Balade à Tenerife
L'idée est lancée. Si nous allions au soleil en janvier?
Ni une ni deux, le dieu Internet nous a trouvé un vol, une voiture, un appartement au bord de l'océan... Nous irons sur l'île de Tenerife, El Médano, au sud de l'île, à 10 km de " l' aéroporto Tenerife-Sur".
Les préparations sont faites, deux valises bouclées, short, T-shirt, espadrilles, serviettes, nous voilà parés !
Départ le 7, de Baden-Baden. A 15 h, le temps est exécrable avec un petit 6° et un crachin digne des embruns bretons...
On a droit à un Boeing 737 de la Ryanair, 192 sièges sur 33 rangées, - en fait la rangée 13 n'existe pas, vielle superstition yankee - le vol durera 4 h 30.
Dans l'avion, nous avons réservé deux places au niveau des ailes, et donc bien longues pour tendre mes guitares !
Vol sans histoire, secouage parait-il normal, genre route défoncée, au dessus des Pyrénées, service à bord pour café, repas, alcools, la totale ! Et des prix qui s'envoient en l'air !
Evidemment, j'ai de la lecture, je bois quelques cafés, elle du thé. Quatre heures c'est long...
Nous atterrissons à Tenerife-Sur ( sud ) à 19 h 15, un quart d'heure avant l'horaire prévu.
Il fait jour, un vent violent nous surprend à la sortie de l'avion, premier contact...
En fait, localement, il est 18 h 15, le crépuscule s'installe, bientôt il fera nuit.
Nous louons une voiture chez Ibis à l'aéroport, une Polo toute neuve, et , alors que la nuit est tombée, à 19 h 30 heure locale, nous partons vers notre destination: El Médano, à 10 km, où nous attend Dieter, notre loueur, joint par téléphone. Il est Allemand et est content de parler sa langue avec moi ! La nuit est noire, à part les lumières de l'aéroport, nous ne voyons rien !
Nous trouvons facilement grâce au GPS inclus dans mon tout nouveau portable, que j'étrenne pour les vacances.
Nous prenons possession des lieux, Dieter nous explique quelques détails, et nous laisse , sans oublier de prendre la caution !
L'appartement est un couloir large de 3 m 50, avec, à droite une salle d'eau, suivie d'une chambre et d'un coin-cuisine. Au fond un canapé ,une baie vitrée donnant sur un balcon de 3 m.
Déception ! Sur la photo de l'appartement, la terrasse donne sur la plage, alors qu'en réalité elle est close !
1) la pub...2) la réalité...
Notre appartement fait partie d'un ensemble (moche) d'immeubles alignés sur deux étages, avec une piscine privée accessible uniquement aux résidents !
La résidence, sécurisée, nécessite une clé d' accès sur la propriété, une clé pour pénétrer dans le hall, une clé pour entrer dans l'appartement, et une clé pour accéder au balcon. Sans oublier celle de la piscine !
Le frigo est vide, il fait nuit. J'ai repéré un café pas loin, le café Bambalé, nous y allons à pied. Première balade les cheveux au vent, il ne fait pas chaud. Nous espérons picorer quelques denrées, et effectivement nous nous régalons de tapas au thon, de calamars, de sardines, arrosés d'un petit rouge de chez eux, très " du cru " ! Nous profitons aussi du wifi pour dire que nous sommes bien arrivés. L'appartement n'est pas équipé.
Repus, nous regagnons notre gîte, non sans lutter contre le vent, toujours aussi fort.
Et c'est notre première nuit à Tenerife.
D'emblée nous savons -que notre voisine de droite aime chanter, accompagnée à la guitare. Notre voisine de gauche est en fauteuil, et se promène la nuit ; et celle du dessus a un minos un peu pleurnichard, et un lave-vaisselle bruyant.
Après une nuit agitée, nous allons de bon matin sur la plage. A la météo, 20° sont annoncés, mais personne ne parle de vent, pourtant omniprésent . La plage est déserte... Bon, nous allons faire des courses dans une supérette à Los Abrigos. Les prix sont corrects, en euros (on est en Espagne ! ). Et nous partons visiter l'île.
Mon portable et son GPS nous sont utiles, les cartes sur place ne sont pas assez détaillées.
Première remarque : c'est très sec ! Quand on rentre dans les terres, le vent est moins violent. Il fait beau et bon au soleil et à l'abri du vent. Il y a des bananeraies partout ! Et des citronneraies et des orangeraies et moult maraîchers...
El Médano est une petite bourgade, que nous visitons en passant, l'office du tourisme est fermé.
Nous retournons chez nous, et en passant par le café Bambalé, nous nous connectons pour trouver de quoi faire. Là, un Canarien d'origine française nous donne quelques bons tuyaux, les sites à visiter, ceux à éviter...
Notre choix se porte sur Puerto de Santiago, et les falaises de Los Gigantes. Magnifiques !
Si seulement le vent pouvait se calmer, il ferait plus chaud !
Puis nous nous dirigeons vers un petit village de montagne, Masca, accroché à flanc de volcan.
Sa vocation touristique est bien ancrée ! il n'y a que des commerces en tous genres : des cafés, des restos, des artisans, et une pagaille monstre dès qu'un bus veut passer, tellement les rues sont étroites et escarpées. Nous nous installons à la terrasse d'un petit resto, " Die Alte Schule "( si si ! ) tenu par un Allemand. Il nous concocte un plat, je dirai un croisement entre la cuisine allemande et canarienne, une sorte de potée avec des légumes de là-bas.
Puis il commence à pleuvoir... Nous redescendons vers le rivage, la brume envahit toute l’île, et les supers panoramas ne sont plus que des ombres.
Toutes les routes sont sécurisées, par de gros plots en béton tout le long des ravins.
Quelques églises blanches donnent de l'éclat.
La flore est typique, quelques fleurs et beaucoup de cactus !
Le matin suivant, nous allons à El Médano, visiter le marché, réputé disent-ils. En fait, c'est une réunion de stands à touristes, où nous trouvons de tout, beaucoup d'artisans à colliers, paniers et autres babioles pas du tout typiques...Côté alimentation, les maraîchers se font la concurrence, vantant leurs produits locaux, essentiellement des légumes de l'île. Chacun a les meilleurs ! Quelques marchands de vin, qui nous font goûter leur production. Il y a même du pinot noir! Qui est loin de celui de l'Alsace ou de la Bourgogne ! L'alcool de bananes, un des rares spiritueux de l'île, ne vaut pas ma mirabelle ! Très sucré, liquoreux, d'une couleur jaunâtre, quelques centilitres me donnent l'envie de ne plus y goûter !
Puis nous repartons visiter l'île, par l'autoroute qui en fait le tour, (ou presque, les travaux sont en cours...) et qui est la seule route de l'île.
La lave est omniprésente, la végétation a du mal à s'accrocher...
Les plages sont noires, à part quelques-unes faites de sable rapporté du sud marocain, pas loin.
Nous passons à coté de résidences hôtelières de luxe, par exemple Alabama, enceinte close bordée de hauts murs, avec ses deux terrains de golf, entretenus avec soin, à grand renfort d'arrosage d'eau détournée des zones agricoles, ce qui est un scandale chez les paysans!
La Laguna, ville sur un plateau, loin de l'océan, nous a été conseillée pour ses architectures typiques et ses grandes rues piétonnes. Les balcons sont encore décorés de saynètes de Noël, il y en a une ribambelle ! Certaines sont...spéciales !
Mais c'est une ville comme toutes les villes européennes, avec ses boutiques de marques comme partout. Et une spécialité : la crotte de chameau (bien qu'il n'y ait pas de chameau à Teneriffe ).
Les jours suivants, le temps n'est plus de la partie !
Le vent souffle de plus belle, et toute l’île est recouverte d'une brume, de la mer au sommet du mont Teide.
Nous décidons d'aller voir les baleines, au sud-est. L’embarcadère est à San Christianos
En attendant le bateau qui doit nous y emmener, nous nous posons sur la plage, en plein centre-ville.
A l'abri du vent, je me risque à me dévêtir, nous sommes en Espagne et la nudité est autorisée partout, du moins en théorie...A 20° sans vent cela est supportable...
San Christianos est une ville de villégiature pour personnes âgées mais aisées, où toutes les rues, tous les commerces, tous les hôtels et même la plage sont accessibles aux fauteuils roulants ( j'en connais qui seraient contents ! ).
A peine quelques minutes de nudité ont suffit pour faire venir la Policia Locale.
Ne parlant pas espagnol, et eux ne parlant pas français, nous nous sommes trouvés une langue commune : l'allemand. Et c'est en allemand qu'ils m'ont expliqué :
- Ici, les vieux tiennent la ville. ce sont eux qui nous envoient vous dire de vous rhabiller
- Mais j'ai le droit d'être nu ici, leur ai-je répondu.
- Vous avez raison, nous ne pouvons pas vous forcer à vous rhabiller, mais dans cette ville, ce sont les vieux riches qui décident, et ils ne veulent pas de nudistes chez eux. Alors, ou vous vous rhabillez, ou nous pouvons vous emmener au poste pour contrôle d'identité. Comme vous êtes étranger, cela va prendre du temps ! "
Bref, j'ai remis mon caleçon. Ce fut ma seule tentative de nudité à Tenerife !
Nous embarquons dans un bateau. Le choix est grand ,il y a des bateaux énormes d'une capacité de 200 personnes. Nous privilégions un petit esquif d'une douzaine de places.
La brume est là, partout, sur terre, sur l'eau, et nous avons du mal à trouver les sillages des baleines. Nous tournons un bout de temps avant de les apercevoir.
Imposantes bêtes ! elles sont parallèles à nous et nous pouvons les observer à loisir. D'autres bateaux croisent dans les parages, dans le même but. Mais il est très difficile de les photographier, elles ne remontent que pour respirer.
Notre dernier jour, alors que la brume est toujours là... Nous allons faire un tour sur le mont Teide.
Les montagnes se détachent dans le brouillard, parfois fantasques, parfois lunaires. Le soleil ne peut pas traverser la brume, on devine le sommet sans le voir réellement ! Un téléphérique permet d’accéder pas loin du sommet. Pour continuer, il faut une autorisation écrite délivrée par la préfecture à Santa Cruz ! Les couches de basalte se succèdent , les plateaux de lave sont féeriques ( ou cauchemardesques selon notre humeur !).
Puis nous contournons le sommet. Il fait froid : - 0° ! La route et ses abords sont enneigés, quelques rares pousses subsistent à cette altitude, plus de 2500 m. Nous passons pas loin de l'observatoire du Teide, situé à 3000 m, où il n'y a pas de pollution lumineuse, et il paraît que la vue sur toute l'île est splendide, quand il n'y a pas de brume !
Pour notre dernier soir, après la visite de Dieter (qui nous a rendu notre caution ! ), nous avons réservé, sur recommandation, une table à Los Abrigos. (C'est le nom de la ville, et aussi celui du restaurant. Cela signifie "les manteaux", rapport aux différentes couches de manteaux de lave qui recouvrent l'île au cours de son histoire.) Nous avons dégusté moult poissons pêchés le jour même, servis à volonté, arrosés d'un cru rouge excellent, réserve de la vigne du patron ! Nous nous sommes gavés !
Notre dernière nuit fut courte,( problèmes de digestion, entre autres... ) et réveil à 6 h pour prendre l'avion à 7 h.
Il n'y a plus de brume et le vent est tombé ! Nous sommes venus une semaine trop tôt !
Pas de problème au retour, un bon shaker au dessus des Pyrénées nous a quelque peu inquiétés, mais sans plus.
Ainsi s'achève notre voyage canarien. Je ne sais pas si j'y retournerai un jour, il me faudra une garantie de chaleur et de soleil !
Et si vous voulez bronzer intégralement, évitez San Christianos !
Portez-vous bien, nus si vous le pouvez !