. Joël est de retour. De l’extérieur, il n’a rien entendu, mais à voir les yeux brillants d’Elvire, il se doute de ce qu’ils ont fait sous la douche... Le couple remercie vivement Joël, et promet de revenir !  Joël baisse le régime de la chaudière, et la charge pour qu’elle tienne toute la nuit, pour maintenir l’eau à une température convenable.

La visite de l’école

 

     Aujourd’hui, les douches ne seront ouvertes que le matin.

     Vers dix heures, c'est Pierrot Stein, le cantonnier, qui se présente avec Giselle, Agathe, et Félix. Après les explications d’usage, et comme les douches sont assez grandes, Giselle emmène ses enfants dans une douche et Pierrot en prend une autre. On entend les cris des enfants qui ne savent pas se tenir, et qui font les fous dans la douche. Gisèle a du mal à les laver, mais finalement, tous ressortent, enchantés !

     Alors que la cloche sonne onze heures, Claude Stein fait son entrée, accompagné de son épouse Marie et de sa fille Jenny. Son frère Pierrot lui ayant dit qu’ils allaient aux douches, il veut tester, lui aussi ! Deux douches de plus sont utilisées, Marie avec la petite Jenny, et Claude. Eux aussi ressortent enchantés.

      Et peu après onze heures, ce sont Clovis, Clothilde, Gérôme et Fabien Hune qui utilisent les deux dernières douches disponibles, Clovis avec Fabien, et Clothilde avec Gérôme. Chacun profite de ce moment de détente et d’hygiène, et ressort propre comme un sou neuf, comme le dit Clovis !

     Joël a beaucoup de travail pour aérer et pour nettoyer les douches. Gaël vient l’aider, ils doivent partir pour l’école. Les six douches ont été utilisées, et onze personnes sont ressorties ravies, et propres ! C’est un gros tas de serviettes que Joël amène à Berthe ce matin...

     Il va vérifier les niveaux d’eau, de charbon, tout cela fonctionne à merveille. Et il y a eu suffisamment d’eau et de serviettes pour doucher onze personnes !  Puis Joël ferme la bâtisse. Elle rouvrira demain matin, à dix heures.

      Ce midi, Jacou a invité les nouveaux jeunes villageois à partager le repas des élèves de l’école. Ils se réunissent donc chez Child, qui les charge de transporter la nourriture préparée pour le repas. Michel Wald est là aussi, il accompagne Yvette Welch. Il voulait bien venir, mais comme il a du travail avec moi, il ne pourra pas y aller aujourd’hui. Gaël et Joël Wasch et Yvette Welch, les cousins et la cousine de Josiane Welch et Josette Wasch, sont prêts. Nestor Pferd, le neveu d’Émile l’éleveur de chevaux, arrive accompagné d’Isabeau Muller, le fils du meunier P’tit Louis. Tous les cinq se chargent des victuailles. Child a rajouté quelques bouteilles de son vin si apprécié, et les voilà partis pour l’école.

 

  • A l’école :

 

     « Ce matin, pas de cours : nous préparons la visite de nouveaux habitants de Durandalem qui sont arrivés cette semaine, annonce Jacou. Il s’agit d'Yvette Welch, la sœur de Josiane, de Gaël et Joël Wasch, les frères de Josette, de Nestor Pferd, le neveu d’Émile l’éleveur de chevaux, qui viendra avec Isabeau Muller, le fils de P’tit Louis, que vous avez déjà vu lors des portes ouvertes. Yvette est la cuisinière de Michel Wald. 

     Cette dernière précision fait réagir Marianne et Mariette, les filles de Michel.

     - Ah, il s’est enfin trouvé une femme ! disent-elles en en chœur en souriant.

     Jacou poursuit :

     - Gaël Walch est le nouvel assistant de Child dans son échoppe, et Joël Walch a commencé hier la gérance des nouvelles douches communales, qui ont ouvert hier matin. Nestor Pferd est venu avec sa mère, Adèle, la belle-sœur d’Émile, et il travaille chez Émile en tant que palefrenier. Ils seront là pour midi. Michel devait venir, mais Robert a besoin de lui pour des travaux, ce sera pour une prochaine fois ! 

     - Mais alors, nous devrons nous vêtir ! disent plusieurs garçons.

     - Non, précise Jacou. Je les ai prévenus de la nudité obligatoire à l’école. Ils se déshabilleront à leur arrivée. Josette et Josiane, vous irez les accueillir au portail, et vous les emmènerez à la buanderie, où ils enlèveront leurs habits. Chantal et Manon, vous vous occuperez du repas que Child leur a donné pour nous, et vous dresserez déjà la table. Les présentations se feront ici, dans la grande salle.

     Je compte sur l’attention de toutes et tous pour que leur visite soit un succès ! » conclut-il.

    Peu avant midi, les cousines vont au portail, et guettent l'arrivée des invités. Quand le portail s’ouvre, les invités constatent tout de suite que la nudité est de mise ! Josiane et Josette, nues, les emmènent à la buanderie, pendant que Manon et Chantal se chargent des victuailles.

     Dans la buanderie, Gaël, Joël, Nestor et Isabeau regardent les cousines nues et Yvette qui se déshabille, pendant que Josiane et Josette observent l’anatomie des quatre garçons. Mais chacun se tient sage, chassant des pensées qui pourraient provoquer quelques réactions... plus ostentatoires chez les garçons. Ils arrivent à l’étage, et les présentations sont faites.

      « Je vous présente Yvette Welch, trente ans, la sœur de Josiane, qui habite dans le chalet avec Michel Wald, notre bûcheron. Elle vient de Naborum. Elle est la cuisinière de Michel dit Jacou à la cantonade.  Yvette est enchantée de connaître les filles de Michel.

       Voici les jumeaux Gaël et Joël Wasch, vingt huit ans, les frères de Josette. Ils viennent de Naborum. Gaël est le nouvel assistant de Child, et Joël le nouveau gérant des douches communales. Et voici Nestor Pferd, dix neuf ans, le neveu d’Émile, et Adèle Pferd, la belle sœur d’Émile. Il viennent de Mettis. Émile prend Nestor comme palefrenier et Adèle comme cuisinière. Et voici Isabeau Muller, dix neuf ans, le fils de P’tit Louis, notre meunier, il travaille avec son père au moulin. termine-t-il. 

    Il présente alors aux nouveaux arrivants, tour à tour, les résidents de l’école :

 Je suis Jacou, quarante cinq ans, le Maître d’enseignement, et le soigneur. Je suis aussi le médecin du village, ainsi que son bourgmestre. Child est mon bourgmestre adjoint et s’occupe des affaires du village quand je suis à l’école. Dillon, vingt-et-un ans, du village, est notre instructeur d’arme. 

       Les élèves :  Alix Holz, quatorze ans, Xavier Stamm, quinze ans, Charles Kauf, quinze ans, Achille Gouvy, seize ans, Armand Capes, seize ans, le borgne Bauer, seize ans, François Bauer, dix sept ans, Gabin Fleich, dix sept ans, Hugues Schaff, dix huit ans, et Joseph Brett, dix huit ans. 

     Charles, Gabin et Hugues viennent de Naborum, Alix et Armand de Tenquin, Xavier et Joseph de Laudrefang, et Achille vient de Hombourg. Le Borgne et François sont les fils du Fernand, le fermier de Durandalem.  

     Puis il présente les filles.  

     Manon Germain, vingt cinq ans, est la fille de Child, notre aubergiste. Elle s’occupe de nos repas.

     Marianne et Mariette Wald, vingt ans, sont les filles jumelles de Michel, le bûcheron, elles sont les masseuses attitrées des élèves.

     Josiane Welch, vingt deux ans, et Josette Wasch, vingt deux ans, sa cousine, sont nos buandières, elles viennent de Naborum.  

     Chantal Iser, trente ans, est mon assistante au cabinet. Elle est aussi l’aide de Marion. Elle vient de Laudrefang. 

      Et enfin voici Anatole Brett, trente ans, notre concierge. Il vient de Laudrefang. Voilà, tout le monde a été présenté. Nous allons prendre un apéritif ensemble avant de passer à table, de façon que chacun et chacune puissent faire plus ample connaissance. Vous trouverez les boissons sur le coin, servez-vous à votre guise ! »

     Après quelques verres et quelques discussions, tout le monde passe à table, chacun s’assoit où cela lui plaît. Child a bien fait les choses, des mets délicieux en abondance, et du vin sublime, les convives ne rechignent pas à se resservir !

     Une fois que tout le monde est repu, Jacou prend la parole :

      « Maintenant, nous allons toutes et tous faire un petit trot autour du bâtiment, c’est une tradition de l’école ! Puis, pour celles et ceux qui le désirent une petite sieste sera possible ! »

      Et tout ce petit monde va trottiner autour de la bâtisse, nu, sous les rires des invités qui se plaisent à ce jeu. Puis tous rejoignent la grande salle.

     Quelques friandises et autres liqueurs leur sont proposées, tandis que les jumelles, les cousines, Manon et Chantal débarrassent la grande table. Ensuite chacune comme chacun peut s’occuper à son gré.

     Les jumelles proposent aux jumeaux de visiter leur quartier.

     Anatole va faire visiter son domaine à Yvette.

    Manon discute avec Nestor, ils s’éloignent. Josiane et Isabeau vont visiter la buanderie.

    Dillon et Chantal vont discuter botanique. Josette a des petites douleurs et va consulter Jacou.

   Quant aux dix élèves, selon leur habitude, ils gagnent leur lit pour la sieste.

 

 

 

     La sieste est finie, les invités sont de retour dans la grande salle.

    Jacou propose de s’hydrater, car maintenant, tous vont aller dans la salle de sudation.

      Certains aimeraient bien que Jacou refasse le fameux "ouragan", mais il s'abstiendra : il trouve que ce serait trop pour quelques invités, dont c’est la première sudation !

     Ils se retrouvent donc tous sous la douche, puis entrent dans la salle de sudation. Pour Yvette et les jumeaux, c’est chaud ! Pour Nestor aussi, mais Isabeau le rassure : 

     « Tu verras, ce sera super ! »

     Ensuite, après une douche rafraîchissante, c'est le bain de kaolin, qui est vraiment apprécié ! Il est réservé aux invités, pour éviter qu'il déborde sous le nombre d'occupants.

     Puis l'on va se faire masser : un rituel bien établi de la maison !

     Dans la salle de massage, toutes les tables sont prises. Jacou s’occupe d’Yvette, Marianne de Gaël, Mariette de Joël, Manon masse Nestor, Josiane se charge d’Isabeau, Josette masse Joseph, Chantal prend Hugues, Alix masse Xavier, puis inversent les rôles, Achille est sur Charles, et l’inverse, Armand avec Gabin, puis le contraire, Le Borgne avec François puis François masse le Borgne, et Dillon s’occupe d’Anatole.

     Les pommades et huiles de Jacou font merveille. L'on n’entend que des soupir de satisfaction, de plaisir et de béatitude... Après cette séance ô combien relaxante, tout le monde repasse à la douche une dernière fois, avant de regagner la grande salle, pour se sustenter quelque peu. Car tout cela, ça creuse !

      Et les invités, enchantés, discutent encore avec les résidents. Des rires fusent...  Les résidents communiquent mentalement entre eux pour satisfaire au mieux les invités.

     Mais pour les invités, il est temps maintenant de quitter l’école, la soirée est déjà bien entamée. Repassant par la buanderie, ils se rhabillent. Ils regrettent que soit déjà finie cette journée en tenue de peau qu’ils ont vraiment appréciée.

     Jacou est chaudement félicité pour la qualité de son enseignement. Et ils remercient tous les résidents, qui, bien que nus, se sont rassemblés au portail pour saluer leur départ.

     Dans la soirée, la petite troupe quitte l’école et revient chez Child. Ils vont encore boire un verre ensemble, pour célébrer cette journée faste et superbe.

Les Vikings

 

 

      Joël se lève tôt. La cloche vient de sonner six heures. Il doit s’occuper des feux, de la chaudière et de la cheminée, mais avant toute chose, il doit raviver son âtre mourant.  Un peu de paille, des brindilles, puis du bois... Et bientôt une bonne flambée réchauffe la pièce.  

      Gaël se réveille, se lève, court à toutes jambes vers la salle d’aisance.  Une envie pressante... Hier au soir, chez Child, il a beaucoup bu ! Puis, pendant qu’il prépare le petit déjeuner, Joël sort s’occuper de la chaudière. Il enfile une peau sur sa tunique, il fait un peu frisquet ce matin. La chaudière ronfle. À dix heures, l’eau sera assez chaude pour les douches. Il va ensuite raviver la cheminée dans les douches, de façon qu’il fasse bien chaud ! Après avoir déjeuné, les frères se séparent. Gaël retourne à son échoppe qu’il est en train de ranger, et Joël attend les clients.

      Une troupe de cinq cavaliers se présente à l’échoppe pour acheter des flèches. Gaël les accueille. Les cavaliers se méfient de cet inconnu. Y connaît-il quelque chose en flèches ? Mais Gaël les rassure, il a compris ce qu’ils veulent, et leur explique qu’il est le nouveau gérant de l’échoppe, l’assistant de Child.

     « Nous avons du temps, nous mangerons à l’auberge ce midi. Allons déjà y boire un godet ! » 

     À l’auberge, Gaël remarque qu’ils sont très sales et qu'ils sentent mauvais. Cela doit faire un bon bout de temps qu’ils sont sur la route. Ils disent venir des contrées du Nord, bien au-delà d’Oche, ce qui est quand même à quelques jours de cheval.

      Gaël demande donc à Berthe s'il est possible de laver leurs habits, vu qu’ils comptent manger là ce midi. Et il leur propose, s’ils ont le temps, de prendre une bonne douche juste à côté. Et pendant qu’ils se restaureront, leurs habits seront lavés et séchés, tout prêts pour l’après-midi.

     « Comment pourras-tu faire tout ça aussi vite ?  s'étonne l’un d’entre eux.

      - Mais alors, nous serons nus pour manger ! ?  s’esclaffe un autre.

     - Non, j’ai ici des habits propres que je vous fournirai pour sortir de la douche. 

     - Mais qu’est-ce donc que ces fameuses douches ? » demandent-ils.

      Gaël les emmène au bâtiment communal. Joël leur explique le principe, leur fournit des serviettes, récupère leurs frusques et va les porter à Berthe pour le lavage. Cela tombe bien, Berthe attendait justement pour lancer son tambour.

     « Sur leurs habits de soldats, les insignes de Charles notre roi ! dit Berthe. Voilà qui nous incite à bien les traiter... Dans une heure, promet Berthe, ils seront propres, et sécheront à côté de la chaudière. Ils auront leurs habits secs avant la fin du repas ! »

     Sous la douche, les cinq hommes chantent... Ils ont des voix puissantes ! Apparemment, ils sont enchantés !  Les voilà qui ressortent nus, pour se sécher devant la cheminée. Ce sont cinq guerriers puissants, très grands, près de sept pieds, et très musclés. Tous les cinq sont roux, bien velus sur tout le corps, des toisons pubiennes très fournies, au-dessus de membres virils de bonne taille.

     Ce sont sûrement des combattants redoutables, se dit Joël en les voyant. 

     Ils l’appellent, et lui demandent s’ils peuvent rester nus ici devant l’âtre chaud, c'est tellement agréable ! 

     « Pas de problème, dit Joël. Je ferme les douches, vous ne serez pas dérangés. Je vais vous chercher à boire ! Ainsi vous pourrez ne vous rhabiller qu'au moment de sortir d’ici pour manger. Dans les coins, vous avez des sièges d’aisance avec de l’eau. Vous êtes ici chez vous ! Et il s'en va chercher une amphore de vin et cinq godets.

     - Mais nos armes, elles ne risquent rien ? demande l’un d’entre eux. 

    - Ne vous inquiétez pas, mon frère Gaël veille sur vos chevaux et sur vos armes ! »

     Et quand Joël revient avec deux pintes de vin et des godets, les fiers soldats du roi trinquent à sa santé, à la leur, et à la nôtre, nous qui les avons accueillis de si belle manière !

       Voilà le curé de la paroisse, l’abbé Paul, qui veut prendre une douche. Joël lui dit que c’est complet ce matin, mais qu’il pourra revenir cet après-midi. L'abbé précise qu’il viendra avec Gertrude et Germaine.

     « Pas de soucis, vous serez bien accueillis ! »

      Les soldats ont vidé les deux pintes, ils avaient une grande soif ! Joël leur fournit des tuniques et des chausses, leur disant qu’après le repas, ils retrouveront leurs habits de soldats, tout propres comme promis ! Et ils se rendent dans l’auberge. Child revient justement de l’école. Il leur sert un godet de vin fin. Les pintes déjà éclusées dans les douches ne les empêchent pas d’apprécier ! Ils nous racontent leur histoire.

      « Nous venons des pays du grand Nord, nous sommes des Vikings ! 

       Je me nomme Aleski. Aleski Leskigson. Dit celui qui semble être le chef.  J’ai une sœur, Ingrid Leskigson, qui doit travailler dans une auberge, dans l'un des bourgs autour de l’abbaye des Glandières. Peut-être la connaissez-vous ? 

     Child répond par l’affirmative :

     - Elle travaille à l’auberge de Jean-Louis Stamm, à Laudrefang, le premier village à l’Ouest. Je peux la faire mander si vous désirez la voir. 

     - Ce sera un plaisir, je ne l’ai pas vue depuis un bout de temps !  Répond Aleski.

     - Cet après-midi, je vais faire demander qu’elle vienne, elle pourra être là ce soir. Gaël ira la prévenir. 

     - Grand merci, Child ! Je continue les présentations : voici mes cousins les frères Simonson, Simen et Isak, et mes autres cousins, les frères Erikson, Nils et Enzio.  Nos mères sont les trois filles de Dolf Patisson, le chef de notre clan. Nous sommes en route pour rejoindre le roi Charles, nous sommes archers-instructeurs et allons former les soldats du roi. Le roi nous attend pour le mois de mai, nous sommes en avance ! »

      Child est content de trouver des collègues. Il leur explique son travail d'instructeur auprès des jeunes de l’école. Quant à Gaël et Joël, ils leur narrent leurs aventures avec Helmut.

     « Nous sommes entre archers ! Trinquons ! »  

     Esther amène les plats. Elle les a faits plantureux, elle suppose qu’ils doivent avoir un solide appétit, au vu de leurs corpulences !

     Et les Vikings se régalent, mangent et boivent à satiété. Ils demandent à Child :

     « Emmène-nous à cette fameuse école. Nous avons le temps, et nous vous montrerons quelques astuces que nous avons mises au point entre nous. »

     Child envoie donc Gaël prévenir Jacou et Dillon qu’ils auront des archers instructeurs supplémentaires, cet après-midi ! C'est d'accord. Ils sont attendus là-bas d’ici une heure, s’ils le veulent bien.

      « Impeccable ! Cela nous laissera le temps de digérer ! » Dit l’un d’eux en demandant une autre assiette. Child envoie maintenant Gaël prévenir Émile, qui prendra en charge leurs cinq destriers pour la nuit. Émile vient les chercher avec Nestor, qui leur dit :

     « Ne vous en faites pas, ils seront bien traités ! » Puis les Vikings partent pour l’école.

 

     A l’école, tout le monde est attablé, les garçons vont faire leur petit trot avant la sieste. Jacou vient d’être prévenu, des archers-instructeurs du roi Charles viennent rendre visite à l’école cet après-midi.

     « Avant que vous quittiez la table, dit Jacou, vous devez savoir que pour l’entrainement de cet après-midi, des archers-instructeurs du roi viendront vous voir à l’œuvre ! Ils arriveront bientôt, vous les verrez après la sieste.  Et quand les garçons sortent trotter, Jacou dit aux filles :

     Je compte sur vous, les filles pour les accueillir ! Cela fait sûrement longtemps qu’ils n’ont pas vu de filles nues. Ils auront des envies, vous pourrez surement les satisfaire ! si vous en avez envie ! Ce sont des Vikings ! » ajoute-t-il en souriant.

     Les garçons sont couchés, les filles en tuniques sont au portail, et les vikings arrivent. Ils sont étonnés que des filles les accueillent ! Josiane et Josette les emmènent à la buanderie, suivies des autres filles. Ils voient Anatole, nu devant eux, et les filles leur demandent de se mettre nu. Encore plus étonnés, ils se déshabillent, Jacou arrive avec Dillon, nus, et leur explique le topo :

     « Je suis Jacou, le Maître de l’école, et voici Dillon notre instructeur des jeunes soldats, et Anatole, notre concierge.  Les cinq gaillards remarquent bien sûr la taille du membre viril de Dillon. Anatole n’est pas mal loti aussi !

     Tout le monde est nu, cela est la règle à l’école, c’est une question de mental, de contrôle de soi. Nous ne nous habillons que pour accueillir les invités au portail ! » dit Jacou tandis que les filles enlèvent leur tuniques. Elles ont aussi, bien sûr, remarqué la taille de leurs membres ornés de roux ! Les cinq guerriers sont subjugués par toutes ces beautés devant leurs yeux ! Cela fait un moment qu’ils n’ont pas eu de contacts avec la gente féminine !

     Sans attendre, chacune des filles prend un Viking par la main, et l’entraine dans ses quartiers. Marianne, Mariette, Chantal, Manon, Josiane et Josette sont prêtes ! Dillon fera le sixième ! Et Jacou fera le tour pour surveiller tout cela.

 

      Quand les garçons arrivent les Vikings sont sidérés ! Ils s’attendaient à voir des hommes d’âge mûr, alors que :

     « Ceux-là sont encore presque des enfants ! dit Aleski. Néanmoins ils se présentent aux garçons.  

     - Nous nous nommons Simen et Isak Simonson, Nils et Enzio Erikson, et Aleski Leskigson. dit Simen.  

     - Nous venons des pays au-delà des neiges éternelles, ou la nuit dure six mois. dit Nils.

     -  Nous sommes des archers-instructeurs que votre roi a recruté pour former les soldats de son armée. dit Isak.  

    - Montrez-nous vos talents d’archer ! nous vous montrerons quelques trucs ! dit Aleski. Et Enzio ajoute :

   - N’ayez aucune crainte ni honte, nous sommes déjà fiers de vous, futurs soldats du roi ! »

     Alors les garçons préparent un trébuchet, et l’équipent de neuf boules d’argile, chacun des neuf garçons prend un arc. Dillon est prêt à lâcher les cibles, les garçons bandent leurs arcs, et se tiennent prêts. Le trébuchet envoie les neuf boules, et les garçons, les uns après les autres en quelques fractions de secondes touchent les neuf cibles !

     Les Vikings sont époustouflés ! Jamais ils n’auraient cru cela possible ! comment savent-ils quelle cible choisir ? C’est de la magie !

      Dillon appelle mentalement Jacou, qui arrive et explique ce don, ce pouvoir qu’ont les garçons, de penser entre eux.

     « Ce n’est pas de la magie, c’est de la botanique ! 

     - Quel pouvoir fabuleux ! dit Nils. Pourrait-on le posséder, ce pouvoir ? » Jacou leur dit que si demain ils le veulent, il leur enseignera ce pouvoir, mais que cela prend quelques heures pour l’obtenir !  Les cinq Vikings sont enthousiastes ! Demain matin de bonne heure, ils seront là ! du coup, ce soir ils dormiront à l’auberge, s’il y a de la place !

     Pour l’heure, ils montrent aux garçons comment monter une pointe de flèche qui se sépare de la flèche une fois la cible atteinte, on ne peut donc plus la retirer sans ouvrir le corps ! Une autre flèche tournante, en plaçant les plumes en biais, qui perce en déchirant les chairs, faisant une plaie bien plus large. Les exercices du jour sont finis, Ils ont apprécié cet après-midi nus en plein air, à tirer à l’arc, puis les guerriers sont invités à une séance de sudation. Ils connaissent le principe, cela se fait beaucoup chez eux dans le grand Nord, mais ils ne savaient pas que cela existait ailleurs. Ils arrivent donc dans une salle bien plus grande que leurs huttes où l’on ne peut rentrer qu’à trois ou quatre.  Ici, ils sont seize, et il y a de la place ! et il y fait très chaud ! Anatole arrive, il a poussé la chaleur, après avoir aéré un moment.

      « Les filles en ont profité avant, il fallait ventiler ! » dit-il sans donner de détails. Mais il a entendu le ramdam dans la salle de sudation avec le Borgne !

     Après un bon quart d’heure à se faire transpirer, les Vikings prennent une douche, et sont invités à se faire masser. Ils retrouvent les filles qui ’s’occupent d’eux en professionnelles, massant leurs corps robustes et tout musclés, décelant des nœuds dans leurs muscles et les dénouant en massant, aidées par les pommades et huiles spéciales de Jacou.  Les garçons, pendant ce temps se massent entre eux, ils ont suffisamment d’expérience pour savoir bien faire. Le Borgne est là, aussi, sur un coussin. Il dort.

     Après ces massages Jacou les invite au coin des boissons, pour prendre la pinte de l’amitié. Ils trinquent volontiers, tous les garçons trinquent avec eux. Ils éclusent quelques pintes de cervoise, de vin, et de l’alcool d’orge de Child, puis se préparent à retourner à l’auberge. Arrivés au portail, Jacou leur fait remarquer qu’ils sont nus ! Morts de rire, ils retournent à la buanderie pour s’habiller, et enfin ils quittent l’école, en remerciant beaucoup tout ce monde qui les a si bien accueilli !  Ils ne manqueront pas d’en Parler à Charles !

 

     Gaël prend un cheval chez Émile pour monter à Laudrefang. Arrivé à l’auberge, il se présente :

     « Je m’appelle Gaël Wasch, Je suis le nouvel assistant de Child, l’aubergiste de Durandalem. Il m’envoie faire une commission pour Ingrid Leskigson. 

     Ingrid est là, tout intriguée.

      - Qu’as-tu à me dire, Gaël ? 

      - Votre frère, Aleski, est à Durandalem, avec ses quatre cousins. Ils seraient heureux de vous revoir ! 

      Cette nouvelle ravit la grande rousse.

     - Si Jean-Louis le permet, je viendrai en fin d’après-midi voir mon frère et mes cousins !

     - Oui, bien sûr, Ingrid, nous nous passerons de toi ce soir à l’auberge, répond Jean-Louis. Tu peux aller annoncer sa venue, Gaël ! »

     Et Gaël retourne à Durandalem, et annonce donc la venue d’Ingrid pour la fin d’après-midi.

Les bigotes

 

 

     Comme convenu, l’abbé Paul se présente aux douches, accompagné de ses bigotes favorites, Germaine et Gertrude. Les vieilles filles sont frileuses, elles veulent qu’il fasse bon si elles doivent se découvrir. Joël leur assure qu’il fait suffisamment chaud pour qu'elles soient nues sans avoir froid !

     « Être nues ! Mais vous n’y pensez pas ! » dit Germaine. Joël l’emmène dans une douche, lui explique comment avoir de l’eau à bonne température, que la porte sera fermée, et que personne ne pourra la voir.  Elle pourra alors se déshabiller, prendre sa douche. Le savon est là, et elle aura une serviette pour se sécher. Elle pourra alors se rhabiller et sortir.

      Rassurée, la vieille fille s’enferme donc. Après les explications de Joël, Gertrude y va aussi. L’abbé Paul se fait lui aussi expliquer le fonctionnement. Il a encore quelques craintes, et demande si toute cette eau ne va pas user sa peau ! 

     « Aucun risque, curé ! dit Joël en souriant. Une douzaine de personnes y sont déjà venues, même des enfants, et personne n’en est ressorti avec la peau usée... Mais propre, oui ! L'abbé décide donc d'y aller.  Mais une ultime question le turlupine.

      - Et si je fais un malaise, comment ferez-vous, si j’ai verrouillé la porte ? 

      - Pour cela, j’ai un système qui me permet d’ouvrir de l’extérieur.  Mais rassurez-vous, je ne l’utiliserai qu’en cas de nécessité.  N’ayez aucune crainte, je veille ! » 

     Vingt minutes plus tard, l’abbé Paul ressort, ravi :

     « C’est une bénédiction de Dieu, cette douche ! » Puis c'est au tour de Gertrude de ressortir, enchantée. Ses longs cheveux encore humides lui font craindre de prendre froid, mais Joël la conduit devant la cheminée, la fait asseoir sur le banc dos à l’âtre, et lui dit qu’ils vont vite sécher ici, et qu’elle ne ressortira qu’une fois ses cheveux bien secs. L’abbé Paul s’assoit lui aussi sur le banc, pour profiter de la bonne chaleur.

     Germaine, elle, n'est toujours pas réapparue. Écoutant à la porte, Joël n'entend que l’eau qui coule. Un peu inquiet, il demande à voix haute :

     « Vous allez bien, Germaine ?  Elle le rassure :  

     - Oui, oui ! C’est trop bon...Oooh, j’y resterais bien tout l’après-midi ! 

     - Mais il faut garder assez d'eau pour les suivants ! la presse Joël, sentant bien qu’elle ne veut plus sortir. Alors, le curé se lève et la presse à son tour :

     - Voyons, Germaine, nous devons y aller, maintenant !

     - Bon, bon, j’arrête ! Mais c’est trop bon... Oui, trop bon !

      Et quelques minutes plus tard, elle aussi se fait sécher les cheveux devant la cheminée, tout enjouée.

      Je reviendrai, je reviendrai... Oh oui, je reviendrai ! »

 

 

Le livreur de charbon

 

      Pierre est venu livrer le charbon derrière le bâtiment, une grande quantité, qu’il a dû pelleter pour remplir le silo.  Il arrive en nage, et demande à Joël s’il peut profiter de la douche.

     « Pas de soucis, Pierre, je te donnerai des habits propres et secs pour te rhabiller ! »  Le curé salue Pierre au passage, et en profite pour prendre des nouvelles de l’abbaye et de l’abbé Jean. 

     « Inutile de m'expliquer, dit Pierre à Joël. Je sais comment ça fonctionne, j’ai déjà utilisé celle de l’école ! »  Il entre dans une douche, se déshabille, et commence à se laver.

     L’abbé Paul et les deux filles quittent le bâtiment, les cheveux enfin secs, remerciant grandement Joël pour son établissement. 

     « Oh oui... Comme le dit Germaine, nous reviendrons souvent, c'est sûr ! »

     Juste comme ils repartent, voilà qu'Yvette se présente. Michel est absent, il travaille avec moi sur un chantier. Elle veut en profiter pour se faire propre. Elle salue l’abbé et les deux bigotes... qui toisent cette étrangère d’un regard suspicieux ! Pendant que Joël explique à Yvette comment ça marche, voilà Pierre qui ressort brusquement de la douche, il a oublié de prendre les habits de rechange. Et Pierre, tout nu, se retrouve nez à nez avec Yvette. Laquelle sent aussitôt un frisson la parcourir, en voyant cette verge immense. Elle rougit, elle lui lance un regard qui en dit long sur ses intentions ! Pierre n'hésite pas, il la pousse dans sa douche, et referme la porte...

    Joël sait bien ce qui va se passer. Il leur dit qu'il va fermer la porte du bâtiment, par précaution. Il reste dans le sas, au cas où d’autres se présenteraient.

 

 

     Une fois séchés, Pierre n’a pas ses habits, et sort nu de la douche, Yvette le suit, et ils vont près de la cheminée se réchauffer leurs corps nus à la chaleur de l’âtre.

      Ils vont attendre que Joël revienne, donner les habits qu’il a pour Pierre. En attendant, ils s’embrassent sur le banc, et se caresse l’entre-jambes mutuellement.

     Quand il revient, Yvette et Pierre sont devant la cheminée, nus. Joël donne des habits à Pierre, et leur demande de vite se rhabiller, d’autres pourraient les surprendre ! Une fois vêtus, Pierre et Yvette quittent Joël et le remercient, le priant de rester discret sur ce qui vient de se passer.

     « Maintenant, dit Pierre, il est l’heure d’aller boire une bonne pinte chez Child, avant de retourner à l’abbaye ! » Yvette l’accompagne, elle y attendra le retour de Michel.

     Les Vikings, eux, sont vraiment contents d’avoir fait halte à Durandalem et d’être allés visiter l’école. Ils y sont restés un bon moment, ont bien profité des installations et des filles, pour le grand plaisir de toutes et de tous. Ils sont de retour à l’auberge dans la soirée. Ils resteront dormir.

     Ingrid, la sœur d'Aleski, vient d'arriver de Laudrefang. Et ce sont de grandes embrassades, sur la bouche comme il sied aux gens du Nord. Ils ont beaucoup de choses à se raconter.  La soirée est bien avancée quand ils vont se coucher. Child héberge donc les Vikings. Quant à Ingrid, Gaël et Joël lui offrent l’hospitalité pour la nuit, car il est trop tard pour qu'elle retourne à Laudrefang !  Elle accepte volontiers, d’autant qu’ils ont une douche dans leur appartement.

 

 

L’initiation des Vikings

 

    Ingrid Leskigson, son frère et ses cousins prennent le petit déjeuner dans l’auberge, avant de repartir ensemble. Les Vikings s’arrêteront à l’école. Ingrid continuera sa route vers Laudrefang, pour reprendre son service à l’auberge de Jean-Louis Stamm.

 

     Ce matin, tandis que Dillon se chargera de l’instruction des garçons, Jacou va s’occuper des Vikings, soldats du roi Charles.

     Les voici devant le portail. Les cousines Joëlle et Josiane, en tunique, les accueillent et les emmènent dans la buanderie.  Ils doivent enfiler la tenue adéquate pour pénétrer dans la caverne aux herbes. Jacou arrive, enfile lui aussi les habits spéciaux, fournit une épée aux Vikings. Et les voilà partis, chacun avec un sac, pour gravir la colline.

     Pour son cours, Dillon a préparé des potions à base d’herbe de chanvre. Il en fait boire aux garçons, qui ne tardent pas à voir les choses autour d'eux tout différemment ! Ce qui déclenche des fous rires pour n’importe quoi. Dillon leur fait lire un texte. Étonnamment ils s’en sortent très bien. Le calcul aussi leur paraît simple. Ils sont euphoriques... Mais tous ressentent un vif besoin de se nourrir. Manon leur sert un en-cas, qu’ils dévorent avec appétit.

      « Vous avez goûté aux pouvoirs de cette herbe.  Elle donne faim, vous l’avez constaté, et elle fait tourner un peu la tête ! dit Dillon en souriant. Au combat, elle risque plutôt de vous nuire. Alors, consommez-la avec prudence ! De plus, cette herbe modifie les rapports sexuels. Mais ça, vous en jugerez une autre fois ! »

     Entretemps, Jacou et les Vikings sont de retour de la grotte. Ils occupent maintenant les chambres du fond.  Ils ont absorbé la potion qui rend télépathe. Jacou aussi s’en est repris une dose. Il a remarqué qu'à chaque nouvelle prise, ses pouvoirs mentaux sont augmentés. Il se rapproche des pouvoirs qu’il avait jadis, avec son Maître Sirius dans les montagnes mayas. Il lui tarde de les tester à nouveau après leur sieste forcée.

     Le repas de midi se passe tranquillement. Les garçons évitent de faire du bruit, et vont trottiner tranquillement avant la sieste.

     Cet après-midi, Émile vient avec Nestor pour l’apprentissage équestre. Les jumelles sont de la partie. Émile a bien du mal à garder son membre en berne face à ces superbes créatures ! Mais Jacou a prévu le problème. Il a donné une potion à Dillon. Émile et Nestor doivent la boire. Elle évitera pour un temps toute érection intempestive. Ce qui permet à toutes et à tous, en toute sérénité, de profiter nus au soleil de l’enseignement équestre. Ils se perfectionnent, s’essaient aux sauts d’obstacle, et y parviennent de mieux en mieux. Émile est content. Il en fera vraiment d'excellents cavaliers !

     Ils se retrouvent tous en salle de sudation, y compris Émile et Nestor. Jacou et les Vikings se sont réveillés et les rejoignent, ainsi que les filles. Puis ce sont les séances de massages, les Vikings et Jacou sont prioritaires. Bien sûr, ils profitent des mains expertes des filles. D'autant qu'ils parviennent à leur demander mentalement quelques massages ciblés, qu’elles exécutent pour leur grand plaisir.

     Les Vikings prennent congé, descendent avec Josiane et Joëlle à la buanderie pour s’habiller, et retournent à l’auberge. En chemin, ils continuent à expérimenter tout à loisir leur nouveau pouvoir. Jacou est vraiment un Maître qu’ils sont heureux de connaître !

Les villageois aux douches

 

      Joël a préparé les douches communales, il attend les clients.

     Voici les premiers. Claude Kaas, notre apothicaire, droguiste et marchand, arrive avec sa petite famille : Rosine son épouse, et Maxime, leur petit rouquin de cinq ans. Joël les fait entrer, leur montre les douches. Rosine demande à faire entrer Maxime avec elle, il est bien petit pour se doucher seul.

     « Il n’y a aucun inconvénient ! »  dit Joël et il leur explique le fonctionnement. Deux douches sont donc utilisées, Rosine avec Maxime dans l’une, et Claude tout seul dans l’autre. Pensant aux couples qui ont déjà testé les douches, Joël se dit :

     « C'est sûr, sans le gamin, ç'eût été différent ! »

      La famille Kaas ressort enchantée des douches. Pourtant Maxime, au début, a hurlé sous l’eau. Il n’aimait pas trop ça ! Comme tous les autres, ils repartent tout contents d’avoir testé ce nouveau système. Après leur départ, Joël nettoie les douches, les aère, et à midi, il ferme la maison.

      L’après-midi, c'est au tour de Richard Schaff, de Naborum, de son épouse Carole, et de leur fille Nadège. Joël les accueille, et leur explique comment ça marche, chacun dans une douche. Richard en ressort enchanté. Son épouse lui en avait dit beaucoup de bien. Elle avait raison, il trouve cela superbe ! Maintenant, une bonne pinte à l'auberge...

      Nadège voudrait rester à Durandalem, pour passer quelques jours avec Ariston et Jeanne. Chez Child, elle demande à mon épouse Esther si nous pourrions l’héberger. 

     « Je n’ai rien contre, si tes parents sont d’accord ! Lui répond-elle. Ariston va arriver, elle sera sûrement ravie de te revoir ! »

      Richard et Carole, quant à eux, s’en retournent sans leur fille à Naborum.

      Le soir est tombé. Beaucoup sont venus à l’auberge pour papoter et boire un coup. Il y a là le Fernand Bauer, ses commis Edouard et Jacques Basin, et Gildas Dor, et aussi Clovis Hune et sa famille...

     Les Vikings rentrent de l'école et réservent les chambres pour ce soir. Demain, ils reprendront la route. Sur ces entrefaites, Émile, qui a pris leurs chevaux en pension le temps de leur séjour, fait son entrée à son tour.  Il leur dit qu’il ramènera leurs montures demain matin.

     Mais voici une calèche qui arrive, un coursier de Naborum qui mène une dame à l’auberge...

 

Yvonne Basin

 

      Quand ils voient entrer le coursier et la dame, une grande brune de six pieds, Édouard et Jacques, les commis du Fernand, reconnaissent aussitôt leur mère, Yvonne Basin ! Ils se précipitent et l’embrassent en la serrant dans leur bras. 

     « Maman ! Mais que fais-tu donc ici ? » demande Jacques.

     « Je me sens bien seule dans ma maison depuis que vous êtes partis ! »

     Il faut dire que leur père, Jean Basin, était décédé l’année dernière d’une maladie foudroyante.

     « Oui, je voulais depuis longtemps vous revoir, vous serrer dans mes bras, vous me manquez ! dit-elle, la larme à l’œil. 

     - Viens t’asseoir avec nous ! propose Édouard. Et il lui présente Gildas, qu'elle connait de vue, et le Fernand Bauer.

     Le coursier demande si elle pense retourner avec lui à Naborum, il se fait tard. 

     - Non, allez-y seul, dit alors le Fernand, elle restera avec ses fils ce soir ! » Et s’adressant à Yvonne, il lui propose l’hospitalité dans sa ferme. Elle accepte volontiers, elle pourra profiter de ses fils un peu plus longtemps.

      Fernand commande donc cinq menus.

     « Ce soir, nous dînons ici ! » dit-il en souriant. Child presse Berthe et Esther de faire en sorte que tous fassent un très bon repas, il sait que les Vikings ont un appétit féroce ! Esther demande à Ariston de l’aider, et Nadège se propose d’aider elle aussi.

    J’arrive avec Benami, Michel et Yvette. Nous nous attablons pour manger. La soirée est longue et festive. Les Vikings racontent leurs aventures Nordiques en buvant pintes sur pintes, et Aleski est vraiment content d’avoir pu revoir sa sœur Ingrid.

     Puis tout le monde s’en retourne chez soi. Avec Nadège, j’ai une petite pensionnaire ! Je lui demande combien de temps elle pense rester. Quelques jours si c’est possible, dit-elle.

      « Aussi longtemps que tu voudras ! » dis-je. Et je vois le sourire d’Ariston.

     Le Fernand quitte à son tour l’auberge, avec Yvonne entre ses deux garçons. Arrivés à la ferme, le Fernand propose son lit à Yvonne, Lui, il dormira dans la cuisine, devant la cheminée. Les garçons embrassent leur mère, et les trois commis se retirent dans leurs chambres.

     Yvonne ne sait pas comment aborder le sujet, puis finalement, elle ose :

     « Vous savez, Fernand... J’aurais bien besoin d’une compagnie cette nuit.  Je me sens si seule depuis tant de mois, vous comprenez... »

     Le Fernand accepte alors de partager son lit avec elle. En tout bien tout honneur, tient-il à préciser. Il lui donne une chemise de nuit qu’il a gardée après le décès de son épouse, il y a quelques années. Il sort de la chambre un instant, le temps qu’elle se déshabille, qu'elle enfile la chemise et qu'elle se couche.

      Bien que d’habitude il dorme nu, ce soir il enfile lui aussi une chemise, et s'allonge auprès d’elle. Il la sent crispée dans le lit. Il lui tend son bras. Elle pose alors la tête sur son épaule, bien blottie dans ce bras puissant...

 

La fréquentation des douches communales

 

     Au matin, c'est le Fernand qui se lève le premier. Yvonne dort encore. Il endosse une tunique, et ranime la cheminée dans la cuisine. Il a plu cette nuit, et l’humidité se ressent.

    Yvonne apparaît. Elle a enfilé ses habits. Cette nuit, elle a très bien dormi.  C'est sûr, elle ne dormait pas si bien, toute seule dans sa maison de Naborum, confie-t-elle au Fernand avec un sourire...  Tout en préparant le petit déjeuner, le Fernand lui propose de rester quelques temps à la ferme. Espérant d’autres belles nuits avec lui, elle accepte avec joie, et se propose de leur faire à manger pour se rendre utile. On la dit bonne cuisinière !

     Les deux garçons ne tardent pas. Édouard et Jacques sont heureux de déjeuner avec leur mère. À leur grande joie, le Fernand leur annonce qu’Yvonne va rester quelque temps à la ferme, pour se reposer. Il va aller chez Child ce matin avec elle faire quelques emplettes. Vous savez ce que vous avez à faire, dit-il à ses commis.

     En chemin, il propose à Yvonne de passer d'abord par les douches. Ils sont quelque peu poisseux, à cause de leurs ébats de cette nuit. Et cela leur fera du bien de se relaxer sous l’eau chaude.

    Chez Child, Émile et Nestor ont ramené les chevaux des Vikings. Les guerriers sont en partance pour rejoindre le roi Charles.  Ils promettent de revenir. Comme dit Aleski :

     « C’est trop bien, Durandalem ! »

    Quand Yvonne et le Fernand arrivent aux douches, Joël est dehors. Il a activé le feu de la chaudière. Ils lui demandent s’ils peuvent utiliser la douche tout de suite. Joël rappelle que l’ouverture n'est qu'à dix heures, normalement. Mais ils insistent, si bien que Joël finit par les laisser entrer. 

     « Tu connais le système, le Fernand. Tu expliqueras à madame. Moi, j’ai encore des choses à faire avant l’ouverture, mais je pense que l’eau doit être déjà assez chaude. Et j’ai allumé la cheminée. D’ici peu il fera bon à l'intérieur. »

 

      Le Fernand accompagne Yvonne dans la douche du fond, près de la cheminée. Ils se déshabillent, et chacun peut enfin admirer le corps de l’autre. Yvonne découvre un corps robuste, des pectoraux bien développés et des gros bras bien musclés, un ventre plat avec de beaux abdominaux. Une épaisse et longue toison rousse couvre tout sous le pubis, cachant un pénis très fin. Elle est étonnée de la petite taille du pénis du Fernand au repos ! Fernand, lui, admire Yvonne, et la contemple du haut en bas de ses six pieds. Ils font la même taille.

      Cachés en partie par sa magnifique chevelure brune, ses yeux verts ont un regard espiègle. Son corps est bien charpenté. De larges épaules se prolongent par des bras longs et fins. Ses seins tout ronds aux tétons tout roses sont bien accrochés.  Son épaisse toison brune descend entre ses jambes effilées, sous un fessier bien rebondi.

 

Les copines

 

     Ariston et Nadège vont chercher leur copine Jeanne au moulin de P’tit Louis. Elles vont bien s’amuser, toutes les trois. Leurs corps les titillent... Elles ressentent des fourmillements, là-dedans !

       Nadège raconte à ses amies l’aventure qu’elle a eue avec un garçon, et la douleur qu’elle a ressentie... Les deux autres n’ont pas encore connu ce genre d’aventure.

     Elles décident d’aller aux douches communales, pour explorer ensemble leurs corps. Il est onze heures quand elles arrivent. Joël leur demande :

     « Vous venez vous doucher, je suppose ? » Dans l’affirmative, il donne une serviette à chacune. Mais il est un peu étonné qu’elles pénètrent toutes les trois dans la même douche, et il leur en fait la remarque. Elles rétorquent qu’elles aiment bien se faire frotter le dos. Alors, il les laisse faire, tout en précisant qu’elles ne doivent pas faire de chahut, car tout s’entend dans la maison ! Les trois filles ferment la porte et se déshabillent.

 

     En sortant de la douche, elles sont tout excitées...  Cette douche leur a fait un drôle d’effet ! Elles saluent Joël au passage, en pouffant de rire. Il leur sourit, tenant sa serviette devant son bas-ventre. C'est promis, il ne dira rien à personne !

      Les trois amies se promènent dans le village.  Elles aimeraient bien, là, tout de suite, trouver un garçon qui les initierait aux plaisirs d’un acte sexuel ! Mais les garçons de leur âge sont à l’école... Un jour prochain, elles rendront visite aux commis du François, se promettent-elles en rigolant et en rougissant à la fois.

     Pour l’heure, il est temps de manger. Ariston invite ses amies à l’auberge, maman Esther n’y verra aucun inconvénient ! Elles passent par le moulin prévenir la mère de Jeanne, et se rendent donc chez Child.

     Avec Michel, j’installe depuis deux jours une douche au chalet. Et aussi une baignoire, Yvette adore prendre des bains. Une chaudière est installée derrière le chalet, ainsi qu'une salle d’aisance accessible depuis l’intérieur. Michel construit donc une annexe pour y mettre la chaudière et la réserve de charbon nécessaire. Un ruisseau qui descend à proximité du chalet remplira la réserve d’eau. Le conduit que j’ai installé il y a quelque temps ne monte pas assez haut pour remplir la réserve, le chalet étant bâti à flanc de colline.

       Les cantonniers travaillent d’arrache-pied, les raccordements au tuyau d’eaux usées n’en finissent plus.

      Pierre est arrivé avec son charbon. Il fait le tour des demandeurs, et se rend compte qu’il faudra deux charrettes par semaine, sans compter l’école !

      Le soir venu, l’installation fonctionne. Ils vont pouvoir prendre du bon temps ! À l’auberge, avec Child, nous discutons de l’opportunité de se faire livrer le charbon directement par le convoi qui vient du Nord de l’Austrasie, sans passer par l’abbaye des Glandières, qui nous fournit jusqu’à maintenant. Pierre n’est pas enthousiaste. Lui, il aimait bien livrer le charbon à Durandalem, particulièrement à l’école, où une charrette pleine est nécessaire.

Le pouvoir de voler

 

     Ce matin, il fait un soleil radieux. A l’école, Jacou, après avoir fait entrer Georges, décide d’entraîner les garçons à l’extérieur, pour leur faire maîtriser le pouvoir de déplacer les choses à distance. Après le petit déjeuner, tout le monde est dehors et boit son canon de potion. Jacou teste les améliorations mentales qu’il a obtenues après sa dernière visite à la caverne. Il s’aperçoit qu’il peut désormais déplacer les objets par la seule pensée, sans geste accompagnateur, et qu’il peut le faire sans même voir l’objet à déplacer ! Pour ce beau résultat, il lui aura fallu cinq passages par la caverne...  Il a aussi amélioré la potion que tous ont pris ce matin, les effets devraient durer plus longtemps. Sous ses directives, les garçons testent différentes possibilités. Entre autres le soulèvement mutuel, que le Borgne et François ont tenté l’autre jour, au grand dam du Borgne qui s’est blessé la cheville. Jacou lui enlèvera son emplâtre ce midi.

      Les garçons s’essaient à cette manœuvre. Ils doivent mentalement communiquer avec leur partenaire, et le soulever. Ce qui demande un entraînement qu’ils doivent acquérir.

     « Ne montez pas au-delà des murs de l’enceinte, recommande Jacou. N’oubliez pas que vous êtes les seuls à connaitre ce pouvoir. Il ne faudrait pas que quelqu’un vous voie dans les airs ! De plus, vous êtes nus, raison de plus pour limiter la hauteur. »

      Ce faisant, Jacou se rend compte qu’il peut prendre le contrôle de deux partenaires, et les diriger à sa guise dans les airs. Il fait ensuite une dernière expérience. Mentalement il dit à tous de se poser, et de venir autour de lui. Il leur dit par la pensée :

     « Voilà ce que je vais essayer. Je vais nous soulever tous ensemble, mais il ne faut pas que vous refusiez ma pensée. Vous êtes prêts ? Alors on y va ! »

      Et voilà Jacou, les dix garçons et Dillon qui décollent ensemble, et qui se déplacent dans les airs jusque devant la bâtisse, en en faisant le tour.

     Fantastique ! Lui et les autres sont sidérés ! Ils ont volé ensemble sur cent cinquante pas !

     Il leur dévoile comment accéder eux aussi à ce pouvoir.  Pour l'instant, ils ne peuvent le faire qu'à deux.

     « J’ai amélioré la potion avec Chantal, les effets devraient durer encore tout l'après-midi. Soyez vigilants et maîtrisez vos pensées, vous devez y arriver ! » Maintenant, il est l’heure de déjeuner.

      Et tous rentrent, à pied cette fois, dans le bâtiment. Ils croisent Georges Hair, le coiffeur, qui est là tous les mercredis matin, et qui va rentrer chez lui. Il est accompagné d’Anatole qui lui ouvre le portail. Ce matin-là, Georges s’est occupé des buandières, de leurs cheveux, de leur toison...  et de leur appétit sexuel.

 

Les filles sont enchantées de leurs magnifiques pubis. Elles remercient grandement Georges, et s’en retournent à leur buanderie.

     Il est l’heure maintenant de se doucher, se rhabiller et d’aller chercher Anatole qui va lui ouvrir le portail pour quitter l’école.

     Anatole lui demande s’il sculpte aussi les hommes, « oui, bien sûr ! » lui répond-il en souriant.

     Les garçons ont déjà vu et apprécié les sculptures des cheveux et des toisons des jumelles.  Ils sont unanimes sur le talent de Georges. Il est certain qu’ils vont aussi aimer son travail sur les bas-ventres des buandières.

     L’après-midi, Chantal annonce qu’elle a trouvé le moyen, grâce à des plantes de la caverne, de fabriquer une nouvelle potion qui permettra à chacun de voler tout seul. Elle va encore l’améliorer pour que l’effet dure plus longtemps !

     Jacou se rappelle de la potion que son Maître Sirius avait, qui permettait de voler. C’était le chaman Zãk, dans le village maya qui avait recueilli Sirius,  qui en détenait la formule. Jacou avait été le premier du village maya à l’expérimenter ! La trémulonde des montagnes mayas était appropriée pour cela !

     Et apparemment, Chantal a réussi à retrouver la formule !

 

Les douches payantes

 

     La nouvelle des douches communales s’est répandue dans la région. Des gens de Naborum sont venus exprès ce matin. Joël est content, les six douches fonctionnent.

     Par décision du bourgmestre Jacou, le prix d’entrée des douches, jusque-là gratuites, sera désormais d’une once. C’est un prix raisonnable, au vu des frais engendrés par le charbon, l’eau chaude et les lessives. Cela permettra à Joël de toucher un salaire pour son travail. Le bourgmestre adjoint, Child, offrira une boisson à chaque client des douches. Le paiement se fera dans l’auberge, juste à côté des douches. Ce sera effectif dès demain 1er mai. Un écriteau apposé sur la bâtisse précisera le tarif.

     Michel arrive à la ferme du Fernand, avec sa charrette à bras, pour confectionner un plancher sur le mur que les commis ont bâti.

 

Les douches du Fernand

 

     Aujourd’hui, je fais une installation chez le Fernand, avec l’aide de Léon Iser, le forgeron de Laudrefang. Les fils d’Yvonne et Gildas Dor, les commis du Fernand, nous aident à porter les cuves et la chaudière. Ce matin, Léon, Émile, Nestor et moi, nous les avions chargées sur une charrette d’Émile.

      Émile et Nestor s’apprêtent à retourner chez eux. Émile me demande « Quand pourrai-je avoir enfin le même système chez moi ? ». Je lui réponds que la semaine prochaine, ce sera fait ! Nous positionnons la cuve d’eau en hauteur, sur le mur que les commis ont bâti. Le plancher est en place. Nous installons la chaudière dessous. Léon et moi nous occupons des douches et des raccords. Les commis fixent les tuyaux emmanchés jusqu’à leur douche. Pendant ce temps, Yvonne s’active en cuisine pour nous préparer un bon repas. Et en fin d’après-midi, le système est opérationnel, l’eau chauffe, le Fernand est ravi !

      Dès ce soir, il l’inaugurera avec Yvonne. Et les commis enthousiastes d’ajouter : « Nous aussi ! » Léon envisage de développer le système dans son village. Pourquoi pas sur le modèle des douches communales ? Il va en parler aux instances de Laudrefang, trop heureux de participer activement à un tel progrès ! Puis il retourne chez lui.

     Le soir venu, à la ferme, après le souper - un souper nettement amélioré depuis qu’Yvonne est aux fourneaux, selon l’avis général - le Fernand propose à Yvonne de tester cette douche. Ils quittent la table et vont dans la chambre se déshabiller...

 

      Les commis s'étaient promis de tester aussi. Ils s’en retournent dans leurs quartiers dans la grange. Après une courte discussion pour savoir qui commence, ils décident d’y aller ensemble. La douche est assez spacieuse pour trois ! Ils se déshabillent alors, se montrant nus les uns aux autres.

     Édouard, jeune homme de vingt ans, a déjà été vu nu lorsqu’il est sorti mouillé, dans les douches communales. Les cheveux bruns, les yeux noirs, six pieds de haut, il a un corps musclé, des pectoraux développés. Il n’est pas du tout velu, sa toison brune est clairsemée. Il a de bonnes cuisses et de longues jambes.

     Jacques est le cadet d’un an d’Édouard. Il a la même chevelure et la même corpulence que son aîné. Un peu plus grand, six pieds deux pouces, presque imberbe lui aussi.

     Gildas est le plus âgé des trois, il a vingt-et-un ans. Il a de beaux cheveux blonds, ses grands yeux d’un bleu intense, surmontés d’épais sourcils blonds, lui donnent un regard mystérieux. Haut de six pieds, il a un corps robuste, de beaux pectoraux et des bras puissants. Très velu, de longs poils blonds ornent son bas-ventre, et cachent en partie ses attributs. Les frères observent tout à loisir ce magnifique blond nu devant eux...

      Puis les trois commis activent la cheminée, et pénètrent dans la douche.

 

Aux douches communales

 

     Ce matin, devant les douches communales, du monde attend l’ouverture. Joël informe les futurs clients qu’à compter de ce jour, il faudra s’acquitter d’un droit d’entrée d’une once par personne. Le paiement se fait à l’auberge. Malgré l’écriteau apposé sur la bâtisse, d’aucuns ne le savaient pas, ne l’avaient pas lu, ou ne savaient pas lire. Mais une once, ce n’est pas cher ! Ils vont donc toutes et tous chez Child, où Berthe leur délivre un billet d’entrée, qui donne droit à une boisson au choix à l’auberge après la douche. Tout le monde est ravi de ce cadeau, un canon coûte déjà une quarte à lui seul.

     Les douches sont en fonction. Les enfants doivent être accompagnés par un adulte, mais ne paient pas l’entrée. Les serviettes sont fournies. Des habits propres et secs peuvent être achetés ou empruntés.

     Dès dix heures, les six douches sont occupées. Deux femmes avec un enfant, une femme seule, un homme seul, et deux couples. Joël prévient d'emblée les couples que les rapports intimes ne sont pas le but des douches, et que tous les bruits s’entendent dans le bâtiment. Il sent qu’il va devoir faire des rappels à l’ordre plus d’une fois ! Il précise aussi qu’il ne faut pas gaspiller l’eau, il en faut pour tout le monde.

     Et c’est un joyeux brouhaha qui s’élève, des cris de surprise, des rires... et malgré la mise en garde de Joël, des gémissements qui n’ont pas l’air douloureux du tout ! Les premiers sortis sont l’homme et la femme seuls. Ils vont près de la cheminée se sécher les cheveux, et apprécient cette chaleur de l’âtre. Puis sortent les femmes avec les enfants, suivis d’un couple. Autour de la cheminée, ils commentent ces bienfaits. Certains apprécient aussi les coins d’aisance, avec un confort qu’ils n’ont jamais connu ! Il ne reste plus qu’un couple dans une douche. Tandis que les premiers sortent, les cheveux bien secs, Joël nettoie et aère les douches libérées, pour accueillir les clients suivants.

L'hospice des Œuvres de Naborum

 

     Un homme arrive, avec une femme et quatre enfants de trois à cinq ans. Il explique à Joël que la femme et les enfants sont sourds et muets. Ils viennent de la Maison spéciale des Œuvres de Naborum. Lui, il les attendra chez Child. La femme demande par gestes si elle peut prendre les quatre enfants avec elle. Joël répond oui de la tête, et parvient par gestes à lui expliquer le fonctionnement. Il lui donne cinq serviettes.

     Trois nouveaux couples se présentent.  Joël leur rappelle d'être discrets, vu que les actes sexuels s’entendent dans tout le bâtiment.  À ce moment, le dernier couple retardataire sort de la douche, épuisé. Le premier nouvel arrivant réagit :

     « Oh, nous, nous savons nous tenir ! Le deuxième : - Hmmm... Quelle bonne idée ! » Et le troisième couple sourit...

     Alors que Joël explique le fonctionnement aux trois couples, surviennent deux jeunes hommes qui lui demandent :

     « C’est le même prix, si on va à deux sous la même ? » Joël répond que oui, en souriant.  Et après les explications, les deux garçons s’enferment donc dans la même douche. Là, Joël est un peu débordé. Il doit alimenter la cheminée, mais d’abord il lui faut nettoyer la dernière douche, quelque peu souillée.

     Et voilà qu'en plus, deux filles et un garçon arrivent, au moment où il sort chercher du bois pour la cheminée.

     « Oui, il y aura bientôt une douche libre... Mais pour trois, il faudra patienter, pas mal de clients viennent d’arriver ! »

     Il revient avec ses bûches. À son entrée dans le couloir, il est assailli par une cacophonie de bruits d’eau, de cris variés, de cris d’adultes. 

     « Oh là-là, pense-t-il... Ce ne sont plus des douches, c’est une bauge ! » Il annonce aux jeunes dehors qu’une douche est disponible. Les trois jeunes gens ont bien sûr entendu tous ces bruits fort évocateurs.

     Et c'est tout émoustillés qu'ils s’engouffrent ensemble dans leur cabine. Joël leur explique comment ça fonctionne. Mais il ne se hasarde pas à les mettre en garde eux aussi sur ce qu’ils vont faire, vu l'ambiance sonore éloquente ! Heureusement que la femme et ses enfants sourds-muets, eux, n’entendent pas... Il faudra vraiment qu’il en parle à Child dès ce midi.

     Il ressort. Personne d'autre n’attend. Il va charger la chaudière et vérifier qu’il y ait encore suffisamment d’eau chaude, ce qui est le cas. Il se demande en lui-même si ce couple qui disait savoir se tenir avait finalement craqué, à entendre ainsi les autres. Et il en rigole tout seul !

     De retour dans le couloir, il attend que cela se finisse. Voilà les deux garçons qui ressortent, nus.

     Blonds tous les deux, ils se ressemblent beaucoup. Joël leur demande d’où ils viennent. Ils se présentent donc. Ce sont les cousins Gouvy : Ernest, fils d’Erwin Gouvy, et Hector, fils d’Erman Gouvy. Ce sont les cousins d’Achille, le fils d’Émile Gouvy, qui est à l’école des soldats. Leurs pères sont trois frères de Hombourg. Ils ressemblent à Achille. Plus âgés que lui, ils ont dix neuf ans, de longs cheveux, mais blonds. Des yeux verts, la même corpulence d’athlète. 

     « Mais Achille, nous ne l’avons pas beaucoup vu, il était tout le temps chez les moines du monastère des Récollets... » dit Ernest.  Ils vont ainsi se sécher devant l’âtre. Joël sourit en voyant ces beaux corps. Il leur demande néanmoins de s’emballer dans les serviettes. Mais les garçons les ont mouillées dans leurs ébats, et les habits sont trempés aussi ! Joël va donc chercher deux serviettes et deux tuniques.

      « Ramenez vos habits près de la cheminée, ils seront vite secs ! »

     Il entend toujours couler la douche des sourds-muets, se dit qu'ils en profitent bien. Tour à tour les douches se libèrent. Les couples ressortent, les yeux brillants. Comme il le supposait, vu leur état d’épuisement, le premier couple n’a manifestement pas pu se tenir, contrairement à ce qu'ils prétendaient ! Les amants vont profiter de l’âtre et sourient à Joël, comprenant bien qu’il les a entendus... Et Joël commence à nettoyer les douches et à les aérer les unes après les autres. Les clients, séchés, sortent de l’établissement et vont se désaltérer à l’auberge, et bénéficier de la boisson offerte. Les cousins Gouvy, dont les habits ont fini par sécher, se rhabillent pour sortir.

       Midi approche. Il n’y aura plus de clients ce matin. Le trio de jeunes gens sort enfin. Ils rigolent tous les trois. Ils se sont bien amusés et promettent de revenir avec leurs copines et copains. Ils sont venus en calèche de Falkenberg, à trois lieues de Durandalem, derrière Laudrefang.

     Il ne reste plus que la douche avec la femme et les enfants, qui coule toujours. Joël finit par s’inquiéter, écoute à la porte, et entend des gémissements d’enfants. Il décide donc d’ouvrir la porte avec son passe-partout. Bien lui en a pris... La femme est assise sous la douche, inconsciente. Elle a du s’évanouir, et ouvrir le robinet d’eau froide en tombant. Les enfants à côté d’elle, mouillés, grelottent de froid !

     Il ferme d’abord l’eau, et vite, vite, il enveloppe les enfants dans les serviettes et les amène un à un près de la cheminée pour qu’ils se réchauffent. Ils sont contents d’être à la chaleur. Puis il retourne dans la douche et relève la femme, qui gémit doucement, les yeux fermés. En la soutenant, il la frotte énergiquement sur tout le corps.

      C’est une brune d’une trentaine d’années, de cinq pieds cinq pouces, aux longs cheveux noir ébène. Une poitrine volumineuse et des tétons très gros, un corps bien proportionné, avec une épaisse toison pubienne qui tombe entre deux jambes effilées.

      Sous les frottements de Joël, elle rouvre les yeux, de magnifiques yeux dorés, et regarde avec étonnement ce garçon qui la frotte, puis elle lui sourit. Joël la soutient pour l’emmener devant la cheminée, où elle se remet de son malaise. Sans doute de l’eau trop chaude ! Il va dans ses appartements ramener une boisson forte pour lui donner un coup de fouet, et prend les habits dans la douche pour habiller les enfants, deux filles et deux garçons.

     La femme va mieux.  Elle embrasse Joël sur le front, pour le remercier. Elle voit les enfants souriants, qui lui prennent les mains affectueusement et se lovent contre elle, manifestement contents qu’elle aille mieux. Elle se rhabille, ses cheveux ont séché à la chaleur de la cheminée, elle reste un moment assise avec les enfants devant l’âtre. Joël les laisse savourer cet instant de bonheur retrouvé, et nettoie sa douche.

     Puis il prend la femme par la main, les enfants se tiennent par la main, et il amène tout le monde à l’auberge, fermant l’établissement. L’homme qui les avait escortés sort juste comme ils arrivent. Il était inquiet de ne pas les voir revenir. Tout le monde sourit...Le voilà rassuré ! Child arrive à son tour, il revient de la livraison à l’école.

     Joël les installe à une table dans l’auberge presque pleine, il fait servir des boissons aux enfants et à la femme, et explique à l’homme ce qui s’est passé. L’homme se présente. Il s’appelle Bernard Palice. À Naborum, il est le gardien de l’hospice où sont les enfants, et la femme qui les accompagne se nomme Anne Paris. Il demande à Child s’ils peuvent manger ici. Child a entendu les explications de Joël.

     « Bien sûr ! Anne et les enfants doivent reprendre des forces ! Et toi, Joël, je te félicite pour ta réactivité... »

     Deux des trois couples sont attablés. Ils profitent de l’occasion pour manger à l’auberge, dont la réputation est parvenue jusqu’à eux. Ils sont venus ensemble, de Pont de Rosselle, derrière Hombourg, pour acheter des étoffes. On leur a dit que dans l’échoppe de Child, le choix était grand. Et ils se sont déjà mis d'accord avec Gaël pour faire leur choix après le repas.

      Les cousins Gouvy sont aussi attablés, ils demandent s’ils peuvent voir leur cousin Achille. Child ne sait pas si Achille peut sortir. Il envoie Gaël se renseigner à l’école.

     En cuisine, les femmes s’affairent. Il y a vraiment beaucoup de monde, beaucoup de repas à préparer. Et Berthe, en vraie cheffe, dirige Esther et Ariston. Elles sont aidées par Nadège, toujours en vacances chez nous les Schmit.  Child fait le service. Il est content. Cette histoire de douches communales, c’est vraiment un accélérateur pour le commerce à Durandalem !

 

     A l’école, pendant le déjeuner, Gaël se présente devant le portail et actionne la cloche. Anatole enfile vite une tunique et va ouvrir. Gaël lui explique ce qui l’amène.  Cet après-midi, Achille pourrait-il venir avec lui à l’auberge ?  Ses cousins de Hombourg sont là, ils aimeraient beaucoup le revoir. Anatole le fait entrer dans l’enceinte, ferme le portail, et lui dit d’attendre ; il va se renseigner. Jacou est d’accord :

     « Achille, exceptionnellement, tu peux sortir de l’école... Mais sans oublier de te vêtir ! »  précise-t-il  en rigolant. 

      Voici donc Achille habillé qui arrive avec Anatole au portail.  Achille et Gaël partis, Anatole referme le portail derrière eux.  Il s'empresse d'ôter sa tunique... Il se sent bien mieux nu !

     Voilà Gaël de retour, avec Achille. Les cousins Gouvy sont épatés de voir ce gaillard d’à peine seize ans devant eux, si costaud, si rayonnant ! Après de grandes embrassades, il s’assoit à table avec eux, et les trois cousins se racontent leurs aventures. Les cousins sont émerveillés par l’instruction qu'Achille a déjà reçue. Il se garde bien de leur parler des pouvoirs qu’il a acquis, mais il couvre d’éloges les filles de l’école.  Sur le coup, Ernest l'envie un peu :

     « Ah ! pourquoi sommes-nous si vieux ? »

     Une fois qu’il a mangé, Joël va préparer les douches pour l’après-midi, ferme les fenêtres, remet des bûches dans la cheminée, et remplit la chaudière de charbon pour chauffer l’eau, elle a été beaucoup consommée ce matin. De retour à l’auberge, Child a fini son service. En cuisine, le coup de feu est passé. Les adolescentes débarrassent les tables, servant encore quelques liqueurs aux clients enchantés.

     Joël détaille sa matinée à Child, évoque son embarras lors des bruits dans les douches. Child sait bien que les douches sont un stimulant pour les choses du sexe, il l’a lui-même expérimenté avec Berthe ! Il voit mal comment interdire la chose aux clients. Certains viennent même exprès, comme ce trio dont lui a parlé Joël.

     Il ira donc demander à Michel Wald si l'on ne pouvait pas isoler acoustiquement les douches, sur un côté, par exemple. Ce qui réglerait le problème.

     Dans l’après-midi, Achille retourne à l’école.  Ses cousins rentrent à Hombourg. Ils pourront dire à leur oncle Émile qu'il va vraiment très bien, Achille !

 

     Après le repas, le trot quotidien et la sieste, les garçons s'exercent dehors.

      Programme du jour : bûcheronnage avec leurs armes.  Afin de renforcer leurs épaules, ils doivent parvenir à couper des troncs en deux à grands coups d’épée. Achille est de retour devant le portail au moment où ils finissent cet exercice. À peine à l’intérieur de l’enceinte, il tombe ses habits, il a vraiment trop chaud sous ce soleil radieux. Il rejoint ses compagnons en nage, épuisés, et il leur sourit. Et tous se retrouvent en salle de sudation, après une bonne douche rafraîchissante. Puis, en salle de massage, les garçons entreprennent de masser les filles. Bonne occasion de contempler de près les nouvelles toisons sculptées par le coiffeur ! D’un peu trop près, même. Des caresses s'égarent tout en bas des toisons, pour le plus grand plaisir des filles...

     Le repas du soir est joyeux, et mentalement, ils se disent entre eux que la potion agit encore... Alors, ils s’amusent à décoller et à voler dans la salle, à la stupéfaction des filles et d’Anatole ! Mais apparemment, le bon repas a précipité la fin de l’efficacité de la potion. Et l'un après l’autre, patatras, ils retombent sur le sol... Sans dommage, heureusement ! Jacou prend bonne note de la nouvelle durée de l’efficacité. Chantal lui annonce qu’ils peuvent maintenant utiliser sa toute nouvelle potion, elle est au point ! Et pour le prouver, elle fait une démonstration, se soulevant toute seule et allant dans les airs là où elle veut ! Jacou la félicite. Tous nos soldats vont pouvoir voler mieux que des oiseaux !

     La nuit tombe, Anatole allume les chandeliers. Les garçons s’entraînent au jeu d’échecs, en prévision d'un tournoi qui sera bientôt organisé.

Les travaux dans les douches

 

     Ce matin, la moitié des douches ne seront pas disponibles. Michel construit une double paroi entre les douches et devant celles de droite, afin d’assurer l’isolation phonique, pour plus d’intimité.

     Joël ouvre quand même les douches à dix heures. Seules trois seront disponibles. Justement, trois femmes venues ensemble de Naborum en calèche se présentent. Joël leur explique le mode opératoire, et elles s’enferment chacune dans une douche. Michel est à l’œuvre. Il pose des cloisons qu’il a préparées au chalet. Il a demandé à Émile d’apporter des bottes de paille pour bourrer l’espace entre les cloisons, ce qui devrait nettement atténuer le bruit. Ce soir, il aura terminé.  Et demain, on pourra tester la nouvelle acoustique de la salle des douches.

 

 

Les essais d’insonorisation

 

  
     Ce matin, Joël s'est assuré qu’il y a de l’eau chaude en quantité suffisante, et assez chaude. Il a préparé quelques boisseaux de bois pour la cheminée, et la chaleur est bien présente dans le couloir et dans les douches. Michel est volontaire pour tester les douches avec Yvette, pour juger de l’isolation phonique qu’il a faite hier. Joël doit être témoin auditif de la chose !
Alors Michel et Yvette s’installent dans la douche, et se déshabillent.

      Une nouvelle arrivante se présente à l’entrée. Il s’agit d'Anne Paris, la sourde-muette venue l’autre jour avec ses enfants, qui avait eu un malaise dans la douche. Aujourd’hui, elle est seule. Elle veut remercier Joël pour ce qu’il a fait. Elle a particulièrement apprécié les frottements qu’il lui a prodigués dans la douche pour la ranimer. Elle lui fait comprendre, en prenant sa main et la frottant sur son flanc, qu’elle désirerait que Joël recommence, dans la douche. Joël, qui l’avait vu nue, ne dédaigne pas l’invitation !

      Il lui fait signe de patienter un instant. Il court à l’échoppe demander à son frère Gaël d'assure la permanence à sa place, le temps qu’il s’occupe d’elle. Et aussi d’être le témoin acoustique de l’insonorisation. Michel et Yvette vont sans doute faire du bruit !

     Gaël, avec l’autorisation de Child, vient donc aux douches, et Joël et Anne entrent dans la deuxième cabine insonorisée, munis de serviettes. Anne se déshabille en souriant.  Puis, nue, elle déshabille Gaël... Et là, stupéfaction muette en découvrant son membre ! Elle ne s’y attendait pas ! Joël fait couler l’eau, et ils se mettent sous le jet.

 

     Michel, en sortant de la douche, demande :

     « Alors Joël, qu’as-tu entendu ?  Gaël répond :

     - Joël est dans la douche. Moi, c'est Gaël. J’ai eu l’impression, en m’approchant de la porte, un peu avant que vous sortiez, qu’on égorgeait un cochon au loin... Mais c’est tout ! Cousine, je ne t’ai pas entendue ! 

     - Et pourtant, si tu savais comme j’ai crié ! 

     - Mais si tu veux, on pourrait refaire ça tous les deux, maintenant ! dit Gaël, qui sent déjà une grosse bosse dans ses braies.

     - Oh non, pas maintenant...  Je suis bien assez déglinguée pour l’instant, mais je prends bonne note ! » dit-elle en riant, sous le regard étonné de Michel. 

      Joël ressort à son tour avec Anne, dont les yeux dorés scintillent comme des étoiles. Il confirme à son frère que l’isolation acoustique est vraiment efficace.

     « Maintenant, dit Gaël, je dois retourner à l’échoppe. » Joël lui demande s’il y a encore des clients. Il regarde dehors mais personne n’attend. Alors, une fois son frère sorti, il verrouille la porte, tombe la serviette, enlève celle d’Anne, et tous les deux s'installent nus devant la cheminée. Michel et Yvette font de même, et tous les quatre profitent de la chaleur de l’âtre sur la totalité de leurs corps. Michel admire les gros seins d’Anne, et le puissant sexe de Joël.