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Le blog de Robert
tranches de vie, mode de vie, travail et passion, vie...

20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.

robertditsch #tranche de vie
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.

Première partie : 1996-2006.

10 ans de spectacles, de joies et de peines, de réussites et d'échecs, de douleurs et de bonheurs, d'amour et d'amitié.

Le Carreau, Scène Nationale de Forbach et de l'est Mosellan a 22 ans, une vie à laquelle j'ai participé, parfois beaucoup, parfois peu.

Au travers de la mienne, voici une histoire du Carreau.

En 1998, je suis intermittent du spectacle, technicien polyvalent . En septembre, après des galères pour trouver des contrats, je me résous à demander du boulot au Carreau, Scène Nationale de Forbach.

Au début, je ne voulais pas leur en demander. Je considérais qu'ils avaient, surtout Laurent Brunner, le directeur, une part de responsabilité dans le complot débouchant sur la liquidation de l' ACBHL en 1995.

L'ACBHL, Action Culturelle du Bassin Houiller Lorrain, est la Scène Nationale de Moselle jusqu'en 1995. C'est une structure culturelle qui emploie une trentaine de personnes. Elle gère le Centre d'Action Culturelle de St Avold, la Maison des Cultures Frontieres de Freyming-Merlebach, et participe aux manifestations culturelles des 28 communes, dont la ville de Forbach, du bassin minier rassemblées en un syndicat intercommunal pour la Culture. L'ACBHL est l'acteur culturel du bassin houiller. J'en suis le Directeur Technique, jusqu'au licenciement collectif en octobre 1995 qui met 23 personnes au chômage.

En 1996, la nouvelle Scène Nationale de Forbach et de l'Est Mosellan , "Le Carreau ", ouvre ses portes, avec une nouvelle équipe, tandis que la Ville de Saint Avold m'embauche pour démarrer une saison culturelle municipale. Un CDD d'un an, qui n'a pas été renouvelé.

1997. Si je veux rester dans ce métier, il n'y a pas beaucoup de choix. Il faut cachetonner. Je trouve des contrats, loin, mais suffisamment pour obtenir le statut d'intermittent du spectacle. Ma quête d'emplois est continuelle, je me déplace à Paris, où je travaille pour L'ESA, Agence Spatiale Européenne, une histoire qui m' "emmènera " sur Titan, une lune de Saturne. C'est une autre histoire sur ce blog.

Installé dans le Centre d'Animation Culturelle de Forbach, et partageant les lieux avec une équipe municipale en place , une scène de 18 mètres d'ouverture et une salle de 730 places, le Carreau est un employeur potentiel. Avec une programmation fournie susceptible de me fournir du boulot.

Et donc, rongeant mon frein, je vais voir Régis, le Directeur Technique, qui me fait un contrat de machiniste à l'essai. (Après concertation avec Laurent.)

Nous sommes donc en 1998, l'année des célébrations des 100 ans du Cinéma.j

Plusieurs artistes s' y sont collés, dont Lambert Wilson qui a sorti un album sur les chansons du cinéma,  Démons et Merveilles , et que Tilly a mis en scène.

Seul sur scène, il enchaîne ses chansons, et moi, pour mon premier job, je change les décors entre chacune. J'ai une dizaine de manipulations à faire au cours du spectacle.

Charger et appuyer ( descendre et monter les décors ) sans bruit.

Très vite, dans le noir, je charge un tulle .(Tissu semi translucide, 12 mètres de large, 8 mètres de haut, lesté par une barre - de 12 mètres -, plafonné au gril à 18 mètres, 50 Kg devant descendre en 5 secondes pour se poser au sol en silence.)

Une manœuvre des plus délicates, que je répète, nécessitant une vraie compétence, que je maîtrise, et que , au top de la régie, j'exécute parfaitement.

La guinde file, à 3 mètres par seconde, et je m'apprête à la freiner...un mètre avant le sol...

Sauf que Lambert, du haut de ses presque deux mètres, ne se souvenant pas de la descente du tulle, se prend la barre de lest en pleine vitesse sur la tête et s'effondre sur la scène, à moitié assommé.

Dans le noir et le silence, on entend "POC ! ", "BOUM !". On réussit à le ramener en coulisses. Lambert peste contre lui même, récupère vite, et retourne sur scène. Le tout n'a duré que 15 secondes. Le public ne s' est rendu compte de rien, le noir était total dans le théâtre. Un vrai noir !

Lambert Wilson est solide, il mène son spectacle jusqu'au bout, portant de temps en temps la main sur son front, ( comme sur l'affiche du spectacle ! ) évitant mes barres assommantes et autres rideaux sournois.

Moi, pour mon premier job au Carreau, je fais fort ! À l'issue du spectacle, Laurent , qui ne me porte pas dans son cœur, m'accuse de vouloir saboter ses spectacles pour me venger ! Heureusement, Lambert Wilson vient s'excuser de m'avoir fait louper son effet, assumant son erreur et sa bosse sur le front.

Hé oui, ce n'est pas du cinéma, le théâtre !

Mis hors de cause sur ce coup-là , je peux maintenant "cachetonner " au Carreau, en tant que machiniste. Avec une fourragère noire . Machiniste dangereux ! 

 

20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.

Très vite, au fil des spectacles auxquels je participe, Régis me charge de la régie du plateau, marque de confiance et de reconnaissance de mes compétences.

Le Marchand de Venise  en février,  Le Miracle  et  Objets constants, en mars, un Dom Juan en novembre...

Lors de l'accueil des spectacles, l'équipe technique , sous la direction de Régis, est composée d'un régisseur lumière assisté de deux ou trois électros, ( Fabien, Olivier, Olivier, Olivier, -oui, il y en a trois ! - Gilles, Serge, Manu, Emma, Soizic, Yannick, Maxime , et moi...) ; d'un régisseur son, assisté d'un sondier, ( Francis, Tony, Francky, Yvon, Fred, Cédric, et moi...) ; d'un régisseur vidéo, de plus en plus, ( Sébastien, et moi... ) ; d'un régisseur plateau, assisté de plusieurs machinistes, ( Claude, Bruno, Sophie, Max, Manolo, Jérôme, Hassan, François, Michel, Didier, Seb, Franck, Loïc, et bien sûr Albert, et moi...) ; et le renfort d'une association de réinsertion qui fournit les aides , dont le fidèle Amar, pour les déchargements et les chargements des camions. Une équipe de 10 à 15 techniciens n'est pas rare sur le plateau.

Le montage d'un spectacle est toujours d'abord une organisation de " qui fait quoi, où et quand " , et commence par une réunion des régisseurs avec les techniciens de la compagnie, souvent autour d'un café. Tandis que l'équipe lumière utilise la perche pour accrocher les projos à l'avant-scène, les décors arrivent du quai de déchargement et sont stockés à l'arrière-scène. Les sols sont posés. À la régie plateau, je fais envoyer les perches pour les rideaux, les enceintes, les décors, les lumières, en liaison par casque HF avec mon cintrier Albert.

Cintrier, c'est pas un métier de feignant. Il doit surveiller, du haut de ses 15 mètres, les électros qui accrochent les projecteurs pour contrebalancer le poids avec des pains de 12 et 18 kg. Il n'est pas rare qu'il arrive à 250 kg, poids maximum par perche. En même temps, les rideaux, les toiles s' accrochent, toutes les mains disponibles sont aux nouettes, il faut les équilibrer, et appuyer les perches pour les "échapper", c'est-à-dire les mettre hors de vue du public.

Albert , c'est le cintrier du carreau, depuis 1997, après que Régis en a essayé des mauvais.

Albert est aussi mon cintrier à L'ACBHL de 1989 à 1995, œuvrant dans les trois théâtres de Saint-Avold, Freyming-Merlebach, et Forbach.

Albert, c'est un personnage, avec ses phrases et ses mots à lui. Il est rémouleur de mots, et rempailleur de rhétorique, comme le qualifiait feu Gino Rayazone, un autre manipulateur de mots, entre autres. (Voir sur le blog )  Gino

Laurent le surnomme " le vagabond" , lui appelle Laurent " le marchand de saisons " .

( Albert est d'abord mon beau -frère, et mon ami, toujours partant sur des plans " biscornus " en dehors des sentiers battus. Nous sommes tous les deux les techniciens des Rencontres Musicales de Hombourg-haut  et du Festival Théodore Gouvy  depuis 1989, et encore à ce jour, en 2018).

Sur les gros montages, un deuxième cintrier est requis, il y a 30 perches à équilibrer, je gère les deux , indépendamment, en suivant le travail des uns et des autres, je surveille le montage des decors, et en gérant toutes les demandes sur le plateau. Ce n'est pas une mince affaire !

Sur le plateau, la plupart des techniciens se connaissent et s' apprécient. L'entraide entre les "corporations" ( on plaisante souvent sur le sujet...) est fréquente. Ce qui donne une bonne ambiance de travail, appréciée par les techniciens en tournée. Quand nous arrivons au théâtre, nous sommes contents de retrouver les collègues , beaucoup sont devenus des potes, certains des amis, et nous sommes heureux de bosser ensemble. Régis a une liste d'une bonne cinquantaine de techniciens et techniciennes, qu'il recrute suivant leurs compétences et leurs disponibilités, et les besoins des spectacles.

1999.

En janvier, trois "gros spectacles" : (Albert précise : "Il n'y a pas de petits spectacles !" )

Disco Pigs.

Mann ist Mann  de Thomas Ostermeier. De lourds décors à assembler, une pléthore de dirigeants artistiques, la Cour de Thomas... et une mise en scène virulente, parfois violente, vision allemande du théâtre.

Alpenstock de Ladislas Snorko. Une fresque à la mode Snorko, décalée, bruyante, avec pas moins de vingt comédiens et comédiennes. Et une verrière de deux tonnes récalcitrante , problèmes de moteurs de levage . Régis et moi réglons ce problème, tard le soir et tôt le matin . À 8 heures, la verrière fonctionne. Je suis chargé de sa manipulation pendant le spectacle, elle doit disparaître dans les cintres. Le spectacle nécessite dix techniciens sur le tas.

Brunner parle de baisser les cachets des techniciens...900 francs au lieu de 1000...

Le spectacle commence...

Noir salle...

Premier effet... Et paf ! Le jeu d'orgues a planté ! Comme mort !

Moment de stupeur dans le noir...Le régisseur, Laurent, Régis interrogent Fabien, aux commandes,  du regard et à la torche...

Lui, calmement,  à la lumière de sa Maglite,  fait le tour du jeu,  fait un reset partiel, retourne à sa place, et dit au régisseur : "On y va ! "

Et le spectacle commence, avec à  peine un peu de retard.

Régis dit alors à Laurent "Tu vois, ça,  ça vaut bien 1000 francs ! "

 

En janvier nous avons joué à Sarrelouis au Theater am Ring

Le titre était 100 mobiles à part un .

De grands moments avec les pompiers quand on leur a dit que le public serait sur scène ! J'ai usé de diplomatie, de flagornerie, et même de corruption ( buvable ) pour ouvrir au public.

"Unglaublich  ! " Ils n'avaient jamais vu ça !  " ils sont fous ces Gaulois !"

 

Début mars, je fais une régie micros dans une comédie musicale à Laxou, pour la société Stratège, prestataire technique. Six représentations en une semaine. Mon agenda est bien goupillé. Dimanche à Laxou, lundi au Carreau.

Dimanche 8 mars à14h dernière représentation de la comédie musicale Les Anneaux de Sobieski, puis démontage et chargement dans les camions pour les décharger au dépôt à Gondreville, près de Nancy, non loin de Laxou. Je pense être rentré pour minuit chez moi, à 100 km de là. Et lundi 9, rendez vous à 9h au Carreau pour le montage d'un cirque, Le Cirque Désaccordé.

Coup de théâtre à Laxou ! On nous rajoute une dernière représentation à 20h30, ce qui décale d'autant le démontage et le rapatriement du matériel (le son, la lumière, les structures de pont, un gradin de 300 places, 3 camions porteurs sont remplis à ras la caisse ) à Gondreville. On quitte le dépôt après avoir tout rangé. On est lundi, il est 6h.

Je rentre chez moi, le temps d'une douche, deux cafés, encore un, et je fonce vers Forbach avec ma grosse Hilty . ( C'est un gros perforateur, pas ma voiture, qui n'est qu'une petite R5. ) J'ai des points d'accroches à fixer sur les murs du théâtre pour les différents numéros de cirque. Il est 9h pile quand j'arrive.

La matinée se passe à percer, cheviller, accrocher, tandis que se montent la lumière, le son, les agrès. La scène grouille de techniciens, et à midi, le guignol est monté, la piste est prête.

Après la pause déjeuner, la nuit blanche se ressent, une petite sieste serait la bienvenue, mais quelques finitions restent à faire avant la répétition à16 h.

En plaçant correctement un pendrillon qui cachait le haubanage du fil raide, je recule, et, la fatigue aidant, bascule en arrière sur le hauban, ma jambe gauche restant sur le hauban.

CRRRC ! Le col de mon fémur gauche n'a pas résisté . Il a cassé net ! Et BOUM ! Ma tête , en heurtant violemment le montant de la cheminée de contrepoids, m'a fait voir plein d'étoiles. Et personne ne me voit, derrière le pendrillon. Il me faut un temps certain pour émerger, et appeler à l'aide. La douleur est terrible dans la hanche, ma tête sonne comme les cloches à la sortie d'un mariage, mes oreilles "larsènent " et ma vue est floue. Un œuf a poussé à l'arrière de mon crâne. Dans la chute, je me suis fait une entorse au poignet droit. Les pompiers arrivent, appelés par Régis, et je quitte le théâtre sur une civière, Philippe évitant de justesse aux pompiers me portant de tomber dans la fosse d'orchestre. Comme quoi cela pourrait être pire ! Direction hôpital. Je ne verrai pas la répétition !

Ainsi s' achève ma collaboration au spectacle de la compagnie  Le Cirque Désaccordé.
Le titre du spectacle était : C'est pour toi que je fais ça.

L'hôpital de Forbach étant complet, je suis rapatrié à Saint- Avold où j'ai le choix entre Hospitalor et la clinique Saint-Nabor. Je connais la clinique Saint-Nabor, et le boss, le docteur Schuster, inventeur de la prothèse Saint-Nabor, prothèse de hanche ! Je suis un sujet idéal ! Non, je ne veux pas d'une prothèse ! Je choisis donc Hospitalor.

Régis me rend visite à l'hôpital, avec une carte signée collectivement par les artistes de la compagnie qui me dédient le titre du spectacle ; et un rouleau de gaffer noir pour réparer le téléphone que j'ai explosé. Je ne supporte pas d'être cloué au lit. Quand le kinésithérapeute vient pour me faire lever, je suis dehors à fumer, sur une chaise roulante que j'ai piquée dans le service. Dans l'hôpital, tout un étage est réservé aux fractures , notamment les cols du fémur. À 44 ans, je suis le plus jeune, la moyenne étant plutôt vers 70 ans ! J'organise des jeux et des courses de chaises roulantes dans les couloirs, au grand dam des infirmières ! Mais au moins il y a une ambiance joviale, on rigole bien et c'est bénéfique pour la guérison !

Les six mois qui suivent sont consacrés à remettre la machine sur les rails. Plusieurs tentatives, notamment chirurgicales, sont nécessaires pour y arriver. Le coup à la tête et les anesthésies successives ont affecté ma mémoire, je suis un peu plus sourd, j'ai besoin de lunettes. Mais je suis debout, avec une jambe blindée !

En août, en convalescence, je découvre le naturisme, à Arnaoutchot dans les Landes. Invité par mon ami Michel. C'est une révélation ! Mais c'est une autre histoire, relatée aussi sur ce blog.

 

En octobre, je suis à nouveau sur le plateau du Carreau  pour monter Le Cid, en novembre pour monter Carmen, et en décembre pour monter Triton.

En octobre, je suis à nouveau sur le plateau du Carreau  pour monter Le Cid, en novembre pour monter Carmen, et en décembre pour monter Tri

2000.

L'an tant redouté par les fabricants d'ordinateurs...

Ils avaient annoncé un bug planétaire, il n'en a rien été !

Ah si ! Le décompte affiché sur la tour Eiffel est tombé en panne 10 secondes avant minuit, le 31 décembre.

Je tarabuste mon chirurgien pour qu'il m'enlève la ferraille qui, bien qu'elle soit en titane, n'est pas tolérée par mon corps , m'empêchant de marcher - et donc de travailler - correctement.

Chose faite en février. Il faut maintenant que je réapprenne - encore une fois ! - à marcher.

Au Carreau, je suis remplacé à la régie plateau par un vieux routard, Claude. Et du coup, quand je reviens, je suis tantôt machiniste, tantôt électro, parfois vidéo.  Il m'arrive de passer de l'un à l'autre sur le même spectacle, dès qu'un problème apparaît. Je suis la roue de secours de l'équipe technique, et ce sera tout le temps comme ça . Régis me nomme son "couteau suisse".

Wladyslaw Snorko revient en mars, par la gare du coucou suisse et une verrière de deux tonnes récalcitrante , problèmes de moteurs de levage . Régis et moi réglons ce problème, tard le soir et tôt le matin . À 8 heures, la verrière fonctionne. Je suis chargé de sa manipulation pendant le spectacle, elle doit disparaître dans les cintres. Le spectacle nécessite dix techniciens sur le tas. Snorko récidive en mai avec Corrida.

"L'Aventure du Travail "

L'an 2000 est l'occasion pour le ministère de la Culture de lancer son projet national:  2000 en France, quatre expositions sur différents sujets en divers lieux. Avignon présente une exposition sur la beauté, Forbach, c'est sur le travail. Le Carreau est partie prenante dans le projet .

Voilà le texte envoyé aux écoles :

Du 1er juin au 1er novembre 2000, Forbach, en Moselle-Est, accueille l’exposition L’Aventure du Travail: Des outils et des hommes,sur le site minier du Carreau Wendel à Petite-Rosselle.

C’est un événement international sans précédent dans l’Est Mosellan : l’une des quatre grandes expositions labellisées par la Mission 2000 en France avec celles de Lyon, Bordeaux et Avignon, conçue par le Centre de Culture contemporaine de Barcelone, le " Beaubourg " catalan, coproduite par la Cité des Sciences et de l’Industrie, financée par la Communauté Européenne, le Ministère de la Culture, le Conseil Régional de Lorraine et les collectivités locales. Soutenue par le Land de la Sarre, elle s’inscrit dans une démarche européenne et transfrontalière exemplaire, en partenariat avec Völklingen.

L’exposition évoque les relations entre l’homme et le travail depuis la préhistoire jusqu’au troisième millénaire : les plus âgés y trouveront des témoignages forts sur les migrations, les grands mouvements ouvriers, les conditions de travail, l’organisation industrielle du travail, la bureaucratie, les mutations technologiques, les idéologies et les utopies, les métiers d’hier, d’aujourd’hui et de demain ; les plus jeunes découvriront ce monde adulte du travail sous bien des facettes : l’évolution des outils, la vie d’un travailleur, l’usine, le bureau, la mine de charbon…autant de sujets pertinents traités ici avec pédagogie et originalité.

La mise en scène est étonnante : 1700m2 avec les plus grands photographes du monde, de la vidéo, de l’image de synthèse, de la 3D, internet.

Un des espaces est consacré à la mine de charbon, à la Lorraine et à la Sarre, dans un hommage particulier à l’épopée de la production charbonnière.

Le site est exceptionnel : dans un territoire immense, c’est, avec ses quatre chevalements et ses terrils, un véritable carreau de mine que l’on découvre avec une salle des pendus, une lampisterie…L’exposition est présentée dans l’ancien lavoir à charbon, véritable cathédrale industrielle qui va devenir le Musée du Bassin Houiller Lorrain : hauteurs surprenantes, magie des volumes, des passerelles, des portiques.

C’est donc l’occasion, pour les enseignants, de découvrir le Bassin Houiller et d’aborder le thème du travail avec leurs élèves, l’occasion peut-être d’une approche interdisciplinaire puisqu’il rejoint les programmes d’histoire-géographie, d’éducation civique, de technologie, d’économie, d’arts plastiques et de littérature, de philosophie, d’allemand… L’exposition peut être proposée à toutes les classes, classiques et techniques, depuis les cours moyens du primaire jusqu’aux facultés.

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Une structure est mise en place pour gérer cette exposition Forbach 2000.

Véritable entreprise, sous le "patronage " du Carreau.  Une administratrice, Claude, est nommée. Elle recrute une douzaine d'hôtesses, et deux régisseurs pour assurer la maintenance de l'exposition.

Je suis choisi, sur proposition de Régis, pour la régie, et j'ai pris mon ami Michel avec moi.

Je n'ai pas participé au montage, effectué par l'équipe de Barcelone. Je prends la régie de l'exposition le 30 mai, pas finie. Tiens, voilà les plans, on inaugure demain !

Ça c'est un défi ! Avec Michel, Régis et l'aide des techniciens du Carreau, nous travaillons d'arrache-pied pour ouvrir le site au public. Nous travaillons une bonne partie de la nuit, terminant les décors, les câblages, branchements et réglages.

En plus de l'exposition, plusieurs lieux sur le site du puits Wendel font partie de la visite. Nous les gérons également, malgré les ascenseurs en panne.

Au matin du 1er juin, nous sommes prêts à accueillir les officiels, qui ne manqueraient cela pour rien au monde ! Que de monde ! Toutes les instances culturelles de France, de Navarre, de Catalogne et d'Espagne sont là , et tous les élus de la grande région transfrontalière aussi, en tenue de rigueur. Elles et ils sont suivis de près par une meute de journalistes qui se branchent n'importe où, faisant disjoncter plusieurs installations. Deux gus fatigués, pas rasés, en tenue de travail, papillonnent un peu partout sur le site, pour réenclencher et brancher tout cela correctement, au milieu de ce beau monde. Un chapiteau est installé pour la restauration, et fait aussi office de salle de concerts qui se suivent tout l'après midi. Mais les meilleures choses ont une fin, extinction des festivités à la tombée de la nuit. Il est 22 heures.

Mission accomplie, en route pour L'Aventure du Travail.

150 jours de suite, pas de relâche, arrivée à 7 heures, je désactive l'alarme et j'ouvre aux femmes de ménage, je m’attelle à la maintenance et le démarrage des quelque 40 écrans vidéo et projecteurs vidéo, autant de DVD et de sonorisations associées, 10 ordinateurs dans le cybercafé, et pas moins de 250 ampoules en tous genres à contrôler. Plus quelques automates à régler, une projection dias à caler, des salles à mettre en route sur le site, et il est 9h, ouverture des portes au public.

Tout au long de la journée, j'interviens dès le moindre incident : panne , vandalisme aussi, et des dégradations dues au chahut des groupes d'élèves tandis que leurs accompagnateurs s' éclatent au cybercafé , ( en 2000, c'est nouveau, ludique et captivant ! ) mais aussi des surcharges d'ascenseurs, des alarmes incendie (cigarettes aux toilettes...) et des bobos notamment dans le labyrinthe des miroirs où les gamins s' assomment contre des miroirs de deux mètres placés verticalement à 45°.

Hormis l'exposition que je gère avec Michel dans le lavoir situé à 28 mètres de hauteur, le site du carreau Wendel, qui est le musée de la mine, est géré par une équipe technique avec qui nous œuvrons ensemble, et une association de bénévoles, tous anciens mineurs, qui, au long d'un parcours déambulatoire vous racontent l'Histoire, et leur histoire de la mine.

La fermeture est à 19 heures, sauf lors de nocturnes, notamment pour les élus de tout bord.  On ferme à 21, voire 22 heures. Une bonne heure plus tard, après extinction de tous les appareils, toutes les machines, les éclairages, je quitte les lieux en mettant l'alarme en route.

150 jours et quelques nuits, quand des nocturnes s'éternisent...toute la nuit...

Les premiers jours, les ascenseurs ne marchent pas, il faut gravir les 28 mètres par les escaliers, 150 marches, de quoi calmer les plus fougueux . Ma jambe gauche, débarrassée de toute ferraille en février, a encore besoin de rééducation : là je suis servi ! Monter et descendre vingt fois par jour, de quoi muscler pour de bon ma jambe !

Nous installons, Michel et moi, un local technique, au dos des décors de l'exposition, où nous avons tout le matériel et l'outillage nécessaires à la maintenance de l'exposition. Au grand dam de Claude, qui a dû acheter tout cela.

Et nous construisons, avec des bouts de décors en rab, une pièce dérobée, invisible, et inaccessible à qui ne connaît pas le passage. Nous la baptisons la "Halle Fünf " , en souvenir d'un chantier en Allemagne sur le festival Perspectives.  Nous y mettons tout ce qu'il faut pour vivre 150 jours : un frigo, une plaque de cuisson, une cafetière, un lit, une télé et même un ordinateur avec une connexion internet. Le must est une caméra nous permettant de voir toutes les arrivées, de pouvoir réagir rapidement en cas de problème. ( Et il y en a eu, des problèmes, matériels et humains... )

Une fenêtre basculante nous permet d'avoir de l'air, et de fumer en toute impunité. La " Halle Fünf " est insonorisée, colmatée au plafond. Personne ne l'a jamais trouvée. Ma grande fierté, c'est que Laurent l'a cherchée, la " Halle Fünf ", pendant tous ces mois, en vain. Elle juxtapose une sortie de secours, non utilisée, donnant sur une terrasse accessible par des escaliers à quelque 28 mètres du sol. La terrasse est entourée de canisses , et permet des pauses naturistes, tranquillement nu au soleil . Quelques personnes privilégiées sont dans le secret, et en profitent, mais il est bien gardé ! La " Halle Fünf " ( et son solarium ) ne sera découverte que 150 jours plus tard, au démontage de l'exposition en novembre.

Au bout de deux semaines, nous maîtrisons, Michel et moi , tous les aspects de la maintenance, ce qui nous permet de prendre à tour de rôle quelques jours de vacances. L'été 2000 est chaud, ce qui a nécessité des systèmes de climatisation, "à la Ditsch", comme le dit Régis. Des ouvertures circulaires dans les plafonds bas, à la scie sauteuse, notamment le local de régie technique. Il renferme tous les appareils de l'exposition, les amplis, les lecteurs DVD, les synchroniseurs, qui ne supportent pas la chaleur, les électroniques des automates des portes coulissantes automatiques, les blocs gradateurs pour les lampes, et le tout dans un espace de quatre mètres par deux. Juste la place pour passer devant les armoires bourrées d'appareils.

Les éclairages des œuvres exposées sont fournis par des ampoules dichroïques (qui n'envoient pas d'infrarouges, nocifs pour les œuvres ) qui ont une durée de vie de...120 heures ! Tous les jours, je dois remplacer une ou plusieurs des quelques 200 dichros en place. Un rapide calcul nous amène à 3000 ampoules à acheter pour la maintenance. À 5 € la lampe ! 15000 € ! "Robert, trouve une solution !" me dit Claude, effarée . Après avoir constaté que les dichros était calibrées à 14 volts et 70 watts, et que la tension réelle n'est que de 12 volts, je peux remplacer les dichros par des modèles 12 volts 50 watts, qui ont une durée de vie de...2000 heures !  Et pour la même luminosité ou presque. Au bout de 10 jours, toutes les lampes étaient en 12 volts, et nous ne changerons plus de lampe ! 250 lampes à 4 €, 1000 € en tout ! Merci qui ? Merci Boby !

( Boby, c'est bibi ! )

Lors d'une nocturne pour les enseignants, ces derniers ne trouvent pas mieux que de charger des photos pornos sur les écrans du cybercafé. Je ne les remarque que le lendemain matin, en démarrant l'exposition, et j'ai toutes les peines à virer tout cela des 10 écrans, avec Régis, venu en secours, juste avant l'arrivée d'un bus remplis d'élèves, et quelques profs présents hier soir. Grosse déception pour eux, les écrans sont vides, et pour charger une image, il faut maintenant un code, connu de Régis et moi seuls.

Une nuit, nous enregistrons un trio, Trois X Trio, piano, guitare, batterie, au milieu de l'exposition,  qui possède une acoustique remarquable, d'où l'idée d'enregistrer. Nous apportons tout le matériel nécessaire : les consoles, les enregistreurs multipistes ( huit pistes analogiques à bande 1pouce Tascam, et huit pistes numériques en cassette S-VHS Alesis -ADAT ), les micros, les retours, et bien sûr les instruments et les musiciens Alain, Pascal et Yves. Nous enregistrons quatre titres et débarrassons le tout pour 7 heures, quand arrivent les femmes de ménage. Mission accomplie !

Un jour, Laurent m'ordonne de leurrer un gros projecteur vidéo. Plutôt que de remplacer la lampe qui coûte très cher, je dois initialiser le compteur, faisant croire à une nouvelle lampe. À la mise sous tension, le projecteur croyant avoir affaire à une lampe neuve, envoie le jus plein pot. Et, selon la loi de Murphy, ce qui doit arriver arrive ! La lampe explose, faisant chuter le projecteur de son plateau à 2 mètres de hauteur, ainsi que l'échelle sur laquelle je me tiens. Tout ce monde se retrouve par terre, heureusement sans dommage, à part quelques coupures au visage dues aux débris de lampe dans l'explosion. ( J'observe - avec des lunettes, heureusement - à ce moment le comportement de la "nouvelle" lampe.) Mais le projecteur à besoin de soins, ( des connections à ressouder,  quelques pansements de gaffer ...Ils sont costauds, ces engins ! ) et d'une nouvelle lampe !

L'exposition L'Aventure du Travail  ferme ses portes le 10 novembre. Le démontage se fait dans la foulée, il faut bien 10 jours pour tout enlever.

Un jour, en octobre, Régis a besoin de moi au Carreau, et donc Michel assure la permanence à l'exposition.

..Au Carreau...

Le Carreau accueille La Face cachée de la Lune, mis en scène par le Canadien Robert Lepage.

Un énorme miroir basculant créant des effets d'apesanteur et d'espace, qu'il a fallu assembler, une lumière bien contrôlée, qu'il a fallu installer, sa prestation solo est époustouflante ! La troisième mi-temps avec ses "tabernac" de techniciens canadiens est tout aussi époustouflante ! Ostie d'calice !

En décembre, un monument de spectacle arrive, avec "SHAZAM", de Philippe Découflé. Des prouesses artistiques côtoient des illusions technologiques dans un tourbillon qui vous en met plein les yeux et les oreilles !

Eraul, la pilote de la semi des décors, en quittant le quai, a emporté notre portail ! Et ne s'est rendu compte de rien...Le portail s'est coincé verticalement, 4 m de haut, le spectacle continue !

20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.

2001.

Ring, de Félix Rupert,

Valser, de Catherine Berbessou, 

" Perspectives "

Depuis 1997, je suis technicien sur le festival  Perspectives, festival du théâtre français en Allemagne, à Sarrebruck en Sarre . Il se déroule fin mai, début juin sur 10 à 12 jours, mais tout le travail doit être fait en amont. J'assiste le Directeur technique , en 1999 avec des béquilles.  En 2000 je ne peux pas, pour raison de Forbach 2000 .

En 2001, le Directeur Technique se retirant, Christian Caimacan,  le Directeur Artistique du festival,  me propose ce poste, que j'accepte.

Ce sont des mois de préparations,  de contacts avec les compagnies, d'organisations des lieux, de gestions des équipes dans chaque lieu, de batailles avec les instances allemandes sur les cahiers de conformité des compagnies accueillies, d'achats, de locations et de prêts de matériels et matériaux nécessaires, des repérages des lieux "compliqués " , des réunions régulières et nécessaires pour gérer tous les paramètres, demander des devis, obtenir les bons de commandes...Et tout cela dans la langue de Goethe !

Quand je ne travaille pas au Carreau,  je suis au bureau Perspectives à Sarrebruck. 

Loin de l'homme de terrain que je préfère être. 

Je recrute l'équipe technique parmi ceux que je connais :  les Allemands que j'ai déjà côtoyé sur les festivals précédents, et les Français avec qui je travaille, notamment au Carreau. Bien sûr,  je gère le matériel, l'intendance , le catering,  l'hébergement  ( je réserve tout un hôtel pour dix jours ) pour les  25 techniciens embauchés sur le festival.

Et on arrive aux jours précédant les festivités. Les montages vont bon train... Et là, premier oubli ! Dans le chapiteau Magic Mirror, j'ai zappé les barres d'accroche pour les projecteurs ! 

Sur un ton mielleux qu'il reconnaît tout de suite, j'appelle Régis au Carreau : "Heu, Régis,  j'ai un petit souci..." 

En fait, il s' agit de ramener des ponts triangle  de 300, des colliers, des barres, des prolons , et de me donner un coup de main à les monter. J'ai déjà décalé la répétition de ce soir à demain matin. Régis arrive dans la soirée,  avec Fred et Seb, deux  techniciens du Carreau et un camion plein de ponts et de matériel d'accroche. Plusieurs heures plus tard, nous avons fini d'accrocher et de régler les lumières pour la répétition de tout à l'heure.

Un grand merci à Régis,  qui une fois encore m'a dépatouillé ! Et merci aux techniciens qui sont venus spontanément,  pour aider le Bob. 

D'autres oublis ont été réparés,  le festival s' est bien déroulé, malgré les prises de tête avec le personnel technique du SST,  le Saarbrucker Staadt  Theater, qui ne supportent pas qu'un Français ( moi ) les dirige.

Au Carreau, la saison 2001/ 2002 démarre en octobre, avec Le Cri quotidien  de Brice Berthoud et Camille Trouvé.

En novembre,  Du Vent...des Fantômes, de Eve Bonfonti et Patrick Masset,  et Fellag, avec son nouveau spectacle, Un bateau pour l'Australie.

En décembre Vim Vandekeybus danse son    Inasmuch as live is borrowed.

20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.

2002

Le Carreau accueille en janvier un spectacle mis en scène par Peter Brook, Le Costume, une mise en scène trifrontale, qui nécessite de démonter les sièges de la fosse, étayer la fosse et la couvrir, ainsi que l'avant-scène, d'un plancher. Il faut installer des ponts pour la lumière, des gradins à cour et à jardin pour les spectateurs, les équipements du théâtre ne pouvant servir que partiellement. De grands moments de montage, notamment lors du vissage !

En mars, Le Petit bazar érotique  est un grand moment ! Tous les espaces du Centre d'Animation Culturelle sont requis pour montrer tout ce que vous ne vous imaginez pas sur l'érotisme. Plusieurs compagnies se sont associées pour présenter le plus bazar des cabarets, sur scène, dans les couloirs, le hall, l'auditorium, les bureaux, le garage . Un imbroglio à dépêtrer pour la douzaine de techniciens sur le terrain, et un travail peu conventionnel...Pour un résultat étonnant et détonnant ! Un déambulatoire des plus excitants !

En avril, le Carreau accueille un cirque sous chapiteau, Cabane, sur le champ de foire de Saint- Avold. Le montage se passe bien, je pilote le Manitou maniscopique, gros élévateur avec une fourche de 8 mètres. Le soir, le chapiteau est debout, mais on a oublié le gardiennage. Qu'à cela ne tienne, Albert et moi décidons de dormir sur place. Le temps de passer chez moi, tout près, pour prendre du couchage et des vivres, et nous nous installons dans le chapiteau, et passons la nuit tranquillement.

Un cirque "nouveau cirque", muet, sauf une phrase prononcée au micro par... le seul animal du cirque, le cheval de la compagnie : "Bonsoir Mesdames, bonsoir Mesdemoiselles, bonsoir Messieurs !"

Et à Sarrebruck. ..

Une nouvelle convention est signée pour le festival  Perspectives, entre la ville de Sarrebruck, le Land de Sarre, le Département de la Moselle, dans le cadre de la Coopération Transfrontalière pour la Culture. Un nouveau Directeur Artistique est nommé . Monsieur Laurent Brunner.

Laurent, oui, le directeur du Carreau, arrive avec un projet grandiose, et doit composer avec l'équipe en place, allemande, et le Directeur Technique , moi ! C'est pas facile, mais il y arrive, à être le boss !

Le projet comprend moult lieux détournés de leur fonction, et qu'il faut transformer en théâtre !

La piscine municipale de Sarrebruck, fermée et remplacée par le Calypso, est désignée pour être le club du festival. Deux bassins vidés de leur eau, les scènes au fond et le public dans la pente, sur des coussins.

Le bunker de la sécurité civile, gros bloc de béton armé comprenant sur trois niveaux quarante pièces cubiques de trois mètres d'arête, toutes blanches, et qui doivent être toute noires pour accueillir 30 Sénégalais contant leur histoire, éclairés à la bougie.

La "E-Werk", ancienne usine désaffectée, déjà utilisée par Perspectives, accueille Peter Brook, il faut un plateau de 6 cm de hauteur, et un gradin de 500 places avec 35 cm de hauteur entre chaque rang. "Question de visibilité ! ", insiste Philippe Mulon, son régisseur en tournée.

Des salles d'exposition qu'il faut occulter, une église, impossible à occulter, donc on joue la nuit...

Et quand même des lieux prévus pour cela :le SST, Saarbrücker Staadt Theater, grand Théâtre National de Sarrebruck, où la difficulté réside dans la gestion du personnel permanent du lieu ; la Alte Feuerwache, ancienne caserne de pompiers réhabilitée en théâtre, et dépendant du SST ; le Garage, ancien garage Ford, circulaire, aménagé en salle de concerts ; le Saint-Arnuald Theater, petite scène de 8 m d'ouverture ; à Metz le théâtre du Saulcy et bien sûr le Carreau où j'embauche les techniciens du Carreau pour bosser chez eux .

Dix-sept lieux en tout à gérer, sans compter les espaces occupés pour le théâtre de rue, comme les bords de Sarre, ou la Alte Plazz, place historique du vieux Sarrebruck, pavée, qui doit accueillir un funambule, sans possibilité de planter une pince pour haubaner .

Une réponse négative à ma demande aux instances municipales pour des raisons de sécurité nous met dans l'embarras ! Laurent me met au défi . "Fais un miracle, mais il faut jouer ! " Le fil est installé, haubané à quatre lests de 1000 litres d'eau,  remplis discrètement par les gars de la voirie qui venaient nettoyer la place à 7 heures du matin. Merci à eux ! Viel Dank !

Quatre tonnes de hauban, ça suffit amplement.

La place se remplit de monde, d'abord, la police qui, munie de la copie du refus, veut une explication !

Au bluff, je leur dis que les pompiers sont d'accord s'il y a cinq mètres pour passer.

Sur ce je fonce chez les pompiers pour leur dire que la police est d'accord pour les 5 mètres.

Peu de temps après, les deux forces se rencontrent : " Fünf Meter ?" - " Fünf Meter ! " . Et on a joué le spectacle ! Laurent veut un miracle ? Voilà !

Côté matériel, avec la nouvelle convention, nous bénéficions du parc de matériel du département de la Moselle : des structures, des gradins, du son, de la lumière, du câblage. ..Je loue deux camions de 7 tonnes pour chercher le matériel à Metz, avec trois personnes par camion pour charger le tout. Au retour, mes deux camions sont bloqués par la gendarmerie sur l'autoroute, ils ont emprunté un pont limité à 3T 5, pour éviter un détour, et se sont fait serrer par la gendarmerie.

Pour récupérer mes camions et mes six personnes, je dois payer une amende de 750€ par camion, en espèces ! Le temps de voir mon patron, Laurent, d'obtenir un chèque de 1500 €, de l'encaisser à la banque, et de venir payer l'amende et récupérer mes bonshommes. La faute avouée vient du chauffeur du premier camion, " je connais ce raccourci ", le deuxième camion suit. Les gendarmes aussi connaissent ce raccourci !

Une aide non négligeable est apportée par Régis, du matériel du Carreau est sollicité, praticables et pendrillons entre autres,  mais aussi en renfort humain !

Les travaux vont bon train, je place des régisseurs dans chaque lieu,  je les gère par téléphone portable. Ou du moins j'essaie : quand je réponds, un autre appel arrive en message. Quand j'écoute les messages, deux ou trois nouveaux messages tombent. Le record est de 525 appels ! en 24 heures ! Malgré mes précautions, ( un accu dans le portable, un accu chargé dans la poche, et un accu en charge au bureau ), je suis toujours à la bourre, et dépatouille encore des affaires tard le soir pour monter une équipe de nuit en renfort. Mon téléphone portable est français, je tourne sur l'international, non seulement la facture explose, mais mon numéro est le même qu'un téléphone filaire à Sarrebruck, ce qui fait des appels incessants de ceux qui omettent le préfixe 00-33 et qui agacent à juste titre la malheureuse abonnée à ce nunméro. "Non ! Ce n'est pas Robert ! Ça suffit ! Laissez-moi tranquille !" Une enquête de la Polizei suite à une plainte pour harcèlement a heureusement débouché , après explications au poste, sur une coïncidence.

Le festival a été mené au bout, et moi aussi. La trentaine de techniciens que j'ai embauchés a globalement assuré ! Merci à eux !

34 compagnies et groupes pour 50 représentations dans une vingtaine de lieux en 10 jours . 10 jours et 10 nuits de galères, de stress, de pressions, de gestions humaines, de joies, et de km pour aller d'un lieu à un autre, à pieds, en tirant un tire-palettes, à vélo, en voiture, ou en camion voire en Fenwick...Je tiens bon, jusqu'au bout, le festival est un succès !

Mais, après avoir démonté les lieux, après avoir payé tout le monde, après avoir restitué le matériel, payé l'hôtel, c'est une épave de Ditsch qui rentre trois jours plus tard du festival.

Laurent dit : "Tu t'en es bien sorti !" Il ne parle pas de mon état physique ! Venant de lui, c'est un compliment, j'apprécie !

Il me faudra l'été pour m'en remettre !

En novembre, le Carreau accueille La Vie de Galilée, de Bertolt Brecht.

2003

La Cour des grands, de Jérôme Deschamps, en janvier. "Non mais dis !" et "Coin coin" resteront longtemps dans nos réparties.

Les Caissières sont moches, spectacle intimiste, où les spectateurs sont sur scène, autour d'une maquette d'une ville, qui s' avérera héberger une vingtaine de lapins bien vivants, lâchés ensemble lors du dernier noir.

Oups !  par la compagnie  La Valise.

Et dans le désordre : Visages de feu , Solitude dans les champs de coton , Ô More  , J'ai mis du sable dans tes souliers...

En mai, une tournée internationale avec Sylvain Maillard nous met sur les routes, Régis et moi.

De grands moments de complicité...

En juin et juillet,  la Compagnie du Bredin m'engage à la régie générale des  Contes de la Mine sur le site du musée Wendel.  15 jours de montages divers, de lumières, de déco, de dépatouillages...  Plusieurs spectacles, des déambulatoires,  des exposés, ...et Jojo gasoil  et sa cuvée locale, qui m'a rendu minable le soir de la dernière...

En août,  je suis chef électricien au même endroit pour la Compagnie des Indes, sur un tournage cinéma intitulé Animal Regard.

Fin août,  j'inaugure une série de fiestas dans mon verger à Landroff.  Trois jours de paix,  de musique et de liberté ! Succès ! Des nuits caniculaires à 27°, une soif permanente...et des superbes moments, autour d'une table ronde de cinq mètres de diamètre...

En octobre, toujours au lavoir du musée Wendel, le Carreau accueille l'orchestre National du Luxembourg,  une mise en place fastidieuse, à des kilomètres de notre théâtre !

Ça nous a pris des jours pour transformer la salle en auditorium !

Les allers-retours pour le matos nous ont pris un temps fou.

Inertie qui ? 

Inertie beaucoup !

20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
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2004

En février, FAC,  Forbach Action Culturelle, accueille Serge Lama,. De plus en plus, les municipaux ne suffisent plus à la bonne marche d'un spectacle. Le renfort des intermittents devient habituel...

En mars, une pléthore d'artistes et de spectacles attaquent !

Emma Milan,  Il Silencio  , Henrico V ,  une Escapade de mars  , et Blush et Vandekeybus

Borgès et Munequita...,  La Syncope du 7 , Feu l'amour,  ont enchanté le public en avril.

En mai, une nuit de chansons avec Tito Puente , entre autres...

l'Orchestre de Lorraine (régional à l'époque ) .

 

20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.
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20 ans d'intermittence au Carreau, la Scène Nationale de Forbach.

2005

En janvier, on a joué aux  Brigands .

En octobre, nous sommes plusieurs techniciens du Carreau à Bar-le-Duc pour l'inauguration du nouveau théâtre, du 5 au 9.

De bons moments de rigolades, une ambiance de travail plaisante, quelques aberrations du genre : seul le concierge est autorisé à utiliser la nacelle, pour les réglages lumières il y a eu quelques manques..Nous dormons dans le grenier du théâtre, notre loft, quoi.

En novembre,  au Carreau, No Wonder, de Francesca Madras, une fresque burlesque sur l'Argentine.

Wonderwomen maladroite, quant à Maradona, un match est organisé sur scène, avec l'équipe de football de Forbach. Quand Francesca me voit torse nu en short, revenant d'un bridage en passerelle par quelque 35°, elle décide de faire de moi son gardien de but, et je me retrouve dans la cage , sur scène, à plonger sur toutes les calebasses qui m'arrivent dessus. Nous sommes tous Maradona, T-shirt n°10 et perruque adéquate, suffisant pour être méconnaissable. Sportive, la représentation !

2006

en janvier, nous accueillons Daewo, dernier Molière octroyé à Charlie Tordjman et le théâtre de la Manufacture pour une série de 4 représentations.

En février je bosse quelques heures à la Manufacture, 3 heures par jour, à 9€ de l'heure, tout juste de quoi payer l'essence pour aller bosser. Mais il me faut des heures...Je fais la régie plateau des Historiens en mars, c'est mieux payé.

Au Carreau, mars est un beau mois: Cutting flat, Helden und Kleimut, Quando l'Uomo Principale E Una Donna

En avril, Bechtout.

Le Tigre bleu de l'Euphrate arrive en mai.

En juillet, le 18, je fais un truc de rêve, pour moi . Bosser pour les Who !

Ils passent au Galaxie , dans le cadre d'une tournée de promotion de leur clip pour la série TV "les Experts" . Et je me retrouve sur une passerelle suspendue à 4 chaînes, accrochées au plafond 10 mètres plus haut, au-dessus du public, avec une poursuite supertrouper , 2 , 5 KW HMI dans une chaleur d'enfer, ( je suis aguerri,  juste un caleçon )  et Roger Daltrey comme cible. Les ordres, en anglais, sont donnés à l'intercom, mais juste en face des Linearray qui crachent des kilowatts de son, je n'entends rien ! Et donc j'ai fait ça au feeling. Roger Daltrey, lui, n'est plus aussi fougueux sur scène, mais se déplace quand même d'un bout à l'autre, bien vingt metres , me faisant faire des grands mouvements de poursuite et donc le balancement de la passerelle au bout de ses 4 chaînes. Il faut donc anticiper le balancement. Heureusement je suis un fan et connais tout leur répertoire. "Tu t'en es bien sorti" me dit le tour-manager à la fin du concert.

En août, La Mousson d'été à l'abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson m'occupe une bonne semaine, avec mes potes du Carreau, entre autres...

En septembre, je pars en tournée, pour la Compagnie Boomerang, monter un spectacle à Brest, et tourner dans le Nord et la région Île de France. Les animaux ne savent pas qu'ils vont mourir de Pierre Desproges, mis en scène par le patron de Boomerang, Michel Didim.

Les dates étant proches les unes des autres, deux équipes techniques sont formées.

Olivier et Paco assurent l 'équipe 1, Fréd et moi la 2. Sans oublier Nono qui fait les transports du décor entre les lieux.. Quand le décor arrive, tout doit être planté, les rideaux, les lumières, réglées ! Nous voyageons en train, d'hôtel à hôtel, une tournée qui se termine le 14 octobre.

En novembre au Carreau, Spiegel, puis les Illusions comiques...

2007 sera un tournant dans ma vie, professionelle entre autres...

La suite au prochain épisode...

Merci à Regis pour les précisions et les photos.

Merci à Claude pour les photos.

Portez-vous bien, nus si vous pouvez !

 

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